Rapport parallèle des ONGs* Beijing+15
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Rapport parallèle des ONGs* Beijing+15
[RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 Royaume du Maroc Rapport parallèle des ONGs* Beijing+15 1995/2010 29 novembre 2009 1 [RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 Abréviations PFB Plateforme de Beijing PNIFD Plan Nationale d’Intégration des Femmes au Développement MDSFS Ministère du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité RGPH Recensement Général de la Population et de l’Habitat HCP Haut Commissariat au Plan UNICEF Fonds des Nations Unies pour l'Enfance VFG Violence fondée sur le genre SNLVEF Stratégie Nationale de Lutte contre la Violence à l’Egard des Femmes PO. SNLVEF Plan Opérationnel de Stratégie Nationale de Lutte contre la Violence à l’Egard des Femmes SEFEPH Secrétariat d’Etat de la Famille, de l’Enfance et des Personnes Handicapées Sommaire : Préambule : ..................................................................................................................................... 3 Acquis et insuffisances par domaine clé .......................................................................................... 5 Femmes et jeunes filles marocaines et pauvreté ................................................................................. 5 Femmes et jeunes filles marocaines et économie ................................................................................ 6 Femmes et jeunes filles marocaines et enseignement ......................................................................... 7 Femmes et jeunes filles marocaines et santé ....................................................................................... 7 Femmes et jeunes filles marocaines et violence fondée sur le genre ................................................ 10 Femmes et jeunes filles marocaines et prise de décisions ................................................................. 11 Femmes et jeunes filles marocaines et droits fondamentaux (Lois) .................................................. 11 Femmes et jeunes filles marocaines et Média ................................................................................... 14 Femmes et jeunes filles marocaines et environnement ..................................................................... 14 Femmes et jeunes filles marocaines et conflits ................................................................................. 15 Recommandations saillantes et critiques ....................................................................................... 15 Documents consultés: ................................................................................................................... 16 2 [RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 Préambule : 1. Le Maroc, société civile et gouvernement, est engagé depuis septembre 1995 par sa participation à la quatrième conférence mondiale de Beijing. Il est signataire du Programme d’action de Pékin parmi les 189 pays qui y adhèrent aussi. Il est impliqué et de façon tout particulièrement soutenue depuis 1998 dans le processus de la mise en œuvre de sa plateforme. Il est notamment tenu par la Déclaration de Pékin+5 adoptée lors de la 23ème session extraordinaire de l’Assemblée des Nations Unies en 2000. En 1998, il marque son exécution des recommandations de Beijing, respectivement par la mise en place (1998) d’un mécanisme chargé des questions relatives aux droits des femmes : Secrétariat d’Etat chargé de la famille, de l’Enfance et des Personnes Handicapées et par l’élaboration d’un Plan Nationale d’Intégration des Femmes au Développement élaboré en 1999 (PNIFD), en guise d’une plateforme stratégique nationale d’initiation de l’exécution des réformes propres aux douze (12) champs critiques de promotion des droits des femmes contenus dans la plateforme de Beijing. 2. Cette initiation d’applicabilité des recommandations de la PFB avec ces deux actions signera les premières limites de la politique volontariste gouvernementale -qui perdurent en 2009- et les entraves structurelles face à la nécessité des réformes et des prises des grandes décisions politiques. Le mécanisme dédié est institutionnellement en deçà des aspirations de la société civile et des défis relevés quant aux réalités discriminatoires des femmes marocaines. Il est à vocation intentionnelle multiple, plutôt famille, enfance et personnes handicapées; ne constitue pas un département ministériel avec un poste ministériel à enveloppe budgétaire conséquente et à pouvoir de prise de décision très élevé (Exemple, département autonome ou attaché directement à la primature..) ; il est attaché au ministère dudit Social –actuellement ministère du développement social, de la famille et de la solidarité- et est depuis 2007 avec l’actuel gouvernement 2007/20012, réduit à une Direction dite des Affaires de la Femme. Il continue de souffrir d’une très grande insuffisance au niveau des ressources financières gouvernementales et des ressources humaines. 3. Ce mécanisme qui devait initialement faire voter le PNIFD au Parlement comme feuille de route pour l’exécution des RPB, mais aussi des politiques publiques nationales devant être développées dans ce sens, buttera contre en partie la non mobilisation politique gouvernementale et la mobilisation politicienne islamiste totalement opposée à ce projet, et concédera l’ajournement du projet proprement dit. Une déperdition de temps notoire quant à l’investissement massifié du champ des droits des femmes est notoire de presque 2000 à 2004, année de la promulgation du Code de la Famille, fruit de l’activisme féminine féministe de presque une décennie est demi (1990-2004) et de l’arbitrage royale en tant qu"Amir El Mouminin" (Commandeur des Croyants) face à l’échec partisane et gouvernemental à porter ce projet. 4. Néanmoins, des chantiers vont être préparés, en référence indirect avec certains volets identifiés comme prioritaires dans le PNIFD, à savoir tout spécifiquement les domaines de la lutte contre la violence fondée sur le genre, l’accès des femmes aux 3 [RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 5. 6. 7. 8. postes des prises de décision, notamment avec la participation politique et l’instauration de l’égalité entre les sexes, entre autres via l’approche genre et l’autonomisation des femmes. Le mécanisme supposé donc chargé de l’égalité de genre, ouvert sur la société civile, acteur incontournable eu égard à son implication antérieure, continue, activiste et de proximité, va s’atteler à ces domaines à travers tout d’abord la production à l’appui de l’expertise focalisant sur le savoir-faire et l’expérience des militantes, de stratégies qui arrêtent les visions, les modalités d’approche et leurs programmes de mise en œuvre. Ainsi, en 2002 est établie la Stratégie Nationale de lutte contre le Violence à l’égard des femmes, qui mettra quatre (4) années pour que lui soit élaboré un plan d’exécution (Po. SNLVEF) en 2006. Une Stratégie Nationale pour l’Intégration de l’équité et de l’Egalité entre les Sexes par l’Intégration de l’Approche Genre dans les Politiques et les Programmes de Développement, est aussi soumise en 2006 au Parlement qui la valide. Elle connaitra une application sectorielle qui est au stade de l’exploration des modalités de la faisabilité (Formation sur le genre préliminaire, budgétisation sensible au genre..). En parallèle à la préparation de ces produits et leur lente mise en chantier d’exécution, d’autres actions sont relativement systématisées comme la conduite de campagnes nationales de lutte contre la violence fondée sur le genre (1998, 2004, 2005,2006, 2007,…), et plus récemment le plaidoyer pour la participation politique des femmes avec les élections communales de 2009 (Axe stratégique du MDSFS de 2007-20012). Il est aisément démontrable que les années 1998/2006, avec la station de 2004 de Beijing+ 5, sont au Maroc des années d’initiation d’une implication gouvernementale plus explicite et donc déclarée au niveau des discours politiques mais que sa traduction par des actions politiques concrètes reste embryonnaire, est souvent parcellaire et n’atteint pas le niveau de l’ampleur des réalités ségrégationnistes des femmes et des revendications de leur porte-parole, les associations féminines et féministes impliquées depuis les années 1990 dans ce combat. Il est indéniable par contre que l’année charnière de 2004, année du vote du nouveau code de la famille (présenté par le Roi au parlement le 10 octobre 2003) qui repose sur le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes, est l’année phare, qui malheureusement va vite voir sa lumière s’atténuait avec la panoplie d’entraves à l’application équitable de cette loi au profit des droits réels et effectifs des femmes. La société civile mobilisée pour les droits humains des femmes, pour la première fois acteur reconnu comme partenaire gouvernemental, est impliquée au sein d’un partenariat encore confus mais surtout en dehors aussi comme acteur actif dans des processus de militantisme, fut amenée ainsi à opérer un suivi de l’action gouvernemental en matière de promotion de l’égalité de genre et de l’instauration de droits humains des femmes, qui révèle que les actions propres aux douze (12) domaines vitaux des doits des femmes promus comme prioritaires pour les droits des femmes et ossature de la feuille de route de l’implication des Etats, sont certes ébauchées et à des degrés variés quant à l’état de leur avancement, mais elles sont en très grande partie insuffisants à faire aboutir cette égalité de genre, levier des droits humains des femmes, dans les délais préconisés, entre autres ceux des OMD en 2020 par exemple. 4 [RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 Acquis et insuffisances par domaine clé Femmes et jeunes filles marocaines et pauvreté 9. La féminisation de la pauvreté est un fait au Maroc, à l’instar de ce qui s’observe mondialement. Certes, la pauvreté monétaire semble non significativement différentielle, mais les femmes présentent de part leurs conditions sociales (Familles monoparentales de divorcées, de mères célibataires, veuves, soufrant de violences économique comme la privation de la pension, du salaire propre, frais liés à la santé reproductive très partiellement pris en charge par l’Etat..) une population de plus touchées par le processus de paupérisation globale notoire au Maroc depuis les années 1990. Le Maroc enregistre en 2004 (RGPH) 14,5 % d’une population qualifiée de pauvre (34 957 175 habitants; taux de croissance de la population : 1,528 % / 2007/HCP, ménages inférieurs au seuil de la vulnérabilité : 17,3/RGPH 2004), avec des taux de vulnérabilité régionale éparses et importantes. Cette pauvreté toucherait 19,1% des femmes, avec 52,2% de femmes urbaines et 50,6 % des femmes rurales pauvres (HCP, 2007). Ce taux de pauvreté atteint 12,8 % des chefs de famille vivant dans le milieu urbain. Parmi cette population, les aides familiales, les moins rémunérées et souvent les non rémunérées constituent 6,3% (RGPH, 2004) [15% pour les hommes]. 10. Cette pauvreté féminine est accentuée par une grande vulnérabilité multiple et complexe, liée aux réalités sexistes et à la violence fondée sur le genre que subissent les femmes. Le divorce tel que pratiqué même avec le nouveau code de la famille, continue de fragiliser les conditions socio-économiques des femmes. Les retards d’applicabilité des lois, comme le régime des pensions, etc., fait basculer les femmes à charge d’enfants dans la pauvreté de manière brutale. Le Fonds de garantie de la pension alimentaire et de la rente de divorce prévu dans le cadre de la réforme du Code du Statut Personnel, n’est toujours pas fonctionnel. 11. Les palliatifs envisagés en termes de mesures de réduction de la pauvreté au Maroc en général, -comme les stratégies et les plans économiques…- d’incidence très réduite sur la pauvreté en général, sont certainement insignifiant sur les femmes pauvres, même si des indicateurs sexo-spécifiques dans ce lieu font défaut. Les programmes axés sur la micro-finance améliorent relativement la vie des femmes sans réduire de façon significative leur pauvreté et leur vulnérabilité. 12. L’INDH, mis en place depuis 2005, prévoit d’opérer par approche genre sans focaliser sur une réelle autonomisation des femmes par l’action instauratrice des perspectives de l’égalité de genre. La formule des microprojets générateurs de revenus est toujours de mise en dehors d’un suivi évaluation qui mesure les paramètres et indicateurs d’autonomisation et consolidation des droits, entre autres socio-économiques. Le cadre référentiel de lutte contre la pauvreté en élaboration actuellement (MDSFS, 2009), qui sera conduit à la base de la stratégie de l’INDH n’est pas explicite sur le comment de la réduction de la pauvreté des femmes à la lumière de leurs conditions caractérisées. Il projette réduire le taux de pauvreté de 14% à 9% sans toutefois ventiler le chiffre par sexe, révélant les mesures destinées à une population de femmes et d’hommes. 5 [RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 Femmes et jeunes filles marocaines et économie 13. La place des femmes marocaines dans l’économie nationale en tant qu’actrices et bénéficiaires n’a pas enregistré des avancées notoires. Des écarts sont observables tout d’abord au niveau de l’emploi. Selon l’Enquête Nationale sur l’Emploi (HCP, Direction des Statistiques), la population active pour le 3ème trimestre de 2008 est représente 74,9% d’hommes contre 26,0% de femmes (27,2% de femmes en 2007/HCP). Avec un taux de chômage qui est de 9,8 %, avec 9,4% pour les hommes contre 10,7 % pour les femmes. Comme la création des emplois, a concerné plus les services, il est déductible que la main d’œuvre préférentielle dans ce secteur (1,6%/HCP 2009) expliquerait le léger écart quant au taux de chômage. Il faut signaler que le taux du sous emploi a augmenté de 9,4% à 10,2%, sachant que cette catégorie d’emploi toucherait plus les femmes (Chiffre ventilé par sexe faisant défaut). 14. Les femmes accusent donc un taux d’activité égal au tiers de celui des hommes. Elles sont les plus touchées par le chômage, tout particulièrement celui qui constitue une tendance importante du chômage au Maroc, celui des diplômés. Les femmes arrivent encore difficilement aux études supérieures et sont en tant que diplômées les plus frappées par le chômage. Enfin, faut-il rappeler encore une fois que les femmes occupées mais dites non actives, justifierait le taux élevé disponible à ce niveau qui révèle que c’est l’emploi non rémunéré qui domine avec 44,7%. 15. Les femmes rurales travailleuses, continuent à être démunies de leurs droits socioéconomiques car leur travail n’a pas d’équivalent monétaire et donc non reconnu, non comptabilisé dans les budgets et finances nationales, non statistiquement recensé, sinon rarement comme aides familiales. 16. Malgré la suppression de l’autorisation maritale, exigée auparavant pour l’exercice du commerce (Code du commerce, 1995) et pour la passation d’un contrat de travail (Dahir des Obligations et des Contrats, 1995), l’implication des femmes dans le monde du commerce et des affaires reste timide et en dehors du plaidoyer d’encouragement dans ce sens conduit par des associations de femmes entrepreneures, les instances privées et le gouvernement n’ont rien mis en place comme mécanismes ou modalités positivement discriminées pour la promotion d’une féminisation soutenue de ces secteurs. Par exemple pour les actifs occupés et chômeurs ayant déjà travaillé, en référence avec les activités de commerçants, intermédiaires commerçants ou financiers, les femmes représentaient 0,8% (RGPH/2004). 17. Le Statut Général de la Fonction publique (1958), ayant connu certaines réformes en 1999, qui assure théoriquement le principe constitutionnellement garanti, de l’égalité de tous, n’est pas de mise. L’accessibilité des femmes aux emplois de haute fonctions ou aux postes de prise de décisions est loin d’être assurée dans l’égalité de droit, des chances ou celle méritoire. Les actifs, membres des corps législatifs élus locaux, responsables hiérarchiques de la fonction publique, directeurs et cadres de direction d’entreprises, Cadre supérieurs et membres des profession libérales, cadres même moyens, ne constituaient que 2,9 % pour un taux global de 9% (RGPH/2004). 6 [RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 Femmes et jeunes filles marocaines et enseignement 18. Il s’avère que l’écart entre femmes et hommes en matière d’alphabétisation persiste. Ainsi, de 1994 et 2007, le taux d’alphabétisation est passé de 32,6% à 47,3% chez les femmes et de 58,6% à 70,6% chez les hommes (Indicateurs sociaux du Maroc en 2007, HPC). Le taux d’accroissement de la scolarisation, tout niveau confondu, concerne aussi les filles. Ainsi avec un taux par exemple de scolarisation primaire qui atteint 90%, les filles enregistrent 40% et 46,7% entre 2007/2008. La scolarisation primaire est assurée à hauteur de 91,1% par le secteur public et il faut rappeler que l’Etat réserve 26,6% de son budget annuel à l’éducation et l’enseignement. 19. Toutefois, la scolarisation des filles à stimuler et à encourager, eu égard aux écarts entre les filles et les garçons à ce niveau, fait face au facteur altérant de la qualité éducative qui fait défaut et à la crise du chômage des diplômés qui touche plus les diplômées filles (Le pourcentage des femmes dans le volume du chômage des actifs diplômés de niveau supérieur est de 46,9% : HCP/2007). La part des filles au niveau de l’enseignement supérieur est de 46,5% contre 46,4%, sachant que les étudiantes et étudiants attachés à l’enseignement supérieur marquent un taux de juste 5,1% parmi tous les niveaux confondus (l’année scolaire 2006/07-HCP). 20. Ce constat est à lire en lien avec les problèmes des déperditions scolaires précoces et tardives notamment (niveau collège). Le phénomène de l’abandon scolaire est un réel défi actuel au Maroc, il touche de façon très importante les filles et surtout celles rurales- accessibilité difficile voire non disponibilité des infrastructures scolaires adéquates...-. Ce fait réduit les résultats des efforts entrepris par le Maroc depuis bientôt une décennie dans l’encouragement de la scolarisation des petites filles, celles rurales en particulier. 21. Aussi, la loi (mars 2000) relative à l’obligation de l’enseignement fondamental de 9 ans pour les deux sexes se trouve sans effet réel car elle ne dispose pas d’une procédure claire pour son effectivité et les poursuites à engager dans le cas de sa violation. Ceci, expliquerait en partie, l’importance de l’abandon scolaire chez les filles, qui de manière directe ou indirect influence des phénomènes de violence à l’égard des petites et jeunes filles comme la contrainte au travail domestique dans le domicile familiale ou rémunéré chez le particulier et le mariage précoce. Même si entre 2006 et 2007, la part des enfants âgés de 7 à 14 ans parmi l’ensemble des actifs, a fléchi de 2,5% à 2,1% (HCP, 2007), les petites filles en général, celles rurales en particulier, continuent à être privées de l’école et à êtres exploitées en tant que, comme dit "petites bonnes". Femmes et jeunes filles marocaines et santé 22. Si le constat global propre à l’offre santé, parle d’une amélioration des services et de l’infrastructure publique (le financement global du système de santé ne représente aujourd'hui que 5% du PIB), particulièrement hospitalière 106 hôpitaux en 1997 à 133 en 2006 –avec toutefois une régression de lits disponibles : 95 en 1997 à 87 en 2006 pour 100 000 habitants (HCP)-, les femmes restent grandement défavorisées en matière d’accessibilité aux soins, de qualité d’accessibilité et de ciblage des problèmes 7 [RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 spécifiques et indicateurs alarmants en même temps d’un développement humain toujours insuffisant, à savoir la santé reproductive. Les femmes rurales présentent en plus, un autre facteur aggravant, dans la mesure où nous savons que la couverture médico-sanitaire n’a pas beaucoup progressé, elle est passée de 3,8% en 2007 à 3,1% en 1997(25,0 en 2007 contre 23,7% en 1997 pour le milieu urbain, HCP). 23. Le premier problème majeur à souligner, est la non reconnaissance publique et politique du secteur de la santé et à nos jours de la violence fondée sur le genre comme problème de santé publique et qui touche aussi et directement la santé reproductive conçu à la lumière des cycles de vie des femmes. En dépit des efforts déployés dans ce domaine dans le cadre de la lutte multisectorielle contre la VFG, le ministère en charge, n’a pas explicité ce problème de santé publique qui frappe une très grande population féminine, comme axe de santé publique parmi d’autres axes et donc à ligne budgétaire et à politique publique d’intervention ciblée, programmée et votée. Sa stratégie prévue pour le mandat ministériel en cours de 2008/2012 est muette sur cet aspect et les problèmes de santé liés à la VFG-conséquences, séquelles, dépistage, soins, accueil...- ne figurent pas comme axe stratégiques principal ou subdivisé ou secondaire. 24. Entre autres, et à la lumière des réalités de l’emploi féminin toujours précaires, l’instauration d'un nouveau système de couverture médicale de base composé d'une assurance maladie obligatoire de base (AMO, entrée en vigueur le 18 août 2005) fondée sur les principes de l'assurance au profit des personnes actives et des titulaires de pensions des secteurs public et privé, et d'un régime d'assistance médicale (RAMED non encore exécuté) fondé sur le principe de l'assistance sociale au profit des personnes qui ne sont pas éligibles à l'assurance maladie obligatoire de base, ne profiterait que très peu aux femmes. Le seul chiffre dont nous disposons dans ce champ n’est pas ventilé par sexe. Il dit que L'AMO a pu étendre la couverture maladie à plus de 30% de la population (Hommes/femmes ?!) pour une offre soins couvrant tous les grands risques (Ministère de la Santé : Stratégie 2008/20012). 25. La dépense totale réservée à la santé de la mère est estimée à plus de 2,8 milliards de DH, soit environ 15,18% de la dépense globale en santé et 0,74% du PIB (Le financement de la santé de la mère au Maroc, Semlali., H, 2008, source données : l’enquête réalisée par le Haut Commissariat au Plan (HCP/2001) sur la consommation et dépenses des ménages..). Cette part est à lire sous l’angle du taux de la mortalité maternelle au Maroc qui compte de 227 par 100 000 naissances vivantes (Enquête sur la population et la santé familiale 2003-2004 publiée par le ministère de la Santé.). Ce taux est plus élevé pour les femmes rurales, il est de 267 pour 100.000 naissances en milieu rural contre 187 en milieu urbain. 26. La réduction donc dans le cadre de la réalisation des OMD, des trois quarts d’ici 2015 du nombre des femmes qui meurent pendant une grossesse ou lors d’un accouchement, est une visée caduque. Il aurait fallu pour atteindre l’objectif visé, réduire annuellement de 5,5% le taux de mortalité entre 1990 et 2015 (rapport de l’Unicef et de l’OMS, 2007). Malgré certains programmes de sauvetage, comme le "Compte à rebours 2015 ", mis en place en 2005 (OMS, UNICEF, Fondation Bill et Melinda Gates), les Objectifs 4 et 5 du Millénaire pour le développement ayant un rapport 8 [RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 avec la santé, ne seront pas satisfaits, particulièrement pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant. 27. L’objectif 4, qui concerne la réduction de la mortalité infantile, semble par contre relativement amélioré. Entre 1992 et 2004, le taux de mortalité des moins de cinq ans est passé de 76‰ à 47‰. Par contre, celui qui concerne les mères perdent encore des bébés de moins d’un mois de façon encore importante. Le chiffre qui concerne cette catégorie d’âge touchée par la mortalité précoce est passée de 31‰ en 1992 à seulement 27‰ en 2004 (Rapport 2009 de l’UNICEF sur « la Situation des enfants dans le monde », rendu public le 15 janvier dernier à Johannesburg (Afrique du Sud). 28. En dépit de cette amélioration, la prévalence de 34‰ pour 1000, qui classe le Maroc à la 81ème place sur 189 pays, obstrue l’horizon de l’atteinte de cette cible OMD 4. Elle traduit tout particulièrement la persistance des mauvaises conditions qui entourent la grossesse, l’accouchement et le post-partum des mères. Les bébés ruraux continuent aussi d’encourir ce risque plus que ceux naissant dans le milieu urbain, d’où la déduction de la vulnérabilité des femmes rurales eu égard aux conditions sanitaires, socio-économiques et culturelles difficiles et insuffisantes autant quantitativement que qualitativement (Qualité de l’accueil, infrastructures sanitaires...). 29. Les maladies sexuellement transmissibles (MST) et VIH/Sida touchent aussi différemment les hommes et les femmes marocains. Les réponses apportées sont encore loin de répondre à ce fait. Par exemple, le nombre des personnes atteintes de VIH/Sida sont estimés officiellement à 2.306 cas de Sida au 30 juin 2007, dont 62 % notifiés entre janvier 2001 et décembre 2006 et 39% en sont des femmes (conférence sur le thème "VIH/SIDA au Maroc : Etat des lieux", animée par le Pr. Hakima Himmich, présidente de l'Association de Lutte Contre le Sida : ALCS). Il est notoire que les chiffres relatifs au nombre des femmes touchées, révèlent une augmentation progressive. Ceci peut être corroboré par le fait que le nombre de femmes atteintes est passé de 16% entre 1986-1990 à 38% entre 1996-1999, mais ceci traduit surtout les risques spécifiques aux femmes amenées à être enceintes, etc., nécessitant des mesures adéquates non encore prévues. 9 [RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 Femmes et jeunes filles marocaines et violence fondée sur le genre 30. Rappeler que la VFG n’est toujours pas considérée officiellement come un problème de santé publique, traduit le premier constat à soulever, à savoir que la lutte contre la VFG est établie en dehors d’un cadre de politique publique déclaré et votée sur le plan gouvernemental, dotée de moyens financiers adéquats et de programmation durable. La mise en place d’une stratégie nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes en 2003 et le début de son exécution avec le Plan Opérationnel de la SNLVEF en 2005 (Po. SNLVEF), initiera des mesures qui restent en deçà de l’ampleur du phénomène et des attentes des femmes violentées et des militantes associatives qui revendiquent depuis plus de deux décennies des moyens probants de lutte conte la VFG. 31. Le retard pris quant à la réalisation d’une enquête et étude de prévalence de la VFG, mesure retenue dans le PO.SNLVF comme action de court terme et préliminaire, qui n’est qu’en phase une d’après l’enquête test, n’a pas aidé à asseoir la vision stratégique et à soutenir scientifiquement et techniquement les actions entreprises, comme il n’a pas aider à renforcer le plaidoyer et la sensibilisation. 32. La mise en place des dites unités étatiques d’accueil des femmes violentées, du numéro vert d’appel… n’a pas été accompagnée de moyens financiers et logistiques gouvernementaux d’où un défaut majeur de qualité d’offre des services, de leur insuffisance. Le même défaut étant observable au niveau des campagnes de sensibilisation et de prévention, leur rythme et surtout teneur médiatique réduite depuis 2007, pose le problème d’une lutte qui perd de la vitesse. La stratégie nationale d’intégration de l’équité et de l’égalité par l’approche genre, prévue comme plateforme pour l’instauration de l’égalité genre au niveau gouvernemental et en tant qu’axe transversal, adopté au parlement en 2007, est loin de favoriser autant les mesures que l’influence sur les facteurs de la VFG, dans la mesure où son exécution est encore en phase de faisabilité adaptative par rapport à différents secteurs. Certains département ont établie de plans d’action dans ce sens et initient des formations en matière d’approche genre en guise de sensibilisation et de plaidoyer en faveur de cette stratégie. La distance à parcourir est encore longue avant une application réelle et mesurable. 33. La régression de la position gouvernementale d’une position volontariste annoncée en 2006 de mise en place d’une loi spécifique à la VFG, à une position de débat sur l’éventualité d’une intégration d’articles y afférents plutôt dans le code pénal en projet de réforme, révèle les difficultés à considérer la VFG comme une violation des droits humains des femmes à contenir juridiquement. L’éparpillement du débat entre un choix d’une loi dite loi cadre, une loi spécifique et des amendements à inclure dans le code pénal, est une nouvelle forme de violence institutionnelle et politique qui s’ajoute aux types complexes de violence fondée sur le genre que vivent les femmes au Maroc. Les processus de lutte, de prévention et de réparation se trouvent retardés et ajournés et la volonté politique à ce niveau se trouve mise à l’épreuve par les associations féminines et féministes qui optent pour une lutte en termes de politique publique gouvernementale votée au parlement et programmée dans le cadre de mandats précis. 10 [RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 L’atteinte de l'objectif cible 14 parle (OMD) qui parle de réduire la violence à 50% est presque quasi impossible, alors que nous ne disposons pas encore de chiffres globaux de prévalence en cette fin de 2009. Femmes et jeunes filles marocaines et prise de décisions 34. La participation politique et à la gestion de la chose publique étant le champs par excellence des prises de décisions vitales pour l’exercice de la pleine citoyenneté dans la démocratie, est le grand révélateur du retard accusé de l’accessibilité des femmes marocaines à ce domaine et à ce pouvoir accaparé pare les hommes. Les dernières élections législatives de 2007 n’ont donné que 10,7%, celles des communes 12,3% comme taux réservés aux femmes. Des femmes aux communes, aucune (0) n’est présidente de Conseils régionaux contre 27 pour les hommes, seulement une (1) est présidente au niveau des Conseils municipaux, contre 220 hommes. Seulement cinq (5) femmes occupent des postes ministériels, contre 31 ministres hommes dans le pays. Seulement deux ministres femmes sont politiques, les autres sont des technocrates en dehors de tout parcours politique partisan. Il faut rappeler que des 35 partis politiques, seulement un seul est dirigé par une femme. 35. L’article 8 de la Constitution de 1996 souligne que "l’homme et la femme jouissent des droits politiques égaux ", la charte d’honneur permettant aux partis politiques d’encourager la présence des femmes dans les instances dirigeantes, n’ont pas d’effet signifiant et révèlent que des mécanismes plus structurels et plus incitatifs devaient être mis en place. Les femmes pour les partis politiques restent plus un électorat qu’un corps éligible et soutenu au niveau de l’accessibilité à la prise de décision politique. Les instances non démocratiques internes des partis politiques n’aident pas à dénouer ce blocage face à la promotion politique des femmes. Femmes et jeunes filles marocaines et droits fondamentaux (Lois) 36. En plus des droits socioéconomiques précités (Obligation de la scolarisation, droit d’exercer un commerce/article 17- code de commerce de 1995..), ceux politiques (droit d’éligibilité et d’élection..), d’autres droits sont venue renforcer globalement les droits humains et de citoyenneté pleine et égale des femmes. Des droits civils sont enfin reconnus comme le droit égal pour le père et la mère de déclaration d’une naissance, le droit de l’enfant né de père inconnu à un nom fictif. Le livret d’état civil est ouvert à la notification des données propres au mariage et au divorce et la femme divorcée ayant la garde des enfants a le droit d’obtenir un duplicata de ce livret de l’état civil (loi no 37-99 portant sur l’état civil/ 2002). Néanmoins ce nouveau livret de famille comporte quatre pages pour les épouses, ce qui atténue la teneur de la codification sévère de la polygamie, et rappelle sa persistance comme règle normative antagoniste avec l’esprit égalitaire du code de la famille. 37. La révision du code de la procédure pénale (Loi no 22-01 relative à la procédure pénale, promulguée par dahir no 1-02-255 du 3 octobre 2002, B.O. no 5078 du 30 janvier 2003) va apporter de nouveaux droits en la matière pour les femmes. La discrimination sexuelle est un délit (article 431-1, section II bis). Cet article situe la discrimination sexuelle dans le cadre des droits de genre et des droits de l'Homme à 11 [RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 préserver par la loi. L'égalité de sanctions est rétablie entre les hommes et les femmes dans les cas de délit d'adultère (article 418 modifié et complété par la loi n°24-03. La reconnaissance de la violence conjugale comme délit (article 414), ainsi que le harcèlement sexuel. L'égalité quant à la sanction relative à l'abandon de la famille sans motif (article 479). Il n’en demeure pas moins que d’autres lacunes sexistes persistent dans le code, qui devrait alors être révisé intégralement sur la base du principe de l’égalité de genre. 38. Une des lacunes discriminantes dans le Code pénal est la reconnaissance du viol commis par un homme sur une femme uniquement avec violence physique, ce qui exerce une double violence sur une femme qui doit prouver son viol, ou l’acte sexuel non consenti et imposé avec d’autres moyens par exemple de pression morale au autres –même avec son époux- avec des preuves et des témoignages ! De même la notion de viol conjugal n’existe pas dans la législation pénale. Le corps de la femme mariée est considéré comme propriété privée et exclusive de l’époux. Ce fait expliquerait aussi que les poursuites pénales à l’encontre du violeur cessent dès que l’agresseur violeur accepte d’épouser sa victime mineure, vierge ou nubile. Il faut notamment rappeler dans ce lieu que la défloration dans la situation de viol est considérée comme cas aggravant, ce qui réduit la jeune fille à une valeur culturelle symboliquement aussi violente et en plus aggravante de la souffrance de la victime. 39. D’autres dispositions maintiennent le statut de femme mineure, comme le cas de l’épouse qui quitte sans consentement le domicile conjugale et qui est hébergée par une personne tierce. Cette dernière est juridiquement poursuivie et encourt 2 à 5 ans de prison. Cette prédisposition est compromettante et contraignante dans le cas des femmes violentées par leurs époux et qui demandent aide en dehors d’infrastructures d’accueil comme les centres d’hébergement. Ceci limite aussi l’intervention d’ONG qui aspirent ouvrir des foyers d’accueil pour les femmes victimes de la VFG. 40. Les conditions difficiles des mères célibataires, rejetées socialement et victimes de différentes formes de violence sociale, intentionnelle, familiale… sont souvent conséquentes de certaines dispositions du code pénal comme la considération de tout rapport sexuel en dehors du mariage comme acte de débauche passible de poursuite judicaire. Il s’ajoute à cela le fait que de l’avortement est non légal, en dehors de celui thérapeutique. 41. L’adoption du code du travail en 2003 signera de nouveaux droits aux femmes. La non discrimination sexuelle à l’embauche (article 9) ; la reconnaissance du harcèlement sexuel (article 40) ; la non discrimination salariale (travail à valeur égale chez les hommes et les femmes est rémunéré à salaire égal, article 346) et d'autres qui ont trait aux droits des femmes enceintes et en couches (articles 152, 153, 159, 162, etc.,) ; l’autorisation du travail de nuit aux femmes, "sous réserve des cas d'exception fixés par voie réglementaire" et est recommandé de leur en faciliter les conditions et de les réglementer (article 172), figurent des acquis notoires pour les femmes dans le monde du travail. Toutefois, la faiblesse du syndicalisme des femmes, la précarité majeure de l’emploi féminin, l’insuffisance des dispositions juridiques rendent l’application de ces doits très dérisoire. La loi spéciale pour réglementer le travail des employées de maisons chez des particuliers prévue dans l’article 4, n’est toujours pas disponible (En cours d’élaboration). Cette loi concernerait entre 66.000 et 88.000 (Chiffre de Human Rights Watch, souvent avancé par les Média, cité à défaut d’un chiffre global national institutionnel), de dites "petites bonnes" âgées de 14 à 17 ans. 42. Le code de la nationalité, adopté en 2007, est venu pour répondre à la revendication des mères (Révision de l’article 6). Le droit d'octroi par la mère de sa nationalité marocaine à ses enfants nés d'un père étranger mariage conforme aux dispositions 12 [RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 légales prévues par le Code de la famille est désormais acquis. Mais l’exigence de la confession musulmane du mari est maintenue come condition du mariage avec un époux étranger. 43. La grande nouveauté du code de la famille adopté en 2004, est qu’il est désacralisé même si sa demande de réforme poussée est cautionnée par le Roi Amir El Mouminin (Commandeur des Croyants) Sa Majesté Mohamed VI, qui en est l’Arbitre. Il est surtout en partie sécularisé en partie car voté pour la première fois dans une institution parlementaire. Ce code de la famille, va rétablir de nouveaux droits propres aux normes qui régissent la vie de couple et des enfants au sein de la famille. L'égalité au sein des rapports des époux est érigée en principe fondateur et l'égalité des conjoints quant à l'âge de mariage (18 ans) sont instaurée. La femme majeure jouit de son autonomie à décider de sa patrimonialité (article 24, l'âge de majorité est de 18 ans) et le mariage précoce est proscrit. Le divorce est soumis au contrôle judiciaire. Les enfants (filles et garçons) choisissent de vivre avec l'un des deux parents divorcés à l’âge 15 ans révolus (article 166). La possibilité d'établissement d’un "accord" légale assurant le partage égal des biens cumulés pendant le mariage en cas de rupture du lien conjugal, est inscrit dans le nouveau code. La coresponsabilité des époux par rapport à la famille renforce le principe de l’égalité comme esprit de ce code et le devoir d’obéissance de la femme à son époux est supprimé et remplacé avec l’égalité en droits et devoirs entre les époux. 44. Par exemple, la lacune relative à l’héritage, n’ayant fait aucune révision dans ce code, commence à être soulevée comme problème générant injustice et violences multiples. Les femmes "Soulaliyates" (membres de tribus exploitant une terre collective) déshéritées par droit coutumier, privées des indemnités générées par les spéculations du foncier, contrairement aux maris, fils et frères, ont finalement obtenu gain de cause grâce à la mobilisation de la société civile (Union d e l’Action Féminine, Association Démocratique des femmes du Maroc, Forum Alternatives..). Le ministère de l’Intérieur a enfin reconnu aux "soulaliyates " le droit de bénéficier, au même titre que les hommes, des terres collectives lors des prochaines opérations de cession. Il n’en demeure pas moins que les problèmes liés à l’héritage, définie par la Charia, sont complexes, faisant des femmes des victimes d’expropriation, de dés-héritage, d’iniquité en termes de partage de l’héritage. Cette question non révisée dans le code de la famille de 2004, ne constitue pas une priorité pour les acteurs gouvernementaux et se pose par contre et de plus en plus, comme un point d’ordre souvent débattu au sein du débat associatif féministe. 45. Le nouveau code de la famille est loin de révolutionner la vie des femmes et leurs conditions juridiques dans le domaine privé, conjugale et familial, sont loin d’être améliorées. Outre le fait que la code de la famille de 2004 a laissé passer certaines discriminations, comme la polygamie qui n’est que codifiée, la question de l’héritage, en termes de droits socio-économiques, qui est passée sous silence, la mère pouvant perdre la garde de ses enfants âgés de plus de 7 ans au motif de son remariage et elle ne pouvant accéder à la tutelle légale sur ses enfants mineurs qu’en cas d’absence du père (Décès, incapacité juridique, l’article 231), etc., l’application des nouvelles dispositions dans l’équité, est un problème majeur confirmé par différentes études. 46. Ce capital en matière de droits des femmes dans la législation marocaine va aider à l’activation de l’harmonisation des législations nationales avec les conventions internationales. La décision royale annoncée et soumise dans le Message de SM le Roi (12.10.08) à l'occasion du 60ème anniversaire de la Déclaration Universelle des droits de l'Homme de lever les réserves émises, va marquer l’année de 2008 pour les femmes marocaines. Cette levée des réserves –déclarée discursivement par le gouvernement 13 [RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 depuis 2006- va théoriquement concerner l'article 9, l'article 2, le paragraphe 2 de l'article 9, le paragraphe 4 de l'article 15, l'article 16 et l'article 29 de la CEDAW. 47. Par contre la ratification du protocole facultatif de la CEDAW (Proclamé par l'assemblée Générale de l'Organisation des Nations Unies le 6 octobre 1999 [résolution A/RES/54/4], qui vient renforcer la convention quant à l'application de son article 2 : "Tout Etat Partie du présent Protocole ("L'Etat Partie") reconnaît la compétence du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes", de même annoncée par le Premier Ministre en 2007, ne figure pas à court ou moyen termes dans l’Agenda politique au Maroc. Aussi, le gouvernement s’attarde (Lettre royale du 12.10.2008) à trouver les modalités concrètes pour la levée des réserves (articles 2-9-15-16). Il est tantôt dit qu’il s’agirait d’une levée partielle, avec les réserves sur les articles 2, 15 et 16 qui seront ou bien maintenues ou y substitueront des déclarations explicatives. 48. L’OMD cible 14 :"Eliminer toutes les disparités juridiques discriminatoires et lever les réserves sur la CEDAW", est ainsi difficilement envisageable d’atteinte, alors qu’elle est des plus vitale en tant que mesure structurelle dans le processus de l’instauration de l’égalité de genre et de la réduction des écarts sociaux entre les hommes et les femmes. Femmes et jeunes filles marocaines et Média 49. Les avancées dans ce domaine sont minimes. La Charte relative à « l’Amélioration de l’Image des Femmes dans les Média », élaborée en 2006 est signée par trois ministres et trois grands responsables et professionnels des Média, est restée initiative figée sans opérationnalisation. La stéréotypie médiatique sexiste ne fait que se scléroser et de s’élargir. Une reprise d’un débat sur cette charte avec en parallèle une implication plus soutenue du ministère de la communication, via notamment un programme de sensibilisation-plaidoyer et de formation en matière de l’égalité et de l’approche genre pourrait débloquer la stagnation. Le même ministère impliqué dans la quête des modalités de l’adoption effective de la Stratégie Nationale pour l’équité et l’égalité par l’intégration de l’Approche Genre dans les Programmes et les Politiques de Développement, pourrait être un élément prometteur. La présence professionnelle des femmes dans ce domaine, en termes de domaine qualifiée à quatrième pouvoir, est importante quantitativement mais leur présence au niveau des postes de prise de décisions est encore relative. Par contre, la production cinématographique tout particulièrement, faite par des cinéastes femmes et hommes est de plus en plus ouvertes aux questions de réalités sociales et des droits humains des femmes au Maroc. Femmes et jeunes filles marocaines et environnement 50. En tant que parent encore pauvre des interventions gouvernementales en général, il l’est encore plus en rapport avec les femmes. Le discours royal du 30 juillet 2009 (Fête du Trône), qui a appelé à l’élaboration d’une Charte nationale globale, pour préserver l'environnement et pallier aux effets du développement sur l’écologie, est une opportunité pour l’Etat et la société civile, qui devraient s’atteler à réfléchir les nouvelles stratégies, programmations, projets en matière de gouvernance 14 [RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 environnementale à la lumière du principe de l’égalité entre les hommes et les femmes et à l’appui de l’approche genre et équité. Ceci est d’autant critique dans la mesure où Sa Majesté a incité à prévoir le volet protection de l'environnement dans les cahiers des charges concernant les projets de développement. 51. Il est notamment prévu la mise en place de structures institutionnalisées dans ce domaine, à l’instar des observatoires régionaux de l’environnement auxquels le Roi avait fait référence (message à la 3ème Conférence des ministres de l'environnement des Etats membres de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI)). La représentativité des femmes au sein de ces structures est des plus urgentes eu égard aux rapports des femmes à des questions environnementales comme la pénurie de l’eau, les choix économiques…toujours en lien avec leurs besoins pratiques et stratégiques en tant que femmes sévissant encore des insuffisances en matière de droits et d’égalité. Cette implication est importante au vu du fait qu’il est dit que ces structures seront gérées par l'Etat en partenariat avec les régions et les acteurs actifs dans ce domaine, dont les universités, les chercheurs et les ONGs. Ces perspectives du court terme, pose le risque d’une marginalisation des femmes dans ce champs alors que la Charte en projet est programmé pour 1010 et que des initiatives en faveur d’une implication des femmes et de l’approche genre à ce niveau n’est pas perceptible, ni déclarée. Femmes et jeunes filles marocaines et conflits 52. Le Maroc est un pays pacifique qui ne connait pas de conflit armé, mais le conflit des ingérences politiques dans la souveraineté territoriale intégrative des provinces marocaines du sud, pose un problème majeur de violation des droits humains des femmes et enfants des camps de Tindouf. Dans ces camps sont perpétués des séquestrations, des privations et de la maltraitance, notamment à l’égard des femmes et des jeunes filles. Ces dernières disent être victimes (Associations et militantes) de politique "nataliste et procréatrice" et elles sont contraintes à accepter la pratique de la polygamie. Les cas de viol ne sont pas isolés, notamment comme pratique punitive des rebelles qui s’opposent à ces formes de violence. Elles souffrent de la barbarie de la déportation des enfants arrachés à leurs mères et proches à visées dites éducatives et "d’éveil idéologique", vers Cuba et d’autres destinations, alors qu’il est attesté que des formations militaires sont dispensés pour des enfants âgées de 10 à 15, privés de leur enfance, famille et pays. Recommandations saillantes et critiques 53. Inscrire dans la constitution le principe de l'égalité H/F et la constitution d'un Haut Conseil de la Femme pour le garantir. 54. Asseoir cette inscription constitutionnelle avec la mise en place d’un département dédié à l’égalité de genre, doté d’un haut pouvoir de prise ou d’influence de décisions politique, de moyens financiers et humains conséquents. 55. Approcher les domaines des droits humains des femmes à travers une intégration dans des politiques publiques gouvernementales, entre autres la lutte contre la violence 15 [RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 fondée sur le genre, le développement humain inclusive des femmes démunies et vulnérables, etc. 56. L’institutionnalisation de la participation publique et politique des femmes et des modalités de leur l’accès égale à la sphère de la prise de la décision. 57. Opérationnaliser la levée des réserves, avec en parallèle une publication dans le Bulletin officiel et une correspondance au Secrétaire Général des Nations Unies. 58. Assurer par l’instauration de mécanismes de contrôle l’applicabilité des lois et des procédures de la protection des droits fondamentaux des femmes et de manière volontariste et intégrative dans le chantier initié de l’assainissement global du secteur de la justice (Stéréotypie sexiste, corruption, mauvaise gouvernance…). 59. Rattraper les lacunes sexistes et ségrégationnistes dans les différentes lois en veillant à l’harmonisation avec les instruments juridiques et normatifs internationaux qui protègent les droits humains des femmes. 60. Activer la mise en place et en application d’une loi spécifique à la violence fondée sur le genre. Documents consultés: 1- Nations Unies: Rapport du comité pour l'élimination de la discrimination (seizième et dix-septième sessions), Assemblée Générale. Documents officiels, cinquième et quatrième et deuxième sessions, supplément n° 28 (A/52/38/Rev.). 2- Comité sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes: Observations Finales, Morocco/2/08/97 A/52/38/Rev. , paras 45-80. (Concluding observations). Office of the High Commissioner for Human Rights. Geneva. Switzerland, 19962001. 3- Conseil Consultatif des Marocains Résidents à l’Etranger, "Femmes du Maroc : Initiation d’une égalité formelle et d’une marche vers une égalité substantielle", CHIKHAOUI Naïma, Conférence, Marrakech, 2008. Conference-d’ouverture-Naïmachikhaoui_Fr.pdf.-Adobe Reader. 4- Royaume du Maroc, ministère de la santé, Stratégie 2008-2012.Strategie MSP.20082012.pdf-Adobe Reader 5- Royaume du Maroc, Haut Commissariat au Plan, les indicateurs sociaux au Maroc en 2007, Dépôt Légal : 172/1997 ISSN : 1114-0097ISBN : 9981-20-146-4, IndictSoc2007.pdf-Adobe Reader 6- La pauvreté au Maroc, Touhami Abdelkhalek, 20 : 47 : 23, GTZ-1.pdf-Adob Reader 7- MAP: Les droits humains au Maroc sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le nouveau concept de l'autorité. Maghreb Arab Press. http://wwww.map.ma/mapfr/info-fr.05.09/2005 1- Haut Commissariat au Plan. Rapport de développement humain 2005. Femmes et dynamiques du développement. Avec l'appui du PNUD. Janvier 2006. 2- SEFEPH : Plan d'action pour l'intégration des femmes au développement. (document provisoire) Appui de la Banque Mondiale. 1998. 3- Nations Unies. Rapport de la quatrième conférence mondiale sur les femmes, 4-15 septembre 1995. Beijing. A/CONF.177/20, 17 octobre 1995. 4- Processus d'examen et d'évaluation des progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme d'action de Beijing en Afrique (Beijing +10) rapport des ONG au Maroc. 16 [RAPPORT PARALLELE/SOCIETE CIVILE : ASSOCAITIONS FEMINISTES ET FEMININES/CHIKHAOUI NAÏMA] 29 novembre 2009 Juin 2004. ADFM, IPDF, AMDF, Centre d'Assistance pour Femmes Maltraitées. http://www.mildaf.org/fr 5- 50 ans de développement humain et perspectif 2025. Comité directeur du rapport. Document de synthèse du rapport général. Janvier 2006. http://wwww.rdh50.ma/fr/pdf/docsynthse-fr 6- Ministère des Finances et de la Privatisation. Guide de la réforme budgétaire. La nouvelle approche budgétaire axée sur les résultats et intégrant la dimension genre. UNIFEM. 2005. 7- Haut Commissariat au Plan. Statistiques de genre: production, utilisation et diffusion. Direction de la Statistique. 2003. 8- Association Marocaine de Lutte contre la Violence à l'Egard des Femmes. Le coût économique de la violence conjugale. Saad Belghazi. CEOJSPFVV, 2006. 9- SEFEPH. La violence à l'égard des femmes est la responsabilité de tous… Dénonçonslà. Campagne nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes. Rapport général. 24-30 novembre 2004. FNUAP. 10- SEFEPH. 3ème et 4ème rapports périodiques du Maroc relatifs à la mise en œuvre de la Convention sur l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes (CDAW). Juin 2006. 11- Haut Commissariat au Plan. Femmes et hommes au Maroc: Analyse de la situation et de l'évolution des écarts dans la perspective genre. Direction de la Statistique. 2003. 12- SEFEPH. Stratégie Nationale pour l'équité et l'égalité entre les sexes par l'intégration de l'approche genre dans les politiques et les programmes de développement. GTZ. Mai 2006. 13- REMALD. Le nouveau code de la famille. n° 126. 1ère édition. 2005. 14- SEFEPH. Stratégie Nationale de Lutte Contre la Violence à l'Egard des Femmes. FNUAP, PNUD, UNIFEM, Coopération Italienne, 2ème édition, 2003. 15- SEFEPH. Plan opérationnel de la stratégie nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes. Secrétariat d'Etat chargé de la Famille, de l'Enfance et des Personnes Handicapées. FNUAP, juin 2005. 16- SEFEPH. La lutte contre la violence à l'égard des femmes. 1er forum méditerranéen. 23-25 novembre 2005. Rabat. FNUAP, SCECFEPH et FAES. 17- Banque Mondiale. Inégalités entre les sexes et développement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord: Les femmes dans la sphère publique. Ed. ESKA. 18- SEFEPH. Rapport national Beijing+10. FNUAP. avril 2004. 19- SEFEPH. Examen du mécanisme national chargé de la condition de la femme au Maroc: efficience, entraves et perspectives d'amélioration (document provisoire). Banque Mondiale. Novembre 2001. 20- SEFEPH. Plan d'action pour la mise en œuvre de la Stratégie Nationale pour l'équité et l'égalité entre les sexes par l'intégration de l'approche genre dans les politiques et les programmes de développement. GTZ. 12 mars 2007. 21- MDSSF. Plan stratégique 2007-2012 17