"Afterres 2050": un scénario pour repenser l`agriculture française
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"Afterres 2050": un scénario pour repenser l`agriculture française
le 30/03/12à 17:11 carredinfo.fr «Afterres 2050»: un scénario pour repenser l’agriculture française L utter contre le réchauffement climatique tout en modifiant les pratiques alimentaires vers un régime plus « sain » et en relocalisant la production agricole ? « Techniquement faisable » pour Philippe Pointereau, chef du pôle agriculture de l’entreprise associative toulousaine SOLAGRO et du scénario « Afterres 2050 ». Transformation radicale « Dans dix ans, on prend le mur » A l’origine du projet, une série de constats : http://carredinfo.fr/agriculture-le-scenario-pour-eviter-de-prendre-le-mur-dans-dix-ans-8617 lables et des techniques de production agricole innovantes. En avance il y a trente ans sur les questions de méthanisation, de biogaz et d’agro-écologie, ils se disent aujourd’hui « largement dans le courant ». Et se tournent vers l’avenir. • en 2050, la population française aura atteint les 70 millions de personnes • le régime alimentaire des français se caractérise par de forts déséquilibres entre besoins et consommation, notamment en sucres et en protéines d’origine animale • les « pertes évitables » et gaspillages entre la production des aliments et leur consommation s’élèvent à 190 kilos par an et par personne, dont 110 kg de « pertes à l’assiette » • le système productif agricole tel qu’il fonctionne actuellement est fortement générateur de gaz à effet de serre (GES) et nuit à la fertilité des sols. « Dans dix ans, on prend le mur, estime Philippe Pointreneau. Il y a urgence à repenser le modèle agricole, urbain, de transports et énergétique. » C’est ce que propose l’entreprise associative toulousaine SOLAGRO, à travers son scénario « Afterres 2050 », du moins en ce qui concerne le volet agricole. Depuis trente ans, les ingénieurs, agronomes et énergéticiens de SOLAGRO, aux « solides convictions écolos », sont pionniers sur le terrain des énergies renouve- Love this PDF? « Nous avons déjà dépassé les pics de production en France, et il faut maintenant gérer la décroissance agricole, explique Philippe Pointreneau. Depuis 1015 ans, on est entrés dans une phase de décroissance de la production et de diminution des surfaces agricoles, alors que la population augmente. » D’où leur questionnement : comment faire pour nourrir à la fois les hommes et le bétail, en préservant la fertilité des sols et en réduisant de moitié les émissions de GES ? Leur scénario, ambitieux, se propose de répondre à ces objectifs et contraintes, en transformant de manière assez radicale notre régime alimentaire. En 2050, les consommations de viande et de produits laitiers, et donc leur production, sont divisées par deux. Un changement drastique qui répond aussi à des considérations sanitaires : les protéines animales représentent 63% de nos apports énergétiques journaliers, contre 37% de protéines végétales. Or, selon les experts consultés pour la réalisation de leurs travail, 33% de protéines animales constituent un minimum pour avoir une ration équilibrée. Dans ce scénario, la ration alimentaire contient donc plus de céréales, de fruits et légumes, et moins de sucre, de viande et de lait. Et le ratio protéines animales/protéines végétales est totalement inversé, ce qui permet de mieux répondre Add it to your Reading List! 4 joliprint.com/mag Page 1 le 30/03/12à 17:11 carredinfo.fr «Afterres 2050»: un scénario pour repenser l’agriculture française aux apports nutritionnels conseillés (ANC), dans l’optique d’une politique de santé publique. « Pour que les gens acceptent, c’est une autre paire de manche. C’est comme si vous demandiez à un marchand d’armes de vendre moins. » Libérer des terres http://carredinfo.fr/agriculture-le-scenario-pour-eviter-de-prendre-le-mur-dans-dix-ans-8617 50% d’agriculture bio, deux fois moins de gaz à effets de serre, une production relocalisée Le mode d’exploitation des sols est lui aussi entièrement revu, passant de la monoculture généralisée aujourd’hui à une culture multiple, où chaque parcelle délivre 6 productions. Le sol n’est ainsi jamais « nu » dans un système comprenant 50% d’agriculture biologique et 50% d’agriculture « conventionnelle ». L’apport d’intrants et de pesticides est par ailleurs limité au maximum. Autre enjeu fondamental : relocaliser la production, afin de limiter au maximum les importations de produits agricoles qui pourraient être produits en France, comme le soja. Une évidence pour Philippe Pointreneau. « Dans le modèle actuel, on a tout juste de quoi se nourrir. On dispose des meilleures terres agricoles du monde : pourquoi aller chercher ailleurs ? » Vous avez dit « produire français » ? Love this PDF? Toutes ces évolutions permettent, selon SOLAGRO, de « libérer » 5 à 8 millions d’hectares de terres, dont l’utilisation possible est encore en discussion : production d’énergie, de matériaux de construction, ou de source de carbone pour l’industrie chimique. Et de diminuer par deux les émissions de gaz à effet de serre. « C’est un scénario rêvé, dans lequel on a mis tout ce qu’on veut voir à terme, concède Philippe Pointreneau. Maintenant, l’idée c’est de le faire partager à d’autres : des organisations agricoles, des collectivités locales… Et demain, pourquoi pas des politiques ? » Le dossier de présentation du scénario « Afterres 2050 » : Réaliste ? Certes idéal, ce scénario serait toutefois « réaliste » : « On a la faisabilité technique. 50% de bio, c’est possible. Mais pour que les gens acceptent, c’est une autre paire de manche. C’est comme si vous demandiez à un marchand d’armes de vendre moins. Il faudra manger plus en fonction des normes sanitaires, ne pas « surmanger », que les gens soient plus sobres et qu’ils consomment moins. C’est une décision politique et citoyenne, la solution est entre les mains de chaque consommateur : relocaliser la production, Add it to your Reading List! 4 joliprint.com/mag Page 2 le 30/03/12à 17:11 carredinfo.fr «Afterres 2050»: un scénario pour repenser l’agriculture française cela suppose aussi la consommation à domicile, dans les cantines ; et puis les énergies renouvelables, cela dépend du politique. » Envoyer par e-mail http://carredinfo.fr/agriculture-le-scenario-pour-eviter-de-prendre-le-mur-dans-dix-ans-8617 Un « changement de société » qui rencontre des réticences De l’aveu-même de Philippe Pointereau, la plupart des éleveurs qu’il a rencontrés sont très favorables aux énergies renouvelables, mais « dépassés » par la proposition de diminuer de moitié la production de viande et de lait. Jean-Claude Lajous, président du Modef Haute-Garonne (Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux) et agriculteur à Esparron, « partage sur le fond » les idées d’Afterres, mais s’ « interroge sur certaines positions. » « C’est un changement de société qui est proposé. La chute de la production laitière, c’est un peu utopique et difficile à réaliser car ça représente de gros enjeux économiques. Et les éleveurs ne vont pas comprendre. » Photo CC via Flickr par Mike Cattell Destinataire * Message * Champs à renseigner obligatoirement Pour autant, les nombreux défis qui se posent au secteur ne sont pas étrangers à cet ancien éleveur laitier. « L’agriculture ne peut pas être quelque chose d’intensif comme l’automobile. On est en train de tomber des nues petit à petit : les rendements baissent pour des raisons de qualité des sols, de méthode de travail, et parce que le renouvellement du monde agricole ne se fait pas. » La clef réside, selon lui, dans une « politique agricole nationale et européenne qui accompagne les agriculteurs dans cette transition. Si on met en place un accompagnement qui permette une compréhension des enjeux et une garantie de revenus décents, alors on peut y arriver. » Une chose est sûre : « C’est un document qui va faire débat. » > Malgré de nombreuses tentatives nous n’avons pas réussi à joindre les directions départementales de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs. Love this PDF? Add it to your Reading List! 4 joliprint.com/mag Page 3