Écriture d`invention : Madame entre en scène et reste un temps
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Écriture d`invention : Madame entre en scène et reste un temps
Écriture d'invention : Madame entre en scène et reste un temps immobile devant le spectacle qui s'offre à elle. Les Bonnes, qui ne la voient pas, poursuivent leur manège. Madame ne supporte pas cette mise en scène plus longtemps et s'introduit dans la pièce. Elle s'installe sur une chaise, s'empare de la tasse de tilleul et applaudis. Les bonnes, ne l'ayant pas encore aperçu, se retournent surprises. MADAME, d'un ton sarcastique – Votre performance mériterait des spectateurs, ne pensez-vous pas ? Tant de travail, d'investissement … pourquoi restez-vous donc là, bouches ouvertes face à moi ? Continuez voyons, ne vous gênez pas pour moi.. Je ne crois pas avoir bien entendu Claire. Vous excusez vous de m’avoir offensé ? Pourquoi serais-je offensé voyons ? Dites moi Claire, mes bijoux vous plaisent ? Je m'en doutais, à qui elles ne plairaient pas n'est-ce-pas ? Il faut dire que j'ai des goûts merveilleux en la matière. Ne trouvez-vous pas cela en un sens pathétique de porter des accessoires que vous ne pourrez jamais vous offrir ? Je ne suis pas aussi hautaine que vous avez l’air de le penser, je sais me montrer compréhensive et c'est pour ça que je ne vais vous renvoyer sur le champ .. ( après un silence, cinglante ) - Ce tilleul est froid. Vous m'en ferez un autre, Claire. Pas maintenant ! Quand j'aurai besoin de vos services, je vous le signifierai. En attendant, vous allez me faire le plaisir de me présenter vos excuses ! ( D'un ton sadique.) Allons, répétez après moi : « Nous sommes deux bonnes méprisables qui ne méritons pas Madame comme maîtresse ! » Je sens que vous avez la rage au cœur et je dois dire que votre air soumis me réjouis au plus haut point ! « Nous sommes profondément désolées de notre conduite, qui ne se renouvellera pas. Dorénavant nous vous servirons et vous respecterons, car vous êtes notre modèle, vous avez tout pouvoir sur nous... et nous vous aimons » Vos voix sont presque inaudibles voyons ! Mettez y plus de cœur et que je ne vois plus de larmes. Parfait !... Maintenant, Claire, allez ranger cette chambre, c'est un véritable carnage ! Solange, voulez-vous bien suspendre cette robe ? Excusez-moi ? J'ai cru vous entendre dire « avec plaisir » ..Vous ai-je demandé votre assentiment ? C'était un ordre, aucun commentaire ne doit être d’actualité. Vous faites bien de baisser les yeux. À présent, suspendez cette robe. Et sans la froisser, maladroite ! Vous, Claire, venez par ici. Arrangez-vous un peu, vous avez une mine épouvantable, avec votre teint verdâtre et vos yeux délavés. Il ne vous arrive jamais de vous regarder dans une glace , ma petite ? (Silence.) Apparemment non. Au moins, cela prouve une chose : vous ne piochez pas dans mes affaires de toilette. Aurez-vous bientôt fini de fouiller dans mes affaires, Solange ? Je vous ai demandé de mettre de l'ordre Dans la chambre, petite sotte! Pas dans mon armoire, que je sache. Claire, aidez-la. Mes escarpins, en bas de la commode, Claire ! Un peu de soin, quand vous manipulez mes bijoux, Solange ! Je ne voudrais pas perdre une de mes perles à cause de votre légèreté ! Bien. Et maintenant, astiquez-moi cette coiffeuse, elle est d'un poussiéreux ! C'est inadmissible. Que dites-vous ? Il es tard ? Et si je ne supporte plus cette poussière, moi ? Si elle m'étouffe, si elle m'oppresse, si elle m'insupporte ? Y trouvez-vous à redire ? Parfait. Alors astiquez-moi cette coiffeuse, et sans un mot. Et mon tilleul, Claire ? Faudra-t-il que j'aille le chercher moi-même ? Allons, courez ! Et n'en renversez pas en route ! Je vous demande pardon, Solange ? C'est que vous prenez de l'assurance. Oui j'ai demandé mon tilleul pour plus tard, n'ai-je donc pas le droit de changer d'avis ? Figurez vous que la patronne c'est moi et quoique que je dise ou que je fasse, je serais celle qui a toujours raison. Bien, vous avez enfin fini. On ne peut pas dire que vous avez été rapide et efficace . Il est vrai que si vous mettiez autant d'énergie dans l'accomplissement de vos taches que dans vos jeux puérils, ma demeure serait beaucoup plus pimpante ; Bien. Dégagez le guéridon, pour que Claire puisse y poser le plateau. Et tirez les draps de mon lit ! À quoi bon avoir des domestiques, s'ils ne sont même pas capables de laisser un lit proprement fait ? Je n'apprécie guère votre étourderie, Solange, laissez-moi vous le dire. Claire, Enfin de retour ! Je ne me rappelais pas que la préparation d'un tilleul durait autant de temps ; Aidez-moi à délacer mon corset. Ne la froissez pas, espèce de maladroite ! Pliez mes vêtements, à présent. Quel est ce goût amer, Claire ? Combien de temps l'avez-vous donc laissé infuser ? En refaire un autre, pourquoi donc ? Pour qu'il soit aussi infâme que celui-ci ? Merci bien ! Solange, c'est vous qui me préparerez mon tilleul demain soir. Et arrêtez de vous démener ainsi, vous me fatiguez ! Vous avez vu l'heure ? Sortez, et allez vous coucher. Retirez-vous. Je n'ai plus besoin de vous ce soir. C'est impensable ! L'audace de ces filles ! Il faut que je m'occupe d'elles, je ne peux pas les garder ici. Ah, ce tilleul était proprement infect ! Infect ! Comment a-t-elle pu me faire une mixture aussi répugnante avec des feuilles de tilleul ? Enfin. Je suis éreintée... Cette affaire m'a épuisée. Allons. Nous examinerons leur cas demain matin.