Saint Jean Eudes

Transcription

Saint Jean Eudes
Le Testament de saint Jean Eudes
Saint Jean Eudes laisse de nombreux livres, les uns destinés à poursuivre son œuvre
d’évangélisation (Le Royaume de Jésus, Les Entretiens intérieurs, Le Cœur
admirable...), les autres plus personnels : Le Mémorial (son journal intime), de nombreuses lettres et enfin son Testament à l’intention de toutes les personnes qu’il
accompagnait spirituellement. Écrit en 1680, ce texte nous transmet avec simplicité
la foi ardente de saint Jean Eudes, sa très grande tendresse pour tous ceux dont il
avait la charge.
En 2013, où l’élargissement de l’euthanasie se prête à tant de discussions, ce texte
nous ouvre une tout autre perspective : celle de l’accomplissement de la vie en Dieu.
En voici un extrait :
De tout mon cœur, je me donne à l’amour infini par lequel mon Sauveur est mort pour moi
sur la croix et pour tous les hommes ; et en union de cet amour, j’accepte et embrasse la
mort au temps, au lieu, en la manière qu’Il lui plaira de me la donner (...) en le suppliant très
humblement de me faire la grâce de mourir en son amour, par son amour et pour son
amour.
De toute l'étendue de ma volonté, je me donne à l'amour incompréhensible par lequel
Jésus et ma toute bonne Mère m'ont donné leur très aimable Cœur d'une manière toute
spéciale. Je donne ce même Cœur à la petite Congrégation de Jésus et Marie pour être le
partage, le trésor, le patron principal, le cœur, la vie et la règle des vrais enfants de cette
Congrégation. (…) Je donne aussi ce Cœur très précieux à toutes mes très chères Filles, les
Religieuses de Notre-Dame-de-Charité et à tous mes autres enfants spirituels, spécialement à ceux qui ont une affection particulière pour leur Père, dont les noms sont écrits au
livre de vie ; et je les donne tous et chacun en particulier à ce très bon Cœur et je leur
promets que, si mon Sauveur me fait grâce, j’aurai un soin d’eux tout particulier dans le
ciel, et que j’espère que Dieu me fera la grâce de les assister à l’heure de leur mort.
Enfin de tout mon cœur, je me donne à mon très cher Jésus, pour m’unir à toutes les dispositions avec lesquelles lui, sa mère et tous ses saints sont morts, embrassant pour
l’amour de lui toutes les peines de l’esprit et du corps qui m’arriveront en mes derniers
jours, lui assurant que je veux que mon dernier soupir soit un acte de très pur amour pour
lui, le suppliant d’accepter et de me conserver pour l’heure de la mort tous ces sentiments.
Sur saint Jean Eudes
Paul MILCENT : Saint Jean Eudes - Un artisan du renouveau chrétien au XVIIe siècle, Paris, éditions du Cerf, 1992
http://www.eudistes.org/Fondateur.htm
Œuvres de saint Jean Eudes :
Lectionnaire propre à la Congrégation de Jésus et Marie, Paris, 1977
Chemins de prière avec saint Jean Eudes, prières actualisées par la famille eudiste, 2013
Éditeurs responsables : © 2013 Abbé Édouard Marot & Anne Schillings, 96 av. du Hockey, 1150 Bruxelles
Août 2013
Paroles de Saints
Saint Jean Eudes
Fête le 19 août
Deuxième partie
"Lorsque nous disons : "Cet homme est un saint", nous le faisons en abandonnant nos
nombreuses idoles, en nous agenouillant devant le mystère de Dieu et de sa bonté
infinie qui habite cet homme."
Pape François : Amour, service et humilité.
Un homme de terrain (1601-1680)
Un homme de terrain : en province et à la Cour !
Homme de prière, homme de terrain : ces deux aspects de la personnalité de saint Jean
Eudes sont aussi indissociables que le recto et le verso d’une feuille de papier. Pendant ses
missions dans diverses régions de France, il constate les problèmes qui se posent dans les
paroisses et essaie d'apporter des solutions. C’est ainsi qu’Il fonde six séminaires, notamment celui de Caen en 1643. Ce faisant, il suit les décisions du Concile de Trente (1545-1563)
qui veut améliorer la formation spirituelle et intellectuelle des prêtres pour qu’ils puissent
évangéliser les communautés. Puis, Jean Eudes franchit une étape supplémentaire. Il fonde
la Congrégation de Jésus et Marie dont le but est la formation des prêtres et l'encouragement des missions à l'intérieur de la France. Les membres de cette Congrégation s’appellent
“prêtres eudistes”.
En 1660, lors d’une mission à la Cour, il rappelle à la reine Anne d’Autriche les devoirs des
rois et l’incite à diminuer les souffrances de ses sujets, à rappeler au roi ses responsabi-lités.
La rupture avec l’Oratoire
L'Oratoire prend très mal la fondation d’une nouvelle Congrégation de prêtres ! Jean Eudes
est victime de harcèlement moral. Il est la cible de publications injurieuses, de calomnies qui
sont répandues dans les milieux religieux et même dans l'entourage du roi Louis XIV. Il perd
des amis. Cette campagne insultante dure pendant trente ans, jusqu'à la fin de sa vie, en
1680 ! D’autres épreuves ne lui sont pas épargnées : la maladie, les tentations... Il vit ces
épreuves comme une occasion de rencontre avec Dieu.
Les fondations
Au cours des missions en France, des conversions se produisent. Huguenots revenus au
catholicisme, femmes abusées, prostituées dont le coeur est touché par la prédication de
Jean Eudes. Mais, une fois Jean Eudes parti, qui va s’occuper de ces femmes “repenties” ?
Jean Eudes se met à la recherche de chrétiennes prêtes à les accompagner. En 1641, il ouvre
à Caen l’“Hôpital des âmes” puis obtient du cardinal de Richelieu la reconnaissance de la
communauté (1642). Un peu plus tard, il décide de fonder un véritable Institut religieux qui
s’appellera “Notre-Dame de Charité”, reconnu par le pape en 1666.
La Société du Cœur de Marie
Jean Eudes établit cette nouvelle société pour des laïcs célibataires (parfois des ecclésiastiques) afin qu’ils puissent progresser spirituellement et diffuser l’amour du Cœur de Jésus
et Marie. Jeanne Jugan, fondatrice des Petites Soeurs des Pauvres sera membre de cette
société.
Influence
Saint Jean Eudes est mort le 19 août 1680 à Caen. Il sera canonisé en 1925.
Il est l’initiateur de la spiritualité du Sacré-Cœur : à une époque dure, marquée par la perte
d’intériorité, il a voulu attirer les personnes - et surtout les prêtres - vers le cœur plein
d’amour du Christ et de Marie.
Dans l’esprit de saint Jean Eudes, sainte Marie-Euphrasie Pelletier, attentive aux femmes qui
souffrent, fondera à Angers en 1835 la congrégation de Notre-Dame de Charité du BonPasteur. Pour rendre présent le Christ Bon Pasteur, “il faut être saint, ne plus penser à soi...”
dit-elle.
“C’est le Christ qui vit en moi” (Galates 2,20)
La vie, les fondations, les écrits de saint Jean Eudes ont un unique centre : la personne de Jésus Christ. Le mystère de l'Incarnation l'émerveille : il en parle ainsi: "Si
un prince ou un roi de la terre prenait la peine de se transporter en la maison du
dernier de ses sujets pour lui dire : "Je viens ici exprès pour vous assurer que je vous
aime", quelle joie pour ce pauvre homme ! Voici infiniment davantage, voici le Roi des
rois, le Saint des saints, le Fils unique de Dieu qui est descendu du ciel exprès pour
nous dire : Je vous aime."
Ce mystère est pourtant largement ignoré ! À l'époque, tous les enfants sont baptisés. Mais la plupart des gens ignorent ce qu’implique le fait d'être baptisé. Cette
ignorance est le creuset d'une véritable misère spirituelle ! Dans ses missions, saint
Jean Eudes insiste sur le baptême, nouvelle naissance, entrée dans le peuple de
Dieu. Par le baptême, Jésus vient naître en nous et nous conforme à son mystère. «
Être chrétien et être saint, c'est la même chose, c'est faire profession de Jésus-Christ. »
Ce doit être notre désir, notre soin et notre occupation principale, que de former Jésus en
nous, c’est-à-dire de le faire vivre et régner en nous, d’y faire vivre et régner son esprit.
C’est l’œuvre que Dieu nous met entre les mains, afin que nous y travaillions continuellement.
Le Royaume de Jésus
Quiconque a été baptisé est appelé à être saint.
Vous me demanderez peut-être comment il peut se faire qu’une créature aussi fragile,
faible et misérable que l’homme puisse être sainte comme Dieu est saint. Mais je vous
répondrai, qu’encore que cela soit impossible à la faiblesse humaine, c’est pourtant possible et même facile, avec la grâce de Dieu, qu’il ne refuse à personne quand on la lui
demande de bon cœur.
Que faut-il faire pour cela ? Une seule chose, et une chose qui est très douce. Qu’y a-t-il de
plus doux et de plus facile que d’aimer ? Qu’y a-t-il de plus délicieux et de plus agréable que
d’aimer celui qui est infiniment bon, infiniment beau, infiniment parfait, infiniment
aimable ? (...) Qui ne vous a jamais fait aucun mal, qui vous a fait une infinité de biens ; et
qui est tout cœur, tout amour pour vous ? Aimez ce Dieu très bon et très aimable, et vous
serez saint.
Ne savez-vous pas que l’amour transforme l’amant en la chose aimée ? Si vous aimez les
choses terrestres, dit saint Augustin, vous devenez tout terrestre. Si vous aimez les choses
célestes, vous devenez tout céleste. Si vous aimez les choses divines, vous devenez tout
divin. Aimez donc le Saint des saints, et vous deviendrez saint ; aimez Dieu et vous serez
Dieu par participation et par ressemblance. (...)
Si vous aimez Dieu, aimez ce que Dieu aime, c’est-à-dire toutes les vertus, mais spécialement l’humilité, la charité et la pureté d’esprit et de corps. Si vous aimez Dieu, détachez
votre coeur et vos affections de toutes les choses créées, pour les donner entièrement à
celui qui s’est entièrement donné à vous.
Le Cœur admirable