Conflits et arrangements dans les parkings de banlieue : les

Transcription

Conflits et arrangements dans les parkings de banlieue : les
Appel à communications pour une session commune RT9 Sociologie de l’urbain et des territoires
/ GT45 Sociologie des conflits au 6ème Congrès de l’AFS
Conflits et arrangements dans les parkings de banlieue :
les pratiques des mécaniciens de rue
Denis Giordano,
Laboratoire de Changement Social et Politique (LCSP) – Université de Paris 7 Diderot
[email protected]
Les espaces suburbains, avec leur concentration de population et la présence de nombreuses
questions sociales ouvertes (chômage, activités illicites ou informelles, tensions liées à
l’aménagement du territoire…) sont souvent au centre de multiples formes de conflits. Il y a les
conflits avec les différents types d’autorité qui agissent sur ces territoires, mais on rencontre aussi
un large tissu de relations, parfois conflictuelles parfois collaboratives, entre les acteurs qui y vivent
et y travaillent.
Pour approcher de façon micro-sociologique le scenario quotidien qui traverse ces espaces, nous
avons menée une recherche ethnographique focalisée sur la figure du mécanicien de rue dans des
quartiers suburbains de la Seine-Saint-Denis. A partir d’un regard centré sur des pratiques de travail
propres à l’économie informelle et enracinées dans ces espaces, nous avons considéré les multiples
formes de tensions, de conflits mais aussi de collaborations et d’arrangements vécus par le
mécanicien de rue avec les autres acteurs du terrain (forces de l’ordre, riverains, clients, garagistes).
Nous nous sommes ainsi confrontés au quotidien des mécaniciens de rue, grâce à une présence sur
le terrain de plus d’une année et une participation active aux actions de trois d’entre eux. Dans un
contexte de précarité diffuse, nous nous sommes concentrés en particulier sur les conflits liés aux
ressources disponibles en termes des marges de manœuvre et de capital social des mécaniciens.
L’analyse du quotidien de ces travailleurs nous a permis de se confronter avec tout un ensemble
d’initiatives vouées à la construction de confiance et de légitimité, ressources cruciales pour
poursuivre leur travail. Le maintien des relations de confiance et l’entretien d’un réseau
d’arrangements (Corbin et Strauss, 1993) s’est révélé comme indispensable pour des mécaniciens
de rue cherchant avec nombreuses difficultés à trouver leur place dans le scénario des activités
formelles et informelles qui animent ces espaces suburbains.
La légitimité accordée (ou non) aux mécaniciens d’agir dans ce contexte est à l’origine de toute une
série de tensions : elles font apparaître des conflits de valeurs entre la pratique d’un travail
formellement illicite et la fourniture de services de réparation mécanique utiles et appréciés par les
habitants.
Dans cette contribution, nous voulons expliciter les formes d’illégalisme populaire (Foucault,
1975) qui marquent les actions de ces mécaniciens, tout en nous attachant à décrire les oppositions
et les alliances qui se forment dans la pratique d’une activité de travail inscrite dans le paysage de la
banlieue parisienne.
Mots clés : banlieue, économie informelle, illégalisme, arrangements, mécaniciens de rue.
Références bibliographiques :
Corbin J. et Strauss A. (1993). The articulation of work through interaction. The sociological quarterly,
34(1): 71–83.
Foucault M. (1975) Surveiller et punir, Paris: Gallimard.