Cancer : la clinique du futur

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Cancer : la clinique du futur
Santé. Alors que Nicolas Sarkozy s'exprime aujourd'hui sur la recherche médicale, la future clinique
universitaire du cancer, sur le site toulousain du Cancéropôle, symbolise l'avenir dans la lutte contre la maladie.
Cancer : la clinique du futur
Le Cancéropôle toulousain commence à
prendre forme : après le centre de
recherche du laboratoire Pierre Fabre, c'est
la future Clinique universitaire du cancer
qui va sortir de terre.
La pose de la première pierre est prévue
pour le 8 juillet en présence de Roselyne
Bachelot. La ministre de la Santé devrait
prononcer à cette occasion un grand
discours sur la politique de lutte contre le
cancer en France. Une intervention à la
mesure d'un établissement
qui se pose d'emblée comme un pôle
d'excellence à l'échelle internationale et
veut préfigurer ce que sera l'hôpital du
XXI' siècle dans la lutte contre le cancer.
Au total, un investissement de 300 millions
d'euros pour un pôle clinique qui associera
outre la totalité des services de l'actuel
Institut Claudius Regaud, le Centre
hospitalier universitaire (CHU) — avec
notamment le service en charge des
leucémies qui rejoindra le site de Langlade
—, mais aussi les cli-
niques privées, les centres hospitaliers
généraux et le Réseau régional de
cancérologie (Oncomip). Cette plateforme
hospitalière de pointe s'appuiera sur
l'expertise d'un comité
scientifique international constitué des
meilleurs
oncologues
mondiaux.
L'originalité du pôle toulousain est
l'intégration d'une structure de soins qui
garantira aux malades un accès aux
innovations thérapeutiques les plus
récentes en mettant en synergie toutes les
équipes médicales et scientifiques du
Cancéropôle. Avec ses 312 lits sur plus de 60
000 m2 la clinique universitaire du cancer
veut mettre les patients au centre d'un
dispositif qui proposera des traitements
personnalisés
avec
des
protocoles
thérapeutiques individualisés (lire ci
dessous). Autrement dit des soins à la carte,
mieux ciblés.
Au lendemain d'un des plus grands
congrès mondiaux d'oncologie à Den-vers
dans le Colorado, le professeur Jean-Pierre
Armand, patron du centre Claudius
Regaud, élu cancérologue de l'année en
2008, dévoile le projet médical et
scientifique de la future clinique
universitaire du cancer.
Dossier d'Hervé Monzat
Les nouvelles pistes pour vaincre la maladie
1. UNE CARTE D'IDENTITÉ GÉNOM1QUE POUR CHAQUE MALADE
C'est sans doute dans le domaine de la génomique
que se situe la grande révolution à venir dans le
traitement des cancers avec l'arrivée de thérapies
ciblées. ll s'agit de prendre à partir de
prélèvement de tissus ou de fluides corporels
une empreinte biologique de chaque cancer pour
adapter des traitements plus pointus, plus
personnalisés. à la fois dans les classes de
médicaments utilisés mais aussi sur la définition
des doses. Sur les 500 gènes qui peuvent
potentiellement être atteints, il s'agit d'isoler
ceux qui ont muté où sont susceptibles de le faire.
L'idée, c'est qu'un jour tous les malades
puissent disposer d'une carte d'identité
génomique personnelle.« On sait faire, mais c'est
encore cher. C'est la raison pour laquelle je suis en
train de négocier avec un consortium de
grandes universités américaines un accord pour
que nos patients puissent bénéficier de ce
privilège gratuitement. Si cela marche on sera les
premiers en Europe à le faire», raconte Jean-Pierre
Armand. Une banque de tissus sur le cancer du
sang existe déjà à Pur-pan sous la férule du docteur
Delsol.
bre de patients pour arriver à 20 % des malades qui qui savent que lors des essais ils font l'objet d'un
pourront avoir accès à ces essais et à ces traitements suivi et d'une surveillance très performante »,
2. DOUBLEMENTDESESSAISTHÉRAinnovants. En 2008, une centaine de nouvelles précise le Pr Armand. Les cliniques privées seront
PEUTIOUES SUR L'HOMME
molécules ou de nouveaux protocoles de traitement associées à ces essais thérapeutiques. L'objectif
ont été testés : « Il ne faut pas croire qu'il y a affiché c'est des fabriquer les médicaments du XXI'
Deuxième grande innovation, la montée en seulement des malades en fin dévie ou désespérés qui siècle en associant recherche clinique et industrie
puissance des essais thérapeutiques sur
font ce choix. Nous avons aussi des patients
avec au bout des dépôts de brevets ».
l'homme. Actuellement 600 patients en
bénéficient. L'objectif sera de doubler le nom-
3.
AU SERVICE DEL'ONCOLOGIE
Le mariage de l'industrie, de la recherche et du médical
est un des axes structurants du concept du
Cancéropôle. Avec parfois des collaborations
surprenantes. Celles par exemple du docteur
Cazelles, physicien et spécialiste d'imagerie
médicale à Claudius Regaud qui travaille avec BTS
industrie. Un sous-traitant d'Airbus spécialisé dans
la mesure du rayonnement cosmique. L'association
porte sur la mise au point d'outils de mesure sur
les doses de rayonnement médicaux.
« Les industries sont potentiellement des
fournisseurs d'outils pour l'ingénierie médicale
»rappelle Jean-Pierre Armand.
4.
VEAUPÔLE D'EXPERTISE AVECLES
LABOS FABRE
Actuellement Toulouse n'a pas de réputation
particulière en matière de traitement du
mélanome.
Le rapprochement de la Clinique du cancer et des
laboratoires Fabre sur le Cancéropôle devrait
permettre au site toulousain de développer un pôle
de référence :« Avec Avène, Pierre Fabre a construit
une véritable expertise
scientifique
en
dermatologie. Le projet est de mettre en commun
nos connaissances pour faire de Toulouse un pôle
d'excellence sur les cancers de la peau », souhaite
Jean-Pierre Armand.
H. M.