Les Saintes - rm-asso

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Les Saintes - rm-asso
LES AVENTURES MEDATLANTISTES DE PHILEAS ET DE SON EQUIPAGE
NEWSLETTER N° 13
PHILEAS AUX ILES DES SAINTES
Bonjour à tous,
A l’issue du week-end end pascal, Philéas largue les amarres et appareille pour les Saintes. Après
deux semaines passées à la marina de Pointe à Pitre nous sommes ravis d'hisser les voiles et de
respirer l'air du large.
Présentation des îles des Saintes
Les îles des Saintes sont un archipel d'ilots volcaniques baignant dans la mer des Caraïbes. Elles se
situent au sud de la Guadeloupe, à l'ouest de Marie-Galante et au nord de la Dominique, au cœur de
l'arc interne des Petites Antilles. Les Saintes se composent de deux îles habitées montagneuses,
Terre-de-Haut et Terre-de-Bas, auxquelles viennent s’ajouter sept autres îlets inhabitées : l'îlet
Cabrit, le Grand-Îlet, la Coche, les Augustins, la Redonde, le Pâté, les Roches percées. Les 2 8621
saintois sont pour la plupart des descendants de colons normands, bretons, poitevins, saintongeais et
angevins.
Ce petit archipel fut découvert par Christophe Colomb le 4 novembre 1493, qui le baptisa «Todos
Santos». Ce n'est que le 18 octobre 1648, que ce «Gibraltar des Antilles» devient une possession
française, et fera l'objet dès lors de nombreuses batailles de colonisation entre les deux principales
puissances navales de l'époque : la France et l'Angleterre. La plus célèbre eu lieu le 12 avril 1782,
vers la fin de la guerre d'indépendance des États-Unis et entre dans l'histoire sous le nom de
«Bataille des Saintes». Les vestiges de ce passé militaire sont encore visibles et font partie du
patrimoine culturel de l'archipel. Aujourd'hui, les Saintes forment une dépendance administrative du
département d'outre-mer de la Guadeloupe et sont définitivement intégrées à la République
française, en tant que communes.
Les îles des Saintes ne s’étendent que sur 12,8 km2 mais elles sont caractérisées par un littoral
conséquent. Les 22 km des côtes de l'archipel sont dépourvus de récifs mais leurs fonds rocheux
sont tapissés de coraux. Les fonds sableux sont eux plus ou moins colonisés par des herbiers de
Phanérogames marines.
Depuis une trentaine d'années, les Saintes sont devenues un lieu touristique d'envergure et cette
activité constitue désormais la plaque tournante de l'économie locale. Terre-de-Haut accueille de
nombreux bateaux de plaisance qui mouillent dans l'anse du Bourg, « une des plus belles baies du
monde » d'après l'évaluation faite par le "club des plus belles baies du monde". L'hôtellerie et les
chambres d'hôtes prolifèrent, sans pour autant dénaturer cet archipel qui a su rester sauvage. La baie
attire yachts de luxe, paquebots et grands voiliers qui croisent dans les Antilles. Terre-de-Haut
reçoit annuellement plus de 380 000 visiteurs.
Philéas à la découverte des Saintes
Après avoir dépassé le «Pain de Sucre » nous faisons route vers Terre de Haut et nous amarrons à
une bouée d'amarrage disponible devant le bourg des Saintes. Nos amis du voilier Pen Gwen (un
RM 1200) arrivés la veille nous saluent au passage. Nous débarquons et découvrons une jolie petite
ville bien entretenue. La rue principale est bordée de petites boutiques proposant vêtements
estivaux, souvenirs et produits locaux. Le Bourg est charmant mais les Saintois ne sont pas très
accueillants. Ils dédaignent répondre à nos saluts, détournent la tête ou nous fixent d’un regard sans
expression. L’affluence de touristes serait-elle la cause d’une si grande indifférence ? Ici pas ou peu
de métissage, les autochtones ont la peau et les cheveux clairs. Terre de Haut, île trop sèche pour
supporter la culture de la canne à sucre, n’a pas connu la main d’œuvre servile.
Anse du Bourg (Terre de Haut)
Nous nous rendons au Fort Napoléon situé au sommet du morne Mire, à 114 mètres d’altitude.
Transformé en musée, il relate l'histoire des Saintes et la bataille de 1782 qui a opposé les escadres
des amiraux De Grasse et Rodney. La forteresse est assez bien restaurée et entourée de douves non
remplies. Le jardin entourant le fort surplombe la baie en arc de cercle des Saintes et son Pain de
Sucre, sentinelle avancée veillant sur Terre de Haut.
En début d'après midi nous continuons à entretenir notre forme et prenons la route du sud, celle
menant à l’anse à Cointe. Cette anse nichée au pied du fameux Pain de Sucre, berceau du tourisme à
Terre de Bas, héberge l’hôtel du Bois joli du nom de la pointe le jouxtant. Cet hôtel fut le premier à
être implanté sur l’île en 1969. Bien entendu il a été rénové et modernisé depuis. De la plage les
heureux clients peuvent observer en toute quiétude les orgues de basalte du Pain de Sucre.
Le lendemain matin nous larguons le corps mort(1) pour nous rendre à Terre de Bas, beaucoup
moins courue que sa sœur saintoise. Aucun voilier n’est mouillé anse Fideling, anse réputée
« rouleuse » par houle de secteur Est et Nord-est. La mer n’est pas toujours inhospitalière et
aujourd’hui nous accueille avec bienveillance. Nous nous présentons au milieu de cette petite baie
et y jetons l’ancre à proximité de barques de pêcheurs. Nous apprécions le calme et la sérénité du
lieu et nous en imprégnons silencieusement. Nous saluons un pêcheur coiffé d’un salako, chapeau
traditionnel, Il détourne la tête et ignore notre salut. Décidemment les Saintois ne sont guère
sympathiques. Nous regrettons la gentillesse et la politesse de Marie-Galantais.
Anse Fideling (Terre de Bas)
Village de Terre de Bas
Des rafales tournantes, apparemment fréquentes, ici s’engouffrent dans l’anse. Le vent taquin a
décidé de jouer avec Philéas et le fait valser au gré de son humeur. Christian préfère rester à bord.
Je pars donc seule à la découverte de l’île tout d’abord en direction du village aux habitations
beaucoup plus disséminées qu’à Terre de Haut. Puis je me dirige vers Grande Anse d'où j'observe
longuement les "grands gosiers", survolant la mer à la recherche d'une proie et plongeant
lourdement dans l'eau, technique de pêche "de poids" très surprenante... Un vieux monsieur vient
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s'entretenir avec moi sur le ballet de ces pélicans. Enfin un saintois cordial !
Grands Gosiers (Pélicans)
Monarque
Ma carte indique une table d'orientation sur la route du Nord. Sans hésitation, j'emprunte, sous un
soleil brulant, cette voie à forte inclinaison. Mes mollets souffriront bien un peu d'exercice. Le
détour vaut l'énergie dépensée : le panorama est grandiose ! Je reste comme hypnotisée par cette
vue enchanteresse de la baie de l'archipel des Saintes. Face à moi s'étalent en arrière plan de gauche
à droite, la Guadeloupe, la Désirade, Marie Galante et la Dominique. Au premier plan l'intégralité
de l'archipel des Saintes, de l'îlet Cabrit à l'ouest aux Augustines à l'est, est peinte comme sur un
tableau géant. Philéas est là aussi, à une centaine de mètres sous mes pieds, au mileu de l'anse
Fideling, occupé à s'éviter au gré du vent. J'engage la discussion avec un saintois surveillant
apparemment ses chèvres. Nous échangeons quelques mots sur la vie à Terre de Bas et sur les
techniques de pêche. Je vais finir par me réconcilier ave les saintois ! S'ils étaient tous comme
cela.....
Archipel des Saintes – Philéas au mouillage anse Fideling
Sur le chemin du retour, je fais une halte chez un artisan réalisant des salakos. Il est ravi de me faire
découvrir de plus près ce fameux chapeau introduit par des tirailleurs annamites à la fin du
XIXème. Fabriqué en fibres végétales de bambou, au bout pointu et originaire d'Indochine, le
salako est traditionnellement recouvert de tissu blanc sur le dessus et de bleu en dessous. Mais il
peut également être habillé de tissu madras.
Une houle de sud-est rend le mouillage inconfortable. Nous levons l'ancre et allons nous installer au
pied de l'ilet Cabrit. Cette petite île n'est aujourd'hui habitée que par des cabris, des poules... et un
anachorète vivant d'artisanat. Mais la vie ne fut pas toujours de tout repos sur ce petit bout de terre.
Tour à tour pièce maitresse de la défense de la rade contre l'ennemi de par sa position stratégique,
prison de femmes puis boite de nuit, il garde encore les stigmates d'une histoire bien particulière.
Aujourd'hui le conservatoire du littoral est propriétaire du l'îlet et veille au respect de sa faune et de
sa flore.
En fin de journée, une forte houle de nord s'installe et rend l'ensemble des principaux mouillages de
l'archipel très inconfortable. Au pied de l'ilet Cabrit nous sommes épargnés et restons là quelques
jours en attendant une accalmie pour pousuivre notre route. La côte ouest de Basse Terre, notre
prochaine destination, n'offre pas de bon abri par houle de secteur nord. Nous assistons à la fuite des
voiliers mouillés au pied du Pain de Sucre, au balancement incessant de ceux amarrés aux bouées
du Bourg des Saintes et à l'arrivée nocturne de plaisanciers ballotés par une houle insupportable
n'ayant qu'une envie : trouver un petit coin abrité pour pouvoir dormir.
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Retour en Guadeloupe
La mer s'est assagie, les effets du front froid venu du nord se sont dissipés. Nous mettons les voiles
pour rejoindre la côte ouest de la Guadeloupe qui sera la dernière étape de notre séjour
guadeloupéen. A Petite Anse nous avons rendez-vous avec Claire, copropriétaire du voilier Clara
lors de notre rencontre aux Canaries. Rattachée en qualité de membre d'honneur à la transat, par le
président de notre club et organisateur du Medatlan, Clara a intégré le rallye de La Palma à la
Martinique. Claire a jeté son sac à terre depuis peu et s'est installée en Guadeloupe. Elle nous
accueille à bras ouverts. Nous passons trois journées très agréables en sa compagnie et faisons la
connaissance de ses amis fort sympathiques. Avec Georgi nous découvrons la véritable
Guadeloupe, pas celle survolée par les touristes. Histoire de l'île, culture guadeloupéenne ou encore
phénomènes de société, Georgi est intarissable. Nous prenons plaisir à l'écouter et à échanger avec
lui.
Nous quittons Petite Anse pour les îlets Pigeon, mieux connus sous le nom de réserve Cousteau.
Claire embarque à bord de Philéas, prête à explorer les fonds sous-marins réputés pour leur beauté.
Pendant près de deux heures nous nageons dans un aquarium géant tapissé de coraux aux formes
excentriques : corail cerveau, corail balle de golf, corail cierge, corail corne de cerf, corail corne
d'élan ou encore corail de feu. L'eau claire laisse s'infiltrer les rayons du soleil qui mettent en
exergue les couleurs chatoyantes des poissons perroquets, des chirurgiens bleus, des anges des
Caraïbes, des girelles clowns, des demoiselles bicolores pour ne citer que ceux là.
En face des ilets Pigeon
Claire et Christian – Petite Anse
Le lendemain en milieu d'après midi nous prenons congé de Claire avec regrets et appareillons pour
notre dernière escale guadeloupéenne, l'anse Deshaies. Très vite la pluie fait partie du voyage sans y
avoir été conviée. Elle est habituellement la bienvenue mais uniquement en soirée ou la nuit pour le
dessalage de Philéas..... S'agirait-il d'un quiproquo?
A proximité de la pointe Deshaies nous sommes accueillis par deux dauphins qui nagent devant
l'étrave de Philéas et semblent nous indiquer la direction à suivre. Nous ne nous lassons jamais de
ces moments privilégiés et en oublions la pluie persistante.
La baie de Deshaies entourée de collines et de montagnes abrite un pittoresque village de pêcheurs
où nous nous sommes arrêtés lors de notre tour terrestre de l'île. Nous ne nous y attarderons pas
cette fois, notre appareillage pour Antigua est prévu pour le lendemain à l'aube.
Votre reporter embarqué
Brigitte
(1)
bouée de corps mort : bouée, reliée à une grosse masse de béton posée sur le fond, servant d'amarrage à un bateau.
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