4 mars 2010 : Création du deuxième Concerto pour piano de
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4 mars 2010 : Création du deuxième Concerto pour piano de
L’éducation musicale. Avril 2010 4 mars 2010 : Création du deuxième Concerto pour piano de Philippe Hersant à Rennes. Actuellement au centre d'une résidence de trois ans auprès de l'Orchestre de Bretagne, dont le premier épisode lui a rapporté une Victoire de la Musique, Philippe Hersant offrait cette année au public rennais une deuxième création, en attendant un Concerto pour clarinette la saison prochaine. Revenant à l'alliage piano-orchestre, le compositeur s'est efforcé de s'éloigner des sombres flots (Streams) que charriait son premier Concerto (2000), créé par une fidèle du compositeur, Alice Ader, dont on déplore de ne guère entendre souvent l'ample et profonde sonorité par les temps qui courent ! Le zapping médiatique rejetterait-il dans une injuste confidentialité cette grande dame à qui le répertoire du XXème siècle doit tant ? Aux obsessives figures de tintements graves que le compositeur affectionne au piano succède aujourd'hui une errance plus insouciante (mais non exempte d'orages), plus projetée vers les clartés de l'instrument. Les saveurs harmoniques propres à Philippe Hersant n'en sont pas moins présentes, et ce, dès l'entrée du piano qui semble s'introduire comme en décalage rêveur sur le discours que poursuit de son côté l'orchestre. Chacun des deux protagonistes (l'orchestre, le piano) poursuit d'ailleurs la croissance parallèle de ses propres éléments, comme superposant deux arts de digresser, complémentaires mais indépendants. En résulte, dans les moments où une polarité ne craint pas de s'affirmer, une polytonalité ou polymodalité qui donne chair pulpeuse à ce qui tendrait vers un ancrage traditionnel : c'est un exemple auquel les adeptes du courant néo-tonal pourraient emprunter quelques saveurs épicées, au lieu de nous cuisiner toujours les mêmes plats réchauffés au micro-onde. L'oeuvre est écrite pour le piano, et non contre lui; la musique caresse le clavier, soulève quelque tempête, taille les sons des résonances issues de la pédale harmonique, évoque passagèrement le gamelan balinais, le tout dans un flux ininterrompu qui se développe comme une structure organique, générative, où la logique des enchaînements répond à un épanouissement biologique tel que le concevait Carl Nielsen. Dirigé par Olari Elts, jeune chef balte qui a fait office de Docteur Miracle pour l'Orchestre de Bretagne, lui permettant d'accéder à un palier supérieur dans la qualité d'exécution, le nouveau Concerto de Philippe Hersant bénéficiait de l'infinie science tactile de Frank Braley, dont les apparitions dans le champ de la musique contemporaine sont trop rares. L'aisance avec laquelle le pianiste, en poète lyrique, s'est approprié la partition et a su faire admirablement sonner la moindre intention du compositeur, nous incite à une réflexion non dénuée d'arrière-plans quant à l'interprétation d'oeuvres nouvelles : si certains artistes font une carrière – certes louable – de "spécialiste" dans le répertoire contemporain, il advient que l'on découvre, au détour de quelque oeuvre aux résonances chaudement évocatrices, combien les caractéristiques de leur jeu craindraient la comparaison dans les champs si fréquemment labourés (et par les plus illustres !) du "grand" répertoire; tous n'ont pas, en effet, la chaude et marquante personnalité que nous vantions plus haut chez Alice Ader. En revanche, il est salutaire, pour les compositeurs d'aujourd'hui, qu'un interprète nourri de la pratique dudit "grand" répertoire, leur apporte tout le bagage que cette fréquentation véhicule : une palette sonore tissant la délicatesse mozartienne à la densité brahmsienne, la pure carnation schubertienne au cantabile chopinien, la sensualité harmonique debussyste à la résonnante puissance russe ! Une écriture comme celle de Philippe Hersant, non déconnectée de l'histoire, généreuse et charnue, riche d'émissions de sons harmoniques sur les fondations de graves profonds, appelle un pianisme façonné par tant d'illustres prédécesseurs, et la sécheresse d'une dissection de laborantin dénaturerait son message expressif. Ainsi la rencontre entre Frank Braley et Philippe Hersant a-t-elle fonctionné comme si elle allait de soi ! Sylviane Falcinelli