Les opposants à l`A45 encore et touj - Saint-Genis

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Les opposants à l`A45 encore et touj - Saint-Genis
SAMEDI 17 SEPTEMBRE 2016 LE PROGRÈS
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LOIRE/ RH Ô NE
TRANS P ORTS
Les opposants à l’A45
RÉGION
Ce dimanche, des opposants de
l’A45, issus de la Loire et du Rhône, se donnent rendez-vous à
Mornant. Ils comptent sur « la
pression populaire » pour faire
évoluer le dossier dans leur sens.
Rédaction
du Rhône
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L
es partisans de l’A45 ont vu le dossier avancer au début de l’été avec
les votes du conseil départemental,
de Saint-Étienne Métropole et du
conseil régional Auvergne-RhôneAlpes. Ces trois collectivités ont en
effet délibéré sur une participation
financière à cette infrastructure, soit
131 millions chacune. Des décisions
qui avaient mobilisé les opposants.
En cette rentrée, la mobilisation est
toujours d’actualité. « Le combat
continue. Il n’est pas question de
laisser retomber le soufflé », lance
Françoise Thavisouk. L’action contre l’A45 se poursuivra donc ce dimanche. Ce jour-là sera organisée la
Fête des opposants à l’A45, à Mornant. Françoise Thavisouk, coordinatrice de cette opération, présente
ce rendez-vous comme « une journée citoyenne de mobilisation, d’information ».
Des conseils de zadistes
Les associations historiquement opposées à l’A45 (Sauvegarde des Coteaux du Jarez, Sauvegarde des Coteaux du lyonnais, Sauvegarde de
Rive-de-Gier, Alcaly) participeront à
cette journée, mais aussi « des jeunes qui prennent conscience de la
dangerosité de ce projet », précise
Françoise Thavisouk.
Parmi les participants, les organisateurs annoncent la présence de personnes de Roanne, Marseille, Vienne, mais aussi des membres des
mouvements d’opposition aux projets de l’aéroport Notre-Dame-desLandes ou encore du barrage de Sivens. Françoise Thavisouk, qui
milite depuis quinze ans contre ce
projet autoroutier, précise que « ces
zadistes animeront des tables ron-
n Le rassemblement contre l’A45 aura lieu, ce dimanche, à Mornant, à la ferme du M
des. Ils nous diront comment ils ont
fonctionné sur les sites qu’ils défendent. Leurs témoignages et leurs expériences seront précieux pour
l’avenir de notre mobilisation ».
Les eurodéputées Michèle Rivasi et
Karima Delli sont également attendues à Mornant. Malgré l’avancement du dossier, les opposants à
l’A45 sont déterminés. « Tout n’est
pas joué. C’est la pression populaire
qui peut faire évoluer le dossier dans
notre sens », estiment-ils.
Dominique Goubatian
EN CHIFFRES
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n 1,2 milliard d’euros
C’est le coût estimé des travaux
pour construire cette liaison. Il
sera divisé en trois entre l’État,
Vinci et les collectivités locales.
n 2018-2022
Les travaux de l’A45 devraient
démarrer en 2018 pour se terminer autour de 2022.
n 45 km
C’est la distance de la future autoroute qui doit relier La Fouillouse
(42) à Brignais (69).
n 15
C’est le nombre d’ouvrages d’art
que comporterait cette autoroute :
onze viaducs et quatre tunnels.
n 78 700
Selon le rapport de l’enquête
publique, le trafic de l’A45 passerait de 58 400 véhicules par jour à
78 700. Soit 20 300 de plus. Des
opposants sont en désaccord avec
ces perspectives.
n 5 euros
Ce serait le prix du péage pour le
trajet Saint-Étienne-Lyon.
n 1993 et 2008
1993, c’est l’année durant laquelle
le projet est né. L’autoroute a été
déclarée d’utilité publique en
2008.
Le rassemblement,
mode d’emploi
Cette fête des opposants à l’A45
débutera à 8 heures, place de la
Mairie à La Talaudière. Trois tracteurs conduits par des agriculteurs
de la Confédération paysanne
ouvriront la route à des cyclistes.
À 8 h 30, le cortège fera une halte à
la gare de Saint-Chamond, puis, à
9 heures, à la gare de Rive-de-Gier.
Enfin, un autre point de ralliement est prévu à La Madeleine.
Dans ces trois communes, de nouveaux participants pourront se
joindre au cortège. Un autre partira de Brignais, à 9 heures. Tous se
retrouveront à 11 heures à la ferme du Mornantais, à Mornant.
C’est là où se dérouleront les tables rondes, mais aussi les animations musicales et théâtrales. Des
stands seront tenus par des associations opposées à l’A45. Des
producteurs de fruits, de fromages, de charcuterie, ainsi que des
brasseurs de bière et des viticulteurs seront présents sur ce lieu où
des casse-croûte seront à disposition.
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ACTU LYON ET RÉGION
encore et toujours mobilisés
CE QU’ILS EN DISENT
« Ce dossier s’est débloqué
parce que la Région
a décidé de mettre
de l’argent sur la table »
Laurent Wauquiez,
président du conseil régional
Auvergne Rhône-Alpes
(Le Progrès du 9 septembre)
« Je connais bien la réalité des embouteillages de l’A47 avec des milliers d’emplois affectés, 200 accidents en quatre ans, dont certains
mortels. Il y a deux points sur lesquels nous devons encore avancer.
D’abord, je tiens à ce que la réalisation soit un modèle sur le plan
écologique, notamment avec une
insertion paysagère exemplaire. Le
second point sensible est l’accès à
l’agglomération lyonnaise. J’ai saisi
le ministre des Transports sur ce
sujet. Il faut trancher cette question
et que l’on n’oriente pas tout le flux
en direction de Pierre-Bénite. »
« Le Département
du Rhône a toujours
été opposé à l’A 45 »
Christophe Guilloteau, président
du nouveau Département du Rhône
(Le Progrès du 16 septembre)
« Laurent Wauquiez a une vision de
cohérence pour les douze départements de la Région, ce qui est bien
légitime, et il défend l’A45. Moi, je
suis à la tête d’un département et je
dois faire en sorte que l’environnement, l’agriculture y soient préservés. Ce dossier de l’A45 pénalise le
département du Rhône en traversant de part en part le plateau mornantais. Le Département du Rhône
a toujours été opposé à ce projet et
c’est ma position. »
« Le projet de l’A45
est une hérésie de l’esprit »
Roland Crimier,
maire de Saint-Genis-Laval
(Le Progrès du 16 septembre,
édition de l’Ouest lyonnais)
« Le projet, tel qu’il est pensé
aujourd’hui, est une hérésie de
l’esprit. Je suis partisan d’une amélioration des liaisons économiques
avec la Loire. Les gens vont gagner
dix minutes entre Saint-Étienne et
Mornant, mais vont en perdre
30 dans le bouchon de Pierre-Bénite, où 20 000 véhicules supplémentaires sont prévus au quotidien. On
ne peut pas penser une minute que
les choses se passent ainsi. La solution serait plutôt de débrancher
l’A45 pour lui permettre de rejoindre le contournement Est de Lyon
élargi à trois voies. »
Mornantais, chez Cédric et Jérôme Guinand. Photo Frédéric CHAMBERT
« S’il y a l’autoroute A45, je ne me vois plus vivre ici… »
« S’il y a l’autoroute A45, je ne me vois
plus vivre ici… Surtout lorsque l’on a
connu ces paysages », lance Jérôme
Guinant, propriétaire de la ferme du
Mornantais, avec son frère Cédric, en
montrant ses champs. Loin d’être la
seule propriété impactée par le passage de l’autoroute, l’exploitation familiale, implantée au lieu-dit La Côte, à
Mornant depuis quarante ans, perdrait entre 10 à 15 hectares de terres
agricoles. Et le problème, pour eux,
c’est que l’A45 couperait leurs terres
en deux, dans le sens de la longueur.
« Nous n’avons pas envie que nos vaches pâturent à quelques mètres de
l’autoroute. En plus, nous essayons
d’être autonomes pour les alimenter,
donc cette perte de terres pourrait remettre en cause cette autonomie », expliquent les deux frères.
Une mobilisation « jusqu’au
bout » pour l’abandon du projet
Dans le Rhône, les voix qui continuent
à s’élever contre ce projet sont nombreuses : Christophe Guilloteau, à la
tête du nouveau Département du
Rhône, des associations, comme la
Sauvegarde des Coteaux du lyonnais
n L’A45 doit passer dans le champ derrière les vaches des frères Guinand.
Photo Frédéric CHAMBERT
(SCL), ainsi que les communes rhodaniennes impactées par le tracé de
l’autoroute (Mornant, Givors, SaintDidier-sous-Riverie, ou encore SaintAndéol-le-Château).
La Métropole de Lyon et la Ville de
Brignais, y seraient favorables, mais
avec de grandes réserves, et uniquement si une solution est trouvée afin
que l’arrivée de l’éventuelle A45 sur
l’A450, qui elle-même alimente l’A7,
ne l’engorge pas plus. « C’est une solution qui ne nous satisfait pas. La position de la SCL et globalement des
communes traversées, est de dire
qu’on doit pouvoir faire autrement, argumente Jean-Marc Dussardier, trésorier adjoint à la SCL. On se bat contre
un principe et pas contre un tracé. »
La SCL avance des arguments agricoles et financiers : « Les Coteaux du
lyonnais est une zone à fort potentiel
agricole, où 500 hectares de terres
agricoles seraient détruits. Et ce financement serait également un gaspillage
de l’argent public. »
Les élus Europe Écologie-Les Verts de
la Métropole de Lyon s’opposent également à cette autoroute. Pour eux,
« ce projet aura pour effet principal
d’accumuler encore plus de voitures et
de camions aux portes de la Métropole », en plus de générer « une augmentation des pollutions sonore et atmosphérique ».
Depuis que la Région a voté le financement du projet, les opposants savent
qu’il sera difficile de faire marche arrière. Cependant, eux et la SCL continuent de se battre « pour l’abandon du
projet. Notre but est d’aller jusqu’au
bout, par tous les moyens possibles.
D’ailleurs, on a posé plusieurs recours.
On va tout faire pour retarder le projet,
car en le retardant, on espère que les
mentalités changent… », conclut
Jean-Marc Dussardier.
Laura Turc
RHO - 1