COMMUNIQUÉ DE PRESSE

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE
COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU MAIRE
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Le 7 août 2015
Depuis quelques jours s’expriment sur les réseaux sociaux des interrogations et des oppositions, avec
parfois des outrances inacceptables, sur la procédure engagée en 2013 par la ville de La Courneuve,
pour l’évacuation d’un bidonville installé depuis 2008 sur un terrain communal, rue Pascal.
Je tiens ici à apporter des éléments de clarification, de compréhension et de réflexion.
Cela m’apparaît d’autant plus nécessaire que la décision d’engager cette procédure a été extrêmement
difficile à prendre, au regard de la situation de ces familles présentes.
Cette décision ne peut se dissocier de la situation singulière subie par notre ville et ses habitants.
En effet, en 2013, La Courneuve comptait 11 lieux occupés illégalement sur lesquels vivaient
dans des conditions humaines et sanitaires tout simplement indignes de notre société jusqu’à
2000 personnes. Ces femmes, hommes et enfants fuyant leur pays européen d’origine où ils
sont victimes de ségrégations insupportables, représentaient plus de 10% des populations communément appelées Roms recensées en Ile-de-France.
Cette réalité vécue a malheureusement parfois nourri des situations d’oppositions préoccupantes
entre la population et les occupants de ces campements, fragilisant gravement notre capacité collective à bien vivre ensemble.
Le conseil municipal de La Courneuve lançait alors un appel au président de la République
François Hollande, dans lequel était précisé : « la moitié des personnes ROMS recensées en Ile-de-
France se concentre sur 5 villes de Seine-Saint-Denis, dont la nôtre. Comment alors admettre que l’État
accepte une telle inégalité, tournant le dos au principe fondamental de solidarité nationale ? Comment
supporter de se retrouver seuls face à ce problème national et européen ? Aucune aide, aucun geste, aucun
dispositif n’a encore été établi pour soutenir les villes qui subissent cet état de fait. Aucun plan d’urgence
n’a été travaillé par l’État pour accueillir ces populations décemment ».
Et le conseil municipal d’alerter : « La seule solution qu’on nous laisse aujourd’hui est d’agir pour
l’expulsion systématique de ces campements quel que soit le propriétaire ».
C’est donc ce que nous nous sommes résignés à faire pour le bidonville de la rue Pascal, comme pour
les autres, refusant de « choisir » entre tel ou tel bidonville, considérant que ni la solidarité, ni la lutte
contre l’exclusion ne peuvent être à géométrie variable, et renforçant notre conviction qu’il fallait
obtenir des réponses globales qui s’appuient sur l’accès au droit commun.
François Hollande nous a dit avoir transmis notre appel au ministre de l’Intérieur d’alors, Manuel
Valls. Malheureusement pas plus de résultat là que dans les interpellations que la Ville a effectuées aux
gouvernements successifs depuis 10 ans que nous sommes confrontés à cette question.
Alors que demande-t-on à la ville de La Courneuve ?
- De régler seule une question de portée européenne ?
Quelle crédibilité ? C’est à la France d’assumer sa responsabilité pour un traitement humain
de la situation des familles Roms, et notre République a aussi une responsabilité vis-à-vis des
Courneuvien(ne) s qui sont démunis face à un tel drame humain et social.
Et c’est pourquoi je demande depuis 10 ans maintenant, avec d’autres, l’organisation d’une Conférence régionale avec le concours de l’Union européenne.
J’ai la conviction que notre pays et ses 36 000 communes ont les moyens de mettre en œuvre un plan
d’urgence et des solutions durables respectueuses des droits humains des 20 000 personnes Roms
présentes ici, dès lors qu’il est fait appel à la solidarité nationale.
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COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU MAIRE
- D’être porteuse des valeurs de solidarités ?
C’est le cœur même de toutes nos politiques publiques en direction de tous sans exclusive. Depuis
10 ans nous contribuons à faire entendre la voix des familles Roms. Je pense notamment aux prises
de positions fortes de notre conseil municipal pour la reconnaissance du droit d’asile, contre les
expulsions des familles Roms du territoire national ou pour la fin du « régime spécial » entravant
notamment leur insertion professionnelle.
De plus, nous avons participé financièrement à la mise en place de villages d’insertion avec notre
communauté d’agglomération, nous nous sommes efforcés de remplir nos obligations en termes de
scolarisation et avons agi pour le relogement quand cela était possible.Tout cela dans un contexte de
crise sociale et économique particulièrement fort dans une ville comme la nôtre.
- De veiller au relogement des familles de la rue Pascal avant l’évacuation ?
C’est une préoccupation légitime, et lors d’une rencontre en février dernier avec la DIHAL,
la préfecture de Seine-Saint-Denis et la préfecture de Région, cette dernière s’était engagée à
« explorer la mise en place d’un dispositif d’accompagnement », avant l’évacuation prévue désormais à la fin du mois d’août.
Force est de constater que ce dispositif n’est pas mis en œuvre. Je demande donc que soient mobilisés
des hébergements d’urgence.
- De soutenir le projet porté par La Fondation Abbé Pierre et Médecins du Monde ?
Encore aurait-il fallu que ce projet soit co-élaboré avec les Courneuviennes et les Courneuviens
eux-mêmes, avec leurs élus. Ce n’est pas le cas.
Et si je ne remets pas en cause la bonne foi de ceux qui le portent, je suis en désaccord avec son
contenu, et il ne peut à mon sens constituer une alternative à la procédure engagée. En effet, en s’articulant sur l’idée que le bidonville « poursuit l’histoire de la constitution des villes » et que « l’habitat
précaire et l’auto-construction fondent nos villes et leur dynamisme », ce projet tend à pérenniser les
bidonvilles. Ce n’est pas la conception du devenir de notre ville et du vivre-ensemble, portée par la
majorité municipale et le programme élaboré en 2014 avec les habitants. De plus, une fois encore, la
puissance publique est absente, car contrairement à ce qui est annoncé, ni la DIHAL, ni la préfecture
de Seine-Saint-Denis ne soutiennent ce projet. Ni même d’ailleurs la communauté d’agglomération.
Évidemment, dans notre ville, riche de sa diversité et fière des 101 nationalités qui la composent,
la question de l’accueil des migrants en général prend une connotation particulière.
Nous savons l’attention et les moyens qu’il faut déployer pour que nos politiques publiques
permettent à chacune et chacun de prendre sa place dans la ville. Et nous mesurons combien les
politiques nationales ne sont pas à la hauteur de la promesse républicaine.
Alors, dans l’immédiat, en prenant en compte les spécificités et l’histoire des populations
Roms, il est plus que jamais urgent que l’État français prenne la responsabilité d’organiser la
conférence régionale que j’appelle de mes vœux depuis si longtemps, qu’un véritable plan
d’urgence soit mis en place dans lequel notre ville prendra toute sa place, dans le cadre de la
si nécessaire solidarité nationale.
Gilles Poux, maire,
vice-président de Plaine Commune
Contact presse : Jean-Luc Vienne - 06 29 87 63 63
Hôtel de Ville de La Courneuve. Avenue de la République 93126 La Courneuve
Cedex tél.
01 49 92 60 00
fax
01 48 36 89 93

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