du chêne rouge dans le parc de la rivière Batiscan

Transcription

du chêne rouge dans le parc de la rivière Batiscan
Aménagement
La restauration
du chêne rouge
dans le parc de la rivière Batiscan
En association avec le parc de la rivière Batiscan, le Syndicat des producteurs de bois de la Mauricie (SPBM)
a entrepris cet automne des travaux, visant la mise en valeur du chêne rouge dans un secteur de 2 hectares,
qui pourront servir de modèle pour d’autres interventions dans le futur. Pris avec une problématique très
présente de raréfaction de la régénération en chêne rouge et l’envahissement du territoire par le hêtre à
grandes feuilles, il était temps d’agir!
Par Patrick Lupien, ing.f.
Le principal coupable, le chevreuil. Sa présence
importante amplifie le problème de régénération,
car tout autre espèce que le hêtre au stade juvénile, tels chênes, érables, bouleaux, frênes, etc.
est systématiquement broutée et détruite. Cette
pression sur la végétation, faite par une densité
élevée de chevreuils, met en péril, à court terme,
la diversité des espèces floristiques dans le parc.
Notons que ce phénomène créé par le chevreuil
a été amplement documenté dans les États des
Grand-Lacs, en Ontario et au Québec, notamment
en Estrie et sur l’ile d’Anticosti.
Par ailleurs, la progression de la maladie corticale du hêtre, causant le dépérissement lent et
la mort des hêtres adultes, amplifie le besoin de
prendre des actions pour assurer la santé et la
résilience des peuplements dans le parc. Il en va
également ainsi des sources de nourriture pour
l’ours, le chevreuil et autres mammifères friands
des faines du hêtre. Ils pourront éventuellement
se rabattre, dans une vingtaine d’années, sur la
production de glands de chêne. Qui sait, nous
verrons peut-être un jour des dindons sauvages
dans ce secteur de la Mauricie où les chênes
rouges adultes sont assez fréquents.
La base des travaux sylvicoles réalisés se lie
avec les notions d’aménagement écosystémique
des chênaies du nord-est de l’Amérique du Nord.
Les chênaies se maintiennent et se régénèrent
habituellement par le passage fréquent de feux de
surface. Parce que les jeunes chênes possèdent une
facilité d’augmenter leur masse racinaire (pivot et racines latérales profondes) entre chaque
passage du feu et qu’ils rejettent de souche très facilement, ils supplantent les autres espèces
à racines latérales et superficielles comme les érables, bouleaux, hêtres et frênes. Lors de
feux plus intenses, c’est l’écorce épaisse des chênes adultes qui résistera mieux que celle des
autres espèces à écorce mince (érables, bouleaux, tilleul) et lisse (hêtre) et qui permettra au
chêne de survivre et de débuter plus rapidement l’ensemencement de la superficie brulée.
Dans le cas des travaux réalisés au parc de la rivière Batiscan, il n’est pas possible d’utiliser
le feu pour établir des conditions idéales de croissance. Alors le SPBM a procédé à l’identification des arbres adultes dominants à conserver pour maintenir un couvert forestier. La
Maintien d’un couvert forestier avec les arbres dominants et élimination de la
régénération de hêtres.
printemps
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récolte de l’étage inférieur, jumelée au rabattage de toute la régénération de
hêtre non souhaitée, a été réalisée de façon mécanique. Cette dernière action
s’inspire du passage d’un feu de surface d’une bonne intensité éliminant la
jeune régénération et les arbres de faibles diamètres. Cette combinaison d’un
couvert plus aéré et de l’élimination de la régénération crée une ambiance
lumineuse idéale pour la croissance des jeunes plants de chêne rouge qui
seront mis en terre au printemps 2012.
En terminant, afin d’éliminer les possibilités de broutage sur la régénération du chêne rouge, une clôture de 3,7 mètres (12 pieds) de haut a été
érigée pour empêcher le chevreuil d’y accéder. La mise en place d’un exclos
permettra au chêne rouge de croitre plus rapidement et d’assurer la relève
du peuplement existant. Les rares jeunes érables présents dans l’aire de
travail ont été conservés et feront partie du nouveau peuplement. Une équipe
composée d’un ingénieur forestier du SPBM, du responsable technique du
parc de la rivière Batiscan et d’une biologiste d’Hydro-Québec, ce dernier
étant propriétaire des terrains, assure le suivi et l’encadrement de ces travaux.
Source des photos : Patrick Lupien
Pour en savoir plus
Patrick Lupien ing,f., Responsable du Fonds d’information de recherche
et de développement de la forêt privée mauricienne (FIRDFPM) et
responsable du service de l’Aménagement forestier, Syndicat des
producteurs de bois de la Mauricie
Tél. : 819 370-8368 poste 223
[email protected]
printemps
2012
Pose d’une clôture de 3,7 mètres (12 pieds) de haut pour
empêcher le chevreuil de brouter les jeunes chênes rouges.
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