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Nejma GOUTAS
Réflexions sur une innovation
technique gravettienne
importante : le double
rainurage longitudinal
Résumé
Si les sociétés gravettiennes de France et d’Europe orientale (Russie)
ont eu recours au même « bagage technique » pour l’exploitation des matières dures d’origine animale, la place accordée à certains procédés au
sein des systèmes techno-économiques varie toutefois considérablement
entre ces deux régions. C’est le cas de l’extraction de baguette par double
rainurage longitudinal. Ce procédé, simple d’un point de vue conceptuel,
constitue une innovation technique importante dans le domaine de l’exploitation des matières osseuses au Paléolithique supérieur. Pourtant, ce procédé, aux implications techno-économiques « révolutionnaires », ne s’est
pas épanoui de la même façon dans toutes les régions d’Europe au cours
du Gravettien. En France, il tient une place importante, voire essentielle à
certains moments, dans le travail des matières osseuses, tandis qu’en
Europe orientale son impact sur les productions est plus réduit. Nous nous
interrogerons donc sur l’origine de ces disparités et plus largement sur les
mécanismes en cause dans l’émergence, la diffusion et la pérennisation de
ce savoir-faire dans l’Europe gravettienne.
Abstract
While Gravettian groups in France and in Eastern Europe (Russia) had
recourse to the same «technical baggage» for the exploitation of hard animal
materials, the place granted to certain procedures within the techno-economic
systems varied considerably between these two regions. It is the case for the
extraction of «baguettes» by the groove and splinter procedure. This procedure, simple from a conceptual point of view, constituted one of the most
important technical innovations in the field of the exploitation of osseous
materials during the Upper Palaeolithic. Nevertheless this procedure, with
«revolutionary» techno-economic implications, did not flourish in the same
way in all the regions of Europe during the Gravettian. In France, it played
an important role, even essential at certain moments, in the working of
osseous materials, whereas in Eastern Europe its impact on production was
more limited. We thus wonder about the origin of these disparities and more
widely about the mechanisms in play in the emergence, spread and perpetuation of this know-how in Europe during the Gravettian period.
AVANT-PROPOS
L’interprétation des systèmes culturels et économiques des sociétés de chasseurs-cueilleurs ne peut se
Bulletin de la Société préhistorique française
suffire de la seule explication écologique qui masque
la dimension culturelle des techniques et élimine toute
dimension historique. « […] Si seule l’écologie est
responsable d’une culture […], ce type de culture a pu
exister de tout temps, à chaque fois que de semblables
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Nejma GOUTAS
conditions écologiques se présentaient. Au contraire,
si cette culture n’est rendue possible que par des techniques appropriées, il convient de se demander à quel
moment de l’histoire cette technologie apparaît. » (Testart, 1982, p. 14).
Comprendre pourquoi les hommes inventent ou
innovent est une question complexe, car elle fait intervenir de nombreux paramètres (économiques, environnementaux, sociaux, culturels), qu’il nous est
souvent difficile d’appréhender en préhistoire. Il s’agit
de comprendre ce que signifient ces changements
dans « les manières de faire » et donc de comprendre
quelles transformations s’opèrent dans « les manières
de voir » 1 (Valentin, 2006, p. 46), à partir de données
matérielles souvent lacunaires, notamment pour les
périodes très anciennes. Les nombreuses recherches
conduites sur cette question et plus largement sur celle
des réapparitions et des emprunts reflètent d’importants enjeux palethnologiques car « l’évolution des
techniques est indissolublement liée à l’évolution
culturelle de l’homme » (Pigeot, 1991, p. 178). Ne
pouvant être exhaustive, nous signalons seulement
quelques travaux conduits sur les inventions et les
Gisements
innovations formelles et techniques dans le travail de
la pierre et des matières osseuses : A. Leroi-Gourhan
(1943 et 1945), J.G.D. Clark et M. Thompson (1953),
H. Camps-Fabrer (1976 et 1988), M. Julien (1982),
S.B. Mertens 2 (1986), D. Stordeur (1988, 1995 et
2003), N. Pigeot (1991), H. Knecht (1991a, 1993a, b
et 1997), Y. Taborin (1993), R. White (1993 et 1995),
P. Cattelain (1994, 1995 et 1997), M. O’Farrell (1996
et 2004), I. Sidéra (1998 et 2002), D. Liolios (1999
et 2003), A. Averbouh (2000), J. Pelegrin (2000),
B. Valentin (2006), J.-M. Pétillon (2006) et G. Le
Dosseur (2006).
Notre recherche porte ainsi un intérêt particulier à
la question de l’invention, de la permanence et de la
disparition des savoir-faire engagés dans le travail des
matières osseuses durant le Gravettien, c’est-à-dire
au cours de la première moitié du Paléolithique supérieur (29000-20000 BP) 3. C’est en effet à cette époque
qu’apparaît une nouvelle façon de débiter les matières
osseuses – l’extraction de baguette par double rainurage longitudinal – dont l’influence sera majeure sur
les productions de la deuxième moitié du Paléolithique
supérieur (Camps-Fabrer, 1976 ; Mujika Alustiza,
Couches
inférieure
supérieures (jaune, rouge et noire)
3
4
Attributions chronoculturelles
Bayacien
Gravettien ancien à pointes de la Gravette
Gravettien ancien à pointes de la Font Robert
Gravettien ancien à pointes de la Gravette
Musées
MAN
MAN
MNPE
MNPE
Collections
Lacorre
Lacorre
Coiffard et Bouyssonie
Coiffard et Bouyssonie
Le Fourneau
du Diable
3 (terrasse inf.)
Gravettien ancien à pointes de la Gravette
MNPE
Peyrony
Le Flageolet I
VII et VI
V
Gravettien ancien à pointes de la Gravette
Gravettien moyen à burins du Raysse
IPGQ
IPGQ
Isturitz
F3/IV et C
Gravettien moyen à burins de Noailles
MAN
Rigaud
Rigaud
Passemard
et Saint-Périer
Peyrony et Bordes
Peyrony et Bordes
La Gravette
Les Vachons
40-38/B’ (est) 40-26/B (ouest)
Gravettien récent
36/F8 (est)
Gravettien final
MAN : musée d’Archéologie nationale, Saint-Germain-en-Laye
MNPE : musée national de Préhistoire des Eyzies, Les Eyzies-de-Tayac
IPGQ : Institut de préhistoire et de géologie du Quaternaire, Bordeaux
Laugerie
Haute
MNPE
MNPE
Tabl. 1 – Corpus d’étude (France).
Gisements
Couches
Attributions chronoculturelles
Lieu de conservation
RUSSIE
Kostienki 1
I
Tradition de « Kostienki-Avdeevo » Musée d’Anthropologie et d’Ethnographie
(complexes 1 et 2)
de Pierre-le-Grand ; Institut d’histoire
de la culture matérielle ; Ermitage
(Saint-Pétersbourg)
Kostienki 21
I
Tradition de « Kostienki-Avdeevo » Institut d’histoire de la culture matérielle
(Saint-Pétersbourg)
Avdeevo
I
Tradition de « Kostienki-Avdeevo » Muséum d’anthropologie de l’université
(complexe 2)
d’État de Moscou
Gagarino
supérieure Tradition de « Kostienki-Avdeevo » Musée historique d’État (Moscou) ;
Muséum d’anthropologie de l’université
d’État de Moscou
Kostienki 4
inférieure et Faciès particulier
Musée d’Anthropologie et d’Ethnographie
supérieure du Gravettien oriental
de Pierre-le-Grand (Saint-Pétersbourg)
RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
Predmosti
x
« Pavlovien »
Institut Anthropos (Muséum morave, Brno)
Pavlov
x
« Pavlovien »
Institut d’archéologie de Dolni Vestonice
Collections
Efimenko/Praslov/
Rogachev et Praslov
Praslov
Gvozdover
Tarasov/Rogachev/
Zamiatnine
Rogachev
Kriz/Absolon/Klima
Klima
Tabl. 2 – Corpus d’étude (Russie et République tchèque).
Bulletin de la Société préhistorique française
2009, tome 106, no 3, p. 437-456
Réflexions sur une innovation technique gravettienne importante : le double rainurage longitudinal
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Fig. 1 – Carte de répartition des sites étudiés en France.
Fig. 2 – Carte de répartition des sites étudiés ou en cours d’étude en Russie et en République tchèque.
1990 ; Averbouh, 2000 ; Goutas, 2004a). La discussion
à laquelle nous nous consacrons dans le présent travail
a pour objectif de poser un certain nombre de réflexions préliminaires concernant les mécanismes
sociologiques et économiques en cause dans l’adoption et la diffusion de ce procédé au sein des sociétés
du Gravettien d’Europe occidentale et orientale. Ceci
Bulletin de la Société préhistorique française
nous conduira à explorer certaines pistes afin d’en
évaluer à la fois les limites et les possibilités. Pour ce
faire, nous nous appuierons sur les études que nous
avons conduites sur l’industrie en matières dures
d’origine animale d’un certain nombre de sites clefs
du Gravettien de France et de la plaine de Russie
(tabl. 1 et 2 ; fig. 1 et 2).
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Nejma GOUTAS
LE DÉBITAGE DES MATIÈRES OSSEUSES À
L’AURIGNACIEN ET AU GRAVETTIEN
Du transfert technique …
Dès l’Aurignacien, les hommes anatomiquement
modernes développent et organisent de façon systématique le travail des matières dures d’origine animale.
Les données actuellement disponibles concernent
presque exclusivement les phases anciennes de l’Aurignacien. À cette époque, deux modalités de débitage
semblent régir l’exploitation des matières osseuses
stricto sensu (os, bois de Cervidé, ivoire) : la fracturation (lancée ou posée) et le refend (Leroy-Prost, 1975 ;
Knecht, 1991b et 1993a ; Delporte, 1998 ; Liolios,
1999 ; Tartar, 2003). La fracturation concerne presque
exclusivement le débitage des os longs du squelette.
Le procédé de refend est, quant à lui, appliqué à toute
matière ou portion de matière cylindrique dont la séparation longitudinale ne peut se faire par fracturation
(supports trop épais ou trop élastiques). Il est ainsi
utilisé sur bois de Cervidé et sur ivoire et permet de
produire rapidement des supports allongés (nommés
baguettes) par fendage d’un tronçon préalablement
obtenu par segmentation transversale. Les supports
produits ne peuvent être longs et très étroits en raison
des risques importants de fractures transversales qui
peuvent se produire lors du fendage (fig. 3). En définitive, l’obtention de ces supports allongés (généralement
larges et épais) est réalisée aux dépens de leur prédétermination technique et morphologique (faible normalisation). L’étape de façonnage est essentielle pour
donner aux objets leurs « caractères morphologiques et
fonctionnels » (Liolios, 2003, p. 220).
Concernant les phases récente et finale de l’Aurignacien (Aurignacien évolué), les données relatives au
débitage et plus largement au travail des matières
osseuses sont encore très lacunaires. Toutefois, et
d’après les travaux d’H. Knecht (1993b, p. 38) sur la
production des pointes en bois de Cervidé durant les
phases aurignaciennes postérieures à l’Aurignacien
ancien (35000-30000 BP), il apparaît que les pointes
losangiques ont été produites à partir de segments de
bois de Cervidé semi-cylindriques obtenus par partition
du bloc d’origine. Le volume des supports est ensuite
fortement réduit au cours de l’étape de façonnage,
notamment par la technique du raclage. Le procédé en
jeu dans ce débitage n’est toutefois pas clairement
décrit (op. cit.). Cependant, l’auteur signalant que le
mode de débitage est le même que celui des pointes à
base fendue (Knecht, 1991b, p. 125), il ne peut donc
s’agir que du débitage par refend. Ceci serait d’ailleurs
cohérent avec le faible degré de prédétermination des
supports utilisés, puisque ces derniers ont nécessité une
importante étape de façonnage pour parvenir à la forme
définitive de la pointe (Knecht, 1993b). Concernant les
pointes biconiques, les informations sont encore plus
ténues : « Spindle-shaped points were manufactured
from a segment of antler sectioned along its length »
Fig. 3 – A : Schéma théorique du débitage par refend (percussion unipolaire) ; B : exemple de baguette en
bois de Renne (faces inférieure et supérieure) obtenue par refend (percussion bipolaire) (Isturitz, Aurignacien
ancien, fouilles C. Normand dir., clichés N. Goutas).
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Réflexions sur une innovation technique gravettienne importante : le double rainurage longitudinal
(Knecht, 2000, p. 31). L’auteur ayant précisément
décrit l’utilisation de la technique du rainurage transversal pour la production notamment des pièces à
languette, il est plus que probable qu’elle y aurait fait
mention si cette technique avait également été utilisée
longitudinalement pour la production des baguettes en
bois de Cervidé (Knecht, 1991b). En définitive, aucun
élément ne laisse présager le recours à un autre procédé
de débitage que le refend pour la production des baguettes en bois de Cervidé durant l’Aurignacien évolué.
L’émergence d’une véritable industrie osseuse à
l’Aurignacien pourrait avoir pour moteur un transfert
des techniques de travail du bois végétal sur les matières dures d’origine animale. Ce transfert de connaissances est d’ailleurs sans doute à l’origine de l’absence
d’innovations techniques plus adaptées au débitage
longitudinal du bois de Cervidé durant l’Aurignacien
(Liolios, 1999 et 2003). Ce n’est que plus tardivement,
au sein des sociétés gravettiennes (± 29000 à
± 20000 BP), que sont développées des solutions techniques permettant un débitage longitudinal beaucoup
plus contrôlé du bois de Cervidé (Goutas, 2000, 2003a
et 2004a).
441
Ce procédé permet de s’affranchir des contraintes
morphologiques et volumétriques du bloc de matière
osseuse, pour obtenir des supports parfaitement prédéterminés. Ceux-ci, se présentant généralement sous la
forme de baguettes, peuvent alors être reproduits en
série, ce qui va permettre aux groupes gravettiens de
normaliser, davantage que leurs prédécesseurs
…À l’innovation technique
Un procédé simple aux implications novatrices
Comme son nom l’indique, le double rainurage,
procédé conceptuellement simple, consiste à réaliser
deux rainures longitudinales, convergentes ou parallèles, afin de délimiter le contour précis du support que
l’on souhaite obtenir (fig. 4 et 5). Ensuite, et lorsque
cela est nécessaire, le futur support est sectionné à
l’une ou à ses deux extrémités selon différentes techniques (sciage, rainurage, etc.), avant d’être définitivement détaché du bloc (généralement par éclatement en
percussion indirecte).
Fig. 4 – Schéma théorique du débitage de baguette par double rainurage
longitudinal. A : convergent parallèle (Semenov, 1964, fig. 78 et 79) ;
B : parallèle (d’après Bordes, 1969, in Averbouh, 2000, fig. 73d,
p. 82).
Fig. 5 – A et B : matrices d’extraction ; C et D : baguettes (bois de Cervidé) débitées par double rainurage longitudinal et parallèle (A, B et C : Isturitz,
MAN, Gravettien moyen à burins de Noailles ; D : Laugerie Haute) (clichés N. Goutas).
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aurignaciens, leurs productions et de diversifier leurs
équipements en jouant sur cette nouvelle forme « artificielle » de support. Il est en outre intéressant de souligner
que le double rainurage ne se substitue pas définitivement aux traditions techniques aurignaciennes, puisque
durant certaines phases du Gravettien en France (Goutas,
2003b), ainsi que sur le site morave de Pavlov (Klima,
1987 ; Goutas et Zelinkova, étude en cours), des variantes
du refend sont encore employées.
D’après nos recherches sur plus d’une dizaine de
séries appartenant à toutes les phases du Gravettien en
France (cf. tabl. 1), il apparaît, par ailleurs, que les
fabricants n’ont pas jugé nécessaire de produire des
supports aussi fortement prédéterminés et normalisés
que leurs successeurs magdaléniens (Goutas, 2004b).
La gestion générale des blocs débités par double rainurage est, en outre, moins codifiée qu’au Magdalénien,
où ce type de débitage est associé à des déchets relativement stéréotypés (Averbouh, 2000). Nous avons
montré qu’au sein de la grotte d’Isturitz l’organisation
et la morphologie même des rainures (stigmates d’entame ou de butée de fin de rainurage…) sont très différentes de ce que l’on observe sur ce même gisement
au Magdalénien (Goutas, 2004b ; Pétillon, 2006).
Si ce constat révèle une plus grande souplesse des
normes de production gravettiennes, elle n’engage pas
pour autant une plus faible maîtrise des savoir-faire. Il
serait tentant en effet d’interpréter ce constat comme
l’expression d’un tâtonnement technique où l’application
du double rainurage tendrait à se perfectionner progressivement, jusqu’à atteindre une maîtrise parfaite au sein
des sociétés magdaléniennes 4. Critiqué depuis longtemps dans son application à l’anthropologie autant qu’à
l’archéologie préhistorique, ce raisonnement s’inscrit
dans le postulat d’une évolution linéaire et rigide des
structures sociales et économiques des groupes humains
(Clastres, 1974 ; Sahlins, 1976 ; Testart, 1982).
Un procédé réellement d’origine gravettienne ?
Actuellement, les données concernant l’utilisation du
double rainurage antérieurement au Gravettien sont très
rares et ne concernent qu’un nombre très limité d’objets
dont le contexte stratigraphique est parfois discuté,
comme pour les niveaux châtelperroniens d’Arcy-surCure (Leroi-Gourhan, 1961 ; Baffier et Julien, 1990 ;
White, 1993 et 2002 ; Taborin, 2002), ou bien encore
les niveaux aurignaciens du site de Goyet en Belgique
(Otte, 1977). Selon H.M. Bricker (1995, p. 193-197),
le double rainurage, qu’il désigne sous le terme de
« procédé du ciseau », serait attesté à l’abri Pataud dès
l’Aurignacien ancien au sein de la couche 14 (un objet),
ainsi qu’au sein de la couche 11 (deux objets). Toutefois, et selon C. Vercoutère qui a récemment repris
l’étude des industries osseuses de ce site, aucun artefact
n’atteste de l’utilisation de ce procédé dans les niveaux
aurignaciens (Vercoutère, 2004). La simple technique
du rainurage a, en revanche, été ponctuellement observée sur du matériel de l’Aurignacien ancien par E. Tartar
(2003) et A. Bertrand sur le site de Brassempouy dans
les Landes, et par M. Julien et D. Baffier à Arcy-surBulletin de la Société préhistorique française
Nejma GOUTAS
Cure (comm. pers. A. Bertrand ; Baffier et Julien, in
Averbouh et Provenzano, 1999). Elle fut peut-être aussi
utilisée sur une pièce dans l’Aurignacien évolué de
l’abri Pataud (Vercoutère, 2004). Enfin, cette technique
a également intégré le fendage, procédé utilisé sur les
gisements aurignaciens d’Allemagne pour le débitage
de l’ivoire (Hahn, 1995).
En définitive, ce n’est qu’à partir du Gravettien que,
dans le cadre de la méthode du débitage par extraction,
l’usage du double rainurage longitudinal est clairement
identifié (E. Peyrony, 1934 ; D. Peyrony, 1934 ; Otte,
1981 ; Julien, 1982 ; Goutas, 2000, 2003a et b). On
retrouve alors régulièrement tous les éléments constitutifs de sa chaîne opératoire, du déchet de débitage à
l’objet fini. Les sociétés gravettiennes sont donc assurément les premières à le systématiser à une très large
échelle et, en ce sens, l’usage de ce procédé, en tant
que savoir-faire transmissible, n’émerge réellement
qu’à cette époque (Goutas, 2004a et b).
Apparition et diffusion du double rainurage
en Europe : perspectives paléohistoriques
Bien que l’Europe centrale soit généralement considérée comme le ou l’un des principaux foyers d’émergence et de diffusion du Gravettien en Europe (Kozlowski, 1989 ; Djindjian et al., 1999), rien ne permet
d’affirmer que c’est aussi dans cette région qu’est
utilisé pour la première fois le double rainurage. Selon
M. Otte, la première évidence de l’usage de la « technique d’extraction de languettes par sillons parallèles »
dans cette région daterait de la phase moyenne de
Willendorf (28000-25000 BP) et se développerait dans
sa phase récente (aux alentours de 25000 BP) (Otte,
1981 et 1991). En France, ce procédé est attesté dès la
phase ancienne du Gravettien (28000-26000 BP), dont
les fourchettes chronologiques sont plus ou moins
contemporaines de la phase moyenne de Willendorf. Il
n’est donc pas possible, pour l’heure, de statuer sur le
foyer d’émergence de ce procédé (Goutas, 2004b).
Concernant les sociétés gravettiennes d’Europe orientale (Russie), majoritairement plus tardives (environ
23000 BP-20000 BP) 5 que celles d’Europe centrale et
occidentale, l’usage du double rainurage est, pour
l’heure, attesté aux alentours de 23500-22500 BP
(Kostienki 4) 6 (Goutas, en préparation).
Compte tenu de l’aire géographique et chronologique concernée, et de la rareté des études sur la
question, il n’est pas encore possible de comprendre
où « naît » ce procédé, comment il se diffuse dans
l’Europe gravettienne (migration de population et/ou
échanges de savoir-faire), selon quel rythme et quel(s)
sens de progression.
L’extraction de baguette par double rainurage
et le débitage laminaire :
une analogie conceptuelle ?
La plus ancienne référence bibliographique que nous
ayons retrouvée sur le double rainurage est celle de
2009, tome 106, no 3, p. 437-456
Réflexions sur une innovation technique gravettienne importante : le double rainurage longitudinal
P. Cazalis de Fondouce, qui le décrit dès 1871, sans
pour autant le nommer, dans des niveaux de « l’époque
du Renne » de la Salpêtrière. Cet auteur décrit avec
précision les deux principales étapes de ce procédé de
débitage. Ceci est d’autant plus intéressant que P. Cazalis de Fondouce écrit à une époque où l’on connaît
mal le travail des matières osseuses au Paléolithique.
Il souligne notamment l’intérêt d’une pièce intermédiaire pour le détachement final de la baguette, idée
qui sera à nouveau développée par plusieurs auteurs,
et en particulier par A. Rigaud qui l’expérimenta (1984)
et l’identifia sur le matériel de la Garenne (Indre). Ce
qui intéresse directement notre propos à ce stade, c’est
que P. Cazalis de Fondouce emploie un vocabulaire
spécifique au travail de la pierre pour désigner l’objectif de ce procédé de débitage : l’obtention d’un support
prédéterminé de morphologie particulière, allongé et
régulier, qu’il désigne comme « lame » et qu’aujourd’hui
il est d’usage de nommer « baguette ». Ce parallèle avec
le lithique est très intéressant car il existe, en effet, une
analogie conceptuelle très importante entre le débitage
laminaire et le débitage par extraction de baguette
(supports morphologiquement très proches, produits
en série à partir d’un même bloc) : les « concordances
dans la conception de la production sont si frappantes »
pour les périodes magdaléniennes qu’A. Averbouh
propose l’emploi du terme de « débitage baguettaire »
(Averbouh, 2000, p. 154). Il est en outre intéressant de
souligner que les débitages laminaire et baguettaire
tiennent une place essentielle dans les modes de production des supports au Magdalénien. À cette époque,
la recherche de supports très standardisés, parfois de
dimensions exceptionnelles, produits selon des normes
de production très codifiées, se fait très présente tant
dans l’industrie lithique (Pigeot, 1987 ; Olive, 1988 ;
Valentin, 2006) que dans l’industrie osseuse (Chech,
1974 ; Camps-Fabrer, 1976 ; Julien, 1982 ; Averbouh et
al., 1999 ; Averbouh, 2000 ; Pétillon, 2006).
LE DOUBLE RAINURAGE : PERSPECTIVES
PALÉTHNOLOGIQUES
Une innovation en réponse
à quel(s) nouveau(x) besoin(s) ?
La mutation technique, économique et conceptuelle
que constitue le débitage de baguette par double rainurage nous renvoie donc à plusieurs questions : pourquoi
ce changement dans la manière de concevoir et de
mettre en œuvre l’exploitation des blocs et la production des supports ? À quel(s) nouveau(x) besoin(s) répond cette innovation technique ?
Une recherche d’économie
de la matière première ?
Le contrôle accru qu’autorise le double rainurage
longitudinal a-t-il favorisé une exploitation moins dispendieuse de la matière première ? Et cette dernière
serait-elle le ou l’un des facteurs en cause dans ce
Bulletin de la Société préhistorique française
443
changement de débitage ? La prudence est ici de rigueur
car la gestion des stocks de matières premières dépend
profondément de la disponibilité des ressources exploitées et des choix techno-économiques des populations
étudiées qui, pour le peu que nous en connaissons, sont
loin d’avoir été uniformes sur des milliers d’années.
Par ailleurs, il apparaît que sur plusieurs sites du Paléolithique supérieur – Isturitz (Gravettien et Magdalénien), la Vache, Enlène (Magdalénien) – ce débitage
tient une place fondamentale dans la production de
l’équipement, sans que ne transparaisse pour autant une
quelconque pénurie ou raréfaction des principales
matières premières auxquelles il est appliqué (l’os et/ou
le bois de Renne) (Averbouh, 2000 ; Goutas, 2004b ;
Pétillon, 2006). En revanche, comme nous le verrons
plus tard dans le cadre de l’Europe orientale, l’absence
de certaines matières premières a néanmoins pu, en
partie, jouer sur la faible utilisation de ce procédé.
Une recherche de plus grande productivité
des blocs exploités ?
Le procédé du double rainurage, permettant d’extraire exactement la portion de matière désirée, autorisait une meilleure gestion des blocs, voire, en théorie,
pouvait conduire à leur exploitation optimale. À partir
d’un même bloc de matière, on peut ainsi produire
davantage de baguettes qu’avec le débitage par refend
et en prévoir précisément le nombre et leur morphologie. Si ces paramètres, difficilement quantifiables,
ont pu jouer un rôle non négligeable dans ce changement de débitage, il apparaît toutefois que les fabricants
gravettiens n’ont pas recherché une application « optimale » de ce procédé (car sans doute superflue quant à
leurs besoins), comme en témoigne l’abandon fréquent
de matrices pouvant encore fournir des baguettes (Goutas, 2004b) 7. Il n’en reste pas moins que le double
rainurage est théoriquement plus productif en nombre
de supports que le refend.
Bien que les données expérimentales et archéologiques soient encore insuffisantes, on peut aussi se
demander si le recours à l’éclatement en percussion
indirecte dans le cadre du refend ne générait pas davantage de risques de ratés de fabrication (déviation
incontrôlée de l’onde de fracture) que le double rainurage. En effet, le double rainurage agissant par usure
progressive et continue de la matière (Averbouh et
Provenzano, 1999), il autorise un contrôle précis de la
future ligne de fracturation délimitant le support.
Comme le montre l’expérimentation, l’étape la plus
délicate dans l’application de ce procédé consiste
principalement en l’amorce du rainurage. Une fois
celle-ci réalisée, elle permet de guider l’outil en silex
et évite à ce dernier de déraper et de sortir de son tracé,
ce qui créerait des sillons divergents qui pourraient
compromettre le rainurage (Dauvois, 1975). En revanche, avec le refend, la part d’aléatoire inhérente à
une action d’éclatement en percussion indirecte ne
peut être totalement maîtrisée. Enfin, et sans minimiser
les compétences que nécessite l’apprentissage du
double rainurage, celles-ci étaient probablement moins
2009, tome 106, no 3, p. 437-456
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complexes à acquérir que celles en jeu dans le débitage
par refend, encore fortement contraint par les propriétés mécaniques du matériau exploité (comm. pers.
A. Averbouh). En effet, et selon les travaux de
G. Albrecht (1977), le bois de Renne est le matériau
qui résiste le mieux aux chocs (par comparaison avec
l’os et l’ivoire), en raison de son importante élasticité,
liée à son faible degré de minéralisation. Il possède en
outre l’un des plus bas module de Young, ce qui lui
confère la plus grande capacité d’absorption d’énergie
imprimée sans se fracturer (la plus grande résilience).
Un gain de temps dans la fabrication
de l’équipement ?
Le recours au double rainurage ne peut être considéré comme un gain de temps dans la fabrication de
l’équipement, puisque si l’étape de façonnage est beaucoup moins importante qu’à l’Aurignacien, en revanche
le débitage par double rainurage constitue une étape
beaucoup plus longue que le débitage par refend. En
ce sens, le temps gagné à un moment de la chaîne
opératoire est réinvesti à un autre moment (Goutas,
2003 et 2004b). Le refend et le double rainurage renvoient en quelque sorte à deux conceptions différentes
de la chaîne opératoire. Aucun de ces deux procédés
de débitage ne peut donc, dans l’absolu, être considéré
comme plus avantageux que l’autre, tout dépend des
besoins et des conditions de leur utilisation. Ce qui est
peut-être plus significatif, c’est pourquoi l’investissement porté en aval de la production est désormais
réinvesti en amont de cette dernière ?
Une anticipation de la production ?
Dans un contexte de fractionnement de la chaîne
opératoire, et en tenant compte de la question de la
mobilité des groupes humains, de la présence/absence
des matières premières, de la diversité fonctionnelle
des sites (elle-même liée à la variation des cycles d’activité au sein d’un même territoire), le débitage de
baguette par double rainurage offrait peut-être des
possibilités techno-économiques particulièrement intéressantes. Rappelons qu’en France, le bois de Cervidé, matériau principalement associé aux débitages
par double rainurage durant le Gravettien (Goutas,
2004a) et par refend durant l’Aurignacien (Liolios,
1999), est une matière première moins accessible que
l’os. En effet, son cycle de croissance annuel en fait,
pendant une partie de l’année (après la période de chute
qui varie suivant l’espèce, l’âge et le sexe), une matière
soit indisponible soit de piètre qualité (bois en cours
de croissance et incomplètement calcifiés). De fait, on
peut envisager que le débitage de baguette par double
rainurage permettait une meilleure gestion des ressources et une anticipation plus importante des besoins
puisque, comme nous l’avons vu, il est théoriquement
plus productif que le refend. Dans une démarche prévisionnelle, les hommes ont ainsi pu transporter une
Bulletin de la Société préhistorique française
Nejma GOUTAS
quantité plus importante de supports bruts, ce qui,
suivant les contextes, pouvait avoir certains avantages.
La mise en forme d’un support déjà prédéterminé étant
plus rapide que celle d’une baguette obtenue par refend, elle permettait peut-être une plus grande flexibilité dans l’organisation temporelle et spatiale de la
production. À titre d’exemple, un individu ou un groupe
d’individus pouvait partir loin du campement avec son
équipement qu’il pouvait renouveler rapidement si
besoin était, en emportant avec lui des supports bruts
déjà préformés, ou tout du moins morphologiquement
et métriquement proches de l’objet fini recherché.
Enfin, ce surplus de baguettes « quasi prêtes à emploi »
permettait, si la situation se présentait, de palier un
éventuel manque de matière première sur le lieu d’habitat suivant et donc de gérer sa consommation future.
Un procédé fortement engagé
dans la production des armes de chasse
L’étape de débitage ne constituant pas une fin en soi
mais seulement un moyen de parvenir à un résultat
recherché, il est essentiel de prendre en compte la finalité même du débitage, c’est-à-dire, au-delà des
supports obtenus, l’équipement produit à partir de ces
derniers. « Un nouveau mode de débitage n’a de succès
que par celui des nouveaux produits auquel il est associé » (Pelegrin, 2000, p. 82). Si l’on s’intéresse maintenant aux objectifs de production, on s’aperçoit qu’au
cours du Gravettien, en France, cette innovation technique a accompagné de profonds changements dans
l’équipement. On voit notamment apparaître la « baguette demi-ronde » (Aitzbitarte IV, Fongal, Pataud…)
(Feruglio, 1992). Bien que peu nombreuses au Gravettien, leur production est profondément liée au double
rainurage longitudinal car il s’agit du seul procédé à
même de répondre aux exigences de standardisation
que nécessite leur fonctionnement supposé (Goutas,
2004b), à savoir une utilisation deux à deux par accolement des pièces au niveau de leur face plane (Feruglio et Buisson, 1999 ; Rigaud, 2006). Leur fonction
est, en revanche, plus difficile à appréhender et aucun
objet ethnographique ne peut leur être rapproché. Si
certaines d’entre elles ont pu être utilisées comme armatures de trait, pour d’autres, cette hypothèse fonctionnelle est peu vraisemblable. La baguette demironde apparaît, en définitive, comme un type technique
qui a pu être assujetti à différents usages (Feruglio,
1992 ; Rigaud, 2006).
Le double rainurage fut aussi employé pour la production des armatures de projectile et de certains outils
domestiques. Toutefois, si la production des outils a
fait intervenir plusieurs techniques ou procédés, celle
des armatures de chasse est, pour l’heure, exclusivement mise en œuvre par double rainurage (Goutas,
2004b). Ces constats étant posés et afin de comprendre
le lien qui semble unir ce procédé de débitage à cet
équipement hautement spécialisé, il nous faut, au préalable, revenir sur plusieurs points essentiels caractérisant les pointes gravettiennes.
2009, tome 106, no 3, p. 437-456
Réflexions sur une innovation technique gravettienne importante : le double rainurage longitudinal
Une diminution des pointes de projectile osseuses
entre l’Aurignacien et le Gravettien ?
À ce niveau de notre réflexion, il nous semble important de revenir sur une assertion que l’on retrouve
fréquemment dans la littérature archéologique, à savoir
le quasi-abandon des armatures en matières osseuses
au profit de celles en pierre durant le Gravettien en
France (Knecht, 1991b et 1997 ; Cattelain, 1995 ;
O’Farrell, 2004). Or, il nous semble que ce constat
doive être fortement pondéré, car en réalité la fréquence
des pointes de projectile en matières osseuses est très
variable suivant les séries et les périodes étudiées. Sur
certains sites, elles sont effectivement très peu nombreuses (le Flageolet I, c. VII et VI ; la Gravette, c. inf.
et sup. ; les Vachons c. 3, etc.), notamment durant le
Gravettien ancien. Mais on constate en parallèle que
l’industrie osseuse dans son ensemble est aussi numériquement faible et souvent mal conservée. Les armes
de chasse en matières osseuses sont aussi peu nombreuses au sein de la couche 5 (Gravettien ancien) de
l’abri Pataud, puisque sur plus d’une centaine d’artefacts, seuls quatre pointes de projectile en bois de
Cervidé et deux fragments pouvant se rapporter à cette
catégorie typofonctionnelle y ont été recensés (Vercoutère, 2004, p. 155).
En revanche, la situation est très différente au sein
de séries riches et présentant un bon état de conservation. Nous avons ainsi identifié plus de 150 8 pointes
ou fragments d’objets appointés morphologiquement
et techniquement compatibles avec cette catégorie typofonctionnelle dans le Gravettien moyen de la grotte
d’Isturitz, environ une centaine dans le Gravettien récent de Laugerie Haute et près d’une trentaine dans le
Gravettien final de ce même abri (Goutas, 20004b et
sous presse).
Il est aussi intéressant de souligner que c’est à partir du Gravettien moyen que les témoins relatifs au
débitage par double rainurage (déchets, supports, objets
finis) sont les plus nombreux. Bien que cet état de fait
puisse être en partie amplifié par un état de la recherche
(davantage de séries d’industrie osseuse sont connues
pour le Gravettien moyen) et les problèmes de conservation qui caractérisent la plupart des séries rattachées
aux phases anciennes que nous avons étudiées, il est
aussi possible que cela traduise une réelle évolution
des comportements techno-économiques au cours du
Gravettien, la part des pointes en matières osseuses au
sein de l’équipement de chasse augmentant entre les
phases anciennes et moyennes.
A contrario, on peut se demander si notre perception
de l’importance quantitative des pointes osseuses durant l’Aurignacien n’a pas été amplifiée par la difficulté
de reconnaissance des armatures lithiques et par une
focalisation particulière de la recherche sur le Périgord
et sur les phases anciennes de l’Aurignacien. Il est vrai
que dans ce contexte chronologique et géographique,
les pointes sont relativement abondantes – H. Knecht
(1993b, p. 34) a ainsi dénombré 341 pointes à base
fendue sur 16 sites français 9 – mais ne s’agit-il pas là
davantage d’un épisode particulier au sein de l’Aurignacien que le reflet de la norme aurignacienne ? En
Bulletin de la Société préhistorique française
445
effet, il nous semble que les données sont encore trop
lacunaires sur les phases très anciennes (Aurignacien
« archaïque ») et récentes de l’Aurignacien pour pouvoir ériger ce constat en modèle chronoculturel et plus
encore comme éléments diagnostiques d’une évolution
majeure des comportements entre l’Aurignacien et le
Gravettien.
En définitive, et en l’état actuel de la recherche, s’il
est vrai qu’en France les fabricants gravettiens ont
majoritairement investi la pierre pour constituer une part
importante de leur équipement de chasse, il n’en demeure pas moins que sur certains sites et durant certaines périodes, les pointes en bois de Cervidé ont joué
un rôle non négligeable dans les activités cynégétiques,
comme en témoigne leur nombre. Par ailleurs, et de
manière générale, il serait absurde de vouloir opposer
de façon stricte sur le plan quantitatif, fonctionnel et
économique, une armature lithique à une armature en
bois de Cervidé et ce pour plusieurs raisons :
- la possibilité d’une utilisation conjointe de ces deux
types d’armatures (une pointe en bois de Renne ayant
pu être associée à plusieurs microlithes) ;
- la plus grande longévité des pointes de projectile en
bois de Cervidé (Knecht dir., 1997) ;
- la conservation différentielle des artefacts en matières
osseuses qui biaise, de fait, notre perception des
corpus préhistoriques ;
- la difficulté d’approvisionnement en bois de Renne
en raison de son cycle de croissance annuelle (voir
notamment Bouchud, 1966 et Averbouh, 2000) et la
complexité des schémas opératoires mis en œuvre
dans la transformation des matières osseuses, qui ont
sans nul doute joué un rôle non négligeable 10 dans
le fait que les hommes aient surtout choisi la pierre
pour ce type de production. La production d’une
armature lithique, même si elle nécessite un certain
niveau de savoir-faire, est une opération beaucoup
plus rapide que la production d’une armature en bois
de Renne (Knecht, 1991b ; Cattelain, 1995).
Pour être en mesure d’évoquer une réelle décroissance des armatures osseuses entre l’Aurignacien et le
Gravettien, cela nécessiterait de comparer, dans un
premier temps et termes à termes, les productions osseuses de la fin de l’Aurignacien avec celles du début
du Gravettien, en tenant compte des problèmes de
conservation différentielle, de la fonction des sites et
du biotope environnant. Or, comme nous l’évoquions
plus haut, les données disponibles sur le Gravettien
ancien permettent difficilement de conduire une comparaison totalement pertinente. Concernant les phases
récentes de l’Aurignacien, à notre connaissance, les
seules données disponibles sur l’industrie osseuse (et
qui ne proviennent pas d’un contexte stratigraphique
problématique ou insuffisamment documenté) sont
celles de l’Aurignacien évolué de l’abri Pataud (c. 8,
7 upper et c. 6). Les données sont, cette fois encore,
difficilement exploitables car l’industrie osseuse y est
peu importante. La couche 8 n’a ainsi livré que trois
artefacts, mais aucun se rapportant à la catégorie des
pointes de projectile. La couche 7 lower a livré
2009, tome 106, no 3, p. 437-456
446
22 pièces d’industrie osseuse dont un fragment de
« sagaie » en bois de Cervidé, la couche 7 upper est
encore plus pauvre avec seulement deux pièces d’industrie osseuse dont une pointe losangique (Vercoutère,
2004, p. 111-132 ; Chiotti, 2005). Enfin, la couche 6
n’aurait livré aucun élément d’industrie osseuse (Gregoriani, 1996). En définitive, si l’on resserre la focale
sur la transition Aurignacien/Gravettien, il est encore
plus délicat d’affirmer qu’il existe une diminution des
armes de chasse entre ces deux périodes.
Des mutations dans la forme
et les aménagements des pointes de projectile
Ces précisions importantes posées, nous pouvons
poursuivre en signalant un autre fait important concomitant à l’apparition du double rainurage, à savoir un
changement de morphologie des pointes osseuses : les
pointes gravettiennes sont en effet beaucoup plus fines
et plus normées 11 que les pointes aurignaciennes
(Knecht, 1991a ; Liolios, 1999 ; Goutas, 2004b). Ces
changements s’accompagnent aussi de modifications
dans les aménagements mésiaux et proximaux des
pointes, dont certains induisent de nouveaux systèmes
d’emmanchement des armatures (fig. 6). On constate
ainsi une disparition des pointes à base fendue et des
pointes massives à base losangique, tandis que les
doubles-pointes (ou pointes biconiques) persistent et
qu’apparaissent les pointes à biseau simple (les Vachons, la Gravette), à biseau double (les Vachons), à
méplat mésial, à incisions mésiales, « à aménagement
de type Isturitz » (Pataud, Isturitz) (Knecht, 1991b et
1997 ; Bricker, 1995 ; Goutas, 2004b et 2008) (tabl. 3).
Nejma GOUTAS
Les doubles-pointes et les pointes à biseau double
renvoient à un système « d’emmanchement mâle »
(connu dès l’Aurignacien), tandis que les pointes à
biseau simple et celles à méplat mésial inaugurent un
nouveau système : « l’emmanchement par contact » 12
(Pétillon, 2006) (fig. 7).
L’apparition des pointes à biseau simple et notamment de l’emmanchement par contact oblique au Gravettien avait, selon H. Knecht (1991a), peut-être pour
objectif de réduire les dommages subis par les hampes
ou les préhampes en bois végétal, ce type d’emmanchement étant, selon cet auteur, moins destructeur lors
d’impacts violents qu’un emmanchement nécessitant
l’insertion de l’armature dans la hampe ou la préhampe.
Sans remettre en cause cette hypothèse, il nous semble
toutefois nécessaire de pondérer l’importance des
pointes à biseau simple dans les systèmes cynégétiques
gravettiens en France. S’il est vrai que ce type de pointe
est surtout représenté dans les phases récente et finale
du Gravettien au sein des sites de Laugerie Haute et de
l’abri Pataud (Knecht, 1991b, p. 120), même durant
ces périodes il est assez peu représenté. Lors de l’étude
que nous avons conduite sur les collections de Laugerie Haute, nous avons en effet identifié une vingtaine
de pointes à biseau simple pour le Gravettien récent et
quatre pièces seulement pour le Gravettien final 13
(Goutas, 2004a). Si l’on s’en réfère aux autres phases
du Gravettien, ce type de pointe est encore plus rare.
Le Gravettien moyen à burins de Noailles de l’abri
Pataud (c. 4) n’a ainsi livré que deux pointes de ce type
(Vercoutère, 2004, p. 195). En outre et au terme de la
révision critique de la stratigraphie et des collections
d’industrie osseuse de la grotte d’Isturitz (niveaux à
Noailles), nous avons montré qu’une partie des pointes
Fig. 6 – Morphologie des pointes osseuses connues au Gravettien en France. A : à incisions mésiales (Pataud, in David, 1985, fig. 31) ; B : à rainure
mésiale longitudinale (Pataud, in Bricker, 1995, fig. 20) ; C : à étranglement proximal (Laugerie Haute est, in Peyrony, 1938, fig. 16) ; D : à méplat mésial
(Pataud, in David, 1985, fig. 20) ; E : à biseau simple (Pataud, ibid.) ; F : à aménagement de type « Isturitz » (Pataud, in David, 1985, fig. 45).
Bulletin de la Société préhistorique française
2009, tome 106, no 3, p. 437-456
Réflexions sur une innovation technique gravettienne importante : le double rainurage longitudinal
TYPES/SITES
Pointes à biseau simple facial
Pointe à biseau simple latéral
Pointe à biseau double
Pointe de type Isturitz
Double-pointe simple
GRAVETTIEN
GRAVETTIEN
ANCIEN
MOYEN
les Vachons, la Gravette Isturitz, Pataud
les Vachons c. 4
les Vachons c. 4,
le Fourneau du Diable,
c. 3, terrasse inférieure
le Fourneau du Diable,
la Gravette, les Vachons
Double-pointe à incisions mésiales
Double-pointe large et plane
Pointe à rainure mésiale
la Gravette, les Vachons,
Pataud
Pointe à méplat mésial
Pataud
447
GRAVETTIEN
RECENT
Laugerie Haute
GRAVETTIEN
FINAL
Laugerie Haute est,
Pataud
Isturitz
Isturitz
Isturitz c. III, Pataud,
le Facteur, les Battuts,
Labattut
Isturitz, Pataud
Laugerie Haute
Laugerie Haute
Laugerie Haute
Laugerie Haute est
Laugerie Haute, Pataud
Laugerie Haute est
Isturitz c. III
Isturitz c. F3/IV
Isturitz, les Battuts
Laugerie Haute, Pataud
Laugerie Haute est
Laugerie Haute
Pataud
Isturitz c. III
Laugerie Haute, Pataud
Laugerie Haute est,
Pataud
Laugerie Haute est
Pointe à étranglement proximal
Tabl. 3 – Tableau synthétique sur la répartition chronologique et par type des pointes osseuses au cours du Gravettien, en France.
Fig. 7 – Systèmes d’emmanchement des pointes gravettiennes : double-pointe et pointe à biseau simple (selon Knecht, 1991b, fig. 4, modifiée) ; pointe
à méplat mésial (selon D. et E. Peyrony, 1938, fig. 12).
à biseau simple était intrusive et provenait des niveaux
solutréens et magdaléniens sus-jacents. Concernant le
Gravettien ancien, et au sein des séries étudiées, nous
n’avons pu isoler qu’une pointe à biseau simple (les
Vachons, c. 3). Enfin, M. Féaux signale une pointe
« fine et à biseau exceptionnellement long » à la Gravette (in Sonneville-Bordes, 1960, p. 181) mais que
nous n’avons pas retrouvée lors de notre étude. En
définitive, la morphologie d’armature osseuse la plus
répandue au Gravettien, en France, n’est pas la pointe
à biseau simple mais la double-pointe, déclinée sous
diverses variantes (voir Goutas, 2004b).
Bulletin de la Société préhistorique française
Si le lien direct entre toutes les mutations que nous
venons d’évoquer (apparition du double rainurage,
changement morphologique et diversification des
pointes osseuses) reste difficile à démontrer, il est
néanmoins très probable que ces convergences soient
porteuses de sens. Des observations similaires faites en
industrie lithique ont ainsi conduit certains chercheurs
(Pelegrin, 2000 ; Valentin, 2006) à s’interroger sur la
possibilité d’un lien subtil entre une « modification des
techniques de débitage et cet autre changement capital,
la transformation des engins de chasse » (Valentin,
2006, p. 142). Bien que cette hypothèse se fonde sur
2009, tome 106, no 3, p. 437-456
448
des contextes différents (le Magdalénien et l’Azilien)
et principalement sur l’industrie lithique, il nous semble
intéressant d’aborder nos propres problématiques sous
cet angle. Ainsi, et selon J. Pelegrin (2000), ces modifications (diminution des armatures en matières
osseuses au profit de nouvelles armatures lithiques,
modification dans les modalités de débitage : techniques, choix des percuteurs, etc.) pourraient être l’expression d’importants changements dans les techniques
et les stratégies de chasse.
Un nouveau procédé de débitage pour répondre
à de nouveaux besoins cynégétiques ?
Partant des différents constats précédemment évoqués et en nous appuyant sur les données paléoenvironnementales et archéozoologiques disponibles,
nous nous interrogerons sur la possibilité que des
changements dans les modes de prédation (techniques/
stratégies) des gibiers entre l’Aurignacien et le Gravettien aient pu jouer un rôle dans l’abandon du refend au
profit du double rainurage pour la production des armes
de chasse en bois de Cervidé. Ceci nous conduira à
aborder des questions complexes concernant l’évolution des systèmes techniques des armes de chasse.
Même si elles dépassent le cadre de notre recherche et
le propos principal de cet article, ces problématiques
nous permettent de comprendre les mécanismes en
cause dans l’invention du double rainurage au début du
Gravettien et dans sa diffusion en Europe. Du fait
même de l’interconnexion entre les différentes sphères
de la culture matérielle, nous intègrerons notre propos
aux problématiques actuelles sur l’évolution des systèmes techniques en pierre, d’autant que, comme nous
le verrons, certaines des observations faites en industrie
osseuse trouvent leurs pendants en industrie lithique.
Mais au préalable, il nous faut rappeler quelques données générales sur l’Aurignacien évolué et le Gravettien ancien.
Des données paléoclimatiques
aux espèces chassées…
Les occupations connues de l’Aurignacien récent
(31500-30000 BP) prennent place pendant l’oscillation
tempérée et humide d’Arcy. À partir de 30000 BP,
l’Aurignacien final connaît une péjoration climatique
en Périgord, puis à partir de 29000 BP de nouveau un
épisode climatique tempéré et très humide dénommé
l’épisode de Maisières (Djindjian et al., 1999). Les
occupations rattachées à la fin de l’Aurignacien sont
rares et nous manquons de données essentielles pour
comprendre quels changements précis se produisent
avec les débuts du Gravettien. En l’état actuel des recherches, l’Aurignacien évolué n’est, pour l’heure,
réellement attestés qu’au sein des niveaux 6, 7 upper
et 8 de l’abri Pataud (Chiotti, 2005), tandis que les
couches F et G de la Ferrassie doivent être considérées
avec beaucoup de prudence tant qu’une révision critique des séries et de la stratigraphie n’aura pas été
Bulletin de la Société préhistorique française
Nejma GOUTAS
effectuée (comm. pers. D. Pesesse). Enfin, la couche 15
de l’abri du Facteur, où H. Delporte (1984) découvrit
une industrie qu’il dénomma « Aurignaco-Périgordien »,
ne peut, en l’état actuel, être prise en compte en raison
des grands problèmes géoarchéologiques qui caractérisent cette série (comm. pers. D. Pesesse).
Concernant le Gravettien, il s’inscrit dans une période de péjoration climatique de grande ampleur qui
marque les débuts du dernier Pléniglaciaire. En France,
cette période froide et aride est entrecoupée de phases
plus humides telles que celles de Kesselt (2900027000 BP) et de Tursac (26000-24000 BP) (Kozlowski,
1991).
Si les changements climatiques qui accompagnent
les débuts du Gravettien ont eu une influence sur les
biotopes environnants (en termes de faune et de flore),
il est toujours difficile de comprendre la signification
des ensembles fauniques retrouvés. Le choix des gibiers, au delà des paramètres environnementaux, dépend aussi profondément de la nature et de la saison
d’occupation des sites. Dès lors, il est difficile de déterminer si des variations dans les cortèges fauniques
entre l’Aurignacien et le Gravettien révèlent réellement
des évolutions du climat, des changements dans les
activités ou bien encore dans les comportements de
subsistance des uns par rapport aux autres. Les données
sur la transition Aurignacien/Gravettien faisant défaut,
intéressons-nous uniquement au Gravettien. Il apparaît
ainsi que sur les gisements gravettiens du Sud-Ouest
de la France, l’espèce la plus représentée est généralement le Renne, même si d’autres espèces ont été
consommées (Cerf, Cheval…) (Bouchud, 1975 ; PikeTay, 1993 ; Enloe, 1993 ; Delpech, 1993 ; Sekhr, 1998 ;
Cho, 1998 ; Delpech et al., 2000 ; Fontana, 2000,
Vannoorenberghe, 2003 ; Vercoutère, 2004). En revanche, pour le Massif central, c’est le Cheval qui est
la proie majoritaire (Lacarrière, 2007). Cela signifie
t-il que les Gravettiens ont pratiqué une chasse « spécialisée » autour d’espèces différentes (Renne et Cheval) au sein de ces deux aires géographiques ? Comme
l’ont souligné plusieurs auteurs (Costamagno, 2004 ;
Pétillon et Letourneux, 2006), cette question est
complexe à résoudre car pour ce faire il faut au préalable s’assurer que la représentation majoritaire d’une
espèce est bien le fruit d’une sélection organisée et non
le fait de contraintes environnementales 14.
Des espèces chassées
aux stratégies de subsistance…
La stratégie de chasse reflète l’interrelation de plusieurs variables incluant l’organisation économique et
sociale, les techniques de chasse ainsi que l’éthologie
et le cycle saisonnier des proies chassées (Pike-Tay,
2000). Pour être en mesure d’évaluer précisément des
changements dans les stratégies de chasse entre la fin
de l’Aurignacien et le début du Gravettien, cela nécessiterait de comparer la faune chassée et les équipements
de chasse associés, en prenant en compte la saisonnalité
des sites étudiés (elle-même directement liée à la disponibilité des gibiers dans l’environnement) et les
2009, tome 106, no 3, p. 437-456
Réflexions sur une innovation technique gravettienne importante : le double rainurage longitudinal
objectifs économiques des groupes humains. Or, cette
fois encore, nous sommes tributaire d’un état de la recherche insuffisamment avancé pour permettre une
réelle modélisation des comportements de subsistance
au cours de ces deux périodes. Cet état de fait tient,
d’une part, à la rareté des informations disponibles pour
l’Aurignacien évolué et, d’autre part, à la nature même
des modèles (généraux) établis pour le Gravettien.
Ainsi, et si l’on s’en réfère aux travaux d’A. Pike-Tay
(1993) et de J.G. Enloe (1993), il ne semble pas y avoir
eu en France, au Gravettien, d’abattage en masse pour
l’acquisition de la viande (collector strategy). Les
chasseurs auraient plutôt pratiqué une chasse « opportuniste » orientée vers des petits groupes d’individus.
Ce modèle se fonde sur des sites appartenant aux phases
moyenne et ancienne du Gravettien (le Flageolet I, c. 7,
la Ferrassie, c. D2, les Battuts, c. 5, l’abri Pataud, c. 4
et du Roc de Combe, c. 1). Il nous semble dès lors
difficile d’étendre ce modèle à l’ensemble du Gravettien
(Upper Perigordian). Se pose en outre la question des
éventuelles spécificités (fonctionnelles, environnementales, dans le choix des gibiers, etc.) de chacun de ces
sites, ainsi que le problème inhérent au fait que les sites
comparés n’ont pas tous été occupés à la même saison :
« Of course in order to definitively distinguish a foraging from a collector strategy as a sustained adaptation, other relevant site data should be considered as
well. These include data regarding presence and absence of full residential residues in sites; degree of
temporal resolution of the levels concerned; estimates
of group size per site; body part bias in prey remains
[…]; as well as the season-of-death and age profiles
for all species present » (Pike-Tay, 1993, p. 96).
Selon A. Pike-Tay, l’hypothèse de foraging strategy
serait cohérente avec les données relatives aux techniques de chasse et notamment avec le modèle de
maintainable system (système fondé sur la facilité
d’entretien de l’équipement en matières osseuses),
développé par H. Knecht (1991a et b ; Pike-Tay et
Knecht, 1992). Au cœur de ce dernier modèle,
H. Knecht place la question de l’apparition des pointes
à biseau simple. Ces pointes, du fait de leur standardisation et de l’entretien dont elles ont bénéficié, pourraient être cohérentes avec un équipement de chasse
transportable et aisément remplaçable. Ces pointes
seraient, en outre, utilisables tant pour la chasse de
proies de grande taille que de petite taille. Tous ces
éléments ainsi que l’absence de preuve concernant
l’existence de projectiles dévolus à un gibier particulier
ou à des conditions de chasse particulières au sein des
industries osseuses gravettiennes seraient davantage
cohérents avec un contexte de foraging strategy que de
collecting strategy (chasse en masse spécialisée)
(Knecht, 1991a et b). Or, nous avons vu que la pointe
à biseau simple est très peu représentée au sein des
périodes étudiées par A. Pike-Tay et J.G. Enloe et que,
par ailleurs, les conséquences précises de cette innovation formelle et technique sur l’économie de subsistance des sociétés gravettiennes reste encore à déterminer. En effet, le passage des données matérielles
disponibles à la reconstitution des stratégies de subsistance est loin d’être évident car il n’existe pas de « lien
Bulletin de la Société préhistorique française
449
simple » entre le « type de gibier abattu et le type
d’arme employé par les chasseurs » (Pétillon et Letourneux, 2006, p. 21-22).
Enfin, et d’après les travaux conduits sur le Gravettien ancien de l’abri Pataud (c. 5), d’autres modèles
relatifs aux comportements de subsistance sont envisageables. En effet, sur ce site, les rennes sont abattus
principalement pendant l’été jusqu’au début de
l’automne, au moment de leur passage dans la vallée
de la Vézère au cours de leur migration, et dans une
moindre mesure pendant l’hiver. Les autres espèces
auraient probablement été chassées le reste de l’année
en l’absence du Renne dans cette région (Vannoorenberghe, 2003). Les occupants du site auraient exploité
« leur environnement selon une “ stratégie planifiée ”
(“ logistical strategy ” d’après Binford, 1980), l’abri
Pataud correspondait à un “ camp résidentiel ” ». Il
s’agissait d’un lieu de vie communautaire, occupé toute
l’année, et dont les habitants tiraient l’essentiel de leurs
ressources de l’exploitation du Renne (Vercoutère,
2004, p. 176).
Le site de l’abri Pataud est aussi d’un intérêt particulier car il s’agit du seul site récemment fouillé offrant
en stratigraphie une succession d’occupations allant
sans discontinuité de l’Aurignacien ancien au Gravettien final (Bricker, 1995). Durant l’Aurignacien évolué,
« le Renne était chassé pendant plusieurs saisons au
cours de l’année », avec une prédominance des bêtes
abattues durant les saisons mi-printemps, été et
automne. À cette époque, le site aurait servi « de site
focal, servant de séjours à des mouvements de type
radial au cours de l’année » (Vercoutère, 2004, p. 276).
Quelques changements sont donc perceptibles entre la
fin de l’Aurignacien et le début du Gravettien en termes
d’occupation du site et de modalités d’exploitation de
l’environnement. On observe parallèlement des changements dans le débitage des matières osseuses,
puisque le double rainurage fait, cette fois encore, son
apparition dès le Gravettien ancien. Malheureusement,
concernant l’équipement de chasse, la pauvreté du
matériel ne permet pas d’observer de profondes mutations entre l’Aurignacien évolué et le Gravettien ancien, hormis peut-être la présence d’une pointe losangique dans la couche 7 upper, type qui disparaît au
Gravettien ancien (c. 5), et le fait que les pointes
semblent devenir moins larges (op. cit., p. 154-155).
Dès lors, il est difficile de vérifier si toutes ces différences (des plus visibles aux plus discrètes) reflètent
ou non des changements dans les techniques et plus
encore dans les stratégies de chasse.
Une covariation dans les changements affectant
l’industrie osseuse et l’industrie lithique
Parallèlement aux changements qui caractérisent les
productions osseuses gravettiennes, on constate dans
le domaine de la pierre un développement et une diversification des armatures composites, et notamment
des armatures à dos abrupt, qui servent de fondement
à la définition du Gravettien (Otte, 1981 ; Soriano,
1995 ; O’Farrell, 1996 ; Klaric, 2003 ; Pesesse, 2003 ;
2009, tome 106, no 3, p. 437-456
450
Guillermin, 2004 ; Simonet, 2005, etc.). On constate
aussi un investissement important dans le débitage afin
de produire des supports normalisés en termes de rectitude et de régularité. Au concept aurignacien de
« torsitude » (Tixier, 2005), qui traduit en quelque sorte
la recherche d’un tranchant convexe (comm. pers.
D. Pesesse), se substitue le concept gravettien de tranchant rectiligne.
Selon A. Simonet (2005), il existerait, d’un point de
vue dimensionnel, une importante variabilité inter- et
intrasites des pointes de la Gravette, cette variabilité
pouvant refléter, suivant les contextes, une certaine
flexibilité des normes opératoires de fabrication ou des
utilisations différentes. La plupart de ces pointes
lithiques semble toutefois avoir servi d’armatures de
projectile (Cattelain et Perpère, 1993 ; Soriano, 1995 ;
O’Farell, 1996 et 2004 ; Simonet, 2005).
Une évolution des techniques et des stratégies
de chasse entre l’Aurignacien et le Gravettien ?
M. O’Farell a souligné l’existence de « coïncidences » ou de « corrélations troublantes » entre les
changements affectant les armatures lithiques et les
changements environnementaux et faunistiques
(O’Farrell, 1996 et 2004). Nous n’évoquerons ici que
synthétiquement les conclusions de l’auteur, qui se
fondent sur une importante argumentation, pour n’en
retenir que ce qui nous intéressera pour la suite de notre
propos. M. O’Farell (2004) envisage que les innovations observées dans l’armement gravettien reflètent
une évolution de la stratégie de subsistance par rapport
à l’Aurignacien. Les pointes gravettiennes (biconique
ou à base biseautée) traduiraient une meilleure adaptation à des tirs de longue distance, ainsi qu’une plus
grande multifonctionnalité et une meilleure capacité
d’entretien que les pointes aurignaciennes. S’appuyant
notamment sur des données ethnographiques,
M. O’Farell s’interroge sur la possibilité que les différences observées dans la technologie cynégétique entre
l’Aurignacien et le Gravettien puissent refléter plutôt
« la tendance du premier à pratiquer des actions de
chasse en masse saisonnière de certaines espèces, tandis que le second étalerait davantage dans le temps
l’acquisition d’animaux dispersés », sans qu’il soit pour
autant nécessaire d’invoquer une « spécialisation » de
la chasse (op. cit., p. 135).
Un changement des comportements de production
en réponse à de nouveaux besoins de prédation ?
Si l’on s’en réfère aux hypothèses sur les changements de stratégies de subsistance entre l’Aurignacien
et le Gravettien (O’Farell, 1996 et 2004), nous pourrions envisager que dans ce contexte, l’invention du
double rainurage traduise la recherche d’une nouvelle
solution technique permettant aux hommes de produire
des armatures de chasse plus fines et plus normées. Ce
changement dans la fabrication des pointes en bois de
Cervidé gravettiennes a pu être motivé par différents
Bulletin de la Société préhistorique française
Nejma GOUTAS
facteurs. La question des modes de propulsion, des
tactiques d’acquisition du gibier qui elles-mêmes renvoient à la question de la mobilité des groupes humains
(Cattelain, 1994, 1995 et 1997 ; Soriano, 1995 ; Valentin, 2006 ; Pétillon, 2006) et à celle de leur structure
démographique (Pelegrin, 2000) nous échappe malheureusement encore trop pour que nous puissions développer des hypothèses précises. Nous pouvons toutefois
souligner que si la plus grande normalisation des
pointes gravettiennes par rapport aux pointes aurignaciennes ne peut seulement être expliquée à l’aune du
mode de débitage employé (l’étape de façonnage jouant
aussi un rôle), ce dernier l’a néanmoins grandement
facilitée. Dans ce contexte, la possibilité d’une
meilleure interchangeabilité des armatures sur les
hampes en bois végétal autant que l’affûtage 15 plus aisé
des pointes gravettiennes ont peut-être constitué un
avantage dans l’entretien de cet équipement (Knecht,
1991a, b et 1997). Avantage qui n’était peut-être pas
négligeable, si l’on considère cela sous l’angle de la
question de la mobilité des groupes, des tactiques de
chasse mises en œuvre et du taux de perte des armatures qui en découle (Cattelain, 1995 ; Pelegrin, 2000 ;
O’Farrell, 2004). B. Valentin (2006) souligne à ce sujet
que « les possibilités de maintenance pour être finement
appréciées doivent se découper à la fois en [opportunités] qui sont fonctions de la durabilité et du taux de
perte des pointes, et en [facilités], fonctions du temps
et de la difficulté de travail » (op. cit., p. 145).
Par ailleurs, selon H. Knecht (1991b), les pointes
gravettiennes possèderaient une meilleure capacité de
pénétration que les pointes aurignaciennes, du fait de
leur forme plus effilée. Le recours au double rainurage
n’est, cette fois encore, pas étranger à ce changement
morphologique, puisque comme nous l’avons vu il
permet, à la différence du refend, la production de
supports longs et étroits. En revanche, il semble plus
délicat d’établir un lien direct entre cette nouvelle
forme et la plus grande capacité de pénétration des
pointes gravettiennes. En effet, et selon les travaux de
J.-M. Pétillon (2006), les constatations faites par
H. Knecht se fondent sur des expérimentations au cours
desquelles « les pointes aurignaciennes et gravettiennes
ont apparemment été testées “ toutes conditions de tirs
égales par ailleurs ” – mêmes cibles, mêmes hampes,
même système de propulsion – mais peut-on affirmer
qu’il en était de même au Paléolithique ? » (Pétillon,
2006, p. 198).
En définitive, si comme nous le pressentons il existe
bien, en France, un lien subtil entre l’apparition du
double rainurage et les changements qui se produisent
dans l’équipement de chasse en bois de Cervidé, trop
d’inconnues (paléo-environnementales, archéozoologiques, technologiques) nous limitent encore dans
nos interprétations. Il sera en outre nécessaire d’explorer de façon plus détaillée la place du double rainurage
dans la production des outils domestiques. En effet,
son application à cet autre type d’équipement répondait-elle à de nouveaux besoins dans les activités de
transformation de certaines matières premières ? Par
exemple, l’utilisation du double rainurage pour la production d’outils biseautés renvoie peut-être à de
2009, tome 106, no 3, p. 437-456
Réflexions sur une innovation technique gravettienne importante : le double rainurage longitudinal
nouvelles nécessités dans le travail du bois végétal et
animal. Nouvelles nécessités qui étaient peut-être directement en rapport avec l’utilisation même du double
rainurage : recherche d’outils biseautés plus fins pouvant s’insérer dans les rainures et permettre l’extraction
des baguettes en bois de Cervidé. Si l’on s’en réfère
aux expérimentations conduites par A. Rigaud et à ses
analyses des séries magdaléniennes de la Garenne
(1972 et 1984), les outils utilisés pour l’extraction des
baguettes ne devaient pas être en silex mais plutôt en
bois de Cervidé. En effet, le silex a tendance à s’esquiller rapidement, voire à se casser, et à laisser des
traces perpendiculaires à la rainure qui sont absentes
du matériel archéologique (op. cit.). Les expérimentations réalisées par J. A. Mujika (1990) et A. Legrand
(2000) vont aussi dans ce sens, au même titre que nos
propres expérimentations et observations sur les séries
gravettiennes (Goutas, sous presse). Enfin, il est aussi
possible d’envisager que le recours au débitage par
double rainurage pour la production des outils biseautés et plus largement des outils de transformation soit
la conséquence d’un transfert de savoir-faire, initialement mis en œuvre pour les armes de chasse, puis
appliqué à d’autres domaines de production par habitude, ou pourquoi pas parce que désormais investi
d’une certaine charge culturelle. N’oublions pas que
« toutes sortes de facteurs interviennent à des degrés
divers pendant la chaîne d’exploitation d’une matière
première » : des contraintes biologiques, naturelles,
fonctionnelles, individuelles, sociales, symboliques
et… culturelles (Pigeot, 1991, p. 171).
LE DOUBLE RAINURAGE DANS D’AUTRES
CONTEXTES DU GRAVETTIEN EN EUROPE
De l’usage restreint du double rainurage
en Europe orientale
Les principales implications techno-économiques du
double rainurage ayant été discutées, nous allons maintenant nous interroger sur la place différentielle qu’occupe ce procédé au sein des sociétés gravettiennes de
France et d’Europe orientale (Russie).
Le procédé d’extraction par double rainurage en
Europe orientale est, comme en France, principalement 16 associé à la production d’armatures de projectile (en ivoire et plus rarement en os) ou de supports
théoriquement compatibles avec ce type de production.
Toutefois, et à la différence du Gravettien en France,
l’utilisation de ce procédé reste très rare et les pointes
de projectile en matières osseuses peu nombreuses, et
ce malgré des états de conservation souvent exceptionnels. Cette très faible représentation des pointes
de projectile ne peut donc être considérée comme la
conséquence de problèmes de conservation différentielle. La chasse a presque exclusivement fait intervenir des armatures lithiques. Probablement en raison
d’un contexte environnemental, géographique 17, économique et culturel très différent, l’adoption du double
rainurage par les sociétés d’Europe orientale ne semble
pas, cette fois, être liée à des changements dans
Bulletin de la Société préhistorique française
451
l’équipement de chasse. La question est de savoir
pourquoi la place de ce procédé reste très faible et
pourquoi les habitants de la plaine de Russie l’ont
quand même employé.
La faible utilisation du double rainurage au sein des
sociétés gravettiennes d’Europe orientale pourrait, indirectement, laisser présager de l’existence d’une triade
« double rainurage/ bois de Cervidé/ armes de chasse ».
Nos recherches sur le Gravettien de France ont en effet
montré que l’utilisation du double rainurage était étroitement liée à une matière première – le bois de Renne –
et à une production particulière – les armes de chasse.
Pour des raisons économiques (plus grande résistance
du bois de Renne à l’impact que l’os et l’ivoire, réfection plus aisée, etc.) et peut-être même symbolique
(statut des matières exploitées), les groupes de cette
zone géographique ont utilisé le bois de Renne comme
matériau privilégié pour la confection de cet équipement si particulier (Goutas, 2004b).
En revanche, en Europe orientale, les seuls exemples
avérés d’utilisation du double rainurage concernent
l’ivoire et l’os (Khlopatchev, 2001 ; Goutas, en préparation). Les baguettes produites sur ivoire ont surtout
été produites selon un autre procédé consistant à extraire le support en percussion indirecte (fendage),
mettant à profit une fissure naturelle longitudinale ou
le délitage en strates de la défense (Khlopatchev, 2006).
Concernant le bois de Renne, il n’a pas été exploité (ou
exceptionnellement) en raison de la vraisemblable rareté du Renne à cette époque dans la plaine Russe
(Goutas, soumis). De fait, on peut se demander si l’accès difficile au bois de Renne n’a pas pu, en partie,
influer sur le fait que les hommes aient peu produit
d’armatures de projectile non siliceuses, et par conséquent qu’ils aient désinvesti le débitage par double
rainurage, au lieu de le transférer totalement sur les
matières premières locales. Les os et l’ivoire de Mammouth, bien que très abondants dans la région à cette
époque, leur semblaient peut-être peu adaptés à la
production des pointes osseuses, aux gibiers chassés 18
ou bien encore à leurs stratégies cynégétiques. Il faut
toutefois préciser qu’à l’exception du site de Kostienki 4 (c. inf et sup., ± 23/22 KBP), dont l’attribution
culturelle est encore délicate, nos recherches ont principalement porté sur la tradition de « KostienkiAvdeevo » (± 22/± 20 KBP) (Kostienki 1-I, complexes 1
et 2 ; Gagarino ; Avdeevo, complexe 2 ; Kostienki 21-I,
Kostienki 18). De fait, il sera nécessaire de prendre en
compte des séries plus anciennes, telles que celle de
Kostienki 8 (environ 28 KBP) afin de documenter la
genèse du Gravettien dans la région et de vérifier si le
double rainurage faisait partie du « bagage technique »
des premiers occupants de la plaine de Russie, ou s’il
fut adopté plus tardivement.
Quoiqu’il en soit, si les sociétés gravettiennes d’Europe orientale ont perpétué l’usage du double rainurage, elles n’ont pourtant pas fait le choix de l’intégrer
totalement à leurs systèmes techno-économiques. L’utilisation de ce nouveau procédé de débitage, bien que
tourné principalement vers la production des pointes
de projectile, ne revêt donc pas les mêmes enjeux
économiques en France et en Europe orientale.
2009, tome 106, no 3, p. 437-456
452
Nejma GOUTAS
De la nécessité d’étudier l’Europe centrale…
Les différents schémas interprétatifs évoqués sur les
mécanismes possiblement en cause dans l’apparition
du double rainurage au Gravettien et sur le rapport très
étroit entre ce procédé, la présence/absence du bois de
Cervidé et des armatures de projectile, resteront bien
entendu à confirmer ou à affiner par la poursuite de nos
recherches sur les sociétés d’Europe occidentale et
orientale et par la confrontation directe avec les séries
d’Europe centrale. Ces dernières, incontournables par
leur position géographique (interface Europe
occidentale/orientale) et leur rôle dans le processus
d’émergence et de diffusion du Gravettien en Europe,
détiennent assurément des clefs de réponse aux questions que nous nous posons.
Il sera nécessaire de vérifier si le débitage par extraction n’est réellement employé dans cette région
qu’à partir de la phase moyenne de Willendorf. Et si
oui, quels étaient les savoir-faire des premiers Gravettiens de la région ? Y trouve-t-on les germes de la
« révolution technique » que va engendrer l’invention
du débitage par double rainurage dans l’exploitation
des matières osseuses ? Il nous faudra aussi analyser la
place de ce procédé au sein des systèmes technoéconomiques locaux. Les bois de Renne y tenant une
place non négligeable, il est nécessaire de vérifier si,
dans cette région, ce procédé est aussi associé à une
matière première et à un type de production. En définitive, nous souhaitons vérifier si à des systèmes cynégétiques différents et à des formes de déplacements
différents sur le territoire correspondent des armes et
des modes de production de l’armement différents.
Ayant récemment entamé l’étude du Gravettien
morave, et bien que nos observations ne concernent,
pour l’heure et principalement, qu’un seul site (Predmosti : environ 26000 BP), il est d’ores et déjà intéressant de remarquer que le double rainurage ne semble
pas avoir été utilisé et que les pointes de projectile en
ivoire sont assez peu représentées (une dizaine d’exemplaires complets ainsi que plusieurs fragments). Parallèlement, le bois de Renne est une matière quasi absente sur le site. Tous ces éléments montrent des
correspondances importantes avec l’Europe orientale.
Nos recherches ne sont, cependant, pas suffisamment
avancées pour que nous puissions en tirer des conclusions économiques et palethnologiques précises. Ces
premières observations semblent néanmoins confirmer
l’existence d’un lien discret entre une nouvelle manière
de concevoir le débitage, une matière première et un
objectif de production. L’analyse actuellement en cours
des industries osseuses du site de Pavlov riches, cette
fois, en bois de Renne, devrait nous permettre de préciser nos résultats préliminaires sur cette question.
CONCLUSION
En définitive, au sein de cette « mosaïque gravettienne » (Klaric, 2003) où des particularités régionales
fortes s’expriment, traçant ainsi les contours de territoires culturels, l’analyse du mécanisme du cycle
Bulletin de la Société préhistorique française
invention/diffusion de l’extraction de baguette par
double rainurage ouvre des perspectives palethnologiques des plus prometteuses. Ainsi, et au-delà des
différents schémas évolutifs qui caractérisent le Gravettien en Europe, il ne s’agit pas pour autant d’un
monde cloisonné puisque les hommes se déplacent et
que les savoir-faire se transmettent sur de longues
distances, suivant des voies de diffusion qui ont ellesmêmes vraisemblablement évolué au fil du temps. En
analysant la place et les variations régionales du débitage par double rainurage dans différents contextes
européens, notre objectif est de vérifier s’il existe ou
non un fonds commun dans son application tant d’un
point de vue pratique que conceptuel. In fine, il s’agit
de pister des « traditions techniques » en tant que
source d’informations paléohistoriques. Une tradition
technique renvoie, en effet, à des « systèmes de choix
et de prescriptions » dans des domaines d’activités
techniques ou symboliques qui nous sont archéologiquement accessibles et qui se transmettent suivant
des valeurs partagées par le groupe (Valentin, 2006).
C’est pourquoi il y a fort à espérer que cet axe de
recherche offrira de nouvelles clefs d’interprétation à
la compréhension des dynamiques gravettiennes en
Europe.
Remerciements : Je remercie la fondation Fyssen
pour l’intérêt, la confiance et le soutien qu’elle a témoignés pour mon projet de recherche sur les sociétés
gravettiennes d’Europe orientale, ainsi que la fondation
des Treilles pour son soutien dans le cadre de mes recherches sur l’Europe centrale. J’adresse aussi mes
remerciements aux chercheurs russes avec qui j’ai eu
le plaisir de travailler et qui m’ont permis d’accéder
aux collections et aux informations nécessaires à ma
recherche : Y.K. Chistov et G.A. Khlopatchev (Kunstkamera, Saint-Pétersbourg), N.D. Praslov, A.A. Sinitsyn, M. Zheltova, N. Burova (Institute of the History
of Material Culture, Russian Academy of Sciences,
Saint-Pétersbourg), S.A. Deminschenko (Ermitage,
Saint-Pétersbourg), H.A. Amirkhanov, S.Y. Lev (Institut of Archaeology, Russian Academy of Sciences of
Moscow), E. Bulochnikova (Museum and Institute of
Ethnology and Anthropology of Moscow) et N. Khaykunova (State Historical Museum of Moscow). Je remercie le Pr. K. Valoch, M. Oliva (Institut Anthropos de
Brno) et J. Svoboda (Institut archéologique de Dolni
Vestonice) pour m’avoir autorisé l’étude des sites de
Predmosti et de Pavlov. Mes remerciements s’adressent
aussi à M. Zelinkova, M. Galetova, G. Dreslerova,
Z. Nerudova et P. Neruda, M. Nyvltova Fisakova et
M. Novak pour leur accueil des plus chaleureux et leur
aide des plus précieuses durant mes séjours en République tchèque. Mes remerciements vont aussi aux
membres du groupe de recherche européen Prehistos
(coor. A. Averbouh, LAMPEA, UMR 6636, Aix-enProvence), pour les discussions enrichissantes que nous
avons partagées en juin 2007 sur les questions relatives
aux innovations techniques depuis le Paléolithique
jusqu’aux Âges des métaux. Je remercie aussi
M. O’Farell pour toute la littérature qu’elle a eu la
gentillesse de mettre à notre disposition.
2009, tome 106, no 3, p. 437-456
Réflexions sur une innovation technique gravettienne importante : le double rainurage longitudinal
Je remercie enfin des plus chaleureusement M. Christensen, B. Valentin, A. Averbouh, C. Normand,
P. Chambon, D. Liolios, L. Klaric, G. Le Dosseur,
A. Legrand, D. Pesesse, A. Brugère et A. Taylor pour
nos échanges scientifiques des plus stimulants, mais
aussi pour leurs conseils avisés ou leurs relectures des
plus essentielles à la rédaction du présent article.
NOTES
(1) Selon les expressions de J. Pelegrin, in Valentin, 2006.
(2) Nous signalons ici la thèse de S.B. Mertens car, comme son titre
l’indique, The groove and splinter technique: a re-evaluation, elle porte
sur le procédé du double rainurage. Malheureusement, ce mémoire de
doctorat n’étant disponible qu’à Londres, il ne nous pas été encore
possible de le consulter.
(3) Cette problématique rejoint celle du groupe de recherche européen
PREHISTOS, « L’exploitation des matières osseuses dans l’Europe
préhistorique : apparition et diffusion des inventions techniques et fonctionnelles du Paléolithique à l’Âge du bronze » (coord. A. Averbouh,
LAMPEA, UMR 6636), auquel nous sommes rattachée depuis sa création (fin 2006).
(4) Nous renvoyons aussi le lecteur à l’article Goutas, 2003b, où nous
avions critiqué ce type de raisonnement dans le cadre de la variabilité
des débitages par extraction de baguette durant certaines phases du
Gravettien.
(5) Des datations beaucoup plus récentes (comprises entre 16000 et
15000 BP) ont toutefois été obtenues sur les sites de Zaraysk et de
Borschevo 1 (Amirkhanov et Lev, 2004), ainsi qu’une datation plus
ancienne pour le site de Kostienki 8/II (Sinistyn, 2007).
(6) D’après les datations publiées (Gin 7995 : 22800 ± 120 BP ; Gin
7994 : 23000 ± 300 BP) par A.A. Sinitsyn et N.D. Praslov (1997).
(7) Il est vrai, toutefois, que ce constat s’observe dans des contextes
(Isturitz, Laugerie Haute) où il ne semble pas y avoir eu de difficulté
dans l’approvisionnement en matière première (abondance des restes
osseux et des bois de Cervidé).
(8) Pointes à aménagement de « type d’Isturitz » non incluses dans ce
décompte (environ 190, soit plus de 70 % du corpus de France), car
453
certaines de ces pièces nous semblent devoir être exclues de la catégorie
typofonctionnelle des armatures de projectile (Goutas, 2008).
(9) Ce qui fait une moyenne d’une vingtaine de pièces par site. Toutefois,
seuls trois sites ont livré plus d’une cinquantaine de pointes à base fendue
(les abris Blanchard, Castanet et la grotte d’Isuritz) et cinq sites en ont
livré entre 17 et 33. Les autres sites étudiés par H. Knecht ont généralement livré moins de 10 pièces.
(10) Bien entendu, d’autres facteurs interviennent aussi dans le choix de
la matière première (osseuse ou lithique) pour la fabrication des pointes
(voir notamment Cattelain, 1995 ; Pelegrin, 2000 ; O’Farrell, 2004).
(11) Normalisation qui, comme nous l’avons déjà dit, reste toutefois à
pondérer (cf. supra : discussion sur les baguettes et les pointes gravettiennes et magdaléniennes).
(12) Un emmanchement mâle « désigne un système où la partie proximale
de l’armature […] » s’insère dans « un dispositif en « creux « aménagé à
l’extrémité de la hampe ». Pour l’emmanchement par contact, « l’armature
et la hampe sont simplement mises en contact selon une surface relativement plane, la cohésion de l’ensemble n’étant assurée que par la colle et
l’éventuelle ligature utilisées » (Pétillon, 2006, p. 18).
(13) H. Knecht (1991a, p. 470) signale 68 pointes à biseau simple à
Laugerie Haute est et ouest, mais dans ce décompte sont considérées
56 pointes de l’Aurignacien V (Protosolutréen), 6 sans attribution de
couche et seulement 10 pour le Gravettien récent (n : 1) et final (n : 9).
Pour notre part, nous n’avons pris en compte que les pointes gravettiennes stricto sensu (Périgordien VI et VII) et nous avons exclu cinq
pièces intrusives en provenance de « l’Aurignacien V ».
(14) Les recherches de J. Lacarrière (thèse en cours) devraient apporter
un nouvel éclairage sur ces problématiques.
(15) Les pointes gravettiennes peuvent être « réaffûtées sans modifier
leur forme générale, alors que la réparation d’une pointe à base fendue –
et dans une moindre mesure une pointe losangique – nécessite une
réfection d’une ampleur plus importante (d’après Knecht, 1991b, p. 135,
in Pétillon, 2006, p. 198).
(16) Quelques aiguilles à chas (Gagarino, Kostienki 1-I et Kostienki 21)
ont ainsi pu être produites à l’aide de ce procédé, mais, pour l’heure, les
arguments techniques permettant de l’affirmer font défaut (matrices
d’extraction, supports…).
(17) À la grande variabilité du paysage français (vallées encaissées,
reliefs montagneux, plateaux….) s’oppose l’immensité et une relative
monotonie de la steppe toundra de la grande plaine de Russie.
(18) Principalement des grands herbivores.
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Nejma GOUTAS
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ArScan, Ethnologie préhistorique, UMR 7041
21, allée de l’Université, 92023 Nanterre Cedex
et LAMPEA, UMR 6636
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2009, tome 106, no 3, p. 437-456