trieur.semences.

Transcription

trieur.semences.
TRIEUR.SEMENCES.
fo
À
Édito
LE TRIAGE UNE IDÉE
RÉSOLUMENT MODERNE
© STAFF
3
2010 aura été une année de plus dans
le développement de nos activités. Nos
partenaires agriculteurs l’ont compris.
Ils savent qu’ils peuvent trouver chez
nous, trieurs de semences, une qualité
de service et de semences semblable
à celle de l’industrie semencière.
Avec l’avantage économique de diviser
les coûts par deux ! Cette semence
« à la carte » nous donne des atouts
incontestables en phase avec les attentes
de la société. Notre professionnalisme
et notre proximité vis-à-vis de
nos agriculteurs font notre force.
Nous devons par ailleurs poursuivre
les investissements engagés sur nos
stations mobiles pour nos clients mais
aussi pour nos opérateurs. Ainsi nos
machines de triage plus rapides évoluent
progressivement vers les 10 tonnes par
heure avec des systèmes d’injection et
d’information automatisés et sécurisés.
Certaines de nos stations de semences
mobiles équipées de table densimétrique
s’apparentent à de véritables usines
embarquées, avec l’avantage de produire
à la demande sur le lieu d’utilisation.
Quelle idée de réunir en un même lieu
la production et la consommation de
semences ? Quelle idée d’avoir déjà
atteint en 2011 les objectifs d’économie
de phytos fixés pour 2018, puisque nous
appliquons deux fois moins d’insecticides
que l’industrie à rendement égal ?
Et enfin, quelle idée de ressemer sur
le même terroir les fruits de la récolte
passée ? Eh bien, c’est l’idée même du
triage de semences à la ferme, l’alliance
de la tradition et de la modernité en toute
humilité devant Dame
Nature qui a finalement,
elle seule, le pouvoir
de faire germer une
semence.
Sylvain Ducroquet
Sommaire
© STAFF
MARCHÉ ÉCONOMIE ACTEUR
PROFESSION TRIEUR
Jean-Yves Leclerq
Stéphane Jouatel
2
3
4
5
6
ACTUALITÉS
Passer de 5 à 10 tonnes/heure
Réglementation en question
UNE
Semences de ferme :
!
EMSA Syndicat européen
Réalité de la semence autoproduite
TFF : Nouveau bureau pour la
coopérative d’achat
LA
in
7
8
retournement de
situation en blé
Après une année 2009 historique, la
progression de l’utilisation des semences de ferme a été stoppée en
2010. La part de semences à la ferme
est passée de 40 % en 2008 à 52 %
en 2009 pour retomber à 48 % à
l’automne 2010. Des explications ?
Premièrement, le prix du blé qui est
passé de 120 à 200 /t de juin à octobre 2010, incitant les agriculteurs
à vendre leur moisson pour renflouer
leur trésorerie. Deuxièmement, des
distributeurs n’ont pas hésité à casser les prix des semences certifiées.
Toutefois, les trieurs restent satisfaits,
puisque les mises en culture de blé
ont continué à progresser au-delà des
5 millions d’hectares.
Échos de campagne
« 2010 est une nouvelle année de
hausse. J’ai trié 1 500 quintaux de plus
pour atteindre 20 000 quintaux, et ce
malgré l’arrivée de deux nouvelles machines sur le secteur », assure Olivier
Hoste, trieur en Normandie, basé dans
la plaine de Caen. « L’engouement
pour la semence de ferme est là, mais
elle attise l’intérêt de trieurs plus ou
moins professionnels », constate-t-il.
« En 2010, dans mon entreprise, la
progression devrait être de 5 à 10 %.
Mes clients ont pris la décision de trier
avant la moisson et la flambée des
prix, alors que leur trésorerie était très
basse. Pour 2011, j’attends de voir »,
constate Patrick Marchand, trieur
au sud d’un axe Metz-Toulouse. La
nouveauté ? « L’arrivée de nouveaux
acteurs », assure-t-il. Marcel Péchot,
trieur dans le Loiret, est satisfait de sa
campagne, avec une progression de
10 %. « L’orge de printemps a progressé aux dépens du maïs du fait
de restrictions sur l’irrigation, ce qui
m’a apporté de l’activité. Pour 2011,
je viens de recevoir la commande de
très grosses exploitations céréalières,
qui sont de nouveaux clients. La commande est forte pour la féverole ». Dans
le Grand Ouest, Gérard Lépocréau
est satisfait, avec une hausse de son
activité de 20 % : « Ici, on sent aussi
un vrai ras-le-bol des agriculteurs sur
les prix pratiqués par les distributeurs
de semences certifiées ».
Pression pour une hausse
et généralisation de la taxe
sur la semence de ferme
La campagne 2010 a été marquée
par la mobilisation de la filière brassicole à l’été 2010 qui réclamait
une CVO (Contribution volontaire
obligatoire) sur orge, et plus récemment celle de l’Union française des
semenciers par la voix de François
Desprez qui réclame une hausse
de la CVO de 40 % sur blé tendre,
ce qui viendrait gonfler le prix de la
semence de ferme de 0,8 €/quintal
environ.
TRIEUR.SEMENCES.INFO mars 2011
1
MARCHÉ
ÉCONOMIQUE ACTEUR
L’Emsa va défendre
les trieurs européens
et la semence
de ferme à Bruxelles
L’European Mobile Seed
Association (Emsa) a vu le
jour le 15 décembre 2010.
En fait, l’Emsa réunit sous
la même bannière
syndicale les trieurs de
semences européens. Ce
sont les trieurs britanniques
et français qui sont à
l’origine du syndicat.
© STAFF
À l’issue de l’assemblée générale
constitutive, le conseil d’administration
a élu Nigel Day, président de l’Emsa
et Sylvain Ducroquet, vice-président.
C’est Éric Dresin, par ailleurs directeur de la Confédération européenne
des entrepreneurs de travaux techniques agricoles et ruraux (Ceettar) qui
assurera la direction du syndicat. Le
Britannique Nigel Day, 49 ans, est
trieur dans l’Est Anglia et Sylvain
Ducroquet, 39 ans, dans la région
Nord-Picardie, où il occupe le poste
de président du syndicat des trieurs
français (Staff). L’Emsa s’est donné
pour mission de défendre l’intérêt des
trieurs auprès de Bruxelles. Les élus
professionnels vont participer aux
décisions de l’Union Européenne sur
la question des semences de ferme.
Le nouveau syndicat va aussi fédérer
l’ensemble des acteurs de l’autoproduction de semences à la ferme, histoire que la commission n’oublie pas
ce secteur important dans le paysage
agricole européen. « Il s’agit d’une première puisque la semence de ferme
n’était jusqu’alors pas représentée à
Bruxelles », souligne Sylvain Ducroquet.
Une première reconnaissance
européenne
« Ce syndicat est l’aboutissement
d’une année et demi de travail. Dans
un deuxième temps, nous allons nous
efforcer d’élargir le syndicat. Nous
sommes en contact avec des trieurs
polonais, suédois, belges et danois »,
Nigel Day, président de l’Emsa
et Sylvain Ducroquet, vice-président,
le 15 décembre 2010.
2
poursuit-il. Première victoire pour les
trieurs européens : le président Nigel
Day a réussi à inscrire l’Emsa aux
réunions organisées par l’Office communautaire des variétés végétales
(OCVV ; en anglais : Community Plant
Variety Office, CPVO). L’OCVV est une
agence communautaire qui assure
la mise en œuvre et l’application du
régime communautaire de protection
des obtentions végétales : « C’est
l’antichambre de toutes les décisions communautaires en matière de
semence de ferme », explique Sylvain
Ducroquet. L’OCVV est opérationnelle
depuis le 27 avril 1995 et son siège
est à Angers (49). Bref, c’est un lieu
stratégique pour défendre la semence
de ferme. En Europe, le secteur des
TRIEUR.SEMENCES.INFO mars 2011
semences de ferme est prédominant :
plus de la moitié des 57 millions
d’hectares de céréales sont produits
avec des semences de ferme pour
une valeur d’autoproduction de plus
de 500 millions d’euros ! Ce secteur
regroupe plusieurs centaines d’entreprises de triage. À la clé, il existe
aussi un enjeu social majeur, puisque
ces entreprises fonctionnent avec
plusieurs milliers de salariés. Le premier chantier de l’Emsa sera de peser
dans l’élaboration du nouveau règlement semence européen, à l’ordre du
jour de la commission.
Contact : E.M.S.A.,
rue de Spa, 8, 1000 Bruxelles
[email protected] ;
[email protected]
P
s
•
m
se
•
et
ap
liè
lib
•
m
ce
pr
pé
pe
se
fè
ré
•
de
de
P
s
s
Le
en
pr
fra
co
di
Av
tr
•
5
•
pl
MARCHÉ
ÉCONOMIQUE ACTEUR
Pourquoi autoproduire
ses semences?
• La semence autoproduite revient en
moyenne à 40 % moins cher que les
semences certifiées.
• Elle maintient une saine concurrence
et évite les dérives inflationnistes qui
apparaissent parfois au sein d’une filière de production en cas de déséquilibre entre acteurs…
• Elle sécurise les approvisionnements. L’autoproduction de semence est moins tributaire des aléas de
programmation de production. L’expérience récente a montré qu’elle a
permis de faire face à des pénuries de
semence de certaines cultures (pois,
fèveroles). Elle évite ainsi les tensions et
réduit les risques de flambée des prix.
• Elle garantie la liberté agronomique
des agriculteurs en leur permettant
de pratiquer le mélange des variétés.
La diversité génétique des cultures est
recommandée par l’INRA et est reconnue comme un facteur favorisant la résistance aux maladies et aux parasites.
• L’autoproduction de semence garantit également aux agriculteurs la
maîtrise du choix des traitements préventifs appliqués sur les graines. Elle
permet ainsi la réduction jusqu’à 60 %
du dosage sur certaines molécules
phytosanitaires.
• Produite localement, la semence
autoproduite évite des transports
et contribue ainsi à la réduction des
émissions de gaz à effet de serre.
La semence
autoproduite
est
majoritaire !
Les agriculteurs autoproduisent
aujourd’hui plus de 50 % des semences utilisées en France. Sans contester l’intérêt de la recherche génétique, elle a parfaitement sa place à
côté des semences commerciales et
certifiées. La semence autoproduite
est même majoritaire dans un tiers
des régions françaises. Elle se pratique à grande échelle aussi bien dans
des régions céréalières qu’en région
d’élevage. En Beauce, elle fait jeu
égal avec les semences certifiées.
En région Centre, l’autoproduction
de semence dépasse 650 000 quintaux par an !
© DFI-presse
Un cadre
légal toujours
menacé
Pourquoi faire appel à un
spécialiste du triage de
semences autoproduites ?
Les spécialistes du triage préparent
environ 40 % des semences autoproduites utilisées par les agriculteurs
français. Leur part de marché est en
constante augmentation depuis une
dizaine d’années.
Avec des machines performantes, les
trieurs apportent efficacité et sécurité.
• des débits de chantier de l’ordre de
5 à 10 tonnes par heure ;
• des temps d’opération 5 à 10 fois
plus courts que l’autoproduction par
Plantes fourragères : pois chiche,
lupin jaune, luzerne, pois fourrager,
trèfle d’Alexandrie, trèfle de Perse,
féverole, vesce commune.
Céréales : avoine, orge, riz, alpiste des
Canaries, seigle, triticale, blé, blé dur,
épeautre.
Plantes oléagineuses : colza, navette,
lin oléagineux, pommes de terre.
l’agriculteur lui-même
• des professionnels formés et informés qui respectent scrupuleusement
la réglementation.
En gagnant en professionnalisme, la
préparation de la semence autoproduite concilie efficience économique,
liberté agronomique et sécurité environnementale. Elle s’inscrit parfaitement dans l’évolution d’une agriculture moderne, efficace, responsable
et durable.
TRIEUR.SEMENCES.INFO mars 2011
© DFI-presse
t:
ns
ts
ur
us
ur
nte
ue
ec
eer
edu
L’autoproduction de semence est
autorisée pour seulement 21 espèces de plantes. Aucune raison
fondamentale n’a été apportée
pour justifier cette limitation.
3
MARCHÉ
ÉCONOMIQUE ACTEUR
Nouveau mode de gouvernance
pour la coopérative TFF
L
p
Créée dans les années 90,
la coopérative des trieurs à
façon de France est
victime de son succès,
avec notamment un
doublement de son activité
depuis 2004. Reste
maintenant à structurer le
mode de gouvernance
pour s’adapter à celui-ci.
J
le
© STAFF
avons 8 clients », souligne Olivier Hoste,
le gérant qui occupe aussi la fonction d’acheteur, le deuxième acheteur
étant Thierry Drieux. « Notre montée
en puissance s’explique simplement :
nos adhérents ont quasiment doublé
les quintaux triés depuis qu’ils nous ont
rejoints ». L’essentiel de l’activité repose sur une dizaine de produits : « Nous
nous appuyons sur les résultats d’essais d’Arvalis et des firmes phytos ».
On retrouve Misol (matière active prothioconazole) fabriqué par Bayer, un
fongicide pour le traitement de semences efficace contre la fonte de semis (septoriose et fusarioses). Ce produit est aussi efficace sur carie. Autre
produit : Celest net (matière active
fludioxonil), proposé par Syngenta, est
un traitement fongicide des semences
de céréales efficace sur fusarioses.
Autres produits : Premis 25 FS, composé à 25 g/l de triticonazole, associé
à Prélude 20 FS, composé à 218 g/l
de prochloraze-cuivre, constituent une
solution complète contre carie, Fusarium roseum, Microdochium nivale
et Septoria nodorum en blé contre
Helmintho graminearum, charbon nu
et Fusarium roseum en orge. Autre
Olivier Hoste et Thierry Drieux,
respectivement gérant et acheteur
chez TFF, une structure avec peu
de charges pour 6 millions de chiffre
d’affaires.
produit : Latitude de chez Monsanto,
un produit homologué avec une action
antipiétin échaudage. Il s’agit d’une
protection de semence dont la matière
active est le silthiofam. « Les livraisons
s’effectuent en direct chez nos adhérents depuis les fournisseurs. Nous
ne stockons pas les produits. Nous
faisons éventuellement appel à des logisticiens agréés pour le faire ». Pour la
campagne d’automne et environ 90 %
des volumes, les achats interviennent
en avril-mai pour des livraisons en
juillet-août. 10 % des volumes sont
achetés pour le printemps.
4
TRIEUR.SEMENCES.INFO mars 2011
En
es
m
il
qu
à
ta
tio
ce
C
du
ha
qu
da
du
l’e
da
si
po
gr
m
à
TFF en bref
• Siège dans le Calvados
• Gérant : Olivier Hoste
• 6 millions d’euros de chiffre
d’affaires avec une dizaine de
produits au catalogue
• Doublement de l’activité
depuis 2004
© STAFF
La semence de ferme se porte bien !
Merci pour elle. Signe de cette croissance, la coopérative des trieurs à
façon de France (TFF) où une majorité
des adhérents du Staff s’approvisionne en produits d’enrobage de la semence, n’a cessé de développer son
activité depuis sa création en 1996.
TFF est la première centrale d’achat
nationale de traitements de semences
à la ferme. Elle revendique 900 000
quintaux de semences de céréales
traitées chez l’agriculteur, soit environ 20 % des volumes de semences
de ferme en France et un peu moins
de 10 % des volumes de semences
totales. Basée dans le Calvados, la
coopérative des trieurs à façon de
France a doublé ses activités entre
2004 et 2010. Les adhérents de la coopérative ont donc décidé de se doter
d’un nouveau mode de gouvernance.
Un nouveau bureau
Pour épauler Olivier Hoste, gérant de
TFF depuis 2004, les adhérents réunis
en assemblée générale extraordinaire
à Paris le 9 février ont décidé de doter
la structure d’un conseil d’administration. Gérard Lepocréau (Bretagne),
Jean-Louis Courtot (Bourgogne) et
Sylvain Ducroquet (Nord-Pas-de-Calais) ont tous trois été élus membres de
ce nouveau conseil. « La coopérative
fédère 21 membres adhérents et nous
Tr
s
c
«
Le nouveau conseil d’administration
de la coopérative : de droite
à gauche, Gérard Lepocréau
(Bretagne), Olivier Hoste (Normandie),
gérant de la coopérative, Sylvain
Ducroquet (Nord-Pas-de-Calais) et
Jean-Louis Courtot (Bourgogne).
pr
en
de
Je
co
de
no
co
su
bi
ré
PROFESSION
TRIEUR
Le succès avec l’enrobage
par injection directe
Jean-Yves Leclercq,
le goût de l’indépendance
,
Repères
Création : 1997
Deux saisonniers d’août
à mi-octobre
Deux trieuses Dorez RTB 354
27 000 quintaux triés
en 2010 dont 85 % de blé.
Zone d’activité : Mayenne,
Sarthe et Maine-et-Loire
progressé de 2 000 quintaux, autant
en 2010 alors qu’il y a de plus en plus
de machines de triage sur le secteur ».
Jean-Yves Leclercq est confronté à la
concurrence d’autres trieurs privés,
de négoces et de coopératives dont
notamment la Cam (Coopérative agricole de la Mayenne). Il explique son
succès par le suivi commercial : « Je
bichonne mes clients en les appelant
régulièrement ».
© DFI-presse
Jean-Yves Leclercq est le premier
trieur mayennais à avoir investi dans
une machine à injection directe.
Injection directe
La qualité du service y serait aussi
pour beaucoup. Le trieur a investi
dans des machines à injection directe.
« Avec l’injection directe, la dose est
déposée sur la semence au bon moment, elle est optimisée quel que soit
le PMG (poids de mille grains). Tout
ceci est contrôlé électroniquement.
Avec la modulation des doses
d’enrobage et la pesée des grains
instantanés, la sécurité et la qualité
sont au rendez-vous.
Sur les précédents systèmes, les grosses graines pouvaient ne pas recevoir
la dose conforme ». Depuis le terminal
de sa machine Dorez, une RTB 354,
il peut moduler la dose d’enrobage et
contrôler plusieurs matières actives
en même temps. « Le retour en arrière
est impossible et mes saisonniers font
le même constat. Le confort de travail
est incomparable ». Côté sanitaire,
Jean-Yves Leclercq a pris les devants.
« J’ai conçu un pistolet pour nettoyer
les bidons et depuis, nous n’avons
plus aucun contact avec les mélanges ». Il est convaincu de l’intérêt de
l’injection directe, si bien qu’il s’y intéresse de près pour son automoteur de
pulvérisation. Jean-Yves Leclercq est
confiant pour 2011, même s’il pense
que « l’activité va stagner puisque
les agriculteurs ont reconstitué leur
trésorerie. On leur propose des
contrats types avec des semences
certifiées à prix cassés en échange de
reprise de la moisson à un bon prix ».
Les inquiétudes viennent plus des
conséquences législatives de la directive poussière sur l’enrobage de semence. « Va-t-elle nous toucher ? Dans
ce cas, nos constructeurs vont devoir
se creuser la tête. Pourtant nous ne
trions pas dans un espace confiné ».
Autre inquiétude : la réforme du DAPA
(certificat de qualification pour les
distributeurs et les applicateurs des
produits antiparasitaires). « Est-ce que
le DAPA sera obligatoire pour tout
conducteur de machine ? Comment
© DFI-presse
o,
on
ne
re
ns
éus
us
ola
%
nt
en
nt
En ce début février, Jean-Yves Leclercq
est en plein chantier de triage de semences de pois : « Depuis deux ans,
il y a une forte demande. De 500
quintaux en 2009, le pois est passé
à 2 000 quintaux en 2010. Les incitations, les aides favorisant la rotation culturale et le prix de la semence
certifiée expliquent cette progression.
Cette année, avec la hausse du prix
du blé et l’emblavement en forte
hausse, le pois devrait reculer de 500
quintaux », souligne le trieur. Basé
dans le sud de la Mayenne à Meslaydu-Maine, Jean-Yves a repris en 1997
l’entreprise de son patron, il travaille
dans un rayon de 70 km autour du
siège social. « Dans cette zone de
polyculture élevage, le blé est en progression », constate-t-il. L’engouement est aussi très fort pour le triage
à façon : « En 2009, mon activité a
© DFI-presse
© STAFF
Trieur à façon depuis 1997, Jean-Yves Leclercq
s’est lancé dans l’injection directe depuis cinq
campagnes. Salariés et clients sont satisfaits :
« Le retour en arrière est impossible ».
L’entreprise est équipée de deux
Dorez RTB 354.
trouver du personnel saisonnier dans
ces conditions ? », s’interroge-t-il.
Jean-Yves Leclercq y voit un mauvais coup du lobby des semenciers
qui ne ratent aucune occasion pour
mettre des bâtons dans les roues des
trieurs. Une adversité qui aurait plutôt
tendance à stimuler la combativité
du professionnel mayennais et à renforcer sa conviction : « Notre profession représente un gros intérêt pour
les agriculteurs ! ».
TRIEUR.SEMENCES.INFO mars 2011
5
PROFESSION
TRIEUR
Installé depuis 1999 dans
la Sarthe, Stéphane
Jouatel continue à
développer son activité de
triage en misant sur la
qualité de service et le
conseil. Il innove et
propose chaque année des
améliorations techniques
pour trier. Reste à trouver
un salarié pour continuer la
marche en avant.
Rencontre.
Stéphane Jouatel :
« Recruter pour se
développer »
L
l’o
a
En ce début mars, Stéphane Jouatel
a presque fini la campagne de pois.
Il suit de près l’évolution du prix des
céréales. Il reste toutefois confiant sur
l’avenir de sa profession. Une preuve
? Le trieur est à la recherche d’un salarié pour continuer à développer son
activité. « Une personne sérieuse que
je souhaite former et employer sur du
long terme », souligne le trieur âge de
37 ans. L’activité du triage est saisonnière, ce qui complique le recrutement. Mais Stéphane Jouatel est
patient, car il est en quête d’un profil
précis, une personne de confiance
capable de conseiller la clientèle. Le
trieur sarthois a une vision claire de sa
profession, on est loin du prestataire
classique qui se contente de « passer
les semences au tamis ». Stéphane
Jouatel ajoute un rôle de conseil sur
l’utilisation des produits de traitement
de semence, c’est un prescripteur
à l’écoute des attentes des clients :
« Dans l’est de la Sarthe, certains
agriculteurs apprécient les traitements haut de gamme pour l’enrobage, d’autres doivent utiliser de l’Attack
pour protéger les graines contre les
nématodes, la majorité privilégie les
traitements T2 type Prelude. Avant
chaque intervention, on fait le point sur
les attentes des clients, tout est informatisé, je peux leur rappeler les traitements utilisés l’année précédente. La
traçabilité est totale. Autre avantage,
6
© STAFF
L’entreprise en bref
• Création : 1999
• Machine équipée d’injection
directe Dorez
• 20 000 quintaux triés dont
1 000 de pois
• Zone géographique : Nord-Sarthe
et Nord-Mayenne
C
p
t
Pour sa gestion, Stéphane Jouatel s’appuie sur un logiciel informatique adapté aux
besoins d’une entreprise de triage.
en quelques clics, je leur sors un bon
de travaux, cela évite toute ambigüité
sur les tarifs ou une erreur. Le logiciel
de gestion comptable a été adapté à
mes besoins. » Pour se tenir informé
sur les nouveautés phytopharmaceutiques, il suit les formations proposées
par les revendeurs. Depuis 1999, Stéphane Jouatel a d’ailleurs revu son
approche des produits avec un objectif de conserver le plus de marge
possible sur son entreprise : « Au départ, au final, je ne facturais que le tri
et les produits étaient facturés par les
négociants partenaires de l’agriculteur
qui m’avait sollicité. Résultat : ces négociants émargeaient sans travailler !
J’ai changé d’optique et je vends aussi les produits de traitement. Certains
revendeurs ont eu du mal à l’accepter.
Je suis titulaire du Dapa distributeur
et applicateur de produits phytos. Je
continue à travailler avec les négociants locaux pour rester en contact
avec eux, je m’entends bien avec eux
mais je m’approvisionne aussi au sein
de la coopérative TFF. »
Le choix de l’injection directe
Stéphane Jouanel a fait du chemin
depuis son installation en 1999. « À
l’époque, on pensait que le triage
allait durer encore 3 ou 4 ans ». Bref,
une atmosphère peu propice à réaliser des investissements lourds. Stéphane Jouatel préfère se sécuriser
en louant l’équipement et la clientèle
de son ancien employeur. En 2002,
celui-ci reprend du service, mais
Stéphane Jouatel saisit une nouvelle
TRIEUR.SEMENCES.INFO mars 2011
opportunité : un trieur part à la retraite
et lui cède sa clientèle. « Il m’a même
accompagné dans les premières visites chez les clients ». Cette fois-ci,
Stéphane conçoit sa propre machine,
il assemble lui même les différents
éléments : quatre grilles d’un diamètre de 800, une mélangeuse Hulin MS
60, un châssis sur mesure. Il est parti
d’une copie blanche pour concevoir
sa machine, il s’est toutefois inspiré
de machines existantes. Au final, il investit 55 000 euros. Pari gagné : les
quintaux triés progressent et en 3 ans
il dépasse le seuil des 10 000 quintaux. En 2007, nouvel investissement
structurant : il se dote de l’injection
directe de Dorez. En 2007, il reçoit
d’ailleurs un prototype, il travaille à la
fin du développement opérationnel du
système. « Depuis, c’est le jour et la
nuit. Je ne fais plus de manipulations
de produits. Avant, il fallait préparer la
bouillie, rincer la machine en cas de
changement. Le rinçage est automatique, l’ordinateur permet de tout
contrôler. Le gain de temps est important. Les clients apprécient aussi et la
perception de notre métier est bonne ».
La machine a subi depuis quelques
améliorations, avec notamment un
aspirateur de poussière. Côté marché, Stéphane Jouanel reste confiant
même si 2010 a été en légère baisse :
« La hausse du prix des céréales
est passée par là et les agriculteurs
ont acheté plus de semences. Je
m’attends à une campagne conforme
à la précédente ».
Un
Le
tr
fo
pl
no
et
l’E
m
Fr
d’
co
At
M
m
La
10
Sy
ch
te
pr
la
fa
l’a
m
un
la
m
m
tra
m
ACTUALITÉS
Comment passer de 5 à 10 tonnes
par heure de semences triées et
traitées
te
me
vici,
e,
ts
èS
rti
oir
ré
nes
ns
nnt
on
oit
la
du
la
ns
la
de
out
orla
».
es
un
arnt
e:
es
rs
Je
me
© DFI-presse
© STAFF
Les trieurs à façon cherchent à développer leur capacité de triage et de traitement,
l’objectif est d’atteindre les 10 tonnes par heure. Technologie « Batch », ou encore pétrin
avec injection directe, que faut-il choisir ?
Une machine Batch en fonctionnement en Angleterre.
Le métier se professionnalise et les
trieurs se dotent de machines de plus
fortes capacités. « Le marché se déplace vers le haut de gamme, avec
notamment le pesage électronique
et l’injection directe. Il n’y a plus que
l’Europe de l’Est pour demander des
machines à pesage mécanique. En
France, les trieurs à façon continuent
d’investir; à l’inverse des CUMA»,
constate Alain Dorez, dirigeant des
Ateliers Dorez.
Machine Batch : gros débit
mais gros encombrement
La tendance est à trier et enrober
10 tonnes de semences par heure.
Système continu, semi-continu, machine Batch, injection directe : les
technologies existent. « Attention,
prévient Jean-Paul Hulin. Le choix de
la machine est une chose, mais il ne
faut pas négliger le côté logistique et
l’alimentation en grain. Il faut une alimentation continue et correcte. Pour
une machine Batch, il faut ajouter une
large trémie d’entrée et une large trémie de sortie ». Pour Alain Dorez, une
machine Batch pose des soucis de
transport, en raison de son poids : « La
machine Batch est plus encombrante,
elle est plus haute, le grain tombe par
gravité. On privilégie le système pétrin
classique avec une injection directe.
Le passage à 10 tonnes s’obtient
en sur-dimensionnant les pétrins ».
L’entreprise Hulin se positionne surtout sur les stations de triage fixe où
« l’on commercialise principalement
de la technologie Batch » puisque la
logistique y est bien optimisée. Chez
un agriculteur, la logistique est souvent le point faible et le trieur à façon
doit s’adapter. « Une machine Batch
présente un intérêt évident sur le
nettoyage, on peut parler d’auto-nettoyage. Avec une machine classique,
il reste toujours un peu de grains dans
les tapis ou autres. L’autre avantage
de la technologie Batch est de rester
maître du processus. En cas d’erreur,
on peut isoler le lot sans aucun souci.
Avec une machine plus traditionnelle,
le grain continue de s’écouler et le
temps que l’on coupe la machine, il
se passe un laps de temps assez important ». En France, peu de trieurs à
façon ont investi dans une machine
Batch. Alexandre Glorieux a fait le
pas, séduit par le concept industriel, «
un bon moyen de se démarquer de la
concurrence. Côté débit, on se situe
à 8 tonnes par heure. Le démarrage a
été difficile pour cette machine truffée
d’électronique et plutôt conçue dans
un premier temps pour des chantiers
fixes. Elle fonctionne, elle a été améliorée l’an dernier et maintenant qu’elle donne pleine satisfaction en qualité
de traitement, je le dis : ma prochaine
machine sera à nouveau équipée d’un
batch !», indique Alexandre Glorieux
Technologie continue
Au sein d’ABCDE, Thierry Drieux a
investi en 1999 dans une machine à
système continu fabriquée par Kenogard : « Une technologie qui rappelle
celle de Norogard. Celle-ci utilise une
roue à aube reliée à des pompes.
Elle diffère des autres technologies
basées sur des godets qui contiennent du grain et qui reçoivent une
dose de produit : ce sont des machines semi-continues. La technologie
continue fonctionne bien. Alors pourquoi changer une machine que nous
maitrisons ? »
Avantages
Système « Batch’ »
• Machine autonettoyante
• Maîtrise complète du
processus d’enrobage
• Peu de pièces en mouvement,
fiabilité
• Maîtrise totale du moment de
l’application du produit
Système
« continu » Pétrin
• Machine souple, passe-partout
• Pétrin technologie simple
Inconvénients
• Poids
• Encombrement : ajout de
trémie d’approvisionnement
supplémentaire
• Contrainte de hauteur
• Vidange du grain
TRIEUR.SEMENCES.INFO mars 2011
7
T
ACTUALITÉS
Débat autour de la notion
d’« infrastructures professionnelles »
Cette nouvelle directive souligne
que l’enrobage des semences doit
s’effectuer exclusivement dans des
infrastructures professionnelles de
traitement des semences. Le texte
européen doit être traduit en droit français. Cette notion d’ « infrastructures
professionnelles » est une véritable
épée de Damoclès au-dessus de la
tête des trieurs à façon. Les élus du
Staff ont rencontré la DGAL (Direction
générale de l’alimentation) du ministère
de l’Agriculture pour proposer une
définition d’infrastructures professionnelles. Pour le Staff, les infrastructures
professionnelles sont définies, selon
trois points : des infrastructures qui
limitent les poussières avant le traitement, ce qui implique du personnel
formé et du matériel adéquat. Cela
É
Agenda
L
Prochaines rencontres
• Mai :
RÉ
- AG TFF 2 mai -Reims
- Séminaire TFF – Reims 3 au 5 mai 2011
20
le
pa
Ils
no
de
à
Av
les
«à
in
de
et
no
No
les
sta
au
m
pr
he
d’
Ce
m
s’a
em
àl
Qu
la
se
at
de
ap
qu
Et
le
pa
tri
de
• Juin :
© STAFF
Une directive européenne
(n° 2010/21/UE) du
12/03/10 modifie l’annexe I
de la directive 91/414/CEE
du Conseil pour ce qui est
des dispositions
spécifiques relatives à la
clothianidine, au
thiamethoxam, au fipronil
et à l’imidacloprid.
Patrick Marchand,ancien président
du STAFF, suit aujourd’hui plus
particulièrement les questions
réglementaires au sein du bureau
du syndicat.
implique une certification de l’entreprise de triage en anticipation de
2014 et de la réforme de l’agrément
(norme métier type AFNOR 43 500 ou
ISO). Selon le Staff, ces infrastructures doivent être dotées de système
de transfert des quatre molécules
(clothianidine, thiamethoxam, fipronil
et l’imidacloprid) concernées, du bidon
d’origine du fabricant au système
d’application sur la graine, fermé hermétiquement (donc pas de fuites vers
l’environnement, aucun suintement ni
déversement accidentel possible etc.).
Les moyens techniques existent :
pompes de transfert, injection directe...
Enfin, les infrastructures doivent pouvoir étiqueter et fermer les sacs et
big bags de semences traitées.
- Assemblée générale du Staff
et de la CNDSF à Paris
- Meeting de l’Emsa à Bruxelles
Staff board
nous l’avons fait
• 20 juillet 2010 : Rencontre avec la
DGAL au ministère de l’agriculture
• 7 décembre le staff a reçu la DGCCRF à Paris
• 14 décembre : Conseil
d’Administration de la CNDSF
• 15 décembre à Bruxelles au siège
de Ceettar : signature des statuts du
syndicat européen Emsa
• 22 Février 2011 : Conférence de
presse de la CNDSF au SIA à Paris
• 15 mars conseil : administration
de la CNDSF
Trieur Semences Info est une
publication du STAFF
(syndicat des trieurs français)
Tél : 06 77 79 22 37
44, rue d’Alésia 75682 Paris Cedex 14
[email protected]
Numéro de commission paritaire en cours.
Directeur de publication :
Sylvain Ducroquet
Edition : DFI-presse
91400 Orsay - Tél : 01 69 28 44 13
Réalisation graphique : Alexandra Daguet
Brèves
© STAFF
Des trieurs de l’Ouest en visite dans le Nord
Mi-janvier, Gérard Le Pocréau, Jean-Claude Blandin et Daniel Pelletier se sont
rendus chez Jean Yves Leclercq sur un chantier de triage dans la Mayenne,
puis chez Sylvain Ducroquet dans le Pas-de-Calais pour voir fonctionner
d’autres outils d’injection directe et découvrir une table densimétrique embarquée. C’est aussi l’intérêt du syndicat des trieurs que de promouvoir les
échanges entre professionnels autour des questions machinisme.
S
8
TRIEUR.SEMENCES.INFO mars 2011
© STAFF
Ils ont dit…
• François Haquin, rédacteur en chef de Semences et progrès : « Le secteur
industriel des semences certifiées apporte et sécurise le métier de la firme,
sans comparaison avec ce que peut apporter un prestataire trieur ». Concernant les infrastructures professionnelles « le texte n’interdit pas expressément
l’application de ces produits par les trieurs à façon. À tout le moins, il faudra
que ces trieurs soient officiellement recensés, et que leurs résultats soient régulièrement contrôlés, ce qui est loin
d’être le cas à ce jour ».
• François Desprez : « l’UFS (union française des semenciers) est convaincue de l’utilité d’une réglementation TS
mais souhaite que les normes à venir s’appliquent à tous. »
EM
Ré
TF
co
Je
St
Pa
R

Documents pareils