Réussir son stockage - Civam Bio 33

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Réussir son stockage - Civam Bio 33
Novembre 2002
Réussir son stockage
Etant donné la situation actuelle (économique, logistique,…) beaucoup d’agriculteurs
s’intéressent de plus en plus au stockage à la ferme. Cet article a pour but de faire le point sur
nos connaissances dans ce domaine et de vous donner les points clés à surveiller, afin que
stockage ne rime pas avec gaspillage.
Les marchandises stockées à la ferme doivent répondre aux exigences commerciales du moment
(humidités & impuretés) et être indemne de moisissures et d’insectes. Un produit mal stocké perdra
inévitablement de ces qualités par rapport au produit de départ.
Avant le stockage : Prenez soin de vos cultures !
La première règle à respecter est de maintenir propre, autant que possible, vos cultures. En effet la
présence d’adventices (débris végétaux, graines immatures) est la principale cause d’altération de la
récolte (moisissures entraînant des points de chauffe, dégradation des qualités organoleptiques).
Ensuite il faut bien choisir son moment pour récolter. Il faut récolter de préférence un produit
mature ET sec (un produit sec ne signifie pas que le grain est à maturité). Un grain est considéré
mature lorsqu’il ne se laisse pas rayer par l’ongle & qu’il casse sous la dent.
Le stockage pouvant concerner plusieurs produits différents, nous n’aborderons ici que les
problèmes liés au stockage en grain sec.
Le stockage à la ferme, dans de bonne condition, doit être l’objet de beaucoup d’attention mais
aussi d’investissement matériel (parfois conséquent) lorsque celui disponible sur la ferme est
dépassé ou inadapté.
Prendre le temps de la réflexion :
Préalablement à la réalisation d'une installation de stockage il convient de se poser un certain
nombre de questions et d'y apporter une réponse:
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quelle est la quantité totale de céréale à stocker ?
quelles sont les différentes céréales et leurs variétés ?
quelle est la place disponible pour le stockage ? Y-a-t-il déjà un bâtiment existant ?
quel est le budget disponible ?
quelle est la nature du sol et du sous-sol ?
C'est uniquement après avoir répondu à ces quelques questions que l'on pourra se décider sur un
type et une configuration de stockage bien précis.
La quantité totale à stocker ainsi que les différentes céréales et leurs variétés déterminent le nombre
et la capacité des cellules.
La place disponible permet de choisir le type de cellule. La nature du sol et du sous-sol guide le
choix du système de vidange et de ventilation (enterrée ou sur le sol).
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Un des problèmes importants à résoudre avant de choisir le stockage est celui de l'humidité. Il faut
éviter les remontées d'eau par le sol, pour assurer une bonne conservation des grains. Il est conseillé
d'effectuer un drainage autour du bâtiment et de poser un film plastique avant de couler la dalle.
Pour une capacité de stockage déterminée et une même hauteur, il faut une surface au sol supérieure
de 50 % pour des cellules rondes par rapport à celle nécessaire pour des cellules carrées ou
rectangulaires. Dans tous les cas il vaut mieux prévoir plusieurs petites cellules à une seule grande,
ceci afin de réaliser un classement par variété.
Le Nettoyage : Clef de voûte d’un stockage réussi :
Les insectes que l’on retrouvent dans les lieux de stockage sont dit « des denrées stockées » c’est à
dire qu’elles ne viennent pas du champs mais sont déjà présentent sur les lieux de stockage
(bâtiment & matériel). C’est pour cela qu’un nettoyage minutieux est impératif avant le stockage
d’une nouvelle récolte . Les bâtiments (murs, sol, charpente) doivent être balayés ou au mieux
passés à l’aspirateur (industriel). Le matériel de récolte (moissonneuses & remorques) & de
manutention (fosse de réception, trémie, vis, trieur-séparateur, système de ventilation,…). Les
déchets & poussières recueillis lors du nettoyage devront être brûlés pour éviter toutes recontaminations. Ce nettoyage complet & minutieux pourra être renforcé par un traitement préventif
de désinfection (insecticide type roténone et/ou pyrèthre) ; Attention ces produits ne peuvent être
utilisés que sur les bâtiments et le matériel et en aucun cas sur les grains stockés.
Quelle installation pour quelle utilisation ?
Le stockage à plat :
Cette solution est de loin la plus économique car elle permet éventuellement de valoriser des
bâtiments ou des constructions déjà existants (aire bétonnée, grenier, ancien bâtiment d’élevage,...
Le site de stockage doit dans tous les cas être abrité, propre & sec. Préférer du béton hydrofuge pour
la chape & éviter les aspérités sur les surfaces (rétention des poussières & débris).
Attention une construction dédiée peut augmenter sérieusement les coûts.
L’utilisation principale est le stockage tampon à la récolte de petits volumes sur des délais court (1
jour à un mois maximum, suivant la sensibilité & les caractéristiques de chaque produit).
Cette solution permet de constituer des lots, de grouper le transport baisse des coûts, d’être plus
autonome sur sa ferme lors de la récolte.
Les risques liés à ce mode de stockage est directement corrélé à la qualité sanitaire du lot
(température, humidité, Tx d’impuretés,…).
La ventilation est obligatoire pour le stockage au delà de 48 h, l’objectif est d’assurer le
refroidissement des grains et d’éviter la montée en température du tas. Pour cela plusieurs méthode :
• Retournement au tracteur (pelle, vis,…)
• Poser des drains sur le sol à 50 cm d’intervalle dans lesquels on insuffle de l’air.
Cette méthode est de loin la plus efficace.
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Deux points importants dont il faut absolument tenir compte si vous stockez dans le but de revendre
ensuite : l’accessibilité des aires de stockage au mode de transport & le volume de reprise dont vous
disposez. La plupart des intervenants demande à ce qu’un camion de 25 t soit chargé en une heure.
Le stockage en cellule :
Ce type de méthode nécessite des investissements plus lourds pour que tout puisse se passer dans de
bonnes conditions. Le stockage de longue durée permet (plus de 6 mois) de générer une plus-value
de 10 à 20 euros par quintal. La plupart des opérateurs rémunèrent le stockage à la ferme,
cependant les écarts peuvent être important d’un opérateur à l’autre.
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Prévoir au minimum autant de cellules que de cultures + 1 (pour permettre le transilage).
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Eviter les parois en bois ou en béton (rétention des poussières & débris) les parois lisses
facilitent le nettoyage.
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Il faut prévoir du temps pour le nettoyage & l’entretien du site, le goût pour la mécanique est
un avantage indéniable.
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Le triage : C’est une étape essentielle du stockage de longue durée, le but de l’opération est de
les impuretés (grains cassés, débris végétaux, poussières, résidus de récolte…), de cette façon
on limite fortement les risques pour le lot. Les débris végétaux & graines d’adventices,
souvent encore vert (source d’humidité), provoque des moisissures & la montée en
température du tas. Les grains cassés sont les cibles préférées des insectes & des moisissures.
•
Pour limiter la casse des grains par les vis de manipulation, il est recommandé de faire tourner
ces dernières au maximum.
•
Plus un lot sera propre, plus les opérations à venir (séchage, ventilation,…) seront facile à
mettre en ouvre & à maîtriser.
La ventilation de refroidissement : La température du grain à la moisson est souvent comprise
entre 25 & 35 °C, plus le grain est chaud, plus il respire et plus il devient chaud ( la respiration
dégage du CO2, de l’eau & de la chaleur), il faut donc le refroidir rapidement. Le grain en masse
étant un mauvais conducteur on ne peut pas envisager un refroidissement par la température
extérieure. Si l’agriculteur ne possédait pas le matériel nécessaire, la durée de stockage ne devra pas
dépasser 48 h : Au-delà c’est la qualité de la récolte qui en pâtira et de façon inévitable.
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Après la récolte une ventilation de 48 à 72 h donne de très bons résultats.
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Par la suite la ventilation va se réaliser de préférence pendant la période hivernale
(températures basses) :
Durée de stockage
< à 8 mois
Température nécessaire
10-12°C
> à 1 an
5-10°C
Observations
Système de refroidissement plus
coûteux
En automne ou début de l’hiver on effectuera la seconde ventilation, d’autres pourront être
nécessaires, pour abaisser de manière progressive la température au sein de la cellule.
Pour éviter les phénomènes de condensation au sein de la cellule, veiller à ce que la différence de
température entre le grain & l’air extérieur ne soit pas supérieur à 7°C.
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Ces variations peuvent être à l’origine de points de chauffe au sein du tas, c’est pour cela qu’il ne
faut pas hésiter à surveiller la température notamment à la fin de l’hiver & au début du printemps.
Le coût de la ventilation est dérisoire comparé aux pertes qui peuvent apparaîtrent.
Le séchage : Au dessus d’une certaine humidité, il est impératif de passer les grains au séchoir,
Cultures
Protéagineux
Céréales à paille & Maïs
Oléagineux
Taux d’Humidité maximum
17 %
16 %
10 %
La ventilation dont le but principale est l’abaissement de la température peut également jouer un
rôle dans le séchage des grains.
Taux d’humidité
< 16 %
Entre 16 & 17 %
Entre 17 & 20 %
> 20%
Opérations
Ventilation classique, à effectuer la nuit.
Ventilation jour & nuit dès la récolte, objectif
redescendre l’humidité à 16%, puis une
ventilation de refroidissement / maintien en
nocturne.
A ce niveau : Passer à une ventilation de type
séchant (l’air propulsé est réchauffée via une
source de chaleur) dès la récolte (débit mini 20
m3/h), puis une ventilation de refroidissement /
maintien en nocturne.
Idem précédent
Le réglage du séchoir ( principalement la température) se fait en fonction :
• De l’espèce
• De sa valorisation
Savoir reconnaître ses ennemis :
Tout grain, lorsqu'il est stocké en masse est susceptible d'être attaqué par divers prédateurs tels les
oiseaux, les rongeurs et surtout les insectes. Ceux-ci sont peut être les plus dangereux car moins
visibles mais ils peuvent occasionner des dégâts importants.
Nous venons de voir dans les chapitres précédents les différents moyens (nettoyage, séchage et
ventilation) dont disposent les agriculteurs stockant des grains, pour mettre ces derniers dans des
conditions de stockage telles que le développement des insectes soit arrêté.
Toutefois, il est toujours possible qu'une infestation se développe si certaines précautions
complémentaires ne sont pas prises (nettoyage des locaux et du matériel).
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1. Principaux prédateurs des grains: Les oiseaux:
Les oiseaux les plus couramment rencontrés dans les installations de stockage sont les moineaux,
les tourterelles et dans certains cas les étourneaux.
Lutte contre les oiseaux:
Les dégâts causés par les oiseaux dans les cellules de stockage sont en général peu importants. Il est
possible de s'en prémunir en recouvrant le grain d'un filet à mailles fines disposé à 10 ou 20 cm audessus du tas.
Pour le stockage en cribs, le problème est plus délicat il est pratiquement impossible d'empêcher
totalement les attaques d'oiseaux, cependant une fois que les grains situés à la périphérie ont été
enlevés, les rafles devenues apparentes protègent le reste du crib.
2. Les rongeurs:
Normalement, peu nombreux dans les endroits habités, ils peuvent se développer dans des
proportions importantes surtout dans les exploitations de céréaliculture élevage où l'on trouve des
stockages d'aliments et des déjections animales (lieux privilégiés pour la pullulation des rongeurs).
Les principales espèces rencontrées sont les souris et les surmulots.
Lutte contre les rongeurs:
Le meilleur des traitements est tout d'abord la propreté générale du site complétée par la présence
de chats. Si cela s'avère insuffisant il existe une gamme complète de piège mécanique très efficaces
contre les rongeurs. On trouve également des petits émetteurs d'ultra sons inaudibles par l'oreille
humaine mais qui provoquent chez les rongeurs des troubles cérébraux les forçant à s'éloigner.
3. Les insectes:
Les insectes des céréales stockées appartiennent à 2 familles
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les coléoptères:
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les charançons du grain et du riz (Calandra granaria et Calandra oryzae)
attaquent surtout les grains entiers. Les adultes pondent des oeufs à l'intérieur
du grain et les larves s'en nourrissent en consommant tout l’albumen.
le sylvain se développe plutôt dans les brisures.
le tribolium se nourrit de grains cassés et de farine.
le capucin attaque les grains entiers en les réduisant en
poudre dont s'aliment leurs larves.
le cryptoleste se nourrit surtout des germes.
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les lépidoptères (papillons):
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la teigne des grains : elle enrobe les grains par petits paquets (20 à 30 grains)
avec des fils de soie pour pondre. Leurs larves consomment l'albumen des
grains.
l'alucite pond ses oeufs dans les grains entiers. Sa larve pénètre dans le
grain, consomme la farine qu'elle remplace par des excréments. C’ est un
petit papillon beige clair d'environ 15 mm.
Mites des céréales : sont des petits papillons nocturnes. Leurs larves
consomment les grains et les aliments riches en céréales. Cette larve qui a la
capacité de perforer de nombreux emballages (papier, carton...) cause de gros
dégâts dans les aliments secs entreposés.
LES PRINCIPAUX INSECTES DES CEREALES STOCKEES (DOC. ITCF-AFNOR).
Alucite
Capucins
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Charançon du riz
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Charançons des grains
Sylvain
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Cryptoleste
Tribolium
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Teignes des grains
Sincères salutations,
Eric MAILLE,
Technicien en productions végétales AB
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