Cela fait un mois que je suis revenue de

Transcription

Cela fait un mois que je suis revenue de
Numéro 2
Janvier 2011
Nouvelles de
Kharikhola
"Cela fait trois mois que je suis revenue de Kharikhola et
mes yeux et mon coeur sont encore éblouis par les
paysages et les merveilleuses et touchantes scènes
auxquelles j'ai assisté.
J'ai eu la chance d'accompagner André Sauthier et de
vivre 15 jours à Kharikhola. Depuis 2 ans j'y ai 2 filleuls,
Pemba et Ananda et j'avais très envie de faire leur
connaissance.
Jacqueline et Pemba
J'avais aussi une grande envie de voir les réalisations de l'association Action Kharikhola dont
André me parlait avec un enthousiasme contagieux. C'est ainsi que, pendant que les
" deux André " vaquaient avec grande efficacité à leurs nombreuses occupations à l'hôpital,
entre autres, moi je passais de longs moments parmi les femmes et les enfants qui venaient
se faire soigner. Je me sentais bien au contact de toutes ces personnes qui malgré leurs
misères, leur pauvreté, leurs maladies, étaient joyeuses, amusées et curieuses de nos
différences, et très accueillantes.
C'est sur le chemin de l'école que j'ai rencontré Ananda et Pemba … Je les ai reconnus
parmi leurs petits copains grâce aux photos que j'avais reçues. Rencontre surprise,
merveilleuse, cadeau. Je les ai revus ensuite dans leur famille alors que nous allions
distribuer vêtements, jouets, vivres et sourires. Autre activité qui m'a aussi bien motivée :
la Maison des Femmes. Quel plaisir de me retrouver parmi elles, pleine d'énergie, d'idées,
discutant, gesticulant, riant. Attention messieurs ... elles vont commencer à se défendre, à
prendre une certaine place. Elles sont accompagnées par le tailleur Jagat qui leur apprend à
coudre (elles ont reçu à ce jour 4 machines à coudre à pédale).
Elles apprennent aussi à tricoter et se
réjouissent de pouvoir vendre leur
production. Et c'est, comme elles
l'appellent, " le Docteur " Babu qui leur
enseigne les notions d'hygiène. Les
grandes élèves de l'école les initient à la
lecture et à l'écriture. Il faut vraiment à ces
femmes une grande motivation pour venir
le soir après une grosse journée de travail
jusqu'à la Maison des femmes.
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Ces dames s’occupent d’une nouvelle pépinière
sponsorisée par Action Kharikhola de 10'000 pins de
l’Himalaya (5 espèces différentes).
André et Sher étant célèbres, fort appréciés et
admirés dans le village nous étions toujours invités
pour le repas du soir; et je ressens encore la chaleur
des flammes de l'âtre et de ces rencontres pleines
de générosité et de bonheur.
J'espère bien pouvoir retrouver tous ces amis dans
deux ans.
Jacqueline Boitel
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Dans ce climat tropical humide, à 2500 m, où chaque équipement est
apporté à dos d’homme, faire fonctionner un dispensaire de
montagne est un défi permanent tant au niveau de l’infrastructure
qu’à celui du personnel. Ici rien n’est évident. A commencer par
l’emplacement du dispensaire étant donné que son avenir est
menacé puisque le terrain bouge comme l’attestent les « disjoints »
du carrelage du sol.
L’impression générale que dégage ce bâtiment en bois d’un seul
niveau, recouvert de tôles ondulées est qu’il est bien entretenu et
propre, ce qui est un bon point quand on vient de Suisse. Dedans, dehors tout est nettoyé en ordre et
en observant plus attentivement le soin apporté à l’entretien général, je constate que la peinture n’est
pas défraîchie, que les portes et les fenêtres ferment et qu’il n’y a pas de courant d’air gênant.
Le sol est recouvert de dalles carrées de pierres noires de la région, ce qui assure une hygiène
appropriée.
Autrement dit, tout est soigné voire même coquet quand on considère la « décoration » faite avec les
affiches des multiples donateurs dans le hall d’entrée. Quant aux salles de consultation, opération,
laboratoire et pharmacie, elles ont toutes le même aspect
simple et soigné.
S’y affaire le personnel originaire du village qui semble
compétent et enthousiaste ce qui laisse augurer une stabilité
future. Babu, infirmier-urgentiste
de 21 ans, appelé « doctor », aux
talents multiples est le chef d’une
équipe motivée. Ils sont tous
supervisés
par
l’hôpital
de
Dhulikhel auquel le dispensaire est
affilié comme une dizaine d’autres
établissements du même genre. Là
Le personnel de l’hôpital
aussi, c’est un gage de stabilité et
de qualité à long terme.
L’infrastructure technique est un sujet pour le moins important. Etant donné que vraiment rien n’est
évident ici, en électricité par exemple, même quand les bonnes volontés et les compétences des gens
du Groupe E sont passées par là il y a 2 ans. En effet, les supports néons indiens se sont révélés
rapidement défectueux et les montages provisoires népalais ( 2 fils dénudés introduits dans une prise
de la salle d’opération !) ont pris le relais. Il a donc fallu y mettre de l’ordre, commander de nouveaux
supports, les faire venir à dos de porteurs (compter une semaine environ entre la commande et la
livraison !) et les poser.
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En ce qui concerne l’eau chaude, il y a été constaté que seul un chauffe-eau de 100 litres équipait
l’établissement et que pour de mystérieuses raisons sécuritaires, il était débranché chaque soir. Cela
signifie que la prise électrique est coupée et que l’eau chaude contenue dans le récipient est vidée
quotidiennement. Donc, chaque matin, il était reconnecté et l’eau chaude était disponible au plus tôt
vers midi. L’habitude d’utiliser ce stock d’eau n’ayant pas pu être prise et compte tenu des
circonstances, il a fallu comprendre, négocier, expliquer et tenter de changer cette façon de faire. La
suite nous dira si cette tentative sera couronnée de succès.
D’autre part, nous avons installé 2 chauffe-eau électriques
directement au-dessus du lavabo pour avoir à disposition de
l’eau chaude dans la salle des pansements et celle d’opération.
Encore une fois, rien n’est évident puisque le matériel est de
qualité discutable (filetages, branchements …) et que le débit
d’eau chaude escompté a de la peine à être stable du point de
vue de la température. Elle passe de brûlant à froid. Il y a
encore quelques réglages à prévoir !
Parler du dispensaire sans parler du village est incomplet. Il est une pièce d’un puzzle qui en compte
au moins cinq. Elles sont toutes interdépendantes et complémentaires car qui dit développement :
dit :
dit :
dit :
dit :
dit :
électricité, donc centrale électrique
soins de qualité, donc dispensaire
formation, donc école, donc parrainages
promotion féminine, donc maison des femmes
assistance sociale, donc aide aux familles nécessiteuses.
Dans ce multi-contexte, il y a une cheville ouvrière polyvalente qui me fait penser à Shiva, le dieu aux
3 visages, 10 bras et 4 jambes qui voit tout, sait tout, dit tout avec une efficacité d’hyperactif reconnue
loin à la ronde. Et je ne passe pas sous silence les heures qui se comptent en dizaines rien que pour
tenir la comptabilité d’Action Kharikhola. S’il sait compter les dépenses, lui se dépense sans compter !
Bravo et merci André.
Il est encore indispensable d’avoir une pensée de reconnaissance pour Sher qui est le si fidèle
traducteur, qu’il a droit maintenant à un second prénom Dilui puisque chaque intervention d’André
était suivie de l’immanquable : Sher Dilui.
Sher au grand cœur, manager de son agence de trek est l’indispensable et compétent relais local qui
pourra dans le futur être secondé par Suresh qui se rêve déjà dans son Internet-café.
J’ai donc découvert Kharikhola de l’intérieur grâce à la présence de ces 2 ouvreurs de portes de
premier plan. Merci à eux, merci à toutes les bonnes volontés d’Action Kharikhola sans lesquelles
mon voyage n’aurait pas été aussi merveilleux.
André Labhart
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