Épreuve composée - Progrès technique et

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Épreuve composée - Progrès technique et
Épreuve composée
Cette épreuve comprend trois parties.
1 – Pour la partie 1 (Mobilisation des connaissances), il est demandé au candidat de répondre aux questions en faisant appel à
ses connaissances personnelles dans le cadre de l’enseignement obligatoire.
2 – Pour la partie 2 (Étude d’un document), il est demandé au candidat de répondre à la question en adoptant une démarche
méthodologique rigoureuse de présentation du document, de collecte et de traitement l’information.
3 – Pour la partie 3 (Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire), il est demandé au candidat de traiter le sujet :
- en développant un raisonnement ;
- en exploitant les documents du dossier ;
- en faisant appel à ses connaissances personnelles ;
- en composant une introduction, un développement, une conclusion.
II sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation.
Première partie : Mobilisation des connaissances
1 - Qu’est-ce qui distingue l’approche des classes sociales chez Marx et Weber ? (3 points)
2 - Présentez deux moyens par lesquels les pouvoirs publics peuvent contribuer à la justice sociale. (3 points)
Deuxième partie : Étude d’un document (4 points)
Question : Vous présenterez le document puis montrerez comment il permet d’expliquer l’évolution du PIB en 2010.
Troisième partie : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (10 points)
A l'aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez comment le progrès
technique favorise la croissance économique.
DOCUMENT 1 –
DOCUMENT 2 –
Les pays industrialisés ont connu des gains de productivité d’une ampleur fantastique depuis 1870 : la production par emploi
a été multipliée par environ 12 en France et 8,5 aux États-Unis sur ces 130 années.
Les « Trente glorieuses » de l’après Seconde Guerre mondiale au 1er choc pétrolier sont les années fastes de forte
croissance de la productivité. C’est la fameuse « grande vague » de productivité, évoquée par Gordon, déferlant sur les ÉtatsUnis dès 1913. Puis, succèdent des années de fort ralentissement de la productivité, dès le milieu des années soixante aux
États-Unis, et après le 1er choc pétrolier dans les différents pays industrialisés. Le rattrapage des niveaux de productivité
américains par les économies européennes et japonaise s’amorce au début des années 50 pour se poursuivre jusqu’au début
des années 90, sans être interrompu par le 1er choc pétrolier. Puis s’opère une réelle rupture des évolutions relatives de
productivité au cours des années quatre-vingt-dix : une accélération de la productivité aux États-Unis et au contraire un
ralentissement dans les pays européens. […]
Les écarts de gains de productivité entre l’Europe et les États-Unis : la production et la diffusion des TIC…
L’impact de la production et de la diffusion des technologies de l’information et de la communication (TIC) sur les gains de
productivité du travail transite par trois canaux :
• grâce à l’augmentation des performances des processeurs la baisse rapide des prix des TIC amplifie la forte hausse des
volumes produits par ces secteurs et permet des gains de productivité globale des facteurs dans ces secteurs et dans l’économie
avec le renforcement de leur part dans le PIB ;
• la diffusion des TIC permet aussi d’augmenter la productivité globale des facteurs des secteurs non-TIC qui utilisent
intensément ces technologies, comme les assurances, la finance, la grande distribution ou l’aéronautique, grâce notamment à
une meilleure coordination des acteurs du processus de production ;
• l’investissement en TIC entraîne une hausse du stock de capital TIC disponible par emploi (substitution du capital au travail) et
un renouvellement plus rapide des matériels et aurait un effet positif sur la productivité du travail.
Rapports de Patrick Artus et Gilbert Cette, Productivité et croissance, Conseil d’Analyse Économique, n°4, 2004.
DOCUMENT 3 –
CORRIGE DE L’EPREUVE COMPOSEE
Première partie : Mobilisation des connaissances
1 - Qu’est-ce qui distingue l’approche des classes sociales chez Marx et Weber ? (3 points)
Tout d’abord, Karl Marx (1818-1883) a une conception réaliste des classes sociales. Une classe existe en soi, avant même
sa construction intellectuelle. Elle est une unité réelle et vivante d'individus repérables à une place dans le système productif et à
des modes de vie propres. Max Weber (1864-1920), quant à lui, a une conception nominaliste des classes. La classe résulte
d'une construction intellectuelle du sociologue qui cherche à comprendre la réalité en regroupant de façon logique des individus
ayant un certain nombre de traits communs. La classe n'existe pas en soi. On la nomme.
Ensuite, la définition de la classe sociale diffère chez les deux auteurs. Karl Marx la définit à partir de trois éléments : la place
que l’on occupe dans le processus de production (propriétaire ou non propriétaire des moyens de production), la conscience de
classe (la classe « en soi » devient une classe « pour soi » lorsqu’elle prend conscience de ses intérêts) et la lutte des classes
(les rapports entre les classes sont des rapports de domination et d’exploitation qui sont à la source des conflits sociaux et de la
lutte pour promouvoir une autre société). Les rapports de classes sont donc à la fois économiques, sociaux et politiques. Max
Weber a une conception plus étroite des classes. Elle se situe uniquement dans le champ économique et rassemble toutes les
personnes ayant le même degré de chances d’accéder aux biens et à un certain nombre de services. La classe est donc définie
par l’homogénéité des modes de vie.
Enfin, chez Marx, la lutte des classes est le principal moteur du changement social. Dans la société capitaliste, la classe
ouvrière va prendre conscience d’elle-même, s’organiser (syndicats, partis représentant la classe ouvrière) et fédérer les autres
classes de salariés pour mettre fin à la domination de la Bourgeoisie. Le capitalisme est appelé à disparaître. Max Weber réfute
en partie cette analyse. L’existence de classes n’aboutit pas toujours à la lutte des classes. D’une part parce que la classe n’est
qu’un des éléments qui situe l’individu dans la stratification sociale. D’autre part, parce que les individus ne sont pas toujours
conscients de leurs intérêts et que les classes en opposition ne sont pas toujours en contact. Enfin, les conflits de classe ne
visent pas toujours la transformation radicale de la société.
2 - Présentez deux moyens par lesquels les pouvoirs publics peuvent contribuer à la justice sociale. (3
points)
On peut définir la justice sociale comme un idéal qui conduit à privilégier et à promouvoir l’égalité des droits, des chances et
des situations. Dans le premier cas, on mettra l’accent sur la fin des discriminations (l’égalité homme-femme, le droit au mariage
et à l’adoption pour les homosexuels…). Dans le second, on assurera un traitement équitable (à chacun selon son mérite). Dans
le troisième, on essayera d’atteindre l’égalité réelle (la réduction des inégalités de revenus, par exemple).
La gratuite des services publics est un premier moyen qui devrait permettre l’égalité des chances. L’Ecole gratuite offre aux
élèves les mêmes chances de réussir leurs études. La gratuité d’une partie des dépenses de santé permettent aux plus pauvres
de soigner au même titre que les plus fortunés ce qui leur offre une égalité des chances d’être en bonne santé. La gratuité d’une
bibliothèque municipale permet aux personnes défavorisées d’accéder à la culture et de compenser en partie la faiblesse de leur
capital culturel. Dans ce cas, l’impôt finance ces services collectifs, favorise l’égalité des chances et corrige les inégalités réelles.
La discrimination positive, c’est-à-dire de donner plus à ceux qui ont moins, est un autre moyen pour favoriser la justice
sociale. Cela peut être obtenu par une politique de quota : un certain pourcentage de postes sont réservés aux populations
discriminées (les Noirs dans les universités américaines, la loi sur la parité afin d’augmenter le nombre de femmes politiques en
France…). Les prestations sous conditions de ressources, qui ne sont distribuées qu’à ceux dont les ressources sont inférieures
à un certain seuil, est un autre moyen pour les pouvoirs publics de corriger les inégalités : les Bourses scolaires réservées aux
enfants de milieux modestes, les allocations logement réservées aux familles populaires…Enfin, l’impôt sur le revenu est un
impôt progressif. Le taux d’imposition augmente avec les revenus ce qui fait que les riches payent davantage que les pauvres ce
qui réduit les inégalités de revenus.
Deuxième partie : Étude d’un document (4 points)
Ce document, produit par l’Insee, à partir des données de la comptabilité nationale, montre le poids relatif des composants
de la demande globale dans la croissance économique de la France entre 2006 et 2010.
Ainsi, en France, en 2010, l’augmentation de la consommation effective des ménages et des administrations a contribué pour
1 point au 1,5% de croissance du PIB en volume, ce qui signifie qu’elle explique les deux-tiers de la croissance obtenue. La
hausse du PIB en volume s’explique également par la reconstitution des stocks des entreprises. Elle est responsable de 0,4 point
de la croissance, soit un peu moins d’un tiers. En revanche, la baisse des investissements a joué un rôle négatif (- 0,2 point) dans
la croissance en partie compensé par une hausse parallèle des importations et des exportations.
Au total, ce sont les consommateurs et le déficit des administrations publiques qui ont assuré la reprise de la croissance en
France après la récession de 2009.
Troisième partie : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (10 points)
Introduction :
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Amorce = Si on suit l’analyse de Joseph Schumpeter, l’introduction dans le circuit productif et sur le marché de nouveaux
produits, de nouveaux procédés, de nouvelles formes d’organisation, de nouveaux composants, est une des causes
principales de l’augmentation à long terme du PIB et de ses fluctuations. Le développement des Nouvelles technologies
de l’information et de la communication, dans les années 1990, semble lui donner raison.
Questionnement = Comment les innovations de procédé, qui augmentent l’efficacité du travail et du capital, agissentelles sur l’augmentation à long terme de la production ?
Annonce du plan = Après avoir mesuré la part du progrès technique dans la croissance intensive des pays développés,
nous montrerons qu’il agit à la fois sur l’offre et sur la demande de produit.
1 – LA CROISSANCE REPOSE DE NOS JOURS PRINCIPALEMENT SUR LE PROGRES TECHNIQUE
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De nombreuses études empiriques, fondées sur le modèle de Robert Solow, ont montré que la croissance du volume de
la production est toujours supérieure à l’augmentation de la quantité des facteurs. On parle de croissance intensive
lorsque l’augmentation durable de la production repose principalement sur l’augmentation de la productivité des facteurs
de production (travail et capital) et non sur la simple augmentation de la quantité des facteurs. La croissance de la
productivité globale des facteurs est la partie de la croissance de la production qui n'est expliquée ni par la croissance
de l'emploi, ni par la croissance du stock de capital productif. D’où le terme de « résidu » employé par Solow qu’il
attribue au « progrès technique tombé du ciel ».
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Lorsqu’on examine les données statistiques, ont s’aperçoit que les gains de productivité globale représentent une part
non négligeable de la croissance obtenue. Aux Etats-Unis, Le « résidu » explique un tiers de la croissance obtenue
puisqu’il représente 1,1 point des 3,2% de la croissance annuelle obtenue entre 1971 et 1980, par exemple. En Europe,
la croissance est plus intensive puisque la hausse de la productivité des facteurs explique près des trois-quarts de la
croissance jusqu’au milieu des années 1990 (2,4 points pour une croissance annuelle moyenne de 3,2% pour la même
période) (Doc 1). L’Europe rattrape son retard en matière de productivité (Doc 2).
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Cette corrélation entre progrès technique et croissance semble être confirmée par l’arrivée des NTIC. En douze ans, de
1996 à 2008, la croissance américaine a été supérieure d’un point à la croissance de l’Union européenne ce qui a mis fin
au processus de rattrapage du niveau de vie américain par les européens initié pendant les Trente glorieuses (Doc 1).
La croissance des Etats-Unis est devenue plus intensive avec la diffusion des (NTIC) puisque la productivité globale des
facteurs explique plus de 40% de la croissance effective entre 1996 et 2008. L’Europe, au contraire, décroche puisque
les gains de productivité n’expliquent plus qu’un quart de la croissance effective (Doc 1 et 2). Comment expliquer cette
différence ?
2 – LE PROGRES TECHNIQUE AGIT SUR L’OFFRE DES PRODUITS
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D’une part, les innovations de procédés, qui concernent la production (ordinateurs, machine automatique programmable,
organisation du « juste à temps »…) et la commercialisation (Vente en ligne…) ont provoqué une hausse des gains de
productivité. L’information est traitée de plus en plus rapidement. Le rythme de la machine est plus rapide que celui d’un
être humain. Les temps morts sont réduits au minimum. Tout ceci va permettre de produire plus de biens et de services
en moins de temps. Si la quantité de facteurs restent la même, l’offre va augmenter (Doc 2 et 3). Or, Les entreprises
américaines se sont adaptées plus rapidement à ces nouvelles technologies que les entreprises européennes.
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D’autre part, pour mettre en place ces nouvelles technologies, il faut investir sur le plan matériel (nouvelles machines) et
sur le plan immatériel (nouveaux logiciels, formation, recherche). Le stock de capital fixe et le stock de connaissances
vont fortement augmenter ce qui a plusieurs effets positifs pour la croissance. D’une part, les capacités de production
sont plus élevées ce qui va permettre de produire plus. D’autre part, les machines vont se substituer aux hommes ce qui
va augmenter la productivité globale. Enfin, selon la théorie de la croissance endogène, cette accumulation de capitaux
va engendrer du progrès technique et de la croissance car les connaissances vont se féconder mutuellement, dégager
des externalités positives et des rendements croissants (Doc 2). Les « start up » américaines, qui ont massivement
investi dans ces nouvelles technologies (Google, Amazon, ebay..) ont tiré la croissance vers le haut.
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Enfin, les innovations de produits (ordinateurs, téléphone portable...) diversifie l’offre. De nouveaux secteurs d’activité se
créent, se développent et remplacent, peu à peu les anciens secteurs. La « destruction créatrice » est à l’œuvre. Les
téléphones portables remplacent de nombreux produits (téléphone fixe, baladeurs, GPS…). Les tablettes numériques
remplacent en partie les ordinateurs…
3 – LE PROGRES TECHNIQUE AGIT EGALEMENT SUR LA DEMANDE DE PRODUITS
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D’une part, les innovations de produits (ordinateurs, téléphone portable...) induisent une nouvelle demande soit parce
qu’elles renouvellent la gamme (innovation incrémentale), soit parce qu’elles sont radicalement nouveaux (innovation
radicale) et créent de nouveaux besoins. En achetant, les premiers téléphones portables, les premiers GPS, les
premiers ordinateurs, les premiers acheteurs peuvent se différencier socialement des autres, ce qui provoque le désir
d’imitation chez les autres et créé un nouveau cycle de consommation.
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D’autre part, cette demande est alimentée par la baisse des prix des nouveaux produits permise par les gains de
productivité et un marché plus concurrentiel. En effet, les gains de productivité dus aux innovations de procédés, vont
diminuer la quantité de travail incorporée dans un produit. Le coût unitaire de ces produits va donc baisser. Si le marché
est concurrentiel, les entreprises vont diminuer leurs prix, ce qui devrait entraîner une hausse de la demande à condition
que l’élasticité-prix de la demande soit positive (Doc 3).
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Enfin, la hausse de la demande va provoquer une accélération des investissements. D’une part, les entreprises vont
accélérer leurs dépenses de recherche-développement pour trouver un produit innovant afin de se démarquer de la
concurrence et obtenir un monopole temporaire (Apple). D’autre part, la croissance étant forte, les capacités de
production vont approcher le plein emploi ce qui va obliger les firmes à procéder à des investissements de capacités.
Enfin, l’augmentation du rythme du progrès technique va accélérer l’obsolescence du capital fixe et accroître les
investissements de remplacement.
Conclusion :
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Le progrès technique joue donc un rôle fondamental dans la croissance en agissant à la fois sur l’offre et sur la demande
de produits.
Cependant, comment expliquer la baisse des taux de croissance observés depuis les Trente glorieuses ? Le progrès
technique serait-il moins efficace ? Y-aurait-il moins de progrès technique ?

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