J`aime beaucoup les ambiances qui touchent

le disque
FlygMaskin, c’est un groupe belge. Son album « Fall » est romantique comme le jazz scandinave. On sent presque souffler le noroît
dans les branchages roux de l’automne
entretien
F
all est un disque très réussi,
qui touche au jazz, au folklore, avec du romantisme,
du lyrisme, des ambiances et des
envolées rythmiques. Il est
concocté par FlygMaskin. Un
nouveau groupe belge. Mais ses
quatre membres sont, dans la
trentaine, déjà de vieux routiers
de la scène. Avec des groupes
folks comme Turdus Philomelos,
ou balkaniques comme Klezmik
Zirkus. Le projet FlygMaskin est
sorti de la tête de Sébastien
Willemijns, le pianiste. Nous
l’avons interrogé.
Quelle est l’origine de
l’aventure ?
Il y a déjà quinze ans, on a démarré avec l’accordéoniste Julien
de Borman dans Turdus Philomelos. J’y jouais du violon. Mais
le piano est mon premier instrument. Et je voulais mélanger le
piano avec l’accordéon. On a commencé à jouer à deux et on s’est dit
que ce serait chouette d’avoir une
rythmique basse-batterie, d’où
l’arrivée de Pierre Greco à la
contrebasse et de Wouter Roggemans à la batterie.
Inhabituel, en effet,
l’association piano-accordéon.
On ne les mélange pas souvent
parce que ce sont deux instruments très complets qui peuvent
jouer la mélodie, l’accompagnement, la basse.
La musique de votre album est
riche et, dès lors, malaisée à
ranger dans un casier...
On ne vient pas du monde du
jazz, mais c’est un style qu’on
aime beaucoup et moi j’adore le
jazz scandinave. J’apprécie
vraiment beaucoup la musique
d’Esbjörn Svensson, je me suis
beaucoup inspiré d’elle pour
composer les morceaux de cet album. Je me suis laissé bercer
par sa musique. Il y a une patte
dans le jazz scandinave que
DE LA
SEMAINE
j’apprécie beaucoup.
D’où le nom du groupe ?
Oui, c’est un mot suédois désuet.
Il veut dire « aéronef ». Quand
on a commencé à jouer, sans encore avoir de nom, le public estimait que notre musique était
planante, enlevée, aérienne. Le
nom s’est imposé.
On entend que vous venez du
classique.
J’ai fait huit ans de piano classique. Et j’ai eu besoin de changer d’air. Le jazz scandinave
m’a aidé. Quand j’ai commencé
à composer, c’est parti vers cette
musique-là.
Une musique lyrique,
romantique...
J’aime beaucoup les ambiances
qui touchent. On cherche à créer
des atmosphères sonores. Avec
parfois des rythmiques impaires, complexes, comme dans
le morceau de Julien, « Bigre ».
L’auditeur n’a pas besoin d’une
structure carrée pour se laisser
emporter.
FlygMaskin
Fall
★★★
Homerecords
Dès les premières mesures
d’« Harmonie du soir », on est
ravi. Vastes étendues sereines, ciel gris un peu triste
mais traversé d’oiseaux qui
s’égaillent. La beauté de l’automne. Tout est aussi léché. Et
sans mièvrerie, jamais. Car la
musique ne se roule pas que
dans la mousse musicale des
romantiques suédois : elle
emprunte aussi les chemins
de la danse, du rythme, du
rock. C’est subtil et énergique,
sophistiqué et simple. On
reçoit cette musique en plein
cœur et on est heureux, avec
un léger soupçon de nostalgie.
Bigre, ça fait du bien.
De gauche à droite : Pierre Greco, Julien de Borman, Sébastien Willemijns et Wouter Roggemans. © THOMAS FRÉTEUR.
J.-C. V.
Dans chaque morceau, il y en a
plusieurs.
Mes compositions sont sorties
très naturellement. Je me suis
laissé embarquer dans une
continuité d’idées, une suite
d’ambiances différentes. J’ai eu
du mal à stopper. Ça fait des
morceaux longs, ce n’était pas
voulu mais c’est venu comme
ça. Je voulais aussi laisser de
l’espace aux autres musiciens,
que les impros ne soient pas que
des solos de piano.
Propos recueillis par
JEAN-CLAUDE VANTROYEN
▶ FlygMaskin présente son album chez
MuziekPublique, au Théâtre Molière à
Ixelles, le 8 novembre ; aux Chiroux à
Liège, le 14, à l’Espace Garage de la Ferme
du Douaire à Ottignies, le 15, au Rideau
rouge à Lasnes, le 27. A Ixelles et à Liège,
le groupe sera accompagné d’une performance d’Olivier Praet, le peintre qui a
réalisé la pochette : il peindra une grande
toile pendant le concert.
Mad Mercredi 5 novembre 2014 Page 21
musiques
« J’aime beaucoup
les ambiances qui touchent »