Retrouver son identité sexuelle

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Retrouver son identité sexuelle
Bibliothèque principale de Verviers
Séance du lundi 28 janvier 2013
Beginners de Mike MILLS
MILLS, Mike. Beginners, 1 DVD, 105 min. États-Unis : Imagine Film Distribution, 2010. Disponible à la
Médiathèque locale de Verviers, sous la cote VB1029
Oliver, illustrateur à Los Angeles, collectionne les ex et les déceptions amoureuses. Quand son père, Hal, tire sa révérence
après avoir fait son coming-out à 75 ans et rejoint avec entrain la communauté homosexuelle, Oliver se penche sur ses
relations familiales et ses échecs sentimentaux. Et il hérite d'un chien philosophe et bavard. La dépression guette. Jusqu'au
jour où il rencontre Anna...
Un drame sentimental sympathique qui arpente les zones fluctuantes de l'identité avec délicatesse et profondeur. Les
prestations convaincantes des trois acteurs principaux contribuent pour beaucoup à la réussite de ce film mélangeant
poésie, humour et mise en scène inventive.
Avec :
Ewan MCGREGOR, Olivier
Christopher PLUMMER, Hal
Mélanie LAURENT, Anna
Un échange sur le thème de :
« Retrouver son identité sexuelle »
Voici deux ouvrages et des articles de presse commentés pour alimenter votre réflexion :
le roman illustre une situation, l’ouvrage documentaire approfondit ses caractéristiques,
les articles de presse, listés du général au spécifique, actualisent les éléments du débat sociétal.
N’hésitez pas à vous informer dans votre bibliothèque locale.
Bonne lecture à vous !
DEFOSSÉ, Marie-Pascale. Le droit d'aimer : roman. Andrimont : Éd. Irézumi, 2006. (Textes
courts), 189 p.
A 23 ans, Raphaël est en mesure de déclarer : « Je suis homosexuel », sans plus de gêne, après une
adolescence difficile, ce qui manifeste une victoire sur lui-même et sur les regards que lui destinent les
autres. C’est un long retour sur lui-même et sur cette période auquel nous invite ce roman, écrit par une
jeune auteure de la région de Verviers, à l’issue de ses études en psychologie et de son travail sur le sujet
de l’homosexualité.
Le prologue démarre sur l’histoire de Raphaël, à l’âge où il a pris conscience de son homosexualité et où il
a accompli cette révolution intérieure qui l’a mené à l’acceptation de son état. L’épilogue en fin de volume
lui fait directement écho et boucle la boucle en quelque sorte, puisque le lecteur est revenu au point de
départ et voit le jeune adulte remercier les différentes personnes qui l’ont aidé dans son parcours semé
d’embûches. Conventionnelle, cette manière de faire ? Dans la forme peut-être, dans le fond, sans doute
moins, car le lecteur peut ainsi percevoir facilement les enjeux d’une évolution chaotique, peu commune.
La valeur de ce roman réside avant tout dans l’analyse de ce moment-charnière si particulier, lorsque
l’adolescent se cherche, prend conscience de ses spécificités et où il commence — doit commencer — à
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s’affirmer comme adulte, en fonction des valeurs qu’il retient. L’auteure, sans doute sensible à la
discrimination, met d’entrée de jeu le doigt sur ce qui « gêne » habituellement la communauté
hétérosexuelle, lorsqu’elle fait dire à son héros : « Je suis un citoyen qui remplit ses devoirs comme vous.
En fait, je suis comme vous. En me levant le matin, j’embrasse la personne qui partage ma vie, je lui fais
l’amour avec autant de passion que vous et pourtant, vous me voyez différent » (p. 7). A la limite de la
provocation pour déclencher une prise de conscience… Parce que rien n’est simple et surtout pas quand il
s’agit des ados entre eux, où les coups constituent le premier recours pour affirmer une position
notamment (p. 67-71 ; 80), et sont d’autant plus difficiles à encaisser qu’ils signalent le non-respect
d’une différence. Le portrait de Simon, momentanément plus mûr, chez qui la sagesse tempère une
relative faiblesse, est, lui aussi, très convaincant. La manière dont il explique son état à Raphaël, dont il le
soutient dans l’acceptation de sa nature (p. 86-88, 110-113, etc.), illustre à merveille le rôle de l’influence
d’une personne sur une autre dans le cadre de la croissance.
Dommage peut-être que l’écriture reste si (trop ?) près du langage parlé. Le « ça » qui revient à tour de
bras dans les phrases, finit par devenir agaçant. Elle ne contribue pas à soutenir l’épaisseur de la création
fictionnelle qui restitue un portrait d’adolescent avec beaucoup de justesse et qui est dénué de toute
vulgarité déplaisante à laquelle ce type de sujet aurait pu mener.
MILLÊTRE, Béatrice. Bien vivre son homosexualité et réussir son coming-out. Paris :
O. Jacob, 2006. (Guide pour s'aider soi-même), 172 p.
L’éditeur, connu pour son intérêt marqué notamment à l’égard des sciences humaines, et du mieux-être
en particulier, a eu l’excellente idée d’ouvrir une collection « Guide pour s’aider soi-même », placée sous la
direction de Christophe André, un psychiatre de renom, spécialisé dans le traitement de la dépression. En
tête de l’ouvrage, il adresse une quinzaine de lignes au lecteur, pour lui préciser l’objectif de la collection
et il n’hésite pas à solliciter son avis : tout un programme !
De la même manière, l’auteure de l’ouvrage, Béatrice Millêtre, docteur en psychologie et psychothérapeute
spécialisée en thérapies comportementales et cognitives, se veut pratique et conviviale. Elle s’adresse
directement à son lecteur, à la 2e personne. C’est là une manière concrète de prouver son intention et elle
ne démérite pas ! L’auteure a ainsi conçu un manuel accessible au plus grand nombre. Elle donne des
clefs pour aider une personne à assumer d’abord elle-même son homosexualité, qui n’est pas évidente à
accepter tant nous sommes modelés pour nous conformer à la norme, avant de l’annoncer à ses proches,
d’être capable d’en parler librement et de vivre son orientation sexuelle au quotidien. L’ouvrage est
construit de manière très didactique : une table des matières claire et bien charpentée permet de se
retrouver facilement dans le volume, un fil conducteur constitué d’un exemple vécu par l’une des patientes
de l’auteure, sert de contrepoint à l’exposé, pour illustrer son explication, des liserés gris accompagnent
les quelques éléments de synthèse tandis que des cadres de texte rappellent les lignes de force en fin de
chapitre. De nombreux commentaires aident à mieux appréhender la mise en situation des héros imaginés
par Marie-Pascale Defossé dans son roman. Un animateur pourrait même penser à une lecture en
« navette » entre les deux opus pour donner plus de poids à une réflexion menée en atelier, par ex.
L’ouvrage vivant, très agréable à parcourir, se lirait presque pour le plaisir si l’enjeu de la question
abordée n’était pas aussi crucial !
GUYAUT, Amandine. « Dis, mamy, pourquoi je ne suis pas une fille ? » : article. Dans :
Femmes d’aujourd’hui, Diegem, n° 50, 13 décembre 2012, p. 41-42
Ce magazine belge, hebdomadaire bien connu, présente ici le témoignage de Charles, un homme qui,
depuis son plus jeune âge, s’est senti être une femme et a voulu le devenir après une expérience
conjugale soldée par un échec. Son trajet jusqu’à l’âge adulte — et sa maturation sexuelle en
particulier — relève, pour cette raison, du parcours du combattant : difficile évidemment pour lui
d’accepter une différenciation sexuelle qui va à l’encontre d’un penchant installé pour la nature opposée,
difficile de composer avec le regard des autres… Cet aveu « Je devais accoucher de ma personnalité, alors
que je l’avais tue pendant toute ma vie », confirmé dans son cas par les spécialistes, illustre à suffisance
l’allure particulière de cette « conquête ». Ce témoignage tend à indiquer qu’il ne sert pas à grand-chose
de lutter contre une inclination naturelle pour l’un ou l’autre des deux sexes… En raison de sa nature —
l’article est un témoignage et se limite à ce rôle-là —, ce texte reste relativement « léger » : il n’apporte
aucun élément d’explication et n’est nourri d’aucun apport de spécialiste, d’ordre psychologique ou
médical. Un peu dommage qu’en raison de la gravité du sujet, l’article ne soit pas soutenu par des
éclairages diversifiés, plus nourris : il y aurait gagné du corps et de la crédibilité. Il impose, en effet, à un
lecteur désireux de mieux appréhender cette réalité, des recherches complémentaires, démarche qui, en
raison des activités quotidiennes, ne sera sas doute pas automatique. Il n’empêche... Le témoignage
permet au moins de sensibiliser le public à une souffrance qui, trop souvent, prête encore à rire ou à
sourire, ne serait-ce qu’à travers des blagues, lourdes et sans intérêt la plupart du temps. Et ce n’est pas
si mal dès lors de le retrouver dans un magazine qui bénéficie de l’audience large du public familial, non
spécialisé. N’est-ce pas aussi de cette manière qu’il est possible de faire évoluer les points de vue ?
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BOUTTE, Thierry. « France : le mariage des homosexuels déchaîne les passions » : article.
Dans : La Libre Belgique, Bruxelles, 28 novembre 2012, p. 52-53
Dans cet article de deux pages, présentées en vis-à-vis, issu de la rubrique « Débats » du journal, l’auteur
propose deux points de vue diamétralement opposés sur la question du mariage homosexuel, qui suscite
la controverse en France, alors qu’il est déjà autorisé depuis plusieurs années en Belgique. Il a interrogé,
d’une part, Éric Fassin, sociologue, et d’autre part, Moussa Nabati, psychanalyste, tous deux Français et
auteurs de plusieurs études sur la question : le premier y est favorable tandis que le second, ne l’est
absolument pas. Probablement parce que le journaliste est parti de deux angles de vue qui n’ont a priori
pas les mêmes postulats de départ : la sociologie qui s’occupe essentiellement des faits de société et la
psychologie qui s’intéresse prioritairement à l’étude des comportements. Par ailleurs, remarquons aussi
que les questions posées aux deux intervenants, ne sont pas exactement les mêmes. Eric Fassin laisse
clairement transparaître dans sa réflexion son souci de faire de la filiation, une question purement
sociétale : « La filiation, dit-il, est une construction sociale, détachée de la nature ». Sans doute. Mais se
préoccupe-t-il du fonctionnement des personnes qui en sont le sujet ? Là, c’est nettement moins sûr. Il
perçoit manifestement la difficulté lorsqu’il signale qu’« il est plus facile de détailler l’argumentaire hostile
que celui favorable », mais il ne se demande pas pourquoi il en est ainsi. Se pose-t-il les bonnes
questions ?
Moussa Nabati, en raison de son activité professionnelle sans doute, considère le problème sous un angle
fort différent. S’il estime que défendre le mariage homosexuel dans l’intention de lutter contre la
discrimination est un « louable dessein », il est dérangé par le « rejet pur et simple de l’altérité, la
différence ». Il attire l’attention de son interlocuteur sur le risque que l’abrasion de l’hétérogénéité et la
fascination pour le même n’entraînent à terme, au delà de la différence des sexes, un étiolement de la
démocratie. Peut-être… Mais son deuxième argument nous paraît davantage interpellant, lorsqu’il pose la
question : « Au nom de quoi se donnerait-on la faculté de privilégier le droit à l’enfant au droit de
l’enfant » ? Lorsqu’il est conçu ou à l’âge habituel de son adoption, celui-ci n’a, en effet, pas le loisir de
choisir s’il souhaite se construire ou non dans la relation triangulaire père-mère-enfant. Décidera-t-on
donc de son sort, dit cet auteur, comme s’il s’agissait des congés payés ou de la sécurité sociale ?
Effectivement… Contrairement à Fassin qui se cantonne — volontairement ? — dans un raisonnement
purement intellectuel, le psychanalyste, cherche, lui, à mettre en lumière l’enjeu intergénérationnel audelà d’une simple mécanique de la pensée.
Notons en outre que la photo choisie pour illustrer l’article, qui figure en bandeau au-dessus du
« Contre », en page de droite, et représente un couple d’homosexuelles en robes de mariées, posant
devant un porche d’église, apporte sans doute surtout, par son côté quelques peu « kitsch », de l’eau au
moulin de Nabati. Un choix volontaire du journal ?
Quoi qu’il en soit, l’on voit très bien, à travers cet article que c’est moins le mariage des homosexuels qui
pose problème que leur souhait de descendance. Ce qui nous est d’ailleurs confirmé par le
pédopsychiatre, Marcel Rufo, dans son ouvrage Tout ce que vous ne devriez jamais savoir sur la sexualité
de vos enfants, présenté brièvement en fin de sélection, lorsqu’il écrit, en p. 227 : « (…) il me semble
que, si l’homosexuel dérange, c’est justement parce qu’il pose le problème de la descendance. » Quelques
pages plus loin, ce psychiatre donne une précision intéressante, en s’appuyant sur des études réalisées en
Europe du Nord (p. 236-237), il n’y a pas de transmission de l’homosexualité de parents homosexuels à
un enfant adopté, « à partir du moment où, au sein du couple, les deux partenaires ont des rôles bien
différenciés ». Encore doivent-ils avoir fait ce travail de clarification ! « Il est capital, ajoute Rufo, que
« pour se construire, l’enfant dispose de deux pôles identificatoires ». Ce qui est vrai pour les couples
hétérosexuels aussi, où la distinction n’est pas nécessairement automatique ! Dommage qu’il n’aborde
pas la question posée par le recours au tiers pour envisager une fécondation à l’extérieur du couple.
Même si l’article de Thierry Boutte n’est pas aussi abouti que le lecteur aurait pu l’espérer pour un débat,
il a au moins le mérite d’en proposer quelques paramètres intéressants et d’aider à comprendre où se
situe le nœud de la question.
VAINEAU, Anne-Laure. « Mariage homosexuel : le bilan belge » : article [en ligne]. Sur :
Psychologies.com, Levallois-Perret, octobre 2012.
URL
:
http://www.psychologies.com/Planete/Societe/Articles-et-Dossiers/Mariage-gay-les-enjeuxduprojet/Mariage-homosexuel-le-bilan-belge [D.V. 3/12/2012]
Responsable de la rubrique « Famille » dans le magazine, la journaliste a réalisé une interview de
Salvatore d’Amore, psychologue et chercheur à l’ULg, et lui a demandé un bilan du mariage homosexuel,
légal en Belgique depuis dix ans, alors que l’adoption par des personnes de même sexe, l’est depuis sept.
Il paraissait donc tout à fait intéressant de confronter le point de vue de ce chercheur avec ceux des deux
spécialistes français interrogés dans l’article de La Libre Belgique, présenté ci-dessus.
Dès la première question qui lui est posée, relative à la légalisation du mariage homosexuel, le
psychologue précise qu’avoir légiféré dans ce domaine vaut à la communauté homosexuelle de voir
renforcé son sentiment d’appartenance à la société civile et politique, confirmant en cela l’approche d’Éric
Fassin. Ce qui ne l’empêche pas de préciser que les problèmes ne sont pas tous résolus pour autant et
que la racine des préjugés doit être questionnée. La symétrie sexuelle ne dérange pas le chercheur
liégeois, comme c’est le cas pour Moussa Nabati, dans l’article précédent. Sans doute est-ce dû à son
expérience concrète dans le domaine de l’organisation familiale, puisqu’il aborde la question de la
procréation de manière positive, en évoquant l’incontournable place du tiers (donneur de sperme, mère
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porteuse, etc.). Et il explique que la procréation biologique doit, dans ce cas précis et pour cette raison, se
doubler d’une procréation affective. Voilà une précision d’importance. Pour ce chercheur, la
reconnaissance des couples homosexuels est un progrès, dans la mesure où elle leur permet de demander
ouvertement de l’aide et du soutien comme n’importe quel autre couple ou famille.
Même s’il n’aborde pas toutes les questions en profondeur (notamment la question des rôles à l’intérieur
du couple homosexuel, capital pour le processus identificatoire de l’enfant pris en charge), cet article est
donc tout à fait intéressant, parce qu’il évoque la réalité du couple homosexuel et de sa parentalité
spécifique, d’une manière objective et sereine. Il dépasse ainsi l’opposition relativement stérile, présente
dans l’article précédent, qui ne permettait pas au lecteur de se construire une opinion judicieuse. Les
réponses de Salvatore d’Amore sont claires, de nature à dédramatiser des échanges sur le sujet et
peuvent servir de base documentaire pour l’approfondir. Tout bénéfice…
Pour
élargir
la réflexion…
Épinglons la parution d’une petite brochure intéressante, due à un partenariat Province de Liège et
LaLucarne.org ASBL, sous le titre L’homophobie, une exclusion : Et pourtant, tous du même moule ! qui,
dans l’optique de lutter contre l’exclusion, donne, en 31 p., une information de base sur la question de
l’homophobie envisagée sous des angles différents : l’homophobie au travail, l’homophobie dans la vie du
citoyen, l’homophobie dans les loisirs et le sport, etc. Il est possible de télécharger la brochure à l’adresse
électronique suivante :
http://www.dayagainsthomophobia.org/IMG/pdf/brochure_100x210_lalucarne_Vfinale-ok2.pdf
C’est là une excellente entrée en matière pour rendre un public conscient des difficultés vécues par une
tranche de la population. Une bibliographie assez large, avec la mention de documents et de ressources
en ligne, ainsi que des adresses utiles en Province de Liège, complète la réflexion.
Des informations complémentaires sur LaLucarne.org peuvent être obtenue en consultant le site :
http://arcenciel-wallonie.be/web/acw/associations/liege/63-lalucarneorg-asbl.html
-----------------Signalons l’existence d’un ouvrage tout à fait abordable, qui décrit la construction de l’enfant et de
l’adolescent :
RUFO, Marcel. Tout ce que vous ne devriez jamais savoir sur la sexualité de vos enfants.
Paris : A. Carrière, 2003, 268 p.
L’auteur commence fort. Il nous dit qu’un enfant naît fille ou garçon mais l’une n’est pas l’autre. Certes.
Mais cette assertion pour le moins étonnante, n’est pas aussi gratuite que cela. En effet, Marcel Rufo
souhaite attirer notre attention d’adulte sur le fait que si nous connaissons le sexe de l’enfant à la
naissance, il est purement chromosomique. Et il nous appartiendra, en tant que parent, d’aider son enfant
à investir pleinement cette nature, au cours d’une croissance la plus harmonieuse possible. Tant il est clair
que l’éducation et la vie sociale jouent un rôle déterminant dans l’identification sexuée d’un être. « C’est
dans une adhésion au monde, dans une façon d’être au monde », dit-il, « que se font l’identité sexuée et
la sexualité » (p. 27). Partant de là, il devient dès lors plus simple d’émettre des hypothèses sur la
manière dont peut se constituer l’état caractéristique de l’homosexualité.
Le titre est malheureusement racoleur car, en réalité, l'ouvrage s'intéresse tant à l'attitude des parents
que des tiers en relation avec des ados, tout comme il indique clairement les réactions possibles des
ados. Petit bémol : l'auteur a rédigé ses chapitres de manière thématique, ce qu'indique les verbes
constituant les têtes des différents chapitres, bien qu’il suive grosso modo le fil du développement de
l’enfant. Ainsi a-t-on « naître », « sourire », « téter/mordre » etc., tant et si bien qu'il faut parfois aller
rechercher dans plusieurs chapitres, l'info utile pour construire la vue de synthèse relative à une situation
donnée. Il n’empêche, le texte est clair et simple à comprendre. L’ouvrage se lit très facilement et
s’adresse au « tout public ». L’auteur est un guide manifestement précieux en raison de sa pertinence et
de son respect pour les situations évoquées.
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Un deuxième ouvrage théorique vaut la peine d’être signalé dans le cadre de cette sélection, qui
mériterait d’être commenté plus largement :
CLERGET, Stéphane. Comment devient-on homo ou hétéro ? Paris : J.-C. Lattès, 2006,
428 p.
L’ouvrage dû à la plume d’un pédopsychiatre brillant, se propose d’expliquer l’origine de nos préférences
sexuelles. Car il s’agit bien, pour lui, d’une forme de choix, aux confins d’un peu d’inné, de beaucoup
d’acquis, intégré bien souvent par voie d’influences, en raison d’une plasticité neuronale unique. « Nos
préférences sexuelles, et leurs combinaisons dans une orientation hétéro ou homosexuelle, sont le fruit
d’une évolution personnelle progressive », écrit-il dans son introduction. Ce sont donc les facteurs
déterminant dans la constitution de la sexualité qu’il étudie dans la suite de l’ouvrage. Cette étude très
documentée balaie large : il s’intéresse dans une première partie aux fausses certitudes et aux vraies
croyances d’antan, à la génétique, la neurobiologie, l’apprentissage, l’éducation dans l’enfance et au cours
de l’adolescence et cherche à décrypter l’homophobie avant de considérer, pour terminer, le changement
d’aiguillage à l’âge adulte. Cette dernière partie de quelques pages éclairera sans doute d’ailleurs le
lecteur sur la situation de Hal, illustrée dans le film Beginners de Mike Mills. Il y cite d’ailleurs des cas
étonnants qui ne devraient pas manquer d’amener les lecteur les moins crédules à assouplir leur point de
vue sur la question. Il y évoque aussi la situation du « démon de midi », sous un angle peu souvent
abordé dans la littérature courante. Trouver un auteur plus complet sur la question à l’heure actuelle
serait probablement difficile !
Avantage non négligeable, ce spécialiste utilise une écriture à la portée de tout lecteur cultivé, même si le
texte, toujours très nuancé, s’avère plus dense que celui de Marcel Rufo. Il se lit avec plaisir, dans la
mesure où il alterne témoignages, apports scientifiques, explications et contribue à clarifier un débat qui,
en tant que membre du corps social, nous concerne tous… même s’il nous dérange ! Une source de tout
premier plan.
--------------------------Il nous paraît, enfin, utile de proposer cette analyse bibliographique de l’ouvrage de ROUYER,
Véronique. La construction de l'identité sexuée. Paris : A. Colin, 2007. 175 p. qui cherche à identifier les
facteurs en œuvre dans la construction de l’identité sexuée. Elle est réalisée par JeanPhilippe GAUDRON, pour L’orientation socio-professionnelle, revue française de l'Inetop-Cnam, qui
s'adresse à toute personne désireuse de s'informer sur les questions de l'orientation (voir : http://
inetop.cnam.fr/les-publications/l-osp/l-orientation-scolaire-et-professionnelle-osp-78724.kjsp).
Cette
analyse pourra apporter un éclairage complémentaire à des étudiants en psychologie, mais également à
des chercheurs en sciences humaines ou à des professionnels de l’enfance et de l’adolescence,
notamment. En voici l’adresse électronique : URL : http://osp.revues.org/index1640.html [D.V. 3/12/2012]
Anne-Louise BOUTE
Chef de bureau-Bibliothécaire
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