Lᅢᄅgitime dᅢᄅfense

Transcription

Lᅢᄅgitime dᅢᄅfense
Légitime défense
Saynète pour le théâtre
Trois personnages – 1 femme – 2 hommes
Un frère et une sœur se retrouvent après l’enterrement de leur mère.
Durée approximative : 7 minutes
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Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
ISBN : 978-1-326-44929-2
Dépôt légal : Octobre 2015
© Daniel Pina Lulu.com Éditeur Standard Copyright License
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Frère – Décidément, toujours aussi superficielle.
Sœur – C’est à moi que tu t’adresses ?
Frère – Mais oui, à toi, la pleureuse, je n’ te trouve pas très crédible en fifille
accablée, tu as attiré l’attention avec tes jérémiades mais je n’ suis pas dupe.
Sœur (ton courroucé) – Pourquoi tu ?... comment ?... comment tu peux dire une
chose pareille ?
Frère – Pas très dure frangine, je t’ai pratiqué pendant des années.
Sœur (ton pleurnichard) – Notre mère vient de mourir et toi… toi… tout ce que tu
trouves à faire, c’est de m’hum… m’humi… lier.
Frère – Te force pas allez ! On n’est que tous les deux, tu peux faire ton cinoche
devant les autres mais moi je sais.
Sœur (ton agressif) – Tu sais ! Tu sais quoi ?
Frère – Ton chagrin est simulé, ta peine est calculée et tes larmes sont artificielles.
Sœur – Tu n’es qu’un sale type pourri gâté égoïste et sans cœur.
Frère – Egoïste et sans cœur, tu parles de ce que tu connais bien là.
Sœur – J’aimais notre mère, tu n’as pas le droit d’en douter.
Frère – Oh mais je n’en doute pas ! Tu n’ pouvais que l’aimer, Ta mère.
Sœur – Parfaitement.
Frère – Tu m’étonnes ! Elle n’avait d’yeux que pour toi, ma p’tite chérie par ci, ma
p’tite louloute par là, laisse ton frère se débrouiller seul il faut qu’il apprenne, viens et
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reste près de moi. J’ignore le nombre de fois que j’ai entendu cette phrase de Ta
chère mère. Mais tu vois, préférer un enfant à un autre ouvertement je n’appelle pas
ça de l’amour.
Sœur – Tu as le cœur aussi dur que du bois pour le prétendre.
Frère – Mais ma chère sœur je ne le prétend pas (en criant) je le hurle, j’exècre, je
grave mon mépris dans le bois de mon cœur, je l’inscris profondément sur le vernis
de ton indifférence, je ne le dis pas je le vomis, je hais cette femme dont tu t’es servie
(le ton se radouci) parce qu’au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, elle m’a blessé
pour la vie en préférant ta présence à la mienne, en t’aimant plus que moi… tellement
plus que moi…
Quelques secondes s’écoulent, silencieuses.
Sœur (ton arrogant) – Que voulais-tu que j’y fasse ?
Frère – Tu étais donc consciente de la situation ? Bien évidemment, comment ai-je
pu en douter ? Tu n’as jamais rien fait pour éviter que les choses s’enveniment.
Sœur – Tout ça c’est la faute de notre mère.
Frère – De notre mère, tu t’entends, tu n’es même pas capable de prononcer le mot.
Sœur – Le mot ! Quel mot ?
Frère – Quel mot ? Tu dis que tu l’aimais mais il t’est impossible de l’appeler maman,
malgré les privilèges dont tu as bénéficiés toute ta vie, pas une seule fois tu ne l’a
appelé maman.
Sœur (ton méprisant) – Tu as raison, elle me préférait, et alors ? Ça n’avait pas
tellement l’air de t’affecter !
Frère – C’est facile de dire ça quand on est du bon côté de la barrière, tu t’es soucié
de savoir ce que j’éprouvais ? S’est-on jamais parlé d’ailleurs ?
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Sœur – Comment voulais-tu parler, dès que j’étais avec elle tu disparaissais.
Frère – Ça ne t’a jamais étonnée ?... vous n’étiez toujours que toutes les deux.
Sœur – Ouais ! Je suppose que je n’ai jamais eu envie de me poser de question.
Frère – Faut dire que c’était une sacrée manipulatrice.
Sœur – Elle est morte maintenant tout ça n’a plus d’importance, tirons un trait sur le
passé, hein ! Et si on en parlait plus, et si on oubliait ? C’est il me semble et de loin la
meilleure solution.
Frère – Je ne suis pas sûr que ce soit aussi facile.
Elle se dirige vers lui et le serre dans ses bras.
Sœur – Je ne sais que dire tellement je suis désolée.
Frère – Pas autant que moi ma vieille.
Sœur – Je regrette tu sais. Vraiment. Je te demande humblement pardon.
Frère – Je ne suis pas sûr que ce soit possible tu vois.
Sœur – Si, mais si, je suis sûre qu’on est capable de repartir sur des bases saines, je
le sens.
Frère – On n’ peut pas faire du neuf avec du vieux.
Sœur – Ça vaut le coup d’essayer, non ?
Il se prend la tête entre les mains.
Frère – Peut-être as-tu raison tout compte fait !
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Elle l’embrasse à nouveau, joyeuse et libérée.
Sœur – Super ! Ecoute, je file chez moi, rejoins-moi on va fêter nos retrouvailles, tu
veux ?
Frère – Ça marche frangine. Je viens dans pas longtemps.
Elle sort.
Il prend un téléphone portable dans l’une de ses poches et compose un
numéro.
Frère – Ouais c’est moi, c’est bon mon ami, le poisson est dans le filet, tu peux le
remonter.
Il se met à genoux en levant les bras au ciel.
Frère – Alléluia ! La morue est dessalée, à moi l’héritage.
Son portable sonne, il se relève et répond.
Frère – Alors c’est fait ?
La sœur réapparaît, armée, et se dirige vers lui le bras tendu.
Sœur – Qu’est-ce qui est susceptible d’être fait mon cher frère, ne serait-ce pas ma
liquidation par hasard ? Ferme ce portable tu veux, là où je vais t’envoyer tu n’en
auras plus besoin.
Il demeure sans voix.
Sœur – Tu pensais vraiment pouvoir te débarrasser de moi aussi facilement mais
c’est mal me connaître, et me sous estimer, ton ami est également le mien, tu as
oublié que dans ce bas monde tout s’achète, surtout… les gens.
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L’ami fait irruption et pointe son arme vers elle.
Ami – Désolé ma belle, tu sais bien que ta mère ne pouvait pas se passer de toi,
alors tu vas la rejoindre, et salue la pour nous.
Il tire et la tue.
Le frère se précipite vers son ami pour l’étreindre.
Frère – J’ai eu chaud dis donc, t’es arrivé au bon moment, tu es vraiment plus qu’un
ami, t’es un frère pour moi, un véritable frère.
L’ami le repousse violemment.
Ami – Tu as presque raison, un véritable demi-frère.
Frère – Qu’est-ce qui tu racontes ?
Ami – La vérité mon frère, la pure vérité, tu as vécu dans l’ombre de ta sœur et moi
dans l’ombre de ton ombre, mais notre mère vois-tu n’était pas la moitié d’une garce,
elle.
Frère – Tu veux dire qu’on est frangin ? Sérieux ?
Ami – Tout juste !
Frère – Ouah ! Mais c’est chouette ça !
Ami – Chouette oui ! Surtout pour moi.
Il pointe son arme et tire.
Ami – Désolé frangin, il était légitime que pour une fois l’illégitime enfant puisse
hériter de tout. Salut la famille. Vous ne m’avez pas laissé l’ombre d’une chance,
donc, je considère votre disparition comme un acte de légitime défense.
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