Barbara Wright (ed.), Françoise Henry, Les Ã
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Barbara Wright (ed.), Françoise Henry, Les Ã
180 COMPTES RENDUS Françoise Henry, Les îles d’Inishkea. Carnets personnels Barbara Wright (ed.) Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 2012, 150 pp. Françoise Henry est la grande dame de l’histoire de l’art irlandais. Élève de l’École du Louvre, elle découvre l’Irlande en 1926 et tombe sous le charme de ses paysages et de ses monuments anciens. Sa thèse sur la sculpture irlandaise pendant les douze premiers siècles de l’ère chrétienne, soutenue en Sorbonne en 1932, est le premier ouvrage d’une longue série de publications qui font encore autorité. Son livre, L’art irlandais, publié en trois volumes en 1963/64, ne connaît pas d’égal en langue française. C’est au Département de Français de University College Dublin qu’elle commence sa carrière universitaire en Irlande en 1932. Son expertise en Histoire de l’Art attire l’attention du Président de UCD, Denis Coffey, qui lui demande en 1934 de monter un nouveau cours sur l’histoire de la peinture européenne, financé par la générosité de l’artiste Sarah Purser et de Sir John Griffith. Active pendant la Deuxième Mondiale comme ouvrière dans une usine de munitions à Londres, puis comme ambulancière en France, enfin comme membre de la Commission Vaucher, agissant pour la préservation des œuvres d’art en temps de guerre, elle revient à UCD en 1948. C’est pour elle qu’est créée au sein du Département d’Archéologie une section d’Histoire de l’Art, dont elle restera la directrice jusqu’à son départ à la retraite en 1975, préparant ainsi la voie pour ce qui est aujourd’hui la UCD School of Art History and Cultural Policy. Le livre dont nous rendons compte ici est une édition annotée des carnets personnels de Françoise Henry, édités pour la première fois par Barbara Wright, Professeur émérite à Trinity College Dublin. Ces sept carnets, conservés dans les bibliothèques de la Royal Irish Academy et de University College Dublin, sont des documents exceptionnels qui témoignent du monde désormais disparu des populations vivant dans les petites îles de la côte ouest de l’Irlande, et plus précisément sur les îles d’Iniskea (Nord et Sud) à l’extrémité de la pointe nord-ouest BOOK REVIEWS 181 du Mayo. François Henry entreprit plusieurs campagnes de fouilles sur Iniskea Nord en 1937 et 1938, puis en 1946 et 1950. Les rapports scientifiques de ces fouilles furent publiés respectivement en 1945, 1947 et 1952. L’intérêt des carnets n’est pas seulement le récit de la réalité pratique du travail d’un archéologue sur un territoire isolé, mais surtout les réflexions personnelles de Françoise Henry sur l’environnement, la faune, le mode de vie des habitants de ce territoire. Les lecteurs de L’art irlandais connaissent le style de Françoise Henry, clair et concis, capable de présenter avec une extrême précision les détails complexes de l’enluminure et de la sculpture des artistes irlandais médiévaux. On découvre dans ce livre un autre style, tantôt télégraphique, tantôt lyrique, pour exprimer son émotion face à la beauté de l’univers marin qui l’entoure. Les Carnets sont un texte court (82 pages en tout), que l’on peut lire tout autant pour le plaisir que pour s’instruire sur des sujets aussi divers qu’Archéologie, Sociologie, Histoire ou Folklore. A travers des bribes de conversation ou le récit d’une anecdote, ce sont aussi les personnalités d’hommes, et surtout de femmes, qui nous sont révélées. L’introduction de Barbara Wright est indispensable. Elle nous renseigne sur les circonstances de la rédaction des Carnets, leur préservation, et leur redécouverte récente. L’enquête historique qu’elle a faite sur Françoise Henry est précieuse, à une époque où ses élèves et amis disparaissent peu à peu, et donne un portrait vivant de cette femme exceptionnelle. Elle place les expéditions archéologiques de Françoise Henry dans le contexte de leur époque, avec d’une part ses rapports avec les autorités scientifiques contemporaines telles que Harold Leask et Adolf Mahr et d’autre part ses rapports avec les insulaires, amicaux avec certains (Annie Gaughan, Máire Keane, Mary Cronin, Pat Reilly), tendus avec ceux qui voient dans les travaux de la Française une violation des espaces sacrés ancestraux. Les notes de Barbara Wright contiennent tous les éléments essentiels pour comprendre les allusions de Françoise Henry à des personnes, des lieux ou des faits de civilisation peu connus du public non initié. Contrairement à l’édition anglaise des Carnets (Janet T. Marquardt, éd., Françoise Henry in Co. Mayo. The Inishkea 182 COMPTES RENDUS Journals, Dublin, Four Courts Press, 2012), ce livre ne comprend malheureusement pas les photos prises par Françoise Henry lors de ses expéditions. En revanche les cartes, le glossaire, la bibliographie et l’index sont des outils qui seront utiles au lecteur curieux. A conseiller à tout lecteur s’intéressant à l’Irlande ainsi qu’à ceux qui travaillent sur la présence française dans ce pays. Jean-Michel Picard University College Dublin Le Récit aujourd’hui Jérôme Game (ed.) Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, Esthétiques hors cadre, 2011, 176 pp. ‘Innombrables sont les récits du monde’, wrote Roland Barthes in 1966. Barthes went on to describe ‘ces formes presque infinies’ of the narrative. With this in mind, we turn to a book which sets itself the ambitious task of providing a contemporary examination of what it means to tell stories today. Focusing on narrative in a wide variety of creative arts, including music, painting, cinema, dance, theatre and video installations, this book provides a fresh examination of the seemingly limitless possibilities of narrative. The book, which arose out of a conference held at the ENS-Ulm in 2008 titled ‘L’Art de la syntaxe’, consists of ten chapters of varying lengths, including an introductory chapter by the editor, Jérôme Game. All of the contributors are based in French universities, with the exception of Christine Ross who works at McGill University in Montreal. In this critical theory-driven work, each of the ten contributors deciphers what contemporary narrative means to them using a particular genre as a lens. The incipit of the book is a quotation from Gilles Deleuze’s Pourparlers regarding syntax, indicating the intrinsic link between syntax and narrative which this volume seeks to outline. The relationship between the two will remain a constant reference point throughout the rest of the chapters.