Dimanche 23 mars 2014 Cathédrale de Nantes

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Dimanche 23 mars 2014 Cathédrale de Nantes
Dimanche 23 mars 2014
Cathédrale de Nantes - Les EDC
Chers amis entrepreneurs et dirigeants chrétiens, décideurs en vérité, que
nous propose le Christ au moment de reprendre la route ? Que propose-t-il pour votre
entreprise ? Un visage, une rencontre, un souffle nouveau.
D'abord un visage, son visage. Le Christ marche avec nous. Il connaît la
fatigue, l'épuisement, l'inconfort de la marche. C'est le plus beau des visages : celui
du Dieu fait homme, marchant aux côtés des hommes de tous les temps, fatigués
parfois d'affronter les difficultés, les soucis, l'avenir incertain d'une entreprise. C'est
ce Christ là que nous aimons, car Il nous connait, il connait nos vies ; il sait nos
soucis et les partage. Nous portons son nom : entrepreneurs chrétiens. Nous le
portons non pas le dimanche seulement, mais nous le porterons demain au bureau. Et
ce nom nous rappellera quoi ? Une vérité consolante : « tu n'es pas seul . Dans tes
responsabilités, dans les prises de décision, au moment où il faut trancher et
personne d'autre ne peut le faire à ta place : tu n'es pas seul ». C'est la vérité de notre
foi. Ce Seigneur arrive à midi, l'heure de pleine lumière, car Il est la lumière ; il veut
éclairer nos décisions. C'est la vérité de notre foi : il est la lumière qui nous aide à
voir la beauté et la bonté du monde créé par Dieu. Il nous aide à repérer, à discerner,
à reconnaitre dans les fractures, les ratés du monde, la présence discrète de Celui qui
veut pour nous la Vie.
Un visage, une rencontre. Contemplons ce Christ qui arrive près d'un puits.
Il fait une rencontre étonnante, imprévue, improbable, à la margelle d'un puits.
Quelle est la margelle du puits dans votre entreprise, c'est à dire ce lieu de rencontres
imprévues ? Serait-ce la salle de réunion impressionnante du conseil
d'administration ? Peut-être, mais parfois on y dort ! Je l'imagine dans un couloir,
entre les bureaux, à une heure peu habituelle. Arrive, nous dit l'Evangile, une
samaritaine. Pourquoi vient-elle à midi ? Ce n'est pas l'heure de puiser l'eau. Cette
femme est très blessée, fragile, de cette fragilité qu'évoquaient hier soir Philippe
Pozzo di Borgo et Henri en fauteuil roulant. Pour les juifs, elle appartient à une secte.
On méprise ces gens-là. On ne leur parle pas. Jean Vanier, évoqué hier soir,
commentait cet évangile, au Rwanda, à des femmes catéchistes. Il demande : vous
allez chercher de l’eau comme cela. Quand vous y allez, c’est quand ? de bonne
heure disent certaines. Nos maris ne sont pas encore levés ». Vieille histoire des
maris un peu fainéants ! Et si une femme de mauvaise vie arrive, que faites-vous ?
grand silence ; tout le monde, un peu gêné baisse la tête. La samaritaine arrive à
midi parce qu’elle sait qu’il y aura personne, qu’elle n’entendra pas les sarcasmes
des autres. Il y a un mur entre elle et les autres. Or Jésus prend la parole, il brise les
murs. Et que dit-il ? « Tu es immorale, il faut que tu changes » ? Non . Il dit : « j’ai
besoin de toi. Donne-moi à boire ». D’un coup, il fait tomber le mur entre cette
femme et les autres.
Donne-moi à boire ! Une demande qui exprime une confiance
inconditionnelle, sans calcul. On ne demande rien si on n'a pas confiance. Ne rien
demander est le signe d'une distance qui peut aller jusqu'à la défiance. On connait
l'amertume de ceux qui se jugent mis à l'écart parce qu'on ne leur demande rien : on
ne m'a jamais rien demandé !
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Rappelons-nous : qui nous a fait grandir ? Qui nous a permis d'être ce que
nous sommes aujourd'hui ? Sinon, ceux de nos familles, de nos éducateurs, de nos
responsables qui nous ont fait confiance. Voilà que des personnes se révèlent parce
qu'on leur confie une nouvelle responsabilité. Une rencontre sous le signe de la
confiance !
Et la femme est étonnée : comment tu me parles ? Leur conversation
démarre sur un malentendu. C’est un quiproquo entre l’eau du puits et « l’eau vive ».
Mais peu importe, ça n’arrête pas Jésus. Souvent on n’ose pas se parler, ou on ne
parle qu’à des gens de son bord. On est là en train de s’exclure, on ne serait pas sur
la même longueur d’ondes. Jésus prend le temps. Il est patient avec elle , patient dans
son dialogue. La patience, c’est la profondeur de l’amour. Jésus réveille la soif de
cette personne, la soif de bonheur. Je ne peux oublier le texte que nous lisait hier soir
Henri. « Je me raccroche, disait-il, à la simplicité et à la vérité ». Oui, à la vérité d'un
amour. A l'amour véritable qui est en nous. Si tu savais le don de Dieu, si tu savais la
puissance d’amour qui est en toi. Voilà une personne fragile rencontrée et une
conséquence étonnante : cette femme retrouve les siens, brise les murs, recrée la
communion et devient porteuse de vie. « Introduisez le fragile et vous mettrez de la
créativité », nous disait Mr Pozzo di Borgo. Je ne peux oublier le témoignage de
l'une d'entre vous hier, me rapportant une expérience de micro-crédit, en Amérique
Latine : des femmes usées, désespérées travaillant dans la mine ont monté une
petite entreprise de vente de bougies : « avant nous vivions dans le noir, maintenant
nous transmettons la lumière ».
Comment tout cela est possible ? Comment vivre ce que nous avons vécu
pendant ces trois jours ? Entrepreneur, dirigeant chrétien, rappelez-vous que tout cela
s'est passé près du port de Nantes. Là se trouve un trois-mâts, le Belem. Il est beau
quand, descendant vers l'estuaire, il retrouve l'océan, les voiles tendues par le vent.
Eh bien ce Belem, c'est vous tous, reprenant la route dans le vent. Entrepreneur,
dirigeant chrétien, si tu savais le don de Dieu ! N'oublie pas que « l'Amour de Dieu a
été répandu dans nos cœurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné ». Avec lui, ce
souffle de Vie, d'Amour, de Vérité, nous, tous décideurs en vérité, nous bâtirons la
civilisation de l'amour. Amen.
Mgr Jean-Paul James
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