Pratique infirmière avancée - Canadian Foundation for Healthcare

Transcription

Pratique infirmière avancée - Canadian Foundation for Healthcare
Pratique infirmière avancée : débouchés et défis
en Colombie-Britannique
Mars 2003
Rita Schreiber, Inf., D.N.S.
Heather Davidson, Ph.D.
Marjorie MacDonald, Inf., Ph.D.
Jane Crickmore, Inf., M.P.A.
Lesley Moss, Inf., M.A.
Janet Pinelli, Inf., D.N.S.
Sandra Regan, Inf., M.S.N.
Bernadette Pauly, Inf., M.N.
Carolyn Hammond, Inf., M.N.
Partenaires décideurs :
Heather Davidson, Ph.D.
Financement fourni par :
Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé
BC Ministry of Health
Capital Health Region
Registered Nurses Association of BC
School of Nursing, University of Victoria
Chercheuse principale :
Rita Schreiber, RN, DNS
Associate Professor
School of Nursing
University of Victoria
PO BOX 1700 STN CSC
Victoria, British Columbia V8W 2Y2
Téléphone : (250) 721-6462
Télécopieur : (250) 721-6231
Courriel : [email protected]
Ce document est disponible sur le site web de la Fondation canadienne de la recherche
sur les services de santé (www.fcrss.ca).
Pour obtenir de plus amples renseignements sur la Fondation canadienne de la recherche
sur les services de santé, communiquez avec la Fondation :
1565, avenue Carling, bureau 700
Ottawa (Ontario)
K1Z 8R1
Courriel : [email protected]
Téléphone : (613) 728-2238
Télécopieur : (613) 728-3527
This document is available on the Canadian Health Services Research Foundation Web
site (www.chrsf.ca).
For more information on the Canadian Health Services Research Foundation, contact the
Foundation at:
1565 Carling Avenue, Suite 700
Ottawa, Ontario
K1Z 8R1
E-mail: [email protected]
Telephone: (613) 728-2238
Fax: (613) 728-3527
Pratique infirmière avancée : débouchés et défis
en Colombie-Britannique
Rita Schreiber, Inf., D.N.S. 1
Marjorie MacDonald, Inf., Ph.D. 1
Heather Davidson, Ph.D. 2
Jane Crickmore, Inf., M.P.A. 2
Lesley Moss, Inf., M.A. 3
Janet Pinelli, Inf., D.N.S. 4
Sandra Regan, Inf., M.S.N. 5
Bernadette Pauly, Inf., M.N. 1
Carolyn Hammond, Inf., M.N. 1
1
University of Victoria, School of Nursing
BC Ministry of Health
3
Capital Health Region
4
McMaster University
5
Registered Nurses Association of BC
2
Remerciements :
L’équipe de recherche tient à remercier :
Bailleurs de fonds
Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé, Nursing Research Foundation
British Columbia Health Research Foundation, British Columbia Ministry of Health Planning, University
of Victoria School of Nursing
Partenaires de recherche
British Columbia Ministry of Health Planning, University of Victoria School of Nursing, Vancouver Island
Health Authority, Nurses Association of British-Columbia
Membres du groupe de référence
Alice Chan, RNABC Clinical Nurse Specialist Professional Practice Group; Dr Melany Dyer, Primary Care
Demonstration Project; Johanne Fort, Ministry of Advanced Education; Karen Jewell, Health Employers
Association of BC; Karen McColgan, Santé Canada; Pauline David, Santé Canada; Dr Maxine C. Mott,
Kwantlen University College; Val Munroe, Vancouver Coastal Health Authority; Margaret Neylan, Seniors
Advisory Council; Dr Brenda Osmond, College of Pharmacists of British Columbia; Maureen Shaw,
Association canadienne des infirmières et infirmiers de pratique avancée; Jean Smith, British Columbia
Nurses Union; Lela Zimmer, University of Northern British Columbia
Autres personnes qui ont participé à la recherche
Le personnel infirmier et les employeurs du secteur de la santé de la Colombie-Britannique
Les infirmières, médecins, patients et autres participants de cinq établissements
Membre de l’équipe de recherche
Michael Beseau
Principales implications pour les décideurs
•
La Colombie-Britannique devrait encourager deux des rôles de la pratique infirmière
avancée, en apportant son soutien à celui «d’infirmière clinicienne spécialisée» et en
créant celui «d’infirmière praticienne».
•
Il faudrait allouer de l’argent frais aux autorités sanitaires pour la création de postes de
pratique infirmière avancée ainsi que pour fournir l’infrastructure nécessaire et assurer un
soutien organisationnel au personnel infirmier avancé.
•
Les associations gouvernementales et professionnelles devraient financer et organiser une
campagne d’éducation du public pour faire connaître et promouvoir le rôle des
infirmières de pratique avancée auprès de celui-ci, des décideurs et des divers
pourvoyeurs.
•
Il ne saurait être question de lois, de règlements et de déploiement du personnel infirmier
de pratique avancée en C.-B. avant qu’un financement stable n’ait été octroyé qui
permette d’en soutenir la mise sur pied et la viabilité.
•
Les employeurs et le corps infirmier de Colombie-Britannique ont désigné la promotion
de la santé, la prévention des maladies, la gestion des maladies chroniques, les soins
primaires, la santé mentale et la gériatrie comme des domaines dans lesquels le personnel
infirmier de pratique avancée pourrait être utile.
•
Dans d’autres provinces et États, les pénuries de médecins, les lacunes sur le plan des
services et la volonté politique étaient généralement associées à l’entrée en fonction
d’infirmières de pratique avancée.
•
Des rôles efficaces d’infirmières de pratique avancée peuvent être mis sur pied en
Colombie-Britannique à partir de lois et de règlements :
o qui s’harmonisent au cadre de travail de l’Association des infirmières et
infirmiers du Canada;
o qui protègent les titres d’« infirmière praticienne » , d’« infirmière clinicienne
spécialisée », et d’« infirmière de pratique avancée »;
o qui habilitent un modèle de pratique professionnelle dans lequel les infirmières
ont pleine autorité sur leur pratique, des normes de pratique claires, jouissent d’un
pouvoir décisionnel et voient elles-mêmes au maintien et au perfectionnement de
leurs compétences.
i
Sommaire
Ce projet appuie la prise de décision et l’élaboration de politiques concernant les rôles
nouveaux et émergents du personnel infirmier et les modèles de prestation de services
accessibles en Colombie-Britannique. La principale question posée se lisait ainsi : quelle peut
être la contribution des infirmières dans des rôles nouveaux et/ou avancés pour répondre aux
besoins en matière de santé et de prestation des services en Colombie-Britannique?
Les infirmières de C.-B. devraient pouvoir exercer dans deux fonctions de pratique avancée,
soit celle d’infirmière clinicienne spécialisée et celle d’infirmière praticienne. Les infirmières
cliniciennes spécialisées sont des infirmières habituellement diplômées de 2e cycle qui
excellent dans un domaine particulier de la pratique infirmière. Ce sont aussi des sources
d’inspiration et d’ardentes défenseuses de soins de santé de qualité. De plus, elles possèdent
le sens du leadership et sont à la fois cliniciennes, conseillères, éducatrices et chercheuses.
Les infirmières praticiennes sont des infirmières qui ont atteint le niveau d’instruction requis
pour accéder à ce titre, comme l’exige la Nurses Association of British-Columbia.
Normalement, elles acquièrent leurs compétences en effectuant des études supérieures en
sciences infirmières qu’elles doublent d’une solide expérience. Les infirmières praticiennes
prodiguent des services de santé dans une perspective holistique qui met l’accent sur le
diagnostic et le traitement des maladies chroniques aiguës. Elles prescrivent aussi des
médicaments.
«Le rôle des infirmières praticiennes est très utile aux médecins, parce que
les patients ont besoin de beaucoup de soutien dans la gestion des symptômes
et les médecins ne sont tout simplement pas prêts à assumer ces fonctions,
soit parce qu’ils n’ont tout simplement pas le temps ou encore que leurs
connaissances dans le domaine ne sont pas à niveau. »
– Médecin en radio-oncologie
Cependant, il ne saurait être question d’établir des lois et des règlements ni de déployer des
infirmières de pratique avancée tant et aussi longtemps qu’un financement stable ne sera pas
alloué pour mettre sur pied et maintenir en place ce type de pratique. Les associations
gouvernementales et professionnelles devraient financer et organiser une campagne de
sensibilisation au rôle d’infirmière de pratique avancée à l’intention du public, des décideurs
et d’autres pourvoyeurs. En outre, il faudrait fournir de l’argent frais aux autorités sanitaires
pour la création de postes d’infirmière de pratique avancée, la mise en place de
l’infrastructure et du soutien organisationnel appropriés, ainsi que pour l’acquisition et le
maintien des compétences dans ce domaine particulier. De l’argent frais devrait également
être affecté aux universités pour soutenir l’élaboration de programmes didactiques appropriés
en vue de préparer les professeurs à enseigner dans le cadre de ces programmes, ainsi que
pour appuyer la formation continue. En outre, il faudrait envisager une nouvelle ventilation
des fonds pour couvrir le salaire des infirmières de pratique avancée. Il conviendrait aussi
d’examiner des modèles de financement susceptibles de garantir le développement et la
viabilité des pratiques infirmières avancées.
Par ailleurs, il faudrait établir des lois et des règlements régissant la pratique infirmière
avancée fondés sur un modèle de pratique professionnelle qui donnerait aux infirmières la
ii
pleine autorité sur leur pratique, et dont les normes seraient claires et précises. Les
infirmières seraient en outre pleinement responsables de leurs décisions et du maintien à
niveau de leurs compétences. De plus, les titres d’« infirmière praticienne », d’« infirmière
clinicienne spécialisée », et d’« infirmière en pratique avancée » devraient être protégés par
des lois et règlements. Enfin, la préparation pour entrer en pratique infirmière avancée
devrait se faire aux cycles supérieurs des sciences infirmières et devrait être adaptée aux
compétences nécessaires à la profession.
Le concept même d’infirmière en pratique avancée n’est pas nouveau en C.-B. En effet, les
infirmières interrogées dans le cadre de ce projet ont déclaré qu’elles exerçaient cette
spécialité même si leur façon de faire ne correspondait pas totalement aux normes nationales
requises. La connaissance de leur rôle d’infirmière est directement lié à leur niveau
d’instruction. La majorité des infirmières estiment que leurs connaissances et leurs
compétences sont sous-utilisées parce que leur champ de pratique est limité, que les
descriptions de tâches sont restreintes et/ou qu’elles sont très en demande. À leur avis, la
pratique infirmière avancée pourrait englober la promotion de la santé, la prévention des
maladies et la gestion des maladies chroniques auprès d’un large éventail de groupes, ainsi
que des domaines cliniques particuliers comme les soins primaires, la santé mentale et la
gériatrie. Presque toutes les infirmières qui ont participé à l’étude estiment que la pratique
avancée devrait exiger un certain niveau d’expérience et une instruction formelle. Les avis
toutefois divergeaient quant au niveau d’instruction recommandé.
« Nous travaillons bien d’abord comme infirmières et ensuite comme
infirmières praticiennes. Nous prenons soin des malades chroniques dont
personne n’aime s’occuper. Et nous faisons un bon travail. Nous aidons les
gens à voir ou à accepter leur mal, peut-être à vivre avec ou à atteindre un
point où ils peuvent s’organiser et se débrouiller seuls. Et nous avons plus de
patience pour cela [que les médecins]. Nous tenons compte du point de vue
du patient et nous sommes peut-être les personnes les plus indiquées pour
faire ce genre de travail, en consultation avec un médecin. »
– Une infirmière en pratique avancée
De leur côté, les employeurs aussi appuient la création du rôle d’infirmière de pratique
avancée. Plus de 70 % des employeurs interrogés ont affirmé qu’ils avaient déjà recours à
des infirmières de ce calibre et 30 % ont déclaré qu’ils comptaient en engager à l’avenir. Les
employeurs ont également souligné la nécessité de faire appel à des infirmières cliniciennes
spécialisées, notamment dans des domaines où les services laissent à désirer, comme c’est le
cas en soins primaires, en santé mentale et en gériatrie. Le manque de fonds est perçu comme
l’obstacle majeur nuisant à la mise en œuvre de ces projets. De plus, les infirmières
praticiennes étaient perçues comme les plus aptes à intervenir dans les soins primaires et
palliatifs. Le manque de fonds, la rareté des infirmières de pratique avancée qualifiées en C.B., la résistance des médecins et les restrictions imposées au champ de pratique constituent
autant d’obstacles à l’établissement de cette catégorie d’infirmières.
Les employeurs des zones urbaines préfèrent que ce soit des infirmières cliniciennes
spécialisées qui interviennent dans les unités médicales et chirurgicales ainsi qu’en soins
pédiatriques Ils accordent aussi une plus grande importance aux compétences en recherche.
iii
La résistance du public est davantage perçue comme l’obstacle majeur à l’adoption du rôle
d’infirmières de pratique avancée par les employeurs des régions rurales et éloignées que par
ceux des régions urbaines.
On a évalué la situation d’autres provinces et États (l’Ontario au Canada et l’État de
Washington aux É.-U.) ayant opté pour le concept d’infirmière de pratique avancée. Dans
tous les établissements étudiés, la pratique infirmière avancée s’est développée à la suite de la
convergence de trois facteurs : la pénurie de médecins, les lacunes dans les services et un
climat politique favorable. Par ailleurs, d’autres pourvoyeurs et d’autres patients estiment que
les infirmières de pratique avancée dispensent des soins de qualité répondant aux besoins des
patients et que leurs soins sont très appréciés. Les infirmières de l’Ontario et de l’État de
Washington qui sont diplômées et reconnues comme infirmières de pratique avancée
comprennent mieux le concept même de leur spécialité que leurs consœurs de C.-B., bien que
cette fonction ne soit encore ni autorisée ni reconnue comme telle.
« Pour ma part, je crois que vous jumelez soins infirmiers et compétences
infirmières, formant ainsi un heureux amalgame que j’appellerais soins
holistiques, soins alliant des aspects infirmiers et des aspects médicaux. Ils
apportent à l’ensemble tout l’acquis et la philosophie de la pratique
infirmière et, bien sûr, la sensibilité et les soins inhérents à la fonction et à la
compétence infirmières. Ensuite, ceci est mélangé aux soins médicaux
prodigués aux nouveaux-nés, rôle très essentiel en termes de soins familiaux
composites et complets... Je crois que c’est très différent pour les médecins. »
– Médecin néonatal
Afin d’exploiter pleinement ces conclusions et ces recommandations, on a réparti le projet en
trois phases. Dans la phase 1, nous avons cherché à faire l’état de la situation actuelle, à
comprendre le phénomène et tenté de savoir si la C.-B. doit se doter de personnel de pratique
infirmière avancée. Les infirmières qui se disent infirmières cliniciennes spécialisées ont
donné leur opinion dans le cadre d’un sondage téléphonique, par courriel et par groupes
témoins. Les points de vue des employeurs ont été regroupés dans le cadre de sondages
courriel. Dans la Phase 2, les chercheurs ont examiné « ce qui pourrait se faire » en menant
des études de cas sur six modèles de pratique infirmière avancée dans cinq établissements de
l’Ontario et de l’État de Washington. Dans la Phase 3, ils ont établi de façon détaillée « ce
qui devrait se faire » dans le domaine de la pratique infirmière avancée en C.-B. Pour
développer cette vision, les infirmières, les médecins, d’autres fournisseurs, employeurs,
chercheurs, responsables de politiques, enseignants et représentants d’organismes
professionnels ont participé à un groupe d’analyse de deux jours.
Il est nécessaire d’effectuer d’autres recherches sur l’évaluation de l’entrée en service des
infirmières praticiennes en C.-B. En outre, il faudrait examiner s’il est envisageable, au
Canada, que les fonctions d’infirmière de pratique avancée peuvent inclure l’anesthésie.
iv