L`heure FLeurier

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L`heure FLeurier
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L ’ HEURE
by
F L EURIER
L e Va l - d e - T r a v e r s p a s s e à l ’ h e u r e d ’ h i v e r . . .
Portrait David-Jean-Jacques-Henri
Vaucher Entreprise 
Métier Anne-Marie
de montres
Moser, créatrice
Page 6
Page 4
Patrimoine Urbanisme horloger
Page 5
Patrimoine A la bibliothèque
Pages 2-3
Kari Voutilainen, la recherche de la perfection Fournisseur  José
formation
Labarga, orfèvre de
Page 7
Page 5
Pièce historique Une horloge marine de
Ferdinand Berthoud
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éDITORIAL
Créativité. Cette qualité donne son titre à deux des
articles de ce nouveau numéro de L’Heure by Fleurier.
Elle porte nos horlogers et parcourt l’ensemble de notre
vallée. Etre créatif, c’est oser, chercher, inventer. C’est
prendre le risque, aussi, de se tromper et de bousculer.
Comment concilier tradition et patrimoine (la mission
de la Fondation éditant ce journal) avec l’innovation
et la modernité ? Cet enjeu représente l’une des grandes
tensions de notre temps, quels qu’en soient les gardiens !
Frédéric Mairy
E
P RI S
Luxe, calme
et créativité
ENTRE
Voutilainen, une entreprise
où l’on prend le temps pour
inventer et approcher la perfection
Loin de sa Finlande natale, Kari Voutilainen a créé
sa propre entreprise à Môtiers. Il réalise des montres
de luxe en petites quantités, en maîtrisant chaque
étape de la fabrication.
Derrière le calme et la modestie du personnage se cache une
véritable machine à inventer. La
rigueur nordique de Kari Voutilainen n’a d’égale que sa créativité. A
13 ans, le jeune Kari affirme qu’il
veut faire quelque chose avec ses
mains et être indépendant. Le gamin
de l’époque a de la suite dans les
idées, du talent et une grande soif de
connaissance. Il apprend l’horlogerie
dans son pays natal, la Finlande, et
part ensuite se perfectionner en Suisse,
au WOSTEP à Neuchâtel. Il entre dans
la toute jeune entreprise Parmigiani
en 1990. Son désir d’indépendance ne
se concrétise que douze ans plus tard.
Passionné et prévoyant, l’horloger
a investi dans des machines, des tours
et de l’outillage installés dans un atelier à Môtiers. Il est donc déjà équipé
au moment où il décide de se lancer
avec l’idée de réaliser des pièces compliquées. Il travaille d’abord seul,
pendant deux ans, en faisant de la
sous-traitance. En 2009, quand son
entreprise a bien grandi, il installe
sa famille et ses employés dans
une maison de maître à Môtiers.
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L’HEURE BY FLEURIER
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Son équipe est constituée de collaborateurs jeunes et polyvalents à qui il aime
transmettre son savoir. Presque tous les
composants utilisés sont usinés sur place.
« Maîtriser toutes les étapes apporte une liberté
de création », explique Kari Voutilainen.
Ses clients, essentiellement des hommes,
aiment savoir où sont réalisées leurs
montres, par qui et de quelle manière.
« Tout le contraire des grandes quantités fabriquées de façon industrielle et dont la production
est délocalisée ». Pour présenter ses petites
séries, il s’appuie sur quatre agents, « des
connaisseurs passionnés », et très peu de
points de vente, en Suisse, à Paris et en
Asie.
Il faut beaucoup d’argent pour s’offrir
une pièce estampillée Voutilainen. Et
de la patience aussi : il y a près de quatre
ans d’attente. Ça tombe bien, les modèles
sont intemporels.
Marylise Saillard
Entreprise
Artisan d’Horlogerie d’Art Voutilainen
Collaborateurs
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Production
Une cinquantaine de montres par an
Prix d’une montre
De CHF 71’000 à CHF 500’000
Dates marquantes
1988-1989 : Elève au WOSTEP à Neuchâtel
1990 : Entrée dans l’entreprise Parmigiani
1999-2002 : Enseignant au WOSTEP
2002 : Début en tant qu’indépendant
2005 : Première exposition au Salon
mondial de l’horlogerie à Bâle
2008 : Construction du premier
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quand on tire sur la couronne, le
balancier s’arrête. Sur cette montre
Ceci sera la zone de texte consacrée
au mouvement mécanique à remonà l’article. Ceci sera la zone de texte
tage manuel, la réserve de marche est
consacrée à l’article. Voyez ce jeu exvisible et mise en valeur. La construcquis wallon, de graphie en kit mais
tion en forme de croix de Malte
bref. Ceci est un pangramme sans
sur le barillet limite la réserve de
les lettres accentuées. Dans cet
marche pour offrir au mouvearticle, il y a pas moins de 465
ment un peu plus de deux jours
caractères.
de marche optimale. Le boîtier en or rouge mesure
39 mm de diamètre. La
série est limitée à
25 exemplaires.
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1 Presque tous les composants utilisés
sont usinés sur place.
2 L’unité de production est installée
dans une maison de maître
du début du XXe siècle.
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AI T
PORTR
David-JeanJacques-Henri Vaucher
Premiers pas de l’horlogerie à Fleurier,
sous la ramée d’un ample peuplier
Cité officiellement dès 1732 comme «orologer », David-Jean-Jacques-Henri
Vaucher est considéré comme le premier horloger en petit volume ou montres
de poche à Fleurier. Il est à l’origine de l’essor de l’horlogerie en ce lieu et d’une
lignée d’artisans dont la renommée s’étendra jusqu’en Chine.
C’est en 1712, année de la naissance de son second fils DavidJean-Jacques-Henri, que le paysan et charpentier Daniel Vaucher fait édifier une maison à Fleurier, au lieu-dit Le Guilleri,
du nom d’un grand peuplier noir qui s’y dresse fièrement. On
peut lire aujourd’hui encore sur le linteau de la porte GrandRue 16, le monogramme « DV», encadré de l’année en question.
David-Jean-Jacques-Henri aurait appris son métier auprès
d’un ouvrier du mythique horloger loclois Daniel JeanRichard.
Il épouse, en premières noces, Anne-Marie Croisier, originaire
du Pays de Vaud, qui lui donne trois enfants. Devenu veuf,
l’horloger s’unit en 1749 à sa cousine Salomé DuPasquier, avec
laquelle il aura quatre fils et une fille.
Lieutenant de milices, David-Jean-Jacques-Henri Vaucher,
dit Vaucher du Guilleri, possède en 1738 une maison dans le
quartier du Pasquier et acquiert la bourgeoisie de Neuchâtel en
1740. On dit qu’il fabrique la montre dans toutes ses parties et
qu’il excelle en son art : il figure parmi les « habiles Horlogers »
du Val-de-Travers mentionnés par Frédéric-Samuel Ostervald
dans sa célèbre Description des Montagnes et des Vallées qui font partie
de la Principauté de Neuchâtel et Valangin (1766).
Trois fils issus de la seconde union de David-Jean-JacquesHenri, soit Claude-Jean-Pierre, Jean-Jacques-Henri et HenriLouis, marchent dans les pas de leur père et fondent la maison
« Vaucher Frères », vraisemblablement à la mort de ce dernier
en 1786. Leur production consiste en des montres de poche,
montres de carrosse (pendulettes) et pendules d’officier, qu’ils
exportent avec succès en France, Italie et Allemagne.
L’entreprise Vaucher Manufacture Fleurier se nomme ainsi
en hommage à ce patronyme réputé.
Ariane Maradan
Le peuplier du Guilleri (dessin original anonyme, d’après Chs.-Ed. Calame).
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Sources
Laurence Vaucher et Paul Clementi - Vaucher… de famille en famille… - Vaucher
Manufacture Fleurier, Fleurier 2007.
E
OI N
Urbanisme horloger
PATRI M
Au tournant du XXe siècle, avec le début de l’industrialisation horlogère,
des fabriques s’installent dans nos villages.
Plusieurs bâtiments regroupent tout à
la fois logement, bureaux et ateliers.
La partie habitation, avec ses grandes
pièces, ses baies vitrées et souvent des
tourelles et des pierres apparentes, souligne l’importance de l’édifice. Celui qui
y logeait, à la fois propriétaire et directeur, était à pied d’œuvre pour rejoindre
les bureaux et veiller au bon fonctionnement de ses affaires, comme pour tenter
de mieux discipliner ses employés. Venant
de quitter leurs ateliers familiaux, les horlogers peinaient à entrer dans une structure avec des horaires et des contraintes.
Les règlements des usines de cette
époque, très stricts, ne leur permettaient
plus le libre arbitre qu’ils avaient longtemps pratiqué.
Au-dessus de la gare de Travers, l’immeuble qui abritait la fabrique de pierres
fines Krügel est l’un des plus typiques de
cette période.
Benoît Conrath
L’usine Krügel: villa et ateliers sont contigus.
A la bibliothèque...
Le Val-de-Travers Industriel
Présentant les différentes industries
ayant fait la renommée de la région,
la série Le Val-de-Travers Industriel
consacre deux numéros à l’horlogerie : naissance de cet art en Suisse,
débuts et développement dans le
Vallon, montre « chinoise », pendulerie, outils, horlogers célèbres,
dynasties, entreprises, fabrication
des ébauches, branches annexes,
école d’horlogerie mais aussi crises
et chômage. Ecrits dans un style
désuet, ces fascicules n’en abondent
pas moins d’intéressantes données.
Ariane Maradan
Gaston Rub
L’Horlogerie au Val-de-Travers
de ses origines à nos jours
in Le Val-de-Travers Industriel
Collection « Mon Vallon »,
Revue du Val-de-Travers
Première série, N ° 5 et 6
Imprimerie Montandon & Co, Fleurier,
mai et novembre 1937, 40 et 64 pages
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IER
Mé T
Anne-Marie Moser,
créatrice de montres
Créer des objets horlogers dans l’esprit de
la marque Parmigiani Fleurier, tout en innovant, c’est à ce difficile équilibre qu’Anne-Marie
travaille constamment.
Dès qu’une nouvelle
montre est définie en taille,
en indications, en style, AnneMarie planche. Il s’agit pour elle
d’intégrer un nouvel objet dans la
lignée de la marque en reprenant
le « vocabulaire esthétique », en
inscrivant cette nouvelle montre
dans l’ensemble déjà existant. Elle
doit proposer un modèle qui fera
corps avec les précédents, tout en
offrant -art complexe- un plus, une
évolution, du neuf.
échanges avec les artisans. Et des idées
lui viennent à tout moment, passant
ensuite au tamis du dessin pour, parfois,
se retrouver sur une nouvelle montre.
d’elle, dans la manufacture et avec les
artisans spécialisés, ne manquent pas les
personnes qui concrétiseront les défis de
fabrication qu’elle leur lance.
Le fait d’être dans une petite équipe
de création lui permet d’échanger, de
collaborer et c’est ainsi que les projets
mûrissent. Et elle souligne qu’autour
Benoît Conrath
Avec des crayons et à l’aide de
l’outil informatique, elle laisse aller
son imagination en multipliant les
esquisses. Ignorant volontairement
les difficultés techniques et le coût de
fabrication, elle crée, mettant petit à
petit ses idées au net.
« C’est plus un défi qu’une contrainte de
faire du design dans l’esprit de la marque en
dépassant le déjà-vu, le déjà-fait chez nous ou
ailleurs » insiste-t-elle. Innover et bousculer les limites du faisable sont des choses
qu’elle vit chaque jour avec grand plaisir
et intérêt.
Oui, cette perpétuelle volonté
de mettre en forme du neuf lui
est essentielle car « sinon on en serait
encore à la montre de poche » répètet-elle.
Anne-Marie nourrit sa curiosité, sa soif de voir et d’apprendre
par des expositions, des livres, des
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Innover et bousculer les limites du faisable.
FOURNI
SSEU
R
Le savoir-faire artisanal
Plus de 35 ans d’expérience
et des méthodes traditionnelles
Orfèvre de formation, José Labarga a fait le voyage
de Madrid à Fleurier pour entrer dans le milieu
horloger. Il a développé son goût pour la décoration et cultive l’amour du travail à l’ancienne.
Entreprise
José Labarga
Collaborateurs
4
Activités
Décoration et galvanoplastie
Etapes clés
1991 : Création de l’atelier de décoration
horlogère
2001 : Déménagement dans les nouveaux
locaux
2003: Dépôt du premier brevet
Décoration exécutée par l’atelier José Labarga.
« Il y a un charme dans le travail manuel
qu’une machine automatique ne peut pas
recréer. Ça se voit sur le produit fini, en
tout cas pour les connaisseurs ». MariaCruz Labarga a été contaminée par
le même virus que son mari. C’est
lui qui lui a enseigné le métier
quand elle l’a rejoint à Fleurier,
jeune mariée quittant son Espagne
natale. Lui était alors employé
dans une entreprise locale, et
attiré par le haut de gamme : « un
passionné qui ne comptait pas ses heures ». Le
couple a commencé à travailler le soir à
la maison. José Labarga a ensuite décidé
de monter sa propre société. Il est actif
dans la décoration de mouvements et de
cadrans et dans la galvanoplastie. Avec
son épouse et les deux employés formés
sur place, il traite environ 1’000 pièces
par année.
Ses clients sont d’une part des horlogers qui fabriquent des prototypes et
des pièces uniques et, d’autre part, des
entreprises suisses prestigieuses qui lui
confient de très petites séries. Il lui arrive
aussi de restaurer des pièces de collection.
Perlage, anglage et côtes de Genève n’ont
plus de secret pour lui. La créativité fait
également partie du métier. Mais comme
le déplore Maria-Cruz : « Certains dessins que
nous avons inventés par le passé ont été copiés.
Désormais nous déposons des brevets, mais ça
coûte cher ».
Marylise Saillard
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PIèCE HISTO
RIQU
E
Compagne inséparable
des navigateurs
Une horloge marine conçue
par le plus illustre des Vallonniers
L’une des rares pièces horlogères méritant pleinement l’appellation de « gardetemps », le chronomètre de marine a
pour fonction de donner le temps exact
en mer, soit « conserver le temps », dans
le but de déterminer au plus juste la longitude à laquelle se trouve le navire par
rapport à un méridien de référence.
Natif de Plancemont, établi à Paris dès
1745, Ferdinand Berthoud (1727-1807) a
fait de la détermination des longitudes
l’une de ses spécialités. Nommé « Horloger Méchanicien du Roi & de la Marine »,
il publie en 1773 un Traité des horloges
marines, dédié à Louis XV.
Muni d’un échappement libre à détente,
le mécanisme de cet instrument de haute
précision est logé dans une cuve de laiton montée sur une suspension dite « à la
Cardan », qui lui permet de se maintenir
en position horizontale. Un guichet affiche
les heures tandis que minutes et secondes
se lisent sur deux cadrans distincts. De
dimensions respectables, l’ensemble est
abrité dans un solide coffret en noyer.
L’horloge marine N° 6 de Ferdinand Berthoud dans son coffret.
Numérotée, signée et datée « N ° 6 Inventée et exécutée par Ferdinand
Berthoud 1777 », cette rarissime horloge
marine est conservée dans la Collection
Chopard Manufacture, à Fleurier.
Ariane Maradan
Impressum
Editeur
Fondation pour la sauvegarde de la tradition et du
patrimoine horlogers de Fleurier et du Val-de-Travers.
Comité de rédaction
Ariane Maradan, chercheuse indépendante
Marylise Saillard, journaliste à RTN et indépendante
Benoît Conrath, horloger chez Parmigiani Fleurier
Coordination
Laurence Vaucher, conservatrice, présidente de la
Fondation
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L’HEURE BY FLEURIER
OCTOBRE 2012
Ligne graphique
Cyril Schindelholz - Caroline Karakash
Crédits photographiques
p. 1, 8: © Chopard Manufacture SA;
p. 1, 3, 6, 7: © François Charrière;
p. 2: © Artisan d’Horlogerie d’Art Voutilainen;
p. 4, 5: © Musée régional du Val-de-Travers.
Remerciements
Le Conseil de Fondation tient à remercier, pour leur soutien
et leur aide, la commune de Val-de-Travers ainsi que la
Banque Cantonale Neuchâteloise.
Mise en page et impression
Imprimerie Montandon & Cie, 2114 Fleurier
Achevé d’imprimer - octobre 2013 - 9000 exemplaires
être proche, c’est soutenir
le savoir-faire neuchâtelois »

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