La maison de retraite - Archives et patrimoine de Fontenay-sous-Bois

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La maison de retraite - Archives et patrimoine de Fontenay-sous-Bois
tionLA MAISON DE RETRAITE HECTOR MALOT
Depuis de longues années la situation des vieillards indigents des communes du département de la Seine
préoccupe les autorités. Pour les abriter, les maires sont le plus souvent obligés de les faire arrêter
comme vagabonds et de les envoyer soit à la maison de Nanterre, soit au dépôt de Villers-Cotterêts.
Pour mettre fin à ce déplorable état de chose, la préfecture de la Seine élabore un projet afin de créer à
Fontenay un hospice intercommunal où seront reçus les infirmes et vieillards de Fontenay, Vincennes et
Montreuil. Les trois communes se réunissent le 23 novembre 1885 pour jeter les bases de la fondation.
Elles se réfèrent à la loi du 5 avril 1884 qui permet aux communes de s’associer pour accomplir une œuvre
d’utilité générale. Elles s’engagent dans la réalisation d’un projet commun « humanitaire et
philanthropique».
Extrait du registre des délibérations du Conseil Municipal de Fontenay, 5 août 1885. Coll. AMFSB
La conception de l’hospice est due à monsieur du Mesnil, médecin en chef de l’asile de Vincennes. Pour
commencer, il comprendra soixante-dix lits. La dépense sera couverte par les subventions des trois villes
et par un prélèvement sur l’octroi de banlieue. Le 13 août 1887, Jules Grévy, Président de la République
française, signe le décret de création de l’Hospice Intercommunal de FONTENAY-SOUS-BOIS, fondé par les
communes de FONTENAY-SOUS-BOIS, MONTREUIL et VINCENNES, dépendant alors du département de la
Seine. C’est la première fois que des communes se regroupent pour créer un hospice.
L’architecte, Jacques-Paul Lequeux, s’est limité à moins de trois mille francs par lit. Cela n’a pu être réalisé
que grâce au rejet de toute dépense inutile de luxe et d’architecture, pour ne laisser subsister que l’utile
et le nécessaire. Chaque commune participera aux dépenses d’entretien au prorata du nombre de lits
qu’elles ont demandé. L’hospice pourra ultérieurement contenir cent quarante lits. Il ne comprenait alors
qu’un seul bâtiment en U d’un étage. La plupart des pensionnaires dormait en dortoir.
Carte postale de l’hospice intercommunal à sa création, 1905. Coll. AMFSB
Extrait d’une carte postale, entrée de l’hospice intercommunal, vers 1900. Coll. AMFSB
La cérémonie de la pose de la 1ère pierre se déroule le 20 avril 1890 sous la présidence de Monsieur
Poubelle, préfet de la Seine. Arrivé en voiture à 14H30, il est reçu par les maires des trois villes, les
pompiers formant une haie d’honneur et les musiques locales jouant leurs morceaux les plus entraînants.
Le maire de Fontenay, Désiré Richebois, prononce un discours. Monsieur Poubelle félicite ensuite les
municipalités de leur entente pour accomplir cette œuvre philanthropique, puis il procède à la pose de la
première pierre et remet à l’architecte les palmes académiques. Vers 16 heures, un lunch est servi aux
invités qui, avant de se séparer, ont visité l’école Mot, nouvellement construite, et la mairie. Le préfet
quitte Fontenay à cinq heures.
L’hospice ouvre ses portes le 1er avril 1892. Deux jours plus tard le même préfet, accompagné de monsieur
Péan, président du conseil général et de plusieurs notabilités revient à Fontenay pour procéder à
l’inauguration. On commence par la visite de l’établissement, puis les assistants se réunissent dans un des
dortoirs pour écouter les discours. Désiré Richebois fait l’historique de la création de l’institution et en
expose le but humanitaire. Une réception clôt la cérémonie.
En janvier 1896, les maires de Fontenay et Montreuil, reçus par le président de la République Félix Faure,
lui demandent de visiter l’hospice. Le président promet de faire coïncider cette visite avec celle qu’il a
l’intention de faire à l’hôpital militaire de Vincennes le 14 février. Accueilli par le préfet Poubelle et les
maires des trois localités, il commence sa visite par le quartier des femmes, qu’il interroge sur leur
situation, leur famille tout en leur prodiguant des paroles d’encouragement. La doyenne lui offre un
bouquet en prononçant une courte allocution. Après avoir parcouru la lingerie, le réfectoire et le quartier
des hommes, il remet les palmes académiques à Edouard Squéville, maire de Fontenay, et félicite le
personnel pour la bonne tenue de l’hospice.
En 1918, un poste de secours fut créé pour les soins d’urgence destinés aux blessés, victimes des raids
aériens.
Dans les années 30, des bains-douches furent ouverts au public, comme le fut le chauffoir public, les jours
de grand froid.
En 1934, l’agrandissement de l’établissement permet d’héberger trois cent quarante six pensionnaires. Ils
ont à leur disposition des locaux clairs et bien aérés, des salles d’hydrothérapie, une salle de lecture avec
TSF, un jardin d’agrément et un jardin potager. Les cuisines sont dotées d’un matériel moderne et
perfectionné. Pierre Laval, ministre des Affaires étrangères, inaugure les transformations le 25 novembre.
Dans son règlement de 1935, l’hospice admettait en priorité les indigents. Les bénéficiaires devaient être
âgés d’au moins 20 ans, valides et présentés par le conseil municipal. Toutes les générations se côtoyaient
à l’intérieur de l’hospice. Les administrés étaient tenus de « fournir à l’établissement, un travail approprié
à leur âge et à leurs facultés ». En contrepartie, ils recevaient une allocation officialisée par le Conseil
d’administration. Ainsi, pendant plusieurs décennies, l’institution profita de ses propres ressources :
élevage de porcs et de volailles, cultures fruitières et maraîchères. Lorsque la récolte dépassait la
consommation courante, le surplus des fruits et des légumes était distribué aux cantines scolaires des
communes. De même qu’une partie des potagers était réservée à la culture des plants pour
approvisionner les particuliers et les jardins ouvriers voisins. Ainsi, de nombreuses relations existaient
avec les citadins.
Les conditions d’admission reflétaient bien les préoccupations de la politique étrangère de l’époque. Une
délibération le Conseil d’administration de 1935 rappelle que seuls les français, italiens, polonais, belges
ou luxembourgeois pouvaient être acceptés à l’hospice.
Carte postale de l’hospice intercommunal, années 30. Coll. AMFSB
Carte postale des jardins d’agrément de l’hospice intercommunal, années 50. Coll. AMFSB
En 1937, la ville de Saint-Mandé s’associe aux trois communes fondatrices.
La Dame Blanche, annexe de l’hospice de l’avenue de Montreuil (avenue Stalingrad actuelle) fut acquise
en 1948. Elle avait été construite en 1931, lors de l’exposition coloniale universelle organisée à la Porte
Dorée, à usage d’hôtel restaurant dans le Bois de Vincennes. Utilisé par les allemands pendant la guerre,
le bâtiment était depuis abandonné.
Les premiers résidents y entrèrent en décembre 1952. En 1960, une extension fut créée, comprenant
notamment 40 nouvelles chambres.
Carte postale de l’annexe de l’hospice, « La Dame Blanche », années 70. Coll. AMFSB
A Hector Malot, la construction des nouveaux pavillons fut décidée en mars 1958. Les travaux
commencèrent en octobre 1967 et s’achevèrent début 1971.
Carte postale des nouveaux pavillons construits dans les années 60-70. Coll. AMFSB
En 1984 l’hospice intercommunal Hector Malot devient la maison de retraite intercommunale.
A l’occasion de son centenaire, le siège de la Maison de retraite intercommunale reçoit le nom d’Hector
Malot, célèbre écrivain ayant vécu de longues années à Fontenay. Ses pavillons son dénommés PaulCézanne, Paul-Gauguin, Claude-Monet, Auguste-Renoir et Alfred-Sisley.
De 2007 à 2010 d’importants travaux sont entrepris, les anciens bâtiments détruits. Le 9 janvier 2010. La
nouvelle Maison de retraite intercommunale est inaugurée. Elle compte maintenant 228 places (+ 10 en
accueil de jour). Chaque pensionnaire dispose d’une chambre individuelle de 25 m², équipée d’une salle
de bain. Nous sommes bien loin des dortoirs de 1892 !