1 Laure Gauthier, marie weiss rot / marie blanc rouge Le mot de l
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1 Laure Gauthier, marie weiss rot / marie blanc rouge Le mot de l
Laure Gauthier, marie weiss rot / marie blanc rouge Le mot de l’auteur 1 marie weiss rot est constitué de douze séquences ou douze poèmes dialogiques. J’ai écrit le texte dans une langue qui n’est pas ma langue maternelle, l’allemand, et engagé simultanément sa réécriture en langue française (marie blanc rouge) en collaboration avec le traducteur, Laurent Cassagnau. Aussi bien le texte allemand, mettant en scène une marie francophone en territoire germanophone, que le texte français présentant une marie germanophone en territoire francophone, donnent l’impression d’être traduits et qu’il n’existe pas de langue de départ. On se trouve donc en présence de deux textes qui révèlent l’existence d’un espace entre les langues, un espace au-delà de la langue et de ses territoires, marqué par quelques pages blanches, au centre du livre. Le livre ne s’adresse pas en priorité à des lecteurs potentiellement « bilingues », mais propose au lecteur francophone un livre qui contient « physiquement » des pages d’un original inaccessible, ou plutôt accessible seulement dans l’écart de la traduction et de l’autotraduction, un écart conçu comme geste potentialisant la poéticité du texte. Chaque personnage développe un « tempo de la pensée ». C’est cette musique secrète qui donne au texte sa force de propulsion, qui lui confère son énergie poétique. Le séquençage de l’œuvre obéit à cette musicalité de la pensée. Le texte Quatre personnages se côtoient et se croisent à défaut de vraiment se rencontrer : Christine s’endort aux côtés du corps d’Albert qui pense à marie qui pense à Albert dont elle rêve le corps. Triste scénario ancien mais toujours réactualisé. Frédéric, qui aime marie, ne peut se satisfaire d’un esprit dont il ne mesure pas bien la circonférence et dont il craint qu’il ne puisse dépasser le sien. D’où sa violence, verbale, son désespoir devant une femme qui s’écrit elle-même. La voix de marie menace d’être étouffée. Les voix figées, attendues, d’Albert, de Frédéric et de Christine sont autant de contrepoints à la sienne dans ce drame bourgeois des temps modernes. marie, épicentre du projet, a d’emblée compris que la langue maternelle est la langue de l’autre. C’est pourquoi elle parle une langue non maternelle pour trouver ce qui lui est propre et recourt aux néologismes dès que nécessaire pour arracher la langue à la géographie. Surgit ce que marie appelle une « poésie de couloir », une langue entre les langues, parlée par les poètes et les migrants. Il ne s’agit plus d’une poésie des terroirs, mais d’un chant déraciné. marie venue d’ailleurs est plus apte au transport de sens. Le Préfacier 2 Gilles Jallet est poète et essayiste. Depuis son premier livre de poésie « Contre la lumière », publié en 1985 chez Seghers, il a publié de nombreux recueils de poésie, des essais (notamment « Hölderlin », et « Novalis » chez Seghers, « Le crâne de Schiller » chez Hermann, 2006) et des traductions. Une édition complète de ses Œuvres poétiques paraîtra en 2014 aux éditions La rumeur libre. L’Auteur Laure Gauthier est née le 10 juin 1972 à Courbevoie dans les Hauts-de-Seine. Elle est auteur et musicologue. Après des études de littérature allemande effectuées à l’université de Paris-Sorbonne et à l’université de Hambourg, elle soutient en 2003 sa thèse de doctorat. Elle publie différents essais et de nombreux articles sur la littérature et la musique allemandes et sur l’esthétique des arts pluriels, aux confins des disciplines artistiques. Dans ses recherches comme dans ses textes dramatiques, elle interroge le lien entre les arts et la façon de faire sortir le langage de ses gonds, de l’arracher à la géographie et de faire trembler la syntaxe. Dans marie weiss rot / marie blanc rouge, sa première œuvre, comme dans La cité dolente (à paraître), elle interroge l’espace poétique entre les langues, déconstruit les oppositions entre les genres afin d’inventer une langue musicale qui se nourrit de la banalité quotidienne pour tenter de lui donner un nouveau tempo, inquiétant, étrange et (auto-)ironique. Le traducteur, Laurent Cassagnau Laurent CASSAGNAU est traducteur et enseignant-chercheur (ENS-Lyon). Il a traduit notamment des textes esthétiques (Georg Baselitz, Joseph Beuys), théoriques (Hans Blumenberg, Naufrage avec spectateur, Le Rire de la servante de Thrace) ainsi que des essais sur Claude Simon et Elfriede Jelinek. Il a récemment proposé une nouvelle traduction du Divan d’Orient et d’Occident de Goethe (Belles Lettres, 2012). L’éditeur EDITIONS MUSICALES ET LITTERAIRES - EDITIONS DELATOUR FRANCE 3 Les éditions Delatour, fondées en 2003, s’engagent au service de la musique, de la création artistique, de la recherche, de l’histoire, de la poésie et de l’écriture d’une manière générale. Depuis leur création, les éditions Delatour France sont résolument inscrites dans la perspective de nouvelles relations entre éditeur et auteurs, plus impliqués humainement dans le processus global de réalisation. Le rythme de parution annuel est de 20 à 30 livres et de 100 à 150 partitions. Le catalogue est auto-diffusé à l’international et sur l’ensemble du territoire.