hépatite par toxique..

Transcription

hépatite par toxique..
THÈME
FORMATION PERMANENTE ATTITUDES CLINIQUES
TECHNIQUE
PRODUITS VÉTÉRINAIRES
Le foie
Chez les carnivores domestiques, les intoxications
à l’origine d’affections hépatiques ne sont pas
fréquemment décrites, mais sont
probablement sous-diagnostiquées.
Néanmoins, certains xénobiotiques,
toxiques et médicaments, peuvent
être à l’origine d’hépatotoxicité,
notamment par le biais
de la production
de métabolites
hépatotoxiques.
Les affections hépatiques
d’origine toxique
et médicamenteuse
chez les carnivores
domestiques
Toxic and drug-induced
hepatic disorders
in domestic carnivores
H. POULIQUEN*
* Unité de pharmacologie
et toxicologie
ENVN
Atlanpôle - La Chantrerie
BP 40706
44307 NANTES CEDEX 03
Article reçu en juillet 2000
Résumé
Summary
Les affections
hépatiques
d’origine toxique
et médicamenteuse
chez les carnivores
domestiques
’hépatotoxicité résulte, soit d’une action
directe du xénobiotique parental (non
biotransformé par l’animal), soit, plus
souvent, de la production de métabolites hépatotoxiques. Les affections hépatiques
aiguës se caractérisent principalement par des
lésions hépatiques de surcharge (stéatose, etc.),
de cholestase, de dégénérescence et/ou de
nécrose. Les affections hépatiques chroniques sont,
quant à elles, à l’origine de lésions hépatiques de
stéatose, de fibrose et/ou de cirrhose [16].
L’action toxique des xénobiotiques sur le foie est
décrite en mettant en avant le rôle des biotransformations hépatiques, puis les xénobiotiques responsables d’affections hépatiques aiguës et chroniques
sont successivement présentés. Seuls les principaux xénobiotiques responsables d’accidents
d’hépatotoxicité chez le chien et le chat sont évoqués dans cet article.
L
Les affections hépatiques
aiguës
Généralités : signes cliniques
et lésions
Les affections hépatiques aiguës d’origine
toxique et médicamenteuse sont rarement décrites
chez le chien et chez le chat. Elles se développent suite à l’ingestion ou l’administration
unique d’une quantité élevée de xénobiotique
(tableau 1).
Les signes cliniques observés ne sont pas spécifiques [6, 26] : ictère, signes digestifs et nerveux et
troubles de l’hémostase. Certains paramètres biochimiques sanguins [26] sont généralement modifiés (tableau 2).
LE POINT VETERINAIRE, vol. 31, n° 211, novembre-décembre 2000
• Les affections hépatiques aiguës se
développent suite à l’ingestion ou
l’administration unique d’une quantité
élevée de xénobiotique : algues bleues,
aflatoxines, champignons supérieurs,
Lantana, palmiers Sago, phosphore et
phosphures, fer, composés phénoliques, médicaments. Les signes cliniques et les lésions histologiques hépatiques ne sont pas spécifiques.
L'autopsie met en évidence un foie de
taille normale ou légèrement augmentée, des hémorragies (pétéchies et
ecchymoses), une congestion et un
œdème pulmonaire. Les maladies
hépatiques chroniques se développent
suite à l’ingestion ou l’administration réïtérée de faibles quantités de xénobiotiques : aflatoxines, plantes du genre
Indigofera, cuivre, médicaments. Les
signes cliniques ne sont pas spécifiques.
L’autopsie met en évidence un foie atrophié ou hypertrophié, souvent décoloré
et de surface irrégulière, et un liquide
d’ascite jaune clair en faible quantité.
(4 photos, 2 tableaux, 33 références).
Mots-clés : hépatotoxicité, intoxication,
toxicologie, appareil digestif, chien,
chat, carnivores domestiques.
• Acute hepatic disorders may be caused by ingestion or a single administration of a large quantity of a xenobiotic
(exogenous substance) such as bluealgae, aflatoxins, fungi, Lantana, Sago
palms, phosphorus and phosphides,
iron, phenolic compounds, or medicines. Clinical signs and hepatic histology are non-specific. On post-mortem,
lesions found include a liver of normal
size or slightly larger, haemorrhages
(petechial and ecchymotic), and also
congestion and pulmonary oedema.
Repeated ingestion or administration of
small amounts of xenobiotics such as
aflatoxins, plants of the genus
Indigofera, copper, or medicines
causes toxic and drug-induced chronic
hepatic disorders. Clinical signs are
non-specific. Post-mortem lesions
include an atrophied or hyperplasic
liver, which is often discoloured and
has an irregular surface, and there is a
small amount of yellow ascitic fluid
(4 photos, 2 tables, 33 references).
Keywords: hepatotoxicity, poisoning,
toxicology, gastro-intestinal
system,dog, cat, domestic carnivores.
Point Vét., 2000, 31 (211)
563-569
19
(563)
Notes :
* Eclatement du noyau
de la cellule
en débris basophiles.
** Condensation
de la chromatine du noyau
de la cellule, qui devient
homogène et uniformément
colorée.
t biotoxines
t toxiques
L’autopsie permet de mettre en évidence [1, 16,
32] :
- un foie de taille normale ou légèrement augmentée, de couleur plus ou moins pâle et de
consistance souvent diminuée ;
- des hémorragies (pétéchies et ecchymoses) qui
siègent sur les séreuses, notamment de l’endocarde et de l’épicarde, et au niveau du tube
digestif et de la vésicule biliaire. Ces hémorragies sont liées aux effets des métabolites
toxiques excrétés dans la bile, à une consommation excessive de facteurs de la coagulation suite
maladies hépatiques aiguës
• algues bleues
(= cyanobactéries)
• aflatoxines
• aflatoxines
• champignons supérieurs
(amanite phalloïde)
• plantes (lantana, palmiers Sago) • plantes (Indigofera)
minéraux
• phosphure
• fer
organiques
• composés phénoliques
(crésols et xylophène)
t toxiques
t médicaments
maladies hépatiques chroniques
• cuivre
• paracétamol
• mébendazole
• diéthylcarbamazine
• oxibendazole
+ diéthylcarbamazine
• halothane et méthoxyflurane
• carprofène
Algues bleues ou cyanobactéries
• glucocorticoïdes
• antiépileptiques
• sulfonamides-triméthoprime
• griséofulvine
• naproxène
• érythromycine
• kétoconazole
• méthotrexate
• acétate de mégestrol
Tableau 1. Causes des principales maladies hépatiques d’origine toxique et médicamenteuse
chez le chien et chez le chat [4, 22]. En gras : les plus fréquentes.
t ictère
t signes digestifs
t signes nerveux
t ascite
t hémorragies
t signes urinaires
t paramètres
maladie aiguë
maladie chronique
possible
possible
uniquement dans les formes
cholestatiques
vomissements,
diarrhée,
coliques
anorexie,
vomissements,
diarrhée, décoloration des selles
maigreur
coma, abattement,
tourner en cercle,
troubles du comportement,
hypermétrie, convulsions
convulsions,
troubles du comportement,
ataxie, amaurose
absent
possible
hémorragies digestives,
purpura
se révélant lors d’une ponction
veineuse ou d’une biopsie
absents
polyuro-polydipsie
biochimiques
sanguins
ALAT
phosphatases alcalines
gammaGT
acides biliaires
albumine
bilirubine totale
↑(↑)
(↑)
(↑)
↑↑
→
(↑)
↑↑(↑)
↑↑(↑)
↑↑(↑)
↑↑(↑)
(↓)
↑(↑)
Tableau 2. Principaux signes cliniques et principales variations des paramètres biochimiques
sanguins lors de maladies hépatiques aiguës et chroniques chez le chien et chez le chat [6, 26].
En gras : les signes cliniques les plus fréquents.
(↑) parfois augmenté ; (↓) parfois diminué ; → normal.
20
(564)
à des ruptures de capillaires sinusoïdes, et à une
incapacité du foie lésé à remplacer ces facteurs
de la coagulation ;
- une congestion et un œdème pulmonaire. D’une
part, une quantité élevée de métabolites toxiques
et de produits de dégradation de la fibrine peut
quitter le foie pour gagner les poumons. D’autre
part, les poumons possèdent leurs propres
enzymes d’oxydation et sont donc également susceptibles de transformer un toxique parental peu
toxique en métabolites plus toxiques.
Les lésions histologiques hépatiques ne sont
pas spécifiques et n’ont donc qu’une faible valeur
diagnostique et pathogénique. Les lésions de
dégénérescence et de nécrose hépatiques sont
caractérisées par des lésions des hépatocytes
(dégénérescence granuleuse, dégénérescence
vacuolaire, stéatose, accumulation de pigments
biliaires, caryorrhexie*, pycnose**), un œdème
des espaces de Disse, la présence de cellules
inflammatoires et l’activation des cellules de
Kupffer [1, 16, 32, 33].
Certaines algues bleues ou cyanobactéries,
notamment des genres Microcystis, Anabaena et
Aphanizomenon, peuvent être à l’origine d’intoxications graves chez les carnivores domestiques (principalement chez le chien) qui boivent l’eau des lacs,
des étangs ou des ruisseaux [9, 11, 15]. Après une
période de forte chaleur, notamment lorsque les
concentrations de l’eau en ions phosphate et nitrate
sont élevées, ces algues s’accumulent à la surface
de l’eau : c’est le phénomène du “bloom algal”.
Elles contiennent une toxine polypeptidique
libérée lors de leur destruction, soit dans l’eau,
soit dans l’estomac des animaux. La toxine
pénètre dans les hépatocytes en utilisant les systèmes de transport des acides biliaires et ne
nécessite pas d’être métabolisée pour exercer son
action hépatotoxique. Elle agit en désorganisant la
membrane cytoplasmique des hépatocytes, ce qui
est à l’origine des lésions de dégénérescence et de
nécrose de ces cellules. L’action de cette toxine
pourrait également être renforcée par celles de
bactéries saprophytes présentes dans l’eau de certains lacs, étangs et ruisseaux.
Les signes cliniques observés, outre une dyspnée parfois sévère, sont principalement digestifs et nerveux. Lors d’évolution suraiguë ou aiguë,
la mort peut survenir en quelques minutes à
quelques heures. Lors d’évolution subaiguë, la
mort survient en plusieurs jours, parfois après la
survenue d’un ictère.
Les lésions hépatiques de dégénérescence et de
nécrose sont associées à des lésions de congestion des intestins, des reins et des poumons.
Le diagnostic de certitude repose sur l’identification de l’algue dans l’eau et le contenu stomacal de
l’animal.
Aflatoxines
Les aflatoxines constituent un groupe de mycotoxines produites principalement par Aspergillus
flavus, Aspergillus parasiticus et Penicillium puberu-
H. POULIQUEN
lum [9, 16, 19, 22]. Elles sont des produits du métabolisme de ces champignons, les principales étant
les aflatoxines B1, B2, G1 et G2. L’aflatoxine la plus
étudiée est l’aflatoxine B1, en raison de sa relative
abondance et de sa toxicité hépatique.
Les carnivores domestiques peuvent s’intoxiquer en ingérant du pain, des aliments industriels
ou des déchets domestiques, contaminés par des
champignons produisant des quantités élevées
d’aflatoxines. Chez le chien, la dose létale
moyenne de l’aflatoxine B1 après une administration orale unique est de l’ordre de 1 à 2 mg/kg de
poids vif. A cette dose, les aflatoxines et certains de
leurs métabolites exercent leur toxicité, principalement en inhibant la synthèse des protéines et de
l’ARN. Les jeunes animaux sont plus sensibles que
les adultes et peuvent mourir en quelques heures.
La lésion nécropsique prédominante est une
nécrose hépatique massive et hémorragique.
Le diagnostic de certitude repose sur l’identification du champignon, ainsi que sur l’identification et
le dosage des aflatoxines dans l’aliment.
Champignons supérieurs
Certains champignons, notamment les amanites,
au premier rang desquelles l’amanite phalloïde
(Amanita phalloides), peuvent être à l’origine
d’intoxications chez les chiens et chez les chats qui
les ingèrent [9, 22]. Ces champignons contiennent
de nombreuses toxines, dont la phalloïdine, et sont
à l’origine de signes digestifs sévères pouvant
conduire à la mort de l’animal en un à quatre
jours.
Une gastroentérite, ainsi qu’une dégénérescence
et une nécrose hépatique et rénale, sont notées lors
de l’autopsie.
Lantana
Le lantana ou fausse verveine (Lantana camara)
est une plante d’ornement de la famille des verbénacées qui peut être à l’origine d’intoxications chez
les chiens et chez les chats qui mâchent et ingèrent
les feuilles du végétal [16]. Elle contient notamment
deux triterpènes cholestatiques, les lantadènes A et
B, responsables d’une nécrose hépatique et d’une
paralysie de la vésicule biliaire.
Outre les signes digestifs, le tableau clinique
est dominé par un ictère. La durée d’évolution de
l’intoxication varie de deux jours à deux semaines.
Les lésions de dégénérescence et de nécrose
hépatique sont associées à une cholestase des
canalicules biliaires (principalement dans les zones
périlobulaires) et à une néphrose tubulaire non
spécifique.
Palmiers Sago
Certains palmiers ornementaux, notamment les
palmiers Sago (Cycas sp, Macrozamia sp), peuvent
être à l’origine d’intoxications chez les chiens et les
chats qui mâchent et ingèrent leurs feuilles [16]. Ces
palmiers contiennent un glycoside, la cycasine, et
induisent des signes digestifs sévères, plus rarement une parésie, voire une paralysie. La mort
peut survenir après une courte période de coma.
Une gastroentérite ainsi qu’une nécrose hépatique, parfois massive, sont retrouvées à l’autopsie.
Phosphore et phosphures
Les carnivores peuvent s’intoxiquer au phosphore en ingérant des comprimés fumigènes à
base de phosphure d’aluminium, destinés à la
lutte contre les taupes [9, 16, 22]. A pH acide
(notamment dans l’estomac des carnivores), le
phosphure d’aluminium se transforme en phosphure d’hydrogène volatil, qui est le principal responsable de l’action toxique.
Le mécanisme d’action hépatotoxique des phosphore et phosphure est mal connu. S’il est clair
qu’un mécanisme de toxification métabolique n’est
pas en cause, l’hypothèse d’une peroxydation des
lipides membranaires des hépatocytes est évoquée. Dans tous les cas, la synthèse protéique est
rapidement diminuée et les lipides s’accumulent
dans le cytoplasme des hépatocytes.
Quelques heures après l’ingestion apparaissent
des vomissements, des coliques, et un ballonnement abdominal dû à la libération de phosphure
d’hydrogène dans l’estomac. Si l’animal survit à
cette phase aiguë, des signes d’ictère et des signes
nerveux apparaissent et conduisent généralement
à la mort de l’animal, environ cinq jours après
l’ingestion.
A l’autopsie, un ictère, une surcharge hépatique,
rénale et myocardique en lipides, ainsi qu’une
nécrose hépatique parfois légère sont notés.
Le diagnostic de certitude repose sur l’identification et le dosage de l’ion phosphure dans le
contenu stomacal.
Outre un traitement symptomatique, il peut
être intéressant de procéder à un lavage gastrique à l’aide d’une solution aqueuse de bicarbonate de sodium à 5 p. cent, de manière à limiter la production de phosphure d’hydrogène à
partir du phosphure d’aluminium.
Fer
Les rares intoxications par le fer relatées chez les
carnivores domestiques sont d’origine médicamenteuse (surdosage thérapeutique) ou phytosanitaire (ingestion de sulfate de fer utilisé notamment
comme anti-mousse dans le traitement des
pelouses) [16, 22].
Le fer, en catalysant la peroxydation des lipides
membranaires des hépatocytes et des cellules
musculaires, est responsable d’une libération
massive de potassium dans la circulation générale et parfois d’une mort subite de l’animal, en
raison de la cardiotoxicité de l’ion potassium.
Les signes cliniques sont digestifs et généraux
(collapsus cardiovasculaire, état de choc et coma)
lors d’ingestion de sulfate de fer ; ils sont essentiellement généraux lors d’un surdosage thérapeutique en fer.
Outre les lésions inflammatoires digestives
observées uniquement lors de l’ingestion de sulfate
de fer, le foie est le siège de lésions de nécrose.
L’accumulation d’hémosidérine peut en outre être
mise en évidence dans les cellules parenchymateuses de nombreux tissus.
LE POINT VETERINAIRE, vol. 31, n° 211, novembre-décembre 2000
21
(565)
Note :
*** Médicament
à usage humain.
Le diagnostic de certitude repose sur le dosage
du fer dans le sérum ou le foie.
Outre un traitement symptomatique, il peut être
intéressant, dans les cas les plus graves, d’administrer, de la déféroxamine (Desféral®***) à la posologie de 20 mg/kg par voie intraveineuse ou intramusculaire : la déféroxamine forme avec le fer des
complexes hydrosolubles et atoxiques, facilement
éliminés par les urines de l’animal.
Composés phénoliques
(crésol et xylophène)
Les composés phénoliques sont principalement
contenus dans des produits insecticides destinés
aux traitements des bois et des locaux [5]. Ces
produits insecticides contiennent une faible quantité d’insecticide et une quantité élevée de composés phénoliques, utilisés comme véhicule. Chez
les carnivores domestiques, les rares intoxications
surviennent suite à l’application de ces produits
sur l’animal, par accident, ou plus souvent par
ignorance du propriétaire. Le chat est plus sensible que le chien aux dérivés phénoliques.
Outre les signes cliniques locaux dus au contact
avec le toxique (érythème, œdème, voire alopécie), des signes cliniques généraux, essentiellement
digestifs et nerveux, apparaissent très rapidement.
Si l’évolution est subaiguë, des signes d’ictère,
d’ascite et d’anémie peuvent également survenir.
Les lésions hépatiques sont uniquement des
lésions de nécrose centrolobulaire sévère.
Il est possible d’identifier et de doser les composés phénoliques dans le contenu stomacal et le foie
par la technique de chromatographie en phase
gazeuse.
Médicaments
Des accidents d’hépatotoxicité aiguë dus à des
médicaments sont rarement décrits chez les carnivores domestiques [4].
• Le paracétamol est un toxique hépatique intrinsèque qui forme des métabolites électrophiles hépatonécrosants [4, 17]. Le chat est environ trois fois
plus sensible que le chien à son action toxique.
Les animaux manifestent principalement une
prostration, de la cyanose, de la dyspnée, de la
tachycardie, des vomissements, une hypothermie
et un œdème de la face et des membres. L’évolution est fréquemment mortelle à partir de
125 mg/kg de poids vif.
Outre le traitement symptomatique, le traitement
spécifique repose sur l’administration, d’une part
de N-acétylcystéine***, précurseur du glutathion,
qui permet d’inactiver les métabolites toxiques du
paracétamol (140 mg/kg puis 70 mg/kg toutes les
6 heures pendant 36 heures par voie orale ou intraveineuse), d’autre part d’acide ascorbique qui permet de réduire la méthémoglobinémie (30 mg/kg
toutes les 6 heures pendant 36 heures par voie
orale ou intraveineuse).
• Le mébendazole, la diéthylcarbamazine, ainsi
que l’association oxibendazole-diéthylcarbamazine, peuvent être chez le chien à l’origine d’une
nécrose hépatique centrolobulaire sévère, liée à
la production d’un métabolite toxique.
22
(566)
Les signes cliniques apparaissent généralement
dans les deux semaines qui suivent leur administration et conduisent fréquemment à la mort de
l’animal [4, 8, 10, 12, 24].
• Le carprofène, anti-inflammatoire non-stéroïdien,
peut être à l’origine d’une nécrose hépatocellulaire de nature idiosyncrasique.
Les signes cliniques (inappétence, vomissements
et ictère) apparaissent entre 3 et 180 jours après le
début du traitement et régressent généralement
après son arrêt et l’instauration d’un traitement
symptomatique.
• Les anesthésiques gazeux, notamment l’halothane, le méthoxyflurane et le fluothane, peuvent
parfois provoquer des hépatites foudroyantes de
nature idiosyncrasique (peut être immunologique)
chez le chien, le plus souvent après plusieurs
expositions [4, 29].
Affections hépatiques
chroniques
Généralités : signes cliniques
et lésions
Les maladies hépatiques chroniques d’origine
toxique et médicamenteuse se développent suite à
l’ingestion ou l’administration réitérée (pendant
plusieurs mois) de faibles quantités de xénobiotiques. Elles sont toutefois rares chez les carnivores
domestiques.
Les signes cliniques observés ne sont pas spécifiques [6, 26] : ictère, signes digestifs et nerveux,
ascite, polyuro-polydipsie et troubles de l’hémostase. Certains paramètres biochimiques sanguins
[25] peuvent être modifiés.
L’autopsie [1, 16, 33] permet de mettre en évidence :
- un foie atrophié ou hypertrophié, souvent décoloré,
irrégulier et déformé par des nodules d’hyperplasie plus ou moins nombreux (aspect de “foie
clouté” ou de “foie ficelé” dans les cirrhoses) ;
- un liquide d’ascite jaune clair en faible quantité,
qui peut parfois former un caillot peu organisé et
non adhérent.
Les lésions histologiques hépatiques observables lors d’intoxications chroniques sont plus
spécifiques que celles qui accompagnent les
intoxications aiguës. Les lésions d’hépatite interstitielle chronique sont caractérisées par une
nécrose périlobulaire et intralobulaire, associée
à une infiltration lympho-plasmocytaire périportale et intralobulaire diffuse. Les lésions de
fibrose débutent en région péri-portale, avant de
s’étendre à l’ensemble du lobule hépatique, et sont
caractérisées par une inflammation chronique et
une fibrose, éventuellement associée à des
nodules d’hyperplasie (cirrhose) [1, 16, 32, 33].
Aflatoxines
Les carnivores domestiques peuvent s’intoxiquer
en ingérant de façon répétée et prolongée du
pain, des aliments industriels ou des déchets
domestiques, faiblement contaminés par des
H. POULIQUEN
champignons produisants des aflatoxines [9, 16,
19, 22].
Chez l’animal, les aflatoxines sont métabolisées
par les mono-oxydases hépatiques en de nombreux métabolites, toxiques ou non. L’action
toxique des aflatoxines est principalement due aux
liaisons entre ses métabolites toxiques et des
macromolécules (acides nucléiques et nucléoprotéines surtout). Les effets toxiques incluent donc
carcinogenèse, tératogenèse, inhibition mitotique et immunosuppression.
Une exposition répétée et prolongée à de faibles
concentrations d’aflatoxines n’est responsable
que d’une baisse de croissance chez le jeune, et
d’une hypertrophie modérée du foie qui ne
s’accompagne pas de signes cliniques.
Une exposition répétée et prolongée à des
concentrations plus élevées d’aflatoxines peut
être responsable de lésions de nécrose hépatique. La trame réticulinique du foie étant
atteinte, des phénomènes de cicatrisation se
mettent en place et aboutissent à une fibrose.
Des phénomènes de régénération sont souvent
associés à cette fibrose, avec la formation de
nodules d’hyperplasie conduisant à une cirrhose
(photo 1).
Photo 1. Lésion hépatique
de cirrhose caractérisée
par l’association de fibrose
et de nodules d’hyperplasie
(cliché Unité d’anatomie
pathologique de l’ENVN).
Photo 2a.
Plantes du genre Indigofera
Les légumineuses du genre Indigofera contiennent un acide aminé toxique, l’indospicine, analogue structural de l’arginine, connu pour son
hépatotoxicité chez de nombreuses espèces animales [16]. Cette intoxication est idiosyncrasique :
son mécanisme d’action semble être lié, soit à une
inhibition compétitive de l’arginine, soit plus vraisemblablement à une médiation immunitaire.
Des chiens se sont intoxiqués en mangeant pendant plusieurs semaines de la viande de cheval
ayant pâturé sur des terrains sur lesquels se trouvaient des végétaux du genre Indigofera. Lorsque
ces chiens présentent des signes cliniques (anorexie, prostration et ictère), les lésions hépatiques
associent une fibrose périlobulaire associée à une
cholestase. Les chiens meurent après avoir montré
des signes d’encéphalopathie hépatique et des
hémorragies spontanées.
Photo 2b.
Photos 2a et 2b. Lésion
d’hépatite chronique active
provoquée par le cuivre chez
un chien de race dobermann.
Le foie, hypertrophié et coloré
en vert par les pigments
biliaires (photo 2a), présente
une fibrose avec des cellules
inflammatoires (au centre)
et une nécrose (en bas
à droite) (photo 2b) (x 25)
(cliché Unité d’anatomie
pathologique de l’ENVN).
fibrose avec cellules
inflammatoires
Cuivre
Chez les chiens de races bedlington, west highland white terrier, sky terrier et dobermann,
l’intoxication chronique par le cuivre est une anomalie congénitale héréditaire qui correspond à
une carence d’excrétion du cuivre, à l’origine
d’une accumulation de ce métal dans les hépatocytes [13, 16, 20, 27, 30, 31]. Le cuivre s’accumule alors dans le foie alors que les concentrations en cuivre de l’alimentation ne sont pas
excessives. Il semble que ces races de chiens
aient davantage de mécanismes de fixation du
cuivre dans leurs lysosomes hépatocytaires que
les moutons.
Les jeunes chiens âgés de moins de six ans
présentent de la prostration, des vomissements,
de l’anorexie et une déshydratation. Les chiens
âgés de plus de six ans montrent une anorexie,
LE POINT VETERINAIRE, vol. 31, n° 211, novembre-décembre 2000
foyer
de nécrose
Photo 3. Foie d’un chien
ayant reçu un traitement
anormalement prolongé
aux glucocorticoïdes.
Le foie est friable et décoloré
en raison de la surcharge
glycogénique (cliché Unité
d’anatomie pathologique
de l’ENVN).
23
(567)
une perte de poids, des vomissements occasionnels, de la diarrhée, un ictère, de l’ascite et une
hépatoencéphalie. En phase terminale, la méthémoglobinémie est élevée.
Les lésions d’hépatite interstitielle chronique évoluent spontanément vers la cirrhose. Elles sont souvent décrites comme des lésions d’hépatite chronique active, en raison de la présence d’une faible
infiltration périportale de cellules inflammatoires et
d’une nécrose sévère (photos 2a et 2b). Il semble
plutôt que les infiltrats inflammatoires correspondent à une réaction au renouvellement rapide des
hépatocytes. Les concentrations hépatiques en
cuivre sont très élevées, fréquemment supérieures
à 1000 à 2000 µg/g de foie sec.
Médicaments
Les accidents d’hépatotoxicité chronique dus à
des médicaments sont plus rares chez les carnivores domestiques que chez l’homme [4].
• L’hépatotoxicité aux glucocorticoïdes est
connue chez le chien [2, 23]. Généralement
bénigne, elle peut être à l’origine d’une polyuropolydipsie, d’une polyphagie, d’une hépatomégalie et d’une augmentation de témoins sériques de
souffrance hépatique (à l’exception des
gammaGT). Le foie est friable et décoloré et présente des lésions de vacuolisation cytoplasmique,
avec une accumulation de glycogène et de lipides
(photo 3).
• Les antiépileptiques, notamment le phénobarbital, la phénytoïne et la primidone, peuvent être à
l’origine d’hépatotoxicité chez le chien, lors de
traitements à long terme [3]. Généralement, ils
provoquent l’apparition d’un profil sérique de
souffrance hépatique, sans effets cliniques
notables. Parfois, ils peuvent être à l’origine d’une
insuffisance hépatique sévère avec anorexie,
dépression, perte de poids et ascite. L’administration des anti-épileptiques nécessite donc une surveillance de la fonction hépatique et une adaptation posologique a minima (recherche de la plus
faible posologie efficace). Les signes cliniques et
les lésions sont généralement spontanément
réversibles à l’arrêt du traitement.
• L’association sulfonamides-triméthoprime
(notamment l’association sulfadiazine-triméthoprime) peut être responsable chez le chien de la
survenue d’une dermite, d’une polyarthrite, de
Références
1 - AMDUR MO, DOULL J, KLAASSEN CD. Toxic
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24
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28]. Les chiens de races dobermann et pinscher y
seraient particulièrement sensibles : une diminution de la détoxification des métabolites hydroxylaminés des sulfonamides a été mise en évidence
chez environ 50 p. cent de ces animaux.
• La griséofulvine est un toxique hépatique
intrinsèque, notamment après plusieurs mois
d’administration quotidienne chez le chat. Les
signes cliniques associent des signes nerveux,
une anémie, une leucopénie et parfois une hépatopathie. Les jeunes animaux y sont particulièrement sensibles [18].
• D’autres médicaments ont également été rapportés comme étant potentiellement hépatotoxiques après une administration réitérée chez le
chien et chez le chat :
- le naproxène***, anti-inflammatoire non stéroïdien destiné à l’homme [14] ;
- l’érythromycine, à l’origine de quelques accidents
de type cholestatique chez des chiens de race
beagle [4] ;
- le kétoconazole, à partir de la dose de 60 mg/kg/j
[4] ;
- le méthotrexate*** [25] ;
- l’acétate de mégestrol [4].
Conclusion
Chez les carnivores domestiques, les affections
hépatiques consécutives à l’action de xénobiotiques apparaissent comme des accidents rares,
de nature intrinsèque ou idiosyncrasique. Elles
sont peut-être sous-diagnostiquées, en raison
notamment de l’absence de signes cliniques spécifiques et du manque fréquent de renseignements
relatifs aux circonstances des intoxications. D’une
manière générale, il existe des animaux à
risques, notamment les individus déficients ou suréquipés en une ou plusieurs voies métaboliques,
ce qui rend les affections hépatiques d’origine
toxique et médicamenteuse fréquemment imprévisibles. En outre, l’emploi de certains médicaments
potentiellement hépatotoxiques chez le chien et le
chat doit s’accompagner d’une surveillance de la
fonction hépatique des animaux. L’hépatotoxicité
des médicaments sera mieux connue en France,
après la mise en place effective de la pharmacovigilance vétérinaire.
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LE POINT VETERINAIRE, vol. 31, n° 211, novembre-décembre 2000
Points forts
à retenir
u Chez les carnivores domes-
tiques, les intoxications à l’origine d’affections hépatiques
ne sont pas fréquemment
décrites, mais sont probablement sous-diagnostiquées.
u Les affections hépatiques
aiguës se caractérisent principalement par des lésions
hépatiques de surcharge
(stéatose, etc.), de cholestase,
de dégénérescence et/ou de
nécrose.
u Les affections hépatiques
chroniques sont à l’origine de
lésions hépatiques de stéatose, de fibrose et/ou de cirrhose.
Remerciements
à Jérôme Abadie,
assistant d’enseignement
et de recherche contractuel
en anatomie pathologique
à l’ENVN, et à Eric Sachot,
ingénieur d’études
contractuel à l’ENVN,
pour leur avis éclairé
sur cet article.
l
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