RACINES187 - sept08 XP7
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RACINES187 - sept08 XP7
Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous Quelque 36 exposants ont répondu présent, le 24 juillet, à Saint-Jean-de-Monts. Par Antoine Gareau t n e g n a m é d s u o v s e c Les pu ! Vous êtes de plus en plus nombreux à chiner dans les brocantes et autres vide-greniers, qui n’ont parfois en commun que l’ambiance bon enfant et l’organisation anarchique des étals. Mais d’où vient donc ce phénomène à la fois nouveau et vieux comme l’Antiquité ? Pas d’entourloupe ! Votée le 13 juillet 2005, la loi Dutreil pour l’initiative économique répond à certaines inquiétudes des antiquaires et brocanteurs face à la multiplication, sur tout le territoire, des videgreniers. Pour éviter que certains particuliers ne lancent un véritable commerce sans supporter les charges auxquelles sont assujettis les professionnels, le texte modifie l’article L.310-2 du Code du commerce. Désormais, les particuliers ne pourront participer qu’à deux vide-greniers par an et uniquement à condition qu’ils aient leur lieu de résidence (ou leur résidence secondaire) dans la commune, la structure intercommunale ou l’arrondissement siège de la manifestation. Ils ne peuvent en outre vendre que des objets personnels et usagés. Des restrictions qui ne concernent toutefois pas les ventes d’objets sur le Web... En Vendée Sur la côte, la brocante c’est en saison ! t il est à combien, le Chapuis ?” Elisabeth serait bien tentée par ce petit cadre. 195 €... C’est déjà le prix qu’elle et Jean-Claude, Choletais exilés pour l’été à Noirmoutier, viennent de mettre dans un tableau de Milcendeau – qu’ils récupéreront à la prochaine brocante de l’île, d’ailleurs. Le couple de retraités recherche aussi “une petite étagère, pour poser une maquette de bateau”. Le brocanteur ne peut rien pour eux. “La prochaine fois”, jure-t-il. Le rendez-vous peut être pris : sur le “E RACINES 16 septembre 2008 littoral atlantique, des brocantes, il y en a toutes les semaines. À Saint-Jean-deMonts, on en compte sept par été – la dernière étant programmée le 7 septembre. L’association de commerçants et d’artisans Cap Saint-Jean en a eu l’idée il y a une dizaine d’années. “À l’époque, il y avait 60 à 70 exposants, se souvient le président de la structure, Alain Rousseau. Maintenant, il y a des puces et des vide-greniers partout...” Ce jeudi 24 juillet, quelque 36 professionnels vendent leurs “bouts” (les gros objets) et leur “drigaille” (les babioles La reproduction ou l'utilisation sous quelques forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous En Deux-Sèvres et bibelots). Dans le petit centre-ville vendéen, les vélos disputent la chaussée aux voitures, les terrasses se remplissent dès les premières heures de la matinée, et le marché alentour fleure bon le déjeuner champêtre. Les bonnes affaires le matin Il y a du passage, beaucoup. Quelque passionnés, quelques locaux, mais environ 80 % de touristes, estiment les exposants. “Il y a du monde. Ce genre d’ambiance est tellement typique de la France”, s’exclame Jens, jeune papa hollandais venu passer trois semaines sur la côte vendéenne. “Oui mais les gens achètent de moins en moins”, semblent lui répondre Greg et Nathalie, brocanteurs des Olonnes : “Pour les livres, ils se réservent un budget, mais pour le reste, comme le mobilier, ils partent souvent en disant qu’ils vont réfléchir… S’ils sont là, c’est pour s’accorder un moment de détente.” Trois stands plus loin, Michel Martelliere, de Bourgneuf, opine et attribue cette frilosité à “un pouvoir d’achat qui s’amenuise” et à un “paracommercialisme de plus en plus offensif”. Petits tableaux, jarres, lampes à pétrole, potiches, vieux linge… son étal invite à la nostalgie : “Les touristes parisiens recherchent beaucoup de décoration, mais les vieux meubles se vendent de moins en moins bien.” Comme les autres, il sait qu’une journée de brocante est souvent parfaitement séquencée : les bonnes affaires se font le matin, parfois même avant l’ouverture officielle, et les poussettes apparaissent l’après-midi. Surtout sur la côte, surtout au soleil. Devant certains nouveaux comportements, les brocanteurs ne sont pas pessimistes, non. Ils s’adaptent. “Tout se vend, mais il faut un certain temps”, résume-t-on sur le stand Lamartine, spécialisé dans l’art populaire. Les gaufriers et vieux fers à repasser partent. Les malles en bois et les outils anciens également. “Il y aura toujours des clients, c’est aux prix de baisser parfois”, rappelle le vendeur. Il désigne trois ou quatre fillettes, ces bouteilles de 37,5 ml qu’on ne trouve plus guère neuves : “Les gens se les arrachent, aujourd’hui…” Chez les Folwell, on chine en famille ur elle, aucun vêtement n’a été acheté neuf. Chez elle, elle “stocke un peu partout”. Au fond d’elle, elle aime aussi dénicher la bonne affaire “avant les autres”. Ginette Folwell, maire du village de Rigné (Deux-Sèvres), est une inconditionnelle du vide-grenier. “Normal, j’ai la chance de venir du Pas-de-Calais. Là-bas, en pleine saison, il faut choisir entre quatre ou cinq brocantes par week-end… Et je ne parle pas de la Braderie de Lille !” Avant de s’installer en Deux-Sèvres, il y a quatre ans, cette passionnée de 47 ans organisait donc ses sorties en fonction du calendrier des braderies. Elle y recherchait “l’objet coup de cœur, qui ne sert strictement à rien mais dont on ne peut pas se passer”. Et tant qu’à vivre sur la Côte d’Opale, elle empruntait aussi souvent le catamaran qui relie Boulogne-sur-Mer à Folkestone, outre-Manche, “où l’esprit est intact : les gens se débarrassent vraiment de leurs affaires, pour presque rien”. “Le jour de la mort de Lady Di, on était à Douvres, raconte-t-elle. Tout le monde était effondré… Nous aussi du coup. D’ailleurs on n’a rien acheté.” S “Un mode de vie” Laure, sa fille, s’en souvient aussi. Elle y était. À 21 ans, elle a sans aucun doute la même “maladie” que maman. Les mêmes symptômes en tout cas : “La fourchette en argent que je porte en bracelet, je l’ai achetée 2 euros alors qu’elle en vaut 35. » Comme Ginette, elle évoque ces objets “que l’on doit s’approprier, dont on doit connaître l’histoire : c’est ça la brocante” ! Fan des années 70, Laure recherche plus “l’accessoire, le bijou ancien, le kitch”, quand sa mère prend “plaisir à avoir chez elle une décoration originale, qu’on ne trouve nulle part ailleurs”. Mais c’est toute la famille qui pense que globalement, “les gens jettent trop” : “La dernière fois que je suis allée déposer des gravats à la déchetterie, je suis reve- RACINES 17 septembre 2008 Ginette et sa fille, Laure, deux passionnées nue avec un grand banc, raconte la maire du village, par ailleurs animatrice de Radio Val d’Or. Un coup de peinture et on donne une nouvelle chance à l’objet. On lui offre une deuxième vie…” La grand-mère paternelle de Ginette, qu’elle n’a pourtant pas connue, était déjà chineuse : elle se demande “si ce n’est pas dans les gènes”… À ses yeux en tout cas, “c’est un mode de vie” : “Quand je me rends à l’étranger, je fuis les magasins de touristes et vais systématiquement dans des vide-greniers. Ma plus belle brocante, d’ailleurs, c’était à Tokyo… J’aime y rencontrer des gens, comme en France. Si je n’aimais pas ça, alors j’irais remplir mon caddie au supermarché.” En ce 20 juillet, mère et fille sautent de stand en stand. À Rigné, c’est naturellement que Ginette a voulu faire renaître le vide-grenier qui se tenait jadis chaque année. 28 exposants ont répondu présents, pour une opération dont les bénéfices ont été alloués – évidemment – à l’organisation d’un Équitroc, les 20 et 21 septembre, dans le cadre de “Galopades Tous Art Cheval”. À vrai dire, elle ne regrette pas forcément son Pas-de-Calais natal : “Il y a certes moins de braderies ici, mais on trouve des choses plus anciennes, la guerre ayant fait moins de dégâts. Et quand la mer me manque vraiment, je vais sur l’île de Ré : il y a un super vide-grenier en octobre…” La reproduction ou l'utilisation sous quelques forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous En Maine-et-Loire Les puces de Montsoreau dynamisent le village Yannick Lafourcade est responsable de la commission des puces. armonie envahissante. Entre fleuve et coteau, au cœur du Val-de-Loire, le petit village d’à peine 600 habitants est labellisé comme étant “l’un des plus beaux de France”. Abbaye de Fontevraud à quelques kilomètres, château de style renaissance, village troglodyte, tournage de longs métrages : Montsoreau n’avait plus besoin de rien pour attirer les touristes. C’est pourtant la brocante qui s’y tient le deuxième week-end de chaque mois qui fait, depuis dix-huit ans, la renommée de la cité de caractère. “Elle est réservée aux exposants professionnels, précise Yannick Lafourcade, antiquaire responsable de la commission des puces. Nous limitons le nombre de places à 80. H Et ils se bousculent pour venir.” C’est que la réputation des puces n’est plus à faire. Le secret, outre un charme indéniable ? Aucune copie n’est admise. La manifestation a d’ailleurs reçu le label du Syndicat national du commerce, de l’antiquité, de l’occasion et des galeries d’art (SNCAO). “Tôt le matin, un expert vient valider la marchandise, continue le brocanteur. Un exposant a été récemment éliminé de la liste parce qu’il vendait des copies.” Les cartes professionnelles sont exigées par le placier, qui ne prend que 25 € par exposant. Les abonnés ont déjà leur emplacement, les autres – de passage – doivent s’en partager une quinzaine. Le système s’avère bien rodé. Et le jour J, les puces de Montsoreau rassemblent environ 6 000 personnes… Des collectionneurs, des connaisseurs, des nouveaux propriétaires de chambres d’hôte, venus dénicher quelques meubles de charme : “La qualité des antiquités les attire. Ailleurs, beaucoup de puces ne décollent pas parce que l’organisation n’est pas assez vigilante…” Sur les quais de la Loire, les passionnés sont tellement fidèles et RACINES 18 septembre 2008 nombreux qu’un parking de 200 places a été aménagé. “Toujours complet”, paraît-il. Du coup, tout le village en profite. “Ce week-end-là représente une part importante de notre chiffre d’affaires : les puces, c’est mieux que le marché”, confirme la boulangère du bourg, qui a aussi refait “à l’ancienne” la façade de sa boutique. Sur la place, le marché de producteurs locaux et les terrasses des restaurants font aussi le plein. “Économiquement, c’est une aubaine”, constate Yannick Lafourcade en jetant un coup d’œil vers le tout nouvel hôtel La Marine de Loire, lancé à l’occasion des puces, comme une galerie quelques pas plus loin, comme une autre chambre d’hôte l’an prochain, etc. À quelques mètres des étals, dans une ruelle étroite, le Domaine de la Paleine, du Puy Notre-Dame, a aussi ouvert un caveau de dégustation. “Il nous fallait une vitrine sur un axe touristique, explique le gérant, Alain Bonnot. Ici c’est parfait.” Les puces lui donnent l’occasion de faire découvrir son produit et de générer son plus gros chiffre du mois. “Le but de tout cela est que les gens restent plusieurs jours à Montsoreau”, résume Yannick Lafourcade. Et qu’ils y reviennent le mois d’après. 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