Nono ou Noni

Transcription

Nono ou Noni
Note technique
d u
d é p a r t e m e n t
T E
P A R A U
A
d e
l a
T E
P Ù
R e c h e r c h e
n°11
A g r o n o m i q u e
M A ’ I M I R A ’ A
N O
T E
A p p l i q u é e
F A ’ A A ’ P U
Nono ou Noni
Nom commun
: Noni, Nono
Nom botanique
: Morinda citrifolia
Famille
: Rubiaceae, (famille du café)
Propriétés de la plante
L
e Nono est présent de l’Asie du Sud Est à l’Australie et dans tout le Pacifique Sud.
Il est l’une des plantes médicinales les plus communément utilisées par les polynésiens. On lui attribue
quantité de vertus, les feuilles, l’écorce, les racines et les fruits sont utilisés dans la fabrication de remèdes
traditionnels. Le nono fournissait également une teinture très utilisée autrefois, pour colorer les tapa et les
costumes de danse. Deux couleurs sont extraites à partir de différentes parties du nono : la teinture jaune à partir de
l’écorce et la teinture rouge à partir des racines.
Cette plante agit sur diverses maladies, tout particulièrement sur les blessures, sur les maladies de la peau, la toux, les
furoncles, sur les piqûres de poisson (nohu), et le jus est bu pour l'arthrose, l'arthrite, les infections bactériennes et
virales, le diabète, l'hypertension, la tuberculose, et biens d'autres maladies encore. De plus, dans les préparations de
médecine traditionnelle, le nono est la base à partir de laquelle d'autres plantes y sont ajoutées.
Dans les revues de recherches médicales plusieurs centres de recherche se penchent sur le nono. Par exemple, dans le
83ème rapport annuel de l'association américaine de la Recherche sur le cancer, des rats nourris au jus de nono ont
montré une résistance très significative contre les cellules cancérigènes du poumon de Lewis. Les conclusions de ces
recherches démontrent un retard de la croissance des tumeurs par la stimulation du système immunitaire.
Cependant, le fruit du nono et son jus ont une odeur nauséabonde et le goût est répugnant. Aussi, à partir d'échantillons
de purée en provenance de la Polynésie, plusieurs essais ont été effectués aux Etats Unis par la Société Nutriceutical
Research Inc., pour se prémunir de cette odeur nauséabonde. Plus de 250 profils ont donc été effectués et plusieurs
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centaines de tests d'extraits de fruits tropicaux y ont été ajoutés pour rendre ce jus plus agréable. Finalement, ce jus est
parfumé au goût de raisin et de myrtille, et bientôt au jus d’ananas et de fruits tropicaux de Tahiti.
La Théorie du mécanisme pharmacodynamique du Morinda citrifolia dans le corps humain, par le
Docteur Ralph Heinicke Ph.D.(Université de Hawaii)
Dans les années 50, la société Dôle avait pour projet la production de bromélaï ne destinée à l’industrie pharmaceutique
à partir de leurs ananas cultivés à Hawaii. Le Docteur Ralph Heinicke , Ph.D., Biochimiste à l'Université de Hawaii,
avait été chargé de ce programme de 1950 à 1986. Aussi, afin que la Société Dôle puisse obtenir l'approbation du
Federal Drug Administration (FDA) pour la commercialisation de cette broméline, celle-ci devait être enregistrée sous
sa forme la plus pure.
Après l’extraction, les résultats rendus par la (FDA) étaient négatifs car cette broméline ne possédait aucun effet
pharmaceutique. En effet, dans le procédé de la purification, l'alcaloï de actif ne s'y trouvait pas et cet alcaloï de était
un précurseur que le Dr. Heinicke a appelé la proxéronine.
La poursuite des travaux de recherche a démontré que l'activité du précurseur de cette broméline dans l'ananas
hawaiien était très faible, et causé par le lessivage important de micro-éléments, comme le bore, le cobalt, le molybdène
et le sélénium, dans ces sols cultivés en ananas.
La société Dôle étant à l'époque trop engagée dans la commercialisation intensive de ses ananas en frais et en conserve,
a dû s’orienter vers d’autres plantes pharmaceutiques. Or le Morinda citrifolia a présenté, après plusieurs analyses, une
structure biochimique identique à la broméline de l'ananas, la proxéronine, avec une activité beaucoup plus intense.
Dôle ne s’intéressant plus à ce programme, le Docteur Heinicke dépose alors un brevet sur la purification de cette
structure globale qu'il nomme la xéronine.
Les conclusions de cette découverte démontre l'importance des conditions édaphiques où se trouve Morinda citrifolia et
les liens très étroits de la disponibilité des micro-éléments à la plante pour l'élaboration de la proxéronine.
La xéronine est un alcaloï de que le corps humain sécrète en faibles quantités pour accroître l'activité enzymatique qui
permet de tonifier et réguler la physiologie du corps humain. Cet alcaloï de ne peut être repéré dans les analyses de
routine du sang, car lorsque le corps humain le fabrique, il est immédiatement consommé et dégradé de suite.
La xéronine est l'élément fondamental du fonctionnement des protéines et son absence génère une série de désordres
physiologiques. Le sommeil favorise la production de la xéronine. Mais plus nous vieillissons et plus le corps humain a
des difficultés de produire la xéronine. Accroître donc la disponibilité de xéronine dans le corps aide à la prévention de
ces désordres. Le nono, très riche en proxéronine, est transformé en xéronine par activité enzymatique dans le corps
humain. Il devient ainsi un atout indispensable à la mise à disposition de cet alcaloï de pour réguler les déséquilibres
physiologiques.
La plante
Le Morinda citrifolia est un arbuste qui dépasse rarement les 5 mètres.
Ses feuilles stipulées, entières, glabres, ont des pétioles courts, des limbes ovales
pouvant atteindre 35cm de long et 22cm de large. Ses fleurs sont petites et
blanches réunies en capitules très serrées. Après la fécondation, les ovaires se
soudent et chaque capitule donne naissance à un syncarpe globuleux qui constitue
le fruit. Celui-ci peut être arrondi ou allongé avec la forme et les dimensions
d’une pomme de terre lorsqu’il atteint sa taille définitive.
Les différents stades de maturité du fruit sont :
1. avec un épiderme vert foncé et un fruit très dur
(nono pi)
2. avec un épiderme vert-jaune et un fruit très dur
(nono puu)
3. avec un épiderme jaune-pâle et un fruit très dur
(nono omoto)
4. avec un épiderme jaune-pâle, et un fruit assez dur
(nono tohea)
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5. avec un épiderme blanc, et un fruit mou
(nono pe)
Le passage du stade 4 au stade 5 se fait très rapidement, généralement en quelques heures et en même temps
que la pulpe se ramollit, passant du jaune pâle au blanc, il se développe une odeur nauséabonde. Le fruit en tombant,
s’écrase et libère ses graines. Celles-ci, noyées dans la pulpe, forment une colonie au milieu du fruit. La graine a une
forme aplatie de couleur brune. Elle porte une petite vessie remplie d’air qui lui permet de flotter et d’être emportée par
les eaux. C’est cette particularité de la graine qui explique, en partie, sa dissémination dans ces écosystèmes. Chose
également intéressante à noter, les oiseaux semblent être friands de son fruit.
Les bois du tronc et des tiges sont mous. Il sont cassants et colorés en jaune. Des plants poussant à l’ombre
d’autres plantes présentent un feuillage très vert et brillant. Par contre, ceux exposés en plein soleil ont une canopée
plutôt d’un vert jaune et sont de taille plus courte. Malgré une dissémination large, cette plante se retrouve à l'état
naturel de manière plutôt individualisée ou en massifs parmi d’autres plantes.
La racine est pivotante, profonde et non ramifiée chez les jeunes arbustes et détient une teinte jaune très
prononcée. Cette physionomie de la racine suggèrerait-elle un besoin important en eau pour la plante ? Dans le cas de
plantes en communauté parmi d’autres plantes différentes, existerait-il un effet synergétique d’une faune symbiotique
de rhizobium et de certains mycorhizes sur son système racinaire, qui favoriserait cet aspect verdoyant et une pousse
végétative plus développée ?
La physiologie du Morinda citrifolia semble à priori comprendre deux grandes périodes :
- la croissance, qui commence avec la germination de la graine et se termine à l'âge adulte,
- la productivité, qui démarre avec la floraison et la production de fruits (seuil à déterminer).
Ecologie
Le nono est une plante versatile qui peut, dans des conditions précises, être aussi bien acidophile que basidophile.
En Polynésie, on rencontre le nono autant dans les îles hautes généralement aux basses altitudes jusqu’à 200 m, que sur
les motu ou îlots coralliens, où il est également très abondant.
Pour mieux comprendre le développement naturel de Morinda citrifolia dans les conditions édaphiques observées sur
les atolls et les îles hautes de Polynésie, des études ont été menées en 1982 par Charles GARNIER dans sa thèse
d’ingénieur - California Polytechnic University et à partir de 1994 à la station de Recherche Agronomique de Papara.
Les premières études en 1982 ont porté sur la physiologie de la plante et sur son développement agronomique en
fonction des conditions édaphiques de nos îles polynésiennes de terres hautes et d’îlots coralliens.
Un modèle mathématique sur la fertilisation a été élaboré pour les deux types d’îles :
Sur les sols sous Morinda citrifolia
(1) Fe
(2) Zn
=
=
-0.877 - 4.06 (Zn) + 15.0 (Cu)
-0.083 + 0.221 (Mn) + 0.678 (Cu)
R² = 99.2
R² = 99.1
Sur les plants de Morinda citrifolia
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4
(3) Mga =
(4) Mgb =
(5) Cab =
152 - 0.281 (Ca) + 1.50 (Na)
335 + 0.0816 (Ca) + 0.442 (Na) - 0.0245 (K) + 5.60 (Zn)
209 + 1.79 (Na) - 0.480 (K) + 22.2 (Zn)
R² = 99.0
R² = 97.2
R² = 96.1
a : feuilles du haut
b : feuilles du bas
(Garnier, 1982)
Les équations à regression multiple
D’après les équations de régression et de corrélation multiple pour tous les éléments nutritifs des sols acides et les sols
calcaires sous Morinda citrifolia, le Cuivre (Cu) a une plus grande influence que le Zinc (Zn) sur le Fer (Fe) dans
l’équation (1).
Dans l’équation (2), le Cuivre, encore, montre sa grande influence sur le Manganèse (Mn) par rapport au Zinc.
D’après les équations de régression et de corrélation multiple pour tous les éléments nutritifs dans les plantes, le
Sodium influence la concentration de Magnésium (Mg) dans les feuilles du haut, alors que le Zinc influence plus la
concentration de Magnésium dans les feuilles du bas (équation (3)).
Par contre, dans les équations (4) et (5), le Zinc et le Sodium ont une plus grande influence sur la concentration du
Calcium dans les feuilles du bas.
Le résultat des analyses chimiques montre que le pH des sols calcaires traduit une influence très prononcée de la
disponibilité du Fe dans la plante par rapport au Mn, au Cu ou au Zn.
L'azote, lui, est généralement très faible dans le milieu calcaire.
La disponibilité du phosphore à la plante est plutôt influencée par la présence de Ca dans la solution présente dans le
sol.
La présence du soufre dans la plante est influencée par la prédominance de la potasse dans la solution présente dans le
sol et par sa compétitivité, la potasse se trouve être en plus grande quantité dans la plante que ne le sont les autres
éléments, à l'exception du Ca où le ratio K/Ca est approximativement de 1/1.
Les concentrations de Ca et de Mg dans la plante sont interdépendantes les unes des autres.
Lorsque la concentration de Na dans la plante augmente, la concentration de Ca et de Mg aussi tend à augmenter.
Le Fe, lui, ne montre aucun effet antagoniste vis-à-vis des autres cations, à l'exception de celui du Mn.
La culture du Nono
Si la renommée de Morinda citrifolia est établie dans la pharmacopée et que des études de plus en plus approfondies
sont en cours sur les composés actifs de son fruit, des recommandations techniques sur la culture de cette plante ne sont
pas pour autant disponibles. Aussi, afin d’approfondir les connaissances agronomiques de cette plante, avec pour souci
majeur de proposer aux agriculteurs intéressés à cette filière des solutions pratiques, un programme de recherche
appliquée est mis en place. C’est à partir des observations dans le milieu naturel où pousse le nono qu’un modèle pour
son exploitation en culture parcellaire sera élaboré.
En milieu naturel
Les études à partir de 1994 ont porté dans un premier temps sur des observations du Nono en milieu naturel sur Tahiti
et Moorea, avec pour objectif d’évaluer, dans les écosystèmes spécifiques et naturels des îles hautes, comme sur les
motu, les populations de Morinda citrifolia, et corréler aux critères édaphiques le développement végétatif et la
productivité de cette plante, au travers de stations d’étude, avec pour critères particuliers les conditions écologiques,
abiotiques et biotiques.
Les fleurs et les fruits se trouvent généralement à l’extrémité des branches.
La floraison étant continue, le fruit poursuit sa maturité pendant que la branche qui la porte produit d’autres fleurs pour
continuer le cycle de fructification : donc, sur la même branche se trouve un fruit immature et plus bas d’autres fruits à
différents stades de maturité. La taille des fruits est très hétérogène.
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Un échantillonnage a été collecté, mesuré et pesé : le poids moyen d’un fruit est en général de 150 g. Le nombre de
fruits sur un arbre à différents stades de maturité peut varier entre 30 et 40 fruits.
L’estimation de la production par plant compte tenu du passage du stade 3 au stade 4 de maturité est donc de 5 kg par
mois.
La taille des arbres sur lesquels ont été recensés les fruits varie de 1 à 3 m. En milieu naturel, l’âge des plants est
relativement difficile à évaluer avec précision, une estimation a été déduite, qui sera validée en parcelles d’essais.
Les premières observations montrent une productivité assez constante pendant l’année (observations faites à partir
d’avril 1996) avec un accroissement lorsque les journées sont plus longues, c’est-à-dire à partir du mois d’août. Quoique
la productivité semble constante tout le long de l’année, on peut néanmoins observer un ralentissement de la production
durant les mois de mars à avril.
La différence de productivité entre les plants ensoleillés et ombragés n’a pas pour l’instant de caractère significatif.
Le produit de la cueillette à l’état sauvage livrée à la société Morinda étant de 400 tonnes mois, on peut évaluer la
population de nono en production naturelle en Polynésie à environ 80 000 plants.
Cependant, il convient de préciser que la productivité d’un plant dépend d’une intégration de plusieurs facteurs tels que
l’âge de la plante, les conditions édaphiques et leur situation pédologique.
A partir des résultats obtenus, un second programme de recherche est mis en place à la station de Recherche
Agronomique de Papara, financé sur Contrat de Développement sur la culture du Nono en situation réelle avec un
protocole de recherche rigoureux.
En parcelle d’essais
Les objectifs fixés sont :
1. Approfondir la biologie et l’écologie de Morinda citrifolia notamment sa reproduction - son cycle de floraison,
pollinisation, viabilité et germination des graines, sa multiplication végétative, sa fructification, et l’étalement de
celle-ci dans le temps.
2. Recenser les organismes nuisibles sur Morinda citrifolia dans les conditions naturelles au sein d’autres populations
de plantes, et d’en évaluer leur impact sur le développement agronomique de cette plante.
3. Mettre en place des essais de germination pour étudier le cycle de développement de cette plante.
4. Evaluer le comportement et la productivité de Morinda citrifolia en monoculture sur parcelle d’essais sous différents
traitements de fertilisation chimique et organique.
5. Etablir, à partir de ces résultats, une fiche technique sur la culture de Morinda citrifolia, destinée aux agriculteurs.
Les premiers résultats obtenus à partir de ces recherches sont les suivants :
La multiplication
Le nono peut se multiplier par la méthode sexuée qui donne les graines ou par la méthode asexuée c’est-à-dire par
bouture, marcottage ou boutures racinaires. Cette dernière méthode cependant ne favorise pas le développement de la
racine pivotante et peut par conséquent déstabiliser la plante au moment de la production.
Le fruit du nono produit de nombreuses graines dont la germination peut être parfois difficile. Pour obtenir les graines
de semis, il convient de placer les fruits dans une passoire, séparer les graines de la pulpe en les lavant à grande eau et
en les égouttant.
Pour hâter la germination, qui peut naturellement prendre entre 3 et 6 mois, on utilise de préférence les graines du fruit
au stade 5, et on les trempe dans une solution d’eau acidifiée d’acide chlorhydrique normale à la concentration de 30 %
pour ramollir le tégument. Cette méthode initie la germination aux environs de 2 mois.
Remuer les graines dans cette solution pendant 20 minutes avant de les faire sécher dans une serviette de papier
pendant un jour ou deux avant la mise en pépinière.
Faire le semis dans un des substrats recommandés.
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Placez vos bacs à semis dans un endroit ombragé jusqu’à l’apparition des deux ou quatre premières feuilles.
Transplantez alors soigneusement chaque plantule dans un sachet plastique type forestier.
Lorsque vous les dépoterez pour les transplanter dans un pot plus grand, incorporez dans le substrat une petite quantité
d’engrais complet 12-12-17-2 additionné de super-phosphate, pour favoriser son développement.
Arrosez selon les besoins. Quand la plante devient vigoureuse et atteint une hauteur d’au moins 20 centimètres, vous
pouvez la repiquer en pleine terre.
Les substrats recommandés
Sable de rivière
Tourbe
Potting mix
Semis 1
1 part
3 parts
ou Semis 2
1 part
3 parts
Repiquage
1 part
3 parts
Les maladies, ennemis et parasites recensés
Les insectes observés sur Morinda citrifolia sont des pucerons du genre Aphis gossypii, appelés communément
pucerons du coton ou pucerons du melon. Ce sont des pucerons très polyphages car on les trouve aussi bien sur le
caféier, les malvacées (hibiscus), les solanacées (tomates) que les cucurbitacées (melon).
On les trouve à la face inférieure des feuilles. Ils pullulent surtout en période sèche : l’arrivée des fortes pluies entraîne
leur disparition. Ils provoquent des déformations au niveau des jeunes feuilles et produisent des miellats recherchés par
les fourmis.
Ces pucerons sont prédatés par certaines coccinelles comme Coccinella repanda, Coelophora inaequalis ou Harmonia
arcuata. Un parasitoï de a aussi été isolé : Aphidencyrtus aphidivorus.
Pour l’instant, aucune maladie n’a été observée ni en milieu naturel, ni dans les parcelles d’essais.
Programme théorique de fertilisation de Morinda citrifolia
Ces premiers résultats nous suggèrent un programme théorique sur la fertilisation du Morinda citrifolia.
L'azote doit être disponible au stade de croissance. Cependant, un seuil de réserve devra être constitué dans le sol pour
assurer sa présence continuelle.
Ces analyses montrent que Morinda citrifolia est très avide de phosphate. Il pourra aussi bien être épandu à la volée
qu'appliqué au pied du plant.
L'élément soufre doit impérativement être présent dans le programme de fertilisation en quantité suffisante mais pas
autant que le P.
La potasse, par contre, doit être mis à la disposition de la plante comme l'azote.
Les micro-éléments tels que le fer, le cuivre, le manganèse, le zinc, le molybdène et le bore doivent être appliqués par la
méthode foliaire à cause de leur effet antagoniste sur les cations Ca, Mg, P et K dans le sol.
Les résultats des essais parcellaires de fertilisation de Morinda citrifolia à partir de ces modèles théoriques permettront,
en final, d'élaborer une formulation d'engrais spécialement adaptée à sa culture dans les milieux édaphiques reconnus.
Revenu théorique d’une plantation de Nono
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Cette estimation du revenu théorique est élaborée à partir des résultats d’une année de culture de 244 plants mis en
place sur une superficie de 5 000 m2, où les plants sont espacés de 5 m x 5 m, sur la station de Recherche Agronomique
de Papara, à sol d’hydromorphisme de profondeur.
Cet essai est disposé en 4 blocs de 61 plants/bloc. Chaque bloc représente un programme de fertilisation différent :
Bloc1- pas de fertilisation
Bloc2- fertilisation AB
Bloc3- fertilisation CD
Bloc4- fertilisation EF
N.B : dénominations AB -CD - EF représentent des formulations d’engrais différentes.
Sur cette parcelle d’essais, la floraison sur les blocs 2, 3 et 4 a été initiée à environ 8 mois après plantation, tandis que
sur le bloc1, où la pousse végétative et la productivité est très faible, l’initiation florale a eu lieu à partir de 11 mois.
La productivité mesurée pour le bloc1 est d’environ 100 g/mois. La productivité des autres blocs varie selon le
programme de fertilisation de 7 à 11 kg/mois/plant.
Le rendement moyen annuel d’un plant fertilisé âgé de 13 mois est donc d’environ 108 kg/ha.
Densités de plantation
Tableau 1 - Nombre de plants en fonction de la densité de plantation
Densité de plantation/ha
Nombre de plants/ha
5mx5m
400
4mx4m
625
4 m x 3.50 m
714
Ces espacements sont ceux préconisés actuellement pour la culture de nono.
Calculs économiques sommaires théoriques
Le prix d’achat du kilo de fruit de nono issu d’une production sauvage, proposé par la société Morinda Inc. est de 60
FCP au producteur ou au fournisseur livré à quai pour les îles.
Le fret et l’emballage et la livraison à l’usine sont à la charge de la société. Celle-ci s’organise avec les armateurs et
transporteurs locaux pour la collecte de la production en provenance des îles.
Pour Tahiti et Moorea, les agriculteurs livrent eux-mêmes leur production, contre remboursement du transport.
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Tableau 2 - Calcul du revenu moyen théorique annuel en fonction de la densité de plantation.
Densité de plantation
Nombre de plants/ha
Rendement moyen théorique
annuel sur plant fertilisé en
kg/an/ha
Revenu moyen théorique annuel
en FCP/ha
5mx5m
400
43 200
2 592 000
4mx4m
625
67 500
4 050 000
4 m x 3.50 m
714
77 112
4 626 720
N.B : les essais en station sont effectués sur une densité de 400 plants à l’hectare. Les calculs théoriques sont faits sur les
résultats agronomiques d’une plantation âgée de 13 mois. La production devient plus importante à partir de la 3e année.
La projection 1998 de la société Morinda Inc est de 2 000 tonnes par mois.
Dans les conditions de production par « cueillette » du fruit sur les plants à l’état sauvage, 80 000 plants environ
fournissent 400 tonnes de fruits par mois.
Pour atteindre l’objectif de 2 000 tonnes de fruits par mois, 320 000 plants supplémentaires à l’état sauvage sont
nécessaires, mais ils seront éparpillés dans toute la Polynésie, et difficilement exploitables.
Si au lieu de cela des plantations sont mises en place, 2 000 tonnes de fruits représenteraient plus de 600 hectares de
nono à mettre en culture dès aujourd’hui.
La société a aussi pour objectif l’exploitation de la plante entière (feuilles, écorce, racines). Des superficies
supplémentaires de plantation seront alors à envisager.
Les données ci-dessus nous donnent une idée de l’ampleur économique d’un tel projet.
Il va de soi que les critères de qualité à tous les niveaux méritent d’autant plus d’attention.
Actuellement, la réflexion sur la biodiversité dans son ensemble mobilise les centres de recherche. La valorisation des
substances naturelles comme celle du Morinda citrifolia par exemple, crée des perspectives d’avenir notamment en
pharmacologie et en industrie agro-alimentaire, intéressant au plus haut niveau les entreprises privées à l’investissement
et à l’exploitation de cette ressource.
Cependant, de gros efforts doivent être réalisés pour organiser le monde rural polynésien afin de lui permettre de faire
face à cette demande. Le département de recherche agronomique appliquée de Papara est l’outil crédible du Territoire
pour l’encadrement et la promotion de la qualité de ces produits agricoles et para-agricoles de Polynésie. r
Document préparé le 20 aôut 1997 par Charles L. GARNIER, Ph. D, Docteur en agronomie et pédologie tropicales
Pour tout renseignement, vous pouvez vous adresser au :
Service du Développement Rural
Département de la Recherche Agronomique Appliquée
Papara, Route de la carrière
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