Projet pédagogique - Théâtre Montansier

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Projet pédagogique - Théâtre Montansier
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Projet pédagogique
La Comédie du Fol Espoir
"Demain ce sera mieux. Nous voulons y croire (...). Inscrivons notre démarche dans un avenir palpable à
force d'en rêver." Philippe Fenwick, Un théâtre qui
marche
Démarche de la Compagnie
La Comédie du Fol Espoir, compagnie théâtrale professionnelle, inscrit ses
spectacles au sein d'une démarche de théâtre populaire : elle les conçoit dans un
souci de convivialité, de divertissement, de réflexion dans une exigence artistique
forte. Ce qui permet de proposer des pièces de qualité à un public très large, que
ce soit au niveau géographique - grâce à la création des spectacles au sein d'une
structure nommée le « Théâtre de Poche », facilement transportable et adaptable
à tous lieux (salles des fêtes, places de villages, écoles, etc.) - qu'au niveau générationnel : la Compagnie ne réduisant pas la compréhension de ses pièces à une
tranche d'âge unique. En effet, nous concevons nos pièces avec plusieurs degrés
de lecture et nous adaptons le ton des spectacles en fonction du public rencontré
(familles, scolaires, extra-scolaires...) afin qu'enfants et adultes puissent se retrouver
autour d'un univers commun.
De par nos choix de pièces (des œuvres connues de tous, voire inscrites dans
l'inconscient collectif) et leur adaptation (inscription du texte dans les contextes
économiques, sociaux et culturels actuels, représentation des problématiques des
différentes classes sociales, catharsis des peurs du spectateur par l'humour, mise en
place de scènes participatives), nous intégrons le public au cœur même du spectacle afin qu'il s'y sente représenté.
Dans la continuité de cette démarche, nous pensons qu'il est primordial de
permettre aux enfants d'avoir accès à une éducation artistique, afin qu'ils puissent
développer leur esprit critique, élargir leurs goûts et leurs connaissances, se divertir
de manière intelligente. C'est pourquoi nous mettons en place des activités pédagogiques en lien avec les aspects techniques et artistiques de nos spectacles, afin
que ces derniers ne soient pas pour les enfants de simples produits de divertissement, mais qu'ils deviennent bien un réel moment d'échange et de transmission des
connaissances.
L'île au trésor
L'Histoire
Le jeune Jim Hawkins mène une vie paisible en travaillant dans l'auberge de
ses parents, L'Amiral Benbow, installée sur la côte anglaise. Un jour, un vieux loup de
mer nommé Billy Bones débarque à l'auberge et s'y installe. Jim est à la fois fasciné
et terrifié par ce marin colérique, violent et quelque peu ivrogne ; d'autant qu'il
semble peser sur ce dernier une obscure menace : il intime à Jim de le prévenir dans
les plus bref délais s'il aperçoit un marin à une seule jambe...
La menace se précise lorsque Pew l'aveugle et Chien-noir, d'anciens pirates,
donnent à Billy Bones la " tache noire", menace de mort dans le monde des flibustiers. Alors que les heures de Billy Bones sont comptées, il meurt, foudroyé par une
crise cardiaque.
Jim fouille alors le coffre que le pirate gardait jalousement caché dans sa
chambre. En l'ouvrant, il trouve un petit sac en cuir. Jim et sa mère fuient alors l'auberge tandis que le père tente de repousser la bande de Pew qui vient récupérer
le contenu du coffre. Le père de Jim se fait tuer. Alors que les pirates sont sur le point
de découvrir Jim et sa mère, le docteur Livesey, homme de science mais aussi
homme de loi, prévenu de la présence des pirates sur la côte, arrive à la tête d'une
petite troupe d'hommes en arme et disperse les forbans.
Remis de leurs émotions, Jim et le docteur Livesey décident d'ouvrir le sac en
cuir et découvrent une carte au trésor. Un navire baptisé l'Hispaniola est alors affrété
pour partir à sa recherche. L'équipage est composé du Capitaine Smolett, militaire
grincheux mais homme d'honneur en toutes circonstances, de joyeux marins et d'un
cuisinier très populaire du nom de Long John Silver, à qui il manque une jambe... Ils
se lancent alors dans une fabuleuse aventure vers l'île au trésor.
L'adaptation
Ce spectacle est une adaptation du roman éponyme de Robert Louis Stevenson, écrit en 1883. Cette histoire, déjà largement adaptée au cinéma, est cette
fois-ci portée sur tréteau afin de créer un spectacle explosif, où les deux comédiens
interprètent les 15 personnages de cette épopée, en changeant de costumes à
une vitesse vertigineuse.
Notre spectacle se veut accessible à tous en puisant dans deux formes artistiques populaires : le conte et le théâtre de tréteaux. En effet, narrer l’œuvre littéraire
au travers du conte permet de la transmettre sous une forme plus épurée et donc
plus accessible, notamment pour les enfants, tout en conservant l’essence profonde du texte. Installer ce conte sur un tréteau lui donne une dynamique forte,
propre aux récits d’aventures. Masques, escrime, mime, acrobaties, chants, musiques, tous les éléments appartenant au théâtre de tréteau se mettent au service
de l’œuvre pour permettre au public de rêver, et ce au travers d’un élément primordial au rassemblement populaire : le rire.
Pourquoi l’Île au Trésor ?
Parce qu’il est primordial de transmettre aux enfants des histoires porteuses
de questionnements sur soi et sur la société, de rapporter des récits d’aventure où
la frontière entre le «Bon» et le «mauvais» est mince, où la fragilité et la friabilité de
l’Homme sont représentées sans manichéisme simpliste, nous pensons que le
théâtre doit poser ces questions au plus grand nombre sous une forme simple et
divertissante.
Les épreuves auxquelles est confronté Jim, le protagoniste, le poussent à faire
des choix qui influeront sur la vie d'autres personnes et sur la sienne. Ce voyage vers
un trésor, dont au final il ne bénéficiera pas, est un rite initiatique pour un passage
vers l'âge adulte, où ses choix auront des conséquences terribles (il sera contraint
de tuer un pirate pour échapper à la mort). Ses actes de désobéissance vis à vis de
l'autorité seront parfois bénéfiques pour le déroulé de la mission, parfois néfastes.
Son tiraillement entre subversion et respect de l'ordre établi est donc un élément
fondamental dans cette œuvre. Aussi il nous paraît important de faire comprendre
aux enfants la nécessité de réaliser ses propres choix, que les mauvais leur permettront aussi de se construire.
À travers ce spectacle nous souhaitons qu'ils entretiennent, comme Jim, leur
curiosité et leurs goûts pour le risque et l'aventure.
R.L. Stevenson
Robert Louis Stevenson (1850-1894), est un écrivain écossais et un grand voyageur, célèbre pour son roman L'Île au
trésor (1883), pour sa nouvelle L'Étrange Cas du docteur
Jekyll et de M. Hyde (1886) et pour son récit Voyage avec
un âne dans les Cévennes (1879). Auteur de romans
d'aventure ou de récits fantastiques, son œuvre manifeste
une profonde intelligence de la narration, de ses moyens
et de ses effets. Il exploite tous les ressorts du récit comme
la multiplication des narrateurs et des points de vue, et
pratique en même temps une écriture très visuelle, propice aux scènes particulièrement frappantes.
1883 Publication de "l’Île au trésor"
Il publie son roman d’aventures l’Île au trésor
(Treasure Island). D’abord publiée dans un magazine londonien, l’œuvre raconte l’histoire du
jeune Jim Hawkins, qui découvre par hasard une
carte au trésor. Accompagné du docteur Livesey, du chevalier Trelawney et de plusieurs pirates, il embarque sur l’Hispaniola, à la recherche
du magot. Le périple devient rapidement conflictuel et tourne en un véritable combat armé. À
la fois fantastique et réaliste, le roman remporte
un grand succès auprès des lecteurs.
1886 Publication "Docteur Jekyll et Mister Hyde"
The Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde raconte l’histoire du Dr Jekyll, homme
respectable qui a mis au point une potion très spéciale. En l’avalant, il se transforme
en Mr Hyde, véritable monstre à l’apparence humaine, sans aucune morale ni pitié.
Stevenson y traite ainsi le dédoublement manichéen et le problème de refoulement
de l’instinct. On peut aussi considérer l’œuvre comme une critique de l’hypocrisie
du puritanisme britannique de l’époque. Le récit rencontre un succès très rapide et
sera plusieurs fois adapté au cinéma.
Ce spectacle peut-être l’occasion d’un exercice de type topographique en reprenant l’idée
de la carte au trésor.
On peut partir d’un lieu connu pour qu’il dessine
leur propre carte développant leur capacité à
se repérer dans l’espace : leur appartement,
l’école ou la cour de récréation… On leur demandera de dessiner la carte en vue d’oiseau
(c’est-à-dire comme s’ils étaient des oiseaux
dans le ciel englobant la carte d’un seul regard.
Puis on peut leur faire travailler une carte d’un
lieu qu’ils connaissent moins (par exemple pour
venir au théâtre) leur permettant de développer
leur capacité à repérer les éléments dans la rue
leur permettant de se repérer (panneaux d’indication, nom de rue, emplacement du château
de Versailles …)
Ateliers
Ce que nous proposons
La Comédie du Fol Espoir propose, en complément de ses spectacles, de
rencontrer les enfants afin d'échanger sur ce qu'ils vont voir ou ce qu'ils ont vu (selon
si ces rencontres se font en amont ou en aval des représentations). Les comédiens
et techniciens sont alors présents pour répondre à leurs questions, demander leur
avis, engager une réflexion sur l'un des thèmes du spectacle concerné, ou sur un de
ses aspects technique ou artistique. Ces rencontres nous semblent primordiales.
Nous proposons également de mettre en place avec les enfants des ateliers
autour d'un thème prédéfini en rapport avec les techniques théâtrales utilisées dans
les pièces. Ainsi, nous pouvons intervenir autour de deux grands thèmes.
La Commedia dell'arte
Les comédiens de la compagnie ont été formés à cette pratique par trois
grands noms de la Commedia en France : Alain Bertrand, Vincent Siano et Carlo
Boso. Les procédés dramaturgiques et l'utilisation de masques de cette discipline
étant très présents au sein de nos créations, nous nous proposons de la faire découvrir aux enfants.
Suite à un échauffement collectif, nous effectuons un bref historique de cette
discipline ainsi qu'une petite explication sur la manière de se comporter au théâtre,
et notamment sur l'attitude à adopter vis à vis des masques. Nous les responsabilisons ainsi sur le coût du matériel, sur le temps de travail consacré, sur leur fragilité et
bien sûr sur la manière de les chausser afin de ne pas les abîmer.
Chaque enfant est ensuite libre de venir choisir le masque qu'il souhaite porter, le chausse en coulisse et se présente au groupe sur la scène. Les enfants en
position d' « œil extérieur » donnent alors leurs avis sur l'animalité du masque : à quel
animal ce masque se rapporte-t-il ? Quel caractère cela donne-t-il à un personnage humain ? Quel statut social ? Quelle attitude physique le comédien doit-il
adopter pour se rapprocher de la « psychologie » de ce type de caractère ? Nous
synthétisons alors le débat et dirigeons l'enfant-comédien vers une création de personnage tout en lui expliquant les codes du masque (ne jamais le toucher en jeu,
créer un rapport au public après chaque action entreprise, ouvrir grand les yeux,
etc.). Les enfants-spectateurs s'expriment également sur la voix qui devrait être
adoptée pour coller au personnage. Encore une fois, nous synthétisons le débat et
guidons le comédien dans cette direction. Après une courte improvisation de questions-réponses entre nous et le comédien afin qu'il puisse expérimenter la mobilité
physique et vocale de son personnage, le comédien sort et laisse sa place au suivant. Ainsi tous les enfants s'essayent à cet exercice pour découvrir la sensation du
masque, et l'engagement corporel qu'il implique.
Une fois cette première étape effectuée, nous leur expliquons l'utilisation du
canevas en Commedia dell'arte. En leur proposant un schéma dramaturgique très
simplifié, nous les invitons à improviser autour d'une situation d'abord à deux, puis à
trois, en respectant les grandes étapes de la narration (conflit, péripéties, résolution,
…) et, tout en les guidant en cas de besoin, à leur faire conclure l'histoire qu'ils ont
initiés. Nous leur faisons ainsi travailler la mise en jeu de leurs partenaires, les fondamentaux dramaturgiques du théâtre, leur imaginaire personnel et collectif. Après le
passage de chaque groupe, les enfants-spectateurs font un retour de ce qu'ils ont
vu, si telle ou telle consigne de jeu a été respectée et qu'est-ce que cela a produit
sur l'improvisation, etc.
Nous concluons l'atelier par une petite discussion autour de ce qu'ils ont appris, de ce qui leur a plu et moins plu, de là où ils ont eu des difficultés et là où ils ont
été à l'aise. Cela nous permet de ne pas rester sur nos acquis et de toujours faire
évoluer notre pédagogie en fonction des ressentis réels de nos stagiaires.
Le Mime
Les membres de la Compagnie ont également été formés à l'art du mime et
de la pantomime par divers enseignants tels que Elena Serra (assistante de Marcel
Marceau), Yves Marc et Ivan Bacciocchi ( Ecole Etienne Decroux). C'est pourquoi
le jeu physique est très présent au sein de nos créations. Étant très peu enseignée
en tant que pratique amateur (qui plus est en province), nous proposons des initiations de cette pratique corporelle pour faire découvrir aux enfants des mécanismes
insoupçonnés de leur corps.
Tout comme lors de l'atelier Commedia, nous commençons celui-ci par un
échauffement physique permettant à l'enfant de « mettre en route sa machine »,
c'est-à-dire de se rendre disponible corporellement aux exercices physiques que le
mime exige. Cet échauffement se fait sous forme de jeu afin d'éveiller également
sa créativité et son imaginaire.
Puis nous leur faisons effectuer les premiers exercices qui permettent d'acquérir les bases techniques du mime : contres-poids, rythmes corporels, tops moteurs,
triples dessins, positions des mains, jeu expressionniste, respirations, coordinations /
dé-coordinations, etc. Nous leur proposons ensuite de mettre en application ces
procédés techniques par des situations telles que le mur également connu sous le
nom de la vitre), le porté d'objets lourds, les marches sur place (marche lente,
marche rapide, course lente, course rapide, marche contre le vent, marche montante, marche descendante, montée d'escalier, descente d'escaliers, … ), les
cordes à tirer, les objets à pousser, etc.
Nous concluons l'atelier par de petites improvisations au sein desquelles les
enfants peuvent mettre en application ce qu'ils ont appris grâce à diverses situations.