Etude de l`association mémantine-donépézil chez des patients

Transcription

Etude de l`association mémantine-donépézil chez des patients
Etude de l’association mémantine-donépézil chez des
patients présentant une maladie d’Alzheimer modérée à
sévère
La mémantine est un antagoniste non-compétitif des
récepteurs du N-methyl-D-aspartate. Plusieurs essais
contrôlés ont montré ses effets en monothérapie dans une
population de patients présentant une maladie d’Alzheimer
modérée à sévère. Jusqu’à présent, il n’y avait pas eu d’essai
contrôlé pour évaluer l’association anticholinestérasiquemémantine sur l’évolution de la maladie d’Alzheimer.
L’objectif de cette étude randomisée en double-aveugle
était de comparer l’efficacité et la tolérance de la mémantine
versus placebo chez des patients recevant déjà du donépézil.
Elle a été menée sur 37 sites aux Etats-Unis entre juin 2001 et
juin 2002. Les échelles utilisées étaient la Severe Impairment
Battery (SIB), l’Alzheimer Disease Cooperative StudyActivities of Daily Living Inventory (ADCS-ADL), le
Neuropsychiatric Inventory (NPI), la Behavioral Rating Scale
for Geriatric Patients (BGP care dependency scale) et la
Clinician’s Interview-based Impression of Change plus
Caregiver Input (CIBIC-plus).
Quatre cent quatre patients présentant une maladie
d’Alzheimer modérée à sévère ont été inclus, avec des MMS
allant de 5 à 14. Tous recevaient une dose stable de donépézil
depuis au moins 3 mois et avaient un aidant référent. Trois
cent vingt deux patients (80%) ont poursuivi l’étude jusqu’au
bout. Deux cent trois patients ont reçu de la mémantine et
deux cent un le placebo pendant 24 semaines.
Les patients traités par l’association mémantine-donépézil
ont présenté une amélioration significative par rapport au
placebo sur les scores de la SIB, de l’ADCS-ADL et de la
CIBIC-plus. Les arrêts de traitement étaient plus fréquents
dans le groupe placebo-donépézil (51 versus 31 dans le
groupe placebo). Les effets secondaires plus fréquemment
retrouvés sous mémantine que sous placebo étaient les maux
de tête (6,4% versus 2,5%, p=0,09) et la confusion (7,9%
versus 2,0%, p=0,01).
Ces résultats, à première vue intéressants, montrent déjà
que l’association donépézil-mémantine est bien tolérée et
n’aggrave pas les patients. Cependant la variation des
échelles utilisées n’est pas significative au point de vue
clinique (variation de 3 points sur 100 à la SIB par exemple).
Ce travail suggère ainsi que la mémantine est une nouvelle
approche intéressante chez les patients atteints de maladie
d’Alzheimer à un stade modéré à sévère, déjà traités par
donépézil et en échappement à la dose maximale tolérée.
Sophie Moulias
Hôpital Georges Pompidou, Paris
Echelles
Placebo S0
Mémantine S0
Placebo S24
Mémantine S24
p
SIB
n
80,0 (1,13)
197
78,0 (1,11)
198
-2,4 (0,74)
153
1,0 (0,70)
171
<0,001
ADCS-ADL
n
35,8 (0,74)
197
35,5 (0,73)
198
-3,3 (0,55)
152
-1,7 (0,51)
172
0,02
CIBIC-plus
n
NA
197
NA
198
4,64 (0,087)
152
4,38 (0,081)
172
0,03
NPI
n
13,4 (1,08)
197
13,4 (1,07)
198
2,9 (1,06)
152
-0,5 (0,99)
171
0,01
BGP care
n
9,8 (0,46)
196
9,5 (0,45)
198
2,2 (0,40)
151
0,6 (0,37)
172
0,001
Tariot PN, Farlow MR, Grossberg GT, Graham SM, McDonald S, Gergel I. Memantine Study Group. Memantine
treatment in patients with moderate to severe Alzheimer disease already receiving donepezil. A randomized
controlled trial. JAMA 2004; 291: 317-324
©2004 Successful Aging SA
Af 212-2004