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TRIEUR.SEMENCES. fo À Édito LE TRIAGE UNE IDÉE RÉSOLUMENT MODERNE © STAFF 3 2010 aura été une année de plus dans le développement de nos activités. Nos partenaires agriculteurs l’ont compris. Ils savent qu’ils peuvent trouver chez nous, trieurs de semences, une qualité de service et de semences semblable à celle de l’industrie semencière. Avec l’avantage économique de diviser les coûts par deux ! Cette semence « à la carte » nous donne des atouts incontestables en phase avec les attentes de la société. Notre professionnalisme et notre proximité vis-à-vis de nos agriculteurs font notre force. Nous devons par ailleurs poursuivre les investissements engagés sur nos stations mobiles pour nos clients mais aussi pour nos opérateurs. Ainsi nos machines de triage plus rapides évoluent progressivement vers les 10 tonnes par heure avec des systèmes d’injection et d’information automatisés et sécurisés. Certaines de nos stations de semences mobiles équipées de table densimétrique s’apparentent à de véritables usines embarquées, avec l’avantage de produire à la demande sur le lieu d’utilisation. Quelle idée de réunir en un même lieu la production et la consommation de semences ? Quelle idée d’avoir déjà atteint en 2011 les objectifs d’économie de phytos fixés pour 2018, puisque nous appliquons deux fois moins d’insecticides que l’industrie à rendement égal ? Et enfin, quelle idée de ressemer sur le même terroir les fruits de la récolte passée ? Eh bien, c’est l’idée même du triage de semences à la ferme, l’alliance de la tradition et de la modernité en toute humilité devant Dame Nature qui a finalement, elle seule, le pouvoir de faire germer une semence. Sylvain Ducroquet Sommaire © STAFF MARCHÉ ÉCONOMIE ACTEUR PROFESSION TRIEUR Jean-Yves Leclerq Stéphane Jouatel 2 3 4 5 6 ACTUALITÉS Passer de 5 à 10 tonnes/heure Réglementation en question UNE Semences de ferme : ! EMSA Syndicat européen Réalité de la semence autoproduite TFF : Nouveau bureau pour la coopérative d’achat LA in 7 8 retournement de situation en blé Après une année 2009 historique, la progression de l’utilisation des semences de ferme a été stoppée en 2010. La part de semences à la ferme est passée de 40 % en 2008 à 52 % en 2009 pour retomber à 48 % à l’automne 2010. Des explications ? Premièrement, le prix du blé qui est passé de 120 à 200 /t de juin à octobre 2010, incitant les agriculteurs à vendre leur moisson pour renflouer leur trésorerie. Deuxièmement, des distributeurs n’ont pas hésité à casser les prix des semences certifiées. Toutefois, les trieurs restent satisfaits, puisque les mises en culture de blé ont continué à progresser au-delà des 5 millions d’hectares. Échos de campagne « 2010 est une nouvelle année de hausse. J’ai trié 1 500 quintaux de plus pour atteindre 20 000 quintaux, et ce malgré l’arrivée de deux nouvelles machines sur le secteur », assure Olivier Hoste, trieur en Normandie, basé dans la plaine de Caen. « L’engouement pour la semence de ferme est là, mais elle attise l’intérêt de trieurs plus ou moins professionnels », constate-t-il. « En 2010, dans mon entreprise, la progression devrait être de 5 à 10 %. Mes clients ont pris la décision de trier avant la moisson et la flambée des prix, alors que leur trésorerie était très basse. Pour 2011, j’attends de voir », constate Patrick Marchand, trieur au sud d’un axe Metz-Toulouse. La nouveauté ? « L’arrivée de nouveaux acteurs », assure-t-il. Marcel Péchot, trieur dans le Loiret, est satisfait de sa campagne, avec une progression de 10 %. « L’orge de printemps a progressé aux dépens du maïs du fait de restrictions sur l’irrigation, ce qui m’a apporté de l’activité. Pour 2011, je viens de recevoir la commande de très grosses exploitations céréalières, qui sont de nouveaux clients. La commande est forte pour la féverole ». Dans le Grand Ouest, Gérard Lépocréau est satisfait, avec une hausse de son activité de 20 % : « Ici, on sent aussi un vrai ras-le-bol des agriculteurs sur les prix pratiqués par les distributeurs de semences certifiées ». Pression pour une hausse et généralisation de la taxe sur la semence de ferme La campagne 2010 a été marquée par la mobilisation de la filière brassicole à l’été 2010 qui réclamait une CVO (Contribution volontaire obligatoire) sur orge, et plus récemment celle de l’Union française des semenciers par la voix de François Desprez qui réclame une hausse de la CVO de 40 % sur blé tendre, ce qui viendrait gonfler le prix de la semence de ferme de 0,8 €/quintal environ. TRIEUR.SEMENCES.INFO mars 2011 1 MARCHÉ ÉCONOMIQUE ACTEUR L’Emsa va défendre les trieurs européens et la semence de ferme à Bruxelles L’European Mobile Seed Association (Emsa) a vu le jour le 15 décembre 2010. En fait, l’Emsa réunit sous la même bannière syndicale les trieurs de semences européens. Ce sont les trieurs britanniques et français qui sont à l’origine du syndicat. © STAFF À l’issue de l’assemblée générale constitutive, le conseil d’administration a élu Nigel Day, président de l’Emsa et Sylvain Ducroquet, vice-président. C’est Éric Dresin, par ailleurs directeur de la Confédération européenne des entrepreneurs de travaux techniques agricoles et ruraux (Ceettar) qui assurera la direction du syndicat. Le Britannique Nigel Day, 49 ans, est trieur dans l’Est Anglia et Sylvain Ducroquet, 39 ans, dans la région Nord-Picardie, où il occupe le poste de président du syndicat des trieurs français (Staff). L’Emsa s’est donné pour mission de défendre l’intérêt des trieurs auprès de Bruxelles. Les élus professionnels vont participer aux décisions de l’Union Européenne sur la question des semences de ferme. Le nouveau syndicat va aussi fédérer l’ensemble des acteurs de l’autoproduction de semences à la ferme, histoire que la commission n’oublie pas ce secteur important dans le paysage agricole européen. « Il s’agit d’une première puisque la semence de ferme n’était jusqu’alors pas représentée à Bruxelles », souligne Sylvain Ducroquet. Une première reconnaissance européenne « Ce syndicat est l’aboutissement d’une année et demi de travail. Dans un deuxième temps, nous allons nous efforcer d’élargir le syndicat. Nous sommes en contact avec des trieurs polonais, suédois, belges et danois », Nigel Day, président de l’Emsa et Sylvain Ducroquet, vice-président, le 15 décembre 2010. 2 poursuit-il. Première victoire pour les trieurs européens : le président Nigel Day a réussi à inscrire l’Emsa aux réunions organisées par l’Office communautaire des variétés végétales (OCVV ; en anglais : Community Plant Variety Office, CPVO). L’OCVV est une agence communautaire qui assure la mise en œuvre et l’application du régime communautaire de protection des obtentions végétales : « C’est l’antichambre de toutes les décisions communautaires en matière de semence de ferme », explique Sylvain Ducroquet. L’OCVV est opérationnelle depuis le 27 avril 1995 et son siège est à Angers (49). Bref, c’est un lieu stratégique pour défendre la semence de ferme. En Europe, le secteur des TRIEUR.SEMENCES.INFO mars 2011 semences de ferme est prédominant : plus de la moitié des 57 millions d’hectares de céréales sont produits avec des semences de ferme pour une valeur d’autoproduction de plus de 500 millions d’euros ! Ce secteur regroupe plusieurs centaines d’entreprises de triage. À la clé, il existe aussi un enjeu social majeur, puisque ces entreprises fonctionnent avec plusieurs milliers de salariés. Le premier chantier de l’Emsa sera de peser dans l’élaboration du nouveau règlement semence européen, à l’ordre du jour de la commission. Contact : E.M.S.A., rue de Spa, 8, 1000 Bruxelles [email protected] ; [email protected] P s • m se • et ap liè lib • m ce pr pé pe se fè ré • de de P s s Le en pr fra co di Av tr • 5 • pl MARCHÉ ÉCONOMIQUE ACTEUR Pourquoi autoproduire ses semences? • La semence autoproduite revient en moyenne à 40 % moins cher que les semences certifiées. • Elle maintient une saine concurrence et évite les dérives inflationnistes qui apparaissent parfois au sein d’une filière de production en cas de déséquilibre entre acteurs… • Elle sécurise les approvisionnements. L’autoproduction de semence est moins tributaire des aléas de programmation de production. L’expérience récente a montré qu’elle a permis de faire face à des pénuries de semence de certaines cultures (pois, fèveroles). Elle évite ainsi les tensions et réduit les risques de flambée des prix. • Elle garantie la liberté agronomique des agriculteurs en leur permettant de pratiquer le mélange des variétés. La diversité génétique des cultures est recommandée par l’INRA et est reconnue comme un facteur favorisant la résistance aux maladies et aux parasites. • L’autoproduction de semence garantit également aux agriculteurs la maîtrise du choix des traitements préventifs appliqués sur les graines. Elle permet ainsi la réduction jusqu’à 60 % du dosage sur certaines molécules phytosanitaires. • Produite localement, la semence autoproduite évite des transports et contribue ainsi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La semence autoproduite est majoritaire ! Les agriculteurs autoproduisent aujourd’hui plus de 50 % des semences utilisées en France. Sans contester l’intérêt de la recherche génétique, elle a parfaitement sa place à côté des semences commerciales et certifiées. La semence autoproduite est même majoritaire dans un tiers des régions françaises. Elle se pratique à grande échelle aussi bien dans des régions céréalières qu’en région d’élevage. En Beauce, elle fait jeu égal avec les semences certifiées. En région Centre, l’autoproduction de semence dépasse 650 000 quintaux par an ! © DFI-presse Un cadre légal toujours menacé Pourquoi faire appel à un spécialiste du triage de semences autoproduites ? Les spécialistes du triage préparent environ 40 % des semences autoproduites utilisées par les agriculteurs français. Leur part de marché est en constante augmentation depuis une dizaine d’années. Avec des machines performantes, les trieurs apportent efficacité et sécurité. • des débits de chantier de l’ordre de 5 à 10 tonnes par heure ; • des temps d’opération 5 à 10 fois plus courts que l’autoproduction par Plantes fourragères : pois chiche, lupin jaune, luzerne, pois fourrager, trèfle d’Alexandrie, trèfle de Perse, féverole, vesce commune. Céréales : avoine, orge, riz, alpiste des Canaries, seigle, triticale, blé, blé dur, épeautre. Plantes oléagineuses : colza, navette, lin oléagineux, pommes de terre. l’agriculteur lui-même • des professionnels formés et informés qui respectent scrupuleusement la réglementation. En gagnant en professionnalisme, la préparation de la semence autoproduite concilie efficience économique, liberté agronomique et sécurité environnementale. Elle s’inscrit parfaitement dans l’évolution d’une agriculture moderne, efficace, responsable et durable. TRIEUR.SEMENCES.INFO mars 2011 © DFI-presse t: ns ts ur us ur nte ue ec eer edu L’autoproduction de semence est autorisée pour seulement 21 espèces de plantes. Aucune raison fondamentale n’a été apportée pour justifier cette limitation. 3 MARCHÉ ÉCONOMIQUE ACTEUR Nouveau mode de gouvernance pour la coopérative TFF L p Créée dans les années 90, la coopérative des trieurs à façon de France est victime de son succès, avec notamment un doublement de son activité depuis 2004. Reste maintenant à structurer le mode de gouvernance pour s’adapter à celui-ci. J le © STAFF avons 8 clients », souligne Olivier Hoste, le gérant qui occupe aussi la fonction d’acheteur, le deuxième acheteur étant Thierry Drieux. « Notre montée en puissance s’explique simplement : nos adhérents ont quasiment doublé les quintaux triés depuis qu’ils nous ont rejoints ». L’essentiel de l’activité repose sur une dizaine de produits : « Nous nous appuyons sur les résultats d’essais d’Arvalis et des firmes phytos ». On retrouve Misol (matière active prothioconazole) fabriqué par Bayer, un fongicide pour le traitement de semences efficace contre la fonte de semis (septoriose et fusarioses). Ce produit est aussi efficace sur carie. Autre produit : Celest net (matière active fludioxonil), proposé par Syngenta, est un traitement fongicide des semences de céréales efficace sur fusarioses. Autres produits : Premis 25 FS, composé à 25 g/l de triticonazole, associé à Prélude 20 FS, composé à 218 g/l de prochloraze-cuivre, constituent une solution complète contre carie, Fusarium roseum, Microdochium nivale et Septoria nodorum en blé contre Helmintho graminearum, charbon nu et Fusarium roseum en orge. Autre Olivier Hoste et Thierry Drieux, respectivement gérant et acheteur chez TFF, une structure avec peu de charges pour 6 millions de chiffre d’affaires. produit : Latitude de chez Monsanto, un produit homologué avec une action antipiétin échaudage. Il s’agit d’une protection de semence dont la matière active est le silthiofam. « Les livraisons s’effectuent en direct chez nos adhérents depuis les fournisseurs. Nous ne stockons pas les produits. Nous faisons éventuellement appel à des logisticiens agréés pour le faire ». Pour la campagne d’automne et environ 90 % des volumes, les achats interviennent en avril-mai pour des livraisons en juillet-août. 10 % des volumes sont achetés pour le printemps. 4 TRIEUR.SEMENCES.INFO mars 2011 En es m il qu à ta tio ce C du ha qu da du l’e da si po gr m à TFF en bref • Siège dans le Calvados • Gérant : Olivier Hoste • 6 millions d’euros de chiffre d’affaires avec une dizaine de produits au catalogue • Doublement de l’activité depuis 2004 © STAFF La semence de ferme se porte bien ! Merci pour elle. Signe de cette croissance, la coopérative des trieurs à façon de France (TFF) où une majorité des adhérents du Staff s’approvisionne en produits d’enrobage de la semence, n’a cessé de développer son activité depuis sa création en 1996. TFF est la première centrale d’achat nationale de traitements de semences à la ferme. Elle revendique 900 000 quintaux de semences de céréales traitées chez l’agriculteur, soit environ 20 % des volumes de semences de ferme en France et un peu moins de 10 % des volumes de semences totales. Basée dans le Calvados, la coopérative des trieurs à façon de France a doublé ses activités entre 2004 et 2010. Les adhérents de la coopérative ont donc décidé de se doter d’un nouveau mode de gouvernance. Un nouveau bureau Pour épauler Olivier Hoste, gérant de TFF depuis 2004, les adhérents réunis en assemblée générale extraordinaire à Paris le 9 février ont décidé de doter la structure d’un conseil d’administration. Gérard Lepocréau (Bretagne), Jean-Louis Courtot (Bourgogne) et Sylvain Ducroquet (Nord-Pas-de-Calais) ont tous trois été élus membres de ce nouveau conseil. « La coopérative fédère 21 membres adhérents et nous Tr s c « Le nouveau conseil d’administration de la coopérative : de droite à gauche, Gérard Lepocréau (Bretagne), Olivier Hoste (Normandie), gérant de la coopérative, Sylvain Ducroquet (Nord-Pas-de-Calais) et Jean-Louis Courtot (Bourgogne). pr en de Je co de no co su bi ré PROFESSION TRIEUR Le succès avec l’enrobage par injection directe Jean-Yves Leclercq, le goût de l’indépendance , Repères Création : 1997 Deux saisonniers d’août à mi-octobre Deux trieuses Dorez RTB 354 27 000 quintaux triés en 2010 dont 85 % de blé. Zone d’activité : Mayenne, Sarthe et Maine-et-Loire progressé de 2 000 quintaux, autant en 2010 alors qu’il y a de plus en plus de machines de triage sur le secteur ». Jean-Yves Leclercq est confronté à la concurrence d’autres trieurs privés, de négoces et de coopératives dont notamment la Cam (Coopérative agricole de la Mayenne). Il explique son succès par le suivi commercial : « Je bichonne mes clients en les appelant régulièrement ». © DFI-presse Jean-Yves Leclercq est le premier trieur mayennais à avoir investi dans une machine à injection directe. Injection directe La qualité du service y serait aussi pour beaucoup. Le trieur a investi dans des machines à injection directe. « Avec l’injection directe, la dose est déposée sur la semence au bon moment, elle est optimisée quel que soit le PMG (poids de mille grains). Tout ceci est contrôlé électroniquement. Avec la modulation des doses d’enrobage et la pesée des grains instantanés, la sécurité et la qualité sont au rendez-vous. Sur les précédents systèmes, les grosses graines pouvaient ne pas recevoir la dose conforme ». Depuis le terminal de sa machine Dorez, une RTB 354, il peut moduler la dose d’enrobage et contrôler plusieurs matières actives en même temps. « Le retour en arrière est impossible et mes saisonniers font le même constat. Le confort de travail est incomparable ». Côté sanitaire, Jean-Yves Leclercq a pris les devants. « J’ai conçu un pistolet pour nettoyer les bidons et depuis, nous n’avons plus aucun contact avec les mélanges ». Il est convaincu de l’intérêt de l’injection directe, si bien qu’il s’y intéresse de près pour son automoteur de pulvérisation. Jean-Yves Leclercq est confiant pour 2011, même s’il pense que « l’activité va stagner puisque les agriculteurs ont reconstitué leur trésorerie. On leur propose des contrats types avec des semences certifiées à prix cassés en échange de reprise de la moisson à un bon prix ». Les inquiétudes viennent plus des conséquences législatives de la directive poussière sur l’enrobage de semence. « Va-t-elle nous toucher ? Dans ce cas, nos constructeurs vont devoir se creuser la tête. Pourtant nous ne trions pas dans un espace confiné ». Autre inquiétude : la réforme du DAPA (certificat de qualification pour les distributeurs et les applicateurs des produits antiparasitaires). « Est-ce que le DAPA sera obligatoire pour tout conducteur de machine ? Comment © DFI-presse o, on ne re ns éus us ola % nt en nt En ce début février, Jean-Yves Leclercq est en plein chantier de triage de semences de pois : « Depuis deux ans, il y a une forte demande. De 500 quintaux en 2009, le pois est passé à 2 000 quintaux en 2010. Les incitations, les aides favorisant la rotation culturale et le prix de la semence certifiée expliquent cette progression. Cette année, avec la hausse du prix du blé et l’emblavement en forte hausse, le pois devrait reculer de 500 quintaux », souligne le trieur. Basé dans le sud de la Mayenne à Meslaydu-Maine, Jean-Yves a repris en 1997 l’entreprise de son patron, il travaille dans un rayon de 70 km autour du siège social. « Dans cette zone de polyculture élevage, le blé est en progression », constate-t-il. L’engouement est aussi très fort pour le triage à façon : « En 2009, mon activité a © DFI-presse © STAFF Trieur à façon depuis 1997, Jean-Yves Leclercq s’est lancé dans l’injection directe depuis cinq campagnes. Salariés et clients sont satisfaits : « Le retour en arrière est impossible ». L’entreprise est équipée de deux Dorez RTB 354. trouver du personnel saisonnier dans ces conditions ? », s’interroge-t-il. Jean-Yves Leclercq y voit un mauvais coup du lobby des semenciers qui ne ratent aucune occasion pour mettre des bâtons dans les roues des trieurs. Une adversité qui aurait plutôt tendance à stimuler la combativité du professionnel mayennais et à renforcer sa conviction : « Notre profession représente un gros intérêt pour les agriculteurs ! ». TRIEUR.SEMENCES.INFO mars 2011 5 PROFESSION TRIEUR Installé depuis 1999 dans la Sarthe, Stéphane Jouatel continue à développer son activité de triage en misant sur la qualité de service et le conseil. Il innove et propose chaque année des améliorations techniques pour trier. Reste à trouver un salarié pour continuer la marche en avant. Rencontre. Stéphane Jouatel : « Recruter pour se développer » L l’o a En ce début mars, Stéphane Jouatel a presque fini la campagne de pois. Il suit de près l’évolution du prix des céréales. Il reste toutefois confiant sur l’avenir de sa profession. Une preuve ? Le trieur est à la recherche d’un salarié pour continuer à développer son activité. « Une personne sérieuse que je souhaite former et employer sur du long terme », souligne le trieur âge de 37 ans. L’activité du triage est saisonnière, ce qui complique le recrutement. Mais Stéphane Jouatel est patient, car il est en quête d’un profil précis, une personne de confiance capable de conseiller la clientèle. Le trieur sarthois a une vision claire de sa profession, on est loin du prestataire classique qui se contente de « passer les semences au tamis ». Stéphane Jouatel ajoute un rôle de conseil sur l’utilisation des produits de traitement de semence, c’est un prescripteur à l’écoute des attentes des clients : « Dans l’est de la Sarthe, certains agriculteurs apprécient les traitements haut de gamme pour l’enrobage, d’autres doivent utiliser de l’Attack pour protéger les graines contre les nématodes, la majorité privilégie les traitements T2 type Prelude. Avant chaque intervention, on fait le point sur les attentes des clients, tout est informatisé, je peux leur rappeler les traitements utilisés l’année précédente. La traçabilité est totale. Autre avantage, 6 © STAFF L’entreprise en bref • Création : 1999 • Machine équipée d’injection directe Dorez • 20 000 quintaux triés dont 1 000 de pois • Zone géographique : Nord-Sarthe et Nord-Mayenne C p t Pour sa gestion, Stéphane Jouatel s’appuie sur un logiciel informatique adapté aux besoins d’une entreprise de triage. en quelques clics, je leur sors un bon de travaux, cela évite toute ambigüité sur les tarifs ou une erreur. Le logiciel de gestion comptable a été adapté à mes besoins. » Pour se tenir informé sur les nouveautés phytopharmaceutiques, il suit les formations proposées par les revendeurs. Depuis 1999, Stéphane Jouatel a d’ailleurs revu son approche des produits avec un objectif de conserver le plus de marge possible sur son entreprise : « Au départ, au final, je ne facturais que le tri et les produits étaient facturés par les négociants partenaires de l’agriculteur qui m’avait sollicité. Résultat : ces négociants émargeaient sans travailler ! J’ai changé d’optique et je vends aussi les produits de traitement. Certains revendeurs ont eu du mal à l’accepter. Je suis titulaire du Dapa distributeur et applicateur de produits phytos. Je continue à travailler avec les négociants locaux pour rester en contact avec eux, je m’entends bien avec eux mais je m’approvisionne aussi au sein de la coopérative TFF. » Le choix de l’injection directe Stéphane Jouanel a fait du chemin depuis son installation en 1999. « À l’époque, on pensait que le triage allait durer encore 3 ou 4 ans ». Bref, une atmosphère peu propice à réaliser des investissements lourds. Stéphane Jouatel préfère se sécuriser en louant l’équipement et la clientèle de son ancien employeur. En 2002, celui-ci reprend du service, mais Stéphane Jouatel saisit une nouvelle TRIEUR.SEMENCES.INFO mars 2011 opportunité : un trieur part à la retraite et lui cède sa clientèle. « Il m’a même accompagné dans les premières visites chez les clients ». Cette fois-ci, Stéphane conçoit sa propre machine, il assemble lui même les différents éléments : quatre grilles d’un diamètre de 800, une mélangeuse Hulin MS 60, un châssis sur mesure. Il est parti d’une copie blanche pour concevoir sa machine, il s’est toutefois inspiré de machines existantes. Au final, il investit 55 000 euros. Pari gagné : les quintaux triés progressent et en 3 ans il dépasse le seuil des 10 000 quintaux. En 2007, nouvel investissement structurant : il se dote de l’injection directe de Dorez. En 2007, il reçoit d’ailleurs un prototype, il travaille à la fin du développement opérationnel du système. « Depuis, c’est le jour et la nuit. Je ne fais plus de manipulations de produits. Avant, il fallait préparer la bouillie, rincer la machine en cas de changement. Le rinçage est automatique, l’ordinateur permet de tout contrôler. Le gain de temps est important. Les clients apprécient aussi et la perception de notre métier est bonne ». La machine a subi depuis quelques améliorations, avec notamment un aspirateur de poussière. Côté marché, Stéphane Jouanel reste confiant même si 2010 a été en légère baisse : « La hausse du prix des céréales est passée par là et les agriculteurs ont acheté plus de semences. Je m’attends à une campagne conforme à la précédente ». Un Le tr fo pl no et l’E m Fr d’ co At M m La 10 Sy ch te pr la fa l’a m un la m m tra m ACTUALITÉS Comment passer de 5 à 10 tonnes par heure de semences triées et traitées te me vici, e, ts èS rti oir ré nes ns nnt on oit la du la ns la de out orla ». es un arnt e: es rs Je me © DFI-presse © STAFF Les trieurs à façon cherchent à développer leur capacité de triage et de traitement, l’objectif est d’atteindre les 10 tonnes par heure. Technologie « Batch », ou encore pétrin avec injection directe, que faut-il choisir ? Une machine Batch en fonctionnement en Angleterre. Le métier se professionnalise et les trieurs se dotent de machines de plus fortes capacités. « Le marché se déplace vers le haut de gamme, avec notamment le pesage électronique et l’injection directe. Il n’y a plus que l’Europe de l’Est pour demander des machines à pesage mécanique. En France, les trieurs à façon continuent d’investir; à l’inverse des CUMA», constate Alain Dorez, dirigeant des Ateliers Dorez. Machine Batch : gros débit mais gros encombrement La tendance est à trier et enrober 10 tonnes de semences par heure. Système continu, semi-continu, machine Batch, injection directe : les technologies existent. « Attention, prévient Jean-Paul Hulin. Le choix de la machine est une chose, mais il ne faut pas négliger le côté logistique et l’alimentation en grain. Il faut une alimentation continue et correcte. Pour une machine Batch, il faut ajouter une large trémie d’entrée et une large trémie de sortie ». Pour Alain Dorez, une machine Batch pose des soucis de transport, en raison de son poids : « La machine Batch est plus encombrante, elle est plus haute, le grain tombe par gravité. On privilégie le système pétrin classique avec une injection directe. Le passage à 10 tonnes s’obtient en sur-dimensionnant les pétrins ». L’entreprise Hulin se positionne surtout sur les stations de triage fixe où « l’on commercialise principalement de la technologie Batch » puisque la logistique y est bien optimisée. Chez un agriculteur, la logistique est souvent le point faible et le trieur à façon doit s’adapter. « Une machine Batch présente un intérêt évident sur le nettoyage, on peut parler d’auto-nettoyage. Avec une machine classique, il reste toujours un peu de grains dans les tapis ou autres. L’autre avantage de la technologie Batch est de rester maître du processus. En cas d’erreur, on peut isoler le lot sans aucun souci. Avec une machine plus traditionnelle, le grain continue de s’écouler et le temps que l’on coupe la machine, il se passe un laps de temps assez important ». En France, peu de trieurs à façon ont investi dans une machine Batch. Alexandre Glorieux a fait le pas, séduit par le concept industriel, « un bon moyen de se démarquer de la concurrence. Côté débit, on se situe à 8 tonnes par heure. Le démarrage a été difficile pour cette machine truffée d’électronique et plutôt conçue dans un premier temps pour des chantiers fixes. Elle fonctionne, elle a été améliorée l’an dernier et maintenant qu’elle donne pleine satisfaction en qualité de traitement, je le dis : ma prochaine machine sera à nouveau équipée d’un batch !», indique Alexandre Glorieux Technologie continue Au sein d’ABCDE, Thierry Drieux a investi en 1999 dans une machine à système continu fabriquée par Kenogard : « Une technologie qui rappelle celle de Norogard. Celle-ci utilise une roue à aube reliée à des pompes. Elle diffère des autres technologies basées sur des godets qui contiennent du grain et qui reçoivent une dose de produit : ce sont des machines semi-continues. La technologie continue fonctionne bien. Alors pourquoi changer une machine que nous maitrisons ? » Avantages Système « Batch’ » • Machine autonettoyante • Maîtrise complète du processus d’enrobage • Peu de pièces en mouvement, fiabilité • Maîtrise totale du moment de l’application du produit Système « continu » Pétrin • Machine souple, passe-partout • Pétrin technologie simple Inconvénients • Poids • Encombrement : ajout de trémie d’approvisionnement supplémentaire • Contrainte de hauteur • Vidange du grain TRIEUR.SEMENCES.INFO mars 2011 7 T ACTUALITÉS Débat autour de la notion d’« infrastructures professionnelles » Cette nouvelle directive souligne que l’enrobage des semences doit s’effectuer exclusivement dans des infrastructures professionnelles de traitement des semences. Le texte européen doit être traduit en droit français. Cette notion d’ « infrastructures professionnelles » est une véritable épée de Damoclès au-dessus de la tête des trieurs à façon. Les élus du Staff ont rencontré la DGAL (Direction générale de l’alimentation) du ministère de l’Agriculture pour proposer une définition d’infrastructures professionnelles. Pour le Staff, les infrastructures professionnelles sont définies, selon trois points : des infrastructures qui limitent les poussières avant le traitement, ce qui implique du personnel formé et du matériel adéquat. Cela É Agenda L Prochaines rencontres • Mai : RÉ - AG TFF 2 mai -Reims - Séminaire TFF – Reims 3 au 5 mai 2011 20 le pa Ils no de à Av les «à in de et no No les sta au m pr he d’ Ce m s’a em àl Qu la se at de ap qu Et le pa tri de • Juin : © STAFF Une directive européenne (n° 2010/21/UE) du 12/03/10 modifie l’annexe I de la directive 91/414/CEE du Conseil pour ce qui est des dispositions spécifiques relatives à la clothianidine, au thiamethoxam, au fipronil et à l’imidacloprid. Patrick Marchand,ancien président du STAFF, suit aujourd’hui plus particulièrement les questions réglementaires au sein du bureau du syndicat. implique une certification de l’entreprise de triage en anticipation de 2014 et de la réforme de l’agrément (norme métier type AFNOR 43 500 ou ISO). Selon le Staff, ces infrastructures doivent être dotées de système de transfert des quatre molécules (clothianidine, thiamethoxam, fipronil et l’imidacloprid) concernées, du bidon d’origine du fabricant au système d’application sur la graine, fermé hermétiquement (donc pas de fuites vers l’environnement, aucun suintement ni déversement accidentel possible etc.). Les moyens techniques existent : pompes de transfert, injection directe... Enfin, les infrastructures doivent pouvoir étiqueter et fermer les sacs et big bags de semences traitées. - Assemblée générale du Staff et de la CNDSF à Paris - Meeting de l’Emsa à Bruxelles Staff board nous l’avons fait • 20 juillet 2010 : Rencontre avec la DGAL au ministère de l’agriculture • 7 décembre le staff a reçu la DGCCRF à Paris • 14 décembre : Conseil d’Administration de la CNDSF • 15 décembre à Bruxelles au siège de Ceettar : signature des statuts du syndicat européen Emsa • 22 Février 2011 : Conférence de presse de la CNDSF au SIA à Paris • 15 mars conseil : administration de la CNDSF Trieur Semences Info est une publication du STAFF (syndicat des trieurs français) Tél : 06 77 79 22 37 44, rue d’Alésia 75682 Paris Cedex 14 [email protected] Numéro de commission paritaire en cours. Directeur de publication : Sylvain Ducroquet Edition : DFI-presse 91400 Orsay - Tél : 01 69 28 44 13 Réalisation graphique : Alexandra Daguet Brèves © STAFF Des trieurs de l’Ouest en visite dans le Nord Mi-janvier, Gérard Le Pocréau, Jean-Claude Blandin et Daniel Pelletier se sont rendus chez Jean Yves Leclercq sur un chantier de triage dans la Mayenne, puis chez Sylvain Ducroquet dans le Pas-de-Calais pour voir fonctionner d’autres outils d’injection directe et découvrir une table densimétrique embarquée. C’est aussi l’intérêt du syndicat des trieurs que de promouvoir les échanges entre professionnels autour des questions machinisme. S 8 TRIEUR.SEMENCES.INFO mars 2011 © STAFF Ils ont dit… • François Haquin, rédacteur en chef de Semences et progrès : « Le secteur industriel des semences certifiées apporte et sécurise le métier de la firme, sans comparaison avec ce que peut apporter un prestataire trieur ». Concernant les infrastructures professionnelles « le texte n’interdit pas expressément l’application de ces produits par les trieurs à façon. À tout le moins, il faudra que ces trieurs soient officiellement recensés, et que leurs résultats soient régulièrement contrôlés, ce qui est loin d’être le cas à ce jour ». • François Desprez : « l’UFS (union française des semenciers) est convaincue de l’utilité d’une réglementation TS mais souhaite que les normes à venir s’appliquent à tous. » EM Ré TF co Je St Pa R