Etude de l`influence de l`irrigation sur le calibre et la production de
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Etude de l`influence de l`irrigation sur le calibre et la production de
Centre régional de référence et d’expérimentation dans le secteur de l’arboriculture fruitière Rapport final : 2009-2010 Etude de l’influence de l’irrigation sur le calibre et la production de poires Céta de Hesbaye Rue de la chise, 1315 Pietrebais 1.But : Si la pluviométrie en Belgique est assez régulière et abondante (760L/m²/an), il semble que les températures enregistrées au printemps et en été sont à la hausse. Plus ces températures seront élevées et plus l’arbre aura besoin d’eau. (Phénomène d’évapotranspiration). Afin d’obtenir un calibre et une production optimale en Conférence, il faudra éviter tout stress lors de la période de croissance des fruits. Durant la période allant de la floraison jusqu’à la récolte (mai à septembre) les exigences des arbres en eau par mois pourront varier de 60 à 90L/m² en fonction du type de sol. En effet, plus les sols seront légers, plus la quantité et la régularité des apports seront importantes. Un essai a donc été mis en place chez un arboriculteur équipé d’un système d’irrigation goutte à goutte afin de suivre l’évolution du calibre des fruits jusqu’à la récolte. Mais avant de commencer la phase expérimentale, nous avons commencé par nous informer sur les essais déjà mis en place en Belgique et le suivi possible pour le pilotage de l’irrigation. C’est la raison pour laquelle, nous avons organisé en février 2009 une conférence sur le thème : « L’irrigation en Conférence : utile ou nécessaire » (résumé) (par T. Deckers du PCF). Sur base de l’analyse des prix des poires en Criée, il apparaît que le calibre des fruits a beaucoup d’importance. Plus la production sera élevée et seuls les fruits de gros calibres seront encore rentables. L’irrigation ou la fertigation peut-elle améliorer le calibre de la poire Conférence ? Des essais ont été menés dans 3 parcelles différentes sélectionnées pour leur type de sol. Dans ces parcelles, une partie des arbres a reçu un apport d’eau (irrigation) ou de l’eau plus un fertilisant (fertigation). Un suivi de l’humidité du sol grâce à des tensiomètres a été réalisé du mois d’avril jusqu’à la récolte afin d’ajuster l’apport d’eau. Dans le cadre d’une fertigation on a comparé un schéma de base avec un apport complémentaire en potasse de 50 et 100 unités par ha. Les résultats des essais montrent qu’on n’observe pas d’amélioration de boutonnement en 2008 suite à l’irrigation ou la fertigation menée en 2007. Par contre, on observe une légère augmentation du nombre de boutons en 2008 dans les parcelles ayant reçu une taille des racines en 2007. En 2008, sur la parcelle en sol plus léger, on constate une légère réduction de production et du calibre sur la parcelle ayant reçu une taille de racines et soumis à un stress hydrique plus fort (peu irrigué). Plus l’apport d’eau est élevé et moins la réduction de calibre est importante. Dans les parcelles de sol argilo limoneux ou limoneux, la perte de calibre est beaucoup plus faible. D’un point de vue économique : Le coût d’une installation d’une irrigation pour une parcelle de 10 ha est d’environ 40.000€. Si on amortit sur 10 ans on estime le coût par an et par ha à plus ou moins 400€. A cela, il faut ajouter environ 100€ pour le coût de l’eau et de l’électricité. On estime le coût total donc à environ 500€ par an et par ha. Sur des sols plus légers, on note une différence plus importante du calibre entre les parcelles irriguées ou non. Les revenus à l’ha varieront fortement si des écarts de prix sont élevés entre les calibres. Ex. Prix en fonction du calibre : Calibre : 55-60 60-65 65-70 2007 2005 0,49€/kg 0,503 0,507 0,33 0,38 0,52 Sur la parcelle située sur un sol plus léger la différence de revenu entre le bloc irrigué ou non peut aller de ± 664€ (Prix en 2007) à 2666€ (prix en 2005) et ce dans les conditions climatiques de 2007. Or l’année 2007 a été assez pluvieuse en été d’où un taux de croissance des fruits peu différent entre parcelle irriguée ou non. La suite des essais devrait nous permettre d’analyser l’influence de l’irrigation dans ces 3 parcelles lors d’année de sécheresse afin de déterminer l’intérêt de l’investissement en fonction du type de sol ou de certaines pratiques culturales (taille de racine). Nous avons également contacté une société spécialisée dans le pilotage de l’irrigation. Propositions et avertissements envoyés par le service pédologique de Belgique (Mr Janssens) : -Une analyse de sol sera effectuée afin de déterminer le type de sol, sa granulométrie ainsi que sa teneur en éléments minéraux. -Un conseil de fumure sera donné pour la culture de poiriers. -Un avertissement sera envoyé régulièrement par mail afin de piloter au mieux l’irrigation. Celui-ci contiendra : - la quantité d’eau à apporter par jour et par parcelle. - une évaluation de l’évapotranspiration - Prévision météo. -Coût du service : irrigation : minimum 300€ / exploitation Si verger> 6ha : 50€/ ha supplémentaire Analyse de sol : 60€/ échantillons Conseil fertigation : 50€ Les informations étant prises, nous avons mis en place en 2009 une série d’essais sur le verger de Mr Vanderlinden à Pietrebais. Ce verger venait de s’équiper d’un système d’irrigation. 2. Essais En 2009 : Les essais ont été réalisés sur 2 parcelles de conférence. La 1er âgée de 10 ans sur Cognassier Adams (4 x 1,75) : 1428a/ha La 2ème âgée de 11 ans sur Cognassier C (4 x 2) : 1250a/ha Ces arbres ont été irrigués à partir du 23/4 jusqu’au 19/06 à raison de 2,5L/jour. A partir du 19/06 sur une partie des arbres nous avons coupé l’irrigation. Le restant a continué à recevoir de l’eau à raison de 2,5L/jour jusqu’au 15/07. A partir du 16/07 et jusqu’à la récolte, un apport de 3,5L par jour a été nécessaire pour éviter tout stress. Sur une partie des essais, pendant l’hiver, nous avons coupé les racines des arbres à 30 cm du tronc et sur une profondeur de 30 cm à l’aide d’une lame droite. Après la chute de juin, nous avons sélectionné 25 fruits répartis sur 20 arbres par essai. Ceux-ci ont été choisis de façon à ce que le diamètre moyen des 25 fruits soit le même pour tous les échantillons. Ces arbres n’ont pas été éclaircis manuellement. Nous avons suivi régulièrement la croissance des fruits jusqu’à la récolte : le nombre de fruits par arbre a été compté afin de voir si la charge en fruit ne pouvait pas avoir une influence sur le calibre. Lors de la récolte, nous avons pesé les fruits. Conditions climatiques 2009 L/M2 200 180 Précipitations 160 140 120 100 80 60 40 20 ût ao t ju ille ju in m ai av ril 0 Calibre (mm) Taille des racines Irrigation Poids Nombre de T/Ha 19-juin 14-juil 6-août 28-août moyen (gr) fruits/a( gr) non non 1 1 côté 1 côté 2 côtés oui non oui non oui 31 31 31 31 31 46,5 46 45,1 45,8 48,4 59,3 58,7 56,5 58 57,2 69,6 69,8 67,1 67,3 67,2 246 242 216 222 224 121 108 149 123 120 42,6 37,3 45,9 38,9 38,3 non non 2 1 côté 1 côté oui non oui non 30,3 30,3 30,3 30,3 45,1 44,9 45,4 44,5 57,8 57,3 57,5 57 67,9 68 66,8 67,5 219 218 218 220 151 148 157 153 41,2 40,3 42,7 42,07 Observations : Sur la parcelle 1, des écarts de calibres de 2 à 2,5mm sont enregistrés sur les blocs qui avaient reçu une taille des racines. Ceci entraîne une perte de poids des fruits de l’ordre de 10%. Même si les arbres ont reçu une irrigation, le calibre des fruits n’a pas pu être amélioré. Sur les arbres qui n’avaient pas eu de taille de racines, l’apport d’eau en été ne semble pas dans ce type de sol avoir permis d’améliorer le calibre des fruits. Sur cette parcelle, les fruits les plus petits sont observés sur les arbres les plus chargés (150 fruits/ arbres). Sur la parcelle 2 (Conférence sur Cog C), le nombre de fruits par arbre est plus élevé que sur la parcelle 1. Sur les arbres témoins, le poids moyen des fruits est également 10% plus petit que sur les Conférence sur Cog. Adams. Sur cette parcelle, on ne distingue pas de différence de poids ou de calibre entre les différents essais. Ceci résulte peut-être d’un nombre de fruits très semblable d’un arbre à l’autre. En 2010 : Vu le déficit de pluviométrie dès la floraison, les arbres irrigués ont reçu du mois de mai jusqu’à la récolte un apport d’eau quasi continuel. Les arbres n’ont pas reçu de taille de racines en 2010 vu le fait que celle effectuée en 2009 a un effet réducteur de croissance pendant 2 à 3 ans. Après la chute de juin, nous avons effectué un léger éclaircissage manuel qualitatif afin d’éliminer les fruits trop petits. Nous avons sélectionné tout comme en 2009, 25 fruits afin de suivre l’évolution de croissance de ceux-ci. Nous avons également compté le nombre de fruits par arbre. l/m² Pluviométrie en 2010 200 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0 avril mai juin juillet août Essais Taille des racines Irrigation Calibre des fruits en mm 2009 2010 Poids moyen Nb fruits/aTonne /ha (gr) 25-juin 23-juil 9-août 18-août 6-sept 1 2 NON OUI NON NON 58,1 65,7 208 8 27,3 43,7 54,1 59 67 216 1 côté OUI 1 côté 27,3 43,1 52,8 127 37,7 116 35,7 27,3 43,9 54,3 59,6 66,9 217 142 43,9 NON 27,1 41,9 51,7 56,6 63,9 202 161 46,3 2 côtés OUI 27,6 44,6 55,4 60,4 67,8 220 154 48,2 NON OUI 25,7 40,8 50,2 55,5 63,3 200 134 33,5 NON NON 25,7 41,6 51,2 56,6 64,3 205 123 31,5 1 côté OUI 25,7 41,4 50,9 55,9 62,6 196 146 35,8 1côté NON 25,7 41,5 51,8 57,4 64,6 205 138 35,4 Observations 2010 La pluviométrie 2010 fut fortement déficitaire durant la période allant de début mai à la mi-juillet. Par la suite, celle-ci fut plutôt abondante voir excessive. Suite à cela, le démarrage de l’irrigation fut précoce : cette année, les essais non irrigués n’ont pas reçu d’eau au printemps comparativement aux essais 2009. - Les premières prises de mesure du diamètre des fruits ont démarré le 25 juin (une semaine plus tard qu’en 2009) vu le retard de phénologie dû aux conditions climatiques moins favorables lors de la floraison. - Le nombre de fruits par arbre après la chute de juin n’était pas excessif, seul un très léger égrenage qualitatif (les fruits trop petits) a été réalisé début juillet. - La taille des racines n’a pas été répétée cette année vu le fait que celle effectuée en 2009 a un effet réducteur de croissance pendant 2 à 3 ans. - Le nombre de fruits par arbre semble légèrement inférieur dans les 2 blocs où il n’y a pas eu de taille de racines en 2009. - Tout comme en 2009, on ne note pas d’amélioration du calibre des Conférences dans les blocs irrigués. - On note à nouveau comme en 2009 une légère réduction du diamètre des fruits dans le bloc sur SPG Cog. C. Conclusions En 2009, nous avons eu un été sec et chaud, en 2010 ce fut plutôt le printemps qui fut sec. Dans les 2 cas, nous nous attendions à voir un effet significatif de l’irrigation sur le calibre de la poire Conférence. Or dans les 2 cas, nous n’avons pas pu le mettre en évidence au travers de cet essai. Il est vrai que si le nombre de fruits par arbre dans les essais avait été 20% à 30% supérieur, le stress dû au manque d’eau aurait été plus important et des différences auraient pu apparaître. Par contre, nous avons pu mettre en évidence l’effet bénéfique d’une taille des racines sur le nombre de fruits par arbre. L’augmentation du nombre de fruits par arbre dans ce verger va de 7% sur Cog. C à 20% sur Cog. Adams. Malheureusement, cette taille des racines a provoqué la 1ère année, la réduction du calibre des fruits. Celle-ci n’a pas pu être compensée par un apport exclusif d’eau. 3. Bilan au terme de 2 ans Vulgarisation : - Février 2009 organisation d’une Conférence sur le Thème : l’irrigation en Conférence : Utile ou nécessaire par T. Deckers PCF. - Avril 2010 : Présentation des résultats 2009 par O. Warnier au Céta de Hannut. - Août 2010. Visite des parcelles d’essais et présentation des résultats aux producteurs. - Mars 2011. Remise d’un rapport résumant les essais menés dans ce projet. Futur : Le développement de l’irrigation en culture de poire en région Wallonne n’est pas encore très développé. Mais si la pluviométrie tend à se réduire voir à être très irrégulière à l’avenir, le stress du au manque d’eau aura certes une influence sur le calibre et la production. La mise en place depuis 2011 d’un service spécialisé en irrigation fertilisante pourrait également apporter un plus aux arboriculteurs. 4. Remerciements à - Mme Feron de la DGA pour sa patience et sa collaboration - Mr Vanderlinden pour son aide et la mise à disposition de son verger et de ces infrastructures. O. Warnier Secrétaire