Supplice du Pal (Amada)

Transcription

Supplice du Pal (Amada)
Amada, supplice de pal
Stèle de la victoire nubienne sous Meremptah
(Temple d’Amada en Basse Nubie)
le supplice de pal
Treizième fils et successeur de Ramsès II, Meremptah doit fait face à un soulèvement de la
Nubie en l’an 5 de son règne, résultant de l’assèchement de l’Ouadi Howar qui provoque des
vagues d’immigration venue de l’Ouest.
En entrant dans le temple, sur le mur gauche dans l’embrasure d’entrée, la scène suivante :
(d’après Rolf Krauss, Moïse le pharaon, Monaco, 2000, 124)
Meremptah est présenté à la suite de sa titulature comme « un taureau puissant contre Koush
pour massacrer (les habitants) du pays des Medjay. »
« On vint dire à Sa Majesté que les vaincus de Ouaouat traversaient le Sud. Cela s’est produit
en l’an 5, le troisième mois de la saison Shemou, le premier jour, juste après que l’armée
vaillante de Sa Majesté abattit le chef vaincu des Libyens. Ils ne tinrent pas, tous les gens de
Libye ! Les femmes furent emmenées de leur pays, ils [...] par centaines de milliers, le reste
fut supplicié sur le pal au sud de Memphis. Tous leurs biens furent pillés et emmenés en
Egypte. Tous leurs chefs ont demandé la paix, les territoires ont été dévastés par la puisssance
de Sa Majesté, l’effroi qu’il suscite (litt. son cri de guerre) demeurant dans leur coeur à son
seul nom. Ils disaient : « Où pouvons-nous aller ? Le lion féroce est en quête de proie ! »
Le souffle brûlant de sa gueule (est venu) contre le pays de Ouaouat (en Basse-Nubie). Ils ont
été détruit d’un souffle et ils ne laissent plus d’héritiers, ayant été tous ensemble emmenés en
Egypte. Leurs chefs ont été immolés en présence de leurs (proches ?). Quant aux restants, les
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Amada, supplice de pal
mains de certains d’entre eux ont été coupées en raison de leur crime ; pour les autres, les
oreilles et les yeux (leur) ont été enlevés. Déportés au pays de Koush (en Nubie du Sud), ils
ont été rassemblés en tas dans les administrations égyptiennes. Jamais plus Koush ne refera
rébellion. »1
Le rédacteur de la stèle, chargé de mâter la rébellion et d’endiguer la poussée des populations
est le vice-roi Messouy (hypothèse vraisemblable, mais son nom a été martelé), scribe royal,
flabellifère à la droite du roi et « fils royal » . Il est le fils de Takhât, une épouse secondaire de
Meremptah.
A la mort du roi en 1202 av. J.-C., Messouy usurpe le trône sous le nom d’Amenmès. Son
règne ne dure que quatre ans et l’héritier légitime de Meremptah, Sety II, reprenant le pouvoir
a fait marteler son nom et sa mémoire.
Rolf Krauss propose d’identifier Messouy, c’est à dire Masesaya/Amon-masesa (Amenmès),
au Moïse biblique !2
Le supplice de pal comme peine capitale est connu dans les formules rhétoriques de serment
du Nouvel Empire contre les pilleurs de tombes, les parjures, les voleurs de biens des temples
et les prisonniers ou les rebelles. Il n’existe aucune représentation, ni texte descriptif du
supplice, sauf ici, à Amada (ligne 5 de la stèle, signe A424). W. Boochs3 analyse le supplice
de pal (rdj Hr tp xt : mettre (qq’un) sur le sommet du pieu) comme conjuratoire pour empêcher
l’ombre du défunt et son âme-ba de quitter le corps.
Détail de la stèle, deuxième ligne :
le signe A424 se lit donc xt (litt. le bois/le pieu), idéogramme du pal.
1
d’après K.A. Kitchen, KRI IV, Oxford, 1988, 33-37, cf. C. Vandersleyen, L’Egypte et la vallée du Nil, Tome 2,
1995, 568 et note 1.
2
R. Krauss, Moïse le pharaon, éd. du Rocher, 2000, 121 et suiv.
3
W. Boochs, Gottinger Miszellen Gottingen, 1983, 69, p.7-10.
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