31 TO,B/ DIEU n`est pas un "petit chef" - Paroisse Saint
Transcription
31 TO,B/ DIEU n`est pas un "petit chef" - Paroisse Saint
Paroisse Saint-Symphorien-en-Côte-Chalonnaise > LE CŒUR DE LA PAROISSE > La messe du dimanche > Les Homélies du Dimanche > 31 TO,B/ DIEU n’est pas un "petit chef" 31 TO,B/ DIEU n’est pas un "petit chef" dimanche 4 novembre 2012, par Père Alain Dumont • Livre du Deutéronome 6,2-6 « Tu observeras tous ses commandements et ses ordres. » • Psaume 119(118),97.99.101-106 « De quel amour j’aime ta Loi ! » • Lettre aux Hébreux 7,23-28 « Jésus est en mesure de sauver d’une manière définitive ceux qui s’avancent vers Dieu grâce à lui. » • Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 7,31-37 « Quel est le premier de tous les commandements ? » lire l’intégralité des textes de ce jour Une vérité anthropologique : l’homme est fait pour obéir ! L’homme est heureux quand il obéit. Pourquoi ? Parce cela signifie pour lui qu’il a pu mettre sa confiance en quelqu’un. Oh ! Je sais bien ce qui se passe par votre tête ! « Comment aujourd’hui peut-on affirmer un truc pareil ?!? Ringard ! Danger ! Gare aux despotes ! Manipulation ! » Et j’en passe… Eh oui, parce que nous n’avons souvent comme expérience du commandement que celle du "petit chef". Il y a une grande différence entre le "chef" et le "petit chef". Il y a même un abîme entre les deux. Le "petit chef" est celui qui va se contenter de donner un process : “Remplissez ce formulaire, faites ce qu’on vous dit, J’suis pas responsable". C’est celui qui va faire des lois en prenant bien soin de ne pas s’y soumettre. C’est celui regarde le monde comme un système qui peut être n’importe quoi pourvu qu’il y trouve son compte. Alors quand un tel personnage se présente avec des commandements, un bon conseil : prenez la fuite, si vous le pouvez, parce que les commandements du “petit chef” sont des commandements de mort. Le chef, lui, ne donne pas de process. Il donne l’exemple. Et parce qu’il donne l’exemple, parce qu’il est en première ligne — ou tout du moins l’a été autant que cela lui a été possible —, alors celui-là peut commander. Et vous et moi, tous les jeunes, tout homme et toute femme rêve de rencontrer au moins une fois dans sa vie un homme dont l’exemple et l’engagement est tel que, lorsque cette personne vous dit : "Fais cela !”, vous le faites avec bonheur et empressement parce que vous savez que là, il y a un commandement de vie. Au demeurant, lorsque saint Paul dit que le mari est le chef de la femme, il ne dit pas qu’il est son "petit chef", mais celui qui, à l’image du Christ Chef, donne l’exemple d’un amour vrai, fort et engagé. Celui-là peut donc “commander” puisque lui-même, le premier, obéit aux commandements qu’il commande. ** De quel amour j’aime ta Loi ! Le DIEU qui s’est révélé dans la Bible et en qui nous croyons est un Chef. C’est Lui qui a pris l’initiative de l’Alliance, qui ne se l’est pas d’abord joué façon "starlette” à la face des peuples — ce qui aurait été d’un dérisoire abyssal au regard de l’univers entier — mais qui a pris le temps de l’homme, qui s’est mis à son rythme en même temps qu’Il a été sans complaisance. Un DIEU Juste, Bon, Présent au point que le psalmiste s’écrie, non pas “je t’aime”, mais J’aime ta Loi. Parce que la Torah, la Loi, est ce par quoi l’homme grandit, advient à lui-même, découvre sa grandeur. La Torah est cette épreuve où l’homme s’éprouve et fait ainsi le bonheur de DIEU. Car c’est aussi cela, un Chef : c’est celui dont les commandements font grandir. Mais il y a une autre dimension du Chef : il sauve. Il sauve en donnant sa vie. Si quelqu’un vous dit : “C’est moi le chef”, regardez pour qui il donne sa vie, qui il sauve et de quoi il sauve. ** Jésus est en mesure de sauver d’une manière définitive ceux qui s’avancent vers Dieu grâce à lui Or nous avons un Chef qui, au moment même où il donne son commandement accomplit tous les commandements de la Torah. Jésus n’est pas un “petit chef” qui a réuni un gang autour de lui en leur disant comme on l’entend aujourd’hui : “On va faire une loi pour faire avancer le progrès !" en faisant table rase du passé [1], en le taxant d’obscurantisme et de tous les maux de la terre. Prenant au contraire la Torah très au sérieux, Jésus la place en son centre : le rôle de celle-ci est de démasquer le péché pour que Lui, le Chef, puisse prendre sur Lui ce péché et sauver le monde en s’offrant ainsi au Père. Pouvoir offrir : voilà une dimension anthropologique au moins aussi importante que le fait de pouvoir obéir. C’est pourquoi il y a toujours eu des sorciers, des chamans, des sacrificateurs en tous genres, toujours prêts à offrir quelque chose, sans jamais pourtant pouvoir accomplir Le Sacrifice par excellence, le seul qui fusse éternel, et qui est le Sacrifice du Chef en personne, le Premier des sacrifices que seul le Christ Jésus a pu offrir et en lequel, désormais, tous les sacrifices trouvent leur modèle : il ne s’agit plus d’offrir quelque chose — ou pire : quelqu’un —, mais de s’offrir soi-même pour manifester au monde en quoi consiste, véritablement, le fait d’aimer. En ce sens, le sacrifice du Christ est on-ne-peut-plus actuel : nous sommes à une époque où la génération de 68 [2] a inculqué aux générations qu’elle a engendrées l’ide que seul l’amourpassion mérite d’être appelé “amour”. L’amour “ressenti” qui, comble de perversité, fait qu’aujourd’hui plus de 90% des jeunes ne sont plus amoureux de quelqu’un, mais tombent amoureux du “ressenti” de l’amour. Je veux dire par là que ce qui importe n’est pas la personne en elle-même, mais le “ressenti” de l’amour qu’elle provoque. Dès que ce ressenti s’affadit, on parle aujourd’hui de “désamour”, raison suffisante pour provoquer une séparation par “consentement mutuel”. Le Sacrifice du Christ est le sceau du véritable amour qui, quoi qu’en pensent et en disent Luc Ferry [3]ou André Conte Sponville [4], mène seul à la joie et à la paix. Un amour qui bâtisse un monde fort et non pas victimaire. Un amour qui ne parle pas de domination mais d’offrande de soi. Pour cela, le Sacrifice est indispensable : c’est une richesse phénoménale et pleine d’avenir, alors que le monde, volontairement ignorant de la chose — mais peut-être aussi que les chrétiens ne rayonnent pas assez de ce bonheur profond — veut nous faire croire que c’est de l’archaïsme morbide… ** Quel est le premier de tous les commandements ? Alors, frères et sœur, nous voilà acculés. Nous n’avons pas le choix au moment même où les élus s’arrogent le droit de légiférer sur l’anthropologie. Que devons-nous faire ? Avant de descendre dans la rue (ici, chacun est libre), il nous faut connaître les commandements de DIEU (au moins les deux plus importants) et aimer en vivre ! De quel amour j’aime ta Loi ! Ensuite, pour les vivre en plénitude — ce que le scribe ne connaît pas encore : pour lui, pratiquer les commandements de la Loi passe par l’accomplissement quotidien des 613 mitsvot [5] —, il faut pratiquer la mitsva du Christ. Non pas une mitsva de “petit chef” qui serait : "Aimez-vous les uns les autres !", mais la mitsva du Chef : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés . Et là, cela change tout : en Jésus, DIEU est le Premier au front ! Il donne sa VIE ! L’enjeu, dès lors, n’est rien de moins pour nous que de vivre de la Joie et de la Paix de DIEU, dans l’Amour qui vient de DIEU et qui fait advenir l’homme à lui-même, lui ouvre sa vocation et l’engage sur l’éternité. C’est ce que je nous souhaite, frères et sœurs, du plus profond de mon cœur. En cette année de la Foi, il ne s’agit pas seulement de “réfléchir” sur la Foi, mais d’en rayonner concrètement au moment même où, en France, la coque du bateau se lézarde sérieusement. La meilleure manifestation sera celle de l’Amour rayonnant, transcendant, VIVANT ! Alors, le Royaume de DIEU sera manifesté aux yeux des hommes. Avec mon amitié fraternelle, + Père Alain. Notes [1] Le problème étant qu’on ne fait jamais table rase du passé sans faire table rase des personnes [2] Je veux dire : les intellectuels qui ont vomis sur ses anciens et qui ont hypothéqué l’avenir de leurs propres enfants, qui ont su pour cela investir les arcanes de l’éducation et des médias. Qu’on pense par exemple à Michel Foucault ou Pierre Bourdieu dont l’idée principale est de mettre en place une "théorie matérialiste du pouvoir" basée sur une vision de l’histoire dont le moteur est la domination. Pour ceux que cela intéresse, aller à ce lien [3] De l’Amour, Odile Jacob (2012) [4] Petit Traité des Grandes Vertus, Seuil (2001) [5] Une mitsva est un commandement qui n’est pas, de soi, dans la Torah mais permet d’appliquer concrètement la Torah dans la vie quotidienne. Pour se faire une idée, voir ici.