SYMPOSIUM INTERNATIONAL SUR LE TIERS
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SYMPOSIUM INTERNATIONAL SUR LE TIERS-PAYANT L’EXPERIENCE DE LA COTE D’IVOIRE Jean-Pierre Sery Secretaire général de l’UAM-AFRO MARRACKEICH, 16 SEPTEMBRE 2016 TABLE DES MATIERES 1. QU’EST-CE QUE LE TIERS-PAYANT ? .................................... 4 2. QUI BENEFICIE DU TIERS-PAYANT AUJOURD’HUI ? ....... 4 3. LES PERSPECTIVES D’EXPANSION DU TIERS-PAYANT ....... 4 4. LES OUTILS DE MAITRISE DES COUTS DANS LE TIERS-PAYANT 5 5. LES RELATIONS DU TIERS-PAYANT AVEC LES PRESTATAIRES DE SOINS .............................................................................................. 6 5.1. Le cadre conventionnel ..................................................... 6 5.2. Un large réseau de soins .................................................... 6 5.3. La mise à disposition d’une plateforme de gestion ......... 6 5.4. Les frais de gestion du tiers-payant ................................... 7 6. LA CONTRIBUTION DU TIERS-PAYANT AU FINANCEMENT GLOBAL DE LA SANTE .................................................................. 7 7. PERCEPTION DU TIERS-PAYANT DANS L’OPINION DES USAGERS 9 7.1. Les avantages ...................................................................... 9 7.2. Les inconvénients du tiers-payant ................................... 10 CONCLUSION ............................................................................. 10 LISTE DES TABLEAUX TABLEAU 1 : LES BENEFICIAIRES DU TIERS-PAYANT EN 2014 TABLEAU 2 : VENTILATION DES COPAIEMENTS PAR NATURE DE PRESTATION TABLEAU 3 : TAUX D’HONORAIRES PAR GESTIONNAIRE TABLEAU 4 : RESUME DES PRINCIPAUX COMPTES DE LA SANTE DE 2008 TABLEAU 5 : DISTRIBUTION DES DEPENSES DE SANTE PAR CATEGORIE DE TIERS-PAYANT EN 2008 TABLEAU 6 : TARIFS MEDICAUX NEGOCIES PAR LE TIERS-PAYANT 1. QU’EST-CE QUE LE TIERS-PAYANT ? Le système du tiers payant permet à l’assuré d’éviter d’avancer les frais médicaux. Il y a le tiers payant partiel et le tiers payant total. Si vous bénéficiez du tiers payant partiel, vous payez uniquement la part des frais non pris en charge par l’Assurance maladie et, dans le cas du tiers payant total, vous n’avez aucun frais à régler. Mais cela ne veut pas dire que vous ne payez rien. Il peut vous être imposé une franchise médicale et un plafond annuel de consommation. Le tiers-payant s’oppose au tiers-garant où l’assuré préfinance les soins et se fait rembourser la part prise en charge par l’assurance. 2. QUI BENEFICIE DU TIERS-PAYANT AUJOURD’HUI ? En attendant la mise en œuvre de la couverture maladie universelle, trois grandes catégories de patients y ont droit : les bénéficiaires des régimes d’assurance privée, les bénéficiaires des régimes d’assurance mutuelle et les victimes d’accidents du travail ou d’une maladie professionnelle. Cela représente 6,27% de la population du pays en 2014. 3. LES PERSPECTIVES D’EXPANSION DU TIERS-PAYANT L’Etat de Côte d’ivoire a pris une loi en 2014 pour instituer la couverture maladie universelle qui s’adresse à l’ensemble de la population (23 millions selon le dernier RGHP). La loi impose un régime de base obligatoire et des régimes complémentaires facultatifs au choix des institutions existantes. La loi, qui est en phase d’implémentation, va concerner, dans une phase pilote qui démarrera le 2 janvier 2017, les étudiants du public et du privé (150 000). La généralisation est prévue pour 2018. Les principales caractéristiques techniques du système d’information de la CMU sont : un identifiant unique pour l’ensemble de la population, l’enregistrement de données biométriques, le respect du parcours de soins (respect de la pyramide sanitaire pour le recours aux soins) et un concentrateur de flux pour les règlements des prestataires. Tableau 1 : les bénéficiaires du tiers-payant en 2014 Régimes de tiers payant Assurances privées Assurances mutuelles Système de prépaiement non mutualisé La CNPS pour les victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelles Total Taux de pénétration de la population 1% 4,34% 0,9% 0,03% 6,27% 4. LES OUTILS DE MAITRISE DES COUTS DANS LE TIERS-PAYANT Dans le cadre des mesures de maitrise des dépenses de santé, le tiers-payant peut utiliser alternativement ou cumulativement plusieurs outils pour la maîtrise des coûts de l’assurance. Ce sont notamment le copaiement, le mode de rémunération des prestataires des soins et le contrôle médical. En côte d’ivoire, seuls le copaiement et le contrôle médical sont généralement appliqués. Le mode de rémunération des prestataires est uniforme : paiement à l’acte. Tableau 2 : Ventilation des copaiements par nature de prestation . franchise Ticket modérateur Plafond annuel par assuré Soins ambulatoires Non Oui Soins hospitaliers Non Oui médicament non oui Soins spécialisés Non oui Oui Oui Oui Oui Montant 20% à 30% en général 1 million FCFA environ 5. LES RELATIONS DU TIERS-PAYANT AVEC LES PRESTATAIRES DE SOINS 5.1. Le cadre conventionnel Les relations contractuelles entre le tiers-payant et les prestataires de soins sont définies dans une convention ayant pour but de préciser les modalités du partenariat. Généralement dans ces conventions qui s’assimilent au fait du prince, les assureurs imposent aux prestataires une grille tarifaire. A l’analyse de ces conventions, on relève qu’un certain nombre de préoccupations sont passées sous silence. Il s’agit notamment du critère de contrôle de la qualité des soins fournis. Il n’y a pas de véritable exigence sur la nécessité du protocole thérapeutique qui aurait pour effet la rationalisation des soins, donc la réduction du cout des actes. A et égard, il faut indiquer que le paiement à l’acte est le mode de rémunération le plus largement répandu. Le recours aux médicaments génériques est une exception. 5.2. Un large réseau de soins Environ 1 000 structures sanitaires sur un total de 2 825 établissements sanitaires dont 1212 structures privées que compte le pays en 2007, sont conventionnées sur toute l’étendue du territoire par les différents organismes de tiers-payant. Le volume des actes traités par l’ensemble des acteurs du tiers-payant est environ de 500 mille par mois soit 6 millions d’actes dans l’année. 5.3. La mise à disposition d’une plateforme de gestion Le tiers-payant utilise généralement un progiciel qui traite les différentes fonctions de la gestion des régimes de santé : Gestion du langage de l’interface utilisateur Gestion de la sécurité et de l’habilitation Gestion du paramétrage et des options du système Gestion de la production. Gestion du médical. Gestion des Prestations. Gestion de la comptabilité. 5.4. Les frais de gestion du tiers-payant Les coûts d’accès aux plateformes des principaux gestionnaires du tierspayant sont indiqués dans le tableau ci-dessous. Tableau 3 : Taux d’honoraires par gestionnaire Gestionnaire MCI Gras Savoye Stane International Munassur Les mutuelles sociales en auto gestion Taux d’honoraire HT Observation 5 à 8% du 35% de taux de chargement budget alloué selon le code CIMA 10 à 12% 35% de taux de chargement selon le code CIMA 10% 35% de taux de chargement selon le code CIMA 15% 35% de taux de chargement selon le code CIMA 18% Norme de gestion prescrite par l’UEMOA 6. LA CONTRIBUTION DU TIERS-PAYANT AU FINANCEMENT GLOBAL DE LA SANTE La contribution du tiers-payant au financement de la santé dans le pays a été étudiée sur la base des données des comptes nationaux de la santé de 2008. Toutefois, certaines données ont pu être actualisées compte tenu de leur disponibilité en 2015. Ainsi le tableau ci-dessous n’intègre pas les données disponibles de 2015 selon lesquelles, les dépenses de santé générées par les quatre grands groupes gestionnaires de tiers-payant et l’ensemble des mutuelles sociales ont représenté environ 130 milliards de FCFA en 2015. Tableau 4 : Résumé des principaux comptes de la santé de 2008 Indicateurs macroéconomiques PIB en milliard PIB/habitant Budget MSHP/budget de l’Etat Indicateurs des comptes nationaux de la santé Dépense nationale de santé en milliard Dépense nationale de santé/habitant Dépense nationale de santé rapportée au PIB Source de financement de la santé Public Privé (y compris ménage) Autres Dépenses des ménages Dépense totale des ménages Versements directs des ménages Sources de financement rapportées aux dépenses totales de santé Public Privé Autre Dépenses des ménages Dépenses totales des ménages rapportées aux dépenses totales de santé Versements directs des ménages rapportés aux dépenses totales de santé Dépense de ménage par habitant Versements directs des ménages par habitant POPULATION FCFA XOF 10 772 517 704 4,5% 620,6 613,4 5,8% 101,9 432,3 79,2 422,7 406,8 16,6% 70,5% 12,9% 68,9% 66,3% 20 315,9 19 548,6 20 807 216 Tableau 5 : Distribution des dépenses de santé par catégorie de tiers-payant en 2008 Cnps 0,5% Assurance MUGEFCI Mutuelles de Paiements directs et corporations entreprises publiques privées 0,3% 1,8% 1,2% 96,2% Source : données CNS 2007, 2008 7. PERCEPTION DU TIERS-PAYANT DANS L’OPINION DES USAGERS Le tiers-payant a des avantages et des inconvénients. 7.1. Les avantages Le tiers-payant a facilité l’accès aux soins des populations en supprimant la barrière financière de l’accès aux soins. Il a également contribué à améliorer l’organisation et le fonctionnement des structures sanitaires partenaires qui ont dû adapter leurs outils de gestion à l’évolution des nouvelles techniques de l’information et de la communication. Par ailleurs, le tiers-payant a également contribué à réduire le coût des actes médicaux en imposant une tarification modulable en fonction des catégories des bénéficiaires. Le tableau ci-dessous illustre parfaitement cette réalité. Tableau 6 : Tarifs médicaux négociés par le tiers-payant Actes médicaux Consultation généraliste Consultation spécialiste Analyse de laboratoire (B) Examen d’imagerie (Z) Actes dentaires (D) Actes chirurgicaux (kc) AMI (soins infirmiers/jour) Tarifs mutualistes agrées par le SYNAMEPCI 10 000 FCFA 12 000 FCFA 280 FCFA 1200 FCFA 1 200 FCFA 1 300 FCFA 15 000 FCFA Tarifs sociaux accordés par le tiers-payant 8 000 FCFA 10 000 FCFA 200 FCFA 1 000 FCFA 1 000 FCFA 1 000 FCFA 10 000 FCFA 7.2. Les inconvénients du tiers-payant Les diverses récriminations entendues çà et là, à l’encontre du tiers-payant, sont résumées comme suit : -Le système augmente la charge administrative, la paperasse pour les médecins. Ceux-ci se plaignent d’une perte de temps inouïe soit la moitié de leur temps à la paperasserie et à de multiples justifications de leurs actes (avis d’hospitalisation; compte-rendu opératoire ; rapport médical circonstancié; diverses pièces de justification). Les prestataires jugent dictatoriaux ces systèmes de contrôles d’où les multiples incompréhensions entre les compagnies d’assurance et les prestataires de soins (clash en 2010 avec l’Association des cliniques privées de côte d’ivoire). -Le système se traduit également par un coût supplémentaire pour les médecins qui sont obligés d’adapter leur organisation, de renforcer leur équipement technique et informatique ; -le tiers-payant est surtout décrié par les prestataires en raison d’une part, du délai de paiement des factures (entre 30 et 60 jours) et d’autre part, en ce qu’il réduit parfois les revenus des praticiens avec les rejets des dépenses non autorisées par le tiers-payant -Enfin, le tiers-payant est parfois source de fraude tant du côté de l’assuré (surconsommation) que du côté du prestataire (surprescription). Un grand assureur public estimait à 30% le taux de fraude sur les actes. CONCLUSION Le tiers-payant est une avancée sociale significative dans la mesure où il permet d’accroitre l’accessibilité aux soins de santé des populations les plus vulnérables. Les prestataires en général s’en félicitent puisqu’ils voient leurs revenus croitre et surtout le tiers-payant permet de solvabiliser la demande. De ce point de vue, les revenus des prestataires devraient être constants et réguliers. Toutefois, il faut faire attention à la poule aux œufs d’or pour ne pas la briser car les dérives de surconsommations et de surprescription entrainent nécessairement un surcoût qui est finalement répercuté sur le consommateur. Celui-ci voit sa prime souvent réajustée pour mettre à niveau l’équilibre du couple prestations/cotisations. C’et pour éviter d’appauvrir davantage la population que les assurances redoublent d’efforts de contrôle avec de nouveaux moyens, de nouvelles techniques: "un contrôle policier ". Cependant, si ces contrôles s’avèrent nécessaires, il faut tout de même craindre que de plus en plus, la pratique médicale se vide de son contenu sous les contraintes bureautiques des assurances. On risquerait alors d’arriver à une réduction de l’aspect social de la santé rendant dérisoire le droit à la santé.