Habilitation à diriger des recherches en Géographie Section 23 du
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Habilitation à diriger des recherches en Géographie Section 23 du
Habilitation à diriger des recherches en Géographie Section 23 du CNU Etat des lieux Pour clore sa quatrième et dernière année de fonctionnement, l’actuelle section 23 du CNU a décidé de proposer une synthèse de ses réflexions sur la question de l’HDR de géographie. Même s’il ressort de nos débats que la préparation de l’HDR est souvent pour les enseignants-chercheurs un moment déterminant (et stimulant) sur le plan intellectuel dans l’évolution de la carrière, l’expérience acquise nous permet un dresser un état des lieux qui pointe des éléments préoccupants. Ainsi, chacun s’accorde à penser que la mise à disposition d’années de délégation auprès d’organismes de recherche, ou de congés pour conversion thématique serait, pour une majorité de collègues, la solution la plus adéquate pour préparer dans de bonnes conditions une HDR. Cette solution est hélas, dans le contexte actuel, parfaitement irréaliste. Les constats exposés ci-dessous, qui ne doivent pas faire oublier tout l’intérêt de l’exercice de l’HDR, présentent des faits qui impliquent des difficultés dans sa réalisation, des détournements, des inégalités et les conséquences importantes pour la discipline. C’est pourquoi la section 23 du CNU propose, après cet état des lieux, une évolution dans les attendus d’une HDR en vue d’une qualification à la fonction de professeur en géographie. - 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Le nombre trop faible d’HDR soutenues dans la discipline met en péril certaines universités ou certaines thématiques, même si la tendance ne se vérifie plus pour l’année 2011 Dossiers reçus en section 23 HDR soutenues dans l'année 43 53 45 42 37 40 36 34 41 Non renseigné Non renseigné Non renseigné Non renseigné 27 20 19 23 25 Dossiers qualifiés par la section 23 18 20 25 24 24 23 24 23 33 Nombre de femmes qualifiées 4 7 8 9 5 4 10 5 6 Nombre de postes PR mis au concours 24 29 34 35 24 29 19 o Ce constat statistique entraîne une pénurie de professeurs dans certaines universités qui peuvent apparaître moins attractives. o Une conséquence directe peut être la perte de postes de géographie non pourvus plusieurs années de suite. o Le risque de dérive « localiste » existe alors : faute de candidats sur le plan national dans certains courants disciplinaires, la solution la plus fréquente pour pérenniser les héritages thématiques des équipes de recherche est de « former sur place » les professeurs ou de « pousser à la soutenance » uniquement lorsqu’une opportunité de poste se présente. o La pénurie induit également le recrutement, sur des supports de professeur de géographie, de candidats issus et qualifiés dans des disciplines voisines. Certains collègues soulignent que cette ouverture disciplinaire ne se traduit pas forcément par une imprégnation de la discipline, car ils observent, au contraire, que les néo-recrutés tirent la géographie vers leur discipline… o Enfin, le faible vivier de MCF HDR interdit le plus souvent de saisir les opportunités de transformation de postes de MCF en PR dans les universités, qui existent et seront vraisemblablement de plus en plus courantes en local faute de créations de postes sur le plan national. - Une grande disparité dans les conditions de préparation de l’HDR, qui varient selon les lieux d’exercice, les thématiques, l’investissement dans d’autres fonctions, le genre. o L’accompagnement des laboratoires apparaît décisif sur le taux de soutenances d’HDR. Il se combine avec une « incitation au quotidien » ou avec l’effet d’exemple des collègues qui ont soutenu. o La rédaction d’une HDR est particulièrement difficile dans certains établissements : postes en IUFM ou IUT, absence de Master recherche par exemple, ou refus local d’accepter des inscriptions en HDR hors de l’établissement, y compris quand les thématiques de recherche du candidat sont absentes. o Une situation d’isolement rend difficile pour un candidat l’évaluation de la qualité de son projet ou sa faisabilité ; en quelque sorte, de répondre à la question « est-on prêt ? » - Un exercice compliqué à finaliser compte tenu des charges multiples des MCF Au vu des nombreux témoignages recueillis, la rédaction d’une HDR suppose : o De disposer d’un congé (CRCT ou délégation CNRS/IRD), dont on sait qu’ils sont en nombre limité ; o De faire le deuil pendant une longue période d’une vie personnelle ou familiale (les HDR sont rédigées le soir, sur les congés ou sur le temps des vacances…). La discrimination par le genre apparaît alors préoccupante (même si elle n’est pas nouvelle), au vu des statistiques présentées ci-dessus. o La rédaction peut pousser à adopter des stratégies d’évitement des responsabilités collectives pour la réaliser dans de meilleures conditions. o Un directeur de laboratoire ou de département peut considérer « improductif » pour le fonctionnement collectif, du moins à court terme, ce temps de rédaction. - Une relative faible attractivité de la fonction de professeur au regard de l’effort à produire pour l’HDR : o Le statut de professeur implique presque systématiquement l’acceptation de fonctions et de responsabilités collectives chronophages, qui se multiplient, tant en local qu’au national. Le temps consacré à la recherche se réduit d’autant. o Passé une certaine ancienneté au poste de MCF, le bénéfice financier d’un changement de corps n’est pas très attractif. o Les MCF, officiellement ou officieusement, tendent de plus en plus à coencadrer des thèses. Les situations sont cependant très variables selon les contextes locaux. o L’absence de perspectives de postes locaux de professeur, notamment dans des établissements « isolés », n’incite pas à la soutenance les MCF parvenus à une situation familiale stable qui limite ou complique leur mobilité professionnelle. - Des exigences intégrées par les candidats, les garants d’HDR, les jurys ou les CS des universités, qui varient par rapport aux efforts de formalisation souhaités depuis plusieurs mandats par la section 23 du CNU o Le modèle précédent (une HDR en trois volumes, dont un « inédit ») et les exigences perçues produisent des logiques malthusiennes : de multiples témoignages confirment que « la marche » apparaît haute, exigeante, voire même effrayante. o Les candidats eux-mêmes intègrent des exigences supérieures à celles souhaitées par le CNU. Bien que la section 23 martèle qu’il n’est nul besoin de « refaire du terrain », ou de « collecter et de traiter un nouveau corpus », nombre de candidats, même bien informés, s’attachent cependant à fournir pour leur HDR des « preuves inédites »… autant d’exigences difficiles à concilier au quotidien avec le métier d’enseignant-chercheur. o De même, certains garants d’HDR demeurent attachés aux formats anciens de l’HDR, tel un volume original d’au moins 250 pages : il est décisif que les nouveaux attendus de la section du CNU circulent au sein de la discipline. o Au sein des CS, notamment dans les universités de SHS, les formats d’HDR différent souvent entre les disciplines (par exemple, le modèle de l’HDR en histoire privilégie explicitement la recherche individuelle). La clarification des exigences formulées par la section 23 est donc une aide pour argumenter dans les CS des établissements. C’est d’autant plus important que la géographie, comme d’autres disciplines, peut apparaître au carrefour de plusieurs modèles d’HDR (celle « sur travaux » fréquente en Sciences, celles de plusieurs centaines de pages (voire un millier) dans certaines disciplines littéraires). Ces attendus sont d’ailleurs rarement explicités par les autres disciplines. On constate que très peu de sections du CNU publient des recommandations sur les HDR, sur le site de la CP CNU par exemple, qui elle-même ne propose aucun format normatif. - Une HDR trop uniquement tournée vers le volet recherche (« publications ») et parfois déconnectée des autres facettes du métier o Ainsi, la dimension managériale, essentielle à la fonction de « direction (de recherche) » est peu mise en évidence dans les dossiers. o Le format actuel de l’HDR rend difficile d’intégrer l’investissement pédagogique, en dehors du CV détaillé, en particulier pour les candidats qui y consacrent l’essentiel de leur temps : carrières en IUFM, portage de formation, notamment de formations professionnelles, rédaction de maquettes, cours en lignes… o Dans le format actuel de l’HDR il est difficile d’intégrer l’investissement dans la recherche appliquée, notamment les relations avec les partenaires extrauniversitaires (contrats, expertises, stages pour les étudiants, partenariats internationaux, fonctions de représentation des instances universitaires…). - Des logiques contradictoires et frustrantes : o En poussant les logiques évoquées ci-dessus, le fonctionnent actuel engendre un phénomène peu acceptable : des collègues moins investis dans le collectif, et qui publient beaucoup, soutiennent plus rapidement des HDR que ceux qui se « sacrifient » pour le collectif. La section 23 constate cependant, fort heureusement, que tel n’est pas le cas, ou du moins que les soutenances de collègues très peu investis dans le collectif ne sont pas majoritaires : beaucoup de dossiers soumis à la section le sont par des collègues à la fois engagés dans toutes les facettes du métier, et actifs dans leur champ scientifique. o Pour rédiger une HDR, il apparaît parfois arbitraire de chercher à trouver un fil conducteur supposé cohérent à la carrière, alors qu’elle est faite de hasards et d’opportunités. Un MCF est rarement totalement maître de sa carrière et de son orientation scientifique, et la capacité à s’investir en dehors de son strict champ de recherche, notamment pour des besoins collectifs, ne devrait pas s’avérer pénalisante. Habilitation à diriger des recherches en Géographie Section 23 du CNU Nouvelles recommandations Pour les collègues qui ne sont pas encore engagés dans la rédaction d’une HDR, la section 23 du CNU recommande désormais la formule d’un dossier en deux volumes : - Un volume de « position et projet scientifique » - Un volume d’annexes présentant le parcours (curriculum vitae détaillé) et la production scientifique et académique (recueils de publications et travaux) NB : Pour les collègues déjà engagés, l’ancienne formule en trois volumes demeure parfaitement recevable. La section 23 ne souhaite pas s’orienter vers des HDR du type « bibliométrique », où le CNU devient une sorte de chambre d’enregistrement à partir de critères « scientifiques » : nombre de publications et facteurs d’impact par exemple. - Volume 1 - Position et projet scientifique. Le volume Position et projet scientifique, pièce maîtresse de l’HDR, doit être considéré comme un positionnement et un projet de recherche et/ou une réflexion distanciée sur la pratique. En d’autres termes, il s’agit d’une mise en perspective de travaux de recherche et d’une production scientifique pour montrer l'apport à une ou des disciplines dans un contexte national et international. Il n’y a pas de taille imposée pour ce volume inédit, étant entendu que la dimension de proposition théorique, conceptuelle et réflexive doit primer et commander le volume de la synthèse. Cependant, soucieuse de proposer un cadre aux collègues, la section 23 du CNU considère que ce volume peut tenir dans une fourchette de 80 à 150 pages (ou de 250 000 à 500 000 signes). Sans imposer de plan normatif, le volume Position et projet scientifique pourra aborder les points suivants : - objets de recherche (contextualisation sociétale) ; - problématisation et inflexions ; - méthodologies, innovations ; - résultats majeurs et apports à la géographie et aux autres disciplines - perspectives. Pour les candidats à l’habilitation dont le nombre et la qualité des publications particulièrement importants témoignent déjà d’une reconnaissance nationale ou internationale dans un domaine scientifique identifié, le volume Position et projet scientifique peut être mis en perspective dans un format relativement bref, sous la forme d’une synthèse de haut niveau scientifique, mais sans reprise factuelle de travaux antérieurs ou inédits. Il faut dans tous les cas impérativement éviter de rédiger une « thèse bis » ou une « thèse d’Etat ». Pour les candidats qui souhaitent au contraire présenter une nouvelle orientation de recherche, notamment parce que l’HDR est l’occasion d’une bifurcation, ou parce que trouver un lien scientifique cohérent dans la carrière apparaîtrait trop factice, ce volume Position et projet scientifique peut être plus développé et correspondre davantage à la formule antérieure du volume « inédit » ou « original ». Pour des candidats qui souhaitent avant tout valoriser une pratique pédagogique ou professionnelle dans un champ scientifique, ce premier volume ne doit pas être assimilé à la production d’un « manuel » ou d’un « rapport », mais doit être une proposition réflexive (théorisation des pratiques dans un contexte scientifique et sociétal), alimentée par la production contenue dans l’annexe - Production scientifique et académique. Dans ce cas, l’exposé du parcours peut se limiter à une présentation purement factuelle du CV. Volume 2 : annexes - Parcours - Curriculum vitae détaillé Le CV détaillé, en dehors des informations factuelles qu’il apporte, doit être avant tout considéré comme une contextualisation de l’itinéraire personnel, permettant notamment d’éclairer les choix opérés pour l’HDR. Le CV ne doit pas obligatoirement prendre la forme d’une « égo-géographie », dont la rédaction, par pudeur, rebute certains, ou que d’autres à l’inverse développent avec trop de complaisance. Il peut se résumer à l’exercice plus formel d’un CV étendu, notamment si le volume Position et projet scientifique précise les évolutions, les bifurcations, les choix opérés. Afin de préciser les éléments possibles à mentionner dans le CV, le candidat peut se reporter à la liste suivante. Précision importante : il ne s’agit en aucun cas d’une somme de tâches toutes exigées par la section en vue d’une qualification, mais d’une liste exhaustive permettant au candidat de n’omettre aucun de ses investissements. Les activités d’organisation de la recherche : encadrement d’étudiants et directions (nombre, sujets d'études, état d'avancement), organisation de colloques, responsabilité de contrats ou de programmes de recherche. Les activités d’enseignement : en précisant de façon claire et détaillée, pour les trois dernières années au moins, les modules d'intervention, le volume horaire de cours et de TD, les cycles, le nombre d'étudiants, le contenu du cours. Les responsabilités administratives et fonctions électives, en mentionnant le nombre de jours/an consacrés aux diverses responsabilités. Les opérations de valorisation de la recherche, comprenant en priorité les colloques mais aussi les activités de vulgarisation (presse, radio, télévision). L’implication dans les formations professionnelles et/ou continues, notamment les Licence et Master professionnels : coordination pédagogique, suivi de stages, aide à la recherche d’emploi, liens avec les milieux professionnels, conventions et partenariats. Les relations avec la société civile au sens large (milieux économiques, sociaux, culturels, associatifs, politico-administratifs…) : expertises, contrats, prestations de service, fonctions de représentation de l’Université dans des organismes extérieurs. Les relations et collaborations internationales : en indiquant avec quels organismes, quels chercheurs, dans quel champ de recherche, suivant quels modes de coopération et d'échanges d'informations. En précisant l'état de la collaboration : en projet, en cours, terminée. - Production scientifique et académique Cette annexe, organisée de façon cohérente, donne un cadre à la production scientifique et académique. Cette production peut prendre différentes formes : -Les publications restent un élément incontournable, même si le CNU ne souhaite pas tomber dans une stricte « bibliométrie ». Le contenu des publications est prioritairement pris en compte. Sans entrer dans les détails, outre des articles « pointus », apparaissent importantes quelques publications « de fond » qui permettent de positionner l’auteur dans le champ de la discipline. Néanmoins, pour envisager une qualification en section 23, il est décisif d’avoir produit au moins une dizaine de publications : articles dans des revues nationales et/ou internationales de géographie référencées par l’AERES (ou par des bases reconnues, telles que ISI, Scopus…), ouvrages individuels dans des collections à comité éditorial, chapitres dans des ouvrages collectifs à comité de lecture. En outre, le dossier peut être valorisé par des publications dans des revues d’autres disciplines, ou dans des supports de production et valorisation autres que des revues scientifiques référencées (site internet, atlas, films, logiciels, brevets...). Mais de telles productions, seules, ne sont pas suffisantes. - De la même façon, la participation régulière à des colloques nationaux et internationaux avec communication ou poster est une indication de l’engagement régulier dans la recherche. - La section 23 du CNU considère que d’autres productions peuvent figurer, par exemple des programmes collectifs pilotés, des rapports d’expertise, des productions d’ingénierie pédagogique, etc. La publication d’articles scientifiques dans des revues référencées reste bien entendu indispensable, mais le volume de ces articles peut être pondéré par ces autres productions qui témoignent d’un investissement différent. Il s’agira toutefois pour le candidat d’effectuer une sélection représentative illustrant une pratique, et non une accumulation de productions intellectuelles de statuts divers. Leur apport disciplinaire pour la recherche ou la pédagogie sera exposé et discuté, notamment dans le volume Position et projet scientifique. Fonctionnement de la section et conseils aux candidats Afin d’aider les Maîtres de conférence à se situer par rapport à la préparation d’une HDR, dans le cadre des avis rendus par la section sur les promotions et surtout de la future évaluation quadriennale des enseignants-chercheurs, la section 23 pourra donner un avis sur l’opportunité de se lancer dans un processus d’HDR. Elle l’a déjà fait en 2010 et en 2011 pour les dossiers de Maîtres de conférences présentés à la promotion : dans le cadre des avis retournés aux candidats et aux établissements, elle a ajouté pour certains candidats la mention « dossier pouvant être valorisé par une HDR ».