Oui, le Tschäppeler fut notre dernier homme des cavernes!

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Oui, le Tschäppeler fut notre dernier homme des cavernes!
JURA BERNOIS
8
Toute la magie
du Montoz
LE JOURNAL DU JURA / SAMEDI 7 AOÛT 2010
QUELLE VUE! Quand il sortait de son lit de feuilles, le Tschäppeler pouvait apercevoir Chasseral. Et Montoz lui offrait feuillus, pins et sapins. Le pain et le boursin n’étaient pas loin.
(PATRICIA BRENZIKOFER)
LES LIEUX-DITS DE L’ÉTÉ (10)
PASSEPORT-VACANCES
Oui, le Tschäppeler fut notre
dernier homme des cavernes!
En piste
pour une
18e édition
C’est l’histoire d’un mec qui
passait l’été au frais dans sa
grotte et l’hiver au chaud au
youf. Voleur de poules,
rebelle rural, le mythique
Tschäppeler fut assurément
notre dernier homme des
cavernes. Mais ce chapardeur
avait du goût. N’avait-il pas
fait du Montoz, cette chaîne
altière et majestueuse, le
cadre de ses exploits?
La chèvre qu’il
volait en été pour
son lait, il la
rendait toujours
en hiver!
PIERRE-ALAIN BRENZIKOFER
B
on, d’accord, on vous
l’a déjà infligée à réitérées reprises. Mais admettez que la phrase
mythique du vieil imprimeur
dans «L’homme qui tua Liberty
Valance», chef-d’œuvre fordien
inégalé, possède, dans le cas de
la grotte du Tschäppeler, une
saveur toute particulière. Soit
«Quand la légende dépasse la
réalité, j’imprime la légende».
Difficile, dans le cas qui nous
envoûte aujourd’hui, de coller
à la réalité. Car le T̈schäppeler
n’appartient plus vraiment à la
mémoire collective. Mémoires
vivantes de Tavannes, même
Rémy Prêtre et Jean Moeschler, subsidiairement bourgeois
au long cours, avouent qu’ils
n’en savent pas démesurément
sur un original qu’ils n’ont jamais rencontré. Et dont les exploits datent des années 30.
Pourtant, les Tavannois nostalgiques – même exilés à Tramelan – se souviennent de bribes de récits concernant ce voleur de poules vivant dans sa
grotte et n’en sortant que pour
commettre quelques menus
larcins. Certes pas fou, notre
Tschäppeler n’était pas homme
à se retrouver dépourvu quand
la brise fut venue, comme aurait dit un autre Jean, de La
Fontaine celui-là.
Mais encore? Heureusement,
Jean Moeschler, ci-devant président d’honneur de la Bourgeoisie de Tavannes, s’est subitement souvenu d’une récente
discussion avec un vieil ami
ayant côtoyé notre caverneux.
Bien évidemment, on s’est
rué sur ce témoin oculaire avec
l’avidité d’un Howard Carter
sur le point de découvrir le
tombeau de Toutankhamon.
Le mythe de la caverne, cher à
ce raseur de Platon, devenait
enfin palpable.
«Je vous avertis tout de suite,
je ne veux pas voir mon nom
apparaître dans votre journal.
PLAISIRS Avec les poneys,
toujours un beau moment à PéryReuchenette.
(ROSE-MARY VOIBLET)
APPARITION Après avoir éclusé quelques cafés Tschäppeler au Grimm, certains poètes préalpins ont cru voir le
fantôme du voleur de poules sortir de sa grotte armé d’un bâton pour s’en aller chasser.
(PATRICIA BRENZIKOFER)
Tout ce que je vous dis est véridique, mais je n’ai pas envie
d’être contredit par de vieux
râleurs qui ne savent pas de
quoi ils parlent.»
Tant pis, ce témoin essentiel
demeurera anonyme pour le
lecteur. L’important est que
nous l’ayons identifié, non?
Ledit témoin, donc, se souvient fort bien d’avoir aperçu
le Tschäppeler «d’assez loin»
dans sa jeunesse. «C’était un
chapardeur, mais il n’était nullement dangereux. Et c’était
un malin, vous pouvez me
croire. L’été, les gendarmes ne
sont jamais parvenus à l’attraper. Une fois, ils ont pourtant
essayé de l’enfumer dans sa
grotte. Sans succès. Il y avait
une voie d’air à l’arrière.»
Et quand l’homme des cavernes sortait, c’était pour voler
des poules et des lapins: «A
l’automne, il s’arrangeait tou-
jours pour se faire arrêter par
les gendarmes, poursuit notre
témoin. Il passait ainsi l’hiver
au chaud dans la prison de
Moutier. Comme ce n’était pas
un mauvais bougre, on ne pouvait pas le condamner à de
lourdes peines: il sortait au
printemps.»
Après la Seconde Guerre
mondiale, toutefois, ce fantomatique maraudeur s’est volatilisé. Il devait avoir la cin-
quantaine. Notre témoin, alors
jeune agriculteur, répète l’avoir
pisté sur le Montoz en compagnie d’un camarade de classe.
«Ce n’était pas un mauvais
type. La chèvre qu’il dérobait
l’été pour son lait, il la rendait
toujours l’hiver.»
Sacré Tschäppeler! Sans lui
et sa grotte, le Montoz ne serait
peut-être pas tout à fait ce qu’il
est. La plus belle montagne du
monde... /PABR
Sur la voie de la grotte, le Jean du Grimm veille au mythe
La grotte du Tschäppeler? On
la trouve plus facilement qu’un
œuf à Pâques. Lâchement, on
vous fera partir de Tavannes,
puisque c’est là que résident les
ultimes gardiens du mythe.
Depuis la gare, ralliez Sous-leMont. Sur la voie de ce paradis
qu’est Montoz, vous êtes tout
près du téléski. Là, deux
chemins s’offrent à vous, ami
pèlerin. Le goudronné si vous
roulez en BMW, la vieille
charrière si vous êtes plus
Compostelle que Côte d’Azur.
Pas de panique, les deux
mènent au Grimm Palace, fief
du malicieux Jean Burger. Le
temps d’avaler un café
Tschäppeler et vous pourrez
reprendre votre quête. Celle
menant successivement aux
chalets de L’Amitié FMU, des
Amis de la voiture – pardon, de
JEAN BURGER Son café Tschäppeler vaut le détour.
la nature – et du CAS. En
sortant du grand contour, dès
que vous apercevrez le premier
nommé, bifurquez sur le
versant Bas-Vallon du Montoz!
Après avoir dévalé une forte
pente traversée d’un barbelé,
regardez les rochers à votre
(STÉPHANE GERBER)
droite: c’est là...
Mais revenons au Jean du
Grimm, tenancier de la bergerie
éponyme. S’il n’a pas connu le
Tschäppeler – simple question
d’âge –, de vieux clients de
Tavannes et Sonceboz lui en
parlent encore épisodiquement.
Au point que le rusé tenancier a
décidé de concocter un café
Tschäppeler qu’il ne propose
toutefois pas à la carte.
Question de mystère. Les initiés
et les esthètes, eux,
connaissent. Et on vous rassure
d’emblée: l’essayer, c’est
l’adopter.
«Un malin singe, ce
Tschäppeler, juge l’ami Jean.
Alors qu’on n’a jamais pu le
coffrer durant la belle saison, il
s’arrangeait toujours pour se
faire prendre à l’orée de la
mauvaise, histoire de passer
l’hiver à Witzwil, la Costa Brava
du Seeland.» Cette définition-là,
on la retiendra... même si un
témoin oculaire que notre
homme des cavernes trouvait
refuge à la prison de Moutier.
Ce qui s’appelle tomber de
Charybde en Scylla! /pabr
Quelque 950 écoliers du
Jura bernois surferont la semaine prochaine sur la vague
luxuriante du Pasvac 2010.
Une belle volée qui toutefois
n’égalera pas celle d’exception
de l’an dernier forte, on s’en
souvient, de plus de mille participants.
Une diminution d’intérêt
qui peut-être aurait un lien
avec les «Kids Games», qui
dans le même temps, draineront à Tramelan près de 300
enfants. En tous les cas, il n’y a
pas de quoi tirer la sonnette
d’alarme pour la toujours
bouillonnante et dévouée présidente d’organisation Laurence Nicolet. C’est entourée
d’un staff solide et l’esprit serein qu’elle s’apprête à vivre
une nouvelle aventure pleine
de satisfactions.
On rappellera tout de même
que pour la première fois cette
année, le Passeport-Vacances
du Jura bernois vole de ses propres ailes. Un brin particulière,
cette édition le sera aussi dans
le choix des activités.
Curieusement en effet par
rapport aux précédentes, la
tendance des passions pour
certaines animations aura été
complètement inversée lors
des inscriptions. Par manque
encore d’enflammés au portillon de l’initiation à la boccia,
à l’haltérophilie et «alliage entre nature et technologie», ces
trois activités ont été supprimées.
Des nouvelles, des superbes,
des rudes, joyeuses ou sensibles
mais toutes enrichissantes, il
reste tout de même une bonne
centaine d’animations. Et sur
ce coup-là c’est certain, même
le soleil y trouvera son bonheur. De tout cœur, on le souhaite! /rmv

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