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ISBN 92-2-206414-3 ISSN 1011-4963 Première édition 1993 Les désignations utilisées dans les publications du BIT, qui sont conformes à la pratique des Nations Unies, et la présentation des données qui y figurent n'impliquent de la part du Bureau international du Travail aucune prise de position quant au statut juridique de tel ou tel pays, zone ou territoire, ou de ses autorités, ni quant au tracé de ses frontières. Les articles, études et autres textes signés n'engagent que leurs auteurs et leur publication ne signifie pas que le Bureau international du Travail souscrit aux opinions qui y sont exprimées. La mention ou la non-mention de telle ou telle entreprise ou de tel ou tel produit ou procédé commercial n'implique de la part du Bureau international du Travail aucune appréciation favorable ou défavorable. Les publications du Bureau international du Travail peuvent être obtenues dans les principales librairies ou auprès des bureaux locaux du BIT. On peut aussi se les procurer directement, de même qu'un catalogue ou une liste des nouvelles publications, à l'adresse suivante: Publications du BIT, Bureau international du Travail, CH-1211 Genève 22, Suisse. Imprimé par le Bureau international du Travail, Genève. Suisse 111 Auteurs de l'Etude La proposition de méthode d'analyse (première partie) a été élaborée conjointement, durant l'année 1988, par Claude Dupuy, docteur es sciences économiques, co-directeur du LEREP1, et Julien Savary, maître de conférences de sciences économiques, co-directeur du LEREP. Les études de cas, réalisées à partir de novembre 1988, ont été ensuite coordonnées par J. Savary, qui a rédigé la synthèse de ces études (chapitre III - section 7), le bilan méthodologique (conclusion), et la mise en forme générale de ce rapport. Les enquêtes directes auprès des firmes multinationales ont été effectuées par des chercheurs du LEREP: M. D. Bayoi en Côte d'Ivoire, Mlle M. Tafur-Prado au Pérou, Mme S. M. Picao-Correa au Brésil. Mme R. Pedrosa-Sanz, professeur à l'Université de Valladolid et membre du réseau européen de laboratoires ACSE (animé par le LEREP), a enquêté auprès de l'usine Renault en Espagne. Enfin, M. X. Daney, expert associé sur les entreprises multinationales et les normes relatives aux relations professionnelles du Bureau international du Travail à Bangkok, a coordonné les trois enquêtes en Thaïlande, que Mme K. Chintakananda, professeur au National lnstitute of Development Administration, a réalisées. Remerciements De nombreux responsables d'entreprises multinationales ont accepté de collaborer à cette étude, qui n'aurait pas pu se réaliser sans leur aide. Nous les remercions vivement. La dactylographie a été assurée au secrétariat du LEREP par Mlles C. Delayre et C. Heurtevin, et par MM. M. Cherfi et Y. Mirouse, que nous remercions aussi. 1 LEREP: Laboratoire d'études et de recherche en économie de la production, Université des sciences sociales, 31042 Toulouse Cedex, France. Table des matières Page Auteurs de l'étude ; iii Introduction 1 Première Partie: Proposition d'une méthode d'analyse .. 3 Chapitre introductif: Les effets des EMN sur l'emploi indirect dans les pays d'accueil bilan et proposition 4 1. 2. Bilan des méthodes d'analyse Proposition d'une méthode simple limitée aux effets indirects verticaux "de premier rang" Chapitre I: 1. 2. 3. 4. 5. 2. 4 7 Méthodologie de mesure des effets indirects "verticaux de premier rang" des EMN sur l'emploi 9 A qui s'adresser? ., Les différents effets indirects verticaux des EMN sur l'emploi dans les pays d'accueil Critères de mesures des effets indirects verticaux des EMN sur l'emploi (au niveau d'une unité ou d'une filiale) .,....*, Quelques problèmes méthodologiques Questionnaires d'enquête Chapitre II: 1. / Mode d'organisation des EMN et effets indirects de leurs, unités sur l'emploi: un cadre d'interprétation des résultats Les différents types de stratégies spatiales et d'unités Types d'unités et types d'effets indirects d'entraînement 9 19 25 29 32 35 35 41 VI Page Deuxième Partie: Etudes de Cas 49 Chapitre III: Huit études de cas sur les effets indirects verticaux des entreprises multinationales sur l'emploi des pays d'accueil 50 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. Les effets indirects sur l'emploi de Capral-Nestlé en Côte d'Ivoire Les effets indirects sur l'emploi d'une multinationale du papier au Brésil Les effets indirects sur l'emploi de deux firmes multinationales au Pérou Les effets indirects sur l'emploi de deux firmes multinationales en Thaïlande Les effets indirects sur l'emploi d'IBM-France à Montpellier (France) Les effets indirects sur l'emploi de FASA-Renault à Valladolid (Espagne) Synthèse: effets indirects sur l'emploi, type d'unité et type de stratégie Chapitre IV: Les enseignements des études de cas pour la méthode d'analyse 1. 2. 3. 4. 5. La nécessité d'enquêtes directes et d'études par firme, secteur ou pays d'accueil La nécessité d'enquêtes approfondies Une méthodologie opérationnelle Le niveau de l'enquête: usine isolée ou ensemble des établissements d'une filiale nationale? La nature de l'effet indirect sur l'emploi: effet d'entraînement ou effet d'industrialisation? ; 51 62 66 76 83 98 114 133 133 134 134 135 137 Annexes 1. 2. 3. Questionnaire auprès des unités locales de production des firmes multinationales Questionnaires auprès des fournisseurs et sous-traitants de la firme multinationale Questionnaire auprès de la filiale nationale de la firme multinationale Introduction La contribution des entreprises multinationales (EMN) au développement économique des pays d'accueil commence aujourd'hui à être mieux connue, notamment pour tout ce qui concerne les capacités de production installées, l'apport technologique et la création directe d'emploi. Mais il existe un aspect essentiel du rôle des entreprises multinationales dans les économies des pays d'accueil pour lequel on ne dispose encore que d'informations très partielles. Il s'agit des effets indirects des EMN, c'est-à-dire de ceux qui découlent des relations économiques que ces EMN établissent avec d'autres entreprises nationales, par le biais des opérations d'achats et de ventes de biens et de services. Cette lacune apparaît par exemple à la lecture des deux importantes études de synthèse déjà réalisées par le Bureau international du Travail sur les effets des EMN sur l'emploi2. En ce qui concerne les effets indirects sur l'emploi, l'une de ces études note ainsi: "Bien que les effets indirects qu'exercent sur l'emploi les EMN présentent une importance pratique pour les pays, ils n'ont jusqu'à présent fait l'objet que d'un petit nombre d'études empiriques. Même le concept des "effets indirects" n'est pas établi avec rigueur, et il est presque impossible de quantifier ces effets avec une précision quelconque"3. Ces effets indirects sont économiquement très importants pour les économies hôtes, puisqu'ils correspondent en fait à des effets d'entraînement économique et d'industrialisation. Socialement, ils se traduisent aussi par des créations importantes d'emplois. Les lacunes constatées dans la connaissance de ce phénomène proviennent de ce que les informations sur ce type d'effets ne sont disponibles ni dans les publications des EMN, ni dans celles des gouvernements et des organisations internationales. En outre, les méthodes d'analyse des effets indirects, qui sont habituellement proposées, sont très difficiles à mettre en oeuvre. Face à ces carences, la présente étude a pour objectif de proposer une méthode simple et directe de collecte d'informations concernant les effets indirects des EMN sur l'emploi. A partir d'enquêtes auprès des unités locales et des filiales des EMN, il s'agit de mesurer les achats et les ventes qu'elles effectuent auprès d'autres entreprises nationales, et d'évaluer les emplois qui correspondent aux activités de production ou de vente réalisées pour le compte des EMN chez leurs fournisseurs ou leurs distributeurs directs. Cette méthode est donc partielle, puisqu'elle se limite aux effets indirects verticaux, et parmi ceux-ci aux seuls effets "premier rang". Elle peut cependant contribuer à combler les lacunes actuelles de l'information sur le sujet, notamment en servant de base à des études ultérieures réalisées par secteur d'activité, par région et par pays d'accueil, ou pour telle ou telle EMN. 2 BIT: Effets des entreprises multinationales sur l'emploi dans les pays en développement (Genève, 1983), Chapitre m, pp. 55-81. BIT: Choix de technologies et création d'emplois par les entreprises multinationales dans les pays en développement (Genève, 1984), pp. 50-75. 3 BIT: Effets des entreprises multinationales sur l'emploi dans les pays en développement, op. cit.. p. 55. 2 Dans la première partie de cette étude, nous proposons donc une méthodologie générale de mesure des effets indirects verticaux de premier rang des entreprises multinationales sur l'emploi des économies d'accueil. Cette partie méthodologique correspond à des propositions très concrètes, incluant des questionnaires d'enquêtes. Dans la deuxième partie nous présentons des tests de la méthodologie. Huit études de cas permettent de décrire la variété des effets indirects sur l'emploi des entreprises multinationales, de vérifier le caractère opérationnel de la méthode d'enquête et d'enrichir la méthodologie elle-même, à la lumière de cette première "expérimentation". Mme Catherine Nadeau-Thurman a fait un travail d'édition approfondi sur le manuscrit original. 3 PREMIERE PARTIE: PROPOSITION D'UNE METHODE D'ANALYSE Après un bref bilan des méthodes d'analyse possibles, cette partie détaille la méthodologie d'enquête proposée et fourni des questionnaires type. Le dernier chapitre donne un cadre théorique d'interprétation des résultats. 4 CHAPITRE INTRODUCTIF LES EFFETS DES EMN SUR L'EMPLOI INDIRECT DANS LES PAYS D'ACCUEIL: BILAN ET PROPOSITION 1. BILAN DES METHODES D'ANALYSE Les effets des EMN sur l'emploi indirect ont fait l'objet d'études, qui reconnaissent unanimement la difficulté d'établir avec rigueur l'impact des EMN sur les pays d'accueil. Ces effets sont probablement très importants, ceci même si l'on tient compte des effets inverses, comme le montrent de nombreuses études déjà publiées par le BIT4. Mais ces études se révèlent peu aptes à fournir des données statistiques fiables. Théoriquement il est possible de distinguer plusieurs types d'effets indirects d'entraînement5. L'impact macro-économique net d'un investissement d'une EMN, c'est-à-dire la distribution des revenus qui stimule la consommation, l'augmentation des recettes gouvernementales qui permet à l'Etat de créer des emplois et l'accroissement des recettes d'exportations qui permet d'équilibrer la balance en devises et par là même de stimuler la production nationale. Ces effets restent très difficiles à quantifier du fait de leur nombre élevé. Ils sont décomposables en trois éléments essentiels: l'effet sur le revenu national, l'effet sur le commerce extérieur et les effets indirects horizontaux. L'effet sur le revenu national: M. Jura pour la France a montré que les investissements étrangers en France avaient un effet à court terme positif sur la croissance, mais se traduisaient à long terme par un ralentissement de celle-ci et une baisse de l'emploi6. L'effet sur le commerce extérieur: plusieurs études ont développé ce point, notamment pour la France les travaux de Z. Cardot et J.P. Dubarry7, et de B. Haudeville8. Notamment: Lall, S.: The indirect emplovment effects of multinational enterprises in developing countries. document de travail no. 3, programme des entreprises multinationales (Genève, BIT, 1979). Jo, S.H.: The impact of multinational firms on emplovment and incomes: the case studv of South Korea (Genève, BIT, 1976). 5 Lall, S.: op. cit. 6 Jura, M.: Les effets des investissements étrangers sur la croissance française, thèse (Université Paris X, 1982). Cardot, Z. et Dubarry, J.P.: "Les importateurs sont-ils aussi exportateurs", Economie et Statistique, no. 142 (Paris, 1982) et "Importateurs et exportateurs: les opérateurs du commerce extérieur en 1979", Cahiers du Commerce extérieur, no. 5, 1982. 8 Haudeville, B.: Redéploiement industriel et emploi en France de 1974 à 1979. colloque AFSE (Paris, juin 1982). 5 Dans une étude récente C. Dupuy9 montre l'influence négative des stratégies de division internationale du travail sur le commerce extérieur brésilien. Ceci confirme ce qu'avaient montré Z. Cardot et J. P. Dubarry pour la France et C. Herzog et A. Richemont10 pour les Etats-Unis: en raison de la prépondérance des stratégies d'accès au marché intérieur, les taux d'importation des EMN sont plus élevés que ceux des entreprises nationales. L'effet sur le commerce extérieur semble donc, à terme, défavorable11. Les effets indirects horizontaux concernent tous les effets d'une EMN sur les autres entreprises (structure industrielle, concurrence, conduite des affaires). L'impact sur l'emploi indirect reste là aussi incertain, tout dépendant du type de concurrence du secteur, et du potentiel de réaction des concurrents locaux. Aucune étude ne permet aujourd'hui de quantifier ces effets avec précision, les travaux les plus récents restent contradictoires même si L.G. Fairchild remarque qu'en matière de recherche et de développement les EMN restent le plus souvent dépendantes de leur société-mère12 et n'ont que peu d'effets sur le développement technologique du pays. Comme le note J. Savary13, l'entrée des firmes étrangères sur des marchés protégés accentue tout d'abord la concurrence, mais se traduit ensuite par une réaction des firmes en place pouvant aboutir à des comportements collusifs14. L'influence des EMN peut aussi être beaucoup plus large. Elle peut porter sur les politiques des pays hôtes, modifier les infractructures, influencer la technologie ou les habitudes de gestion des entreprises locales. Dans ce domaine aussi les effets d'entraînement sont très difficiles à quantifier. Les effets indirects verticaux concernent tous les effets, notamment sur l'emploi, liés à l'activité des EMN dans leurs pays d'accueil, et notamment ceux liés aux achats de biens et de services auprès des fournisseurs et sous-traitants, et ceux liés aux réseaux de distribution. Ces effets ont été mesurés dans des études empiriques par l'analyse input-output qui cherche à déterminer l'influence d'une augmentation de la production d'une industrie sur les autres secteurs de l'économie. 9 Dupuy, C : Stratégies spatiales des groupes et développement régional: essai théorique et application au cas des groupes français dans le monde et au Brésil, thèse de doctorat (Toulouse, juin 1988). 10 Herzog, C. et Richemond, A.: "Néo-protectionnisme et investissement international: le cas de l'accès au marché américain", Revue économique, no. 6 (Paris, 1982), pp. 1065-1087. " Savary, J.: "Pour une politique sélective vis-à-vis des investissements étrangers en France". Revue d'économie industrielle, no. 23 (Paris, 1983), pp. 175-181. 12 Fairchild, L.G.: "Performance and technology of United State and national firms in Mexico", Journal of Development Studies. vol. 14, 1977. 13 Savary, J.: Les conséquences économiques de l'investissement étranger en France: l'impact sur l'emploi entre 1974 et 1983. Colloque de l'association française de science économique (Paris, juin 1983). 14 Jacquemin, A.: "Redéploiement industriel et comportements collusifs", Revue d'économie industrielle, no 14, 1980, pp. 76-80. 6 La matrice d'input-ouput de type Léontief, qui a fait l'objet de très nombreuses publications aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en développement, permet de mesurer l'augmentation du nombre d'emplois résultant de l'augmentation de la production d'une activité spécifique. Cette analyse reste trop simple pour être totalement convaincante. Elle suppose des coefficients technologiques fixes et l'existence d'une technologie unique, hypothèse bien irréaliste en pleine guerre technologique mondiale. Par ailleurs la matrice ne tient pas compte des coûts de substitution ni des effets inverses. Cette méthode pose à ce niveau de redoutables problèmes de mesure, car il est très difficile de connaître avec précision les coefficients technologiques des seules entreprises sous contrôle étranger. Elle ne permet pas non plus de distinguer une industrie effectuant des achats excessifs d'une industrie motrice. Toutes ces critiques peuvent aussi être formulées à l'égard de l'approche par les "linkages" proposée par A.O. Hirschman15 selon laquelle certaines industries, par la place qu'elles occupent dans dans l'économie d'une nation, établissent par leur croissance et la demande qu'elle entraîne, des liens en "amont" "backward linkage" et des liens en "aval" "forward linkage". P. A. Yotopoulos et J. B. Nugent16, dans une étude appliquée à 45 pays, concluent à partir d'une analyse input-output à l'absence de corrélation entre les taux de croissance sectoriels et les linkages d'Hirschman. Ces conclusions, très contestées, montrent bien la difficulté d'effectuer une mesure des effets indirects et de leurs conséquences sur l'emploi. Les mêmes limites peuvent s'appliquer aux théories de l'influence productive qui ont pris naissance dans les travaux de F. Perroux consacrés à l'effet de domination17. Comment distinguer les unités les plus influentes d'un système productif? Comme le relève A. Torre18, l'influence productive se présente comme une relation qui définit la position d'une industrie dans la structure productive et les échanges inter-industriels. Elle permet d'analyser les relations existant entre les différentes industries et la connaissance de la manière dont la perturbation d'une branche affecte de proche en proche, l'ensemble des branches. Cette étude qui propose des méthodes sophistiquées d'analyses mathématiques fondées sur la théorie des graphes ou la prétopologie, n'a cependant fait l'objet d'aucune application simple. Ces théories sur les effets indirects apparaissent donc trop globales, et semblent incapables d'analyser clairement les conséquences économiques des EMN dans un pays d'accueil, et en particulier les effets sur l'emploi. Plusieurs études menées au cas par cas, avec certes moins d'ambition, nous permettent toutefois de mieux appréhender cette réalité. Nous ne citerons ici que deux études dont les 15 Hirschman, A.O.: Stratégie du développement économique (Paris, Editions ouvrières, 1958). 16 Yotopoulos, P.Y. et Nugent, J.B.: "A balanced growth version of the linkage hypothesis", Quaterlv Journal of Economies, vol. 87, no. 2, 1973. 17 18 Perroux, F.: "L'effet d'entraînement: de l'analyse au repérage", Economie appliquée, no. 2, 1973. Torre, A.: "Le problème des priorités industrielles et la détermination des industries motrices", Mondes en développement, tome 14, no. 56, 1985. 7 résultats éclairent notre propre problématique. C'est le cas de l'étude de Daftary et Borghey sur l'Iran19 qui relève que les entreprises qui contribuent le plus significativement à l'économie iranienne sont celles qui ont installé en Iran tous leurs stades de production. Me Aleese et Me Donald20 pour l'Irlande concluent de même en constatant que les entreprises étrangères sont moins portées que les entreprises nationales à acheter localement: "Premièrement, les entreprises sous contrôle étranger se concentrent généralement sur des activités plus spécialisées que leurs homologues nationaux. Il s'agit de fabrications qui exigent l'apport d'inputs tout à fait spécifiques que l'on ne peut trouver sur place. Deuxièmement, il se peut que les entreprises étrangères aient tendance à importer davantage que les entreprises locales du fait qu'elles connaissent déjà les fournisseurs étrangers ou parce qu'elles estiment, à tort ou à raison, que les fournitures des producteurs locaux présentent des imperfections". Ces études soulignent donc que la nature des effets indirects exercés par une EMN, dans une économie d'accueil, dépend beaucoup du type de relations existant entre la filiale ou l'unité locale et le reste du groupe multinational. C'est précisément l'hypothèse générale que nous nous proposons d'adopter. 2. PROPOSITION D'UNE METHODE SIMPLE LIMITEE AUX EFFETS INDIRECTS VERTICAUX "DE PREMIER RANG" Ce document propose une méthode de mesure des effets indirects des EMN sur l'emploi dans les économies d'accueil. Il s'agit d'une méthode beaucoup plus simple, dans son principe, que celles que nous venons de passer en revue. Elle s'appuie sur une importante collecte d'informations originales, car ce travail d'enquête sur le terrain nous paraît indispensable. Cette méthode vise à mesurer les effets indirects les plus importants et les plus visibles dans une économie d'accueil, c'est-à-dire les effets indirects verticaux de premier rang. Elle peut s'appliquer soit à une EMN particulière, soit à l'ensemble des EMN d'un secteur d'activité, soit encore à l'ensemble des EMN présentes dans une région ou une économie. Nous avons choisi de privilégier les "effets indirects verticaux" (essentiellement les liens en "amont", c'est-à-dire ceux liés aux achats des EMN à d'autres entreprises de production de biens et de services) et de limiter le plus souvent l'étude de ces effets aux "achats de premier rang" (c'est-à-dire sans remonter aux achats que font les fournisseurs des EMN à d'autres entreprises). Les mesures et les analyses de ces "effets indirects verticaux" sont réalisées à partir d'enquêtes directes auprès des EMN elles-mêmes, et en particulier auprès des différentes unités ou établissements des EMN. L'utilité de mener les analyses au niveau des établissements peut se justifier ainsi: les implantations d'un groupe multinational dans un pays hôte sont souvent très 19 Daftary, F. et Borghey, M.: Multinational enterprises and employment in Iran, document de travail (Genève, BIT, 1976). 20 Me Aleese, D. et Me Donald, D.: "Employment growth and the development of linkages in foreign-owned and domestic manufacturing enterprises", Oxford Bulletin of Economies and Statistics, vol. 40, 1978. 8 diversifiées, avec des effets indirects sur l'emploi très différents suivant les établissements appartenant à la même filiale; les établissements disposent souvent d'une certaine autonomie dans le choix de leurs fournisseurs, et c'est donc à ce niveau que les enquêtes doivent être réalisées; les analyses au niveau de l'établisshement permettent de proposer une approche localisée ou régionalisée des effets indirects sur l'emploi; enfin, elles permettent de proposer un cadre d'interprétation, puisque, selon nous, l'intensité et la nature des achats hors groupe d'une unité locale de EMN résultent de la spécialisation productive de cette unité au sein de la filiale de l'entreprise multinationale, et au sein de l'ensemble de l'entreprise (voir chapitre II). 9 CHAPITRE I METHODOLOGIE DE MESURE DES EFFETS INDIRECTS VERTICAUX "DE PREMIER RANG" DES EMN SUR L'EMPLOI Ce chapitre présente une méthodologie complète de mesure des effets indirects verticaux des EMN sur l'emploi. Il nous a paru souhaitable, en effet, de proposer une panoplie très large de critères de mesure de ces effets indirects, en essayant de n'omettre aucun des problèmes qui peuvent se poser lors de la collecte des informations et lors de leur interprétation. Pour cela, nous avons utilisé les connnaissances acquises par les chercheurs du LEREP à la fois du fonctionnement interne des groupes industriels et des EMN, et des procédures d'enquêtes directes auprès de ces grandes entreprises. Ce chapitre s'achève par une série de questionnaires types. Ce sont des outils que nous proposons aux chercheurs qui réaliseront par la suite des études monographiques par firme, secteur, région ou pays. Ces questionnaires ont auparavant été testés par nous auprès d'EMN dans différentes économies nationales. Les premières sections de ce chapitre constituent en quelque sorte une justification et une explication de la méthode, c'est-à-dire, en définitive, un mode d'emploi de ces questionnaires. 1. A OUI S'ADRESSER? Une firme nultinationale est toujours un groupe de sociétés, c'est-à-dire un ensemble d'entreprises unies entre elles par un système hiérarchisé de relations financières. La société mère du groupe contrôle des sociétés filiales, puis indirectement des sociétés sous-filiales, des sociétés sous-sous-filiales, et ainsi de suite (les niveaux intermédiaires peuvent être nombreux, et les structures des relations financières très complexes21). Chacune des sociétés ou entreprises du groupe possède elle-même un ou plusieurs établissements (ou unités), qui constituent des entités distinctes géographiquement (voir définitions dans l'encadré ci-joint). 21 Voir : Gilly, J.P. et Morin, F.: "Les groupes industriels en France", Notes et Etudes Documentaires no. 4, Documentation française, février 1919, et Montmorillon de, B.: Les groupes industriels, analyse structurelle et stratégique (Paris, Editions Economica, 1986). 10 Quelques définitions Etablissement (ou unité): unité industrielle distincte géographiquement. Entreprise: entité économique et juridique, regroupant un ou plusieurs établissements et pouvant être indépendante ou appartenir à un groupe. Groupe: ensemble d'entreprises unies entre elles par un système hiérarchisé de relations financières. La société mère du groupe contrôle des sociétés filiales, puis indirectement des sous-filiales. Groupe étranger: groupe dont la société mère a son siège social hors du territoire national considéré. Etablissement sous contrôle étranger: établissement qui appartient à une entreprise elle-même contrôléefinancièrementpar un groupe étranger. Contrôle majoritaire: la participation financière de la société mère est supérieure à 50 pour cent du capital de l'entreprise contrôlée. Contrôle minoritaire: la participation financière de la société mère est inférieure à 50 pour cent du capital, mais la structure de l'actionnariat, par exemple sa grande dispersion, permet de conclure à l'existence d'un contrôle économique associé à cette participation. Contrôle joint: il y a contrôle joint d'une société par plusieurs sociétés quand son capital social est également réparti entre celles-ci: il y a partage du contrôle économique (par exemple, entre une société nationale et une société étrangère). 11 Un cas très simple est représenté dans le schéma 1 suivant: p-oç îë.t é|fê; mère Groupe ENTREPRISES (ou sociétés) société filiale 1 (holding) société filiale 2 société sous-filiale 1 ETABLISSEMENTS (ou unités) unité 1 unité 2 unité 3 unité 4 unité 5 Schéma 1 L'activité d'un groupe de sociétés peut être appréhendé à trois niveaux distincts: celui du groupe: activité de l'ensemble des sociétés contrôlées par le groupe, dans le pays d'origine et à l'étranger; celui d'une entreprise ou société appartenant au groupe: activité d'une entreprise, et éventuellement des entreprises qu'elle contrôle elle-même, et qui constituent alors avec elle un sous-groupe; celui d'un établissement ou d'une unité. Les schémas 2, 3, 4 et 5 ci-dessous mettent en évidence les structures d'organisation d'une firme multinationale dans un pays d'accueil. L'activité d'une EMN originaire d'un 12 pays X dans un pays d'accueil Y, est réalisée à travers une ou plusieurs "filiales" du groupe. Il peut s'agir soit de filiales directes ou de premier rang (cf. schéma 2), soit de filiales indirectes de 2éme, 3éme ou n ième rang (cf. schémas 3 et 4). Dans ce second cas les filiales intermédiaires, qui contrôlent les entreprises de l'EMN dans le pays Y, peuvent être situées dans le pays d'origine X (cf. schéma 3), ou dans un pays tiers: holdings financiers dans des paradis fiscaux, holdings de zones géographiques (cf. schéma 4). Enfin l'EMN peut être aussi, ou uniquement, présente dans le pays par le moyen d'une filiale commune, contrôlée conjointement, par elle et un ou plusieurs autres actionnaires locaux ou étrangers (cf. schéma 5). (pays x) (pays y) filiale 1 filiale 2 Schéma 2 13 ^ocieié: ' mère (pays x) filiale 2 pays x filiale 1 pays x sous-filiale 2 sous-filiale 1 sous-sous sous-sous filiale 1 filiale 2 Schéma 3 (pays y) 14 (pays x) (pays z) filiale 1 sous-filiale 1 (filiale sous-sous-filiale 1 (pays y) nationale) sous-sous-filiale Schéma 4 2 15 |Efs$G'ete. mère (pays x) société sdciët&v mère (pays y) sociéie: tiiere (pays x) (pays z) nationale (pays y) filiale commune • # 4 %t « Schéma 5 L'implantation d'une EMN dans une économie peut donc utiliser différentes structures d'organisation en sociétés ou entreprises Juridiquement distinctes mais économiquement liées. Ces structures peuvent être représentées par des "organigrammes financiers" du type de ceux que nous avons esquissés ci-dessus. L'organisation d'une EMN se caractérise aussi par le type de structure organisationnelle interne adopté, c'est-à-dire par le découpage des activités en centres ou services, et par les liaisons hiérarchiques et fonctionnelles qui relient ces services. Ce découpage est réalisé au sein des entités juridiques que sont les entreprises, et des entités physiques que sont les établissements ou unités. Mais il ne les recouvre pas. Les types de structure organisationnelle interne sont nombreux: structure fonctionnelle ou structure divisionnelle, et dans ce second cas, divisions géographiques, par produit ou par produit et par zones géographiques. Ces structures organisationnelles internes concernent aussi bien l'ensemble du groupe au niveau mondial, que ses activités dans une économie d'accueil particulière22. Ces structures sont décrites par des organigrammes de gestion. L'étendue des tâches confiées à telle unité ou à telle filiale nationale d'une EMN dépend du type de structure organisationnelle interne de l'EMN. Il est donc nécessaire de connaître cette structure dans toute étude traitant des effets indirects des EMN sur l'emploi: Voir: Brooke, M.Z. et Lee Remmers, H.: La stratégie de l'entreprise multinationale (Paris, Editions Sirey, 1973) et Stopford, J.M. et Wells, L.T.: Direction et gestion des entreprises multinationales (Paris, Editions CLM, Publi Union, 1974). 16 il est, par exemple, important de savoir où se trouve localisé le service des achats. L'organisation d'une EMN se caractérise enfin par la répartition des tâches de production entre les unités, et par le degré de segmentation du processus de production luimême. La division des tâches productives entre les unités, c'est-à-dire la division intranationale au sein d'une économie donnée, et la division internationale au sein de toutes les économies où l'EMN est présente, traverse les structures juridiques et les structures organisationnelles internes. Elle a des conséquences essentielles sur la nature des activités réalisées dans chaque unité productive, et sur les relations économiques que celle-ci noue avec son environnement. Les effets d'entraînement des unités locales des EMN, et donc les effets indirects sur l'emploi, dépendent très largement du type de division des tâches de production (voir au chapitre II, le développement de cette analyse). C'est ce constat qui nous amène à privilégier l'étude directe de ces unités locales et leur place dans l'organisation productive de l'EMN. L'intensité et les modalités de la présence d'une EMN dans une économie d'accueil varient donc selon les structures adoptées: structure juridique, structure organisationnelle interne, structure productive. Pour connaître ces différentes structures, l'observateur extérieur, qui cherche à collecter des informations auprès de l'EMN, a le choix entre trois niveaux pour poser ses questions: le groupe multinational, c'est-à-dire le siège social ou le centre administratif dans le pays d'origine; la filiale ou plus largement l'une des sociétés appartenant au groupe, et en particulier la "filiale nationale" quand elle existe (nous appelons ainsi l'entreprise qui contrôle l'ensemble des sociétés du groupe dans une économie donnée: cas du schéma 4); l'unité ou établissement, et en particulier l'unité de production de grande taille. Aucun de ces niveaux d'approche n'est à rejeter à priori, car chacun d'eux est le niveau le plus approprié pour obtenir certains types d'informations. On pourrait donc concevoir de s'adresser simultanément à tous les niveaux. Mais la limitation des moyens impose, le plus souvent, de choisir un seul niveau pour effectuer une enquête détaillée avec interview. Quel que soit le niveau retenu pour réaliser cette enquête, il est clair qu'il convient de ne pas se limiter à une connaissance du fonctionnement de la seule entité enquêtée (cf. filiale, ou unité). Il faut chercher à connaître les structures organisationnelles de l'ensemble du groupe dans l'économie d'accueil et dans le monde. Pour l'étude des effets indirects verticaux des EMN sur l'emploi, il nous semble nécessaire de privilégier les enquêtes auprès des unités locales. 17 1.1. Propostion de mesure des effets indirects verticaux des EMN sur l'emploi dans les pays d'accueil, en s'adressant principalement aux plus grandes unités ou établissements des EMN. La réalisation d'enquêtes auprès de ces unités se justifie par le fait que nous cherchons à mesurer les effets indirects les plus importants, c'est-à-dire ceux qui sont liés aux achats auprès des fournisseurs de biens et des sous-traitants23. Or les grands établissements productifs disposent souvent d'une réelle autonomie dans leur politique d'achats. Si l'on souhaite bien connaître les effets indirects les plus significatifs, il convient alors d'enquêter directement: auprès de ces grandes unités. Cette démarche est celle qui doit permettre le mieux d'appréhender la politique d'achats de l'EMN, et les facteurs qui favorisent l'appel aux fournisseurs locaux. Elle doit aussi aboutir à une connaissance des effets indirects des EMN sur les régions d'accueil. Enfin, il nous semble que c'est en enquêtant directement auprès de l'unité productive que l'observateur pourra le mieux analyser la spécialisation productive de celle-ci, c'est-àdire sa place au sein de la division nationale et internationale des tâches. Or cette place détermine en grande partie l'importance et la nature des achats qu'un établissement effectue en dehors du groupe, donc les effets indirects verticaux sur l'emploi (voir le chapitre II qui développe ce raisonnement). Cette proposition explique l'importance que nous avons accordée, dans cette étude, à la mise au point d'un questionnaire détaillé destiné aux unités productives des EMN, qui est présenté au para. 5.1.. Ce questionnaire comprend une première partie qui permet d'analyser la place de l'unité dans l'organisation du groupe, et une deuxième qui mesure les effets d'entraînement que cette unité exerce sur son environnement local et national. Un questionnaire destiné à être adressé aux fournisseurs et sous-traitants de ces unités complète le dispositif d'investigation proposé (voir para. 5.2 et texte en annexe 2). Dans tous les cas où l'unité locale de l'EMN dispose des informations recherchées, ou accepte de les collecter elle-même au sein de son groupe, cette enquête directe réalisée à son niveau sera suffisante. 1.2. Recherche de données réalisée au niveau de la filiale dont dépendent les grandes unités ou au niveau de la filiale nationale. Quand la collecte directe des informations auprès d'établissements nombreux et Ainsi la grande usine IBM de Montpellier employait en 1983, 22 424 salariés. Le volume total de ses achats en France correspondait à 1 180 équivalents-emplois environ, dont 350 équivalents-emplois pour des achats à d'autres unités françaises du groupe, et 1 530 équivalents emplois pour des achats à des fournisseurs français non contrôlés par IBM. Ces 1 530 équivalents-emplois se répartissaient ainsi: 1 380 équivalents-emplois relatifs aux opérations de sous-traitance (dont 68% dans la région); 90 équivalents-emplois relatifs aux achats à des fournisseurs de biens; 60 équivalents-emplois relatifs aux achats à des fournisseurs régionaux de services. Pour cette unité industrielle, les effets indirects verticaux de premier rang (en amont) sont donc essentiellement ceux liés aux achats de biens, qu'elle maîtrise localement pour tout ce qui concerne les achats hors du groupe. 18 dispersés nécessitera des moyens disproportionnés avec ceux qui peuvent être engagés dans l'étude, il sera possible d'adresser l'ensemble des questionnaires destinés aux unités productives au siège de la filiale, en lui demandant d'y répondre, et/ou de faire répondre chaque unité. Dans d'autre cas, la prise en compte de ce niveau d'approche, c'est-à-dire celui de la filiale, sera rendu nécessaire. Il pourra s'imposer chaque fois qu'une première démarche auprès des établissements aura démontré que les informations ne sont pas disponibles à ce niveau, par exemple parce que la politique d'achats est fortement centralisée au sein de la filiale. Un autre cas de centralisation peut rendre souhaitable une enquête auprès de la filiale, Il s'agit des choix de certains prestataires de services (assurances, banques, publicité, conseils, transports, etc.) qui sont fréquemment réalisés centralement, toutes les unités du groupe faisant alors appel au même prestataire et à ses agences dans tout le pays. La distribution et la vente de la production des différents établissements sont aussi souvent réalisées par un service ou établissement unique, voire par une filiale spécialisée. C'est alors à ce niveau, ou à celui de la "filiale nationale" qu'il conviendra de s'adresser pour mesurer les effets indirects verticaux "en aval". Afin de faciliter la collecte d'informations dans tous ces cas de centralisation, nous avons élaboré un questionnaire d'enquête auprès de la filiale qui contrôle l'ensemble des établissements que l'on se propose d'étudier (voir para. 5.3 et texte en annexe 3). Suivant le type d'organisation adopté par l'EMN ce questionnaire devra être adressé, soit à la filiale dont dépendent directement les unités (cas des schémas 2 et 3), soit à la "filiale nationale" (cas du schéma 4). 1.3. Nécessité de s'adresser à la direction du groupe Dans tous les cas il est souhaitable de s'adresser parallèlement à la direction du groupe multinational, dans son pays d'origine, pour obtenir un certain nombre d'informations générales sur l'activité mondiale du groupe telles que: les choix stratégiques globaux; les résultats économiques et financiers; les structures d'organisation internationale, et particulièrement au niveau de la zone géographique (par exemple continentale) dans laquelle se situe l'unité ou la filiale étudiée; l'évolution des processus de production, de la technologie et des investissements; le type d'organisation interne de la production (décomposition des tâches et spécialisation des unités) et le recours aux fournisseurs externes. Les documents publiés par le groupe (rapports annuels d'activité, brochures, revues, etc.), les monographies existantes sur le groupe ou la branche d'activité, la presse spécialisée, sont des sources utiles d'informations de ce type. 19 1.4. Recherche des informations techniques et économiques sur le ou les secteurs d'activité des principaux fournisseurs des unités étudiées, à la fois aux niveaux régional, national et international Ces informations peuvent aider à déterminer les tendances générales d'appel aux fournisseurs externes dans les secteurs de l'EMN, les structures industrielles prévalant dans les secteurs des fournisseurs, et les normes d'emploi correspondantes. Ces normes sectorielles d'emploi sont utiles pour transformer des informations sur les achats des EMN, connues en termes de montant, en équivalents-emplois (voir para. 3). Ces données pourront être obtenues dans les centres de documentation et/ou de recherche, publics ou privés, locaux ou nationaux. 2. LES DIFFERENTS EFFETS INDIRECTS VERTICAUX DES EMN SUR L'EMPLOI DANS LES PAYS D'ACCUEIL Ces effets résultent des relations que la filiale ou l'unité locale de l'EMN nouent avec les entreprises régionales ou nationales, que celles-ci soient des entreprises indépendantes ou bien des entreprises contrôlées par des groupes nationaux, ou encore des entreprises contrôlées par d'autres groupes étrangers. Ainsi, du point de vue de l'économie d'accueil, les effets d'entraînement d'une filiale (ou unité) de groupe étranger sur cette économie peuvent concerner aussi bien les achats effectués par cette filiale (ou unité) à des entreprises "nationales" que ceux effectués auprès des filiales d'autres groupes étrangers présents sur le territoire national. Il en va de même pour les effets indirects sur l'emploi correspondants à ces achats. On peut différencier des relations selon qu'elles se situent en "amont" ou en "aval" des activités de la filiale ou de l'unité de l'EMN. A chacun de ces grands types de relations correspondent des effets indirects sur l'emploi. Les plus importants concernent les effets indirects liés aux relations économiques "en amont", c'est-à-dire ceux qui correspondent aux relations d'achats de biens et services (voir para. 2.1.). L'analyse se concentrera sur ces achats. Ce sont ces effets qui sont explicables par le cadre d'interprétation proposé dans le chapitre II. D'autres effets indirects sont ceux liés aux relations économiques "en aval", c'est-àdire aux ventes de biens et services effectuées par la filiale ou l'unité locale de l'EMN (voir para. 2.2). Enfin certains effets indirects sont liés aux nouvelles relations de partenariat nouées par les EMN. Sous l'effet de l'évolution des processus de production (importance croissante de la recherche, automatisation et qualification croissante des tâches, etc.) et de la concurrence, les groupes multinationaux établissent de nouvelles relations avec des entreprises publiques ou privées qui ne sont pas forcément des fournisseurs du groupe. Ces relations de partenariat doivent aussi être prises en compte, car même si elles se traduisent par des effets sur l'emploi quantitativement plus réduits, elles sont significatives d'un nouveau comportement des EMN vis-à-vis de leur environnement local ou régional (para. 2.3.). 20 2.1. Les effets indirects liés aux relations économiques "en amont" Il s'agit d'effets liés aux achats de biens et services, par les filiales ou unités locales d'EMN, auprès d'entreprises régionales ou nationales. 2.1.1. Un premier type d'effet indirect est celui qui correspond aux travaux d'installation réalisés lors de la création ou de l'extension d'unités locales d'EMN. Lors de la création d'une unité, par exemple d'une usine, l'EMN réalise d'importants investissements24 tels que: l'aménagement du terrain, la construction des bâtiments, les aménagements intérieurs, l'achat des équipements. Ces investissements se traduisent par des dépenses élevées, dont une grande partie, notamment tout ce qui concerne les travaux de bâtiment et de génie civil, est confiée à des entreprises locales ou nationales. Etant donné le caractère épisodique de tels achats, c'est-à-dire limité dans le temps, nous avons choisi de ne pas mesurer les effets indirects sur l'emploi de ces travaux de première installation25. Par contre les travaux d'extension seront pris en compte, s'ils sont réalisés pendant la période durant laquelle est effectuée l'enquête ou s'ils ont été réalisés au cours des cinq années antérieures (question 5 du questionnaire destiné aux unités). Les autres effets indirects verticaux sont liés aux achats "courants" de biens ou de services. 2.1.2. Une catégorie particulière de biens est constituée par le matériel et les machines utilisées dans la production, que l'on peut regrouper sous le terme de biens d'équipement. Ceux qui sont acquis lors de la première installation ne seront pas isolés dans notre enquête. Ceux qui sont achetés par la suite, et qui correspondent à des opérations de renouvellement ou d'extension des équipements seront décrits parmi les autres achats courants de biens (cf. question 5 du questionnaire aux unités de l'EMN). Nous n'avons donc pas cherché à identifier spécifiquement cette catégorie de biens, même si l'importance des biens d'équipement achetés dans l'économie d'accueil est un bon indicateur à la fois de l'insertion nationale de l'EMN, et du développement économique du pays. Dans de nombreux cas les achats de biens d'équipement se font essentiellement à l'étranger, et peu dans l'économie d'accueil: implantations dans des économies peu industrialisées du tiers-monde, EMN à processus technologiques sophistiqués, etc. Chaque fois que les responsables de l'étude estimeront qu'il est important d'isoler les Les autorités locales (municipales, régionales) ou nationales du pays d'accueil réalisent aussi des travaux d'infrastructure publique très importants pour permettre l'implantation de l'EMN (routes, chemins de fer, aéroports, ports, réseaux de télécommunication, adduction d'eau, électrification, viabilisation, etc.). Par exemple, les questions suivantes pourraient être ajoutées: quel est le montant total des travaux d'installation effectués lors de la création de votre unité; quelle part a été confiée à des entreprises nationales; quels ont été les effectifs moyens employés sur le chantier de construction de votre unité, quelle a été la durée de ce chantier? 21 achats de biens d'équipement, ils pourront compléter les questionnaires proposés ici26 (par exemple dans les cas où l'économie d'accueil produit en partie ou en totalité les biens d'équipement utilisés par l'EMN, ou lorsqu'il existe une volonté nationale de développer une industrie des biens d'équipement). 2.1.3. Les achats de biens qui doivent être étudiés, parce qu'ils donnent naissance à des effets indirects sur l'emploi, sont ceux qui sont effectués à des fournisseurs nationaux, c'est-à-dire localisés dans l'économie d'accueil considérée (voir schéma 6: première différenciation). Ces achats peuvent être différenciés selon qu'ils s'adressent à des unités nationales appartenant au groupe multinational étudié, ou à des unités nationales, distinctes du groupe. Ces derniers peuvent être considérés comme les plus importants, puisqu'ils contribuent au développement des capacités technologiques, de production et d'emploi des entreprises nationales (voir schéma 6: deuxième différenciation). Différenciations possibles Origine des achats de biens d'une unité ou filiale locale de l'EMN "X" 1ère différenciation dans l'économie d'accueil 2ème différenciation 3ème différenciation Achats étudiés principalement Unités nationales indépendantes de l'EMN "X" à l'étranger Unités nationales appartenant à l'EMN "X" Unités nationales non dépendantes de l'EMN Autres unités Unités de l'EMN Unités nationales dépendantes étrangères Achats effectués dans l'économie d'accueil Schéma 6 Origine des achats de biens d'une unité ou filiale locale de l'EMN Faut-il distinguer ces entreprises nationales selon leur appartenance ou non à un groupe multinational étranger? (voir schéma 6: troisième différenciation). Nous avons choisi, dans les questionnaires proposés, de ne pas effectuer cette différenciation des achats, et donc des effets indirects sur l'emploi, selon qu'ils concernent des entreprises nationales filiales ou non des EMN étrangères. En effet, du point de vue de l'économie d'accueil, il est préférable qu'une filiale d'EMN réalise ses achats auprès d'autres Par exemple les questions complémentaires suivantes pourraient être posées: quelle est la valeur de vos immobilisations nettes (hors terrains et bâtiments); quel est le pourcentage de ce montant qui correspond à des biens d'équipement achetés dans l'économie locale? 22 entreprises situées dans la même économie, quels que soient les groupes dont elles dépendent. Ainsi, dans le questionnaire détaillé destiné aux unités locales de production des EMN, les questions les plus complètes (questions 5, 6, 7) concernent l'ensemble des achats effectués dans l'économie d'accueil, sans les différencier en sous-catégories. Par contre nous avons construit notre procédure d'enquête et nos questionnaires en distinguant deux catégories de fournisseurs de biens: les fournisseurs non sous-traitants et les fournisseurs sous-traitants. Dans les deux cas il s'agit, certes, d'achats auprès d'entreprises juridiquement indépendantes de l'entreprise étudiée. Mais la relation de sous-traitance crée une relation économique très forte et très étroite entre le donneur d'ordre (ici l'EMN) et le preneur d'ordre (ici une entreprise locale ou nationale27). L'importance et la régularité des livraisons dans le temps sont souvent grandes et correspondent à un contrat de sous-traitance qui est rarement un contrat écrit, mais qui n'en constitue pas moins un véritable contrat. Cette relation commerciale est fréquemment complétée par une relation technologique (transferts de technologie de l'EMN vers le soustraitant); par une relation sociale (formation du personnel du sous-traitant, détachement de salariés du donneur d'ordre chez le sous-traitant, etc.) et par des transferts de méthodes de gestion28. Le progrès technologique et l'évolution de la concurrence amènent de plus en plus les groupes industriels qui pratiquent la sous-traitance, à rechercher des entreprises soustraitantes qui soient très liées à eux, compétitives et capables d'accompagner leur propre évolution sur de nombreux plans: niveau technologique, qualité des productions, raccourcissement et respect des délais de livraison, capacité autonome de recherche et de mise au point des produits. La relation de sous-traitance évolue donc aujourd'hui vers une 27 Voir sur la relation de sous-traitance: Barreyre, P.Y.: L'impartition: politique pour une entreprise compétitive (Paris, Hachette, 1968); Chaillou, B.: La sous traitance, élément intégré de la politique de l'entreprise. thèse d'Etat de Sciences économiques, 1978; Capet, M. et Hoflack, J.: Gestion de l'entreprise sous-traitante (Paris, Editions Economica, 1978) et Galliano, D.: Sous traitance et stratégies des grandes entreprises du secteur aéronautique et spatial de Midi Pyrénées, mémoire, LEREP, Université de Toulouse I, 1982. Voir sur les sous-traitances internationales des EMN: Germidis, D. (sous la direction de ): La sous-traitance internationale, une nouvelle forme d'investissement (Paris, OCDE, 1980); Berthomieu, C. et Hanaut, A.: "La soustraitance internationale peut-elle être un facteur d'industrialisation?" Dans Berthomieu, C. et Alù: Structures industrielles et sous-traitance, travaux de recherches du LATAPSES, CNRS-Université de Nice (Editions PUF, 1983). Voir sur la forte dépendance des petites et moyennes entreprises, fournisseurs des groupes: Fauré, R., Marchesnay, M. et Mathié, B.: "Dans l'ombre des grands", Revue française de gestion, no. 22, 1979, pp. 108-115; Banville de, E. et Roux, J.: "Groupes, petites unités et nouvelles bases de légitimité" dans ADEFI Les restructurations industrielles en France (Paris, Editions Economica, 1980); Marchesnay, M.: "La dépendance des firmes individuelles", Cahiers de l'ISMEA, série Sciences de Gestion, no. 17, 1988. 2 II en résulte une forte intégration des entreprises sous-traitantes à leurs principaux donneurs d'ordre. Ceci conduit certains auteurs à considérer que ces sous-traitants font partie des groupes. Ainsi, B. Hugonnier différencie l'investissement direct international (IDI) où "la détention d'une fraction du capital d'une entreprise amène à exercer un contrôle significatif sur sa gestion", de la coopération directe internationale (CDI) où des investissements sans participation au capital permettent aussi d'exercer un tel contrôle, notamment quand il y a cession de licence ou contrat de sous-traitance. Voir Hugonnier, B.: Investissements directs, coopération internationale et firmes multinationales (Paris, Editions Economica, 1984). 23 relation de partenariat industriel, liant de plus en plus étroitement un grand donneur d'ordre et les entreprises sous-traitantes. En outre, celles-ci doivent être le plus souvent situées géographiquement à proximité des usines du groupe qu'elles approvisionnent, pour permettre rétablissement des relations étroites qui viennent d'être évoquées29. La connaissance des opérations de sous-traitance de l'EMN et de la politique qu'elle poursuit en ce domaine est donc nécessaire pour comprendre comment elle contribue à l'industrialisation de la région dans laquelle elle s'implante. Les questionnaires proposés (voir para. 5) distinguent clairement les achats auprès des sous-traitants, des achats courants auprès des fournisseurs non sous-traitants. Bien entendu, la partie de l'enquête consacrée à la sous-traitance pourra être supprimée, ou agrégée avec la partie achats aux fournisseurs non sous-traitants, chaque fois que les opérations de soustraitance seront négligeables ou nulles. Enfin, l'emploi du questionnaire direct auprès des fournisseurs et sous-traitants (voir para. 5.2) semble particulièrement conseillé auprès des grandes entreprises sous-traitantes de l'EMN. 2.1.4. Les achats de services que nous avons choisi d'étudier principalement sont, comme pour les achats de biens, les achats réalisés par les unités locales d'EMN au sein des économies d'accueil. Ces achats de services sont souvent d'importance limitée, comparativement aux achats de biens. En outre, les établissements des EMN recourent fréquemment aux services fournis par le groupe multinational lui-même. Mais les achats de services auprès de fournisseurs nationaux extérieurs au groupe peuvent être importants, pour les établissements d'EMN de certains secteurs. Par exemple: les travaux d'entretien et de réparation confiés à des entreprises locales dans les activités à processus de production continu (industrie chimique, industrie pétrolière, etc.); le recours au travail intérimaire; le transport de matières premières agricoles et forestières transformées par l'EMN; le transport de ressources minérales utilisées par l'EMN. L'étude des achats de service réalisés par les EMN auprès de fournisseurs locaux est nécessaire, quelle que soit leur importance. En effet le développement économique et la croissance industrielle reposent de plus en plus sur l'existence d'un réseau local d'entreprises de services. Les effets indirects sur l'emploi correspondants aux achats de service sont donc économiquement significatifs, même s'ils peuvent être quantitativement limités. Les questionnaires donnent une liste non exhaustive des différents prestataires de services auxquels peuvent faire appel les EMN. Certains de ces services sont directement liés à la production, et sont plus fréquemment confiés à des prestataires locaux: travail intérimaire, Voir Dommergues, P. (sous la direction de): La société de partenariat: Economie, territoire et revitalisation régionale aux EtatsUnis et en France (Paris, Editions Afnor, Anthropos, 1988). 24 entretien et réparation, nettoyage et gardiennage, transports de matières premières et produits semi-finis, formation du personnel productif. D'autres services, liés à la gestion administrative, sont plus souvent centralisés au sein du groupe multinational, et réalisés, pour le compte de l'unité locale, soit par des services internes du groupe, soit par des prestataires externes choisis par la "filiale nationale": banques et assurances, conseil (juridique, économique, financier, technique, marketing recruitment), ingénierie, traitement informatique, gestion comptable, publicité, hôtellerie et restauration. 2.2. Les effets indirects liés aux relations économiques "en aval" Il s'agit des effets liés aux ventes de biens et services effectués par la filiale ou l'unité locale de l'EMN. Mais cette étude se limitera aux ventes effectuées auprès d'autres entreprises de distribution, et/ou aux opérations de franchise30. Lorsque l'EMN ne dispose pas d'un réseau commercial complet, on peut en effet considérer que les activités des grossistes, transporteurs et détaillants indépendants qui acheminent les produits et services de l'EMN jusqu'au consommateur final, découlent de la présence de cette EMN. Les emplois correspondant à ces activités peuvent alors être considérés comme indirectement induits par cette EMN. Une mention particulière doit être faite pour les réseaux d'entreprises franchisées fréquemment créés par les EMN, qu'il s'agisse de magasins de distribution de produits de consommation (cf. dans l'industrie de l'habillement, de la chaussure, de la maroquinerie, de l'horlogerie, de la bijouterie) ou d'entreprises de services (cf. dans la restauration et l'hôtellerie). En effet dans tous ces cas les unités franchisées dépendent assez étroitement de l'EMN à laquelle elles sont liées par contrat, et qui leur fournit, moyennant une redevance, les normes d'installation, d'équipement et de gestion, une assistance technique permanente, une marque et/ou des produits à distribuer, et une action commerciale. 2.3. Les effets indirects liés aux nouvelles relations de partenariat Il s'agit de relations nouées par les EMN avec des entreprises qui ne sont pas nécessairement des fournisseurs ou des clients de la firme. On peut distinguer les actions qui mettent directement en relation l'EMN avec des entreprises - publiques ou privées - déjà existantes, et les actions visant à soutenir la création de nouvelles entreprises. Il semble en effet difficile de considérer les ventes à d'autres entreprises de production comme générant des emplois, puisque, dans l'analyse traditionnelle des effets d'entraînement, ce sont au contraire les achats des unités situées en aval qui entraînent l'activité économique - et donc l'emploi - des unités vendeuses situées en amont. 25 Les actions de partenariat inter-entreprises peuvent correspondre à des coopérations diverses: partenariat industriel (productions communes, recherches communes, fourniture par le groupe de matières premières); partenariat technologique (valorisation des technologies utilisées par le groupe, recherches communes avec des laboratoires publics ou privés); partenariat à l'exportation (mise à la disposition des petites et moyennes entreprises (PME) du réseau commercial du groupe); Les actions d'aides à la création des PME recouvrent notamment: - la participation à des organismes locaux ou régionaux de financement des PME; - l'essaimage, c'est-à-dire les actions de soutien aux salariés de l'EMN désirant la quitter pour créer leur propre entreprise, le plus souvent à proximité. 3. CRITERES DE MESURE DES EFFETS INDIRECTS VERTICAUX DES EMN SUR L'EMPLOI (AU NIVEAU D'UNE UNITE OU D'UNE FILIALES 3.1. Effets liés aux achats de biens et services 3.1.1. L'un des objectifs de l'étude est de quantifier ces effets indirects, c'est-à-dire en définitive, d'obtenir le chiffre des effectifs totaux employés chez les différents fournisseurs nationaux de premier rang de l'EMN, du fait des achats de cette EMN. Il est donc souhaitable de disposer d'informations concernant les emplois qui sont induits chez les fournisseurs nationaux de l'EMN par les achats que cette EMN réalise auprès d'eux. Il s'agit là d'informations peu connues, et difficiles à obtenir, tant auprès de l'EMN que de ses fournisseurs. D'abord, parce que ces informations relatives aux relations commerciales entre les entreprises ne sont pas publiées31 et sont le plus souvent considérées comme relevant du secret des affaires. Ensuite, parce que les fournisseurs en question ne travaillent pas, d'ordinaire, de façon exclusive pour l'EMN étudiée. On ne peut donc retenir leurs effectifs totaux comme évaluation des effets indirects32. Malgré ces difficultés, il nous semble que les efforts de l'enquête doivent porter sur ce point: mesurer la part de l'emploi total des fournisseurs de premier rang de l'EMN qui correspond à l'activité réalisée pour cette EMN, ainsi que la nature des emplois correspondants. Le total des achats d'une filiale d'EMN figure dans ses comptes sociaux, mais n'est pas ventilé par origine géographique. Ce chiffre n'est pas disponible pour un établissement. Sauf lorsque les fournisseurs travaillent de façon très importante pour l'EMN. 26 3.1.2. A côté de cette évaluation globale, il est également souhaitable de connaître l'évolution dans le temps des effets indirects de premier rang, ainsi que leur structure géographique, sectorielle et par type de fournisseurs: l'évaluation globale doit donc être décomposée en grandes catégories. 3.1.3. Des informations plus qualitatives et nominatives sont aussi utiles à connaître. Par exemple: la liste des principaux fournisseurs de biens d'équipement, et leur localisation; la liste des principaux sous-traitants, leur production, leur localisation, et leur appartenance ou non au groupe; la politique de sous-traitance; la liste des principaux fournisseurs non sous-traitants, leur localisation, leur appartenance ou non au groupe, leur production; la politique d'achats hors du groupe. 3.1.4. Il ne faut pas se cacher la grande difficulté qu'il y a à obtenir des informations détaillées sur les fournisseurs de l'EMN en s'adressant à l'EMN33. Il faudra quelquefois se contenter des estimations globales que l'EMN sera à même de donner: valeur totale des achats de biens et de la sous-traitance confiée34; valeur totale des achats de services, avec une répartition de ces achats selon l'origine géographique, si possible selon les secteurs d'activité, et des informations qualitatives sur leur nature. 3.1.5. L'utilisation de normes sectorielles d'emploi permettra alors d'effectuer des évaluations des effets indirects des EMN. Par normes sectorielles d'emploi nous entendons des coefficients calculés par secteur d'activité de l'économie d'accueil, du type suivant: Effectif annuel moyen du secteur pour x unités de chiffre d'affaire \ / Effectifs totaux du secteur = Chiffre d'affaire annuel du secteur (exprimé en unités X) Norme sectorielle d'emploi 33 Le LEREP à Toulouse a déjà fondé avec succès des études sur ce type d'enquête, notamment lors d'analyses régionales. D'autres centres de recherche économique dans le monde ont aussi employé cette méthode. Les questionnaires que nous proposons au para. 5 ont déjà été testés auprès de certaines EMN, qui ont accepté de répondre. 34 La sous-traitance est souvent évaluée en heures de travail, ce qui facilite la conversion d'un volume de sous-traitance en équivalents-emplois en utilisant la durée annuelle moyenne du travail dans le secteur. 27 Ces coefficients appliqué aux montants d'achats de l'EMN à des fournisseurs nationaux, par secteurs permettront d'évaluer les emplois correspondants: Effectif annuel moyen des personnes qui travaillent pour l'EMN au sein des fournisseurs nationaux de l'EMN \ / v Effects indirects verticaux de premier rang sur l'emploi (dans le secteur) Montant annuel moyen des achats de l'EMN aux fournisseurs nationaux du secteur (en unités monétaires x) \ / v Evaluation fournie par l'EMN Effectif annuel moyen du secteur pour x unités monétaires de chiffre d'affaires Norme sectorielle d'emploi Quand on ne disposera que des montants totaux des achats effectués dans l'économie nationale, sans répartition sectorielle, on pourra utiliser une norme nationale d'emploi. 3.1.6. En ce qui concerne le type d'information à collecter, dans le meilleur des cas, c'est-à-dire quand l'EMN accepte de collaborer activement à l'étude, on peut distinguer le volume de l'emploi, et d'autres caractéristiques de cet emploi. Volume de l'emploi indirect Il s'agit de l'information principale dans ce type d'étude centré sur les effets indirects sur l'emploi, et visant à mesurer combien d'emplois sont induits par l'activité de l'EMN. Ce volume d'emploi devrait bien entendu être connu par type d'activité et par fournisseur de biens ou de services. Il serait aussi nécessaire de connaître la répartition géographique de ces emplois dans l'espace géographique étudié, en particulier entre la région d'implantation de l'EMN et les autres régions de l'économie nationale d'accueil. Enfin la répartition de ces emplois selon le type d'entreprise, en particulier selon la taille des entreprises, pourrait être une autre information utile à connaître, par exemple pour les principaux biens et services achetés hors groupe (analyse de la concentration des fournisseurs). Dans le questionnaire auprès des unités (voir para. 5.1) nous avons limité les questions à quelques évaluations globales des achats par types de biens et selon l'origine géographique. Nous avons centré l'enquête sur l'élaboration de listes détaillées des principaux fournisseurs de l'EMN, avec pour chacun d'eux des informations sur leur activité avec cette EMN. Autres caractéristiques structurelles des emplois indirects Pour les principaux fournisseurs de l'EMN ces caractéristiques pourront être étudiées directement lors des enquêtes directes auprès de ces entreprises ( cf. questionnaire du para. 5.2). Pour les autres fournisseurs ces caractéristiques seront analysables à partir des 28 normes sectorielles existantes. Les principaux éléments structurels sont les suivants: La structure des emplois par niveau de qualification; La structure des emplois par niveau de rémunération; La structure des emplois par hommes/femmes; La structure des emplois par statut intérimaire (cf. importance du travail intérimaire, du travail à domicile). La stabilité de l'emploi est mesurable par: les variations d'effectifs totaux d'une année sur l'autre; le taux de rotation de la main-d'oeuvre; le nombre des licenciements (cf. sur les trois dernières années). 3.2. Effets liés aux ventes de biens et services Les critères de mesure seront, comme dans le cas des achats de biens et services, les volumes d'emplois qui correspondent à l'activité réalisée pour l'EMN par des réseaux de vente extérieurs au groupe, et situés dans l'économie nationale. Comme précédemment les informations fournies par l'EMN pourront être des montants totaux de ventes, auxquels on pourra appliquer des normes d'emploi dans les secteurs de la distribution. Le questionnaire aux unités privilégie ces évaluations globales, en termes de chiffre d'affaires des ventes ou d'emplois induits (cf. question 8, para. 5.1.). Dans tous les cas où les effets indirects verticaux liés aux ventes sont importants, une enquête plus approfondie pourra être réalisée, avec une individualisation des principaux distributeurs. 3.3. Effets liés aux relations de partenariat Il sera souvent difficile de quantifier les effets économiques et les effets sur l'emploi des actions de coopération des EMN avec les laboratoires et les entreprises des économies d'accueil. Aussi, nous nous proposons de réaliser un simple recensement de ces actions de coopération, qui servira d'indicateur de l'implication plus ou moins forte des EMN dans ce type d'action. Pour l'essaimage, le nombre de salariés de l'EMN ayant essaimé, le nombre d'entreprises créées et encore en activité, et les effectifs salariés de ces entreprises, sont des critères de mesure utilisables (cf. question 9 du questionnaire, para. 5.1.). Quand le partenariat à l'exportation existe, des questions peuvent être ajoutées, concernant le nombre de PME coopérant à l'exportation, le chiffre d'affaires réalisé par elles à l'exportation par ce canal, et les emplois correspondant à ce chiffre d'affaires. 29 4. QUELQUES PROBLEMES METHODOLOGIQUES La collecte des informations, puis leur traitement, posent de redoutables problèmes méthodologiques qui sont liés à la complexité des structures des groupes multinationaux. Nous mettons en évidence ici quelques une des difficultés que rencontreront les enquêteurs. 4.1. Les frontières de l'EMN Lorsque l'on veut évaluer les effets indirects sur l'emploi d'une EMN, il faut faire l'inventaire de ce que possède cette entreprise sur le territoire que l'on va étudier. Il est très facile d'effectuer ce dénombrement lorsque l'on doit étudier une EMN qui ne possède qu'un établissement. Le problème est plus complexe lorsqu'il s'agit d'un véritable groupe industriel. Le recensement des filiales de l'EMN passe donc par une reconnaissance des liaisons financières du groupe multinational. L'on ne peut pas se contenter de retenir les sociétés contrôlées à plus 50 pour cent, il faut aussi inclure les sociétés dont le taux de détention du groupe est inférieur à ce seuil, si l'EMN possède effectivement le contrôle de la société (voir schémas et définitions du contrôle minoritaire au para. 1). Il faut aussi inclure les entreprises contrôlées indirectement par l'EMN. Pour les entreprises à contrôle joint, l'ensemble des mesures statistiques seront divisées par le nombre d'entreprises participant au contrôle. On sait que des entreprises juridiquement indépendantes d'un groupe peuvent être économiquement très dépendantes de celui-ci, à cause de l'existence de relations commerciales (cas des fournisseurs dont l'essentiel de l'activité est destiné au groupe). Ces relations sont souvent renforcées par d'autres liens, notamment technologiques. Une définition large de l'EMN conduirait à inclure ces entreprises dans le périmètre du groupe. Dans cette étude nous proposons de nous limiter à une définition étroite, en ne retenant que les entreprises faisant partie du groupe (voir définition para. 1): cela exclut toutes celles qui sont très dépendantes économiquement du groupe mais qui en sont financièrement distinctes. Cela revient à comptabiliser les activités qu'elles réalisent pour le compte de l'EMN comme des effets indirects de celle-ci sur l'emploi. 4.2. Le repérage des établissements L'établissement d'un groupe ne possède pas de définition claire juridiquement, tout au plus peut-on dire qu'il s'agit d'une unité locale dans laquelle s'exerce l'activité d'une entreprise. Du flou de cette définition naît un problème de dénombrement des établissements d'un groupe, qui ne pose pas de difficultés si l'on n'effectue pas de suivi historique, mais qui est difficile à résoudre si l'on veut comparer par exemple les emplois d'un établissement à deux dates distinctes. On ne peut pas mettre sur un même pied les établissements éphémères d'un groupe (chantiers, usines clé en main) et les unités ayant installé des capacités de production. Il convient donc d'être vigilant dans tout suivi historique des effets d'entraînement. Nous proposons de distinguer dans notre étude les deux types d'établissements. 30 Il existe aussi un lien organique entre établissement et emploi. Nous devrons donc considérer comme des établissements toute localisation auprès de qui se rattachent du personnel itinérant (effet direct) ou des franchisés (effets indirects), même si ces établissements ne sont que des boîtes postales et n'emploient qu'un secrétariat, ou que l'entreprise n'est pas propriétaire de ses locaux. Ce cas se pose souvent lorsqu'il faut évaluer les effets d'entraînement d'un réseau commercial ou de travailleurs à domicile. Un problème difficile de repérage des effets d'entraînement existe dans tous les cas où, sur un même site, coexistent des activités de groupes différents, ce qui est souvent le cas sur des sites chimiques ou des champs de pétrole. Comment, alors, distinguer les effets indirects sur l'emploi de deux groupes dont les activités sont enchevêtrées? Le problème se complique lorsqu'il existe des activités de sous-traitance sur le site. Sur un site unique peuvent ainsi être regroupés: les employés de production de groupes différents; le personnel d'entretien détaché sur le site; les employés d'une société de gardiennage; les employés de plusieurs sociétés d'intérim; les employés de sociétés de sous-traitance sur site; les employés d'une entreprise négociant le rachat d'une partie du site. Dans ce cas comment distinguer les effets directs sur l'emploi des effets indirects? Nous proposons une solution simple, qui consiste à ne retenir comme effectifs directs de l'EMN que les employés qu'elle emploie directement sur le site. Tous les autres, même s'ils sont localisés sur le même site de façon durable, sont considérés comme appartenant à des entreprises fournisseurs de l'EMN. 4.3. L'utilisation des comptes consolidés Le choix de la filiale comme niveau complémentaire d'analyse pose tous les problèmes de mesures des variables concernant les groupes industriels. Comme les groupes procèdent eux-mêmes à leur propre consolidation, la validité des variables étudiées dépendra du périmètre de consolidation choisi et de la méthode de consolidation (il en existe trois différentes en France). Du point de vue des méthodes de consolidation, seules les méthodes qui consolident intégralement les comptes des filiales (méthode par consolidation globale européenne) sont valides du point de vue statistique. Les méthodes qui consolident les données au prorata du taux de participation (méthodes par équivalence et intégration proportionnelle) ne permettent pas de lever tous les problèmes liés à la frontière de l'EMN, elles ne sont pas compatibles avec une étude statistique. Au niveau international ce problème est donc crucial puisque la consolidation des comptes est une pratique peu courante. Elle est obligatoire en Europe depuis le 1er janvier 1990 (7e directive communautaire). La collecte de données au niveau des filiales n'est donc valide que pour des données additives (la somme des données de chaque filiale) à savoir les effectifs salariés, la valeur ajoutée, les immobilisations, les exportations et importations. En revanche, toutes les données 31 qui peuvent donner lieu à des échanges internes posent des problèmes de validité (achats et ventes notamment). Par exemple, si l'on consolide les achats de deux filiales qui s'achètent mutuellement leurs productions, ces cessions internes seront agrégées deux fois. Ces données non valides mais utiles pourront être collectées à condition de s'assurer de l'absence de tels échanges qui sont très fréquents lorsque le groupe met en place une division du travail entre ses différents établissements. 4.4. L'agrégation des données collectées auprès des unités ou filiales locales d'EMN Chaque fois que l'étude réalisée portera sur les effets indirects sur l'emploi d'un ensemble d'unités d'EMN, et que l'on aura privilégié, comme nous le conseillons, des enquêtes directes auprès de chacune de ces unités (ou des filiales), l'agrégation des données devra se faire en veillant à éliminer les doubles comptabilisations. Ainsi, dans le cas d'une étude portant sur l'ensemble des unités d'une EMN dans une économie, et si les enquêtes ont été réalisées par unité en utilisant le questionnaire proposé au para. 5.1., cela signifiera que chaque unité aura donné le montant de ses achats dans l'économie, y compris ceux effectués auprès d'autres unités du groupe multinational dans le pays. Il faudra alors éliminer ces achats entre unités du groupe, puisque, lors de l'agrégation, ces achats externes deviennent des achats internes; les effets sur l'emploi qui leurs correspondent passant d'effets indirects à des effets directs. Cela supposera d'isoler ces achats, ou du moins les plus importants d'entre eux. Cela sera possible, par exemple si l'établissement a bien détaillé ses principaux fournisseurs en mentionnant leur groupe d'appartenance. Si l'on utilisait des questionnaires demandant les achats hors groupe, et les emplois correspondants, ce problème ne se poserait pas lors de l'agrégation des données relatives à un groupe. Dans le cas d'une étude portant sur un ensemble d'EMN, dans une région ou une économie d'accueil particulière, et/ou dans un secteur d'activité, le même problème se posera. Outre les achats internes entre les unités d'un même groupe multinational, il conviendra d'éliminer les achats réalisés entre les unités ou filiales de groupes multinationaux différents, lorsque ceux-ci sont inclus dans le champ de l'étude. Si l'on utilise des questionnaires du type de ceux proposés dans le para. 5, cela supposera d'isoler ces achats à d'autres EMN de l'étude. Des difficultés du même type se posent en ce qui concerne les ventes et les effets indirects verticaux "en aval". En conclusion, l'adaptation des questionnaires à chaque étude particulière est une solution qui permettrait de bien isoler les achats, et les effets indirects sur l'emploi, que l'on doit ensuite éliminer lors de l'agrégation. Cette solution peut donc être conseillée aux enquêteurs. 32 5. QUESTIONNAIRES D'ENQUETE Les questionnaires sont conçus pour permettre d'effectuer l'analyse des différents effets indirects verticaux des EMN sur l'emploi, que nous avons présenté au para. 2.. Ils utilisent des critères de mesure que nous avons proposé au para. 3.. Ils ont été mis au point à partir de l'expérience acquise par le LEREP à Toulouse dans le domaine des enquêtes directes auprès de grandes entreprises. Une première version de ces questionnaires a été testée au Pérou, au Brésil et en Espagne, et les remarques faites à cette occasion, par les enquêteurs et les entreprises ont permis d'apporter certaines corrections aux textes initiaux. Ces questionnaires doivent être conçus comme des propositions générales qui peuvent être adaptées à chaque étude particulière, comme cela a été le cas dans certaines études présentées dans la deuxième partie. Les textes complets de ces questionnaires sont joints en annexe. 5.1. Questionnaire auprès des unités locales d'EMN Il s'agit d'un questionnaire auprès des unités locales de production des EMN (grand établissement isolé ou mono-établissement). Il serait transposable sans grandes modifications à d'autres types d'unités. Ce questionnaire est assez long bien que cette longueur provienne en partie d'un effort d'explication de chaque question. Le questionnaire est assez difficile à remplir parce que la réponse à certaines questions impose, le plus souvent, que des recherches soient effectuées au sein de l'entreprise, et parce que les informations demandées sont souvent considérées comme confidentielles. Cela est vrai surtout pour celles qui constituent précisément la partie essentielle de l'enquête: volume et structure des achats de biens et services dans l'économie d'accueil, liste des principaux fournisseurs, et estimation des emplois induits correspondants (questions 5, 6 et 7). Le mode d'emploi de ce questionnaire ne peut pas se réduire à un simple envoi postal. Etant donné la longueur du questionnaire et la complexité des informations demandées, l'envoi postal doit être impérativement suivi d'une interview avec un responsable de l'unité. Le cadre dirigeant qui accordera cet entretien à l'enquêteur pourra être le directeur lui-même, ou l'un de ses adjoints, tel que le responsable du personnel ou des relations publiques. Il sera souhaitable que l'enquêteur soit aussi reçu par le responsable des achats, quand il en existe un dans l'établissement. La connaissance fine de la politique d'achats de l'EMN est en effet l'un des points clefs de l'étude. Le déroulement de l'entretien et la qualité des informations obtenues varieront beaucoup selon le type d'unité, et en particulier selon que les informations demandées seront disponibles ou non au sein même de l'établissement. Fréquemment, ce questionnaire luimême ne devra pas être considéré comme un cadre rigide, que l'on cherche à tout prix à remplir, mais plutôt comme un guide, donnant la liste des questions qu'il est souhaitable d'aborder. Ce questionnaire est construit en deux parties. La première vise à situer la place de l'unité dans le groupe. C'est la partie pour laquelle des informations générales sur le groupe 33 peuvent constituer d'utiles compléments. La deuxième partie vise à mesurer l'insertion nationale et régionale de l'unité, et ses effets indirects sur l'emploi. C'est elle qui nécessite une enquête directe. Les deux parties sont liées, puisque l'hypothèse de base est précisément que les effets d'entraînement de l'unité, c'est-à-dire son insertion dans son environnement économique, sont déterminés par la place qu'occupe cette unité dans l'organisation internationale du groupe. Le texte proposé (en annexe 1) correspond à un questionnaire auprès des unités brésiliennes d'EMN. Bien entendu tous les termes correspondant à ce pays doivent être corrigés en fonction du pays sur lequel portera l'étude. 5.2. Questionnaire auprès des fournisseurs et sous-traitants de l'EMN Ce questionnaire est destiné à mieux connaître l'activité réalisée pour l'EMN, dans le cas des plus importants fournisseurs et sous traitants de l'EMN. L'emploi de ce questionnaire est possible d'une part lorsque l'enquête auprès de l'EMN aura mis en évidence l'existence de grands fournisseurs, travaillant de façon importante pour le groupe multinational, mais n'aura pas permis d'obtenir des informations suffisamment précises sur les emplois qui, au sein de ces entreprises, correspondent aux activités réalisées pour l'EMN (estimation des "emplois induits" chez les fournisseurs par les emplois de l'EMN). Dans ce cas il s'agira en quelque sorte de mettre en œuvre des moyens supplémentaire d'enquête, parce qu'il existe des effets indirects importants, qui justifient que l'on cherche ainsi à mieux les mesurer. Un exemple de situation de ce type est donné par les industries dont l'approvisionnement en matières premières agricoles, forestières ou minières est important, et s'effectue auprès d'intermédiaires récoltants ou transporteurs. Une enquête directe auprès de ces fournisseurs permet de mesurer les effets indirects que ceux-ci exercent à leur tour par leurs propres achats: les effets indirects de second rang de l'EMN sont ainsi analysés (en ajoutant une question au questionnaire de l'annexe 2). D'autre part, le recours au questionnaire est possible lorsque l'enquête directe n'aura fourni que des informations très partielles, par exemple une simple liste des principaux fournisseurs, sans évaluation des volumes d'achats de l'EMN à ses fournisseurs. Dans ce second cas, l'enquête auprès des fournisseurs servira à collecter les informations minimales recherchées. Dans une situation encore plus défavorable, où par exemple l'EMN ne fournirait aucune information sur ses fournisseurs, on peut envisager qu'une enquête systématique auprès de toutes les entreprises d'une zone géographique donnée permettra de recenser les fournisseurs de l'EMN. Pour que le nombre de questionnaires à envoyer ne soit pas trop élevé, cela suppose de limiter l'étude à une zone géographique étroite, et aux entreprises que 1' on sait pouvoir être des fournisseurs du groupe multinational, compte tenu de l'activité de celui-ci. Le mode d'emploi de ce type de questionnaire peut être différent selon les cas. Dans le premier cas, quand il s'agit d'approfondir des informations auprès d'un petit nombre de firmes, un envoi postal peut précéder une interview directe auprès d'un responsable de 34 l'entreprise fournisseur. Dans le deuxième cas, quand il s'agit de collecter des informations essentielles auprès d'un plus grand nombre de sociétés, un simple envoi postal d'un questionnaire très bref peut être envisagé. Le questionnaire dont le texte figure en annexe 2 est un cadre général adaptable à chaque étude particulière. 5.3. Questionnaire auprès de la filiale nationale de l'EMN L'objectif de ce questionnaire est de collecter des informations relatives aux effets indirects sur l'emploi au niveau de l'ensemble des activités d'une filiale de l'EMN dans une économie d'accueil, c'est-à-dire pour ce qui concerne tous les établissements qu'elle contrôle. Cette filiale peut-être elle même une filiale d'une autre entreprise du groupe dans le pays, ou être la "tête de groupe" de l'ensemble des filiales de celui-ci, c'est-à-dire l'entreprise qui contrôle, directement ou indirectement, l'ensemble des entreprises du groupe dans le pays (voir les différentes structures juridiques possibles au para. 1.). Nous considérons que lorsqu'il existe une "filiale nationale", c'est à son niveau que l'enquête devra être réalisée. En effet quand une telle structure existe, le rôle de la "filiale nationale" est précisément d'organiser et de contrôler toutes les activités de l'EMN dans l'économie d'accueil. Il est probable alors que les informations recherchées seront centralisées au niveau de cette filiale, qui s'avérera être l'interlocuteur à privilégier. Ce questionnaire pourra être utilisé dans les cas suivants: limitation des moyens empêchant de réaliser des enquêtes auprès de tous les grands établissements; très forte centralisation de l'EMN rendant très difficile la collecte des données auprès des établissements; centralisation de certaines fonctions, comme l'appel aux prestataires de services ou la distribution et la vente des produits (dans ce cas-là le questionnaire auprès de la filiale pourra se limiter aux questions concernant ces fonctions). Le mode d'emploi de ce questionnaire doit être le même que celui du questionnaire auprès des unités, car il s'agit aussi d'un document assez long: un envoi postal doit précéder une interview orale dans l'entreprise. Des entretiens avec un ou plusieurs responsables, notamment celui des achats, s'avèrent aussi indispensables. Le questionnaire proposé en annexe 3 est un cadre général qui pourra être adapté à chaque étude particulière. 35 CHAPITRE H MODE D'ORGANISATION DES EMN ET EFFETS INDIRECTS DE LEURS UNITES SUR L'EMPLOI: UN CADRE D'INTERPRETATION DES RESULTATS Les résultats des mesures des effets indirects des EMN sur l'emploi montrent qu'il existe une grande diversité de situation selon les secteurs, les entreprises, ou les types de production réalisés dans les unités locales. Le but de ce chapitre est donc de développer un cadre d'interprétation permettant de comprendre cette diversité, et même de prévoir l'intensité des effets indirects sur l'emploi selon le type d'EMN. Ce cadre d'analyse a déjà été testé pour le cas des groupes étrangers dans le grand Sud-Ouest de la France et pour celui des groupes français au Brésil. L'hypothèse centrale est la suivante: c'est le type d'organisation internationale de la production (la stratégie spatiale) de l'EMN qui détermine l'intensité des achats hors du groupe, donc l'intensité des liens avec l'environnement d'accueil, et en définitive l'importance des effets indirects sur l'emploi. 1. LES DIFFERENTS TYPES DE STRATEGIES SPATIALES ET D'UNITES Les stratégies internationales des EMN et les modalités d'organisation de la production qui leur correspondent sont très variées, et de nombreux schémas d'analyse en ont été fournis. Pour étudier les effets indirects des EMN dans les pays d'accueil, il est utile de s'intéresser à leurs stratégies spatiales. Nous proposons une typologie de stratégies qui est basée sur la notion de segmentation spatiale de la production mise en oeuvre par les groupes (voir schéma no. 10 plus loin). Les différentes stratégies sont résumées dans les schémas 7, 8 et 9 suivants inspirés d'une interprétation graphique des stratégies des entreprises multinationales proposée par P. Dicken35 (dans ces schémas le monde est divisé en quatre économies nationales représentées par les quatre carrés, les unités de l'EMN ainsi que les flux d'échange entre ces unités sont également représentés). A chaque type de stratégie correspond un ou plusieurs types d'unités. La stratégie multidomestique avec délocalisation complète des processus productifs: les unités non spécialisées La stratégie multidomestique correspond à une approche marché par marché avec délocalisation complète de la production. Dans ce type de stratégie, chaque unité possède une gamme de produits relativement étendue pour faire face à la demande diversifiée. L'unité implantée produit toute la gamme de production de sa société mère. Cet établissement réalise tous les stades de la production. Tout le processus de production est donc délocalisé. L'établissement possède l'ensemble des fonctions d'une entreprise indépendante, à l'exclusion de la recherche et quelquefois de la fonction commerciale. Lorsqu'il s'agit d'une unité implantée à l'étranger, la production est une copie de la production domestique. Dicken, P.: Global shift and industrial change in a turbulent world (Londres, Editions Harper and Row, 1986), p. 203. 36 il M ««• • «* w • ir ^ * * F"| • Schéma 7 La stratégie multidomestique avec délocalisation complète des processus productifs I X II I • I I Schéma 8 La stratégie de division spatiale inter-produits: les unités spécialisées par produits 37 Dans ce type de stratégie, la délocalisation de la totalité du processus de production est toujours la règle, ceci essentiellement pour des raisons techniques. Mais chaque unité se spécialise sur un ou plusieurs produits précis et sur une zone de marché beaucoup plus vaste. Les objectifs de pénétration reposent donc sur des stratégies d'abaissement des coûts de production. On assiste à une spécialisation par produits. Lorsqu'il s'agit d'une unité implantée à l'étranger, ses liens avec la société mère demeurent verticaux mais des relations existent entre les filiales de chaque pays puisque celles-ci importent les produits du groupe non fabriqués sur place et exportent leurs productions vers les zones où ces produits ne sont pas fabriqués. Cette rationalisation des implantations se traduit par une intervention accrue de la maison mère dans l'activité des unités productives, notamment dans le choix des gammes de produits. Le contrôle de ces usines reste technique et financier, mais il s'effectue aussi au niveau de la planification internationale des ventes. Dans ce type de stratégie les directions locales des établissements, bien que plus dépendantes des choix centraux du groupe en ce qui concerne les productions et les marchés, conservent une certaine autonomie de gestion, plus grande que dans les stratégies suivantes. En général il n'existe pas d'échanges de produits semi-finis entre les unités du groupe, ou ils sont peu importants. 1/ En ligne 2 / En grappe K Schéma 9 Les stratégies de division spatiale des tâches: les unités-ateliers 38 Cette stratégie relève de la possibilité de disjoindre le processus de production et de spécialiser chaque unité sur un segment de ce processus. L'unité fait alors partie d'un puzzle; elle ne fabrique plus qu'une partie du produit fini. Sa production est expédiée à d'autres unités du groupe, et il arrive aussi qu'elle achète des produits semi-finis à des unités du groupe. On peut parler dans ce cas d'unités-ateliers. A une dépendance verticale vis-à-vis des décisions de la société mère s'ajoute une dépendance horizontale des unités de production entre elles, puisque chaque output d'une unité sert d'input à une autre unité, ceci jusqu'à l'assemblage qui clôt la filière de production. Les unités sont organisées de façon hiérarchique des unités "amont", chargées de l'approvisionnement ou de la recherche, aux unités "aval" chargées de l'assemblage. Ceci permet une articulation spatiale des processus de production sur des bassins de main-d'oeuvre adaptés aux besoins de chaque unité. Ainsi les unités d'assemblage peuvent être localisées dans des bassins de main-d'oeuvre non qualifiée. Ce type de stratégie correspond aussi à des stratégies d'abaissement des coûts de production par les économies d'échelle et la spécialisation. Dans ce cas la dépendance vis-à-vis du groupe est très forte. L'établissement n'est plus seulement jugé uniquement sur ses résultats financiers mais aussi sur sa capacité à s'intégrer dans le processus de production du groupe (niveau et coûts de production). Plusieurs formes de stratégies de division spatiale des tâches intra-produits existent selon le niveau géographique de segmentation spatiale des processus productifs mis en place par les groupes: la division inter-régionale des tâches: la segmentation s'effectue au sein d'un territoire national, entre des unités localisées dans des régions différentes; la division internationale des tâches: la segmentation s'effectue entre des établissements situés dans différents pays. Nous parlerons de division continentale des tâches lorsque la segmentation a lieu à l'intérieur d'un même continent. On peut donc distinguer les unités selon le type de stratégie développée par l'EMN (voir schéma 9): les unités non spécialisées sont des unités liées à la stratégie de délocalisation totale des processus de production; les unités spécialisées par produits sont insérées dans une division spatiale interproduits; les unités spécialisées sur un stade du processus sont insérées dans une division spatiale des tâches. Parmi les unités spécialisées sur un stade du processus, nous différencierons: 39 Les unités-ateliers approvisionnement qui sont des unités spécialisées sur un produit tête de filière; Les unités-ateliers intermédiaires qui transforment des produits semi-finis transmis ensuite à des unités d'assemblage; Les unités-ateliers assemblage qui sont des unités d'assemblage ou de conditionnement. 40 Unité non spécialisée produit 1 produit 2 recherche ^ ^ Unité spécialisée par produit produit 1 (ou un modèle) S recherche Unités-atelier approvisionnement ou recherche Unités atelier (spécia lisées dans J Unité-atelier certaine intermédiaire stades du processus) Unité-atelier ^assemblage Vers autres unités du groupe s* Vers autres unités D'autres unités ^ D'autres unités • du groupe u p e ^ Produit 1 "^(ou un modèle) Flux de demi-produits entre unités-atelier d'un même groupe Flux de produits finis Achats hors groupe Schéma 10 Types d'unités de production 41 2. TYPES D'UNITES ET TYPES D'EFFETS INDIRECTS D'ENTRAINEMENT La stratégie spatiale du groupe multinational définit la place de chaque établissement dans l'organisation productive et décisionnelle du groupe, et nous avons décrit les principales stratégies possibles. Une hypothèse centrale permet d'interpréter la grande diversité des effets d'entraînement exercés par les EMN dans les économies d'accueil. Il suffit pour cela de relier le type de stratégie spatiale du groupe telle que nous l'avons définie, au type d'effet d'entraînement des unités du groupe. L'hypothèse est alors la suivante: c'est la stratégie spatiale du groupe qui détermine le degré d'intégration de chaque unité dans l'organisation productive du groupe, et, par voie de conséquence, son degré d'insertion régionale et nationale et l'importance de ses effets d'entraînement: plus l'unité est intégrée dans le groupe et moins elle devrait développer d'effets indirects dans l'économie. Le schéma 12 montre bien le lien qui existe entre la place de l'unité locale dans l'organisation du groupe, son degré d'intégration dans le groupe, son potentiel d'insertion hors du groupe, et en définitive ses effets indirects sur l'emploi. Nous parlons de potentiel d'insertion, car celui-ci ne se transforme en insertion effective (c'est-à-dire en recours aux fournisseurs locaux) qu'à condition que le tissu industriel national puisse fournir, à des conditions de compétitivité satisfaisante, les.biens demandés par l'EMN. 42 unité type de stratégie du groupe multinational type degré d'intégration potentiel d'insertion au sein du groupe régionale ou nationale délocalisation de la totalité du processus de production Division spatiale inter-produit Division spatiale des faible unité non spécialisée unité spécialisée A fort moyen moyen fort faible par produit unité-atelier d'approvisionnement unité-atelier intermédiaire fort faible tâches unité-atelier assemblage ' fort quasi nul Schéma 11 Types de stratégies des EMN et degrés d'insertion nationale des unités 43 CHOIX STRATEGIQUE DU GROUPE i PLACE DE L'UNITE DANS L'ORGANISATION PRODUCTIVE DU GROUPE unité régionale DEGRES D'INTEGRATION DANS LE GROUPE INTEGRATION INTEGRATION INTEGRATION INTEGRATION PARLES PARLES TECHNO- ORGANISATIONNELLE "BIENS SERVICES GIQUE • fonctions remplies autonomie 5 L D'INTEGRATION HO>S GROUPE -r & Tissu industriel régional ou national INSERTION REGIONALE OU INSERTION REGIONALE NATIONALE PARLES BIENS NATIONALE PARLES SERVICES - fournisseurs - clients - sous-traitants OU JL ^ INSERTION REGIONALE OU NATIONALE PARLA TECHNOLOGIE Insertion régionale parles flux de biens et services - transport achats de technologie -entretien, transfert de technologie maintenance - banque, informatique ± À. EFFETS INDIRECTS SUR L'EMPLOI dans les entreprises régionales (ou nationales) Volumes d'emploi Niveaux de qualification N iveau des salaires Statut du personnel Stabilité de l'emploi Schéma 12 Choix stratégiques des EMN et effets indirects de leurs unités sur l'emploi 44 Le schéma 11 ci-avant illustre l'hypothèse selon laquelle plus l'établissement de l'EMN est intégré dans le groupe par ses flux techniques et économiques, plus son apport au développement local sera faible. Les unités les plus insérées dans une stratégie de division spatiale des tâches sont donc celles qui, a priori, développent le moins d'effets d'entraînement vers la région ou la nation qui les accueille. D'autres effets sur l'économie locale peuvent être interprétés à l'aide de cette grille de lecture (qualifications ouvrières et balance commerciale). Dans nos tests effectués sur les groupes étrangers dans le grand Sud-Ouest de la France et sur les groupes français au Brésil, nous avons dégagé des tendances assez claires qui vérifient ce schéma d'interprétation. Type d'effet Effet direct sur l'emploi Effet indirect sur l'emploi Type d'unité (ou filiale) Volume Qualification Achats premier rang Ventes + + + + S S +I,S Unité non spécialisée ou spécialisée par produit à production intégrée Unité-atelier approvisionnement (en matières 1ères) +- Unité-atelier intermédiaire (approvisionnement en composant) +- Unité-atelier assemblage +- + -DIT - Effet sur la balance commerciale = ou + + +-DIT = ou + -+-S + -DIT +-DIT - +-DIT + -DIT Schéma 13 Effets économiques et effets sur l'emploi des EMN dans les économies d'accueil (par type d'unité) = + +- effet effet effet effet faible ou nul positif négatif (ou très faiblement positif) variable selon: I degré d'intégration S secteur activité DIT niveau géographique de la division des tâches (cf. national, continental, mondial) Le schéma 13 résume ces tendances, que nous développons maintenant brièvement. 45 2.1. Types d'effets indirects d'entraînement La stratégie de délocalisation de la totalité du processus de production implique des unités non spécialisées, donc peu intégrées aux groupes, et qui sont les plus insérées localement. A l'opposé, la stratégie de division spatiale des tâches, par la segmentation du processus de production, est celle dont les unités sont les plus spécialisées, les plus intégrées aux groupes, et celles dont les unités sont les moins insérées régionalement. Trois cas peuvent exister: - les unités-ateliers approvisionnement sont très intégrées dans leur groupe par les ventes, les matières premières sont réexpédiées vers le groupe. Leur apport au pays d'accueil est seulement lié à une insertion par les achats lorsque les fournitures se trouvent dans la région; - les unités-ateliers intermédiaires sont intégrées dans leur groupe en "amont" et en "aval", ceci explique qu'elles ne développent pas, en général, d'effets importants d'entraînement vers leur espace régional (sauf si les unités du groupe qui lui fournissent les produits sont également localisées à proximité); - les unités-ateliers d'assemblage et de conditionnement sont aussi très intégrées dans leur groupe. Ces unités d'assemblage réalisent le dernier stade de la production. L'essentiel des produits semi-finis qu'elles transforment leur sont expédiés par d'autres unités du groupe. Elles sont donc fortement intégrées par les achats. Ces unités n'ont donc que peu d'effets d'entraînement vers le pays qui les accueille (sauf si les autres unités du groupe qui lui fournissent les produits semi-finis sont également localisées dans le même pays). 2.2. Types d'effets directs concernant les qualifications ouvrières Les unités qui emploient la main-d'oeuvre la moins qualifiée sont des unités où dominent les opérations les plus banales d'assemblage et de conditionnement. Ce sont aussi souvent des unités très spécialisées. Il s'agit donc d'unités de fabrication par opposition aux unités de transformation à processus de production continue qui emploient une main-d'oeuvre qualifiée. Ces unités sont aussi celles qui sont situées en bout de filière productive. Elles sont donc facilement délocalisables, notamment lorsque le groupe désire approvisionner un marché donné, tout en maintenant ses coûts de production très bas du fait de la faible qualification de la main-d'oeuvre. Les unités non spécialisées ont, au contraire, un effet qualifiant important pour la région qui les accueille, ceci parce qu'elles possèdent une structure d'emploi hétérogène, du fait du nombre élevé de fonctions qu'elles assurent. Les unités spécialisées par produits ont une caractéristique commune: l'homogénéité de leur structure d'emplois et un taux de qualification faible. Elles diffèrent par certaines caractéristiques. Les unités-ateliers d'approvisionnement peuvent employer une main-d'oeuvre qualifiée notamment lorsqu'il s'agit d'unités d'extraction employant des techniques de production très capitalistiques. Les unités-ateliers assemblage conditionnement emploient, nous l'avons vu, une main-d'oeuvre peu qualifiée. 46 Le degré de qualification de la main-d'oeuvre des unités-ateliers intermédiaires dépend en grande partie de caractéristiques techniques propres à chaque unité. Il ne peut pas y avoir de généralisation comme dans les autres types. 2.3. Types d'effets indirects sur le commerce extérieur Les unités non spécialisées sont en général relativement peu exportatrices du fait de la nature non segmentée de leur processus productif et de l'objectif fréquent d'accès au seul marché national. Les unités spécialisées par produit sont en général exportatrices puisqu'elles approvisionnent des zones de marché plus vastes que celle du pays où elles sont présentes. Mais comme l'EMN importe alors dans le pays tous les produits qui n'y sont pas fabriqués, l'effet sur la balance commerciale du pays hôte peut être faible ou nul. Les unités-ateliers présentent des balances commerciales très diverses: les unités-ateliers d'approvisionnement sont peu importatrices mais peuvent être très exportatrices; les unités-ateliers intermédiaires sont insérées intégralement dans le "puzzle" productif du groupe. Elles lui achètent des produits semi-finis qu'elles transforment et lui revendent. Leur apport au commerce extérieur régional dépendra donc du niveau géographique d'organisation du groupe. Si l'unité est intégrée dans une division internationale des tâches, elle est donc fortement importatrice et fortement exportatrice. Si l'unité est intégrée dans une division in ter-régionale des tâches, celle-ci n'échange qu'avec des unités du groupe implantées nationalement, elle n'a pas d'impact sur le commerce extérieur; les unités-ateliers "aval" sont des unités "bout de filière" chargées de l'assemblage et du conditionnement pour le marché final. Si elles sont engagées dans une division inter-régionale des tâches leurs importations sont nulles mais elles peuvent être très exportatrices. Si elles sont engagées dans une division internationale des tâches, elles sont très importatrices, mais ce côté négatif peut être compensé par une stratégie d'exportation. CONCLUSION: Des résultats à relativiser Les effets économiques des investissements directs étrangers sur une économie d'accueil sont nombreux et de nature différente. Il en est de même en ce qui concerne les effets sur l'emploi. Un investissement particulier, ou un ensemble d'investissements, peuvent présenter des conséquences contradictoires. Ainsi, une EMN qui utilise localement une forte proportion de personnel très qualifié peut elle être considérée comme une entreprise qui réalise un apport positif en créant des emplois qualifiés, ou au contraire un apport négatif en drainant des salariés qui, alors, ne sont plus disponibles pour les firmes nationales. 47 Autre exemple, celui des unités-ateliers d'assemblage qui réalisent des opérations de montage de produits destinés à de vastes zones géographiques. Elles ont généralement de faibles effets d'entraînement sur les économies d'accueil, et donc de faibles effets indirects sur l'emploi. Par contre elles exportent fréquemment une proportion élevée de leur production, et ont un effet positif sur la balance commerciale du pays hôte. Il est donc nécessaire de relativiser les conclusions des analyses des effets indirects des EMN sur l'emploi. Des effets indirects faibles peuvent être compensés par des effets directs importants, qu'il s'agisse de l'emploi d'une main-d'oeuvre nombreuse et qualifiée, ou d'effets positifs sur la balance des paiements. Des effets indirects élevés peuvent être compensés par un faible effet direct sur l'emploi, par exemple quand l'unité est de petite taille. Dans le cas des unités non spécialisées, qui ont, nous l'avons vu, tendance à réaliser d'importants achats sur place, les effets sur la balance commerciale du pays d'accueil peuvent être faiblement positifs (si l'unité approvisionne le marché local), ou négatifs (si elle importe des composants). En conclusion, on peut formuler les deux recommandations suivantes en ce qui concerne les études de cas, monographiques, sectorielles, par région ou par pays, relatives aux effets indirects des EMN sur l'emploi. En premier lieu, il conviendrait de toujours rajouter à l'effet indirect de premier rang tel que nous avons proposé de le mesurer, l'effet direct, c'est-à-dire l'emploi au sein de l'EMN. On pourrait ainsi calculer un "effet total direct et indirect de premier rang" qui permettrait de relativiser les conclusions (cela est possible avec les questionnaires proposés). En second lieu, il conviendrait de toujours se garder de porter un jugement global sur l'intérêt économique et social d'un investissement étranger dans une économie d'accueil, en se basant sur les seuls effets directs et indirects sur l'emploi tels que nous proposons de les mesurer ici. Les effets indirects verticaux étudiés se limitent aux effets de premier rang, et ils peuvent être sous-évalués à cause des difficultés d'enquête. Cette approche demeure en tout état de cause très partielle, puisqu'elle ne prend en compte ni l'hypothèse de "situation inverse" (que se passerait-il en l'absence de l'EMN?), ni les effets macro-économiques globaux (sur le revenu national, les recettes de l'Etat, la balance des paiements), ni les effets économiques horizontaux exercés sur les entreprises concurrentes. L'implantation d'une EMN dans une économie peut venir concurrencer la production d'entreprises qui pré-existaient et exercer ainsi un effet négatif sur l'emploi. Un autre exemple d'effets que notre étude ne peut pas aisément chiffrer, est constitué par la transformation des courants d'achats locaux que réalise une entreprise après qu'elle ait été rachetée par une EMN. Il semble qu'à la suite de tels rachats les entreprises aient tendance à recourir de façon plus importante qu'auparavant à des fournisseurs étrangers à l'économie d'accueil. Cela réduirait d'autant leurs achats dans l'économie, et donc les effets indirects sur l'emploi. Inversement, le rachat d'une entreprise par une EMN peut, dans certains cas, assurer sa survie ou son expansion, par exemple en lui facilitant l'accès à des marchés étrangers. Là aussi il convient donc d'être prudent avant de conclure à un effet tendanciel positif ou négatif. 48 L'ambition de cette première partie est donc limitée. Il s'agit de proposer une méthodologie simple d'enquête et un cadre d'analyse, visant à obtenir des résultats significatifs dans un domaine où les informations sont rares: les effets indirects verticaux de premier rang des EMN sur l'emploi. Ces effets indirects sont souvent très importants pour les économies d'accueil, à la fois parce qu'ils contribuent à maintenir ou à créer des volumes d'emplois élevés, et parce qu'ils induisent la création et la croissance d'entreprises compétitives. C'est dans ce sens que l'on peut parler d'effets d'industrialisation. Le cas des réseaux de sous-traitance qui se développent autour des usines des EMN en est une bonne illustration. La deuxième partie a pour objectif de tester cette méthodologie dans le cas d'EMN situées dans différents pays du monde. Les résultats de ces tests permettront de préciser les conditions souhaitables d'utilisation de cette méthodologie. Cela sera effectué dans la conclusion de l'étude. 49 DEUXIEME PARTIE: ETUDES DE CAS Cette deuxième partie présente les résultats d'une mise en oeuvre partielle de la méthodologie proposée. Les huit études de cas réalisées permettent ainsi à la fois de vérifier le caractère opérationnel de la méthode d'enquête, et de présenter des premiers résultats (Chapitre III). Ces tests de la méthodologie d'analyse donnent aussi d'utiles indications sur la méthodologie elle-même: intérêt, limites, conditions nécessaires à son utilisation efficace. 50 CHAPITRE m HUIT ETUDES DE CAS DES EFFETS INDIRECTS VERTICAUX DES ENTREPRISES MULTINATIONALES SUR L'EMPLOI DES PAYS D'ACCUEIL Entre les mois de décembre 1988 et de février 1990, huit études de cas ont été réalisées dans six pays d'accueil de firmes multinationales. Le nombre d'études est insuffisant pour obtenir des résultats statistiquement significatifs. Néanmoins, il est suffisant pour fournir des résultats indicatifs, et pour tester la méthode d'analyse. Les six pays d'accueil concernés couvrent le monde entier: Brésil, Côte d'Ivoire, Espagne, France, Pérou et Thaïlande. Les firmes multinationales étudiées appartiennent à cinq pays développés: Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Japon, Suisse, et à des secteurs très divers: - l'industrie l'industrie l'industrie l'industrie l'industrie l'industrie agro-alimentaire: du papier: mécanique: des pneumatiques: automobile: électronique: Nestlé (Suisse) en Côte d'Ivoire BAT (Grande-Bretagne) au Brésil Marmon Group (Etats-Unis) au Pérou Goodyear (Etats-Unis) au Pérou Renault (France) en Espagne IBM (Etats-Unis) en France Nec (Japon) en Thaïlande Dans toutes ces études de cas les enquêteurs ont utilisé le questionnaire d'enquête proposé dans cette étude, en l'adaptant au pays concerné, et, parfois, à l'entreprise étudiée. L'importance et la qualité des informations obtenues ont été très variables selon les cas, et cela sera discuté dans le chapitre suivant. Les résultats des études de cas sont présentés par pays d'accueil, et selon un ordre qui sera justifié à la fin de ce chapitre où nous proposons une synthèse des résultats. Cela conduit à décrire d'abord deux unités qui ont une très forte insertion nationale dans les économies d'accueil: Capral-Nestlé en Côte d'Ivoire et Pirahy au Brésil, puis deux unités péruviennes, qui ont une insertion nationale moyenne et faible. Ensuite, nous étudierons les cas de deux unités-ateliers en Thaïlande, avec des insertions nationales très faibles, et enfin, deux unités complexes, à forte insertion nationale, en France et en Espagne. 51 1. LES EFFETS INDIRECTS SUR L'EMPLOI DE CAPRAL-NESTLE EN COTE DTVOIRE par D. BAYOI (LEREP-Toulouse) Cette étude est centrée sur les effets indirects sur l'emploi entraînés par l'implantation d'une firme multinationale dans un pays du tiers-monde. Le choix de la firme étudiée, le groupe Nestlé, s'explique à la fois par la taille de cette entreprise multinationale, qui est aujourd'hui l'un des leaders mondiaux de l'industrie agro-alimentaire, et par l'importance économique de son activité en Côte d'Ivoire. La filiale de Nestlé, Capral, achète, transforme et exporte en effet une partie importante de la production nationale de café (6,5 pour cent de la récolte), et joue donc un rôle essentiel dans le développement agricole et général de la Côte d'Ivoire. Après avoir décris l'historique de l'implantation, la place de Capral dans le groupe et l'emploi direct dans cette société, l'étude analysera surtout les effets indirects exercés sur l'emploi local par cette grande usine36. 1.1. Le groupe Nestlé Avec un chiffre d'affaires en 1987 de 142 milliards de francs, le groupe Nestlé est le 14e groupe mondial37, et le numéro un mondial de l'industrie agro-alimentaire, devançant son concurrent Unilever. C'est l'un des groupes mondiaux les plus multinationalisés, et ses 162 OOO salariés (dont 4,5 pour cent en Afrique) sont présents dans le monde entier à la fois pour produire et pour commercialiser des produits. Nestlé réalise ainsi 97 pour cent de son chiffre d'affaires à l'étranger, soit 39 pour cent en Europe, 31 pour cent en Amérique du Nord, 30 pour cent dans le reste du monde (dont Asie 13,5 pour cent, Amérique Latine 10,6 pour cent, Afrique 3 pour cent, etc.). Aujourd'hui le groupe possède plus de 350 usines dans le monde. L'activité "boissons instantanées" représente plus de 30 pour cent du chiffre d'affaires consolidé du groupe, et constitue par conséquent une activité essentielle et profitable. Le café soluble est la production la plus importante de cette division, et permet à Nestlé d'être aujourd'hui le numéro un au monde du café soluble. Selon P. Harrisson, en 1980 Nestlé contrôlait 45 pour cent de la production mondiale de café soluble, ce qui lui procurait 40 pour cent de son bénéfice total. Elle dominait déjà en 1978 la vente de café soluble au niveau Cette étude se fonde sur une enquête directe effectuée en décembre 1988 et janvier 1989 auprès de la Capral à Abidjan, avec des interviews de plusieurs cadres dirigeants, dont le directeur général M. C. Donati, le directeur du service des achats M. Z. Coulibaly, et le directeur du service du personnel M. K. Allah ,que nous remercions vivement pour leur collaboration. Pour une analyse plus détaillée voir: Bayoi, D.: Les effets indirects des firmes multinationales sur l'emploi des pays du tiers monde, le cas de Nestlé en Côte d'Ivoire, mémoire de D.E.A., Université des sciences sociales de Toulouse, octobre 1989, 120 pages. 37 Crespy, G.: Cent acteurs dans la compétition mondiale (Editions Economica, 1988), p. 155. 52 mondial avec 42 pour cent de part de marché contre 33 pour cent à General Foods (tous les deux pesant 75 pour cent des ventes mondiales)38. 1.2. Historique de l'implantation de Nestlé en Côte d'Ivoire L'implantation du groupe multinational Nestlé, s.a. en Côte d'Ivoire remonte à la création de la Capral, le 6 août 1969, sous la forme d'une société anonyme ayant son siège social à Abidjan. Le capital social s'élevait à 50 millions de francs CFA. La Sopad, filiale française de Nestlé, en était l'actionnaire principal, et l'Etat de la Côte d'Ivoire possédait 5 pour cent du capital à travers la contribution réalisée par l'organisme public "Crédit de la Côte d'Ivoire". La raison fondamentale du contrôle indirect de Capral par Sopad (France) réside dans le fait que la Côte d'Ivoire était alors territoire français. Etre filiale d'une filiale qui siégeait en France était de nature à simplifier les opérations avec la filiale ivoirienne, notamment en ce qui concerne les transferts. Plus tard, après l'accession du pays à l'indépendance, son intégration dans la zone monétaire du franc devenait une raison aussi puissante pour le maintien de cette situation de contrôle indirect. Alors que Nestlé s'était implanté auparavant en Amérique latine pour accéder à des marchés en croissance rapide, la stratégie qui a présidé à son implantation initiale en Côte d'Ivoire est tout à fait différente. En effet la Côte d'Ivoire se trouvait, vers la fin des années 1950, au stade de l'économie primaire extravertie. Malgré quelques tentatives d'industrialisation le marché intérieur était encore très réduit, la population n'avait pas des habitudes de consommation semblables à celles des pays développés, notamment pour le café. Le seul atout dont disposait la Côte d'Ivoire était l'existence sur place de la matière première, mais cela ne semblait pas suffisant pour justifier la création d'une usine de café soluble. Ce n'est, semble-t-il, qu'à la demande insistante du gouvernement ivoirien que la firme aurait accepté d'en étudier les possibilités. Il était évident cependant que ses intérêts principaux restaient liés à l'achat et à l'exportation de café vert. La production de café soluble ne pouvait être conçue au plus, dans un univers incertain, dans l'esprit des dirigeants, que comme une activité secondaire entreprise sur la demande du gouvernement, et parce qu'elle pouvait favoriser une activité principale. Par la suite, alors que le marché potentiel du café s'accroissait en Afrique, l'implantation de Nestlé, qui avait démarré avec beaucoup de réticences en Côte d'Ivoire, s'élargit de façon considérable. Des filiales furent créées partout sur le continent, si bien qu'en 1986 le groupe Nestlé international employait en Afrique 4,5 pour cent de ses agents, et y réalisait 3 pour cent de son chiffre d'affaires. Le rôle que jouait la Capral comme plus ancienne implantation d'Afrique devint alors particulièrement important. C'est à ce moment-là que Capral devint filiale directe de la société mère Nestlé dont le siège est en Suisse. Harrisson, P.: L'Empire Nestlé. 1982. 53 Aujourd'hui, nous sommes en mesure de déterminer la dimension économique et internationale de la Capral-Nestlé. Sur le plan strictement local, elle s'impose comme le leader incontesté de l'industrie du café soluble, c'est une pièce maîtresse de l'économie agricole de la Côte d'Ivoire. Son chiffre d'affaires est de 22,4 milliards de francs CFA, dont 18 pour cent sont réalisés sur le marché intérieur dont elle couvre 85 à 90 pour cent des besoins, et 82 pour cent à l'exportation. La Capral-Nestlé domine donc le marché intérieur ivoirien, sur lequel elle est en position de quasi-monopole. Même si cette situation peut entraîner un coût pour l'économie nationale, l'existence de Capral revêt une grande importance pour l'économie ivoirienne. En 1977 cette entreprise réalisait déjà 3,1 pour cent du chiffre d'affaires de l'ensemble des entreprises constituant le secteur moderne39. Et sa dimension internationale lui attribuait le titre de 9e entreprise africaine de l'agro-alimentaire, et de 11e exportatrice sur les 100 premières40. Nestlé est aussi présent en Côte d'Ivoire par une autre filiale: la Novalim-Nestlé, qui fabrique et commercialise une gamme plus large de produits alimentaires comme le "célèbre" cube Maggi, l'arôme Maggi, le lait en poudre Nido, la farine de sevrage Cérélac, le lait condensé sucré. Jusqu'en 1975, c'était la Capral qui accomplissait simultanément la double activité de production de Nescafé et d'importation des autres produits alimentaires pré-cités. La création de Novalim en 1977 a été nécessaire en raison de deux facteurs: d'une part, l'exigence de spécialisation de Capral, essentiellement tournée vers l'exportation et jouissant du succès du café soluble; et d'autre part, la taille suffisante du marché qui permettait de produire localement le "cube Maggi" avec des coûts compétitifs. Aujourd'hui, outre les activités évoquées à l'instant, la Novalim s'occupe également de toute la distribution et la commercialisation en Côte d'Ivoire du Nescafé produit par la Capral. C'est une société anonyme au capital de 2,6 milliards de francs CFA, détenue par Nestlé à 74,7 pour cent et par Maggi à 13,2 pour cent. Son chiffre d'affaires avoisinait les 17 milliards de francs CFA en 1988. Elle a un effectif de 347 personnes. 1.3. La place de Capral-Nestlé dans le groupe Nestlé Aujourd'hui le groupe Nestlé exerce un contrôle direct de 62,3 pour cent du capital de Capral, à côté d'actionnaires publics et privés ivoiriens. En 1988 le capital de Capral se répartissait ainsi: Fraternité Matin. 31 mars 1988. Jeune Afrique Economie, décembre 1986. 54 Nestlé Maggi (groupe Nestlé) Crédit de la Côte d'Ivoire (Caisse de stabilisation et de soutien des prix agricoles) (détenu à 100 % par l'Etat) Actionnaires privés ivoiriens 59,3 % 3% 8,8 % 15,7 % 13,2 % D'autre part Capral appartient à la division-produit "boissons instantanées" (café, chocolat) qui représente 31,7 pour cent du chiffre d'affaires du groupe. En ce qui concerne la production de café soluble, Capral n'est qu'une des usines de Nestlé présentes dans le monde. Il en existe d'autres en Amérique latine et en Europe (Allemagne, France, Pays-Bas). Sa production est le Nescafé de Côte d'Ivoire 100 pour cent Robusta. Elle a été de 6 534 tonnes en 1987 et 7 267 tonnes en 1988 (la capacité maximum de production de l'usine étant de 8 0 0 0 tonnes par an). Si on exclut les consommations locales de café propres aux pays producteurs euxmêmes, on estime qu'en 1986 les importations mondiales de café soluble s'élevaient à 172 380 tonnes, soit 4 pour cent des importations mondiales de café, alors que Nestlé domine les ventes de café soluble avec environ 40 pour cent des parts du marché. C'est cela qui lui donne en termes de volume d'importations une part de l'ordre de 68 9 0 0 tonnes, soit 1,6 pour cent des importations mondiales totales de café (cela peut paraître minime mais ramené aux 4 pour cent dont ils sont issus, on constate qu'on frôle presque la moitié de la commercialisation mondiale de café soluble aux mains de Nestlé). Notons à titre d'exemple concret que Nestlé contrôle 66 pour cent du marché du café soluble en France (Monde Diplomatique). Cette analyse, nous permet de mieux souligner la dimension internationale de Capral: s'affichant comme l'unité du groupe la plus importante d'Afrique, elle réalise une part dans la production commercialisée de café soluble de Nestlé de l'ordre de 8 pour cent. Capral approvisionne en Nescafé 69 pays étrangers. L'examen des différentes fonctions assumées au sein de l'organisation interne de Capral montre que cette filiale ne maîtrise pas totalement l'ensemble des divers services d'une entreprise. Le choix des activités et des investissements est sous tutelle de la maison mère, tandis que l'activité purement commerciale et le marketing sont confiés à l'autre filiale ivoirienne Novalim. Enfin, jusqu'à aujourd'hui la recherche-développement est le domaine quasi-exclusif de la maison mère à travers Nestec (il existe néanmoins quelques collaborations avec les centres de recherches locaux). 1.4. L'emploi direct créé par Capral en Côte d'Ivoire L'industrie agro-alimentaire représente le principal secteur d'activité de l'industrie ivoirienne. En effet, alors que le tissu industriel ivoirien compte plus de 650 entreprises employant 84 161 personnes en 1987, l'agro-alimentaire représente 42 pour cent de cet 55 emploi total. La branche "conserves et préparation alimentaire", à laquelle appartiennent les sociétés Capral et Novalim, est la plus importante activité de l'industrie agro-alimentaire: elle réalise 35 pour cent du chiffre d'affaires de l'industrie agro-alimentaire en 1987, mais n'emploie que 10,3 pour cent du total des salariés de cette industrie, soit 1 199 personnes41. La société Capral est un gros employeur dans l'industrie puisqu'en 1988 son effectif total s'établissait à 403 salariés (effectif permanent), ce qui représente environ le tiers de l'emploi de la sous-branche "produits dérivés du café et cacao". L'emploi total au sein de la société a augmenté régulièrement depuis ces dix dernières années mais une nouvelle tendance à la baisse s'amorce à partir de 1988. Capral se comporte cependant mieux que les entreprises locales, qui réduisent souvent leurs effectifs assez fortement durant la même période. Entre 1981 et 1985 les industries alimentaires diverses ont perdu 5 489 emplois (-36 pour cent). Capral semble avoir mieux résisté à ce mouvement de chute des effectifs employés, sauf en 1988. Tableau 1: Evolution de l'effectif total de Capral Année 1978 1980 1984 1985 1986 1987 1988 Effectifs 399 370 396 408 416 425 403 Source; Capral L'effet sur l'emploi en Côte d'Ivoire est très positif, puisqu'en 1988, le taux "d'ivoirisation" de l'effectif permanent est de 97 pour cent. Les emplois réservés au personnel étranger correspondent aux postes d'encadrement (directeur du service fabrication et du service financier et comptable). Le personnel d'encadrement est de nationalité suisse. En 1988 l'effectif permanent au sein de l'unité, par niveau de qualification, et selon une classification propre à l'entreprise, était le suivant: direction cadres techniques, ingénieurs agents de maîtrise employés qualifiés employés non qualifiés Total 6 36 80 158 123 403 1.5. L'emploi indirect lié aux achats de marchandises Capral est une entreprise industrielle à part entière qui effectue localement en Côte d'Ivoire des achats de marchandises très élevés. Ces achats portent surtout, et en premier 41 Ministère de l'Industrie ivoirienne: Evolution de l'emploi par grands secteurs, direction de l'orientation industrielle, 1988. 56 lieu, sur la matière première que constitue le café vert. De ce point de vue, de par son activité de production de café soluble, la "Capral peut être qualifiée de filiale primaire", dans la mesure où le facteur déterminant de sa localisation est la source de sa matière première: le café vert qui subira une transformation42. Cette analyse, se trouve vérifiée dans la réalité, puisque Capral achète pour une bonne part (environ 50 pour cent) des brisures de café dont le prix est inférieur à celui du café gradé qui lui, est parfait pour l'exportation. D'après le même auteur, la Côte d'Ivoire trouve ainsi un débouché pour un produit qui n'en a pas sur le marché international et dont l'exportation est interdite. Pour la campagne 1987-1988 le prix des brisures de café était de 465 francs CFA/kg, tandis que le prix du café gradé s'élevait à 472 francs CFA/kg. Notons que ces prix varient suivant les campagnes. Mais la Capral effectue aussi des achats d'autres marchandises, comme les emballages métalliques, les cartons et d'autres fournitures. En 1988 ces achats ont représenté 16 milliards de francs CFA, et ils correspondent à des achats effectués auprès de plus de 350 fournisseurs. Notre enquête auprès de la Capral nous a permis de prendre connaissance des principaux fournisseurs locaux de la Capral et du montant que celle-ci effectue auprès de chacun d'eux. Une recherche complémentaire auprès de la Chambre de Commerce d'Abidjan nous a donné les ventes totales et les effectifs de ces fournisseurs. Nous avons pu alors évaluer la part des effectifs de chaque fournisseur qui correspond à l'activité réalisée pour la Capral. Cette évaluation des "effets indirects verticaux de premier rang sur l'emploi" a été faite, fournisseur par fournisseur, pour un ensemble de fournisseurs de biens et de services totalisant 15,69 milliards de francs CFA de ventes à la Capral, soit 97,7 pour cent des achats totaux de cette entreprise. Pour des raisons de confidentialité nous donnerons le plus souvent ici des évaluations globales. a) En ce qui concerne les seuls achats de marchandises, le type d'achat principal concerne les matières premières, notamment le café, et il s'élevait, en 1988, à près de 8 milliards de francs CFA, soit 50 pour cent environ des achats totaux de biens et services. Si l'on s'en tient à une définition étroite des effets indirects de premier rang, l'évaluation aboutit à un effectif de 30 personnes chez ces fournisseurs de matières premières, travaillant pour la Capral. Les intermédiaires négociants privés et les sociétés d'exportation de cafécacao, ont des effectifs réduits. La principale société fournisseur de Capral en café est l'établissement Jean Abile Gai (2,35 milliards de francs CFA),43 suivi de Dafci (détenu à 65 pour cent par Unidaf s.a., Le Havre) avec un milliard de francs CFA. Par contre, si l'on étudie aussi les effets indirects verticaux de deuxième ou de troisième rang, on arrive à l'emploi des agriculteurs eux mêmes, c'est-à-dire les planteurs Masini, J.: Multinationales et développement, trois entreprises en Côte d'ivoire (PUF, 1979). 43 L'établissement J.A. Gai est détenu à 47,63% par des actionnaires privés ivoiriens et à 46,33% par le groupe JAG. 57 de café, qui sont ceux qui fournissent à la Capral sa matière première principale. Etant donné le poids économique de la Capral, qui achète en moyenne, entre 1986 et 1988, 16 OOO tonnes de café vert par an, soit environ 6,5 pour cent de la production nationale de café, on arrive alors à une évaluation très importante des effets indirects sur l'emploi. En nous basant sur une superficie moyenne par planteur de 2,5 hectares et sur une superficie totale plantée de 1,2 millions d'hectares, nous obtenons un chiffre de 480 0 0 0 planteurs de café en 1988. La CNUCED affirme qu'en Côte d'Ivoire, les caféiers sont souvent dispersés parmi d'autres cultures sur de petites exploitations de moins de 5 ha. On estime que la part de la récolte produite sur de grandes plantations ne dépasse pas 2 à 3 pour cent44. Notons enfin que la Capral accroît chaque année son volume d'achat de café vert, alors que la production nationale de café diminue. Les achats de café réalisés par Capral occupent donc une place de plus en plus significative dans l'économie nationale. Si l'on retient comme évaluation des effets indirects des achats de la Capral sur l'emploi chez les planteurs de café 6,5 pour cent de 480 0 0 0 , on obtient le chiffre élevé de 31 2 0 0 emplois induits. b) Les achats d'énergie (y compris l'essence), représentent 6 pour cent des achats totaux, avec 896 millions de francs CFA. L'emploi indirect correspondant est évalué à 24 personnes, réparties entre la firme Texaco (détenue par Texaco Holding Inc à 99 pour cent), pour un montant d'essence de 562,4 millions francs CFA et l'Energie électrique de Côte d'Ivoire pour 273 millions de francs CFA. c) Les autres achats de biens sont divers, mais essentiellement concentrés sur les boîtes métalliques, les cartons d'emballage et l'étiquetage. Ils s'élèvent à 4,69 milliards de francs CFA, soit 32,4 pour cent des achats totaux de Capral. Nous savons qu'avec l'expansion de l'industrie agro-alimentaire, se crée un besoin en emballages qui, sans l'implantation d'une usine d'emballages métalliques, aurait dû être satisfait par des importations. La Siem (Société Ivoirienne d'Emballages Métalliques), filiale à 73,83 pour cent du groupe français Carnaud, est l'unique fournisseur de Capral en boîtes métalliques. Son usine est d'ailleurs située à moins d'un kilomètre de celle de Nescafé. L'intégration est très forte entre ces deux unités industrielles, puisque les ventes de la Siem à la Capral représentent 41,75 pour cent du chiffre d'affaires total de la Siem. On peut donc estimer que l'activité de Capral induit un emploi d'environ 150 personnes au sein de la Siem. Les autres achats sont ceux de cartons et d'étiquetage, effectués auprès de trois entreprises. L'emploi correspondant est évalué à 15 personnes. Le total de ces achats de biens concernent donc indirectement 165 personnes. CNUCED: Etude sur la transformation de commercialisation des produits de base. 1984. 58 Tableau 2: Les quatres principaux fournisseurs de biens de la Capral-Nestlé et l'évaluation de l'emploi indirect concerné. Groupes Vente à la Capral (milliards de francs CFA) Emplois correspondants Carnaud 3,4 150* Sical 0,19 8 Mici (Manuf. Imp. Carton ivoirien) 0,339 5 Emballage de C I . 0,175 2 TOTAL 4,1 Sociétés Siem (Soc. Iv. d'emballages métalliques) Sonaco (Soc. Nouvelle Ab. de carton ondulé) 165 •soit 42 pour cent de l'effectif de Siem ( a Siem travaille essen tiellement pour la Capral et pour des conserveries d'ananas, comme la nouvelle Siaca). Ces quatre entreprises réunies constituent près de 80 pour cent des achats réalisés (en tenus de biens fournis et produits) par Capral dans l'industrie. 1.6. L'emploi indirect lié aux achats de services La Capral-Nestlé fait appel à des sociétés prestataires de services exerçant sur le territoire ivoirien (en dehors des fournisseurs étrangers de biens d'équipement) pour un montant de 770 millions de francs CFA, soit 4,8 pour cent des achats totaux. Nous constatons donc que les achats de services de Capral sont d'une importance relativement limitée, comparativement aux achats de biens, et que la firme a recours parfois a des services fournis par le groupe lui-même. Certains de ces services sont directement liés à la production et sont confiés à des prestataires locaux suivant les principaux types de services fournis: entretien et nettoyage nettoyage et gardiennage imprimerie 200 millions de francs CFA 31,2 millions de francs CFA 13 millions de francs CFA D'autres services, liés à la gestion administrative, sont plus centralisés au sein du groupe, et sont réalisés pour le compte de l'unité locale: soit par des services internes au groupe, Capral a recours à Nestlé Services Inc. pour un montant de 60,5 millions de francs CFA; soit par des prestataires externes choisis par la filiale nationale, comme cela est le cas dans le domaine de l'assurance (6,7 millions de francs CFA), l'hôtellerie et la restauration (68,3 millions de francs CFA), les agences de voyage (28,8 millions de francs CFA), dont Swissair avec 16,5 millions de francs CFA, et la publicité élargie au sponsoring des séries télévisées. 59 1.7. L'emploi indirect lié à la distribution La distribution représente une activité fondamentale pour l'écoulement de la production de Capral. Les dépenses correspondantes atteignent 830 millions de francs CFA, soit 5,2 pour cent des achats totaux de Capral. Elles sont constituées essentiellement par des frais de transport de deux ordres: l'emploi affecté par la distribution locale et l'emploi correspondant à la distribution vers l'exportation. D'une part, la distribution locale consiste à ravitailler l'intérieur du pays en Nescafé, le transport se faisant par camion conformément à une politique que mène Capral pour améliorer son chiffre d'affaires local. Pour cela, cette distribution (expérimentale) ne touche que l'Est du pays, et est entièrement confiée à une société française: Transport Nicaud. Le chiffre d'affaire que Capral réalise auprès de cette société est de 33 millions de francs CFA, ce qui correspond à 3 personnes dans l'évaluation de la création de l'emploi indirect. Une bonne conclusion de l'opération devrait entraîner une extension de la distribution à d'autres régions. Pour le reste et pour l'instant, la distribution se fait soit par l'intermédiaire des camions de Novalim (cela concerne Abidjan et ses environs), soit par le biais des clients euxmêmes. Cette particularité rend complexe l'évaluation de l'emploi indirect que suscite Capral dans la distribution, puisqu'elle est en fait entièrement confiée à Novalim. Nous avons cependant essayé de réaliser une telle estimation, en retenant deux éléments: Capral intervient pour 3 pour cent dans le chiffre d'affaires de Novalim, par les commissions (au taux de 12 pour cent ) qu'elle lui verse sur les ventes de Nescafé réalisées par Novalim, les emplois indirects correspondants sont d'environ 13 personnes; Capral et Novalim réalisent conjointement des achats élevés en matière de publicité, et les emplois indirects correspondants peuvent être évalués à 15 personnes. D'autre part, pour ce qui concerne la création d'emplois liée à la distribution vers l'exportation, ce mode d'expédition fait intervenir tous les intermédiaires de la filière, allant des transitaires aux manutentionaires du port d'Abidjan. Quand on sait que Capral exporte 82 pour cent de sa production vers l'étranger (45 pour cent hors Afrique), on comprend alors que c'est là que se trouvera le plus important nombre d'emplois créés indirectement. Ces frais de transports s'élèvent à près de 800 millions de francs CFA, répartis ainsi: 60 Tableau 3: Les fournisseurs de services à l'exportation de Capral et l'emploi indirect concerné. Sociétés Vente à la Capral* Emplois correspondants Saga-transport 75,5 % 234,9 16 Delmas 67 % 396,8 45 Sitram 75 % SNCDV" 15 % 91,9 11 Autres 76,4 11 TOTAL 800 83 Soaem (Transp. Mar. Manutention) Transafric (Transit manutention) Sisa Actionnaires millions de francs CFA ** Société Nationale des Chargeurs Delmas Vieljeux (France) L'emploi induit chez les autres petits fournisseurs de la Capral a été évalué à 4 personnes, donc, au total, l'emploi indirect lié à la distribution est évalué à 114 personnes. 1.8. Prévisions d'emploi direct et indirect L'emploi direct au sein de l'usine Capral devrait se maintenir à l'avenir, voire diminuer légèrement pour adapter l'effectif de la fabrication aux exigences du progrès technologique et de l'accroissement de la productivité. L'entreprise cherche en effet à accroître les volumes sans accroître l'emploi. Notons également que le niveau de l'emploi sera déterminé par celui de la demande. L'emploi indirect de premier rang dépendra du progrès technologique chez les fournisseurs locaux de biens industriels, en particulier à la Siem. Il dépendra aussi de l'importance des achats locaux, qui variera en fonction de la demande. L'emploi indirect chez les planteurs de café devrait logiquement dépendre, quant à lui, de l'intensité du progrès technique dans la production agricole du café vert, et des 61 conséquences de cette modernisation sur la population active agricole dans ce secteur. Cette évolution pose d'énormes problèmes pour sa mise en oeuvre (pouvoir d'achat des planteurs en baisse compte tenu de la mévente des matières premières agricoles, et mise en oeuvre difficile de la politique d'encadrement des planteurs par l'Etat). La production de café ivoirienne était en diminution en 1988 par rapport à 1986 et 1987, alors que les achats de café de Capral augmentent chaque année. Capral tend à accroître sa part future de création d'emplois indirects dans la production agricole. Alors que certaines firmes multinationales se retirent du continent africain, les investissements récents de Nestlé à Abidjan montrent que ce groupe n'a pas l'intention de se désengager: le marché local a une taille suffisante, sujette à de plus grands espoirs grâce à une tendance "provoquée" et positive à insérer la consommation du Nescafé dans les habitudes alimentaires des ivoiriens (effets de la publicité importante, puisque Nestlé représente près de 20 pour cent des dépenses totales de publicité effectuées en Côte d'Ivoire). D'ailleurs Nestlé a décidé de construire en 1990 un centre de recherche alimentaire en Côte d'Ivoire. Cet investissement symbolise la volonté d'enracinement du groupe en Côte d'Ivoire. L'essentiel de l'emploi actuel sera donc maintenu à l'avenir au sein de Capral, de Novalim, et des fournisseurs locaux. 1.9. Synthèse: Capral-Nestlé en Côte d'Ivoire, des effets indirects sur l'emploi élevés ou très élevés Nos estimations permettent d'établir le tableau de synthèse suivant: Tableau 4: Emplois directs et indirects induits par Capral-Nestlé en Côte d'Ivoire en 1987/1988 Emplois directs 403 Emplois indirects Fournisseurs de matières premières Fournisseurs de biens manufacturés Sous-traitants 30* 193 0 Nombre total de fournisseurs de biens Prestataires de services 223 53 Total des emplois indirects "amont" 276 Emplois indirects liés à la distribution (emplois indirects "aval") 114 Total des emplois indirects (1er rang) 390 * 31 200 emplois si l'on inclut les effets de second rang sur l'emploi des planteurs de café. 62 CONCLUSION Capral-Nestlé est bien implantée en Côte d'Ivoire où elle détient le monopole de la production de café soluble. Elle est située dans une branche de l'industrie qui répond à la stratégie politique du gouvernement ivoirien en matière d'exportation, à savoir la transformation des matières premières, et notamment le café et le cacao, qui représentent à eux-seuls l'essentiel des devises du pays. L'impact de cette firme multinationale sur la création d'emplois indirects paraît appréciable puisque, par sa présence, elle génère d'autres activités annexes, et contribue ainsi au développement économique du pays. Notre étude monographique a révélé le volume estimable de l'emploi concerné, et sa répartition par secteur. Toutefois, cette étude a aussi montré certaines limites de l'apport de Nestlé. Ainsi la moitié des emplois créés indirectement par Capral concerne une seule branche industrielle, celle relative aux emballages. Cette spécialisation des achats locaux souligne que l'usine Capral n'entraîne pas un accroissement diversifié des échanges inter-industriels, susceptible de modifier en profondeur la physionomie du tissu industriel d'un pays en voie de développement. Dans le cas des implantations dans l'industrie agro-alimentaire, comme celle de Nestlé, les effets indirects sont par contre élevés dans le secteur agricole, fournisseur de la matière première principale, qui se trouve alors mieux valorisée. 2. LES EFFETS INDIRECTS SUR L'EMPLOI D'UNE MULTINATIONALE DU PAPIER AU BRESIL par Mme S.M. PICAO-CORREA Introduction Avec l'aide de l'Association Nationale des Producteurs de Papier et de Cellulose (ANFPC), qui réunit la plupart des producteurs de ce secteur au Brésil, nous avons procédé à une enquête en faisant parvenir le questionnaire à cinq unités locales de production appartenant à des firmes multinationales étrangères. Identification Groupe multinational: Nom: British-American Tobacco (BAT), unité brésilienne Cia Industrial de Papel Pirahy 2.1. Le groupe Multinational et son implantation au Brésil La "Cia Industrial de Papel Pirahy" appartient à la société Wiggins Teape, filiale de Bristish-American Tobacco (BAT) d'origine anglaise. BAT est l'un des quatre plus grands 63 conglomérats de l'industrie du tabac, et, outre le secteur du tabac, opère dans d'autres secteurs de l'économie: cosmétiques, commerce, papier et cellulose45. BAT est présente dans plusieurs pays et continents: Allemagne, Argentine, Brésil, Etats-Unis, Pays-Bas46. En 1986, avec un chiffre d'affaires de 13 210 millions de dollars, elle s'est placée au troisième rang des producteurs mondiaux de tabac47. Au Brésil, l'entreprise Sousa Cruz, filiale de la BAT, détient 82 pour cent du marché des cigarettes. Comme au niveau mondial, les activités économiques des filiales de la BAT au Brésil présentent une importante diversification. Ainsi, on la trouve présente dans le secteur des aliments (Maguary-fruits tropicaux), de la cellulose (Aracruz avec 26,5 pour cent du capital), du papier (Ind. de Papel Pirahy), et des cosmétiques (Cosminter). Elle est aussi présente dans les activités forestières et agroforestières, les assurances, et les valeurs mobilières. L'unité "Cia Industrial de Papel Pirahy" est implantée à Rio de Janeiro, depuis 1925. Avec une capacité de production de 68 OOO tonnes par an de papier, la Pirahy produit différents types de papiers, y compris le papier à cigarette, dont elle a le monopole au Brésil. Au départ elle ne disposait que d'une machine à papier, puis au fur et à mesure, l'usine a connu une expansion significative. Aujourd'hui l'unité possède six machines à papier, deux machines de revêtement, et une usine de cellulose de petite taille (7 2 0 0 tonnes par an) qui répond principalement à ses propres besoins. Deux motifs ont été décisifs pour le choix de la production au Brésil: le premier a été l'existence d'un grand marché intérieur potentiel, et le deuxième a été l'offre abondante de main-d'oeuvre et de matières premières locales. De même, la proximité de sources d'énergie, l'abondance de l'eau et aussi la proximité de grands centres consommateurs (Rio de Janeiro et Sao Paulo), ont joué un rôle important dans le choix de la localisation de l'usine à Rio de Janeiro. La place occupée par l'unité Pirahy dans son groupe Il s'agit d'une unité entièrement autonome par rapport à son activité de production et à l'ensemble des fonctions, de la conception à la commercialisation finale. La totalité des achats de l'usine est effectuée au Brésil. Les matières premières prennent une place très importante dans la totalité des achats mensuels. Cela correspond principalement aux achats de cellulose auprès de son principal fournisseur, l'entreprise brésilienne Aracruz Cellulose s.a. Le montant total des achats mensuels au Brésil est de 6 408 7 0 0 de dollars des Etats-Unis, réparti entre les différentes catégories de biens: énergie, matières premières, biens d'équipement, pièces détachées, produits semi finis. Le tableau ci-dessous indique la répartition des principaux fournisseurs brésiliens de la Pirahy, selon qu'ils appartiennent au groupe (Aracruz) ou non. 45 Bernet, J.: Guia Interinvest (Rio de Janeiro, 1986). 46 UNCTAD: Marketing and distribution of tobacco (New York, 1978). 47 "The Fortune 5 0 0 largest industrial corporations outside the U.S.", Fortune, no. 116 (3) (New York, 3 août 1987), pp. 182-212. 64 Origine des achats en valeur (dollars des Etats-Unis par mois) au sein du groupe hors du groupe Valeur totale (6 principaux fournisseurs) 2 062 000 649 600 * 2 711 600 * il s'agit d'énergie, biens d'équipement et matières premières, sauf la cellulose. 2.2. L'emploi direct et indirect Au sein de son effectif total (2 021 employés), la proportion d'ouvriers non qualifiés est d'environ 45 pour cent, alors que 30 pour cent environ de ses employés sont des ouvriers qualifiés. On relève encore: personnel de bureau (19 pour cent), techniciens (4 pour cent), ingénieurs et cadres (2 pour cent), soit en tout environ 25 pour cent des effectifs pour les non ouvriers. Les femmes correspondent à 15 pour cent de l'effectif total. L'emploi indirect lié aux achats de biens Bien qu'elle ait fourni une liste de ses principaux fournisseurs, l'entreprise Pirahy n'a pas été capable d'évaluer avec précision le montant des emplois qu'elle induit auprès d'eux. Pour le faire, il faudrait mettre en oeuvre des moyens supplémentaires d'enquête, c'est-à-dire réaliser un questionnaire auprès de ses principaux fournisseurs. A défaut de cela et à partir des quelques informations trouvées dans l'ouvrage Principal International Businesses (Dun and Bradstreet, 1988) on essayera d'évaluer, en première approximation, les emplois induits chez Aracruz (principal fournisseur) au travers des achats de l'entreprise en question. L'Aracruz Cellulose s.a. a une capacité de production de 475 OOO tonnes par an de cellulose, et un effectif de 1 600 employés. L'entreprises Aracruz Florestal s.a. a 3 2 0 0 employés, et est le fournisseur exclusif de bois d'Aracruz Cellulose. Si l'on sait que Pirahy achète 7,07 pour cent de la production d'Aracruz Celulose, on peut estimer qu'environ 113 des emplois occupés chez Aracruz Cellulose s.a. sont dus aux achats de Pirahy. Pourtant, au sein de la société Aracruz Florestal s.a., il est actuellement difficile d'obtenir des informations suffisamment précises sur les emplois qui correspondent à la production de cellulose, car cette entreprise réalise actuellement un grand projet d'expansion ce qui rend hasardeux ce type de calcul. On peut cependant estimer que 7 pour cent des effectifs d'Aracruz Florestal, soit 226 emplois, sont aussi des emplois induits par les achats de Pirahy (effets de second rang). De même, pour les autres fournisseurs l'absence d'informations nous empêche, pour le moment de faire des estimations plus complètes. La société Aracruz Cellulose s.a. et la société Aracruz Florestal s.a. sont situées dans l'Etat voisin d'Esperito Santo. Les principaux effets indirects liés aux achats de matières premières par la société Pirahy sont donc localisés à proximité de l'entreprise, dans la région 65 du Sud-Est. Le chiffre de 113 emplois induits sous-estime donc beaucoup les effets indirects sur l'emploi exercés par l'entreprise Pirahy. En particulier, il omet les effets indirects de second rang, qui sont ici très élevés, à travers les achats de bois réalisés par Aracruz Cellulose s.a. à Aracruz Florestal s.a.. Les emplois indirects liés aux achats de services et à la distribution n'ont pas pu être évalués, car l'entreprise Pirahy n'a pas répondu aux questions correspondantes. 66 3. LES EFFETS INDIRECTS SUR L'EMPLOI DE DEUX FIRMES MULTINATIONALES AU PEROU par Maria del Pilar TAFUR-PRADO48 3.1. Mepsa fMetalurgica Peruana s.a.) Le Pérou est un pays minier dont le minerai le plus exploité est le cuivre. L'investissement étranger direct (IED) représente près de 40 pour cent de l'investissement total réalisé dans l'exploitation des minéraux, avec une forte présence américaine. Vers la fin de 1988, l'entreprise Mepsa figurait au 48e rang, dans le classement des principales entreprises à capitaux étrangers au Pérou. Mepsa est l'une des principales entreprises fournisseurs de certains matériaux de l'industrie minière49. Après avoir décrit l'historique de l'implantation, la place de Mepsa dans le groupe "Marmon Group Inc. " et l'emploi direct créé par Mepsa, l'étude analysera les effets indirects exercés sur l'emploi local. 3.1.1. Le contrôle étranger exercé sur Mepsa Cette firme est une filiale commune de trois groupes nord-américains, qui détiennent au total 76,32 pour cent de son capital. La répartition du capital social de Mepsa est la suivante: The Marmon Group50 (Etats-Unis) Midland Ross Corporation (Etats-Unis) Fomenta s.a.51 Enrique Ferreyros Fimas.a. Total 28,54% 19,24% 28,54% 21,54% 2,14% 100% "Fomenta s.a." est détenue à 52,3 pour cent par "Northern Investment Company Ltd.", filiale de la "American Smelting and Refming Co. (Asarco) Inc." (Etats-Unis). Ainsi, les groupes nord-américains qui détiennent la majorité du capital social de Mepsa sont au nombre de trois: Marmon Group Inc., Midland Ross Corp., et Asarco Inc., le principal étant "The Marmon Group", filiale nord-américaine de Marmon Group Inc.. Ces trois groupes figurent parmi les plus grands groupes de l'activité minière aux Etats-Unis, et présentent une 48 L'auteur est fonctionnaire à PInstituto de Comercio Exterior à Lima (Pérou), collaboratrice du CIESUL et chercheuse au LEREP (Toulouse). Ces résultats sont issus d'une enquête réalisée à Lima en 1988 et 1989, sur la base du questionnaire détaillé mis au point pour le Bureau international du Travail (ci-annexé). 50 Cette firme vient d'être fusionnée et fait aujourd'hui partie de Saint-Paul Holdings ltd. Société péruvienne filiale du groupe Asarco inc. (Etats-Unis). 67 importante diversification des investissements par pays (Etats-Unis, Canada, Chili, Pérou, Mexique, etc.) et par secteurs (industrie électrique, chimie, pétrole, commerce). 3.1.2. L'implantation des groupes contrôlant Mepsa au Pérou des groupes miniers présents depuis les années 50 L'implantation des grands groupes nord-américains liés à l'activité minière au Pérou, parmi lesquels se trouvent Marmon Group Inc, Midland Ross Corp. et Asarco Inc., date de la fin des années 40 et du début des années 50. The Marmon Group a une forte présence dans l'économie péruvienne, principalement dans les mines, l'industrie et le commerce. En 1987, il était le principal groupe étranger présent au Pérou. Sa présence dans l'activité minière du pays date de la fin des années 40, décennie au cours de laquelle commence l'exploitation du cuivre dans la zone sud du Pérou par l'une des plus grandes firmes présentes dans l'activité minière: la Cerro de Pasco Corp., filiale du Groupe Marmon Group Inc., expropriée par le gouvernement péruvien en 1973. Les firmes "Cerro Corp.", "Cerro de Pasco Corp." et "The Marmon Group", filiales de Marmon Group Inc, exploitent au Pérou, par l'intermédiaire des entreprises "Cia Minera Raura s.a." et "Minas Buenaventura", des mines de cuivre, zinc, argent et plomb. Elles détiennent aussi des participations financières dans d'autres firmes liées à l'activité minière, comme "Southern Peru Copper Corp-Suc. Peru", filiale du groupe Asarco Inc., et dans d'autres firmes industrielles comme "Explosivos s.a." et "Refractarios Peruanos". La Midland Ross Corp.. était au début de 1987, le 36e principal investisseur étranger au Pérou. Sa participation dans l'économie péruvienne se situe surtout dans l'industrie fournisseuse des matériaux nécessaires à l'activité des mines. Le troisième grand groupe, Asarco Inc. a une présence très importante au Pérou dès les années 50, à travers ses filiales nord-américaines Southern Copper Corp.", "Northern Peru Mining Corp." et "Northern Investment Ltd.". Au début de 1987 ces trois firmes figuraient respectivement, dans le classement des principaux investisseurs étrangers au Pérou, au T, 14e et 57e rang. La "Southern Peru Copper Corp." est la principale firme sous contrôle étranger au Pérou vers la fin de 1988, et la plus importante dans l'exploitation du cuivre du pays. La "Northern Peru Mining Corp." exploite des mines de cuivre, argent, or, plomb et zinc; tandis que la participation de "Northern Investment Company Ltd." se situe dans l'industrie fournisseuse des matériaux et équipements miniers. Les deux principales participations du groupe au Pérou sont "Fomenta s.a." et "Corporaciôn Minera Nor Peru s.a.". La création de Mepsa en 1962 Compte tenu de l'apogée de l'activité minière pendant les années 50, du volume croissant des importations des matériaux nécessaires, et de l'attrait de l'investissement dans le secteur, les principaux usagers ont décidé, en 1962, de créer Mepsa, comme une entreprise conjointe, spécialisée dans la fonderie du fer et de l'acier. Ses principales productions étant: les billes en acier destinées au broyage des minéraux, et les pièces fondues de fer et d'acier. Ainsi, Mepsa s'est installée à Lima et a commencé ses opérations en 1964. Comme ses 68 principaux clients se trouvaient au centre et au sud du pays, cette localisation à Lima devait entraîner des coûts de transports élevés. Elle fut décidée en raison des besoins importants en énergie de cette entreprise, la disponibilité d'énergie électrique était mieux assurée à Lima. 3.1.3 La place de Mepsa dans le groupe Marmon Group Inc. Mepsa est totalement autonome en ce qui concerne la fabrication, la gestion, la commercialisation et la recherche-développement, mais c'est le groupe auquel elle appartient qui décide la politique générale. De même, ses activités dépendent d'une division géographique du groupe. Mepsa fournit 70 pour cent de la demande nationale en matériaux nécessaires à l'activité minière. Seulement 1 pour cent de la totalité des achats de l'usine est effectué au sein du groupe. Il s'agit de pièces de rechange pour le système de traitement thermique. De même, quelques achats de matières premières se font auprès d'entreprises péruviennes dans lesquelles le groupe détient certaines participations. Tel est le cas de "Refractarios Peruanos s.a.", fournisseur de briques et plastiques réfractaires, dont la production est subordonnée principalement à la demande de Mepsa. 3.1.4. L'emploi direct créé par Mepsa au Pérou D'une part à cause de l'évolution du marché minier, et d'autre part à cause de l'augmentation de la productivité, l'effectif total des employés de Mepsa a été fortement réduit. Il est passé de 630 personnes en 1984 à 520 en 1988. Tableau 5: Evolution de l'effectif total de Mepsa Années 1984 1985 1986 1987 1988 Effectifs 630 630 600 580 520 Source: Mepsa En 1987, l'effectif permanent au sein de l'établissement se répartissait ainsi par niveau de qualification (source Mepsa): Personnel de direction Techniciens/agents de maîtrise Employés (personnel de bureau) Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés 25 30 45 390 90 Total 580 69 La proportion de personnel féminin était de 2 pour cent (11 personnes), correspondant pour la plupart à du personnel de bureau. En ce qui concerne les emplois saisonniers, ils se limitaient à du personnel de production rendu nécessaire par les vacances massives pendant le mois de décembre, au cours duquel toutes les équipes sont désarmées pour l'entretien. Mepsa, qui travaille en trois équipes par jour, cinq jours et demi par semaine, onze mois par an, est l'une des principales entreprises dans sa branche (la durée moyenne du travail étant de 12 heures par jour). 3.1.5. L'emploi indirect lié aux achats de biens Les achats de biens effectués par Mepsa, se répartissent ainsi: 70 pour cent sont faits au Pérou, 25 pour cent aux Etats-Unis et 5 pour cent dans d'autres pays. L'essentiel des achats effectués au Pérou porte sur la matière première provenant du centre du pays, alors que tous les autres biens proviennent de la région de Lima. L'autre élément important est l'énergie. La distribution des achats par type de biens étant la suivante (source Mepsa): Energie Matières premières Biens intermédiaires Biens d'équipement Autres produits finis 24% 50% 15% 1% 10% Total 100% En 1988, le total des achats était de 5 400 000 dollars des Etats-Unis, montant qui s'est fortement réduit par rapport à 1987, où il était de 10 400 000 dollars des Etats-Unis, le volume des articles produits étant demeuré constant. Une estimation des emplois, induits par les achats au sein des principaux fournisseurs péruviens de biens, est la suivante (estimation effectuée par l'entreprise Mepsa): Fournisseurs Emplois Abralite Refractarios Peruanos Ferruniôn Champion del Peni Autres (Cia AGA del Peni, Chartatra, etc.) 70 410 200 100 Total 100 980 La production de "Refractarios Peruanos", principal fournisseur de Mepsa, est subordonnée à la demande de Mepsa, et dans une moindre mesure à d'autres fonderies. Les principaux produits achetés localement sont des tuyauteries, des dérivés du pétrole, des produits réfractaires, de l'oxygène et de l'acétylène, des produits abrasifs. Les six principaux fournisseurs péruviens de Mepsa, cités dans le tableau précédent, sont tous localisés à Lima. 70 Les effets indirects sur l'emploi sont donc concentrés dans la région de Lima: on peut estimer que 70 pour cent des emplois induits par les achats de Mepsa sont situés dans cette région. Parmi les six principaux fournisseurs péruviens de Mepsa, plusieurs sont eux-mêmes des filiales péruviennes de groupes étrangers (fin 1988): . - Refractarios Peruanos s.a. (groupe Marmon Group Inc.-Etats-Unis, lui-même actionnaire de Mepsa). - Cia Aga del Peru. 3.1.6. L'emploi indirect lié à la sous-traitance L'entreprise Mepsa ne réalise pas d'opérations de sous-traitance, bien que certains travaux réguliers de maintenance et de travaux sur le site puissent s'apparenter à de la soustraitance. 3.1.7. L'emploi indirect lié aux achats de services Les achats de services de Mepsa se font auprès de fournisseurs nationaux, et comprennent des services directement liés à la production, des services liés à la gestion administrative, et d'autres services tels que la restauration, le nettoyage et la surveillance. Les principaux types de services fournis sont les travaux de maintenance, de construction et d'atelier. Le choix des prestataires de services est fait pour le compte de Mepsa, en fonction des références d'autres employeurs. En 1988, l'estimation des emplois indirects liés aux achats locaux de services était la suivante: Travail intérimaire Entretien et réparation Nettoyage Gardiennage Restauration Conseil Ingénierie Gestion comptable Transports de matières premières et produits semi-finis Total 2052 2353 10 50 20 1 3 2 10 139 Source: Mepsa Seulement en période de croissance de la production ou d'absentéisme élevé du personnel stable. Ces travaux réguliers, confiés à des entreprises locales, correspondent à 2 000 heures de travail par semaine environ. 71 3.1.8. L'emploi indirect lié à la distribution Les clients de Mepsa sont les sièges miniers localisés principalement dans le centre et le sud du pays. La commercialisation, les services après-vente, l'entretien et la réparation des produits fournis par Mepsa sont réalisés par l'entreprise "Enrique Ferreyros", à travers la "division Mepsa", laquelle compte environ sept personnes. Ce distributeur "Enrique Ferreyros" détient 21,54 pour cent des actions de Mepsa. Le transport des produits est réalisé par les camions de la firme locale "Transportes Chang". L'emploi correspondant peut être évalué à 10 personnes. Ainsi, les emplois indirects correspondant à l'activité de distribution au Pérou peuvent être estimés au total à 17 personnes. 3.1.9. Synthèse Les effets directs et indirects de Mepsa sur l'emploi au Pérou sont donc estimés ainsi: Tableau 6: Emplois directs et indirects de Mepsa au Pérou Emplois indirects (1er rang) Emplois directs (1) Fournisseurs Sous-traitants (2) (3) 580 980 - Total (2+3) Services (4) 980 139 Emploi ind. "amont" (2+3+4) 1 119 Emploi ind. "aval" (5) 17 Total emplois indirects (2+3+4+5) 1 136 source: Mepsa Multiplicateurs de l'emploi indirect Amont - biens Amont - services "amont" "aval" Total (1er rg) 1,69 0,24 1,93 0,03 1,96 Les effets indirects sur l'emploi au Pérou de la société Mepsa apparaissent donc très élevés, alors même que les estimations effectuées ici limitent ces effets aux effets de premier rang, c'est-à-dire aux effets chez les fournisseurs et distributeurs de premier rang. A un emploi direct chez Mepsa correspondent en effet deux emplois indirects, essentiellement chez les fournisseurs de Mepsa. Cela résulte du fait que Mepsa est une unité industrielle de fonderie et d'usinage de pièces qui achète donc de l'énergie, des matières premières et des produits semi-finis, pour des montants élevés. En outre, la quasi-totalité de ces achats est effectuée sur place, au Pérou. 72 Mepsa exerce donc des effets positifs sur l'emploi industriel au Pérou, auprès de fournisseurs localisés surtout dans la région de Lima. On pourrait d'ailleurs considérer aussi que l'emploi direct total de Mepsa (520 personnes en 1988) est en quelque sorte le résultat indirect de la présence des groupes étrangers dans l'industrie minière du Pérou. Ces groupes étrangers, actionnaires de Mepsa, ont précisément créé cette entreprise pour approvisionner leurs propres filiales péruviennes. 3.2. "Compania Goodyear del Perii s.a " au Pérou La "Cia Goodyear del Peru s.a." est une usine de fabrication de pneus et chambres à air en caoutchouc naturel et synthétique pour voitures, camions, et tracteurs54. Au début de 1987, "The Goodyear Tire & Rubber Co." était classé au 10e rang parmi les principaux investisseurs étrangers présents au Pérou. Vers la fin de 1988, l'entreprise "Cia Goodyear del Peru s.a." était classée au 14e rang parmi les principales entreprises sous contrôle étranger direct enregistrées au Pérou. 3.2.1. Le Groupe multinational "The Goodyear Tire & Rubber Co." Fondé en 1898 en l'honneur de Charles Goodyear, inventeur du procédé de vulcanisation du caoutchouc, le groupe possède ses propres plantations de caoutchouc dans diverses régions du monde. La firme nord-américaine "The Goodyear Tire & Rubber Co. " est actuellement l'un des leaders mondiaux dans l'industrie des pneumatiques et des produits en caoutchouc, avec un chiffre d'affaires consolidé en 1988 de 10,81 milliards de dollars des Etats-Unis (qui le situe au 32e rang des groupes américains), un effectif global de 114 000 salariés, et des filiales dans de nombreux pays. 3.2.2. Implantation du groupe "The Goodyear Tire & Rubber Co." au Pérou En 1943 est inaugurée à Lima, sous la forme d'une société anonyme, l'unité de production "Cia Goodyear del Peru s.a.", filiale du groupe "The Goodyear Tire & Rubber Co." Il s'agissait de la première usine de fabrication de pneumatiques installée au Pérou. La taille du marché local et la possibilité d'accéder au marché régional (Pacte Andin) étaient les principales raisons du choix de l'implantation au Pérou. La ville de Lima (capitale du Pérou) fut retenue à cause de sa position géographique centrale. 3.2.3. La place de l'unité "Cia Goodyear del Peru s.a." dans son groupe La "Cia Goodyear del Peru s.a." fonctionne sous la forme d'une société anonyme contrôlée directement par le groupe. Les trois actionnaires de cette entreprise détiennent en effet les pourcentages de son capital suivants: 54 entreprise. Ce texte présente les résultats d'une enquête effectuée à Lima en 1989 auprès de responsables de cette 73 The Goodyear Tire & Rubber Co. (Etats-Unis) 97,9% Goodyear International Corp. (Etats-Unis) 0,1 % Benny L. Newby 2,0% Total 100% L'organisation divisionnelle du groupe est basée sur des divisions géographiques, les activités de "Cia Goodyear del Peni s.a." dépendent donc de la division Amérique Latine. L'établissement s'est situé à Lima pour approvisionner le marché local et régional. D'autre part, 80 pour cent des achats totaux se font à l'étranger, dont 60 pour cent auprès des autres filiales du groupe. C'est-à-dire que 48 pour cent des achats totaux se font au sein du groupe. Ceux-ci comprennent des matières premières provenant des pays indiqués ci-dessous: Achats réalisés par Cia Goodyear del Peru au sein du groupe Produits achetés Toiles Caoutchouc Produits chimiques Source: Cia Goodyear del Peru Pays d'origine Argentine, Etats-Unis, Japon Singapour Etats-Unis s.a. Les activités de production et de commercialisation, ainsi que les achats et le choix des prestataires de service sont maîtrisés par "Cia Goodyear del Peni s.a.", tandis que les fonctions de gestion, d'administration comptable, de choix des activités et de choix des investissements sont maîtrisées par la maison mère. 3.2.4. Emploi direct créé par "Cia Goodyear del Peni s.a." au Pérou L'emploi créé par "Cia Goodyear del Peni s.a." représente environ 60 pour cent de l'emploi total dans l'industrie péruvienne de production de pneumatiques. Cette industrie est contrôlée par deux entreprises "Cia Goodyear del Peru" et "Lima Caucho s.a.", filiale de "B.F. Goodrich" (Etats-Unis). La "Cia Goodyear del Peru s.a." est une entreprise leader au Pérou et travaille du lundi au samedi, en trois équipes de huit heures chacune. En 1988, son effectif total était de 659 personnes, en baisse de 10 pour cent par rapport à 1987. 74 Tableau 7: Evolution de l'effectifs total de "Cia Goodyear del Peru s.a." Années 1984 1985 1986 1987 1988 Effectifs 708 697 721 732 659 Source: Cia G oodyear dei Peru s.a. L'évolution irrégulière des effectifs est due aux besoins de production et à la rotation du personnel. Le personnel féminin représente 9,4 pour cent du total et correspond surtout à du personnel de bureau. De même, il y a une petite proportion de personnel de direction étranger. Au sein de l'unité il n'existe pas d'emplois saisonniers. En 1988, l'effectif total par niveau de qualification se répartissait comme suit: Ingénieurs et cadres Techniciens et agents de maîtrise Personnel de bureau Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés Total 35 10 163 408 43 659 3.2.5. L'emploi indirect lié aux achats de biens La plupart des achats de marchandises qui sont réalisés par "Cia Goodyear del Penî" le sont à l'étranger, cette filiale s'insérant dans une division internationale des tâches. L'origine géographique des achats totaux de marchandises est la suivante: 20 pour cent 28 pour cent 20 pour cent 32 pour cent s'effectuent localement; s'effectuent dans le pays d'origine du groupe (Etats-Unis); d'autres pays au sein du groupe; d'autres pays hors groupe. Il s'agit essentiellement d'achats de matières premières, dont plus de 80 pour cent sont importés. Le principal fournisseur local est l'entreprise publique "Petroleos del Peru" qui fournit le produit noir de fumée. Environ 80 pour cent de la production totale de noir de fumée de Petroleos del Peru est vendue à "Cia Goodyear del Peru s.a." et à "Lima Caucho s.a.", mais il est très difficile d'estimer les emplois induits correspondants au sein de Petroleos del Penî. Ces emplois ont été estimés en appliquant aux effectifs totaux de l'usine de noir de fumée de Petroleos del Peru le ratio suivant: achats de noir de fumée par Cia Goodyear/chiffre d'affaires total en noir de fumée de Petroleos del Peru. Comme ce rapport est de 38 pour cent, cela conduit à estimer que, sur les 44 emplois dans l'usine de fabrication de noir de fumée de Petroleos del Peru, 17 sont induits par les achats de Cia Goodyear del Peru s.a.. 75 3.2.6. L'emploi indirect lié à la sous-traitance L'entreprise "Cia Goodyear del Perû s.a." ne fait pas d'opérations de sous-traitance. 3.2.7. L'emploi indirect lié aux achats de services Les principaux achats de services réalisés par "Cia Goodyear del Perû s.a." représentent environ 102 emplois induits, et comprennent des services tels que la restauration, le nettoyage et la surveillance. L'estimation des emplois indirects induits est la suivante: Entretien et réparation Nettoyage Gardiennage Transport des matières premières et de produits semi-finis Formation Banques et assurances Conseil Ingénierie Restauration Publicité Total 40 13 36 ND ND ND ND ND 13 ND 102 ND non déterminé La formation du personnel est une activité continue qui procure des emplois à des institutions et des universités au Pérou et à l'étranger. 3.2.8. L'emploi indirect lié à la distribution La "Cia Goodyear del Perû s.a." ne réalise pas elle-même la distribution de ses produits. Elle travaille avec un réseau de distributeurs localisés, dans tout le pays. Ceux-ci sont ses principaux clients. Ils sont environ 300 distributeurs au Pérou, le nombre d'emplois induits par eux étant environ de 1 500 personnes. De même, ce sont ces distributeurs qui fournissent les services après-vente tels que l'équilibrage, le rechapage, et la réparation des pneus. 3.2.9. Prévisions d'emploi direct et indirect Il y a une tendance à maintenir les niveaux actuels d'emploi, malgré une réduction du marché péruvien: l'exportation vers les pays du Groupe Andin (Venezuela, Colombie, Equateur, Bolivie et Pérou) devrait en effet avoir beaucoup plus d'importance à l'avenir. 76 3.2.10. Synthèse Tableau 8: Emplois directs et indirects de "Cia Goodyear del Péru" au Pérou Emplois indirects Emplois directs (D 659 SousFournisseurs traitants (2) (3) ND - Total (2+3) Services (4) ND 102 Emplois Emplois ind. "amont" ind. "aval" (2+3+4) (5) 102 Total emplois indirects (2+3+4+5) 1 500 > 1 602* **JD non déterminé approximation L'emploi indirect chez les fournisseurs de biens est faible, car l'unité achète 80 pour cent de ses fournitures à l'étranger. Les achats de noir de fumée au Pérou correspondent à environ 17 emplois induits. Multiplicateur Multiplicateur Multiplicateur Multiplicateur Multiplicateur de l'emploi de l'emploi de l'emploi de l'emploi de l'emploi indirect "amont-biens" (faible) indirect "amont-services" indirect "amont" (faible) indirect "aval" indirect de 1er rang (sup. à 2,3 ) ND 0,15 ND 2,28 ND 4. LES EFFETS INDIRECTS SUR L'EMPLOI DE DEUX FIRMES MULTINATIONALES EN THAÏLANDE Les résultats qui suivent proviennent d'enquêtes directes, effectuées à l'automne 1989 auprès d'unités industrielles contrôlées par des groupes étrangers en Thaïlande. Les enquêtes ont été coordonnées par M. Xavier Daney, expert associé sur les entreprises multinationales du Bureau international du Travail à Bangkok qui a, au préalable, adapté le questionnaire général. Les entrevues ont été réalisées par Mme Klin-Keo Chintakananda, professeur au National Institute of Development Administration à Bangkok. Le texte d'analyse qui suit a été rédigé à Toulouse par J. Savary. Les résultats obtenus sont souvent incomplets, notamment en ce qui concerne l'évaluation des effets induits sur l'emploi au sein des réseaux locaux de distribution. Néanmoins, ces résultats mettent en évidence la diversité des effets indirects sur l'emploi, qui est liée à la diversité des stratégies poursuivies. Le questionnaire adapté en langue anglaise s'est avéré opérationnel. 4.1. Les effets indirects sur l'emploi de Nec (Thailand) en Thaïlande Le groupe japonais Nec est l'un des premiers groupes mondiaux de l'industrie électrique et électronique. Avec 104 000 personnes dans le monde et un chiffre d'affaires 77 consolidé de 143 milliards de francs en 1988, il apparaît ainsi au 35e rang des groupes industriels mondiaux, et au 8e rang des groupes japonais (classement du Nouvel économiste). 4.1.1. La création de Nec (Thailand) Ltd. L'unité de Nec (Thailand) Ltd. a été établie fin 1987 à Samutprakarn en Thaïlande, à proximité immédiate de Bangkok. Il s'agit d'une société dont les principaux actionnaires sont: Nec (Japon) Siam Cernent Co. Ltd. (Thailand) 51 % des actions 49 % des actions Le groupe japonais a acheté les actions d'une société existante, et a choisi de s'implanter en Thaïlande pour sa stabilité politique, l'habileté de la main-d'oeuvre et la possibilité de bénéficier du système généralisé de préférences. L'unité a pour fonction l'assemblage de récepteurs de télévision-couleur, destinés principalement au marché interne de la Thaïlande. 4.1.2. L'unité de Nec (Thailand) Ltd. dans son groupe Il s'agit d'une unité d'assemblage final qui apporte une relativement faible valeur ajoutée, puisque ses achats totaux représentent 206 millions de Bahts et ses ventes totales 243 millions de Bahts (en 1989) ( un dollar des Etats-Unis = 25 Bahts environ). L'unité dépend beaucoup de l'étranger pour ses approvisionnements: 92 pour cent de ses achats totaux (en valeur) viennent de l'étranger, et 8 pour cent seulement de la Thaïlande. Une partie importante des achats réalisés à l'étranger provient d'unités appartenant au groupe Nec, et souvent d'unités japonaises (48.pour cent des achats totaux). La production est destinée à 97 pour cent au marché intérieur thaïlandais. L'unité remplit les fonctions de fabrication, d'organisation de la production, d'achat, de gestion financière et de gestion du personnel. Par contre, elle ne maîtrise pas les choix stratégiques, la recherche-développement et le marketing. 78 4.1.3. L'emploi direct En 1989, l'effectif total est de 105 salariés, qui se répartissent ainsi: 18 17 22 48 cadres et techniciens employés ouvriers qualifiés ouvriers non qualifiés (dont 3 femmes) (dont 11 femmes) (dont 12 femmes) (dont 36 femmes) Comme l'indique le tableau ci-dessous, l'emploi ne cesse d'augmenter Années 1986 1987 1988 1989 Effectif total 74 86 91 105 L'unité n'a pas recours au travail saisonnier. 4.1.4. L'emploi indirect lié aux achats de biens Les achats auprès de fournisseurs thaïlandais sont peu élevés (8 pour cent du montant total des achats, soit 16,5 millions de Bahts). Ils concernent essentiellement des biens semi-finis ou des composants. Les principaux fournisseurs locaux sont les suivants: Fournisseurs Phai Container Union Plastic Siam insulation Localité Bangkok Bangkok Samutprakarn Produits Emballage carton Meubles (cadres) Mousse d'emballage Valeurs (par mois) 0,05 M de dollars 0,113 M de dollars 0,05 M de dollars Emplois induits (en person./mois) 10 personnes 25 personnes 25 personnes Ces trois principaux fournisseurs totalisent 2,6 millions de dollars des Etats-Unis de ventes à Nec (Thailand) Ltd., et on peut évaluer à 60 personnes le personnel qui travaille pour Nec dans ces trois entreprises. L'emploi indirect lié aux achats de biens en Thaïlande doit être supérieur à ce chiffre (200 emplois). L'entreprise ne réalise pas d'opération de sous-traitance. 79 4.1.5. L'emploi indirect lié aux achats de services L'entreprise a recours à des prestataires thaïlandais de services pour la maintenance, le gardiennage, la formation, les activités bancaires, d'assurances et de conseils, et enfin de restauration. Les emplois induits chez les principaux fournisseurs locaux ont été évalués ainsi: gardiennage hôtellerie/restauration 6 personnes 5 personnes Total 11 personnes 4.1.6. L'emploi indirect lié à la distribution L'entreprise vend l'essentiel de sa production en Thaïlande, par l'intermédiaire de la société Horne Electronics Co. Ltd.. L'emploi induit correspondant n'a pas pu être estimé, mais, si les ventes ne passent pas par des vendeurs exclusifs, il doit s'agir d'un effectif faible et difficile à évaluer. 4.1.7. Synthèse L'effet de Nec (Thailand) Ltd. sur l'emploi en Thaïlande peut être estimé ainsi: Tableau 9: Emplois directs et indirects de Nec (Thailand) en Thaïlande Emplois directs (1) 105 Emplois indirects (de 1er rang) Fournisseurs Soustraitants Total Services (2) (3) (2+3) 150 * - 150* ND non d éterminé coefficient coefficient coefficient coefficient coefficient multiplicateur multiplicateur multiplicateur multiplicateur multiplicateur Emplois ind. "aval" Total emplois (4) Emplois ind. "amont" (2+3+4) (5) (2+3+4+5) 20* 170* ND >170* * appnjximation de l'emploi indirect "amont" - biens de l'emploi indirect "amont" - services de l'emploi indirect "amont" (total) de l'emploi indirect "aval" total de l'emploi indirect (de 1er rang) 1,4 0,19 1,59 ND > 1,6* Cette unité a des effectifs relativement réduits correspondant essentiellement à du personnel peu qualifié, car il s'agit d'une unité d'assemblage final. L'effet indirect sur 80 l'emploi est lui aussi faible en valeur absolue car les achats de biens auprès de fournisseurs locaux sont limités. En effet, les éléments principaux sont importés. 4.2. Les effets indirects sur l'emploi de Nec Technologies (Thailand) Co. Ltd. en Thaïlande 4.2.1. La création de Nec Technologies (Thailand) Co. Ltd. et la place de cette unité dans son groupe. Cette société a été créée en juin 1988, comme une filiale détenue en totalité par NecJapon, pour assembler des composants électroniques. L'implantation en Thaïlande a été décidée à cause de l'avantage économique de produire des composants électroniques en Asie du Sud-Est, de la stabilité politique du pays, de l'application et de l'habileté de la main d'oeuvre, et de la possibilité de bénéficier du système généralisé de préférences. Le choix de la localisation près de Bangkok est lié à la proximité de la voie-express reliant l'usine au port et à l'aéroport, au site protégé des inondations et aux commodités de la zone industrielle. L'unité a pour activité le stadefinald'assemblage de composants électroniques, à partir de pièces fabriquées aux Etats-Unis ou au Japon. La valeur ajoutée locale est faible (ventes: 518 millions de Bahts, achats totaux: 422 millions de Bahts). Les achats totaux de l'unité (422 millions de Bahts) proviennent pour 15 pour cent de Thaïlande et pour 85 pour cent de l'étranger. Cinquante pour cent de ces achats totaux proviennent d'unités du groupe Nec. Le principal produit acheté est constitué par des composants LSI. La production consiste en terminaux de systèmes téléphoniques et PABX. Elle est totalement exportée vers des unités étrangères du groupe Nec, et se répartit géographiquement ainsi: Japon Etats-Unis 20 % 80 % L'unité dépend à la fois des deux divisions suivantes du groupe Nec: Multimedia Terminal Division Nec, située au Japon, et Nec America Inc., située aux Etats-Unis. L'unité apparaît comme une véritable unité atelier qui ne maîtrise que trois fonctions: la fabrication, la gestion financière et la gestion du personnel. La dépendance organisationnelle vis-à-vis du groupe est très forte, puisque même les fonctions d'organisation de la production et d'achat sont réalisées en dehors de l'unité, par la société mère du groupe, la sous-traitance relevant de la filiale thaïlandaise. 4.2.2. L'emploi direct (dans l'unité) En 1988, l'effectif total de 131 personnes comprend 111 femmes, qui réalisent le travail de production. Cet effectif se répartit en: 81 cadres et techniciens employés ouvriers qualifiés ouvriers non qualifiés Total 17 7 107 0 (dont 4 femmes) (dont 7 femmes) (dont 100 femmes) Ï3Ï L'unité n'a pas recours au travail temporaire. 4.2.3. L'emploi indirect lié aux achats de biens Les achats totaux de biens, à l'exclusion de la sous-traitance, proviennent à 88 pour cent de l'étranger, et à 12 pour cent de Thaïlande. Ces achats en provenance de Thaïlande concernent essentiellement des biens semi-finis. Les principaux fournisseurs locaux sont les suivants: Fournisseurs Localité CIC Bangkok moules plastiques Thai Container Bangkok emballage carton Valeurs (par mois) Emplois induits (en personnes/mois) 2 millions de dollars des E.-U 0,05 millions de dollars des E.-U 25 Produits 10 Les emplois induits chez les fournisseurs locaux peuvent être évalués au total à environ 90 équivalents emplois (pendant les 6 premiers mois d'activité de l'année 1988). 4.2.4. L'emploi indirect lié à la sous-traitance L'unité réalise des opérations de sous-traitance, qui concernent des opérations d'assemblage d'unités de circuits imprimés. La totalité de cette sous-traitance est localisée à proximité de Bangkok. Les principaux sous-traitants sont les suivants: Sous-traitants Localité Volume sous-traitance (en heures-homme par mois) Technology-applications Sakata Inx Bangkok Bangkok 10 000 4000 Les emplois induits par la sous-traitance confiée à des entreprises thaïlandaises peuvent être évalués à plus de 70 équivalents-emplois (pour les six premiers mois d'activité en 1988). Les sous-traitants sont choisis à partir des critères suivants: leur capacité de production; leur 82 capacité à contrôler la qualité; leur facilité de production et de contrôle; la qualité de leur direction et de leur gestion. Les opérations de sous-traitance réalisées par Nec Technologies ne donnent pas lieu à des transferts de technologie auprès des sous-traitants, ni à des opérations de formation de leur personnel. 4.2.5. L'emploi indirect lié aux achats de services et à la distribution L'unité a des fournisseurs locaux de services, pour la maintenance, le nettoyage, le gardiennage (6 personnes), le transport (4 personnes), la banque, l'assurance, le conseil, la restauration. Les emplois induits chez ces fournisseurs peuvent être évalués à 15 salariés (en 1988). L'unité exporte toute sa production vers le groupe Nec. Les ventes en Thaïlande étant nulles, l'effet indirect sur l'emploi au sein d'un réseau local de distribution est ici nul. 4.2.6. Prévisions d'activités et d'emplois L'entreprise prévoit de faire passer sa production de 4,8 millions de dollars des EtatsUnis en 1988 à 40 millions de dollars des Etats-Unis en 1992. Les emplois induits chez les fournisseurs et sous-traitants locaux augmenteraient alors de 250 à 1 200 personnes. L'emploi direct et indirect créé par cette unité devrait donc augmenter beaucoup, mais moins que le volume de la production. En effet, l'automatisation des opérations va se développer. 4.2.7. Synthèse L'effet de Nec Technologies (Thailand) sur l'emploi en Thaïlande pour les six premiers mois d'activité (1988) peut être estimé comme suit: Tableau 10: Emplois directs et indirects de Nec Technologies en Thaïlande Emplois indirects (1er rang) Emplois Directs fournisseurs sous-traitants Total Services emplois ind. "aval" (4) emplois ind. "amont" (2+3+4) (2) (3) (2+3) 90 70 15 175 0 (1) 131 coefficient coefficient coefficient coefficient coefficient multiplicateur multiplicateur multiplicateur multiplicateur multiplicateur 160 de l'emploi indirect "amont" - biens de l'emploi indirect "amont" - services de l'emploi indirect "amont" (total) de l'emploi indirect "aval" total de l'emploi indirect Total emplois indirects (2+3+4+5) (4) 1,22 0,11 1,33 0 1,33 175 83 5. LES EFFETS INDIRECTS SUR L'EMPLOI D'IBM-FRANCE A MONTPELLIER (FRANCE) par Julien SAVARY Il n'a pas été possible de tester dans l'usine IBM de Montpellier le questionnaire détaillé mis au point pour le Bureau international du Travail. Nous avons cependant jugé utile de présenter ici l'analyse des effets indirects sur l'emploi exercés par cette unité, pour plusieurs raisons. Ces effets sont élevés, IBM ayant joué un véritable rôle d'industrialisation dans le Languedoc, et continuant à effectuer localement d'importants achats. Les responsables de l'usine évaluent eux-mêmes, depuis plusieurs années, ces effets indirects, en calculant les "équivalents-emplois" correspondants aux achats de l'unité, selon une méthode voisine de celle mise au point pour le BIT. Ces évaluations leur permettent, notamment, de souligner l'impact économique positif exercé par IBM sur l'industrie régionale. Nous avons eu, enfin, l'occasion d'étudier cette question auparavant, lors d'enquêtes successives, dont nous présentons ici les principaux résultats55, après avoir effectué une visite dans l'usine en octobre 1989. 5.1 Le groupe IBM dans le monde et en Europe IBM est l'une des premières firmes industrielles mondiales, et le leader de l'informatique. C'est un groupe très multinationalisé, qui réalise une forte intégration mondiale de ses opérations, et qui peut être, à ce titre, qualifié de "multinationale globale". L'organisation internationale du groupe est une organisation mondiale tri-continentale. Elle est basée sur trois divisions géographiques: IBM-Etas-Unis, zone principale, avec 21 usines, 22 laboratoires de recherche développement sur les 31 du groupe, et deux des trois centres de recherche fondamentale. IBM-Europe/Moyen Orient/Afrique, deuxième zone par le volume d'activités (15 usines et 10 centres de recherche). IBM-Asie/Extrême Orient/Canada/Amérique Latine, zone d'implantation plus récente mais en croissance, avec 10 usines (à partir de 1988, cette zone IBM-AFE disparaît au profit de deux zones indépendantes, au moins en ce qui concerne les ventes: IBM-Americas (Canada, Amérique Latine) et IBM-Asia-Pacific). C'est au niveau de chacune de ces trois zones que s'établit la cohérence de la production: la quasi-totalité des ventes réalisées dans chaque zone est produite par les usines situées dans la zone. A l'intérieur de chaque zone, toutes les usines sont très spécialisées dans la fabrication de quelques éléments et/ou d'un ou deux produits finis, destinés aux marchés de la zone continentale en question. Cela se traduit, au niveau mondial, par le principe d'organisation de la triple source: à chaque usine aux Etats-Unis correspondent deux usines soeurs, les "sister plants", fabriquant les mêmes produits en Europe et en Asie. Ainsi les plus grands Voir Dupuy, C , Goya, M et Savary, J.: La place et l'impact des entreprises étrangères sur les régions du Grand Sud-Ouest, rapport pour la DATAR, LEREP (Université des sciences sociales de Toulouse, 1985), 1000 pages, 4 volumes; Savary, J.: La multinationale globale IBM, essai d'analyse de la stratégie spatiale, cahier de recherches de TUER des sciences économiques, no. 186 (Université de Toulouse 1, février 1989); et Dupuy, C , Milelli, C , Savary, J.: "Stratégies des multinationales" dans 2d tome de l'Atlas mondial des multinationales. documentation française (Paris, 1991). 84 processeurs actuels, ceux de la gamme 3 090, sont à la fois produits à Poughkeepsie-EtatsUnis (pour la zone Etats-Unis), à Montpellier-France (pour la zone Europe) et à Yasu-Japon (pour la zone AFE). Ce type d'organisation conduit à mettre les usines soeurs en concurrence entre elles, au niveau des coûts et de la qualité. Au sein d'une même zone, la répartition des missions de fabrication donne aussi lieu à une grande compétition entre les usines IBM. Cette forte interdépendance entre des unités spécialisées et dispersées rend nécessaire une forte centralisation des informations et de la gestion, à la fois par division géographique continentale et au niveau mondial. Un réseau international d'information très puissant, interne au groupe, reliant toutes les unités d'IBM dans le monde, a été mis en place pour permettre cette centralisation. Outre la planification internationale de la commercialisation, de la production, et des échanges inter-unités, ce réseau permet de coordonner tous les laboratoires d'IBM dans le monde. L'essentiel de la production, des effectifs et des ventes d'IBM dans la zone Europe/Moyen-Orient/Afrique est concentré dans la Communauté économique européenne. C'est la création du Marché commun qui a rendu possible, dans les années 60, la spécialisation des usines pour le marché européen. En 1986, le groupe IBM disposait en Europe de 15 unités spécialisées, que l'on peut classer en trois catégories. Les "technology plants" sont spécialisées dans un stade "amont" de la production: composants électroniques ou autres éléments entrant dans la fabrication d'un produit, qui sont destinés à d'autres usines du groupe. Les "box plants" sont spécialisées dans un stade "aval de la production". Elles reçoivent des composants d'autres usines IBM, de fournisseurs et de sous-traitants, elles effectuent certaines opérations de production, et l'assemblage final et le test des produits pour toute la zone Europe. Fin 1986 il existait huit "box plants". Les "usines mixtes" sont des "box plants" qui ont aussi une activité de "technology plant". Chacune de ces usines fabrique un ou plusieurs produits pour l'ensemble des besoins de la zone Europe. Pour chaque produit fini il existe un réseau complexe de production et d'échanges d'éléments entre les usines d'IBM, et avec les fournisseurs extérieurs. Ces réseaux s'articulent parfois sur les mêmes usines IBM. Une conséquence de cette organisation est l'existence de très importants flux d'échanges physiques entre les usines européennes. Autre conséquence, l'interdépendance technique entre les usines implique une coordination étroite de leurs activités, et un ajustement de celles-ci aux besoins du marché européen. IBM utilise un principe général de localisation qui est d'implanter des usines, des centres de recherche, des unités administratives, ou d'effectuer des achats ou de la soustraitance, là où ses ventes sont les plus importantes, afin d'équilibrer les balances commerciales du groupe dans chaque pays. Cette règle affichée "produire sur place l'équivalent de ce qui est vendu sur place" permet à IBM d'apparaître comme un producteur national dans tous les pays, et de négocier l'accès à des marchés. Cette règle est effectivement appliquée dans les localisations européennes. Depuis 1987, dans le cadre d'un plan de restructurations, IBM a réduit le nombre de ses sites en Europe. 85 5.2. L'implantation d'IBM en France et à Montpellier Présent industriellement en France depuis 1922 (usine de Vincennes), IBM a créé ensuite l'usine de Corbeil-Essonnes en 1941. Jusqu'aux années 60 celle-ci produisait une grande partie de la gamme des produits. Devant la croissance de ses activités, le groupe a alors spécialisé l'usine de Corbeil dans la production de composants et créé trois nouvelles usines: Montpellier (1965), Boigny (1966) et Bordeaux (1970). La Datar a joué un rôle dans ces opérations de décentralisation hors de la région parisienne. En 1987, IBM-France employait 21 716 personnes, dont 8 240 en production. Outre le siège social à Paris (plus de 2 000 salariés), les quatre usines, et le centre de recherche de La Gaude, créé en 1962 près de Nice et spécialisé dans les produits de télécommunications (1 400 salariés), IBM-France comprend onze agences commerciales (plus de 8 000 salariés), et plusieurs centres administratifs ou logistiques (près d'Orléans avec 900 salariés, à Evry-Lisses). Tableau 11: Effectifs et productivité de la Compagnie IBM-France Années 1974 1978 1982 1985 1986 1987 Effectifs totaux 19 721 21 802 20 278 22 452 22 225 21 716 Chiffre d'affaires par salarié 0,32 0,51 1,1 1,67 1,64 1,72 Les effectifs totaux d'IBM-France ont augmenté jusqu'en 1978, puis se sont réduits jusqu'en 1982, alors que les ventes doublaient. En quatre ans, entre 1978 et 1982, la productivité moyenne, en francs de chiffre d'affaires, d'un salarié d'IBM-France a donc augmenté de plus de 100 pour cent. Entre 1982 et 1985, les effectifs reprennent leur progression, mais leur croissance est plus lente que celle du chiffre d'affaires, si bien que la productivité du travail augmente encore de 52 pour cent en quatre ans. Après 1985 les effectifs se réduisent, mais les ventes progressent faiblement: la productivité évolue peu. Les quatre usines françaises sont très spécialisées dans la fabrication de certains composants ou produits pour toute la zone Europe. Ainsi Corbeil-Essones, la plus grande avec plus de 4 000 salariés, produit des composants logiques pour les unités françaises (Bordeaux et Montpellier) et pour les autres usines européennes (en 1986, 40 pour cent de sa production est exportée). Montpellier, deuxième usine par la taille, assemble et teste les grands processeurs de la série 3 090 pour toute la zone EMEA, à partir de composants reçus des usines européennes. L'usine fabrique aussi des modules MCM pour les usines de Valence et de Havant. Boigny et Bordeaux sont des usines plus petites, et liées industriellement aux deux premières usines. Boigny reçoit des composants à assembler en provenance de Corbeil, et lui expédie des cartes électroniques assemblées. Bordeaux expédie une grande partie de ses cartes électroniques à Montpellier. Depuis 1988, ces deux usines ont perdu leur 86 autonomie administrative et ont été rattachées aux usines de Corbeil (pour Boigny) et de Montpellier (pour Bordeaux). Aujourd'hui IBM ne dispose donc plus que de deux "usines" en France, avec quatre sites de production. Cette spécialisation des usines entraîne l'existence de flux d'échanges très importants de composants ou sous-ensembles, entre les usines françaises, et entre celles-ci et les usines européennes. Autre conséquence, les usines françaises ne vendent qu'une partie de leurs produits finis en France. Elles exportent vers toute le zone EMEA, à travers le réseau commercial d'IBM-Europe, plus de 80 pour cent de leur production (82 pour cent pour l'usine de Montpellier). Les usines françaises sont donc de véritables pièces d'un puzzle européen, puisque la cohérence de leurs activités ne se réalise qu'au niveau de cet espace continental. L'usine de Montpellier a été créée pour deux raisons fondamentales: l'extension de la production de circuits intégrés à Corbeil, qui imposait un transfert des fabrications, et la politique de la Datar, qui poussait à des décentralisations lointaines. Le choix du site de Montpellier s'explique, quant à lui, essentiellement pour quatre raisons: avantages importants consentis par la municipalité; avantages d'apparaître, aux yeux du gouvernement français, comme un pionnier de la politique d'aménagement du territoire; espoirs de trouver localement des sous-traitants, notamment grâce à la reconversion d'établissements textiles; avantages de la localisation, tant au niveau du cadre de vie, que des communications, puisque le réseau autoroutier était en plein développement. L'usine de Montpellier a toujours eu pour mission principale l'assemblage d'unités centrales d'ordinateurs de grande capacité, ou grands ordinateurs. Les grandes mutations dans ses productions correspondent alors aux lancements des nouvelles générations de processeurs, suivis de peu par l'arrêt des séries anciennes. Successivement l'usine a donc assemblé: à partir de 1965 les IBM 360, notamment les modèles 360-40, 360-50 ; à partir de 1970 les IBM 370, en particulier les modèles 370-138, 370-145, 370-148, 370-155, 370-158 ; à partir de 1976-1977, les IBM 303 X, comme le 3 031, puis le 3 032 ; à partir de 1980, les IBM 308 X, comme le 3 081, le 3 082, le 3 084 ; à partir de 1985-1986, les IBM 309 X, comme le 3 090, modèles 150, 180, 200, 400. Depuis 1980, l'usine, qui auparavant importait les circuits logiques de l'usine de Corbeil, fabrique elle-même des modules TCM nécessaires à ses processeurs et des modules MCM, à partir de circuits venant de Corbeil: elle a donc acquis une nouvelle compétence. Par contre, après avoir produit dans le passé des systèmes industriels, des autocommutateurs, des dérouleurs de bande et des têtes de lecture, elle ne fabriquait plus en 1986 qu'un système de communication de canaux, dont la production s'est arrêtée en 1988. 87 5.3. La place d'IBM-Montpellier dans l'organisation européenne de la production L'usine de Montpellier est très dépendante des autres usines européennes, à qui elle achète et fournit des composants. En ce qui concerne l'ordinateur 3 090, assemblé à Montpellier, l'usine ne réalise pas tous les stades de la production. Elle fabrique elle-même les modules TCM, à partir d'éléments de base, les micro-plaquettes, qui sont fournis par l'usine de Corbeil, et de substrats céramiques fournis par l'usine de Sindelfmgen. Il s'agit d'une opération très complexe de test et de montage des microplaquettes. Ces modules TCM sont ensuite montés sur des panneaux, réalisés sur des supports multicouches en provenance de Sindelfmgen. Un processeur 3 090 comprend un ou plusieurs de ces panneaux, suivant le modèle. L'usine produit aussi, selon les mêmes modalités, les modules MCM, voisins des modules TCM, mais de plus petite taille. Ces modules sont eux destinés aux usines produisant des grands processeurs de taille inférieure au 3 090, à Havant et Valence. Mais la fabrication du processeur 3 090 qui sort des ateliers de Montpellier nécessite aussi de nombreuses interconnections, des opérations de câblage, et l'emploi de pièces de tôlerie et de mécanique. Toutes ces fabrications sont réalisées en dehors de l'usine, par des fournisseurs et sous-traitants, et seront décrites plus loin. L'usine, et c'est là l'une de ses activités importantes, organise ces fabrications extérieures: choix des fournisseurs, définitions des prestations et produits demandés, fourniture des pièces et éléments utilisés par les soustraitants, contrôle de leurs productions au sein même de leurs ateliers, transport des pièces, tests des produits (ce contrôle et ces tests sont de plus en plus souvent confiés aux fournisseurs). Enfin l'usine effectue l'assemblage final de tous les éléments, et le test du processeur. 5.4. L'emploi direct dans l'usine IBM de Montpellier Directement, c'est à dire au sein de l'usine de Montpellier, le groupe IBM a créé de nombreux emplois dans l'industrie régionale. En réalité il a créé plus que les 2500 emplois existants fin 89, puisque par le jeu des mutations au sein du groupe, des démissions, des départs à la retraite, les embauches totales depuis 1965 ont largement dépassé ce chiffre. Ainsi depuis 1977, les embauches annuelles ont été les suivantes: 1977: 124 personnes 1978: 263 personnes 1979: 17 personnes 1980: 32 personnes 1981: 37 personnes 1982: 212 personnes 1983 47 personnes 1985 104 personnes * 1986 10 personnes * 1987 10 personnes * 1988 10 personnes * 1989 10 personnes * * estimations Du point de vue de l'origine géographique des salariés embauchés, lors de la création, en 1965, 380 personnes ont été mutées depuis la région parisienne. Ceci n'a donc pas 88 correspondu à des créations d'emploi pour des habitants de la région (bien que de nombreuses personnes ainsi mutées aient été originaires de la région). Les recrutements effectués ensuite sur place en 1965, 1966 et 1967 (soit 718 personnes) ont encore fait appel en grande partie à des personnes extérieures aux départements du Languedoc-Roussillon et en particulier originaires de la région parisienne. Cela s'explique par les qualifications techniques ou scientifiques élevées requises pour les emplois offerts. A partir d'informations publiées par IBM, J. Guin a montré par exemple que les embauches réalisées en 1967 ont concerné: pour 46 pour cent, des personnes résidant dans l'Hérault; pour 12,5 pour cent, des personnes résidant dans les départements limitrophes; pour 15,5 pour cent, des personnes résidant à Paris. Fin 1983, 55 à 60 pour cent des salariés de l'usine IBM de Montpellier étaient originaires de la région Languedoc-Roussillon, selon la direction de l'usine (il est possible que figurent dans ce chiffre des personnes nées dans la région, mais dont la résidence avant embauche se situait hors région). De nombreux emplois, créés par IBM à Montpellier ont donc été attribués à des personnes originaires de l'Hérault et de ses environs. L'évolution des effectifs totaux peut s'analyser à partir de deux indicateurs: Les "effectifs-usine" correspondent aux salariés administrativement rattachés à l'usine. Certains peuvent être détachés à Bordeaux, Valence, Corbeil, Paris ou ailleurs. En outre, des personnes rattachées à d'autres unités d'IBM peuvent se trouver pour plusieurs mois (ou années) présentes sur le site de Montpellier. Ces effectifs-usines évoluent cependant de façon proportionnelle aux effectifs réellement présents (ou "effectifs sur le site"). Les "effectifs sur le site" sont le plus souvent supérieurs aux "effectifs-usine", car se trouvent en permanence à Montpellier des personnes rattachées aux services commerciaux ou aux services de l'inspection centrale, des services techniques. Ainsi, fin 1983, 2 673 personnes étaient présentes sur le site (soit 250 personnes de plus que les effectifs usine). Entre 1972 et 1983, ces effectifs ont varié ainsi, en passant de 2 010 personnes fin 1972 à 2 673 personnes fin 1983. Tableau 12: "Effectifs-usine" d'IBM-Montpellier de 1965 à 1985 . 1965 1966 467 1 050 , 1970 . 1976 1 855 1 600 1978 1979 .2 126 2 118 .1981 2 306 1982 1983 . 1984 1985 . 1988 2 343 2 424 2 437 .2 503 2 500 On peut constater une baisse des effectifs entre 1972 et 1975, correspondant à une baisse d'activité de l'usine. Les effectifs augmentent ensuite assez fortement et atteignent: 2 798 personnes en 1984, et 2 774 personnes en 1985. A partir de 1985, les embauches deviennent quasi nulles, les effectifs se réduisent et se stabilisent aux environs de 2 700 89 salariés. En effet l'usine subit une baisse d'activité, liée au tassement des ventes de grands systèmes. Le niveau de l'emploi ne peut alors être maintenu que par le développement de plusieurs activités nouvelles, comme, par exemple, le centre CIM ("Computer Integrated Manufacturing", centre de recherche et de démonstration sur l'automatisation de la production) qui emploie environ 50 salariés en 1989. Le niveau de qualification du personnel est élevé. Ainsi, les 2 424 salariés-usine (effectif au 31/12/1983) se répartissaient en: cadres agents de maîtrise techniciens informaticiens administratifs opérateurs 21% 2% 24% 8% 22% 13% Par rapport à 1968, le personnel d'encadrement a augmenté en importance, alors que les opérateurs ont diminué, leur effectif passant de 25 à 13 pour cent du total. Cela traduit à la fois la qualification croissante des tâches de production, et la croissance des tâches de gestion (de la production - usine et hors usine -, de maintenance, des pièces détachées) au sein de l'usine. Fin 1983, 615 personnes étaient affectées aux tâches de production et travaillaient en équipe (production proprement dite, surtout, plus quelques personnes en entretien, plus le centre de traitement informatique de l'usine). 5.5. L'emploi indirect lié à la sous-traitance (et le rôle d'industrialisation régionale) Les effets indirects sur l'emploi exercés par IBM au sein des entreprises du sud de la France sont très importants, à la fois en volume et en quantité. En quelques années la présence d'IBM à Montpellier a entraîné la création d'un réseau de sous-traitance qualifiée dans la région Languedoc. Ensuite ce réseau a subi de véritables mutations technologiques et géographiques. 5.5.1. 1965-1980: la création d'un réseau régional de sous-traitance La création de l'usine de Montpellier a d'abord entraîné la décentralisation des soustraitants parisiens. IBM avait en effet contacté les entreprises locales, car il espérait que la reconversion des entreprises textiles en difficulté donnerait naissance à des sous-traitants. Cela ne s'est pas réalisé. Quant aux firmes existantes, mis à part Richard Ducros à Aies, elles se sont révélées mal équipées, ont proposé des prix trop élevés, ou ont refusé de travailler pour IBM, redoutant de tomber dans une dépendance trop importante. Or l'appel à la sous-traitance est l'une des bases du système de production d'IBM, car il permet de limiter la croissance des usines et d'abaisser les coûts de production, en faisant réaliser dans des unités à coûts salariaux et sociaux inférieurs, les tâches les plus simples, par exemple de tôlerie fine ou de câblage. 90 IBM a donc dû se tourner vers ses sous-traitants de la région parisienne, et leur demander de créer des unités à Montpellier qui seraient sous-traitantes de la nouvelle usine. Et dès le troisième trimestre 1965 on apprenait l'arrivée à Montpellier de plusieurs entreprises, parmi lesquelles on peut citer: Comelect, de St Maur (électronique), Morari, de Maisons Alfort (électronique) et Gelbon, de Lagny (câblage). Une autre création importante fut, en 1966, la Sométré, à 20 km au nord de Montpellier (création ex nihilo et non décentralisation). Ces sous-traitants ont travaillé à l'origine dans des proportions très élevées pour IBM, puis ont diversifié leurs clients. Leur croissance a été rapide, accompagnant celle de l'usine IBM qui, dès 1970, fabriquait sa deux millième machine 360. Dès 1972 Gelbon employait 342 personnes et Morari 332 personnes. La fraction de la sous-traitance d'IBM-Montpellier, réalisée dans le Languedoc-Roussillon pouvait passer de 35 pour cent en 1967 à 60 pour cent en 1970. Vers 1970, le démarrage de nouvelles fabrications plus complexes, comme l'ordinateur 370-155, amène la réduction des commandes aux sous-traitants. Ceux-ci arrêtent d'embaucher et cherchent à se diversifier, d'autant plus que la Compagnie IBM le souhaite et cherche à appliquer la règle de limitation de ses ordres à 25 pour cent du volume d'activité de tout sous-traitant. Sous l'effet de la crise économique et de l'ouverture de l'usine de Valence, qui récupère certaines activités de Montpellier, le plan de charge de l'usine, ainsi que les effectifs employés, se réduisent de 1973 à 1975. Il en découle une contraction du volume de la soustraitance confiée, très marquée en 1975 et 1976. Les grands sous-traitants traversent alors une crise sévère, réduisent leur personnel et essaient de se diversifier, malgré la concurrence accrue. Deux d'entre eux sont rachetés en 1975 par des groupes nationaux: Méca Sud par Valrex et Gelbon par Précision Mécanique Labinal. Ce qui leur permet d'investir et de trouver de nouveaux clients. Alors que l'activité de l'usine IBM redémarre dès 1977, les sous-traitants continuent à connaître des difficultés jusqu'en 1982: Morari, par exemple, réduit ses effectifs en 1981, et la Sométré dépose son bilan fin 1982, et éclate en trois sociétés distinctes. A la fin des années 70 (en 1978), soit au moment de la reprise d'activité d'IBM, la répartition géographique du volume d'achats de la sous-traitance montre que la région parisienne n'intervient plus que pour 21 pour cent du total, celle de Montpellier pour 28 pour cent, et l'ensemble de la région Languedoc pour 45 pour cent environ. En 1978, la sous-traitance totale confiée s'établissait à 1 150 équivalents-emplois, dont 520 emplois environ dans la région Languedoc. 5.5.2. 1980-1985: Mutation technologique et élargissement géographique de la sous-traitance Entre 1980 et 1983, la part de la sous-traitance confiée dans la région LanguedocRoussillon régresse de 67 pour cent à 58 pour cent du total. Parallèlement les régions de Toulouse et Marseille prennent de l'importance (26 pour cent du total), ainsi que les pays du Maghreb, le Portugal et la Hongrie (14 pour cent du total). Ces trois évolutions résultent 91 d'une double mutation de la sous-traitance d'IBM-Montpellier. La première mutation a consisté à développer la sous-traitance de câblage et de sousassemblage à l'étranger, dans des pays à bas coûts salariaux. L'objectif est l'abaissement des coûts de production. L'autre mutation correspond à un accroissement important des fractions du processus de production qui sont sous-traitées, corrélatif des nouvelles activités de fabrication de modules TCM développées dans l'usine de Montpellier. Cela signifie qu'à la sous-traitance traditionnelle de pièces ou de panneaux câblés, ou même de petits sous-ensembles interconnectés, vient s'ajouter la délégation de production de grands sous-ensembles, très complexes, demandant une grande quantité de travail et de pièces ou sous-éléments, et de grande valeur unitaire. Ainsi les processeurs fabriqués à Montpellier en 1983 ont-ils été décomposés en six grands sous-ensembles ou grands châssis, sous-traités à trois grandes entreprises du sud de la France: une grande entreprise de Toulouse et deux entreprises de la région de Marseille, employant chacune plus de 2 000 salariés. Tableau 13: Evolution du volume total de la sous-traitance d'IBM-Montpellier entre 1980 et 1986. et part destinée au Languedoc-Roussillon (données en équivalentsemplois) Année Volume total de la sous-traitance 1980 1 336 891 66,7 1981 1 429 917 64 1982 1 469 968 66 1983 1 613 944 58 1985 1 437 834 58 726 53 1986 1 370 Source: enquêtes et estimations J. Savary Volume de sous-traitance en région Languedoc-Roussillon en pourcentage du total L'apparition de ces nouveaux sous-traitants de grande taille, situés en dehors de la région Languedoc-Roussillon, montre qu'IBM n'a pas pu trouver localement ce type de fournisseur très qualifié. L'élargissement géographique de la sous-traitance est donc lié à la mutation technologique nécessaire, et à la relative sous-industrialisation locale. Aujourd'hui les sous-traitants d'IBM qui sont situés dans le Languedoc-Roussillon effectuent des travaux plus simples, même si leur niveau technologique est croissant. Il s'agit de pièces de tôlerie et de mécanique, réalisées "sur spécifications IBM", et d'opérations de câblage et de sous-assemblage. Les principaux sous-traitants sont Gelbon, Morari, Comelect, Valrex et les Ateliers de la Croix d'Argent (à Montpellier); SND, Sométré, Athelec, Joulié (dans l'Hérault); Richard Ducros, Crouzet, Roche (dans le Gard); et Lozelec (en Lozère). 92 Il conviendrait d'ajouter à cette liste des principaux fournisseurs, plusieurs unités particulières, car elles emploient, par exemple, des travailleurs handicapés. En 1986, la sous-traitance totale confiée par l'usine IBM de Montpellier, se répartissait géographiquement ainsi (estimations): 40 pour cent dans le département de l'Hérault; 13 pour cent dans les autres départements du Languedoc-Roussillon; 13 pour cent dans la région de Toulouse; 18 pour cent dans la vallée du Rhône et à Marseille; 2 pour cent dans les autres régions françaises; 14 pour cent à l'étranger (RFA, Hongrie, Maroc, Tunisie). La sous-traitance confiée en France représentait donc 86 pour cent du total, soit 1 178 équivallents-emplois. 93 Tableau 14: Principaux sous-traitants régionaux d'IBM-Montpellier en 1983 Localités Effectif total (1) Effectif travaillant en sous-traitance pour IBM (en %) Activités Montpellier 5 22 % Electronique (c) Montpellier 4 22 % Tôlerie-électronique (c) Le Crès (34) 3 15 % Electronique (c) St-Mathieu de Tréviers (34) 2 36 % Conditionnement Stockage St-Mathieu de Tréviers (34) 3 20 % Electronique (c) Montpellier 3 14 % Tôlerie Montpellier 2 20 % Tôlerie St-Chely (Lozère) 4 25 % Electronique (c) Le Monastier (Loz.) 2 25 % Electronique (c) Aies (30) 5 9% Tôlerie Aies (30) 6 9% Electronique (SE) Montpellier 1 14 % Tôlerie Nîmes (30) 1 20 % Mécanique Cournonterral 3 20 % Condition. - stockage Toulouse 6 25 % Electronique (SE) Marseille 7 5% Electronique (SE) Marseille 8 5% Electronique (SE) Source: estimations J. Savary (1) tranches d'effectifs: C - Câblage SE - Sous-ensembles technologiques 1: < 50 salariés 2: de 50 à 99 3: de 100 à 199 4: de 200 à 299 5: 6: 7: 8: de 300 à 399 de 400 à 499 de 1 000 à 1 500 de 2 000 à 2 500 94 5.5.3. 1986-1990: réduction du volume de la sous-traitance Cette réduction est entamée depuis 1983, puisque le volume total de sous-traitance confiée est passé de 1 613 équivalents-emplois en 1983, à 1 370 en 1986. En 1989, il est être encore plus faible. Cela résulte d'abord de la chute du plan de charge de l'usine, les ventes du modèle 3 090 se révélant très inférieures aux prévisions. Ce qui reflète des difficultés plus générales d'IBM sur ses marchés. L'évolution technologique intervient aussi. Les processus de production sont de plus en plus intégrés, ce qui réduit les opérations de câblage, grandes utilisatrices de main-d'oeuvre et traditionnellement sous-traitées. Enfin, dernière explication, depuis 1988 l'usine IBM-Montpellier ne sous-traite plus les opérations d'assemblage des grands sous-ensembles. Elle les réalise elle-même dans ses ateliers, pour améliorer la gestion de la production. Mais aussi, sans doute, pour mieux assurer l'emploi de ses 2 500 salariés permanents. 5.6. L'emploi indirect lié aux achats de biens et de services Nous ne différencions pas ici les achats de biens des achats de services, car les responsables de l'usine ne le font pas. L'essentiel des achats de l'usine IBM de Montpellier, hors sous-traitance, est effectué auprès d'autres unités du groupe IBM. Une autre partie des "commodités" ou achats non utilisés dans la production est effectuée au niveau national, souvent en région parisienne. D'où les résultats suivants, établis par IBM-Montpellier: Tableau 15: Origine géographique des achats généraux d'IBM-Montpellier en 1986 (hors sous-traitance, et hors achats aux usines IBM-) Total Nbre d'entreprises % Emplois correspond. 1 168 100% 1 348 100% Source: enquêtes et estimations J. Savary % dont région Languedoc Roussillon dont Hérault 296 25,3% 260 22,3% 133 10% 90 6,7% L'impact de ces achats dans la région Languedoc-Roussillon n'est dons pas négligeable (133 emplois), même s'il recouvre certainement, pour l'essentiel, des activités de service: entretien des équipements de l'usine; nettoyage (entreprise de Montpellier); gardiennage; aménagements (nombreuses entreprises); hôtels et restaurants locaux; taxis; transporteurs routiers; grossistes en matériel de bureau; grossistes en pièces de mécanique, électricité, électronique; imprimeurs. 95 Parmi les 1 348 emplois induits liés aux achats de biens et services, les estimations faites par IBM ne distinguent pas ceux qui correspondent à des achats de services en France ou à l'étranger, à des achats de biens en France, et à des achats de biens à l'étranger. On peut estimer que l'essentiel des 133 emplois induits dans la région LanguedocRoussillon correspond à des achats de services. On peut aussi penser que les sièges d'IBMFrance et d'IBM-Europe à Paris facturent d'autres services à l'usine de Montpellier. C'est pourquoi nous proposons l'estimation très grossière suivante: 150 emplois induits correspondants aux achats de services, supposés tous localisés en France, dont 110 dans la région Languedoc. Etant donné la forte intégration de la production réalisée entre les usines européennes d'IBM, l'essentiel des achats de biens doit être constitué d'achats à d'autres usines IBM. Ainsi, les achats à l'étranger doivent correspondre surtout aux substrats et aux supports multicouches fournis par l'usine IBM de Sindelfingen (Allemagne), et aussi à d'autres éléments fournis par des usines européennes du groupe (écrans, claviers, etc.). Les achats en France doivent être les plus importants en valeur, puisque l'élément principal des modules TCM provient de Corbeil. Les microplaquettes fournies par l'usine IBM de Corbeil-Essonnes doivent constituer le principal poste d'achats en France (même si le principal fournisseur de l'usine de Corbeil est l'usine de Sindelfingen en Allemagne), suivi en 1986, par les panneaux fournis par l'usine IBM de Bordeaux. Aussi nous proposons l'estimation très grossière suivante, pour ce qui concerne les achats de biens réalisés en France: 900 emplois induits, dont une très faible partie dans la région Languedoc: 23 emplois ( ce qui permet, en ajoutant 110 emplois de services, de retrouver les 133 emplois estimés par IBM)56. 5.7. L'emploi indirect lié à la distribution Cette estimation n'est pas disponible dans l'usine de Montpellier. Elle serait en tout état de cause très difficile à établir dans la mesure où les productions de cette usine sont diffusées à la fois en France (18 pour cent du total) et en Europe (82 pour cent du total). En outre, une telle estimation devrait attribuer à l'usine de Montpellier une fraction des effectifs Si les effets indirects sur l'emploi en France n'étaient plus analysés au niveau de la seule usine IBM de Montpellier mais à celui des quatre usines d'IBM-France, les emplois correspondant aux achats réalisés entre les quatre usines nationales disparaîtraient de l'estimation (pour l'usine de Montpellier la plus grande partie des 900 emplois ci-dessus disparaîtrait). Ainsi, selon une brochure d'IBM-France, les quatre usines françaises d'IBM ont, en 1986, donné du travail à 3 000 personnes au sein de PME françaises. Depuis 1987, les responsables de l'usine de Montpellier ne communiquent plus qu'un chiffre unique, correspondant aux équivalents-emplois liés à la fois aux achats de biens et services et à la sous-traitance, et cela pour les deux unités de Montpellier et de Bordeaux. En effet les services achats de ces deux usines ont été fusionnés. L'évolution de la sous-traitance vers des opérations de plus en plus complexes rapproche les sous-traitants de fournisseurs à part entière. En 1988, ce chiffre unique serait voisin de 4 000 équivalents-emplois, dont 920 à 960 emplois relatifs à des achats effectués dans la région LanguedocRoussillon. Ce dernier indicateur de 940 emplois induits en Languedoc est difficilement comparable à celui de 1986: 859 emplois équivalant aux achats (133) et à la sous-traitance (726) de la seule usine de Montpellier. En effet, nous ignorons si l'usine de Bordeaux a des fournisseurs situés en Languedoc. 96 commerciaux d'IBM en Europe proportionnelle aux ventes de grands systèmes, soit environ 30 pour cent en 1984 et 20 pour cent en 1988. Si l'on estime qu'en 1985 IBM employait environ 70 000 personnes dans ses services commerciaux de la zone Europe, dont 8 000 en France, on arrive alors à une estimation de l'emploi indirect dans le réseau commercial IBM, lié aux ventes des grands systèmes produits à Montpellier de l'ordre de 14 000 emplois en Europe, dont 1 600 en France. 5.8. Autres modalités d'insertion régionale Elles sont très nombreuses et résultent à la fois des activités mêmes de l'usine, et d'une volonté des dirigeants et du groupe IBM. Nous ne citons ici que certaines formes de cette insertion. L'établissement de Montpellier a versé en 1983, 31 millions de francs, soit 3,1 milliards de centimes, de taxes locales (communales, départementales et régionales). Il est donc directement un gros contribuable local. Les salariés de l'usine sont très présents dans la vie associative et politique locale (cf. nombreux conseillers municipaux et maires). IBM participe activement à la vie de la collectivité puisque certains de ses collaborateurs y tiennent des rôles de responsables (prud'hommes, syndicats professionnels et patronaux, chambre de commerce et d'industrie, chambre économique, Association pour la promotion de l'industrie en Languedoc-Roussillon APRIL, devenue depuis 1985 Languedoc-promotion, conseils d'universités, conseils municipaux). Ainsi en 1983, IBM France usine de Montpellier a signé la "charte de l'essaimage", initiative de l'APRIL organisant le soutien public et des firmes d'origine aux projets de création d'entreprises engagés par des salariés des entreprises signataires. L'usine d'IBM de Montpellier a aussi beaucoup contribué au développement de l'Université des sciences et des techniques du Languedoc à Montpellier, par exemple à la création du département informatique de l'IUT, de la MIAGE, du Centre de calcul universitaire puis du Centre national universitaire de calcul scientifique. Ainsi en 1983, 14 salariés d'IBM ont participé à des tâches d'enseignements en dehors de l'usine, dans des établissements locaux. La même année, l'usine recevait 142 stagiaires étudiants. 5.9. Prévisions d'emploi direct et indirect d'IBM à Montpellier La mission principale de l'usine sera très certainement conservée, IBM-Montpellier continuant à produire les plus grands ordinateurs de la gamme pour toute la zone EMEA. La relative stagnation des ventes de ce type de produit, et les gains de productivité recherchés, devraient réduire les effectifs nécessaires. Mais le groupe IBM a une volonté de maintien du volume total de l'emploi au sein de l'usine. Ce maintien sera sans doute réalisé par le développement, déjà amorcé, d'activités nouvelles de recherche, de maintenance, de formation, de mise au point de logiciels, voire par des activités nouvelles de production (comme celle des modems, transférés de Vimercate à Bordeaux en 1988). L'évolution des emplois indirects liés aux achats est plus difficile à prévoir. Leur volume total pourrait se réduire vu les difficultés de maintien du plan de charge de l'usine, 97 et vu l'évolution des achats vers des produits de plus en plus technologiques. D'autre part la tendance à un élargissement géographique de la zone d'achats vers Toulouse et Marseille, au détriment des fournisseurs proches du Languedoc-Roussillon, devrait se poursuivre. Même si des fournisseurs de services évolués apparaissent à Montpellier. 5.10. Synthèse: des coefficients multiplicateurs d'emplois indirects très élevés Pour l'année 1986, on peut établir le tableau suivant (estimations) relatif à l'ensemble des emplois indirects de premier rang, quelle que soit leur localisation (région Languedoc, France, étranger). Pour ce qui concerne les seuls achats effectués dans la région Languedoc-Roussillon, les chiffres sont inférieurs et apparaissent entre parenthèses. Tableau 16: Emplois indirects de 1er rang dTBM-Montpellier en 1986 (en France et à l'étranger) Emplois directs Emplois indirects (1er rang) Fournisseurs Sous-traitants Total Services Emplois indirects "amont" (2) (3) (2+3) (4) (2+3+4) ND 1 370* (726 en LR) ND ND 2 718 (859 en LR) (1) 2 700 Emplois indirects "aval" (5) Total emplois indirects ND * ND (2+3+4+5) -7 ND non déterminé LR dans la région Languedoc-Roussillon * 14 000 emplois dont approximativement 1 600 en France Le coefficient multiplicateur de l'emploi indirect "amont" est élevé et supérieur à l'unité: 1,006. Mais il concerne à la fois les achats en France et à l'étranger. Et pour ce qui concerne la région Languedoc-Roussillon il est aussi significatif: 0,32. D'autant plus que l'usine IBM de Montpellier a contribué, par ses commandes, à la création et au développement de plusieurs sous-traitants régionaux. Pour ce qui concerne les emplois indirects de premier rang en France, on peut proposer les estimations très grossières suivantes: 98 Tableau 17: Emplois directs et indirects créés par l'usine IBM de Montpellier en France et dans la région Languedoc en 1986 Emplois indirects (de 1er rang) Emplois directs Fourniss. Soustraitants Total biens Services Emplois ind. "amont" (1) (2) (3) (2+3) (4) (2+3+4) (5) (2+3+4+5) 900** 1 178 2 078* 150* 2 228 ** 1 600** 3 828 ** 23LR* 726LR 749LR* 110LR* 859LR* * >860LR* 2 700 Emplois Total emplois ind. "aval" ind. * estimation approximative ** estimation très approximative LR dans la région Languedoc-Roussillon L'impact économique de l'usine IBM de Montpellier est d'autant plus important que cette usine constitue le premier employeur privé de l'agglomération de Montpellier. Les effets liés à l'emploi direct, en particulier aux salaires versés aux 2 700 employés de l'usine sont donc relativement très importants. Enfin, par sa présence et son activité, l'usine IBM contribue à la rentabilisation d'un certain nombre d'équipements collectifs locaux, comme l'aéroport. 6. LES EFFETS INDIRECTS SUR L'EMPLOI DE FASA-RENAULT A VALLADOLID (ESPAGNE^ par Rosario PEDROSA-SANZ57. Cette étude se propose d'analyser les effets indirects sur l'emploi que la firme multinationale Renault a générés à travers son centre de production de Valladolid, dépendant de la société "Fabrication de Automôviles Renault de Espana s.a." (Fasa). Plusieurs raisons justifient ce choix: Renault est un grand groupe industriel français, et il dispose d'une ancienne et forte implantation industrielle en Espagne. L'unité Renault de Valladolid est la plus grande usine de cette ville, et aussi de toute la Communauté autonome de Castille et Leôn. La collecte des informations nécessaires a été facilitée par l'entreprise Fasa-Renault, qui a répondu aimablement aux questions posées, et qui a fourni de nombreux documents complémentaires58. 57 Professeur d'économie appliquée, Facultad de ciencias economicas y empresariales, Université de Valladolid. Cette étude résulte d'une enquête effectuée auprès de l'entreprise Fasa-Renault en juillet 1989, sur la base du questionnaire élaboré pour le BIT. 58 Nous remercions vivement les responsables du groupe Renault sans lesquels cette étude n'aurait pas été possible, et tout particulièrement Mrs Talegôn à Valladolid, et Morrondo à Madrid. Notre collègue, le professeur Josefa E. Fernândez Arufe, nous a aussi beaucoup aidés. 99 6.1. L'implantation du groupe Renault en Espagne Renault a commencé dès 1908 ses activités en Espagne, à travers la société Renault Espana (Resa) qui importait des modèles de France. A la fin de l'année 1950, face à un marché très protégé par des normes qui limitaient les ventes de véhicules importés, et qui maintenaient les contingents autorisés à un niveau stable, Renault-Espana commença à étudier la possibilité de produire ses automobiles en Espagne. Le 12 Février 1951, cette étude aboutit à la signature d'un contrat avec la Régie nationale des usines Renault, pour la fabrication du modèle "4 CV". 6.1.1. La création de Fasa-Renault à Valladolid En décembre 1951, deux mois après la publication officielle de l'autorisation, la première société Renault de fabrication et montage de véhicules en Espagne était constituée: Fasa, avec un capital initial de 5 millions de pesetas (augmenté à 60 millions le 12/01/1952). Elle était animée par D. Manuel Jiménez Alfaro (son fondateur), et secondée par un groupe de 80 entrepreneurs de Valladolid. Ceux-ci avaient choisi Valladolid comme lieu d'implantation, pour disposer dans la capitale, de bâtiments industriels déjà construits, et à cause de la position géographique de cette ville, à proximité de l'industrie du nord de l'Espagne. Valladolid présentait en outre l'avantage d'être un noeud ferroviaire, et de disposer d'une population importante59. Grâce à l'apport du capital privé local, essentiellement du Banco Ibérico, la production industrielle de l'usine de montage-1 débutait au mois de juin 1953 avec l'assemblage de 11 Renault "4 CV", et à la fin de l'année, 707 unités étaient mises sur le marché. Dans cette première étape, alors que le capital social de l'entreprise ne comprenait aucune participation étrangère, 90 pour cent de la valeur de chaque automobile montée était d'origine française, alors que 10 pour cent était d'origine espagnole (les batteries, les roues, les tissus). Cela respectait l'accord initial conclu avec le ministère de l'Industrie espagnol. La production journalière était de 25 véhicules, et l'effectif de 400 personnes. En 1954 était signé un nouvel accord de cession de licence, pour le montage à Valladolid des modèles "Dauphine", "Gordini", "Ondine" et "R4", qui sont livrés sur le marché en 1958, 1961, 1962 et 1963. En 1955, il était décidé l'installation de machines pour la fabrication de pièces. Dans les années cinquante, les efforts d'une équipe réduite permirent d'offrir un produit de qualité, qui gagna la confiance du public. La production augmentait, atteignant 5 333 unités en 1956. Parallèlement, le taux d'intégration nationale de la production s'est accru, et les installations se sont modernisées et étendues. En 1963, un nouvel atelier de soudure entrait en service, et la piste d'essai a était déplacée près du bureau d'études. En 1964, une cuve de peinture par immersion était inaugurée. 6.1.2. L'expansion de Fasa-Renault En 1965, Fasa est totalement intégrée dans le système industriel du groupe Renault. La RNUR (Société mère française) est devenue actionnaire de la société de Valladolid en prenant Pedrosa-Sanz, R.: Aproximacién al estudio del capital extraniero en Castilla-Le6n (Valladolid, Editions Instituciôn Cultural Simancas, 1983). 100 49,9 pour cent de son capital social, et elle a impulsé une forte expansion. Le 16 novembre 1965, deux nouvelles usines sont inaugurées à Valladolid: celle de la société Facsa pour les carrosseries, et celle de Famesa pour les éléments mécaniques de moteurs. La même année Fasa-Renault achète, à Séville, l'activité que la société "Industrias Subsidiarias de Aviaciôn" avait développé pour produire les boîtes de vitesse des véhicules montés à Valladolid. En 1965 est aussi créé le centre administratif de Madrid, alors que commencent les exportations vers l'Amérique du Sud. En 1968, les deux sociétés Facsa et Famesa sont fusionnées avec Fasa-Renault. En janvier 1972, une nouvelle usine d'assemblage démarre à Valladolid, l'usine de montage-2. Construite selon les techniques modernes, elle suppose une augmentation de la production pour le marché intérieur et pour l'exportation, et un enrichissement de la gamme de véhicules. Déclarée "Industrie d'intérêt préférentiel" par décision du Ministre de l'Industrie du 17/01/1974, Fasa-Renault achète en février 1974 des terrains sur la commune de Villamuriel de Cerrato, près de Palencia, à 44 kilomètres de Valladolid, pour y construire sa troisième usine d'assemblage. La production commence en janvier 1978, avec 386 salariés, pour la plupart mutés des autres usines. A la fin de l'année l'effectif atteint 1 605 travailleurs. En 17 années, la croissance des volumes produits est forte: 707 modèles "4 CV" durant l'année 1953, plus de 20 000 véhicules par mois à la fin des années 70. 6.1.3. Fasa-Renault aujourd'hui: le défi 92 Dans les années 80, Fasa-Renault continue à agrandir et à adapter ses installations, en introduisant des technologies de pointe et une forte automatisation dans la construction des véhicules, et en modernisant les système de gestion et de maintenance: cela avec deux objectifs: productivité et qualité. L'évolution de ses activités (cf. tableau 18) situe l'entreprise parmi les six plus grandes entreprises espagnoles (par le chiffre d'affaires et les exportations). C'est aussi un grand investisseur, avec plus de 80 000 millions de pesetas investis entre 1983 et 1987, et une entreprise rentable et productive. Fasa-Renault est l'un des leaders de son secteur, avec une production représentant 19,74 pour cent de la production automobile espagnole, et des ventes locales correspondant à 23,62 pour cent du marché espagnol, en 1988. 101 Tableau 18: Fasa-Renault de 1984 à 1988 1984 Chiffre d'affaires (millions de pesetas) 197 111 235 493 292 774 357 366 382 223 Exportations (millions de pesetas) 68 602 74 458 77 192 75 292 89 849 Production (nombre de véhicules) 239 514 245 790 271 646 307 927 336 677 19,1 % 18,3 % 18,9 % 19,3 % 19,7 % 240 525 256 220 295 794 315 573 341 745 Part de pénétration du marché espagnol 30,8 % 31,3 % 28,4 % 27,5% 23,6 % Effectif au 31/12 21 586 20 539 19 722 19 862 18 904 1 110 1 197 1 377 1 550 1 781 Part de la production nationale Ventes (nombre d'unités) Productivité (1) Source: Fasa-Renault (1) Véhicules produits par 100 salariés 1985 1986 1987 Années 1988 Pour affronter les défis industriels et technologiques de l'Europe de 1992 dans de meilleures conditions, Fasa-Renault a mis en marche en 1988 une nouvelle stratégie, basée sur un "Projet de gestion industrielle", pour accroître la satisfaction du client, et améliorer la capacité de réaction de tout le processus productif (en utilisant la production "juste à temps"). L'un des objectifs est aussi de donner une meilleure satisfaction aux demande du réseau. Dans le cadre de ce plan, la direction de Fasa-Renault a annoncé en janvier 1989 la fermeture de son usine la plus ancienne de Valladolid, Montage-1, qui a été progressive et achevée en 1992. Le personnel a été muté dans les deux autres usines de Montage-2 (Valladolid) et de Villamuriel. Cette décision s'inscrivait dans un plan de restructuration industrielle, avec des investissements de modernisation élevés (120 000 millions de pesetas 1993). 6.2. Fasa-Renault dans le groupe Renault La société Fasa-Renault, dont le siège social est à Madrid, est une filiale fortement majoritaire du groupe international Rnur. Son capital social, contrôlé directement par la multinationale française à plus de 77 pour cent depuis 1980, est passé successivement de 2 700 millions de pesetas en 1971-1973, à 22 781 millions en 1983-1988. 102 Du point de vue industriel et commercial, Fasa-Renault produit (et vend) presque un véhicule sur cinq fabriqué par Renault dans le monde. Ces ventes de Fasa-Renault sont faites pour 75 pour cent en Espagne, et pour 25 pour cent environ à l'exportation. Ce dernier chiffre est variable, et fonction des besoins du marché français qui reçoit l'essentiel de ces exportations. Fasa fabrique aussi des organes mécaniques (moteurs, boîtes de vitesse), et des pièces embouties, dans le cadre de la politique globale du groupe. Tableau 19: Unités de production de Fasa-Renault en 1988 Usine Production Volume Valladolid Montage de R4, R5, Express, R9, Rll, R19 Moteurs Presse des carrosseries 221 947 240 655 90 000 Palencia Montage Rll, R19, R21 114 730 Boîtes de vitesse Séville Source: Renault et Fasa-Renault 558 772 Fasa-Renault possède aussi des participations dans diverses sociétés nationales et étrangères, avec lesquelles elle réalise d'importantes transactions: Meconsa (100 pour cent); EASA (100 pour cent); Eacasa (100 pour cent), Eavisa (100 pour cent); Ealesa (100 pour cent); Jorge Martinez Aguilera s.a. (100 pour cent); Eavasa (100 pour cent); Entrassa (100 pour cent), Sapra (100 pour cent); Eavedra (100 pour cent); Eazasa (100 pour cent), Renault Financiaciones s.a. (90 pour cent); Renault Leasing (51 pour cent); Renault Service s.a. (50 pour cent); Renault Portuguesa s.a. (28,28 pour cent); Cat Espana (22 pour cent); Fundicion Portuguesa s.a. (16,39 pour cent); Economato Elces (16,05 pour cent). En février 1989, Renault et Chrysler (Etats-Unis) ont signé un accord pour la création d'une filiale commune, pour la réalisation du projet appelé "JJ", qui développerait et produirait un véhicule tout terrain de petit format, sans doute dans les installations qui seraient libérées par la fermeture de l'usine de Montage 1 de Fasa-Renault à Valladolid. La nouvelle entreprise investirait environ 60 000 millions de pesetas dans la nouvelle usine, pour produire 100 000 véhicules par an. Elle devrait créer 1 000 postes de travail, et induire la création d'environ 5 000 autres emplois dans des entreprises locales qui lui fourniraient des pièces. En février 1990, la fermeture de l'usine de Montage-1 vers juin 1991, et ce projet "JJ", ont été confirmés. Une société commune entre Renault et Chrysler serait créée, sous le nom de Arcad s.a.. Mais la production annuelle envisagée n'est plus alors que de 50 000 véhicules "JJ Cherokke", les emplois prévus sur le site étant au nombre de 350, avec 350 autres emplois chez les fournisseurs locaux, en particulier dans plusieurs usines de composants qui seraient créées à Valladolid par des équipementiers américains (Les Echos. 20 février 1990). En juin 1990 le projet ARCAD s.a., de société commune entre Renault et Chrysler, est finalement abandonné, à cause des difficultés du groupe Chrysler. Fasa-Renault devra trouver d'autres activités pour reconvertir le site de l'usine de Montage-1, dont la fermeture reste prévue. Durant l'exercice 1988, les transactions nettes les plus significatives réalisées par Fasa avec les sociétés du groupe Renault (achats moins ventes de véhicules, de pièces et de 103 machines) ont représenté 281 678 millions de pesetas, dont 22,8 pour cent effectuées avec des entreprises espagnoles (du groupe Renault), et 77,2 pour cent avec des entreprises étrangères. Tableau 20: Principaux achats de pièces effectués par Fasa-Renault au sein du groupe Eléments ou pièces Origine filiale Renault Pays Moteurs Rnur à Cléon Rimex Oyak Renault-Portuguesa France Mexique Turquie Portugal Pièces embouties Rnur France Roulements Snr France Pièces de fonderie Funfrap Fdp Portugal France Boîtes de vitesse Rnur à Cléon France Pistons et pompes à eau Smm France 6.3. L'unité de Fasa-Renault de Valladolid au sein du groupe Renault En ce qui concerne la place dans l'organisation divisionnelle et financière du groupe, l'unité de Renault de Valladolid fait partie intégrante de la société Fasa-Renault. C'est la direction générale de Renault pour la péninsule ibérique qui contrôle et coordonne l'activité de Fasa-Renault, celle de ses filiales espagnoles, et celle de la filiale portugaise. Du point de vue industriel, les activités des quatre usines de Renault à Valladolid, situées dans des bâtiments voisins (Montage-1, Montage-2, Carrosseries, Moteurs), dépendent de la direction industrielle de Fasa, localisée à Valladolid. Ces usines de Valladolid remplissent de nombreuses fonctions: fabrication mais aussi organisation de la production, gestion du personnel, recherche et développement. Ces unités participent à la définition des politiques générales de choix des activités et des investissements, d'achat et d'approvisionnement, de sous-traitance, d'appel aux prestataires de service, de comptabilité et gestion financière. Par contre elles n'assurent aucune fonction de commercialisation. 6.4. L'emploi direct créé par l'unité de Fasa-Renault de Valladolid L'effectif total de la société Fasa-Renault s'est réduit fortement entre 1980 et 1988, pour permettre l'ajustement aux transformations liées aux nouvelles techniques de production. Actuellement, cette évolution est générale au sein des entreprises automobiles espagnoles. 104 Tableau 21: Evolution des effectifs de Fasa-Renault à Valladolid. en Castille-Léon et en Espagne, au 31/12 Années Palencia Valladolid Total Espagne (1) Total région Castille-Leôn Effectifs % Effectifs % Effectifs % 1970 7 027 80,6 - - 7 027 80,6 8 717 1975 15 205 93,3 - - 15 205 93,3 16 300 1978 7 222 78,6 1 605 7,3 18 827 85,9 21 920 1981 16 310 74,4 2 531 11,6 18 841 86 21 911 1983 15 281 70,4 3 339 15,4 18 620 85,8 21 714 1985 14 607 71,1 3 081 15 17 688 86,1 20 539 1987 13 585 68,4 3 573 18 17 158 86,4 19 862 1988 12 632 66,8 3 551 18,8 16 183 85,6 18 904 Source: Fasa-Renault (1) Valladolid, Palencia, Séville et Madrid L'unité de Valladolid, qui représente à elle seule plus des deux tiers de l'effectif total de Fasa-Renault, a suivi la même évolution depuis 1979. Mais il ne faut pas oublier que l'effectif total de cette unité a connu une croissance spectaculaire de 400 salariés en 1953, l'année de sa création, à 12 632 salariés en 1988. 105 Tableau 22: Part des effectifs de Fasa-Renault dans l'emploi industriel/local et régional (effectif total des unités de Fasa-Renault. exprimé en pour cent de l'emploi industriel total, hors construction) Années Valladolid Palencia Région Castille et Leôn 1971 21,7% - 4,7% 1977 36,3% 2,5% 9,5% 1979 32,3% 15,5% 10,4% 1981 35,3% 17,1% 10,8% 1983 33,5% 22,7% 1% 1985 33,3% 21,2% 10,7% 1987 32% 29,3% 11,2% En 1987 l'unité de Valladolid représente 32 pour cent de l'emploi industriel total dans la commune de Valladolid. L'unité de Palencia représente 29,3 pour cent de l'emploi industriel dans la commune de Palencia. Et les deux usines de Valladolid et de Palencia, avec 17 158 salariés, représentent 11,2 pour cent de l'emploi industriel de l'ensemble de la région Castille-Léon (tableau 22). Fasa-Renault est donc la plus grande entreprise industrielle de Valladolid, où elle exerce une position d'employeur dominant. C'est aussi la première entreprise de la région. En outre l'emploi direct au sein de l'unité de Valladolid correspond essentiellement à des emplois de fabrication, puisque les quatre usines de Montage-1, Montage-2, Carrosseries et Moteurs, totalisent 81,3 pour cent de l'effectif total (tableau 23). 106 Tableau 23: Distribution par usine des effectifs de Fasa-Renault à Valladolid. au 31/12 Carrosseries Montage Moteurs Services centraux Années Effectifs % Effectifs % Effectifs Effectifs % Total % 1975 7 296 48 2 945 19,4 3 393 22,3 1 571 10,3 15 205 1977 8 239 48 3 216 18,7 3 522 20,5 2 185 12,7 17 162 1979 8 095 48,4 2 974 17,8 3 517 21,0 2 140 12,8 16 726 1981 7 524 46,1 2 778 17,0 3 340 20,5 2 668 16,4 16 310 1983 6 436 42,1 2 689 17,6 4 040 26,4 2 116 13,8 15 281 1985 6 190 42,4 2 677 18,3 3 618 24,8 2 122 14,5 14 607 1987 5 333 39,3 Source: Fasa-Renault 2 863 21,1 2 852 21,0 2 537 18,7 13 585 Enfin l'analyse du niveau de qualification du personnel employé dans l'unité de Valladolid (tableau 24), montre que cette unité est essentiellement une grande unité de fabrication, avec une main-d'oeuvre strictement ouvrière, non mensualisée, très importante (77% des effectifs). D'autre part l'importance de l'activité de montage et de carrosserie explique sans doute le poids relativement élevé du personnel ouvrier non qualifié. Tableau 24: Distribution, par niveau de qualification, du personnel de Fasa-Renault à Valladolid. au 31/12/1988 Niveau de qualification Effectif % Main-d'oeuvre directe dont . personnel qualifié . personnel non qualifié 5 813 1 443 4 370 46,0 11,4 34,6 Main-d'oeuvre indirecte dont . personnel qualifié . personnel non qualifié 3 855 2 990 865 30,5 23,7 6,8 Main-d'œuvre mensualisée dont . agents de maîtrise . techniciens . personnel administratif 2 716 1469 832 415 21,5 11,6 6,6 3,3 Personnel de direction 248 2,0 Total dont personnel féminin 12 632 (234) 100 1,9 107 6.5. L'emploi indirect créé par l'unité de Fasa-Renault à Valladolid Fasa-Renault maintient des liens contractuels avec des entreprises industrielles, financières et de services, qui sont ses fournisseurs. Cela génère un volume important d'emplois indirects. 6.5.1. L'emploi indirect lié aux achats de biens La politique d'achats de Fasa-Renault est aujourd'hui orientée vers l'objectif de qualité. Depuis 1987 l'entreprise cherche donc à créer un tissu de fournisseurs, espagnols et étrangers, qui soient compétitifs au niveau international. Elle a ainsi favorisé le rapprochement de fournisseurs espagnols avec des fabriquants internationaux de composants, pour consolider des entreprises dont le marché était auparavant essentiellement local. En 1987 et 1988, la distribution de ses achats totaux de biens était la suivante (tableau 25). Tableau 25: Répartition des achats totaux de biens de la société Fasa-Renault (en millions de pesetas) 1987 Achats à des sociétés du groupe (espagnoles ou étrangères) Achats à des sociétés n'appartenant pas au groupe dont en Espagne en France dans d'autres pays Total Achats de biens 1988 Achats % Achats % 132 386,4 54 128 570 51,1 112 636,9 46 122 888,8 94 624,4 24 577,8 3 686,6 48,9 37,6 9,8 1,5 245 023,3 100 251 458,8 100 Les achats de Fasa à des sociétés n'appartenant pas au groupe Renault sont surtout effectués auprès de sociétés espagnoles (pour 94 624 millions de pesetas, soit 77 pour cent du total de ces achats hors groupe). Mais les achats effectués à Valladolid pour le compte du complexe Fasa-Renault, en dehors du groupe, ne représentent que 4 pour cent du total des achats hors groupe (4 915,6 millions de pesetas en 1988). Ceux effectués au sein de la région de Castille et Léon ne représentent que 7 pour cent (8 602, 2 millions de pesetas en 1988). Cependant, la plupart des biens achetés par l'entreprise Fasa sont ceux nécessaires à l'approvisionnement de l'unité de Valladolid, puisque celle-ci concentre plus des deux tiers de l'effectif de l'entreprise, 66 pour cent de la production de véhicules et 100 pour cent de celle de moteurs et de pièces embouties. 108 La participation de l'unité de Valladolid aux achats totaux réalisés par Fasa, et la répartition des biens achetés par cette unité, en dehors du groupe, sont décrits dans le tableau 25. Le montant de ces achats apparaît comme très faible (137 millions de pesetas): il s'agit en effet des seuls achats décidés localement au sein de l'usine de Valladolid. La plupart des achats hors groupe concernant cette usine sont effectués par la Direction des achats, qui est localisée dans l'établissement de Madrid. On peut remarquer que la Direction industrielle de la société Fasa est, par contre, localisée à Valladolid, et qu'elle a une influence très forte sur les achats "décidés" à Madrid. Tableau 26: Principaux achats de biens de l'unité Renault de Valladolid en 1988 Biens Produits finis (ensembles et composants) Produits de fonderie Produits sidérurgiques Peintures, graisses, mastics et huiles Combustibles Total Milliers de pesetas % 116 000 8 000 7 500 5 100 1 100 84,2 5,8 5,5 3,7 0,8 137 700 100 Source: Fasa-Renault Approximativement, le nombre total d'emplois induits par les achats de RenaultValladolid à des fournisseurs espagnols, s'élève à 15 000 emplois, correspondant, pour l'essentiel, à des achats de produits finis (tableau 27). Il ne s'agit là, cependant, que d'une évaluation des effets de premier rang. Tableau 27: Emplois induits par les achats de Renault-Valladolid auprès des fournisseurs espagnols de premier rang (hors groupe) en 1988 Produits achetés Emplois induits % Produits finis Matières premières et produits chimiques Produits semi-finis 13 000 1 100 900 86,7 7,3 6 Total Source: Fasa-Renault 15 000 100 Une évaluation des emplois induits auprès des principaux fournisseurs espagnols (tableau 28) montre que les plus importants sont situés en dehors de la région: dans les provinces de Catalogne (Gerone) et de Madrid, de Burgos et de Tarragone. Les principaux fournisseurs de la ville de Valladolid correspondent seulement à 827 emplois induits dans 12 entreprises, soit 5,51 pour cent des 15 000 emplois induits en Espagne. Si l'on ajoute 8 fournisseurs localisés dans la région, on obtient 1 417 emplois au sein de 20 entreprises régionales (soit 9,45 pour cent des 15 000 emplois). 109 Tableau 28: Emplois induits par les achats de l'unité Renault-Valladolid chez chacun des principaux fournisseurs espagnols (hors groupe) en 1988 Fournisseurs Localités Produits fournis Emplois induits Trety s.a. Samber Mai sa Macanet de la Selva (Gerona) Madrid Valls (Tarragona) Tissus Pièces de fonderie Câbles 300 300 130 Ryasa Asientos B. Faure Monel Promotriz Lines Iberica de Asientos Gunasa Reydel Sdad General de Hules Repsol Blangarma Sdad Oxigeno Valladolid Valladolid Valladolid Valladolid Valladolid Valladolid Olmedo (Valladolid) Médina de Rioseco (Valladolid) Valladolid Valladolid Valladolid Valladolid Housses Sièges Câbles Housses Fonderie de fer Sièges Moulages insonorisant Panneaux de porte Réservoirs carburant Huiles Décolletage Soudure 200 120 100 100 80 69 50 50 24 18 10 6 Ansa Inerga Rasa Pianfei Plastic Omnium Trw Dapsa Klein Burgos Palencia Burgos Burgos Arévalo (Avila) Burgos Burgos Burgos Rotules Plastique injectable Panneaux de porte Protections Plastique inject. Ceintures de sécurité Meca ferm vitres Tubes circuit d'eau 170 120 90 85 55 50 14 6 Total des 12 principaux fournisseurs de Valladolid 827 Total des 20 principaux fournisseurs de Castille et Leôn 1417 Total des 23 principaux fournisseurs espagnols 2147 Source: Fasa-Renault (fournisseurs indépendants du groupe Renault) On peut remarquer que les estimations fournies dans les tableaux 27 et 28 concernent les seuls achats effectués en Espagne en dehors du groupe Renault. Elles omettent donc tous les achats effectués auprès d'autres usines de Fasa ou auprès d'autres sociétés du groupe Renault en Espagne, et notamment les achats importants de boîtes de vitesse effectués par l'usine Fasa de Valladolid auprès de l'usine Fasa de Séville. Si l'on considère que ces achats de boîtes de vitesse portent approximativement sur 39,7 pour cent de la production de l'usine de Séville, ils correspondraient à environ 518 emplois induits par l'usine Fasa de Valladolid auprès d'un fournisseur espagnol, membre du groupe (il ne s'agit là que d'une sousestimation des effets induits par les achats de Fasa-Valladolid auprès de fournisseurs espagnols contrôlés par Renault). 110 6.5.2. L'emploi indirect lié aux achats de services Selon le compte d'exploitation du complexe industriel Fasa-Renault, les achats totaux auprès de sociétés financières et de services se sont élevés en 1988 à 55 509,4 millions de pesetas, ce qui représente 18 pour cent du montant total des achats de biens et services. La répartition de ces achats de services apparaît dans le tableau 29. Tableau 29: Achats de services de Fasa-Renault (en millions de pesetas) 1988 Montant Travaux, fournitures et services extérieurs Publicités et promotion Transports Frais financiers Frais divers Total Source: Fasa-Renault % Montant 17 176,8 10 936,8 5 711,7 9 741,7 947,2 38,6 23 417,7 24,6 19 328,8 12,8 6 840,3 21,9 4 695,9 2,1 1 226,7 44 514,3 100 55 509,4 % 42,2 34,8 12,3 8,5 2,2 100 L'unité Renault de Valladolid fait appel aux services fournis par les fournisseurs espagnols en matière de travail intérimaire, de maintenance et de réparation, de nettoyage, de gardiennage, de transport, de matières premières et de produits semi-finis, de formation, de services bancaires et d'assurances, d'ingénierie, de traitement informatique, de publicité, d'hôtellerie et de restauration. Mais, elle réalise sa gestion comptable à travers les services du groupe. Le système de suivi des achats par Fasa ne permet pas de chiffrer l'importance globale des achats réalisés pour les usines Renault de Valladolid auprès des fournisseurs de service, ni les emplois induits qui en découlent. Cependant, on peut penser que la majorité des achats de service de Fasa, ou au moins de ceux de services extérieurs et de transports (54,5 pour cent du total), découlent de ses activités de production. On a donc estimé les emplois induits par les achats de services de Renault-Valladolid auprès des fournisseurs espagnols, de façon indirecte de la façon suivante: emplois induits = achats services de Renault-Vd taux de VAB secteur service VAB par emploi du secteur services Les achats de services par Renault-Valladolid ont eux-mêmes été estimés proportionnellement aux volumes des fabrications. Les taux de VAB (valeur ajoutée brute) du secteur des services et la VAB par emploi du secteur des services sont donnés par des statistiques sectorielles régionales. 111 On arrive aux estimations suivantes: 6 535 emplois induits auprès des fournisseurs espagnols de services de Renault-Valladolid, en 1985, et 8 713 emplois en ce qui concerne les achats de services de l'ensemble de Fasa-Renault. Les deux principales entreprises fournisseurs de services à Renault-Valladolid sont Gerposa et Cat-Espana (Cat-Espana est une filiale espagnole du groupe Renault), et elles sont localisées en dehors de la Communauté autonome de Castille et Leôn. Elles ont une activité de transport, et, en 1988, totalisaient 14,62 pour cent des achats de services de transports de Fasa, soit 1,8 pour cent des achats totaux de services. Ce faible poids des deux principaux fournisseurs souligne la forte dispersion des fournisseurs de Fasa et leur faible présence au niveau local et régional. 6.5.3. L'emploi indirect lié à la distribution Les clients de Fasa-Renault (et donc de son unité de Valladolid) sont situés en Espagne et à l'étranger: principalement en France, en Italie, en Israël, en Grèce et en Colombie. Le réseau commercial de Fasa-Renault en Espagne est organisé, en 1988, autour de 1 562 organisations (soit 18,35 pour cent du réseau du groupe Renault): 16 filiales, 209 concessionnaires majoritaires et 1 337 agences. Ce réseau totalise 1 808 points de vente, répartis sur tout le territoire espagnol, y compris les Baléares. Tableau 30: Emplois au sein du réseau espagnol de Fasa-Renault en 1988 Activités Ventes Services après-vente dont: . opérations en atelier . opérations indirectes (administ.) . opérations de stockage Source: Fasa-Renault Nombre d'emplois % 3 420 15 880 11 025 2 945 1 910 17,72 82,28 Le réseau espagnol emploie au total 19 300 personnes, dont 3 420 pour les ventes et 15 880 pour les services après-ventes (tableau 29). La quasi totalité de ces emplois indirects liés à la distribution peut être considérée comme générée par la production de véhicules de Fasa-Renault, puisque l'entreprise fabrique presque toute la gamme: seuls les modèles R25 et Espace sont importés. Comme en 1988, la production de véhicules de l'unité de Valladolid représentait 65,92 pour cent de la production de Fasa, on peut considérer que cette unité a généré environ 12 723 emplois indirects dans la distribution en Espagne. 112 6.6. Prévisions d'emploi direct et indirect Le marché européen de l'automobile est caractérisé aujourd'hui par la prédominance de l'offre, et par une concurrence accrue. Pour faire face à cette évolution, Fasa-Renault a établi une nouvelle stratégie, basée sur quatre axes: - une politique de produit, basée sur l'intégration de la mécanique et de l'emboutissage au niveau du groupe Renault, sur une réduction de ses implantations industrielles de 3 à 2 unités avec un objectif de production de 900 véhicules par jour dans chacune, sur une réduction du nombre de modèles fabriqués, et sur une recherche de la qualité totale; - une politique de productivité, liée à un ambitieux programme d'investissements; - une politique sociale, qui inclut un plan de départs volontaires, et des actions de formation, de motivation et de flexibilisation; - une politique commerciale, liée à l'introduction d'une large gamme de nouveaux services, et à une meilleure intégration du réseau au fabriquant. On peut donc prévoir que l'évolution de l'effectif fixe de Fasa-Renault suivra celle du groupe Renault, et se caractérisera par une réduction graduelle, en concordance avec les objectifs affichés de productivité. Au contraire, on peut prévoir que les emplois indirects induits en Espagne par FasaRenault pourront augmenter, grâce à des investissements importants, la volonté de constituer un tissu de fournisseurs espagnols compétitifs, des marchés diversifiés, et des projets d'expansion du réseau commercial. 6.7. Synthèse Les emplois directs et indirects (de premier rang), générés par l'unité Renault de Valladolid, peuvent être synthétisés dans le tableau 31. 113 Tableau 31: Emplois directs et indirects créés par l'unité Renault de Valladolid . en 1988. au niveau national, régional et local Total des emplois créés en Espagne Emplois directs Emplois indirects de premier rang Fournisseurs Emplois indirects "amont" Emplois indirects "aval" Total emplois indirects Total Emplois directs et indirects Biens Services A B C D = B+C E F = D+E A+F 12 632® 15 518(5) 6 535® 22 053(5) 12 723 34 776(5) 47 408(5) 1 417(4) 14 049(4) Total des emplois créés en Castille-Léon 12 632e3) 1 417 ND 1 417(4) ND Total des emplois créés à Valladolid 12 632 827 ND g 27 (4) ND 827(4) 13 459(4) ND non détei•miné (1) n'inclut pas l'emploi direct de Fasa à Palencia, Séville et Madrid C) emplois estimés pour 1985 0) n'inclut pas l'emploi direct de Fasa à Palencia (4) n'inclut pas les emplois induits localement par les achats de services, et par la distribution <5) inclut les emplois induits auprès d'une usine du groupe Renault en Espagne (518 emplois dans l'usine Fasa de Séville) Il est alors possible de calculer les coefficients multiplicateurs de l'emploi indirect (tableau 32). Ainsi pour 100 emplois directs, l'unité de Renault de Valladolid a créé 275 emplois indirects de premier ordre dans son pays d'implantation, l'Espagne, dont plus de 11 dans la région de Castille-Leon, et plus de sept à Valladolid. 114 Tableau 32: Coefficients multiplicateurs (CED de l'emploi indirect de premier rang créé par l'unité Renault de Valladolid en 1988. au niveau national, régional et local Zones CEI biens Fournisseurs services CEI "amont" CEI "aval" CEI total (de 1er ordre) B/A C/A D/A E/A F/A Espagne 0,48(,) 1,01 1,750) 1,23® 2,75® ND ND Castille-Leôn 0,11 0,11® 0,11® ND ND 0,07® 0,07 Valladolid 0,07® \" calculé sur<4)la 1)ase des emDk>is directs de ï :enault-Vallad<Dlid en 1985 ® voir note du tableau 31 ® partiellement sous-estimé car n'inclut pas l'emploi chez tous les fournisseurs de biens contrôlés par Renault (on a estimé seulement l'emploi induit auprès de l'usine de Séville) ND non déterminé L'unité de Renault à Valladolid a donc créé un nombre élevé d'emplois indirects de premier ordre, sans doute plus de 34 776. Ces emplois sont répartis dans toute l'Espagne, mais sont assez peu localisés à Valladolid et dans sa région. Cette unité exerce donc peu d'effets d'entraînement sur les entreprises industrielles et de services locales. En effet, l'unité de Valladolid est très intégrée dans le groupe Renault, et importe de France une partie significative de ses éléments. D'autre part, les fournisseurs espagnols de biens les plus importants sont localisés dans les provinces de Gérone, de Madrid, de Burgos et de Tarragone. Par contre, Fasa-Renault-Valladolid est le principal employeur industriel de la ville de Valladolid, et, avec ses deux unités de Valladolid et de Palencia, Fasa est le principal employeur de la région de Castille-Leôn: localement, l'effet de Renault sur l'emploi est donc avant tout un effet direct. Nationalement, l'effet de Renault sur l'emploi en Espagne est à la fois important au niveau direct et au niveau indirect. 7. SYNTHESE: EFFETS INDIRECTS SUR L'EMPLOI. TYPE D'UNITE ET TYPE DE STRATEGIE Nous nous proposons de présenter des analyses synthétiques des études de cas, pour mettre en évidence les résultats généraux relatifs aux effets indirects sur l'emploi: importance quantitative moyenne, variété selon les types d'unités, diversité des effets indirects ("amont", "aval") et de leur localisation (nationale, régionale). Cependant le nombre réduit d'études de cas rend les généralisations difficiles. D'autant plus que la quantité et la qualité des informations obtenues sont très inégales. Cette diversité dans la qualité des données fragilise encore plus les résultats ici, où les études de cas sont à la fois peu nombreuses et relatives à des secteurs et des pays très divers, quelle ne le ferait si l'on avait un nombre élevé de cas, et/ou si ces cas concernaient des firmes appartenant à un seul secteur ou à un seul pays. Les commentaires qui suivent renverront souvent à cette qualité des informations, c'est à dire à des problèmes proprement méthodologiques, qui seront discutés plus loin dans la conclusion. 115 7.1. L'importance des effets indirects verticaux de premier rang sur l'emploi: une multiplication de l'emploi direct par 1.6 L'utilisation d'une méthodologie commune d'enquête et d'estimation permet à la fois, la comparaison des différentes études de cas, et l'agrégation des résultats. Présentation et qualité des résultats Le tableau 33 ci-joint regroupe les résultats relatifs aux huit études exploitables sur le plan quantitatif. Les colonnes de ce tableau reprennent les types d'effets indirects recensés dans la première partie, et dans les questionnaires: effets indirects "amont" chez les fournisseurs de biens et de services, et "aval" chez les distributeurs. Le tableau 33 montre la grande diversité de taille des unités étudiées, de 105 salariés pour NEC Thailand à 12 632 salariés pour Fasa, et celle des niveaux des effets indirects sur l'emploi: de 170 emplois pour Nec Thailand à 34 776 emplois pour Fasa. 116 >~\ VI '3 "H. S 2 4> —i H u eU U1 + + Cl + .a ci en : u *O o ON Cl ""H tn 1 A •3. en > '5 ." Q <n N—' • * t» § * * * *o >4-l A tn i * • VO •* tN tn O , a tV3 00 tN OO 8 , NO tn tN • * Tl- • * 0 tn ON •<*• 00 m tN m w a o c 4-> a o 'c 3 t-l U •3 a u •b VI ta '3 "H. a. -3 .2 CM •a c 'S /—^ •et + + tn a w e 3 -*-» p o Kl ON in 00 en • *NO S CU i rtN ON """' tN 1 * ON *ON m r-- 4—4 tN • * A * •o * * «4-1 00 tN tN tN A OT tn o tn tN tN tN tN NO tN ON m tN &0 V} £ eu o °> s • * tn in b* u * ON tn 2 o >n tN O vn V) » >n tn >n vo NO ON 0 r~ VO a) •a en a o '5b 4-> MU •S a C/3 VU 1 A N ^ U V CU "O tN 00 S eu S m en * V3 t-4 v> <D P tN en # • : •o o ^•n, c o en * * VO a o 00 oo 1/5 %eu B 3 C ON 'Sb t* VI en '3 "5. a S 3 w C o •a o H en en * * ** tN tN O O o\ m VO oo VO * * 8 en * * en Ci «^* ai * * tN VO O o «—4 w—t ON •<t r- A * + • * Cl tN tN ON CI o oo "7* tn tn • ^ •<* ; • * s O tn tN tn tN tn tn *" * o NO 4—4 ON oo ro tN A § l-H r- vo ON 0 tN 00 >n m 4-^ 00 ON 00 ON 4-H — *< 00 •tt tN 00 4—< 00 tn en w<D i i <U 2 1 1 • O i 00 1 4—4 tN 3 V) o •4—» OO 8 11 (A ^ c u. 3 (U c/) 8 C/3 8 « • * O o ON # 8 ON A 00 VO ON 4—i <n tn i^ r4-* 4—4 <u en - H m o o en CU 8 en NCU •a P O 00 1/1 ON $ ^ tri O tn 4-^ tN a w "3 H ON * * O |5 "S. S Cl o oo en "E, E 3 tN tN o\ 4-» J5 tri * * * o PU •3 W en 3 4-* -a en ,-s 'en w O >tu •â "° •a 3 O vu ctt en D. eu eu 3 Ui T3 2 § o 2 s •« O tn vo tN tN /ce /Ct) il-, l tu 4. tu S §S zê zb e s t 0 tN o 0 00 tN vo en vu •3 4-* 2 2 *° /~N B 3Q *U B C •, ce ™ ~4 S* D4 O ^ U a x en N(U •a tu 3 VO 3 "S 8 |2£ 0 3 i 117 Le tableau 34 ci-après présente, pour ces mêmes études de cas et pour les mêmes effets, les résultats en valeur relative. Les coefficients multiplicateurs de l'emploi direct (ou CEI) sont calculés en faisant le rapport entre l'emploi indirect estimé, c'est-à-dire le nombre d'emplois induits par une unité de firme multinationale, et l'emploi direct existant au sein de cette unité, c'est-à-dire son effectif. On calcule les coefficients suivants ainsi: (1) CEI "amont-biens" = empoi indirect chez fournisseurs de biens et sous-traitants emploi direct (2) CEI "amont-services" = emploi indirect chez les fournisseurs de services emploi direct (3) CEI "amont" = (1) + (2) (4) CEI "aval" = emploi indirect chez les distributeurs emploi direct (5) CEI Total = (3) + (4) = emploi indirect total (de premier rang) emploi direct 118 Tableau 34: Coefficients multiplicateurs de l'emploi indirect (de 1er rangl de huit unités de firmes multinationales (1988) Coefficients multiplicateurs de l'emploi indirect dans le pays d'accueil amont biens dont région Capral 0,55 *s 0,55 ** Pirahy (Brésil) 0,16 **s 0,16 **s Mepsa (Pérou) 1,69 1,18 amont services 0,13 ND 0,24 total amont 0,68 s aval 0,28 NDe 1,93 > 0,30 ** ND Total (1er rang) 0,97 s NDe 0,03 1,96 2,28 2,58 ** Goodyear (Pérou) >0,15 ** > 0,15 ** 0,15 NecT d (Thailand) 1,4** 1,1 ** 0,19 1,59 Nec Techn. (Thailand) 1,22 1,22 0,11 1,33 0 1,33 IBM (France) 0,77 ** 0,27 0,05 ** 0,82 ** 0,59 ** 1,41 ** Fasa (Espagne) 1,23 0,11 0,52 S 1,75 S 1,01 2.75S Total 7 unités (Pirahy exclu) 1,12 s 0,2 0,4 1,52 0,93 2,45 Total 6 unités (Pirahy et Capral exclus) 1,13 0,19 0,41 1,54 0,94 2,49 ND > 1,62 Source: Enquêtes ND non déterminé NDe élevé * coefficient - 77,9 si l'on inclut les 31 200 emplois de planteurs de café. ** estimation s sous-estimation S surestimation La qualité des informations recueillies est très inégale, et le nombre des emplois indirects induits semble souvent être sous-estimé. Ainsi, les principales difficultés d'estimation peuvent être synthétisées ici: Capral: forte sous-estimation des emplois induits chez les planteurs de café; Goodyear et Nec Thailand: sous-estimation des emplois induits chez les fournisseurs; IBM à Montpellier: estimations très imprécises; Fasa: sous-estimation des emplois induits auprès des fournisseurs de biens, et sur 119 l'estimation de ceux induits chez les fournisseurs de services. L'emploi indirect "moyen" Malgré les limites que nous venons de signaler, nos estimations dégagent des résultats significatifs. Ainsi, en 1988, les sept unités de firmes multinationales: Capral, Mepsa, Goodyear, Nec Thailand, Nec Technologies, IBM, Fasa totalisaient: emplois directs emplois indirects chez les fournisseurs de biens emplois indirects chez les fournisseurs de services emplois indirects induits chez les distributeurs total des emplois indirects de premier rang 17 210 19 209 7 014 15 954 42 177 En 1988, ces sept unités avaient des coefficients multiplicateurs de l'emploi indirect assez dispersés, autour des valeurs moyennes suivantes: CEI CEI CEI CEI CEI "amont" biens: "amont" services: "amont": "aval": total: valeur valeur valeur valeur valeur moyenne moyenne moyenne moyenne moyenne 1,12 0,4 1,52 0,93 2,45 (de 0,11 à 1,4) (de 0,05 à 0,52) (de 0,30 à 1,75) (de 0 à 2,28) (de 0,97 à 2,75) Mais comme l'unité Fasa a un poids très élevé dans ce calcul des coefficients moyens, nous avons recalculé ceux-ci en excluant cette unité de façon à obtenir des résultats significatifs d'une tendance générale. En 1988, l'étude de six unités industrielles de firmes multinationales (Capral en Côte d'Ivoire, Mepsa et Goodyear au Pérou, Nec Thailand et Nec Technologies en Thaïlande, IBM à Montpellier - France) donne les résultats moyens suivants: Le coefficient multiplicateur de l'emploi indirect "amont" est de 0,91. Les effets d'entraînement, mesurés ici par les emplois induits chez les fournisseurs de biens et services (de 1er rang) situés dans l'économie d'accueil sont donc, en moyenne, presque aussi importants que les emplois créés au sein des usines. Le CEI "amont" relatif aux seuls achats effectués dans la région d'implantation est de 0,54, ce qui montre que l'essentiel de ces effets d'entraînement sont localisés à proximité des unités. Le coefficient multiplicateur de l'emploi indirect "aval" est de 0,71. Les emplois induits chez les distributeurs du pays d'implantation dont donc significatifs. Le coefficient multiplicateur de l'emploi indirect total est de 1,62. 120 7.2. La variété des effets indirects verticaux de premier rang sur l'emploi selon le type d'unité et de stratégie Comment expliquer la grande variété des effets indirects sur l'emploi, mesurés en termes relatifs par les coefficients multiplicateurs de l'emploi indirect? Dans le chapitre II, nous avons proposé une hypothèse d'interprétation selon laquelle: plus l'unité est intégrée dans son groupe, par les achats de biens et de services, et moins elle a de possibilités d'être insérée dans son économie d'accueil, c'est-à-dire de réaliser localement des achats de biens et services, et donc d'avoir des effets indirects "amont" sur l'emploi importants. C'est donc cette hypothèse d'interprétation qui a structuré la collecte d'informations, puisque nous avons estimé que, pour comprendre l'intensité et la nature des achats réalisés localement par l'unité de la firme multinationale, il fallait connaître l'intensité et la nature des achats réalisés par cette unité au sein de son groupe d'appartenance. Les études de cas réalisées vérifient globalement cette hypothèse générale, même si, nous allons le voir, la plus ou moins grande importance des achats locaux des unités n'a pas toujours été, semble-t-il, évaluée correctement en termes d'emplois indirects. En outre, la plus grande complexité des situations réelles par rapport aux situations types que nous avions envisagées, a biaisé les liens observés entre type d'unité et type d'effet indirect sur l'emploi. Cependant, la grille d'interprétation que nous avons proposée permet bien de comprendre l'insertion nationale des unités, et d'expliquer leurs effets indirects sur l'emploi. Nous présentons donc ici les unités étudiées, en référence à la grille d'interprétation proposée, et en renvoyant aux descriptions détaillées de chaque unité, déjà faites aux paragraphes précédents. Le tableau 35 ci-joint décrit les principaux indicateurs économiques utiles pour notre analyse. Ils sont définis ainsi: taux de valeur ajoutée = ventes - achats ventes (mesure le degré d'intégration de la production) taux d'emploi ouvrier = effectif ouvrier effectif total taux de qualification de l'emploi ouvrier = effectif ouvriers qualifiés effectifs ouvrier taux emploi féminin ouvrier = effectif ouvriers féminin effectif ouvrier taux d'achats dans le groupe = achats à des unités (nationales ou étrangères) du groupe achats totaux 121 mesure le degré d'intégration de l'unité dans le groupe La colonne "dont à l'étranger" donne le taux pour les seuls achats à des unités étrangères du groupe. Taux d'achats dans l'économie d'accueil = achats à des unités nationales (du groupe ou hors groupe) achats totaux (Le taux d'achats dans l'économie d'accueil est un indicateur-clé qui mesure le degré d'insertion nationale de l'unité, et qui devrait expliquer l'intensité des effets indirects "amont" sur l'emploi) La colonne "dont région" évalue ce taux pour les seuls achats effectués dans la région d'implantation, mais les estimations sont ici très imprécises. Le Taux d'achats à l'étranger constitue le complément à 100 pour cent du taux précédent. La destination géographique de la production de l'unité est répartie en pourcentage entre l'économie d'accueil et l'exportation. Vi <U 3 a o c o 3 3 S o c • F-I X 3 D, O C •c o (U 13 C _o «J C 3 £ Vi Ci e C/] (M oo o oo S o * o n 8 ON o 68 68 (S ON 00 c4 8 * O 1 t-l W oo oo 00 8 .* V» "d 68 o •" S d o "5b "S 9 o 4-* •a .rt i .2 d O •o •S a S O a o o 3 VU JS S 68 68 o o 8 VU 68 o 68 O O 60 3o -b H X 68 * * * * • 68 68 68 68 68 ON 68 O 68 O 68 o 68 (S 68 O ON \fi 00 68 u-i 00 * * 68 68 O 00 68 68 00 00 O 68 O 68 VO 68 O 68 00 68 oo 68 O 4-» c * 68 68 O oo * * 68 68 O • * 68 68 O o •a s s OS O B * 68 O 68 o H d 68 O «-i a > i i vo § o O 00 5 pi oo O o ON S ON o o n »—1 5 jU s tl > D, ^0) vu" 3 .s .s a e ec I - »H S a a -2 <*H o 8 00 NO (S 00 •si* oo" § x '5" >n C C • rt O O M C C D § m i « d VU u vu et 3 •a •â s s* S* "O o uë D. V 3 c '5ô 1-1 O T3 g S "» rd CD O H W o *b S 4«« « s o S s" •a en O on <U ON .d -o o a d U3 «> O o « S ,1- «1 °? B- g £b fflSfe «i o = i « 5 ll> •SI NO <D 1 VU S 9 o 00 2 < .3 O s >, H 3 a § °* 15 § intégration product. <D Di 68 «A f-l s 3 8- •a S W U en VU 'c o s •o o •4-» 1 "S. 'S "S, S u a o o 'S D •o d •3 Afrique Europe Intégration dans le Insertion nationale et Dépend. Destination géographique de la étrangère production groupe régionale 122 iu 3 O 123 7.2.1. Capral-Nestlé en Côte d'Ivoire: une unité intégrée à très forte insertion nationale par les achats, et à effets indirects sur l'emploi très élevés Capral-Nestlé transforme à Abidjan du café vert acheté aux producteurs de Côte d'Ivoire en du café soluble destiné au marché national ivoirien (8 pour cent), et exporté dans toute l'Afrique de l'Ouest et surtout en Europe. De taille moyenne (403 salariés), c'est une usine de transformation où l'effectif ouvrier est de 70 pour cent du total, ce qui dénote l'existence d'u personnel d'encadrement et de gestion important, et donc de fonctions assez étendues. Les achats courants sont effectués en quasi-totalité dans l'économie locale, et portent surtout sur le café (Capral-Nestlé achète 14 000 tonnes de café vert par an, soit 6,5 pour cent de la production nationale), puis sur les emballages (les achats épisodiques de matériel à l'étranger n'ont pas été évalués). Les achats effectués au sein du groupe sont quasi nuls. L'insertion nationale de Capral-Nestlé par les achats est donc très forte, ce qui s'explique puisque cette entreprise s'inscrit dans une stratégie mondiale d'approvisionnement dans les économies où sont localisées les matières premières nécessaires, mais pour le cas de Capral-Nestlé avec transformation complète sur place. Dans la typologie proposée, Capral-Nestlé est donc une unité intégrée, et ses effets indirects sur l'emploi en Côte d'Ivoire devraient être très importants. Or, les tableaux 33 et 34 montrent que ces effets sont significatifs, mais limités: 276 emplois indirects de premier rang auprès des fournisseurs ivoiriens de biens et services, et 114 emplois indirects de premier rang auprès des distributeurs ivoiriens. Le coefficient multiplicateur de l'emploi indirect "amont" n'est que de 0,68, et apparaît très inférieur à celui d'autres unités étudiées. Cela s'explique par le fait que ces estimations ne prennent pas en compte les effets indirects de second rang, alors même qu'ils sont très importants pour Capral-Nestlé: l'effectif des planteurs de café qui livrent leur production à Capral-Nestlé a été évalué à 31 200 emplois induits. Cependant, ce chiffre n'a pas été retenu car les livraisons à Capral-Nestlé sont réalisées par des intermédiaires négociants privés ou des sociétés d'exportation de café, dont les effectifs sont réduits. Ces négociants sont les fournisseurs de premier rang, et l'évaluation s'arrête à ce niveau. Par conséquent, les effets indirects réels sur l'emploi de Capral-Nestlé en Côte d'Ivoire ont été assez largement sous-estimés. Comme cela a été indiqué dans le Chapitre I (Méthodologie), il est utile d'évaluer les unités locales de firmes multinationales lorsque celles-ci exercent des effets indirects de second rang à la fois très élevés et facilement identifiables. C'est le cas pour Capral-Nestlé et pour Pirahy. 7.2.2. Pirahy au Brésil: Une unité-atelier "aval" (assemblage) à très forte insertion nationale par les achats, et à effets indirects sur l'emploi élevés Pirahy (Compania Industrial del Papel Pirahy) produit du papier à Rio de Janeiro depuis 1925, à partir de cellulose qui lui est livrée par une autre filiale brésilienne du groupe britannique BAT. Le papier produit est destiné en totalité au marché brésilien. De grande taille (2 071 salariés), c'est une entreprise de transformation, au taux d'emploi ouvrier de 70 124 pour cent, très autonome, et remplissant des fonctions de gestion très étendues. Comme dans le cas de Capral-Nestlé, les achats courants de Pirahy sont effectués en quasi totalité au Brésil, et portent essentiellement sur la matière première transformée (les importations éventuelles de biens d'équipement n'ont pas été évaluées). L'insertion nationale de Pirahy par les achats est donc très forte, et elle s'explique ici par une stratégie à la fois voisine et différente de celle qui prévaut dans le cas Capral-Nestlé: l'objectif stratégique du groupe est de transformer sur place une matière première locale, mais la société Pirahy ne réalise que le troisième stade de cette transformation, à partir d'un demi-produit, la cellulose, qui lui est fourni par une autre unité brésilienne du groupe, recevant elle-même sa matière première, le bois, d'une troisième unité locale du groupe. Le groupe BAT, qui contrôle à travers sa filiale anglaise Wiggins Teape ces trois filiales au Brésil, met donc en oeuvre dans ce pays une stratégie de transformation locale d'une matière première locale, mais avec une division intra-nationale des tâches au sein de l'économie d'accueil. La production est intégrée au Brésil au niveau de l'ensemble des trois unités du groupe, mais l'unité Pirahy, considérée isolément, n'est qu'une unité-atelier "aval" (assemblage). Son taux d'achats au sein du groupe est donc élevé (70 pour cent). Les effets indirects sur l'emploi de Pirahy au Brésil devraient être élevés, mais les tableaux 33 et 34 montrent qu'ils n'ont été que partiellement évalués. En effet, les emplois indirects liés aux achats hors groupe au Brésil ont été omis. L'enquête a cependant réussi à évaluer les effets indirects de second rang chez Aracruz Florestal, estimés à 226 emplois, et ce chiffre a été comptabilisé dans l'évaluation. Dans ce cas de division intra-nationale des tâches entre plusieurs unités qui dépendent toutes du même groupe étranger, il aurait sans doute été préférable d'évaluer d'une part l'emploi direct total des trois unités, et d'autre part les emplois indirects induits conjointement par ces trois unités. Les échanges locaux inter-unités du groupe auraient ainsi été exclus de l'évaluation, et celle-ci aurait porté sur un effet indirect net de premier rang sur l'emploi de l'ensemble des unités du groupe au Brésil. 7.2.3. Mepsa au Pérou: une unité intégrée partiellement, avec une insertion nationale moyenne par les achats, et des effets indirects sur l'emploi élevés Mepsa, filiale de Marmon Group-Etats-Unis, produit à Lima des pièces d'acier pour l'industrie minière péruvienne, à partir de matières premières et produits d'origine diverse, en grande partie locale. De taille moyenne (580 salariés), c'est une entreprise de fabrication, à fort taux d'emploi ouvrier (83 pour cent), et très autonome. Elle remplit toutes les fonctions d'une entreprise indépendante, et réalise localement des achats de services significatifs. Les achats courants de Mepsa sont effectués seulement pour 70 pour cent du total au Pérou. Trente pour cent de la valeur des achats provient de l'étranger (pièces et équipements originaires des Etats-Unis). Les achats effectués au Pérou sont d'une part des demi-produits (briques et plastiques réfractaires) achetés à une autre filiale péruvienne du groupe (Réfractarios Peruanos), d'autre part de l'énergie, des matières premières et des produits achetés à des fournisseurs péruviens. 125 L'insertion nationale de Mepsa par les achats est donc moyenne, cette entreprise s'inscrivant dans une stratégie internationale d'un groupe qui est de type multidomestique, avec création d'une filiale au Pérou pour accéder au marché national. L'effet indirect sur l'emploi de Mepsa au Pérou devrait par conséquent être important. Les coefficients multiplicateurs de l'emploi indirect au Pérou sont effectivement élevés, en particulier pour le CEI "amont-biens" (cf. tableau 34). Dans ce cas, les évaluations ont été correctes (il n'a pas de sous-estimation). Par contre, l'effet indirect sur l'emploi "aval", c'est-à-dire auprès des distributeurs, est relativement faible (CEI de 0,03), car Mepsa ne contrôle pas un réseau propre de distribution. 7.2.4. Goodyear au Pérou: une unité-atelier d'assemblage final avec une insertion nationale faible par les achats, et des effets indirects sur l'emploi "amont" faibles Goodyear (Compafïia Goodyear del Penî s.a.), filiale du groupe américain Goodyear, fabrique à Lima des pneumatiques et chambres à air, à partir de matières premières et d'éléments en grande majorité importés. Les productions sont destinées au Pérou et aux pays voisins. De taille moyenne (659 salariés), c'est une entreprise de fabrication à taux d'emploi ouvrier élevé (68 pour cent), mais très dépendante du groupe américain. Elle ne maîtrise que certaines fonctions liées à la production et à la commercialisation. Les achats courants de Goodyear sont effectués seulement pour 20 pour cent du total au Pérou. En effet, Goodyear importe, souvent d'autres unités du groupe, les matières premières principales qu'il transforme. Les achats effectués au Pérou le sont auprès de fournisseurs péruviens indépendants du groupe, et portent sur le noir de fumée, d'autres produits, et des services. L'insertion nationale de Goodyear par les achats est donc faible. Cette entreprise est une véritable unité-atelier assemblage, qui réalise au Pérou le dernier stade de la production, dans le cadre d'une stratégie de division internationale des tâches au niveau mondial. L'effet indirect sur l'emploi de Goodyear au Pérou devrait donc être faible, en ce qui concerne l'effet indirect "amont". Effectivement les coefficients multiplicateurs de l'emploi indirect "amont-biens" et "amont" de Goodyear sont les plus faibles des huit unités étudiées: valeur de 0,15 et 0,30 (cf. tableau 34). Par contre, l'effet indirect de premier rang "aval" de Goodyear au Pérou est très important, à la fois car Goodyear vend une partie importante de sa production au Pérou, et car elle le fait à travers un réseau de distributeurs. (Ces effets indirects sont peut être ici sur-estimés). 7.2.5. Nec Thailand: une unité-atelier d'assemblage final, avec une insertion nationale très faible par les achats, et des effets indirects sur l'emploi faibles Nec Thailand, filiale du groupe japonais Nec, fabrique en Thaïlande, à partir d'éléments importés en totalité, des téléviseurs couleur destinés au marché local. Cette unité de petite taille (105 salariés) a un taux d'emploi ouvrier de 67 pour cent, et un taux de qualification de l'emploi ouvrier faible (31 pour cent). Les tâches sont des tâches de montage simple, réalisées par du personnel féminin (taux d'emploi féminin ouvrier 69 pour cent). Les achats 126 courants de Nec Thailand en Thaïlande ne représentent que 8 pour cent du total, et concernent des emballages, des cadres de bois et divers produits. En effet, la totalité des éléments principaux des téléviseurs est importée (92 pour cent des achats viennent de l'étranger), souvent en provenance d'unités du groupe Nec. L'insertion nationale de Nec Thailand par les achats est donc très faible. Cette entreprise est une unité-atelier d'assemblage final, qui s'inscrit dans une stratégie de division internationale des tâches, au niveau mondial, et, pour la Thaïlande, d'accès au marché national. L'effet indirect "amont" sur l'emploi de Nec Thailand en Thaïlande devrait par conséquent être faible. Les estimations réalisées dans l'enquête conduisent à des effets qui sont certes faibles pour les fournisseurs de services (CEI "amont-services": 0,19), mais qui sont moyens pour les fournisseurs de biens (CEI "amont-biens": 1,4). Le CEI-"amont" est égal à 1,9, ce qui situe Nec Thailand dans une position moyenne par rapport aux huit unités étudiées. Cela peut provenir à la fois d'une bonne estimation des effets indirects de Nec Thailand et d'une sous-estimation des effets indirects de plusieurs autres unités (cf. Capral, Goodyear). 7.2.6. Nec Technologies en Thaïlande: une unité-atelier intermédiaire, avec une insertion nationale très faible par les achats, et des effets indirects sur l'emploi faibles Nec Technologies, filiale de Nec Japon, assemble en Thaïlande, à partir d'éléments importés, des composants électroniques (terminaux de systèmes téléphoniques), qui sont totalement réexportés vers les usines du groupe. Cette petite unité (131 salariés) a un taux d'emploi ouvrier très élevé (82 pour cent, taux le plus élevé des 8 unités), et comportant des tâches qualifiées, réalisées par des hommes. La dépendance vis-à-vis du groupe est très forte, cette entreprise maîtrise peu de fonctions, et constitue un véritable atelier. Les achats courants de Nec Technologies en Thaïlande ne représentent que 15 pour cent du total, et ils concernent principalement les emballages - comme cela était le cas pour Nec Thailand -, et les moules plastiques. En effet, la totalité des éléments principaux assemblés dans l'unité est importée de l'étranger (taux d'achats à l'étranger: 85 pour cent), le plus souvent provenant d'unités du groupe Nec. L'insertion nationale de Nec Technologies par les achats est donc très faible, à la fois par le volume, et par la nature peu complexe des biens achetés. Comme Nec Thailand, cette entreprise est une unité-atelier, qui peut être qualifiée d'intermédiaire, puisqu'elle constitue un maillon d'une chaîne de production éclatée au niveau international: elle assemble des composants reçus d'unités du groupe, et sa propre production est incorporée, dans d'autres usines, aux produits finis. Cette unité s'inscrit dans une stratégie de division internationale des tâches, avec délocalisation de certains stades: la recherche de coûts de production faibles semble la cause principale de la création de cette usine en 1988. L'effet indirect sur l'emploi de Nec Technologies en Thaïlande devrait donc être faible. Les estimations réalisées montrent que les effets indirects sont faibles pour les fournisseurs de services. Le CEI "amont-services" est de 0,11, le plus faible des huit unités étudiées. Par 127 contre, les effets indirects estimés sont moyens pour les fournisseurs de biens (CEI "amontbiens" de 1,22), ce qui peut s'expliquer, comme pour Nec Thailand., par une bonne estimation. Les effets indirects "aval", sur les distributeurs locaux, sont bien entendu nuls, puisque toute la production est exportée au sein du groupe. 7.2.7. IBM à Montpellier-France: une unité-atelier complexe, avec une insertion nationale forte par les achats, et des effets indirects sur l'emploi élevés IBM-France à Montpellier a des activités complexes: elle produit des composants mémoires, avec des éléments reçus des usines européennes du groupe, et elle réalise l'assemblage final des grands ordinateurs, avec ces composants et avec des éléments achetés en France et en Europe. Quatre-vingt deux pour cent de la production est exporté à travers le réseau européen. Cette grande unité (2 700 salariés) a un taux d'emploi ouvrier très faible (13 pour cent) car la majorité des tâches sont très qualifiées: organisation de la production interne et externe, tests, services après-vente. Mais la dépendance vis-à-vis des différentes structures du groupe est très forte (filiales nationales, filiale supra-nationale IBM-Europe, siège central, divisions produits). La forte division internationale des tâches impose en effet une coordination et une centralisation fortes. L'usine a cependant une liberté dans l'organisation de la production des grands systèmes, mais est en concurrence avec les deux autres usines soeurs d'IBM qui fabriquent les mêmes produits à Poughkeepsie (Etats-Unis) et à Yasu (Japon). Le taux d'achats dans le groupe a été estimé à 44 pour cent. En effet, IBM possède 15 usines en Europe, mais aucune ne fabrique tous les éléments d'un produit fini. L'usine de Montpellier, qui a reçu la mission de production des plus grands processeurs, reçoit des composants des usines françaises et allemandes, et fournit elle-même des composants aux usines d'Espagne et de Grande-Bretagne. Les achats courants de l'usine IBM de Montpellier proviennent en majeure partie de fournisseurs français. Le taux d'achats dans l'économie d'accueil a été estimé, très grossièrement, à 81 pour cent. Plus précisément: 39 pour cent des achats de l'usine proviendraient des usines IBM de Bordeaux et Corbeil (surtout les microplaquettes); 30 pour cent des achats proviendraient de fournisseurs régionaux, surtout de soustraitants en tôlerie, mécanique et électronique, localisés dans le sud de la France; 18 pour cent des achats proviendraient d'autres fournisseurs français. Les achats à l'étranger, que nous avons peut-être sous-estimés, correspondent surtout à des éléments entrant dans la fabrication des composants, en provenance d'IBM-Allemagne, et à des produits livrés par d'autres usines européennes (écrans, claviers, etc.). Une petite partie de la sous-traitance est confiée à l'étranger. L'insertion nationale d'IBM-Montpellier par les achats est donc forte, même si elle correspond en partie à des achats à d'autres usines françaises d'IBM. L'effet indirect sur l'emploi devrait donc être très significatif. 128 Les estimations, très imparfaites, et qui sont peut être des surestimations, donnent un coefficient multiplicateur de l'emploi indirect "amont-biens" de 0,77 qui semble faible comparativement à ceux calculés pour les autres unités. Une appréciation qualitative vient tempérer cette faiblesse apparente. Dans le cas d'IBM-Montpellier, l'étude historique des sous-traitants régionaux a montré que beaucoup d'entre eux avaient été créés, et s'étaient développés, à cause de l'usine IBM: IBM-Montpellier a donc exercé un véritable rôle d'industrialisation dans la région Languedoc-Roussillon, et on peut alors réellement parler d'effets indirects positifs sur la création d'emploi, réalisés à travers les achats de l'usine. Le CEI "amont-services" est faible: 0,05, mais il est peut être sous-estimé. Enfin, les effets indirects "aval" sont significatifs (CEI "aval" = 0,59). Ils concernent le réseau commercial propre d'IBM-France, dont on a considéré qu'une partie des effectifs était spécialisée dans la vente des grands ordinateurs, fabriqués à Montpellier. 7.2.8. Fasa-Renault à Valladolid(Espagne): une unité-atelier complexe,avec une insertion nationale forte par les achats, et des effets indirects sur l'emploi élevés Fasa-Renault à Valladolid a des activités complexes: production de carrosseries et de moteurs, assemblage final de plusieurs modèles, à partir d'éléments provenant d'Espagne et de France. Un quart de la production est exportée. Cette très grande usine (12 632 salariés) a un taux d'emploi ouvrier élevé (76 pour cent), et un taux de qualification de l'emploi ouvrier moyen (46 pour cent). Cette unité est l'une des trois usines espagnoles de Fasa, dont le siège et les services centraux sont situés à Madrid. Elle est donc assez dépendante du groupe, et dispose d'une autonomie moyenne (ainsi la direction industrielle de Fasa est localisée à Valladolid, et la direction des achats à Madrid). L'unité Fasa de Valladolid est fortement intégrée dans le groupe Renault à travers ses achats, puisque le taux d'achats dans le groupe est d'environ 60 pour cent. Ces achats concernent des boîtes de vitesse fabriquées en Espagne dans l'usine Fasa de Séville, et surtout des achats effectués à l'étranger: moteurs en provenance de France, du Mexique, de la Turquie et du Portugal, pièces embouties, pièces de fonderie, roulements et pistons, en provenance de France. Les achats courants de l'usine Fasa-Valladolid en Espagne représentent environ 60 pour cent de ses achats totaux. On peut estimer que 20 pour cent des achats totaux correspondent aux achats de boîtes de vitesse à l'usine Fasa de Séville. Quarante pour cent des achats totaux correspondraient alors à des biens et services achetés à des fournisseurs espagnols non liés à Renault: tissus, câbles, pièces de fonderie et composants divers fournis par des équipementiers espagnols, quelquefois contrôlés par des groupes étrangers. Ces 40 pour cent incluent une estimation des achats de services, qui est assez grossière, et qui constitue sans doute une surestimation. L'insertion nationale de Fasa-Valladolid par les achats est donc importante, car il s'agit d'une unité-atelier complexe, qui s'insère dans une stratégie de division internationale des tâches au niveau mondial, mais avec une certaine intégration de la production réalisée au sein de l'économie espagnole, que Fasa vise à approvisionner en priorité. L'effet indirect de Fasa-Valladolid sur l'emploi en Espagne devrait donc être significatif. Le coefficient multiplicateur de l'emploi indirect "amont-biens" est de 1,23. Il correspond à ce que l'on pouvait attendre, et semble une estimation vraisemblable. 129 Le CEI "amont-services" est de 0,52, et apparaît comme le coefficient le plus élevé des huit unités étudiés. Il s'agit là d'une surestimation (voir le texte détaillé de l'enquête). Le CEI "aval" est de 1,01, sa valeur élevée s'expliquant par l'importance du réseau commercial de Renault en Espagne. En conclusion, il faut souligner le poids économique élevé de la grande usine de Fasa à Valladolid. Avec 12 600 salariés, elle représente 32 pour cent de l'emploi industriel local, et si l'on ajoute les effets indirects sur l'emploi, cette situation d'employeur dominant est encore plus nette. Au niveau de la région de Castille et Leôn, les deux usines Fasa de Valladolid et de Palencia représentent 17 158 salariés et 11,2 pour cent de l'emploi industriel régional. Conclusion La variété des effets indirects verticaux de premier rang sur l'emploi, notamment des effets indirects "amont", apparaît donc liée au type d'intégration de l'unité dans son groupe, et au type d'insertion nationale par les achats, qui en découle. L'hypothèse générale est donc vérifiée par les huit études de cas, ce qui est schématisé dans le tableau 36 ci-joint. Quand on passe de Capral à Nec Technologies, en descendant dans ce tableau, l'intégration productive de l'unité dans le groupe augmente, et l'insertion nationale diminue. Cependant plusieurs phénomènes biaisent la traduction de cette liaison dans les coefficients multiplicateurs de l'emploi indirect. Ainsi, il existe des unités complexes, comme IBM à Montpellier ou Fasa à Valladolid, qui ont des effets indirects sur l'emploi élevés, tout en étant fortement intégrées dans une division internationale des tâches. Il existe également des effets indirects "aval", chez les distributeurs de premier rang, très variables, et qui compensent parfois des effets indirects "amont" faibles (cas de Goodyear). En outre, il existe de grandes difficultés dans l'estimation elle-même des effets indirects sur l'emploi. Dans les huit cas, les limites se sont traduites par: . des estimations incomplètes (sous-estimations); . des estimations complètes mais limitées aux effets de premier rang, alors que les effets de second rang sont parfois importants et facilement identifiables (cas de Capral et Pirahy). 130 Tableau 36: Types d'unités et types d'effets d'entraînement Types d'insertion nationale (par les achats) Unités Production et marché Capral-Nestlé (Côte d'Ivoire) Café soluble Afrique et Europe Pirahy (Brésil) Papier Marché national Mepsa (Pérou) Pièces d'acier pour industrie minière Marché national Unité intégrée partiellement avec certains achats à moyenne 70% des fourniss. locaux, certains à une filiale locale du des achats totaux groupe, d'autres à l'étranger. effectués au Pérou (Stratégie multidomestique) Goodyear (Pérou) Pneumatiques Marché national (et pays voisins) Unité-atelier assemblage final à partir de matières faible 20% (caoutchouc) et d'éléments (toiles) le plus souvent des achats totaux au importés. Pérou (Division internationale des tâches au niveau mondial) NecTd (Thaïlande) Téléviseurs Marché national Unité-atelier assemblage final à partir d'éléments très faible importés en quasi totalité, souvent d'unités japonaises achats locaux des cadres du groupe. en bois et de l'emballage (Division internationale des tâches au niveau (8% des achats) mondial) Nec Technologies (Thaïlande) Composants électroniques Usines américaines et japonaises du groupe Unité-atelier intermédiaire, stade final d'assemblage de composants à partir de pièces fabriquées aux Etats-Unis et au Japon. Production exportée à 100 pour cent. (Division internationale des tâches au niveau mondial - Délocalisation de certaines stades) très faible achats locaux de moules et d'emballage (15% des achats) IBM-France Montpellier (France) Composants et Grands systèmes Unité-atelier complexe (intermédiaire et assemblage final). Production de composants mémoire avec des éléments achetés aux usines européennes du groupe, et assemblage final des grands ordinateurs avec éléments achetés en France et à l'étranger. (Division internationale des tâches au niveau européen) forte achats à d'autres unités IBM en France (cf. Corbeil) et sous-traitance dans le sud de la France) (taux achats en France: 70% *) Unité-atelier complexe (intermédiaire et assemblage). Production de moteurs et assemblage final de plusieurs modèles, à partir d'éléments achetés en Espagne et à l'étranger. (Division internationale des tâches au niveau mondial et accès au marchés espagnol) forte achats à d'autres usines Renault en Espagne (Séville) et à des fournisseurs esp. (taux achats en Espagne: 60%) Marché européen Fasa-Renault à Valladolid (Espagne) Moteurs et automobiles Marché national et 25% exporté Types d'unités (et de stratégies) Unité intégrée transformant complètement matière première locale. (Stratégie d'approvisionnement mondial) une très forte 100% des biens achetés en Côte d'Ivoire (à des fournisseurs ivoiriens) Unité-atelier "aval" (assemblage) transformant la cellulose fournie par une autre unité locale du groupe. La production est in té crée au Brésil au niveau des trois unités du groupe. (Division intra-nationale des tâches dans l'économie d'accueil) Source: Enquêtes Remarque: La diversité des effets indirects sur l'emploi "aval" très forte 100% des biens achetés au Brésil (à d'autres unités du groupe) 131 Les effets indirects verticaux de premier rang sur les distributeurs se sont révélés être très divers. Ainsi, les coefficients multiplicateurs de l'emploi indirect "aval" sont: Goodyear Mepsa Fasa-Valladolid Nec Technologies IBM-Montpellier Capral Pirahy et Nec Thailand 2,28 0,03 1,01 0 0,59 0,28 non déterminé Bien entendu ces effets sont nuls quand l'unité ne vend pas dans l'économie d'accueil (Nec Technologies), et faibles si elle n'y vend qu'une partie de sa production (Capral). A l'opposé, ces effets sont très élevés quand la plus grande part de la production est vendue localement et à travers un réseau spécialisé dans la vente de cette production (cas de Goodyear et de Fasa). On peut remarquer que ces effets sont faciles à évaluer quand la distribution est réalisée par un réseau interne contrôlé par le groupe (cas de la filiale Novalim de Nestlé en Côte d'Ivoire), ou par un réseau de distributeurs exclusifs vendant essentiellement les nombreux modèles produits par la filiale locale (cas de Fasa). L'évaluation est difficile si les ventes de la production locale dans le pays d'accueil sont effectuées par un réseau non exclusif, qui distribue à la fois les productions de la firme multinationale étudiée, et d'autres entreprises (cas de Nec Thailand). Elle est aussi difficile si les ventes dans le pays d'accueil sont réalisées par un réseau propre du groupe, mais l'unité locale étudiée ne fabrique pas toute la gamme des produits diffusés par ce réseau (cas d'IBM). Remarque: La diversité des effets indirects verticaux "amont" dans la région d'implantation Les huit études de cas ont tenté d'évaluer la part des effets indirects "amont" qui est localisée dans la région d'implantation de la firme multinationale, et les deux tableaux 33 et 34 isolent l'effet indirect "amont-région" et "amont-biens-région". Ces effets indirects régionaux sont élevés dans la plupart des cas, la région d'accueil de la firme multinationale concentrant la majorité de ses fournisseurs de biens et services. Pour Mepsa, Goodyear, Nec Thailand et Nec Technologies, cela s'explique à la fois parce qu'il s'agit de filiales monoétablissement, et parce qu'elles sont implantées dans la capitale économique du pays, où sont présents tous les fournisseurs dont elles ont besoin. Seules les usines IBM à Montpellier et Fasa à Valladolid ont des CEI "amont-biens" dans la région égaux au tiers et au dixième du CEI "amont-biens" dans l'économie nationale. Ces deux usines sont de simples usines (et non des filiales) et sont situées en province, loin du siège social de la filiale nationale. Elles achètent toutes les deux des produits à d'autre usines nationales et éloignées (cf. Corbeil pour IBM, Séville pour Fasa). Enfin, leurs fournisseurs sont répartis sur tout le territoire national, car la région d'implantation n'est pas suffisamment industrialisée pour offrir tous les biens 132 et services nécessaires. Ce dernier phénomène vérifie la différence que nous avons discuté au chapitre II, entre le potentiel d'insertion hors groupe, et l'insertion nationale ou régionale effective. 133 CHAPITRE IV LES ENSEIGNEMENTS DES ETUDES DE CAS POUR LA METHODOLOGIE D'ANALYSE Ce document présente une méthodologie complète d'analyse des effets indirects sur l'emploi des firmes multinationales dans les économies d'accueil: principes généraux d'analyse, questionnaires d'enquête, études de cas. De futures études plus complètes, par firme, par secteur ou par pays, devraient pouvoir se baser sur cette méthodologie, qui s'est révélée être opérationnelle. La spécificité des apports des firmes multinationales peut être mise en évidence par cette méthode simple, limitée aux effets indirects de premier rang, mais qui suppose la mise en oeuvre de moyens importants d'enquête et d'analyse. Les huit cas présentés ont montré la fiabilité de la méthode d'évaluation proposée, et l'intérêt des résultats obtenus: les effets indirects sur l'emploi sont importants, et ils peuvent être évalués. Ils ont aussi souligné certaines contraintes et limites de la méthode. Les principaux enseignements de ces études de cas sont présentés ci-dessous. 1. LA NECESSITE D'ENQUETES DIRECTES ET D'ETUDES PAR FIRME. SECTEUR OU PAYS D'ACCUEIL La grande inégalité dans la réussite de la collecte des informations peut être considérée en elle-même comme un résultat de ces tests. Elle souligne que les informations relatives aux effets indirects sur l'emploi ne pré-existent pas aujourd'hui dans l'entreprise multinationale (IBM en France est à ce niveau une exception), ni dans des organismes locaux ou nationaux. Il faut chaque fois les établir, par une collaboration étroite entre l'enquêteur et la firme multinationale. Ceci constitue en quelque sorte une justification à posteriori des propositions d'enquêtes directes faites dans ce rapport. La diversité dans la qualité des informations fragilise plus les résultats là, où l'on dispose d'un petit nombre d'études de cas dans des secteurs et des pays très divers, qu'elle ne le ferait si l'on avait un grand nombre de cas, et/ou si ces cas concernaient des firmes multinationales appartenant au même secteur d'activité. Pour pouvoir dégager des résultats significatifs, les futures études sur les effets indirects sur l'emploi des firmes multinationales devraient donc porter sur des ensembles plus homogènes, à savoir: l'ensemble des implantations d'une firme (monographies d'entreprise); les implantations, dans divers pays, de firmes ayant la même activité principale (études par secteur); ou les implantations de firmes, de divers secteurs, dans un seul pays (études par pays d'accueil). 134 2. LA NECESSITE D'ENQUETES APPROFONDIES Les études de cas confirment les difficultés liées à la collecte des informations et le fait que la méthode d'enquête ne peut être efficace qu'à certaines conditions. Un simple envoi postal du questionnaire à l'entreprise semble insuffisant. Dans les deux cas où cette procédure a été employée, les informations obtenues ont été très imparfaites (Lima Caucho au Pérou, Pirahy au Brésil). L'enquête doit être réalisée par un chercheur local, connaissant déjà les entreprises de son pays, et effectuant une ou plusieurs entrevues de cadres de l'entreprise, sur la base du questionnaire (toutes les autres enquêtes ont été réalisées ainsi). La qualité des informations recueillies dépend alors: du temps consacré par l'enquêteur pour réunir préalablement des informations sur l'organisation internationale du groupe et sur son activité nationale, pour réaliser l'enquête elle-même, pour convertir les information recueillies en équivalentsemplois, pour enquêter éventuellement auprès des principaux fournisseurs, et pour rédiger le compte rendu final, qui peut être soumis pour avis à l'entreprise; de la collaboration de l'entreprise multinationale, qui est indispensable dans la mesure où certaines informations sont jugées confidentielles, et ne sont pas facilement disponibles dans l'unité ou dans l'entreprise. Ainsi, même quand l'entreprise dispose d'une liste des principaux fournisseurs avec les commandes correspondantes, cette liste n'est pas ventilée selon les catégories demandées dans l'enquête. Le déroulement idéal semble alors celui de l'étude de la Capral à Abidjan. En effet, l'enquêteur a pu séjourner quinze jours dans l'entreprise, rencontrer les responsables, et retraiter lui-même, sur place, des informations relatives aux achats, en garantissant à Capral que seuls les très grands fournisseurs, notoirement connus, seraient cités dans l'étude, les autres données étant agrégées. Pour être efficace, la méthodologie proposée suppose donc la mise en oeuvre de moyens très importants. 3. UNE METHODOLOGIE OPERATIONNELLE La collaboration des entreprises à ces enquêtes s'est révélée, dans nos études de cas, tout à fait possible. En effet, la firme multinationale peut être intéressée elle-même par le résultat recherché par l'enquête, et par sa diffusion publique. En faisant connaître les effets qu'exercent ses activités sur la création d'emploi dans l'économie et la région d'accueil, elle peut souligner l'un de ses apports au développement, qui reste encore très mal connu. La structure générale du questionnaire auprès des unités d'EMN est apparue comme satisfaisante, ce qui était prévisible puisque ce texte s'inspirait d'autres questionnaires déjà utilisés à Toulouse pour analyser les firmes multinationales. L'adaptation préalable du questionnaire au type d'activité de l'entreprise a été utile puisqu'il s'agit d'une méthodologie générale adaptable à chaque cas. 135 Il s'est avéré indispensable de bien connaître la place de l'unité étudiée dans l'organisation internationale et nationale du groupe, pour comprendre son activité et le type d'achats qu'elle effectue localement. La structure du questionnaire en deux parties répond à cet objectif. Les questions principales (nos. 5, 6 et 7) sur les achats de biens et de services, et sur leur conversion en "emplois-induits" semblent formulées de façon correcte, même si cette partie centrale du questionnaire doit être expliquée lors de l'enquête. La double distinction des achats selon l'origine géographique du fournisseur, et selon son appartenance ou non au groupe est complexe, mais utile pour l'analyse. Dans les études de cas, la fraction des achats réalisée dans la région d'implantation a été mal évaluée, alors que les questions 5-5, 6-4 et la colonne "localisation" des fournisseurs permettaient ce repérage. Ces rubriques du questionnaire devraient donc être développées, et les enquêteurs devraient porter une grande attention à la collecte de ces informations. De même dans la méthodologie et dans le questionnaire (où cela est noté en renvoi de la question 5-3), les effets indirects de second rang ne sont sans doute pas suffisamment étudiés. Or les études de cas ont montré qu'ils sont parfois très élevés, et facilement identifiables, comme pour Capral et Pirahy (voir commentaires du chapitre III, para. 7). La question 8, sur l'emploi indirect lié à la distribution, devrait être développée, car les études de cas ont montré que ces effets sont parfois très importants. Par contre, la question 9, sur l'emploi indirect lié aux relations de partenariat pourrait être supprimée (cas rares). La méthodologie proposée d'estimation des emplois induits chez un fournisseur par lés achats de la firme multinationale à ce fournisseur, basée sur une proportionnalité des effectifs et des ventes, a été utilisée dans plusieurs études de cas. Elle s'est avérée simple dans son principe et dans sa mise en oeuvre. Dans certaines études de cas, la firme multinationale n'a fourni que la liste de ses principaux fournisseurs sans mentionner les montants des achats qu'elle réalise auprès d'eux (cas de Lima Caucho). Les enquêteurs auraient pu alors compléter ces réponses par une enquête directe auprès de ces fournisseurs locaux, en utilisant le questionnaire proposé ici. 4. LE NIVEAU DE L'ENQUETE: USINE ISOLEE OU ENSEMBLE DES ETABLISSEMENTS D'UNE FILIALE NATIONALE? Dans la première partie nous avons proposé de mesurer les effets indirects sur l'emploi des EMN dans une économie d'accueil soit au niveau d'une grande unité productive isolée, soit au niveau de l'ensemble des établissements d'une filiale nationale. Les huit études de cas, ont, en fait, toutes portées sur des unités étudiées isolément. Ceci s'explique et se justifie en partie car six d'entre elles étaient des établissements uniques d'une filiale nationale. 136 Mais quand une firme multinationale dispose de plusieurs établissements dans l'économie d'accueil, l'intensité des effets indirects sur l'emploi, en termes relatifs de coefficients multiplicateurs, varie selon: qu'on les estime au niveau d'une seule unité, les achats éventuels à d'autres unités du groupe dans le pays étant considérés comme donnant naissance à des effets indirects sur l'emploi; qu'on les estime au niveau de l'ensemble des unités du groupe dans le pays, les achats effectués entre ces unités dans le pays s'annulant, ainsi que les effets indirects correspondants. Les coefficients multiplicateurs de l'emploi indirect peuvent se révéler alors inférieurs à ceux mesurés pour chaque unité (mais les achats locaux des autres usines s'ajoutent alors à l'estimation). Dans certaines études de cas ces achats effectués auprès d'autres unités du groupe dans le pays d'accueil étaient importants, et intervenaient dans l'emploi indirect estimé, comme le montre le tableau 37 ci-dessous. Tableau 37: Emplois induits chez les fournisseurs nationaux de biens appartenant au groupe Unité Mepsa Fasa-Valladolid IBM-Montpellier Total dont chez une autre unité du groupe 980 410 Refractarios Peruanos 518* usine Fasa de Séville 15 518 900* > 700 * Pirahy 339* * estimation approximative 226* usines IBM de Bordeaux et Corbeil Aracruz Cellulose On peut aussi estimer que les emplois induits par l'activité d'une firme multinationale dans une économie d'accueil sont qualitativement différents selon qu'il s'agit d'emplois dans d'autres unités dépendant du même groupe multinational - ou d'autre groupes étrangers -, ou d'emplois au sein d'entreprises nationales, non contrôlées par des groupes étrangers. En outre, il semble qu'il soit fréquemment plus facile d'évaluer les effets indirects sur l'emploi au niveau de l'ensemble des usines d'une filiale nationale, qu'à celui de chaque usine. En effet, les achats de biens et services sont souvent centralisés, au moins en partie, au niveau de la filiale. Les difficultés rencontrées lors des enquêtes Fasa-Valladolid, Pirahy, IBMMontpellier en témoignent. Les huit études de cas réalisées permettent donc de préciser le niveau auquel devraient être estimés les effets indirects sur l'emploi, dans les futures études. L'estimation peut être effectuée au niveau d'une seule unité locale si cet établissement constitue la seule grande usine du groupe dans le pays (cas de Goodyear au Pérou), ou s'il existe une indépendance économique entre les différentes usines du groupe dans le pays (absence d'achats entre unités, 137 comme pour les deux usines de Nec en Thaïlande). En outre, l'estimation devrait être réalisée au niveau de l'ensemble des usines dans l'économie d'accueil dans tous les cas où des relations économiques fortes existent entre ces établissements (cessions de biens et services). Ceci s'applique aux établissements qui appartiennent à la même filiale nationale, au niveau de laquelle l'enquête devrait se faire (cas des quatre usines d'IBM en France, ou des trois usines de Fasa Renault en Espagne); et à ceux qui appartiennent à des filiales nationales différentes, au niveau desquelles l'enquête devrait se faire simultanément (cas des trois filiales de BAT au Pérou: Ind. Pirahy, Aracruz Cellulose et Aracruz Florestal, ou des deux filiales de Marmon au Pérou: Mepsa et Refractarios Peruanos). On évaluerait ainsi un effet indirect net de premier rang sur l'emploi de l'ensemble des principales usines du groupe dans l'économie d'accueil. 5. LA NATURE DE L'EFFET INDIRECT SUR L'EMPLOI: EFFET D'ENTRAINEMENT OU EFFET D'INDUSTRIALISATION? A la lumière des études de cas, il apparaît que dans les objectifs de cette étude sur les effets indirects verticaux sur l'emploi, comme dans la méthodologie d'estimation proposée, des questions cruciales n'ont pas été posées, à savoir: quel est le véritable effet de création d'emplois industriels dans l'économie locale? Quel est l'effet d'industrialisation locale de l'unité de la firme multinationale? L'enjeu de ces questions apparaît à travers les interrogations suivantes. Les emplois induits actuels, chez les fournisseurs, existeraient-ils aujourd'hui si l'unité de la firme multinationale n'avait jamais existé? Que deviendraient les emplois induits si l'unité de la firme multinationale fermait ses portes, ou arrêtait ses achats aux fournisseurs? Ceux-ci retrouveraient-ils des commandes? Ou au contraire leur existence même ne serait-elle pas remise en cause? Auquel cas ceci signifierait que l'impact des achats de l'EMN chez ces fournisseurs était bien supérieur aux seuls emplois induits estimés par notre méthode au prorata des ventes faites par le fournisseur à l'EMN. Poser ces questions revient à s'interroger sur la situation inverse, c'est-à-dire la situation d'une absence de la firme multinationale, pour mesurer l'influence réelle actuelle de sa présence. S'il apparaît que certaines entreprises fournisseurs de la firme multinationale n'existent aujourd'hui que grâce à l'activité de cette firme (soit parce qu'elles se sont créées grâce à elle, soit parce qu'elles disparaîtraient en son absence), pourquoi ne pas retenir leur effectif total dans l'estimation des effets indirects de l'EMN sur l'emploi, au lieu de limiter cette estimation à un volume d'emploi strictement proportionnel aux achats effectués par l'EMN chez ces fournisseurs? Il apparaît donc essentiel, dans les futures études, d'effectuer une analyse détaillée des fournisseurs locaux de la firme multinationale. Etude historique, rôle joué par la firme multinationale dans la création et la croissance de ces entreprises, et degré de dépendance actuel vis-à-vis de la firme multinationale. Cela devrait permettre de mettre en évidence l'existence ou non d'un véritable effet d'industrialisation, comme celui qu'a exercé IBM dans le sud de la France. Cet effet d'industrialisation est certainement aussi important à connaître, pour évaluer l'impact d'une firme multinationale, que l'effet d'entraînement qui est mesuré par la méthode proposée dans la première partie. 139 Annexe 1 Questionnaire auprès des unités locales de production des firmes multinationales Bureau International du Travail (Bureau des Entreprises Multinationales) Questionnaire auprès des unités locales de production des firmes multinationales'1' MULTINATIONALES ET EFFETS INDIRECTS SUR L'EMPLOI (DANS LE CAS DU BRESIL)1» Groupe multinational : Unité brésilienne : nom : adresse Le but de ce questionnaire est d'évaluer les effets que l'activité des FMN étrangères exerce sur l'emploi au Brésil. A côté des effets sur l'emploi direct, c'est-àdire au sein des unités dépendant des FMN, l'étude vise à mieux connaître les effets sur l'emploi indirect, c'est-à-dire au sein d'autres entreprises brésiliennes situées en amont (fournisseurs) et en aval (distributeurs). La première partie vise à comprendre la place qu'occupe l'unité brésilienne de la FMN au sein de son groupe, place qui détermine en grande partie l'importance des achats et des ventes que l'unité réalisera en dehors du groupe, et donc les effets indirects sur l'emploi. Questionnaire destiné à chaque unité locale de production des multinationales (Certaines informations pouvant être obtenues directement auprès des filiales nationales, voir page suivante) Ce questionnaire type, rédigé pour le cas du Brésil, peut être transposé à tout autre pays d'accueil des firmes multinationales (en corrigeant les mots Brésil, brésilien...! 140 La deuxième partie du questionnaire est la partie principale, consacrée à l'estimation des effets induits par l'activité de la FMN sur l'emploi dans d'autres entreprises. Dans le cas où l'étude concerne un groupe étranger possédant plusieurs grandes unités au Brésil, certaines réponses à la 1ère partie de ce questionnaire peuvent être fournies par la direction brésilienne du groupe (Cf questions 1, 3.1. 3.3 et 3.4 , mais il est souhaitable que la 2ème partie du questionnaire soit remplie séparément pour chaque unité importante. (A défaut, la direction brésilienne du groupe pourra fournir, pour cette 2ème partie, des données agrégées concernant l'ensemble des unités brésiliennes). Si votre temps est limité, nous vous demandons d'essayer de répondre prioritairement aux questions suivantes : - Question 4.2. (effectifs au sein de votre unité) - Question 5.3. (liste des principaux fournisseurs brésiliens et. si possible. évaluation des emplois induits) - Question 6.2. (liste des principaux sous-traitants brésiliens et si possible. évaluation des emplois induits) - Question 7.1. (liste des principaux prestataires brésiliens et, si possible, évaluation des emplois induits) 141 La deuxième partie du questionnaire est la partie principale, consacrée à l'estimation des effets induits par l'activité de la FMN sur l'emploi dans d'autres entreprises. Dans le cas où l'étude concerne un groupe étranger possédant plusieurs grandes unités au Brésil, certaines réponses à la 1ère partie de ce questionnaire peuvent être fournies par la direction brésilienne du groupe (Cf questions 1, 3.1. 3.3 et 3.4 , mais il est souhaitable que la 2ème partie du questionnaire soit remplie séparément pour chaque unité importante. (A défaut, la direction brésilienne du groupe pourra fournir, pour cette 2ème partie, des données agrégées concernant f ensemble des unités brésiliennes). Si votre temps est limité, nous vous demandons d'essayer de répondre prioritairement aux questions suivantes : - Question 4.2. (effectifs au sein de votre unité) - Question 5.3. (liste des principaux fournisseurs brésiliens et. si possible. évaluation des emplois induits) - Question 6.2. (liste des principaux sous-traitants brésiliens et. si possible. évaluation des emplois induits) - Question 7.1. (liste des principaux prestataires brésiliens et, si possible, évaluation des emplois induits) 142 1ère Partie LA PLACE DE L'UNITE DANS SON GROUPE D'APPARTENANCE Question 1 - Historique de l'implantation du groupe au Brésil 1.1. Description. Depuis quelle année votre groupe est-il implanté industriellement au Brésil ? -, Quelles sont aujourd'hui les principales unités de votre groupe au Brésil ? (mentionnez leur activité, leur adresse, leur date de création) 1.2. Causes. Pouvez-vous préciser les raisons du choix de l'implantation de votre groupe au Brésil ? (en détaillant éventuellement selon les activités et les unités). Question 2 - Historique de l'unité 2.1. Localisation. Pouvez-vous préciser les raisons qui ont amené le groupe à implanter cette unité dans cette localité (et région) du Brésil ? 2.2. Evolution. Depuis sa création, quelles ont été les restructurations internes principales qu'a connues votre unité ? (mentionnez les conséquences sur l'emploi) 143 Question 3 - L'unité dans son groupe 3.1. L'unité dans l'organisation productive du groupe . Quelle est la place de votre établissement dans l'organisation productive du groupe ? Est-il inséré dans une division des tâches ? Si oui. précisez les principales unités (nationales ou internationales) qui interviennent dans cette division ainsi que leurs productions. 3.2. Les achats et les ventes de l'unité au sein du groupe (réalisées avec des entreprises, brésiliennes ou étrangères, contrôlées financièrement par le groupe auquel appartient votre unité) 3.2. l.Pouvez-vous indiquer queile est la valeur des achats totaux de biens et services de votre unité, pour un année récente, et comment ils se répartissent entre achats internes et externes du groupe, et entre achats au Brésil et à l'étranger ? Origine des achats (en % de (3) ou en valeur) au sein du groupe hors groupe Total au Brésil à l'étranger au Brésil à l'étranger (1) Total (2) Valeur des achats totaux (monnaie locale ou dollars) (3) Pour ce qui concerne les achats réalisés au sein du groupe (total (1) du tableau), pouvez-vous indiquer la nature et la provenance géographique des principaux produits achetés ? 144 3.2.2. Pouvez-vous indiquer quelle est la valeur des ventes totales de votre unité, pour une année récente, et comment elles se répartissent entre ventes internes ou externe au groupe, et entre ventes sur le marché brésilien et à l'étranger ? Destination des ventes (en% de (3) ou en valeur) hors groupe au sein du groupe à l'étranger Total à l'étranger au Brésil au Brésil (1) Total (2) Valeur des ventes totales (monnaie locale ou dollars) (3) Pour ce qui concerne les ventes réalisées au sein du groupe (total (1) du tableau), pouvez-vous indiquer la nature et la destination géographique des principaux produits vendus? 3.3. L'unité dans l'organisation divisionnelle du groupe . Quelles sont la (ou les ) division)s) dont dépendent la (ou les) activités de votre unité ? (division-produit ou division géographique) 3.4. L'unité dans l'organigramme financier du groupe . Quelle est la place de votre établissement dans l'organisation juridique et financière des différentes sociétés de votre groupe au Brésil et dans le monde? (Joindre éventuellement un organigramme des sociétés brésiliennes et étrangères et de leurs liaisons financières) 145 3.5. L'unité dans l'organigramme interne du groupe : les fonctions remplies . Quelles sont les fonctions d'entreprise qui sont remplies au sein de votre unité ? (pour ce qui se rattache à. son activité de production, et par rapport aux fonctions que remplierait une entreprise autonome qui maîtriserait l'ensemble des fonctions, de la conception à la commercialisation finale) : - choix des activités et des investissements oui E non D - fabrication oui D non D - organisation de la production oui 0 non D - achats et approvisionnements oui 0 non D - oui 0 non Q - choix des prestataires de service oui Q non 0 - commercialisation oui • non • - comptabilité oui D non • - gestion financière oui D non • - gestion du personnel oui D non p - recherche et développement oui D non g sous-traitance * quand la fonction n'est pas remplie dans votre unité, vous pouvez indiquer, en 3ème colonne, à quel niveau elle l'est au sein du groupe (entreprise dont dépend directement votre unité, "filiale nationale" du groupe dans le pays, filiale supranationale du groupe, siège social du groupe... ) 146 2ème Partie L'UNITE DANS SON ECONOMIE OU (ET) DANS SA REGION D'ACCUEIL Question 4 - L'emploi direct au sein de l'unité 4.1. Quelles sont les principales productions de votre unité ? (avec mention de leur importance) 4.2. Quel est l'effectif permanent au sein de votre établissement, par niveau de qualification : - ingénieurs et cadres (personnel de direction) : - techniciens et agents de maîtrise : - employés (personnel de bureau) : - ouvriers qualifiés : _ - ouvriers non qualifiés : TOTAL: 4.3. Au sein de cet effectif total, quelle est la proportion de personnel féminin: ? % 4.4. Existe-t-il des emplois saisonniers.au sein de votre unité ? oui • non • Si oui. pour quel effectif ? et quelle période ? 4.5. Comment ont évolué l'activité et l'emploi dans votre unité pendant les cinq dernières années ? années production (1) effectif total ( 1 ) en volume ou en dollars précisez Quelles ont été les causes de ces évolutions '?. 147 Question 5 - L'emploi indirect lié aux achats de marchandises**' 5.1. Quelle est approximativement l'origine géographique de vos achats totaux de marchandises hors sous-traitance (?) répartition par zone en % : (dont région d'implantation) Brésil % ( pays d'origine du groupe %) autre pays % % 5.2. Pouvez-vous répartir l'ensemble de vos achats au Brésil par grande catégorie de biens : par exemple Nature des biens achetésC) Montant des achats - énergie - matières premières - demi produits (pièces composants...) - biens d'équipement - autres produits finis (° la classification pourra être adaptée à chaque cas.» 5.3 En ce qui concerne seulement vos achats (hors sous-traitance) effectués au Brésil, pouvez-vous nous indiquer la liste de vos principaux fournisseurs au Brésil avec leur nom. leur localisation, la nature, la quantité et la valeur des produits fournis (pour une année). Pouvez-vous aussi estimer les emplois qui sont induits par vos achats au sein de chacun de ces fournisseurs, en équivalents-emplois*1' Fournisseurs Brésiliens Nom0 (1) localisation (2) Produits fournis au groupe nature (3) quantité • (4) VàleurCo) (5) emplois induits chez chaque Fournisseur • (6) o et groupe d'appartenance éventuel (et pays d'origine) (NBrRemplir en priorité les colonnes (H. (3), et (4). (J en dollars) ' *' pour une année récente (préciser l'année) ' Il s'agit des emplois indirects "de premier rang" c'est-à-dire que l'on ne remonte pas aux achats que t'ont eux-mêmes les fournisseurs des FMN à d'autres entreprises, (mais ces effets indirects "de second rang" ou "de troisième rang" peuvent être signaJés chaque fois qu'ils sont importants et connus, par exemple dans le cas de l'industrie papetière et des effets de "second rang" sur ia sylviculture...) 148 5.4. Afin de compléter - ou de remplacer - les estimations par fournisseur que nous vous avons demandées à la question précédente, pouvez-vous fournir une évaluation globale des emplois induits auprès de l'ensemble de vos fournisseurs Brésiliens de marchandises ? 5.5 Pouvez-vous indiquer la pan de ces emplois induits qui est située dans votre région d'implantation ? (précisez la région). 5.6 Pouvez-vous répartir ces emplois induits au Brésil selon la nature des produits achetés, par exemple en emplois induits chez les fournisseurs d'énergie, de matières premières.... ? (classification adaptée à chaque cas. cf. question 5.2) 5.7 Détaillez, iyentuellement, le cas d'un fournisseur Brésilien chez qui vos achats" génèrent des emplois imponants, en décrivant l'importance (effectifs), la nature (niveaux de qualification), la stabilité de ces emplois induits 5.8. Comment ont évolué vos achats totaux (hors sous-traitance) au Brésil pendant les cinq dernières années ? années achats totaux au Brésil (en S) emplois induits correspondants Quelles ont été les causes de ces évolutions ? 149 Question 6 - L'emploi indirect lié à la sous-traitance^ Réalisez-vous des opérations de sous-traitance au Brésil ? oui • non g Si non passez à la question 7 6.1. Quels sont les principaux produits que vous sous-traitez au Brésil ? 6.2. Pouvez-vous décrire vos principaux sous-traitants Brésiliens ? Nom0 localisation produit sous-traité volume de la soustraitance confiée (en heures de travail ou emplois) o et groupe d'appartenance éventuel (et pays d'origine) ( éventuellement regroupez ces sous-traitants par catégories de produits) 6.3. Pouvez-vous fournir une évaluation du volume total de la sous-traitance que vous confiez, pour une année, à des entreprises Brésiliennes ? en dollars ou en heures de travail ou en emplois correspondants 6.4 Quel % de cette sous-traitance au Brésil est-il réalité dans votre région d'implantation ? % 6.5. Quels sont les critères qui déterminent le choix de vos sous-traitants ? (,) pour une année récente (preciser l'année) 150 6.6. Votre sous-traitance au Brésil s'accompagne-t-elle : oul -de transfert de technologie? D - d'actions de formation du personnel des sous-traitants ? oui g n o n non 6.7. Votre unité fait-elle réaliser des travaux (finition.façonnage...) par des travailleurs indépendants ou des personnes travaillant à leur domicile ? oui 0 non 0 Si oui. et si vous ne l'avez pas déjà inclus dans l'évaluation de la question 6.3., évaluez les emplois correspondants (en nombre d'heures ou en emplois) 6.8 Comment a évolué le volume total de votre sous-traitance au Brésil pendant les cinq dernières années ? (en heures de travail ou emplois induits, préciser) années sous-traitance Quelles ont été les causes de ces évolutions ? Question 7 : L'emploi indirect lié aux achats de services^ 7.1. Pouvez-vous indiquer à quel type de prestataires de services brésiliens votre unité fait appel (qu'ils soient nationaux ou filiales de FMN) en notant alors là valeur des achats et une évaluation des emplois correspondants (induits par vos achats chez ces prestataires) : , _ . . r oui non valeurs Emplois des achats correspondants - travail intérimaire • Q - entretien et réparation D D - nettoyage Q D - gardiennage • D - transport de matières et de produits semis-finis • g - transports de produits finis D D - formation g g - banques g g - assurances g g - conseil (juridique, financier, technique) g g , - ingénierie g g - traitement informatiqueg g - gestion comptable g g - hôtellerie, restauration g g - publicité Q g total (*) pour une année récente (préciser l'année) 0 g 151 7.2. Si la nature de votre activité vous amène à faire appel de façon importante à certains prestataires de services locaux (Cf transporteurs de matières agricoles ou minières...), veuillez détailler ces achats (nombre et taille des entreprises concernées, stabilité ou saisonnalité des achats, localisation géographique...) et leurs conséquences sur l'emploi : Question 8 - L'emploi indirect lié à la distribution^ 8.1. Quels sont vos principaux clients et leur localisation géographique ? 8.2. Comment s'effectue la distribution de vos produits au Brésil ? 8.3. Pouvez-vous évaluer le nombre de points de vente de vos produits au Brésil, et le nombre des emplois induits par vos ventes dans ce réseau commercial (y compris dans le cas des distributeurs franchisés) ? 8.4. Pouvez-vous évaluer les emplois correspondants aux services aprèsvente, entretien et réparation de vos produits au Brésil (exemple des réparateurs d'automobiles ou d'électroménager) ? Question 9 - L'emploi indirect lié aux relations de partenariat**' 9.1. Menez-vous des actions de partenariat inter-entreprises au Brésil? oui Q non Q Si oui. précisez le type d'entreprises brésiliennes concernées et le type de partenariat (Cf à l'exportation, technologique, financier, accord de production....) '*' pour une année récente (préciser l'année) 152 9.2. Aidez-vous des salariés de votre unité à créer leur propre entreprise au n o n Brésil ? (Actiond'essaimage) ? oui a D Si oui. combien d'emplois ont été créés dans ces nouvelles entreprises ? Question 10 - Prévisions d'activité et d'emploi Pouvez-vous indiquer quelles seront à l'avenir les tendances d'évolution de votre activité et de l'emploi direct et indirect qui lui correspondent ? Notez des prévisions chiffrées (en valeurs absolues ou taux de variation), ou des tendances générales (en hausse, en baisse, stabilité...) année production effectif (emploi direct) achats totaux au Brésil (en dollars) emplois induits correspondants sous-traitance (en heures de travail ou emplois) Quels sont les facteurs qui expliquent ces prévisions ? 153 Annexe 2 Questionnaire auprès des fournisseurs et sous-traitants de la firme multinationale Bureau International du Travail (Bureau des Entreprises Multinationales) Multinationales et effets indirects sur l'emploi (dans le cas du Brésil) QUESTIONNAIRE AUPRES DES FOURNISSEURS ET SOUS-TRAITANTS DE LA FIRME MULTINATIONALE (unité de ) I - Description de votre entreprise - Nom . Adresse - Principales productions (ou prestations)**' Nature Quantité Effectifs totaux**' .•«i pour une année récente (précisez l'annéel Valeur (en dollars) dont 154 Ingénieurs et cadres Techniciens et agents de maîtrise „.... Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés. Effectifs féminins* - Entreprise indépendante ? Oui Non - Entreprise liée à un groupe Brésilien ou Etranger?^ Oui ' _ Non _ Z si oui: Nom du groupe Pays d'origine " -. Nature du lien (participation au capital, accord de licence, accord commercial. ...)• Précisez : II - Votre activité pour l'unité multinationale de la firme 1- Pouvez-vous décrire les produits ou (et) prestations que vous réalisez pour cène uniié<*> ? Nature Quantité Valeur (en dollars) 2- A quel pourcentage de votre activité totale ces produits et prestations pour l'unité correspondent-ils**' ? % 3- Pouvez-vous décrire l'évolution dans le temps de la nature et du volume de votre activité pour l'unité (depuis plusieurs années) <*' pour une année récente (précisez l'année). 155 - Cette évolution résulte-t-elle principalement des variationsd'acûvité de la firme multinationale ? Oui _ Non _ - S'est-elle traduite par des réductions brutales de commandes ? Oui ;_ Non _ - Vous a-t-elle amené à réaliser des investissements élevés ? Oui __ Non _ - Commentez 4- Pouvez-vous estimer, pour une année récente, les emplois qui correspondent au sein de votre entreprise, à l'activité réalisée pour l'unité ? (en heures de travail totales ou en équivalents-emplois) 5- Comment ont évolué dans le temps ces emplois induits par votre activité pour l'unité ? 6- Votre activité pour l'unité une modification dans les qualifications de vos salariés ? Oui a-t-elle entraîné Non Si oui dans quel sens ? des 7- Existe-t-il entre votre entreprise et l'unité contrats ou accords de : Oui Oui Non - Sous-traitance Formation des salariés - Transfert de technologie Détachement de cadres techniques - Recherchedéveloppement Contrôle de qualité - Commercialisation - Fourniture d'équipement Contrôle des coûts Non 156 Commentez : III - Votre activité pour d'autres unités de la firme multinationale groupe - Etes-vous aussi fournisseur d'autres unités nationales ou étrangères du ? Oui ' Non - Si oui, quelle est la nature des produits ou prestations fournis ? - Si oui. cela résulte-t-il de votre qualité de fournisseur de l'unité de ? Oui Z Non Z ou d'une autre cause ? (commentez) - Si oui. pouvez-vous préciser l'importance des produits ou (et) prestations fournis à ces autres unités : - en volume ou (et) % de votre activité totale ? - en emplois correspondants ? 157 Annexe 3 Questionnaire auprès de la filiale nationale de la firme multinationale Bureau International du Travail (Bureau des Entreprises Multinationales) MULTINATIONALES ET EFFETS INDIRECTS SLR L'EMPLOI (DANS LE CAS DU BRESIL^1» QUESTIONNAIRE AUPRES DE LA FILIALE NATIONALE^ Groupe multinational : Filiale: Nom : Adresse : Le but de ce questionnaire est d'évaluer les effets que l'activité des FMN étrangères exerce sur l'emploi au Brésil. A côté des effets sur l'emploi direct, c'est-àdire au sein des unités dépendant des FMN. l'étude vise à mieux connaître les effets sur l'emploi indirect c'est-à-dire au sein d'autres entreprises brésiliennes situées en amont (fournisseurs) et en aval (distributeurs). Dans ce questionnaire nous vous demandons de décrire l'ensemble des activités contrôlées par votre entreprise au Brésil, soit directement, soit indirectement par le biais d'autres entreprises que vous contrôlez. Nous vous demandons de nous fournir des données consolidées, en éliminant les doubles emplois (cessions, transferts, achats et ventes entre les unités et les entreprises que vous contrôlez). La première partie vise à connaître l'organisation de votre groupe au Brésil, et la place qu'y occupe votre entreprise. La deuxième partie du questionnaire est la partie principale consacrée à l'estimation des effets induits par l'activité de votre groupe sur l'emploi dans d'autres entreprises brésiliennes. ( 1 ) Ce questionnaire type rédigé pour le cas du Brésil, peut être transposé à tout autre pays d'accueil des multinationales (en corrigeant les mots Brésil et brésilien,... (2) Questionnaire destiné à une filiale de la FMN dans le pays ou à la "filiale nationale" qui contrôle l'ensemble des activités de la FMN dans le pays 158 1ère PARTIE ORGANISATION ET ACTIVITE DU GROUPE AU BRESIL Question 1 - Historique de l'implantation du groupe au Brésil 1.1. Description. Depuis quelle année votre groupe est-il implanté industriellement au Brésil ? Quelles sont aujourd'hui les principales unités de votre groupe au Brésil ? (mentionnez leur activité, leur adresse, leur date de création) 1.2. Causes. Pouvez-vous préciser les raisons du choix de l'implantation de votre groupe au Brésil ? (en-détaillant éventuellement selon les activités et les unités) Question 2 - Les entreprises contrôlées par le groupe au Brésil 2.1. Pouvez-vous fournir la liste des sociétés contrôlées directement ou indirectement par votre groupe au Brésil avec leur description ? Nom adresse effectif activité détaillée principaux actionnaires 159 2.2. Pouvez-vous décrire les modalités selon lesquelles ces entreprises brésiliennes sont rattachées au reste du groupe (dans son pays d'origine et à l'étranger) ? - Comment ces entreprises brésiliennes sont-elles contrôlées financièrement par le groupe (% de participation au capital, modes de rattachement direct auprès de la société mère, auprès de sociétés du groupe dans le pays d'origine, auprès de filiales du groupe à un niveau géographique intermédiaire...) (Transmettre si possible l'organigramme financier de votre groupe au Brésil) - Comment les entreprises brésiliennes se rattachent-elles aux "divisions" du groupe ? (divisions géographiques, divisions mondiales par produits....) 2.3. Les entreprises brésiliennes contrôlent-elles des filiales à l'étranger ? Oui Non Si oui décrivez-les (localisation, taille, activité....) Question 3 - Les principales unités de votre groupe au Brésil 3.1. Pouvez-vous fournir la liste des principales unités de votre groupe au Brésil, avec leur description ? (y compris les centres de recherche) Nom localisation effectif production capacité nature précise 160 3.2. Pouvez-vous indiquez comment ces unités s'insèrent dans l'organisation productive du groupe ? Ces unités réalisent-elles la totalité du processus de production (production intégrée) ? Ou s'insèrent-elles dans une division des tâches ? Dans ce second cas indiquez les principales unités brésiliennes ou étrangères qui interviennent en amont (comme fournisseurs) ou en aval (comme acheteurs) des productions de ces unités ? Question 4 - Les achats et les ventes de votre groupe au Brésil 4.1 Pouvez-vous indiquer quelle est la valeur des achats totaux (consolidés) de votre groupe, pour une année récente ? Comment se répartissent ils entre achats au Brésil et à l'étranger ? Origine des achats (en % de (3) ou en valeur) au sein du groupe hors groupe au Brésil à l'étranger Total (1) au Brésil à l'étranger Total (2) Valeur des achats totaux (consolidés) (monnaie locale ou dollars) (3) (3) est la valeur des achats de l'ensemble des entreprises brésiliennes de votre groupe, doubles emplois exclus. 4.2. Pouvez-vous indiquer quelle est la valeur des ventes totales (consolidées) de votre groupe pour une année récente ? Comment se répartissent-elles entre ventes au Brésil et à l'étranser ? Destination des ventes (en % de (3) ou en valeur) au sein du groupe hors groupe au Brésil à l'étranger Total (1) au Brésil à l'étranger Total (2) Valeur des ventes totales (consolidées) (monnaie locale ou dollars) (3) (3) est la valeur des ventes de l'ensemble des entreprises brésiliennes de votre groupe, à l'exclusion des ventes entre entreprises brésiliennes du groupe.