Espace Krajcberg

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Espace Krajcberg
Espace Krajcberg
Donation de Frans Krajcberg
à la ville de Paris
21, avenue du Maine 75015 Paris
Ouvert tous les jours, sauf lundi, de 14h à 18h
Contact : Julie Binet
Tel : 01 42 22 90 16 / 06 63 12 34 22
[email protected]
DOSSIER DE PRESSE
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L’ESPACE KRAJCBERG IMPASSE DU MONTPARNASSE
La ville de Paris consacre un espace pérenne à Frans Krajcberg dans le passage du
Montparnasse où il occupe un atelier depuis le début des années 60 et où il s’est battu
avec son ami Roger Pic pour sauver ce petit coin de paradis.
Inauguré en 2003, l’Espace Krajcberg est un lieu d’exposition consacré à la
présentation permanente des œuvres de la donation de Frans Krajcberg à la Ville de
Paris. L’espace expose un ensemble de sculptures, de tableaux et de photographies et
diffuse des films consacrés à l’artiste. Il accueille des classes, organise des rencontres,
des projections de films et des expositions temporaires.
L’Espace Krajcberg est un lieu vivant et ouvert aux échanges artistiques et culturels
engagés pour la défense de l’environnement.
Il a pour ambition de devenir un centre d’impulsion important sur les relations entre
l’art et la nature, entre la France et le Brésil, un site de prise de conscience de la
mondialité des problèmes de santé de la planète.
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ŒUVRES PRÉSENTÉES À L'ESPACE KRAJCBERG
Oeuvres de la donation à la ville de Paris
o Sculptures
o La Révolte (1), 1991. Bois, minéraux et pigments naturels. 250 x 150 x
130 cm. Fond municipal d’Art Contemporain – Ville de Paris. Inv.
2005.15.
o La Révolte (1), 1994. Bois brûlé avec des pigments naturels. 250 x 150 x
130 cm. Fond municipal d’Art Contemporain – Ville de Paris. 2005.15.
o La Révolte (3), sans date. Bois de Nova Viçosa et pigments naturels. 293
x 100 x 108 cm. Fond municipal d’Art Contemporain – Ville de Paris.
Inv. 2005.17.
o Reliefs d’écorces
o Tableau
d’écorce
brulée
d’Amazonie, sans date. Ecorce brulée et
pigments naturels sur bois. 110 x 121 cm ; Fond
municipal d’Art Contemporain – Ville de Paris.
Inv. 2005.9.
o Tableau collage pigments naturels,
vers 1990 (Série sauvage) et pigments naturels
sur bois. 98 x 126 cm. Fond municipal d’Art
Contemporain – Ville de Paris. Inv. 2005.6.
o Tableau d'écorce d'arbre, sans
date. Ecorce d'arbre et pigments naturels
(manganèse). 129 x 80 x 10 Paris. Inv.2005.8.
o Ombres découpées
o Lianes Noires, 1982 (Série Ombre portée). Lianes,
contreplaqué et pigments naturels (manganèse). 245 x 113
x 40 cm. Fond municipal d’Art Contemporain – Ville de
Paris. Inv. 2005.4.
o Boules de Palétuvier, 1991 (Série Ombre
portée). Boules de palétuviers, contreplaqué et pigments
naturels. 280 x 230 x 90 cm. Fond municipal d’Art Contemporain –
Ville de Paris. Inv. 2005.3.
3
o Tableaux de pierres
o Tableau de quartz de Minas, sans date. Assemblage de cristaux avec de
la colle et pigments naturels sur bois. 70 x 50 cm. Fond municipal d’Art
Contemporain – Ville de Paris. Inv. 2005.13.
o Empreintes
o Empreinte d’Ibiza, 1961. Empreinte de rocher sur papier japonais et
pigments naturels. 96,5 x 250 cm. Fond municipal d’Art Contemporain
– Ville de Paris. Inv. 2005.5
Acquisition de la Ville de Paris
o Ombre portée blanche, 1982. Lianes, contreplaqué et peinture
blanche. 210 x 142 x 29 cm,. Fonds municipal d'Art Contemporain Ville de Paris (depuis 2000).
Dépôt depuis 2003 à l’Espace Krajcberg – Collection particulière de
l’artiste.
o Tableau-Relief. Sans date. Ecailles de tortue, coraux et pigments
naturels (manganèse) sur bois. 161 x 110 x 10 cm.
o La Révolte (4), 2003. Lianes, racine et pigments naturels. 290 x 100
cm.
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BIOGRAPHIE DE FRANS KRAJCBERG
1921 Né le 12 avril à Zozienice (Pologne) d'une famille juive de commerçants
humbles, Krajcberg est le troisième de cinq enfants : deux frères, deux sœurs.
Il passe une partie de son enfance chez son oncle car sa mère, militante
communiste, est souvent emprisonnée et entre lui-même dans le parti des
jeunesses communistes à l'âge de 13 ans.
1939 La mère de Krajcberg est pendue dans sa prison de Ramdam, près de Varsovie
le premier jour de la déclaration de guerre. Pris par la guerre à Czestochava,
près de la frontière allemande, il fuit à Kosienice sans y trouver sa famille. Luimême fait prisonnier dans une église, il s'évade avec d'autres polonais. Il
rejoint l'Armée Rouge positionnée sur Vistule, puis Anilewich, qui mènera
l'insurrection du Ghetto de Varsovie, à Vilnius. Krajcberg est dirigé vers la
Roumanie. Saisi par le froid, en route, il est hospitalisé à Minsk. Il commence à
peindre pendant sa convalescence.
1940-41 Il est envoyé aux Beaux-Arts de Votebsk : l'école est saturée, il entre à celle
de Leningrad où il rencontre Natacha, sa première grande passion, et
parallèlement fait ses études d'ingénierie hydraulique. C'est la guerre, un jour
de bombardements, sur la route de Minsk, ils se réfugient dans la forêt. Elle
meurt sous ses yeux durant l'assaut.
1941 Le Reich attaque l'U.R.S.S. Krajcberg est incorporé dans la Première Armée
polonaise Anders, envoyée à Tachkent, en Asie Centrale.
1943 Il intègre la Seconde Armée polonaise Vanda Vassilevska. Il y est officier, à la
construction des ponts, au feu jusqu'à la fin de la guerre. Une bombe explose
près de lui. Il est enseveli et sauvé par un ami, mais perd une partie de la
mémoire ; ne se souvient plus du visage de sa mère, de son père. Durant des
années, il ne se souviendra pas de sa date de naissance.
1945 Toute sa faille a péri dans l'holocauste. Krajcberg part, jette ses deux médailles
de Staline par-dessus la frontière tchécoslovaque et arrive à Stuttgart où il
étudie aux Beaux-Arts avec Willy Baumeister qui fut professeur au Bauhaus.
"Liberté" et "dialogue" sont les maîtres-mots de son enseignement. Pour aider
les étudiants Baumeister instaure un prix décerné chaque semaine à celui qui
fait l'humanité de la critique.
1947 Paris l'attire mais ne le courtise pas. Porteur d'une recommandation que lui
remet Baumeister, il se rend chez Fernand Léger où il rencontre Marc Chagall,
dont il a connu la famille à Vitebsk. Celui-ci l'héberge durant trois mois. Pour
pouvoir immigrer au Brésil le Consulat du Brésil facilite les départs des jeunes
couples. Alors, avec la complicité d'une jeune hongroise, d'origine très riche, il
se présente comme son fiancé et embarque en bateau. C'est elle qui paie les
billets, en première classe pour elle, en troisième pour lui. A son arrivée à Rio,
il vit la misère, dort sur la plage de Botafogo.
1948-51De Rio, il se rend à Sao Paulo où Francisco Matarazzo a ouvert le Musée d'Art
Moderne. L'ayant croisé dans une exposition, il l'embauche comme
manutentionnaire, lui qui dormait sur les bancs publics de la ville. Krajcberg
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fréquente les "peintres autodidactes" de la Familia Artistica Paulista. Mario
Zanini le fait entrer dans l'atelier de Osir Arte où il exécute les azulejos
commandés à Portinari pour les grandes réalisations architecturales du
Modernisme. Il y travaille avec Mario Zanini, Volpi et Cordeiro qui sera l'un
des fondateurs du Concrétisme en 1952.
1951 Krajcberg dirige l'accrochage de la Première Biennale de Sao Paulo dont Max
Bill est consacré grand prix. Au moment où les concrétistes brésiliens vont se
reconnaitre en Max Bill, Krajcberg, son pécule en poche, s'isole pour peintre à
Itanhaèm, un village du littoral où Mario Zanini lui prête sa maison, et l'y
rejoint régulièrement avec Volpi. Cette période monochrome grise, inspirée du
paysage, est exposée au MAM. Krajcberg n'y vend rien. Sa vie est tellement
noire qu'il ne peut mettre de la couleur dans son travail. Contrecoup de la
guerre, misère matérielle, l'existence à Sao Paulo est une bataille très dure.
1952 Il se confie à Lasar Segall qui lui achète un dessin et l'envoie dans la papeterie
que gère la famille Klabin à Porto Alegre, dans le Paranà. Krajcberg y est
ingénieur-dessinateur. C'est son premier contact avec la nature brésilienne.
1954 Quittant la papeterie, il s'isole pour peindre dans la forêt. Il vit d'un artisanat
de céramiste : poteries, azulejos, statuettes, peint des natures mortes et des
végétaux. Il abandonne la monochromie grise.
1955 Il fuit le Panarà car il ne supporte plus de voir les fumées de destruction de
forêts.
1956 A Rio, il partage avec Franz Weissmann, l'atelier que leur prête la famille
Camargo. Weissmann cherche dans ses sculptures concrétistes, les structures
du vide. Krajcberg peint ses "Samanbaias" (1956-58), réminiscences du Panarà
et expose conjointement avec Milton Dacosta et Maria Leontina à la Petite
Galerie de Rio.
1957 Ce sont ses peintures que Krajcberg expose à la Biennale de Sao Paulo, au dam
des tenants du Concrétisme, et il emporte le prix du meilleur peintre brésilien,
Biennale qui consacre Pollock pour le grand prix. Subitement célèbre, il vend
ses toiles et se rend à Paris.
1958 Il prend la nationalité brésilienne, le même jour que son ami galeriste Franco
Terranova. Malgré le prix obtenu, la critique est dure. Mario Pedrosa écrit "si
Frans Krajcberg est naturalisé brésilien, son art lui n'a pas été naturalisé." A
Paris, il plonge avidement dans le débat intellectuel et artistique de la fin des
années 50 : guerre d'Algérie, crise de l'Ecole de Paris, et polémique de
l'Abstraction. Il cesse de peindre en raison des intoxications à la peinture; fait
des collages et des xylogravures sur papier japonais. Il réalise ses premières
"empreintes directes" de bois, selon une technique de papier moulé que
travaillent également Hadju et Krasno.
1959 À Ibiza où il ira régulièrement jusqu’en 1964, il commence à photographier la
nature. Il réalise ses premières "empreintes de rochers et de terres". Il fait ses
premiers "tableaux de terres et de pierres" (1959-67). Désormais, selon
Restany qu'il rencontre la même année, "la nature est son atelier". Empreintes
directes, assemblages ou traitement scénographique des matériaux naturels,
6
son travail fait de Krajcberg un précurseur marginal de l'arte Povera et du
Land Art. L'année 1959 est aussi celle de son premier voyage en Amazonie.
1960 Il expose ses travaux d'Ibiza à la Galerie du XXe Siècle, où San Lazzaro l'a pris
sous contrat. Il rencontre Michèle, secrétaire à la galerie, avec laquelle il se met
en ménage. Ils vivent dans un studio et l'artiste se bat pour son œuvre. Le
couple se sépare au bout de 4 ans, Krajcberg ne peut envisager de construire la
famille qu'elle désire. Dubuffet, qu'il admire, apprécie ses matières. Braque le
prend en amitié et sera son mentor : ils collaborent pour deux lithographies. Il
fréquente, par ailleurs, l'avant-garde du Nouveau Réalisme, s'intéresse à
l'Op'Art et au cinétisme. Cette année 60, il est fait citoyen d'honneur de Rio de
Janeiro, dont il reçoit les clefs.
1961 Sans Lazzaro, qui essaie d'opposer la pensée européenne des structures de la
matière au délire de l'Action Painting new-yorkais, inclut Krajcberg dans son
exposition "Reliefs". Krajcberg fait son deuxième voyage en Amazonie.
1964 Ses "tableaux de terres et de pierres" lui valent le prix de la ville de Venise à la
Biennale dont Rauschenberg est consacré grand prix. Invité dans le Minas par
Juko Carneiro de Mendoça, Krajcberg rentre au Brésil et installe son atelier au
pied du pic d'Itabirito, à Cata Branca, parmi les champs de minerais de fer
dont les terres sont des pigments purs. Tout en continuant ses tableaux, il
réalise ses premières sculptures et macrophotographies. Zè Olicio, père de
José do Mato, connaissant parfaitement bien la nature, l'initie à ses secrets.
Fait ses premières expériences de terres mêlées à de la colle, appliquées sur
papier et séchées au soleil, puis redessinées.
1965 L'idée de Nova Viçosa lui vient d'une discussion avec l'architecte Zanini aux
Deux Magots, à paris. Krajcberg entre dans le projet d'une communauté
pluridisciplinaire qui regrouperait des artistes et des intellectuels aussi
différents que l'architecte Niemeyer et le chanteur Chico Buarque de Hollanda.
1966 Krajcberg et Zanini se rendent à Nova Viçosa. Séduit par la forêt du bord de
mer, il commence la construction de son premier atelier sur les plans de
l'architecte Zanini. Le Tropicalisme gagne alors les arts : "La Tropicalia"
d'Oiticica date de cette époque. Il renoue également avec un aspect du
modernisme, "Pau Brasil", de Oswald de Andrade écrit en 1924. En fin de
compte, Krajcberg reste seul à Nova Voçosa.
1967 A Paris, Krajcberg développe sa vision de Minas. Abandonnant ses tableaux de
pierres, il commence ses muraux monochromes à ombres découpées (196782). Ce sont des assemblages de bois naturels (lianes ou racines de palétuviers)
et de bois découpés, uniformément teintés par des terres. Dans les premières
pièces, la découpe oppose une géométrie dure, "constructive" ou "concrétiste"
au baroquisme des lignes naturelles. Puis la découpe suit l'ombre portée des
bois naturels, qui projette, telle une épure un éclairage latéral. Le chef d'œuvre
en est peut-être le mur monochrome blanc (1967) occupant à Rio le hall de la
TV manchette.
1970
Il épouse à Paris, Alba, une jeune brésilienne originaire de Bahia, fille de
riches médecins de Salvador. Etudiante en histoire de l'art, elle accomplît une
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thèse sur Kandinsky et étudie le sanskrit à l'université. Mais elle supporte mal
la vie de bohème, sans le sou, et le couple se sépare trois ans plus tard.
1972 Désormais, Krajcberg s'installe et travaille à Nova Viçosa. Il y réalise ses
premiers "bois polis", assemblages tridimensionnels de bois trouvés dont il
dégage des lignes architecturales. Ces abstractions continuent l'esprit des
"ombres découpées" : très évidées, arbres creux ou palétuviers, pièges à
lumière dévorés de lumière. A Nova Viçosa, il dessine le plan de sa maison
dans l'arbre, flanquée d'une sculpture " Mémoire à la Destruction", totem évidé
en cylindres qui s'enroulent l'un dans l'autre. Côté mer, face à l'océan, c'est le
lieu privilégié où il dépose les sculptures qu'il vient d'achever pour les
photographier.
1974 Ses "empreintes de sable" sont des moulages de plâtre en prise directe sur la
plage à marée basse. Il en tire des estampages de papier blanc, retravaillées
avec des pigments naturels. Il effectue avec Pierre Restany un long voyage à
travers le Minas Gerais et le Piaui.
1975 Les débats suscités par son exposition au Centre national d'Art Moderne
Georges Pompidou à Paris l'amènent à penser qu'il doit non seulement
montrer, mais défendre la nature menacée par l'extension planétaire de la
troisième révolution technologique.
1976 Krajcberg embarque avec Sepp Baendereck pour le Mato Grosso en Amazonie.
Les deux artistes se sont rencontrés l'année précédente dans leur passion pour
la nature et leur volonté de la défendre. Ils resteront liés par cette cause jusqu'à
la mort de Baendereck (1989) et feront trois expéditions amazoniennes. (197677-78) Il rejoindra Krajcberg dans ses trois voyages au Mato Grosso (1985-8687).
1978 Pierre Restany remonte avec eux le Rio Negro. Pendant le voyage, il rédige le
Manifeste du Naturalisme Intégral ou Manifeste du Rio Negro, exprimant, à
travers sa propre vision l'esthétique "alternative" que développe l'art de
Krajcberg. Krajcberg tourne un film qui sera projeté lors des débats de
diffusion du manifeste. A leur retour, les conférences de lancement à Rio, Sao
Paulo et Brasilia déchaînent une polémique.
1980 Krajcberg commence ses empreintes végétales polychromes.
1982-83
Il abandonne les "ombres découpées" pour réaliser à Nova Viçosa puis
dans la région de Belém en 1982-83, de monumentaux "tressages de vannerie",
inspirés de l'artisanat local, transparents à la lumière.
1985 Premier voyage au Mato Grosso. Reportages photos sur les incendies de forêts
"queimadas" auxquels se livrent les grands propriétaires pour défricher les
terres dévolues à l'élevage extensif. Krajcberg en rapporte des palmiers
desséchés dont il réalise plusieurs ensembles de sculptures, ses "conjuntos".
Bâtons de pluie ou totems, l'inspiration indienne traverse ses fûts à la verticale,
striés de lumière et d'ombre. Ainsi Brancusi reprenait à l'infini dans ses
colonnes, un motif de bois sculpté des maisons paysannes roumaines.
Krajcberg les assemble en forêt.
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1986 Il publie son livre de photographies "Natura". Second voyage au Mato Grosso.
1987 Troisième voyage au Mato Grosso. Walter Sales Jr l'y rejoint, en tournage du
film qu'il réalise pour la TV Manchete : "Krajcberg, Poète des Vestiges". C'est
après ce voyage que Krajcberg commence ses "bois brûlés".
1988 Il participe au symposium de Séoul avec "Images de mes Révoltes". Ramassés
sur les "queimadas", fichés sur des présentoirs, rehaussés de charbon végétal
et de pierres, traversés l'espace dans leurs déchirures, ces "bois brûlés" sont les
stèles d'on ne sait quel culte des morts animistes. Barbares et fantastiques
sirènes d'alarme.
1989 Krajcberg participe avec d'autres artistes au mouvement "Médecins sans
frontières" en Roumanie.
1990 Krajcberg est invité au Congrès International d'Ecologie à Moscou. C'est la
première fois qu'il retourne en U.R.S.S. depuis ses études aux Beaux-Arts de
Leningrad. Ses "écorces brûlées", rehaussées de matières sont une suite
murale des "bois brûlés". Entre peinture et lambeaux épidermiques, leur
économie tragique s'oppose à la théâtralité des "conjuntos".
1992 Il expose au Musée d'Art Moderne de Rio, dans le cadre de la Conférence
mondiale des Nations Unis sur l'Environnement "Eco 92". Plus de 300.000
personnes visitent son exposition "Imagens do Fogo".
1993 Il souhaite monter une fondation Art et Nature qui porterait son nom et à
laquelle il lèguera toute son œuvre, à Vitoria, dans l'Etat de Esprito Santo,
mais le projet tourne court.
1994 Il voyage à Rio Branco, dans la région de Acre, faire des photographies de la
forêt dévastée et chercher des matériaux pour ses sculptures. Il rencontre des
agriculteurs et tente de les convaincre de ne plus abattre d'arbres. La situation
est critique, il manque de se faire tuer à plusieurs reprises.
1995 La Mairie de Curitibà et le Gouvernement du Manarà inaugurent l'Espace qui
sera dédié à Frans Krajcberg, élevant un monolithe à son nom. En cette
occasion, il rencontre le "cacique" indien Raoni.
1996 "Villette-Amazone" est le titre de l'exposition organisée par la Grande Halle de
la Villette, un manifeste pour l'environnement au XXIe siècle où Krajcberg y
présente des œuvres très significatives.
1998 Roger Pic et Krajcberg œuvrent pour la sauvegarde du passage du
Montparnasse, lieu de mémoire du passage de nombreux grands artistes du
XXe siècle.
2001 Mort de Roger Pic, ami de toujours.
2003 Mort de Pierre Restany, ami intime de l'artiste, et vice-président de
l'association du Musée de Montparnasse. L'exposition "Art et révolte" à
l'Espace Krajcberg de Paris lui rend hommage. Plusieurs espaces Krajcberg
sont inaugurés cette année : le premier à Paris où l'artiste a fait la donation
d'une partie de son œuvre à la ville. Le deuxième à Curitibà, au Panarà (Brésil),
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terre d'accueil lors de son exil dans les années 50, où il inaugure un musée
portant son nom, au sein d'un jardin botanique. Enfin sur son domaine de
Nova Viçosa, dans l'Etat de Bahia, l'artiste s'active à la construction de divers
bâtiments conçus tels des sculptures, pour accueillir sa Fondation "Art et
Nature".
2004 Deuxième édition du livre "Nature et Révolte".
2005 C'est l'année du Brésil en France, Krajcberg expose au Parc de Bagatelle avec le
soutien de la Mairie de Paris. Une de ses sculptures en bronze est installée sur
la place de la Vache Noire, à Arcueil.
2007 Son œuvre est présentée avec celle d'autres artistes brésiliens à l'Ambassade
du Brésil à Paris lors de l'exposition "Entre Deux Lumières - artistes brésiliens
en France".
2008 L'Assemblée Législative de Bahia lui décerne le titre de "Citoyen Bahiano". Il
publie son livre de photos "Queimadas" soutenu par le Gouvernement de
Bahia. Il expose au Parc Ibirapuera à Sao Paulo.
2009 Il reçoit le prix de la Meilleure Exposition de l'Année par l'Association de
Critiques d'Art de Sao Paulo. Il obtient le titre de "Citoyen Paulistano" de la
part du Gouverneur de Sao Paulo.
2011 Il est présenté lors de l'exposition "O Grito - Ano Mundial da Arvora" au
Palacete Das Artes Rodin à Bahia, Brésil.
2012 Il reçoit le prix Enku de Sculpture à Gifu au Japon. Il présente son œuvre lors
de l'exposition "Natureza Extrema" pour l'inauguration du Musée de Estação
Cabo Branco, à João Pessoa, Paraíba, Brésil.
Bertrand Delanoë lui remet la Médaille de Vermeil de la Ville de Paris pour
l'ensemble de son oeuvre.
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EXPOSITIONS
Expositions individuelles (sélection)
2012
2011
2008
2005
2003
1996
1995
1992
1989
1988
1984
1983
1980
1979
1978
1976
1975
1974
1972
1970
1969
1965
Exposition " Natureza Extrema " pour l’inauguration du Musée Estação Cabo
Branco, à João Pessoa, Paraíba, Brésil.
Exposition " O Grito - ano mundial da arvore " au Palacete Das Artes Rodin,
Bahia, Brésil.
Exposition OCA, au Parc Ibirapuera, S. Paulo.
Exposition au Parc de Bagatelle, organisée par la Mairie de Paris.
Exposition "Krajcberg, Art et Révolte - Hommage à Pierre Restany" à
l'Espace Krajcberg à Paris
Villette-Amazone, Cité des sciences de la Vilette, Paris.
Quatro mestres escultores, Palacio Itamaraty, Brasilia.
A Revolta, Fundaçao Cultural de Curitibà.
Imagens do fogo, Musée d'Art Moderne, Rio de Janeiro.
Galerie Thomas Cohn, Rio de Janeiro.
Musée d'Art Moderne, Salvador de Bahia.
"L'Homme du vert", Galerie Charles Sablon, Paris.
Galerie Thomas Cohn, Rio de Janeiro.
Centre culturel de Boulogne-Billancourt.
Musée d'Art Moderne, Rio de Janeiro.
Cupido Bildkonst, Stochholm.
Galeria Gravura Brasileira, Rio de Janeiro.
Petite Galerie, Rio de Janeiro.
Manifeste du Rio Negro, lu à l'Hôtel Méridien de Rio de Janeiro.
Fondation Culturelle du Distrito Federal, Brasilia.
Musée des Beaux-Arts, Caen.
Centre National d'Art Contemporain Georges Pompidou, Paris.
Musée d'Art Moderne, Rio de Janeiro.
Espace Pierre Cardin, Paris.
Galerie Multipla, Sao Paulo (prix de la ville de Sao Paulo pour la meilleure
exposition de l'année).
Petite Galerie, Rio de Janeiro.
Musée de Jérusalem, Israël.
Musée Philips, Adenhauer, Hollande.
Musée d'Art Moderne, Rio de Janeiro.
Musée des Beaux-Arts de Belo Horizonte.
Expositions collectives (sélection)
2007
1999
1998
1997
1996
" Entre Deux Lumières - artistes brésiliens en France" ? Exposition à
l'Ambassade du Brésil, à Paris.
"Les Champs de la sculpture", Champs Elysées, Paris.
"Etre nature", Fondation Cartier.
"Paris" Exposition d'inauguration du Musée de Montparnasse, Paris.
"Sculpture brésilienne", Banque Interaméricaine, Washigton.
"Brasil, um refugio nos Tropicos", Centre Culturel de Sao Paulo, Jardin
Botanique, Rio de Janeiro.
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1993
1992
1989
1988
1987
1984
1983
1977
1974
1972
1971
1970
1969
1968
1966
1965
1964
1963
1957
"Brasilien", Kunsthaus, Zurich.
"Brasil, 100 anos de arte moderna" Museu Nacional de Belas Artes, Rio de
Janeiro.
"Art d'Amérique Latine", Centre Georges Pompidou, Paris.
"Natureza, quatro seculos de arte no Brasil" Centre Culturel Branco do Brasil,
Rio de Janeiro.
CIAS, Donation Stahly, Crestet (oeuvre in situ).
XXe Biennale de Sao Paulo
"Brazil Project", PS1, Long Island, New-York.
Jeux Olympiques, Séoul (oeuvre in-situ).
"Masters of Contemporary Art", Galerie Hundai, Séoul.
Modernidade, M.A.M, Sao Paulo.
Artistes d'Amérique Latine, M.A.M, Sao Paulo.
Modernidade, M.A.M. Paris.
"Architecture de terre", M.A.M. Rio de Janeiro, Recife.
Biennale de la Havane, Cuba.
Biennale Ibéro-Américaine de gravure, Montevidéo.
XIVe Biennale de Sao Paulo.
"Art Minimal", Musée d'Art et d'Industrie, St Etienne.
Musée d'Art Moderne, Rio de Janeiro.
XIIe Biennale de Sao Paulo.
Musée d'Art Moderne, Rio de Janeiro.
VIIIe Biennale de Menton.
Art et matières, Montréal.
Musée d'Art Moderne, Rio de Janeiro.
Art Vivant 65/68, Fondation Maeght, St Paul de Vence.
Première Biennale Arts Plastiques, Salvador.
Artistes d'Amérique Latine, M.A.M Paris.
Musée d'Art Moderne, Rio de Janeiro.
Biennale de Venise (Prix de la ville de Venise).
VIIe Biennale de Sao Paulo (salle spéciale).
IVe Biennale de Sao Paulo (Prix du meilleur artiste brésilien).
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MANIFESTE DU NATURALISME INTEGRAL, RIO NEGRO, BRESIL, 1978
Pierre Restany, Sepp Baendereck et Frans Krajcberg remontent ensemble le Rio
Negro, affluent de l’Amazone, en 1978. Ce voyage donne lieu à une vive prise de
conscience de la part des trois hommes sur l’urgence de défendre la nature
amazonienne et d’allier enfin l’éthique à l’esthétique.
Cette expédition aboutit à la rédaction par Pierre Restany du Manifeste du
Naturalisme Intégral ou Manifeste du Rio Negro, cosigné par les deux artistes.
À leur retour, les conférences de lancement à Rio, à Sào Paulo et à Brasilia
déchaînent une polémique.
On a lancé le Manifeste au Méridien de Rio, le jour où le Brésil s'ouvrait à la
démocratie : les militaires venaient d'amnistier les opposants. C'était le premier
débat après la dictature, on n'avait jamais parlé de la destruction des forêts. Les
attaques ont été violentes. Certains n'admettaient pas que trois gringos parlent du
Brésil (…) Dans ce mouvement hostile, Mario Pedrosa est venu m'embrasser et m'a
remercié au nom du Brésil. La polémique a continué à Sào Paulo et à Brasilia. Le
manifeste a été présenté à Curitiba, à New York, à Paris, à Rome et à Milan.
« L'Amazone constitue aujourd'hui sur notre planète l'ultime réservoir refuge de la
nature intégrale.
Quel type d'art, quel système de langage peut susciter une telle ambiance
exceptionnelle à tous points de vue, exorbitante par rapport au sens commun ? Un
naturalisme de type essentialiste et fondamental, qui s'oppose au réalisme et à la
continuité de la tradition réaliste, de l'esprit réaliste au-delà de la succession de ses
styles et de ses formes. L'esprit du réalisme dans toute l'histoire de l'art n'est pas
l'esprit du pur constat, le témoignage de la disponibilité affective. L'esprit du réalisme
est la métaphore, le réalisme est la métaphore du pouvoir, pouvoir religieux, pouvoir
d'argent à l'époque de la Renaissance, pouvoir politique par la suite, réalisme
bourgeois, réalisme socialiste, pouvoir de la société de consommation avec le pop-art.
Le naturalisme n'est pas métaphorique. Il ne traduit aucune volonté de puissance
mais bien un autre état de la sensibilité, une ouverture majeure de la conscience. La
tendance à l'objectivité du constat traduit une discipline de la perception, une pleine
disponibilité au message direct et spontané des données immédiates de la
13
conscience. Du journalisme, mais transféré dans le domaine de la sensibilité pure,
l'information sensible sur la nature. Pratiquer cette disponibilité par rapport au
donné naturel, c'est admettre la modestie de la perception humaine et ses propres
limites, par rapport à un tout qui est une fin en soi. Cette discipline dans la
conscience de ses propres limites est la qualité première du bon reporter : c'est ainsi
qu'il peut transmettre ce qu'il voit en dénaturant le moins possible les faits. Le
naturalisme ainsi conçu implique non seulement la plus grande discipline de la
perception, mais aussi la plus grande ouverture humaine. En fin de compte la nature
est, et elle nous dépasse dans la perception de sa propre durée. Mais dans l'espacetemps de la vie d'un homme la nature est la mesure de sa conscience et de sa
sensibilité.
Le naturalisme intégral est allergique à toute sorte de pouvoir ou de métaphore du
pouvoir. Le seul pouvoir qu'il reconnaît n'est pas celui, purificateur et cathartique de
l'imagination au service de la sensibilité. Ce naturalisme est d'ordre individuel,
l'option naturaliste opposée à l'option réaliste est le fruit d'un choix qui engage la
totalité de la conscience individuelle. Cette option n'est pas seulement critique, elle ne
se limite pas à exprimer la crainte de l'homme devant le danger que fait courir à la
nature l'excès de civilisation industrielle à la conscience planétaire.
Nous vivons à une époque de double bilan. A la fin du siècle s'ajoute la fin du
millénaire, avec tous les transferts de tabous et de paranoïa collective que cette
récurrence temporelle implique, à commencer par le transfert de la peur de l'an 1000
sur la peur de l'an 2000, l'atome à la place de la peste.
Nous vivons ainsi une époque de bilan. Bilan de notre passé ouvert sur notre futur.
Notre premier Millénaire doit annoncer le Second. Notre civilisation judéochrétienne doit préparer sa Seconde Renaissance. Le retour à l'idéalisme en plein
XXème siècle super-matérialiste, le regain d'intérêt pour l'histoire des religions et la
tradition de l'occultisme, la recherche de plus en plus pressante de nouvelles
iconographies symbolistes, tous ces symptômes sont la conséquence d'un processus
de dématérialisation de l'objet initié en 1966 et qui est le phénomène majeur de
l'histoire de l'art contemporain en Occident.
Après des siècles de " tyrannie de l'objet " et sa culminance dans l'apothéose de
l'aventure de l'objet comme langage synthétique de la société de consommation, l'art
doute de sa justification matérielle. Il se dématérialise. Il se conceptualise. Les
démarches conceptuelles de l'art contemporain n'ont de sens que si elles sont
examinées à travers cette optique autocritique.
L'art s'est lui-même mis en position critique. Il s'interroge sur son immanence, sa
nécessité, sa fonction.
Le naturalisme intégral est une réponse. Et justement par sa vertu d'intégrisme, c'està-dire de généralisation et d'extrémisme de la structure de la perception, soit de
planétarisation de la conscience, il se présente aujourd'hui comme une option
ouverte, un fil directeur dans le chaos de l'art actuel. Autocritique, dématérialisation,
tentation idéaliste, parcours souterrains symbolistes et occultistes : cette apparente
confusion s'ordonnera peut-être un jour à partir de la notion de naturalisme,
expression de la conscience planétaire.
Cette restructuration perceptive correspond à une véritable mutation et la
dématérialisation de l'objet d'art, son interprétation idéaliste, le retour au sens caché
des choses et à leur symbologie, constituent un ensemble de phénomènes qui
s'inscrivent comme un préambule opérationnel à notre Seconde Renaissance, l'étape
nécessaire à la mutation anthropologique finale.
14
Nous vivons aujourd'hui deux sens de la nature. Celui ancestral du donné
planétaire. Celui moderne de l'acquis industriel urbain. On peut opter pour l'un ou
pour l'autre, nier l'un au profit de l'autre, l'important C'est que ces deux sens de la
nature soient vécus et assumés dans l'intégrité de leur structure ontologique, dans
la perspective d'une universalisation de la conscience perceptive. Le Moi embrassant
le Monde et ne faisant qu'un avec lui, dans l'accord et l'harmonie de l'émotion
assumée comme l'ultime réalité du langage humain.
Le naturalisme comme discipline de la pensée et de la conscience perceptive est un
programme ambitieux et exigeant, qui dépasse de loin les perspectives écologiques
actuellement balbutiantes. Il s'agit de lutter beaucoup plus contre la pollution
subjective que contre la pollution objective, la pollution des sens et du cerveau,
beaucoup plus que celle de l'air ou de l'eau.
Un contexte aussi exceptionnel que l'Amazone suscite l'idée d'un retour à la nature
originelle. La nature originelle doit être exaltée comme une hygiène de la perception
et un oxygène mental : un naturalisme intégral, gigantesque catalyseur et
accélérateur de nos facultés de sentir, dépenser et d'agir. »
Pierre Restany, Haut Rio Negro, jeudi 3 août 1978
En présence de Sepp Baendereck et de Frans Krajcberg
15
NOUVEAU MANIFESTE DU NATURALISME INTÉGRAL, 2012.
Nouveau Manifeste du Naturalisme intégral
Krajcberg, Mollard
1er janvier 2013
Le XXIème siècle n’a toujours pas ouvert la voie à une
création artistique résolument engagée au service de
l’équilibre de la planète avec son environnement et ses
habitants. Nous dénonçons cette impuissance.
Ecrasé par la globalisation des cultures et des économies, l’art
perd son sens, tandis que la domination universelle de la
finance génère spéculations éhontées et bulles artificielles.
Nous dénonçons l’emprise des marchés sur l’art, avec leurs méfaits et leurs
impasses.
Nous lançons un cri d’alarme pour que l’art retrouve le sens de la nature, de
la mesure et de l’harmonie, et qu’il recouvre sa position d’avant-garde au
service de valeurs de liberté, de dignité, de respect.
Nous publions le «Nouveau Manifeste du Naturalisme intégral » pour
entraîner un mouvement qui mobilise l’expression d’une conscience
planétaire.
Nous reconnaissons dans la nature une source illimitée d’inspirations, de
concepts, de recherches et de formes.
Nous revendiquons, en devoir et en droit, la totale diversité des expressions,
une laïcité sans compromis, une liberté de création intégrale.
Nous nous adressons aux artistes et aussi aux citoyens du monde qui ne
veulent pas rester les spectateurs passifs de la destruction de leur planète.
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Plus que jamais l’artiste doit être au cœur de tout projet de civilisation, à la
fois artiste et citoyen du monde, intégralement et radicalement.
Pierre Restany terminait le Manifeste du Rio negro par ces mots : « La
nature originelle doit être exaltée comme une hygiène de la perception et un
oxygène mental… »
1. Les termes du Manifeste du Rio negro de 1978 doivent être réaffirmés
et radicalisés.
En 1978, l’écologie balbutiait et le Manifeste du Rio negro était une
première prise de conscience du potentiel formidable de la nature dans
l’expression artistique. Pour Pierre Restany, il s’agit alors « de lutter
beaucoup plus contre la pollution subjective que contre la pollution
objective, la pollution des sens et du cerveau… »
Aujourd’hui, la crise de la planète est devenue une réalité évidente appelant
des réponses urgentes. La destruction de la forêt Amazonienne est engagée
au prix de l’élimination inéluctable, et hélas silencieuse, des peuples
indiens. La fonte de la banquise s’accélère, le réchauffement climatique est
en marche. L’accroissement de la population mondiale entretient la
pauvreté, favorise les guerres et sert de terreau au développement des
fanatismes religieux et politiques.
Les droits de l’homme et la laïcité sont de plus en plus bafoués. Les
pouvoirs politiques nationaux et internationaux ont abdiqué devant la
finance mondiale.
La crise de l’art dénoncée alors par Pierre Restany s’est elle-même
amplifiée.
La multiplication des investissements financiers invoqués pour exprimer
une marche en avant de la démocratisation des arts aboutit en fait à
promouvoir une grande entreprise internationale de divertissement.
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2. L’engagement de l’artiste contemporain est la condition du
renouvellement de la création.
Au moment où l’on n'a jamais autant montré d’art contemporain, il se révèle
en fait de plus en plus déconnecté de la réalité sociale, économique et
politique. Il se centre sur l’individu et ses atermoiements.
Il n'annonce plus, il illustre. Il n'anticipe plus, il accompagne. Il ne dénonce
plus, il dissimule.
Les mouvements intellectuels qui reliaient innovations artistiques et
engagements politiques et sociaux, ont disparu. Ils sont devenus sujets
d’étude ou d’expositions. La pratique artistique n’est plus un engagement
collectif mais une carrière individuelle. Isolés, les artistes sont moins
dangereux. Ils ne dirigent plus la scène artistique, ils tentent d’en profiter.
L'art n’est plus qu’une marchandise cotée. Il oscille entre spéculation
intellectuelle et spéculation marchande. Il devient stratégie de pouvoir. Il
perd sa portée critique.
Nous réaffirmons le rôle essentiel de l’artiste, alors qu'il est de plus en plus
relégué à celui de simple décorateur dont "les maîtres du monde" attendent
qu'il déguise les crises au lieu de les dénoncer.
3. Le Naturalisme intégral appelle une éthique de la création artistique
Le Naturalisme intégral est non seulement une attitude de combat mais aussi
un aiguillon de la pensée. Il s'oppose intégralement à l’exploitation
destructrice de la nature et à la transformation de l’œuvre d’art en objet de
consommation jetable.
Le Naturalisme intégral se conçoit comme un outil de développement
artistique durable. Il s’insère même dans l’espace-temps du cosmos.
Le Naturalisme intégral relie les cultures les plus contemporaines aux plus
ancestrales. Il en appelle à la conscience des “Magiciens de la terre”.
Il affirme la nécessité des forces de l’esprit et recherche les conditions de
leur apparition depuis les origines du vivant.
Le Naturalisme intégral renoue avec les avant-gardes qui ont anticipé les
grandes mutations techniques et urbaines, les conquêtes des droits des
citoyens, la libération et le développement de l’image.
Le Naturalisme intégral en appelle à “l’expression d’une conscience
planétaire”, capable de s’indigner, de se mobiliser et d’agir.
4. Le Naturalisme intégral s’engage à protéger la nature, catalyseur et
mobilisatrice d’imaginaires.
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Le combat écologique fera vibrer le cœur imaginatif de la société s’il sait
prendre en compte la dimension artistique et culturelle de la planète.
Les créations actuellement dispersées des artistes qui ont choisi de
s’exprimer dans, pour, par, avec et sur la nature, gagneront à être
rassemblées et renforcées à l’échelle de la planète, dans un dialogue
résolument interculturel.
Le Naturalisme intégral favorise l’apparition d’un mouvement artistique
mondial et diversifié autour du rôle fédérateur de la sauvegarde des
équilibres fondamentaux de la planète.
5. Le Naturalisme intégral privilégie l’acte de création fondé sur la
vision et la recherche de sens.
L'univers naturel est un réservoir illimité d’espèces et de formes animales et
végétales. Le regard sur l'objet ou l'être de nature est un acte artistique, car
l’art de voir est en soi créatif : il s'apprend, se pratique, se cultive et se
transmet.
Le Naturalisme intégral ajoute au naturalisme scientifique une dimension
poétique. Il met à son service les technologies contemporaines qui
amplifient ou détaillent la vision du monde, il en exalte ainsi la beauté sous
toutes ses dimensions, de l'infiniment petit jusqu'à l'infiniment grand.
Le Naturalisme intégral donne du sens et de la cohérence à la myriade
d’œuvres d’art créées depuis les années 1960 en référence à la nature, sous
toutes les formes.
6. Le naturalisme intégral investit sans limites la création, tout en
privilégiant des pratiques modestes de l’art.
Le Naturalisme intégral cherche à mettre en images et en formes d'art la
multiplicité des inventions de la nature, pour les révéler ou s'inspirer d'elles
comme modèles ou comme moteurs d’énergie.
Pour le Naturalisme intégral, l'art ne se résume pas à une production, c'est
aussi un mode de vie en harmonie avec la nature.
Le Naturalisme intégral engage chaque génération à transmettre à ses
enfants la portion de la planète Terre dont elle a hérité et reçu la garde.
Chaque génération veillera à effacer intégralement les atteintes portées à son
intégrité par la précédente.
“Pratiquer (la) disponibilité par rapport au donné naturel, c’est
admettre la modestie de la perception humaine et ses propres limites.”
(Pierre Restany)
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7. Le Naturalisme intégral est une réponse à la mondialisation.
Le Naturalisme intégral cultive l'art de voir pour renouveler l’art de penser
et d'être.
Le Naturalisme intégral s’attache à mieux comprendre les mystères de la
nature. Il est aussi une méthode qui favorise les sciences cognitives de la
planète et du cosmos.
Le Naturalisme intégral combat intégralement toutes les entreprises
humaines qui conduisent à la disparition de toute diversité dans une
globalisation dangereuse à force de nier ou mépriser la réalité de la nature. Il
favorise au contraire le dialogue et la rencontre des cultures et des genres.
Il appartient à l’artiste de puiser dans cette méthode la force de retrouver
une place essentielle dans la société, dont il doit être, plus que jamais,
l’alpha et l’oméga.
"À vouloir imposer sa loi à la nature, à vouloir créer contre la nature,
l’homme se condamne lui-même." (Pierre Restany-1978)
« A force d’accepter les pratiques barbares des hommes contre la
nature, l’homme contemporain a aujourd’hui engagé le processus de
destruction de la planète qui le conduit à sa propre destruction. » (Frans
Krajcberg et Claude Mollard – 2013)
ooo
20
BIBLIOGRAPHIE
Claude Mollard et Pascale Lismonde, Frans Krajcberg, La Traversée du feu :
Biographie ; suivi du Journal d'Amazonie et du Manifeste du Naturalisme
Intégral de Pierre Restany, Paris, Isthme éditeur, 2005.
Pascale Lismonde, L'Art révolté - Frans Krajcberg, un artiste pour sauver la forêt,
avec photographies de Frans Krajcberg, Editions Gallimard-Jeunesse /
Giboulées, 2005.
Espaço Cultural Frans Krajcberg, Fundaçao Cultural de Curitiba, Ipsis Grafica
Editora, 2003.
Frans Krajcberg : Imagens do Fogo, Museu de Arte Modena do Rio de Janeiro,
Museu de Arte Moderna da Bahia, 1992.
Krajcberg, Catalogue de photographie, Gabinete de Arte Rio de Janeiro, 1991.
A Cidade de Sao Luis do Maranhao, Frans Krajcberg (photos) et Luiz Seraphico
(texte),
Raizes
Artes
Graficas,
Sao
Paulo,
SP,
1981.
FILMOGRAPHIE
"Paris bouche à bouche", épisode Montparnasse-Bienvenue, Espace Krajcberg, un
film de Bruno Carrière, 52 min. Les Productions Mégafun (Canada), 2008.
L'Oiseau de bronze, un sculpteur, une fonderie, un film d'Oliver Comte, 52 min.
production Eyes Corporation, 2007 (sur la sculpture en bronze réalisée par la
fonderie Susse d'Arcueil.
Frans Krajcberg, Portrait d'une révolte, un film de Maurice Dubroca. 52 min,
production: Mémoire magnétique et CNDP-SCEREN, 2004.
Frans Krajcberg, poète des vestiges, film de 52 min. de Walter Salles, 1987.
21
VISUELS DISPONIBLES POUR LA PRESSE
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Espace Krajcberg
21, avenue du Maine 75015 Paris
Ouvert tous les jours, sauf lundi, de 14h à 18h
Contact : Julie Binet
Tel : 01 42 22 90 16 /06 63 12 34 22
[email protected]
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