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Déclarations officielles de politique étrangère du 07 janvier 2016
1 - Point de presse du porte-parole - Nucléaire/Corée du Nord/Déclaration du Porte-parole Libye/Attentat à Zliten
Au point de presse de ce jour, le porte-parole a rappelé sa déclaration d'hier et a fait la déclaration suivante :
1 - Nucléaire - Corée du Nord - Déclaration du Porte-parole (6 janvier 2016)
Le ministre des affaires étrangères et du développement international, M. Laurent Fabius, s'est entretenu aujourd'hui
avec son homologue sud-coréen M. Yun Byung-se au sujet de l'essai nucléaire nord-coréen du 6 janvier. Il doit
également s'entretenir avec ses homologues japonais et chinois.
La France condamne dans les termes les plus fermes l'essai nucléaire auquel la Corée du nord vient de procéder.
La Corée du Nord choisit à nouveau la voie de la confrontation, au lieu d'accepter la main tendue par la communauté
internationale. Cet acte illégal, accompli en violation des résolutions 1718, 1874, 2087 et 2094 du Conseil de
Sécurité, représente une menace à la paix et la sécurité internationales.
Il s'agit également d'une violation de la norme universellement acceptée contre les essais nucléaires que constitue le
Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires (TICE).
La France en tirera les conséquences avec ses partenaires et dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations unies.
Elle exhorte la Corée du Nord à se conformer sans délai à ses obligations internationales et à procéder au
démantèlement complet, vérifiable et irréversible de ses programmes nucléaire et balistique.
Dans l'immédiat, la Corée du Nord doit s'abstenir, sans conditions, de tout geste risquant d'accroître davantage la
tension dans la péninsule coréenne et de porter atteinte à la paix et à la sécurité internationales.
2 - Libye - Attentat à Zliten (7 janvier 2016)
Nous condamnons l'attentat perpétré ce matin contre une caserne de garde-côtes à Zliten en Libye, à 150 kilomètres à
l'est de Tripoli, ainsi que les attaques perpétrées par Daech depuis le 4 janvier à al-Sidra, Ras Lanouf et Ben Jawad.
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La France invite l'ensemble des parties libyennes à former rapidement le gouvernement d'unité nationale autour de M.
Fayyez al-Sarraj qui sera le partenaire de la communauté internationale face au terrorisme./.
(fin de l'article)
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2 - Conférence de Paris pour le climat - Entretien de M. François Hollande, président de la République,
avec M. Nicolas Hulot, envoyé spécial pour la protection de la planète - Communiqué de la présidence
de la République
Le président de la République a reçu cet après-midi Nicolas Hulot, envoyé spécial pour la protection de la planète,
afin de le remercier chaleureusement de la mission qu'il a accomplie comme envoyé spécial pour la protection de la
planète.
Le président a souligné l'importance de l'engagement personnel de Nicolas Hulot qui se poursuivra pleinement pour
que l'accord obtenu à Paris le 12 décembre 2015 ne soit pas un aboutissement et se traduise en actions. Il a salué le
rôle qu'avait tenu Nicolas Hulot dans la mobilisation des acteurs dans cette négociation au service de la planète, tout
en gardant son autonomie à la tête de sa fondation./.
(Source : site Internet de la présidence de la République)
(fin de l'article)
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3 - Lutte contre le terrorisme - Projet de loi pénal renforçant la lutte contre le crime organisé et son
financement - Communiqué du Premier ministre
Le gouvernement a saisi le Conseil d'État d'un projet de loi pénal renforçant la lutte contre le crime organisé et son
financement dont les grandes orientations ont été présentées par la garde des Sceaux en Conseil des ministres et par
le Premier ministre devant la presse le 23 décembre 2015.
Ce projet de loi vient conforter l'État de droit car il consolide la place de l'autorité judiciaire et du droit dans notre
démocratie au moment où elle subit de violentes attaques. C'est la condition essentielle d'une réponse sans
concession, inscrite dans la durée, à la menace terroriste.
Annoncé dès le début de l'année 2015, il a été longuement muri par la Chancellerie. Il s'est nourri des réflexions
collectives conduites par les procureurs généraux Nadal et Beaume, ainsi que des consultations menées avec les
services de police, de gendarmerie et les syndicats et organisations professionnelles. Il a été enrichi par les mesures
de lutte contre le financement du terrorisme, fruit elles-aussi de réflexions et de concertations organisées par le
ministère des finances. Enfin, sept dispositions nouvelles sur les 34 articles que compte ce texte, ont été insérées sur
proposition du ministre de l'intérieur.
Ce projet de loi étend les pouvoirs conférés aux procureurs et aux magistrats instructeurs. Ces nouveaux outils
juridiques donnés à la magistrature sont la suite naturelle des moyens sans précédent accordés depuis 2012
notamment dans le cadre du second plan de lutte contre le terrorisme. Ainsi 2.500 postes supplémentaires ont été
créés, dont 1.175 pour les seuls services judiciaires. Après avoir renforcé l'indépendance des parquets avec la loi du 25
juillet 2013, le gouvernement entend renforcer leurs moyens opérationnels afin de garantir une véritable direction de
la police judiciaire. Le gouvernement entend aussi doter la magistrature de techniques d'enquêtes équivalentes à
celles conférés aux services de renseignement afin de faciliter un traitement judiciaire efficace des informations
essentielles à la lutte contre le crime organisé.
En outre, de nombreuses dispositions, déjà insérées dans ce texte ou pour lesquelles le gouvernement sera habilité à
légiférer par ordonnance, visent à simplifier les enquêtes pénales et accroitre les garanties des justiciables et les
droits de la défense. Les enquêtes du Parquet seront désormais conduites à charge et à décharge. Les nouvelles
mesures d'investigation accordées par ce texte au Parquet seront soumises à l'autorisation du juge des libertés et de la
détention.
Enfin, les pouvoirs de contrôle d'identité limités dans le temps, dans l'espace et au seul domaine de la lutte contre le
terrorisme désormais conférés au préfet seront soumises au contrôle de l'autorité judiciaire dûment avisée. Il en sera
de même pour l'extension de la retenue de quatre heures par les forces de sécurité aux situations nécessitant un
examen approfondi.
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Les dispositions instaurant un contrôle administratif de toute personne ayant quitté le territoire national pour
accomplir des déplacements à l'étranger en vue de participer à des activités terroristes restent sous le contrôle du juge
administratif.
Concernant l'assignation à résidence administrative, le gouvernement, conformément à l'avis rendu par le Conseil
d'État le 17 décembre 2015, a veillé à concilier l'atteinte à la liberté d'aller et venir avec les exigences d'une vie
professionnelle et familiale, comme à organiser un degré de contrainte moindre que celle prévue par l'article 6 de la
loi du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence.
Ce texte est désormais soumis à l'examen du Conseil d'État, avant son adoption en Conseil des ministres, début février,
et sa présentation au Parlement./.
(Source : site Internet du Premier ministre)
(fin de l'article)
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4 - Politique étrangère - Entretien de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du
développement international, avec le magazine «Challenges»
Q - La fin d'année 2015 a été marquée par deux événements majeurs à Paris, les attentats et la tenue de la COP21. Le
monde sera-t-il le même en 2016 ?
R - En un an, les tendances de fond ne changeront pas. Notamment, ces deux risques majeurs que sont le terrorisme
et le dérèglement climatique. Ces périls sont d'une nature très différente, mais ni la pollution ni le terrorisme ne
s'arrêtent aux frontières : dans les deux cas, la réponse doit donc être mondiale. Dans la lutte contre le terrorisme,
l'unité de la communauté internationale est une condition de l'efficacité : il faut non seulement qu'aucun État ne
soutienne les terroristes, mais que le plus grand nombre possible d'entre eux agisse pour les éradiquer, avec des
décisions de souveraineté qui impliquent, le cas échéant, l'engagement de leurs forces. La lutte contre le changement
climatique est d'un autre ordre : elle nécessite que les États et les sociétés civiles appliquent les engagements qu'ils
ont pris, mais il n'existe pas - en tout cas, pour l'instant - de sanction pénale en cas de non-respect. Seuls jouent la
pression nationale et internationale et le risque «réputationnel».
Q - En quoi l'accord sur le climat est-il historique ?
R - Parce qu'il est le premier accord climatique du monde et pour le monde. Tout n'a pas été réglé lors de la
Conférence de Paris, mais il y aura un avant et un après-Paris. La COP21 a permis l'adoption d'un accord universel et
ambitieux. C'est sans précédent et cela constitue un acquis considérable, pas seulement dans le domaine
environnemental, mais dans de nombreux domaines, y compris la recherche de la paix : il n'est pas si courant de voir
les représentants de 195 pays s'embrasser à l'issue d'une conférence internationale, et encore moins d'une conférence
sur le climat ! D'autre part, au-delà même de l'accord entre États, la COP21 a permis le basculement d'un nombre
considérable d'acteurs non gouvernementaux - entreprises, collectivités locales, ONG, citoyens - vers le développement
bas carbone. L'accord engage le monde entier dans une dynamique irréversible de développement durable. Un seul
exemple : quand l'agence de notation Standard & Poor's, qui n'est pas un organisme philanthropique, décide de
pénaliser les entreprises ou les pays n'ayant pas pris en compte le risque climatique, c'est le signe qu'un tournant
s'opère. Nous allons vivre un changement profond de modèle économique. Le fondement même de ce qui a constitué
le développement industriel depuis le XIXe siècle est en train de muter.
Q - Comment va l'Europe ?
R - Pas très bien, et 2016 pourrait bien être pour l'Union européenne l'année de tous les dangers. Croissance
économique languissante, mouvements migratoires massifs qui posent des défis politiques considérables, forces de
dissociation à l'oeuvre : je pense au référendum sur la sortie de l'Union prévu cette année au Royaume-Uni, ou encore
à la montée des populismes nationaux et des souverainismes régionaux. À cela s'ajoute la situation ukrainienne, qui
n'est toujours pas réglée malgré les efforts de la France et de l'Allemagne. Et je n'oublie pas les questions
fondamentales concernant le projet européen : faut-il intégrer davantage ? Si oui, dans quelles conditions ? Tout cela
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crée une situation instable, alors qu'une Europe forte, unie, avec un projet clair, serait indispensable dans notre
monde incertain et dangereux. L'enjeu ne consiste pas seulement à empêcher une dissolution de l'Europe, mais à faire
en sorte que l'Union mène une politique cohérente, notamment vis-à-vis de l'Afrique et du Moyen-Orient, qu'elle
construise une véritable politique de défense et de sécurité, qu'elle prépare la croissance de demain avec des priorités
claires : transition énergétique, technologies vertes, économie numérique, emploi des jeunes. Beaucoup de travail
reste à accomplir.
L'Europe a prouvé qu'elle pouvait résoudre ses problèmes, la crise de l'euro paraît réglée. Le problème a été traité avec
efficacité. Il faut en féliciter notamment la Banque centrale européenne et son président, Mario Draghi. À l'étranger,
on m'interroge désormais moins sur l'avenir de l'euro et davantage sur l'avenir de l'Europe.
Q - Quelle est la priorité sur votre feuille de route européenne ?
R - Sur des questions essentielles, comme les migrations, le référendum britannique, l'Ukraine, le traité
transatlantique, une position franco-allemande commune est souhaitable pour entraîner l'ensemble de l'Union : avec
l'Allemagne, nous devons rester unis face aux crises et aux menaces.
Q - Le traité économique transatlantique va-t-il être signé un jour ?
R - Pour l'instant, et je le regrette, les négociations n'avancent guère. Par exemple, sur la question majeure de
l'ouverture réciproque des marchés publics, on ne constate aucun progrès. Il n'y aura d'accord que si chacun y trouve
son compte : l'accord transatlantique sera gagnant-gagnant, ou ne sera pas.
Q - Le «printemps arabe» fête ses cinq ans, quel bilan ?
R - Au départ, le point commun a été une aspiration des peuples à la liberté, mais les suites ont été très diverses, et il
est difficile de dresser un bilan compte tenu de la variété des situations. En Tunisie, la transition démocratique a été
opérée. En Syrie, une révolte de quelques étudiants a été réprimée de telle façon par Bachar al-Assad qu'aujourd'hui il
y a plus de 250.000 morts. L'Égypte est passée par plusieurs phases. Je pourrais continuer l'énumération Aujourd'hui,
outre la Syrie et photos réalisées le 21 décembre au Quai d'Orsay par Bruno Levy pour Challenges, le Yémen, notre
principale préoccupation concerne la Libye. Ses richesses attirent les convoitises, les armes y circulent sans contrôle,
cependant que de plus en plus de terroristes y trouvent refuge. Il est indispensable qu'après l'accord signé en
décembre le nouveau gouvernement s'affirme, et dispose des moyens suffisants pour assurer la sécurité du pays et
éradiquer les terroristes. Une dégradation de la situation aurait des conséquences graves, notamment sur la Tunisie et
le Sahel, mais aussi sur l'Europe. Un autre danger majeur au Proche et au Moyen-Orient concerne le conflit
israélo-palestinien : faute d'avancées, il y a là un potentiel d'embrasement.
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Q - L'effondrement des cours du pétrole va-t-il avoir des répercussions géostratégiques ?
R - Les répercussions sont lourdes sur de nombreux pays. Pour m'en tenir aux économies exportatrices du
Moyen-Orient, la baisse des prix enregistrée depuis la fin de l'été 2014 entraîne des modifications profondes mais pas
homogènes. Les pays les plus touchés sont ceux qui ne peuvent compenser l'effet-prix par l'effet-volume : Irak,
Bahreïn et, dans une moindre mesure, Oman. L'Arabie saoudite et l'Iran sont touchés, mais disposent à des degrés
divers des marges nécessaires. Enfin, certains ne sont que modestement affectés, comme le Koweït, le Qatar et les
Emirats. Quelles que soient les situations, les conséquences sont multiples : plutôt positives pour les importateurs,
comme la France, négatives pour les producteurs-exportateurs - à cela près que ce déséquilibre pourrait ensuite, par
contrecoup, affecter notre propre croissance. Avec un baril à 35 euros, les énergies renouvelables ne sont plus du tout
compétitives, dommage pour le climat. On devrait mettre à profit cette baisse pour diminuer, comme le propose
l'OCDE, les subventions considérables aux énergies fossiles et encourager les renouvelables, dont les prix se réduisent.
Les investissements massifs et croissants dans la R&D pour les énergies propres vont créer des ruptures technologiques
qui rendront ce type d'énergies très compétitives. Elles seront au coeur du mix énergétique de demain.
Q - Qu'espérer des États-Unis en campagne présidentielle ?
R - En règle générale, cette période n'encourage pas les initiatives fortes. En outre, au sein même de la population
américaine, les contradictions ne manquent pas. D'un côté, certains reprochent au président un manque de leadership
extérieur, mais, d'un autre côté, il existe au sein même du pays une «war fatigue», une lassitude face aux
interventions extérieures, qui s'explique par ce qui s'est produit en Afghanistan et en Irak. Quelle que soit l'attitude
des États-Unis dans les mois à venir, on doit saluer l'engagement du président Obama dans la lutte contre le
changement climatique : son soutien comme celui de la Chine ont été précieux pour le succès de la COP21.
Q - La Réserve fédérale monte ses taux, la BCE continue d'assouplir sa politique monétaire, va-t-on vers une guerre des
changes ?
R - Je ne le pense pas. Mario Draghi, le président de la BCE, et Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale
américaine, sont compétents et habiles. Des concertations ont lieu entre les grandes banques centrales. J'ajoute que
la Chine, qui préside le G20 en 2016, projette d'engager des discussions sur la diversification du système monétaire
mondial afin de lui assurer une plus grande stabilité - objectif soutenu par la France.
Q - Le ralentissement chinois est-il inquiétant ?
R - C'est un ralentissement relatif. La croissance en Chine est maîtrisée par les autorités chinoises, qui souhaitent
rééquilibrer l'économie vers plus de consommation intérieure, mais aussi vers une économie moins carbonée, moins
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polluante. Dans mes fonctions, je rencontre de nombreux dirigeants, ceux de Pékin font incontestablement partie des
plus compétents sur le plan économique.
Q - Concernant l'évolution de la croissance mondiale, quel est votre scénario ?
R - À court terme, on prévoit une certaine faiblesse en Amérique du Sud, dans une partie de l'Asie et de l'Europe ;
mais à moyen terme, il existe de puissants réservoirs de croissance. Le continent africain, par exemple, dispose d'un
formidable potentiel : il occupera une place importante dans la croissance mondiale des années à venir, nous devons
nous y préparer. Les développements technologiques futurs constituent, eux aussi, un énorme réservoir de dynamisme
économique. Dans ces deux cas, la France a un rôle particulier à jouer, et elle est bien placée pour être un hub du
XXIe siècle. Notre diplomatie économique, qui est active, y contribue.
Q - Justement, l'économie française, quand va-t-elle se réveiller ?
R - Nous possédons énormément d'atouts. La question est de savoir quand les résultats se manifesteront pleinement.
En tout cas, les réformes pour mettre en valeur ces atouts doivent se poursuivre.
Q - De quel sujet important n'avons-nous pas parlé ?
De plusieurs sujets, et notamment de l'imprévu ! C'est la seule chose qui soit constante La tâche d'un ministre des
affaires étrangères, c'est à la fois de tracer un cap qui anticipe les grandes évolutions du monde et de faire face à
l'imprévu, qui advient toujours./.
(fin de l'article)
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5 - Politique étrangère - Voeux aux agents de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du
développement international
Monsieur le Secrétaire général,
Madame et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Président,
Chers Amis,
Merci, Cher Christian Masset, pour les mots que vous venez de prononcer. Vous l'avez rappelé : le Quai d'Orsay est un
ministère de traditions, Il est aussi un ministère d'innovation ; mais c'est aussi une maison attachée aux traditions.
Celle de nos «voeux croisés» en fait partie, et c'est avec beaucoup de plaisir que je m'y plie aussi cette année.
Je vous présente donc, à vous-même, Monsieur le Secrétaire général, à Matthias et à Harlem, à vous toutes et tous qui
êtes ici rassemblés et à travers vous à l'ensemble des collaborateurs du ministère, à Paris, à Nantes, à l'étranger, mes
voeux très chaleureux pour l'année qui s'ouvre. Que cette année vous apporte réussite professionnelle, santé et
bonheur personnel et pourquoi pas, l'amour.
J'adresse un salut particulier aux nouveaux agents, récents lauréats des concours, recrutés sur contrat à Paris ou en
poste. Je leur souhaite la bienvenue dans notre maison, une des plus belles administrations de notre République.
Une même pensée pour les collègues en poste dans des zones très difficiles, difficiles. Je leur rends hommage pour le
travail qu'ils accomplissent, travail qui demande toutes les vertus ordinaires plus le courage.
Mes remerciements renouvelés aux agents du Quai d'Orsay qui ont participé à la Cellule interministérielle d'aide aux
victimes à laquelle vous avez fait allusion, Monsieur Masset, mise en place au lendemain des attentats du 13
novembre et hébergée par notre centre de crise et de soutien. Cette cellule a eu une tâche difficile, elle a informé et
accompagné les familles et les proches des victimes, en assurant la bonne coordination des services de l'État. Ceux qui
y ont participé se sont remarquablement acquittés de leur tâche : je leur exprime ma gratitude.
Enfin, je veux adresser, au-delà de vous-même mes très vifs remerciements à l'ensemble des agents de notre ministère,
qui ont été particulièrement sollicités cette année et qui ont accompli un travail d'une grande qualité. Comme vous
l'avez rappelé, Monsieur le Secrétaire général, la revue Acteurs publics qui, reconnaissons-le, n'a pas la même diffusion
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que Paris-Match m'a décerné fin décembre le «Prix de la performance publique», pour les réformes initiées dans cette
maison que je dirige depuis 2012 et pour la COP21. J'ai obtenu d'ailleurs plusieurs récompenses que je ne vais pas
hiérarchiser au cours de l'année précédente : j'ai été élu la personnalité de l'année par la revue des vins ; j'ai été
intronisé dans la guilde des fromagers ; j'ai eu ce prix de la revue Acteurs publics et il semble que je vais recevoir
bientôt une autre récompense. Mise à part la question du formage et du vin, en fait, c'est à toute la Maison que ces
distinctions s'adressent. Et chaque fois que je fais un discours pour remercier de ces distinctions, je ne peux pas
m'empêcher de rappeler que j'avais, au siècle dernier, reçu le prix du parlementaire de l'année et j'avais, avec un peu
de facétie fait remarquer au jury qu'il m'avait accordé ce prix la seule année où je n'avais pas pris la parole à
l'Assemblée. C'est donc une grande leçon de modestie.
En tout cas, cette récompense, très sérieuse celle-là, je veux la partager avec vous tous car le Quai d'Orsay c'est vous.
En 2015, le Quai d'Orsay a été sur tous les fronts. Il a confirmé, dans notre pays comme à l'étranger, sa réputation
d'excellence, à tous égards, bravissimo.
Chers Amis,
Il y a un an, au moment même où je prononçais mon discours de voeux, nous parvenait la nouvelle du massacre de la
rédaction de Charlie Hebdo. Dans les deux jours suivants, d'autres attentats se produisaient. Dix mois plus tard, c'était
le carnage terroriste du 13 novembre, d'une ampleur et d'une barbarie sans précédent sur notre sol.
Ces attentats ont bouleversé notre pays, ils ont aussi marqué le monde. Chacun garde à l'esprit la marche du 11
janvier, même si bien sûr, les souvenirs galopent, cette marche extraordinaire, ce rassemblement exceptionnel de
dirigeants venus de toute la planète - M. Stefanini s'en souvient -, les conditions dans lesquelles cela avait été
organisé. Ils venaient dire à Paris leur solidarité avec la France et l'unité face au terrorisme. Chacun se souvient de
l'élan de solidarité internationale après les attentats du 13 novembre, plus fort encore qu'en janvier. De nombreux
chefs d'État et de gouvernement dans nos ambassades pour exprimer personnellement leurs condoléances. Il y a eu
des rassemblements populaires spontanés un peu partout. Des Marseillaises chantées avec des accents étrangers,
c'était encore plus émouvant. Il y a eu des monuments emblématiques illuminés aux couleurs du drapeau français,
depuis la porte de Brandebourg à Berlin jusqu'aux remparts de Jérusalem, depuis Trafalgar Square à Londres jusqu'aux
grandes tours de Riyad, de Kuala Lumpur, et à l'Opéra de Sydney.
Cet élan de solidarité dans le drame a souligné une fois de plus la place singulière qu'occupe notre pays. Nous avons
une Histoire singulière, nous avons des valeurs, nous avons une image particulière et quand tout cela est frappé,
d'une certaine façon c'est la France mais aussi le monde qui se sent blessé.
Pour autant, n'oublions jamais que nous n'avons pas été les seuls à être touchés par le terrorisme en 2015 : les
fusillades de Copenhague, les attentats du Bardo, de Sousse et de Tunis, le massacre de l'Université de Garissa au
Kenya, le crash d'un avion russe dans le Sinaï, l'attaque d'un hôtel à Bamako, l'attentat déjoué du Thalys, les
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attentats-suicides de Boko Haram... Plus encore que les précédentes, cette année a montré que la menace terroriste
était mondiale, et que, par conséquent, la seule réponse efficace l'était évidemment aussi.
Mais, comme vous l'avez fort bien souligné, Monsieur le Secrétaire général, pour dramatique qu'elle ait été, 2015 fut
aussi et d'un autre point de vue porteuse d'avancées. Sur deux questions majeures - le réchauffement climatique et le
nucléaire iranien -, deux sujets sur lesquels la communauté internationale butait depuis de longues années, un accord
diplomatique a été trouvé. Par deux fois, l'épithète «historique» a été méritée. Et par deux fois, le rôle de la
diplomatie française - votre rôle - a été tout à fait essentiel.
Dans nos sociétés où règne l'immédiateté médiatique, l'accord obtenu à Vienne le 14 juillet 2015 sur le dossier du
nucléaire iranien pourrait presque paraître lointain, mais pourtant, je pense que les historiens n'oublieront pas cet
acquis majeur. Pendant douze ans, la question avait occupé et préoccupé la communauté internationale. Une issue
positive a finalement pu être trouvée, grâce notamment pas uniquement mais notamment à la position de «fermeté
constructive» adoptée par notre pays qui, tout au long de ces négociations, a, en pleine indépendance et
responsabilité, défendu les intérêts de la sécurité internationale et de la paix. J'ai beaucoup réfléchi à cette
négociation, longue et difficile et l'une des leçons que j'ai retirée de nos négociations, c'est qu'il fallait être
constructif pour obtenir un accord ; il fallait être ferme pour obtenir un bon accord. Nous avons été l'un et l'autre.
L'accord de Vienne, éloigne le risque de prolifération nucléaire au Proche et au Moyen-Orient, et je pense qu'il restera
comme l'une des contributions les plus importantes de ces dernières années à la construction d'un monde plus sûr et
la diplomatie française y est évidemment associée.
Plus près de nous, la COP21 a été un exceptionnel et incontestable succès. On me demande souvent comment
j'explique ce succès. Je vais essayer de le faire ce soir mais en général, je réponds - pas simplement parce que j'aime
les pirouettes - que je préfère ne pas comprendre les résultats d'un succès plutôt que de déployer des trésors
d'intelligence comme on le fait souvent pour expliquer un échec. En tout cas, Le succès a d'abord été - c'est très
matériel et tout commence avec le matériel - l'organisation même de la conférence : le site a été livré à temps, ce qui
était quand même utile. Les participants ont été très satisfaits et il y a une interaction profonde entre le contenant et
le contenu. La sécurité assurée - dans un contexte particulièrement difficile -, la certification «développement
durable» ISO 20121 a été décernée à la COP, la première fois pour une manifestation de ce type. Et au-delà de
l'anecdote cela a montré, plus que toutes les autres démonstrations, que nous pouvions accueillir dans n'importe
quelles conditions les plus grandes manifestations du monde. Ce n'est pas sans intérêt pour des projets que la France
a dans le futur. Le succès, essentiel : c'est l'accord intergouvernemental lui-même du 12 décembre 2015, le premier
pacte climatique universel de l'Histoire. Pour y parvenir, le travail minutieux, tenace, systématique de l'ensemble de
notre diplomatie, de tous nos postes a été déterminant et salué partout. Comme je l'ai dit en frappant avec mon
marteau lors de l'approbation du texte : «c'est un petit marteau, mais il aura de grandes conséquences», car il y aura
incontestablement un avant et un après Paris 2015. Et Paris 2015 a exorcisé le fantôme de Copenhague 2009, d'autant
que, au-delà même de l'accord entre États, la dynamique de la COP21 a permis un basculement vers le développement
bas carbone d'un nombre considérable de villes et de régions, d'entreprises, d'institutions financières, de syndicats,
d'ONG, de citoyens. Cet «agenda des solutions», qui engage une mutation profonde et irréversible de nos économies
et de nos sociétés, restera l'une des marques de cette COP21. Le mot d'historique n'est donc pas galvaudé.
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Si on la résume à grands traits, l'année 2015 a donc oscillé entre drames et succès, entre inquiétudes liées au
terrorisme et espoirs portés par des avancées de la diplomatie. En 2016, des opportunités s'ouvrent à nous, mais
le risque existe aussi que s'amplifient les turbulences du système international sans que des réussites comparables à
celles de 2015 ne se reproduisent. Car à une économie internationale en mal de dynamisation, à une dispersion
croissante de la puissance, s'ajoute cette année une conjonction frappante qui pousse les grands acteurs du système
international à l'introversion plutôt qu'à la recherche réelle en commun de solutions. Dans ce contexte, quelles seront
nos priorités ? Elles n'ont pas changées depuis l'an dernier, elles répondent aux quatre orientations qu'avec le
président de la République et le Premier ministre, nous avons fixées à notre diplomatie : la paix et la sécurité priorité numéro un ; la planète - priorité numéro deux ; l'Europe - priorité numéro trois ; le rayonnement de la France
- priorité numéro quatre.
La première priorité, que je rappelle le jour même où la Corée du Nord procède à un nouvel essai nucléaire, c'est la
sécurité. La recherche de la sécurité et de la paix, ce sera l'axe central en 2016 de notre action diplomatique.
La lutte contre Daech et le terrorisme sera au coeur de notre action diplomatique et militaire. En Irak, la France
continuera d'intervenir dans le cadre de l'opération Chammal. Sur le plan politique, nous soutiendrons le
gouvernement irakien dans la mise en oeuvre des mesures de réconciliation nationale qui sont indispensables. En
Syrie nous poursuivrons nos frappes contre les cibles terroristes qui menacent notre sécurité, ainsi que notre appui
aux forces d'opposition modérée. Dans un contexte mêlant les lueurs d'espoir de la fin 2015 et les graves inquiétudes
liées aux tensions de ce début d'année entre l'Arabie saoudite et l'Iran, nous poursuivrons nos efforts pour une
transition crédible dont, évidemment, Bachar al-Assad ne peut pas être le terme et un cessez-le-feu durable au
bénéfice des populations. Nul besoin de souligner combien ces tâches sont à la fois nécessaires et extrêmement
difficiles.
En Libye, l'accord signé en décembre est prévu pour amorcer, espérons-le, un processus de stabilisation politique : au
Conseil de sécurité comme avec nos partenaires les plus impliqués, nous devrons travailler à le consolider - Harlem
Désir a suivi ce dossier récemment - afin d'empêcher que ce pays, potentiellement très riche, ne s'enfonce dans le
chaos et ne devienne un refuge encore plus massif pour les terroristes.
S'agissant du conflit israélo-palestinien, nous devrons continuer - j'ai encore reçu le ministre des affaires étrangères
palestinien hier - de mobiliser, au-delà du Quartet, les acteurs arabes clés et, d'une façon générale, tous nos grands
partenaires dans le cadre du groupe international de soutien, comme dans le cadre du Conseil de sécurité. Je le
répète, même si la voix de la France est malheureusement un peu isolée, la situation israélo-palestinienne reste une
poudrière qui peut éclater à tout moment, tout simplement parce qu'il n'y a pas de paix sans justice. Nous ne pouvons
pas et nous ne voulons pas laisser se déliter la solution des deux États, déjà assez largement compromise, mais au
contraire chercher à recréer un horizon politique pour les deux peuples.
Ces efforts pour la paix et la sécurité, nous les mènerons aussi sur l'ensemble du continent africain. Au Mali, où
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presque tout le monde a oublié qu'il a de cela trois ans les terroristes se trouvaient à 150 kilomètres de Bamako et où,
après avoir aidé à ramener la paix et la démocratie, nous soutenons et nous soutiendrons la mise en oeuvre de l'accord
d'Alger signé entre les autorités et les groupes armés non terroristes. En Centrafrique, nous accompagnerons le retour
espéré, dans les semaines qui se profilent, à une situation «normale» dans un pays qui, là encore, ne l'oublions pas,
était il y a deux ans au bord de la guerre civile. Nous plaiderons pour que l'Europe aide davantage les pays de la
région du Lac Tchad à supporter l'effort de guerre contre Boko Haram. Au Burundi, où la situation inspire de
l'inquiétude, nous soutiendrons le dialogue, sous conduite africaine, entre Burundais.
Dans un autre contexte, nous continuerons notre action pour la paix en Ukraine. Les accords de Minsk, obtenus en
février grâce aux efforts conjoints de la France et de l'Allemagne, ont permis une certaine désescalade. Leur mise en
oeuvre devra se poursuivre en 2016 puisque que nous ne sommes pas parvenus à leur terme en 2015. Tout n'est pas
réglé, mais nous sommes passés d'un conflit ouvert à un dialogue mieux organisé, ouvrant peu à peu la voie vers une
Ukraine plus stable et pacifiée. La France, à travers le «format Normandie», continuera de jouer son rôle majeur dans
ce processus. Paix et sécurité.
La deuxième priorité de notre diplomatie en 2016 sera le suivi et la mise en oeuvre des décisions de la COP21. Car on
l'oublie, mais moi je ne l'oublie pas, nous continuons à présider la COP21 jusqu'au mois de novembre de cette année.
L'espoir, l'enjeu, c'est de construire à partir du momentum de Paris et de «capitaliser» sur le succès du 12 décembre.
Pour cela, nous devrons exploiter au mieux ma présidence de la COP21, qui se poursuivra jusqu'à la COP22 de
Marrakech, en novembre prochain. En 2016, notre diplomatie restera donc fortement mobilisée sur l'enjeu climatique.
Nous devrons nous concentrer, en particulier, sur la mise en oeuvre des décisions du 12 décembre. Pour le dire d'une
façon qui, juridiquement, n'est pas très exacte, avec l'accord de Paris, nous avons adopté une bonne «loi» ; nous
devons maintenant préparer de bons «textes d'application». Notre présidence en 2016 n'aura évidemment pas le même
objet que les efforts déployés en amont de la COP21, mais elle demandera elle-aussi un investissement très important
si nous voulons - et c'est indispensable - que se poursuive à Marrakech l'élan de Paris. Dans les semaines qui viennent,
nous devrons travailler de près avec les autorités marocaines. La qualité de notre collaboration avec la présidence
péruvienne de la COP20 tout au long de l'année écoulée a été extrêmement utile. Dans les jours qui viennent, j'aurai à
m'exprimer plusieurs fois à ce titre : le 18 janvier à Abou Dhabi pour une conférence internationale ; le 20, le
président Schultz m'a invité à m'exprimer devant le Parlement européen sur la COP21 ; le 21, je serai au sommet de
Davos ; et mi-février à la Wehrkunde de Munich.
Plusieurs rendez-vous marqueront notre présidence de la COP21. D'une part, la cérémonie d'ouverture de l'accord à la
signature, qui aura lieu le 22 avril à New York et nul doute que le président de la République, le Secrétaire général des
Nations unies et moi-même auront évidemment à coeur d'être présents. D'autre part, une réunion dite d'intersessions,
aura lieu dans la deuxième quinzaine de mai à Bonn, afin de préparer la COP de Marrakech pour novembre. Ce sera la
première réunion du «Ad hoc Paris Agreement Group», chargé de préparer les décisions de mise en oeuvre de l'accord
de décembre dernier. Des orientations devront être prises sur le renforcement des capacités des pays qui en ont
besoin, sur la poursuite de la mobilisation des financements et des technologies avant 2020, sur les nouvelles règles
de «transparence» concernant le suivi des engagements pris par tous les pays, en vue de premières décisions lors de la
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conférence de Marrakech. Il faudra aussi que le Parlement français ratifie l'accord de Paris et il faudra préparer le
passage de relais à nos amis marocains en novembre. Enfin, le président de la République et moi-même pensons que le
12 décembre 2016, nouvelle date historique, devra être marquée comme telle.
Au-delà des suites de l'accord de Paris, dont l'entrée en vigueur est prévue en 2020, un suivi sera nécessaire
concernant l'action à mener d'ici 2020 et la mise en oeuvre du «Plan d'action Lima-Paris». Nous devrons couvrir à la
fois le suivi des engagements financiers pris par les pays donateurs, celui des initiatives engagées ou annoncées à
Paris par les différents acteurs étatiques et non étatiques, et la cristallisation d'initiatives nouvelles, mobilisant des
communes, des départements, des régions, des entreprises, des investisseurs, etc. Comme président de la COP21, je
nommerai prochainement l'un des deux «champions» - c'est le nom qu'on leur donne dans l'accord - chargés d'assurer
le suivi des initiatives des acteurs non gouvernementaux - l'autre sera nommé par mon homologue marocain. Je
réunirai aussi les principaux acteurs du Plan d'action Lima-Paris, afin de définir les prochaines étapes. Il faudra que
notre réseau diplomatique continue de s'investir dans cette tâche, en particulier lorsqu'il s'agira de la mise en oeuvre
d'initiatives prises ou appuyées par notre pays - je pense par exemple aux engagements financiers pour
l'électrification et la lutte contre la désertification en Afrique, à la généralisation des systèmes d'alerte précoce face
aux catastrophes, qu'a suivie spécialement Annick Girardin, et d'assurances climatiques dans les pays vulnérables, ou
encore à la protection des forêts tropicales. Je pense à la protection des forêts tropicales et pense aussi à l'Alliance
solaire lancée avec nous par le Premier ministre indien M. Modi et à la «Mission innovation», avec Bill Gates, Barack
Obama, etc. pour le développement de technologies propres. Sur tous ces aspects, la Conférence de Paris a créé un
esprit de confiance ; il faut que cet esprit se maintienne et ce sera le cas dès lors que nous nous montrerons capables
de mettre en oeuvre les actions concrètes et rapides annoncées.
Au plan européen, un important travail de mise en oeuvre nous attend également. Les travaux législatifs permettant à
l'Union européenne d'atteindre ses objectifs de réduction d'émissions ont commencé, avec la révision du marché
carbone européen qui englobe l'énergie et les industries lourdes. Les secteurs ne relevant pas du marché carbone, sur
lesquels porteront 30% de l'effort de réduction, devront maintenant être traités : transports, agriculture, bâtiments,
déchets... Les discussions européennes ne seront pas faciles, mais il faut avancer rapidement sur ce point.
Enfin, nous devrons entretenir la dynamique de la COP21 dans la mobilisation de tous les acteurs en France même,
acteurs publics et privés. Le ministère de l'écologie sera particulièrement actif aux plans européen et français. Ce sera
nécessaire notamment pour traduire la transition écologique en actions pour l'emploi et dans la perspective d'un
rehaussement de nos engagements en matière d'atténuation avant 2020, comme l'a annoncé le président de la
République lors de la clôture de la COP21. Bref, vous l'avez compris - et j'ai voulu à dessein être un peu détaillé -, la
COP21 ne s'est pas terminée au mois de décembre, elle se poursuivra activement en 2016 et ce ministère comme
moi-même y jouerons leur plein rôle.
L'Europe constitue la troisième priorité de notre diplomatie. C'est Harlem Désir qui suit particulièrement ces sujets sur
lesquels je veux parler clair. 2016 pourrait bien être pour l'Union européenne l'année de tous les dangers. Croissance
économique encore insuffisante, menace terroriste, mouvements migratoires massifs, risque de fragmentation de
l'espace Schengen, tensions sur la question des relations avec la Russie, forces de dissociation à l'oeuvre - je pense
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notamment au référendum sur la sortie ou la non sortie de l'Union prévu cette année au Royaume-Uni, ou encore à la
montée des populismes nationaux et des souverainismes régionaux : la liste est extrêmement longue de ces
interrogations ou même de ces mises en danger concernant l'Europe en 2016.
En 2015, l'Europe a dû répondre à l'urgence. Urgence dans la lutte contre le terrorisme, mais aussi face à la crise
grecque, à l'afflux migratoire massif, à la situation en Ukraine. Des décisions importantes ont été prises, elles devront
être mises en oeuvre : nous devrons y être très attentifs dans le domaine qui concerne les frontières et les migrations.
En 2016, l'un des objectifs prioritaires de notre action européenne devra être le rétablissement de la maîtrise de
l'espace Schengen : nous devrons renforcer le contrôle des frontières extérieures et des flux migratoires. Cela passe en
particulier par le renforcement des outils de surveillance des frontières, notamment Frontex. Ce travail devra
s'accompagner de la mise en oeuvre du volet extérieur de la gestion des flux migratoires. Concernant la sécurité
extérieure de l'Union européenne, nous devrons nous appuyer sur la mobilisation de nos partenaires au titre de
l'article 42-7 du Traité de l'Union européenne pour insister sur les enjeux de politique étrangère et de renforcement de
la politique de sécurité et de défense commune, en particulier dans le cadre d'une révision de la stratégie européenne
de sécurité présentée en juin 2016.
Au-delà de ces tâches qui elles-mêmes sont très difficiles, nous devrons poursuivre le travail engagé en faveur d'une
croissance européenne durable. Cela impliquera de consolider la zone euro, d'achever de mettre en place ses
mécanismes de stabilisation - je pense à l'Union bancaire - et d'encourager l'investissement avec l'amplification de la
mise en oeuvre du plan Juncker. N'essayons pas d'inventer de nouvelle mécaniques beaucoup trop longue à mettre en
place, utilisons plutôt les fonds structurels du plan Juncker et, par rapport aux chiffres qui ont été envisagés, nous
sommes très loin du compte. Entre le plan Juncker et les fonds de cohésion, ce sont plusieurs milliards d'euros doivent
être investis dans l'économie française : ce sont ces fonds qu'il faut exploiter au mieux et dont il faut accélérer la mise
en oeuvre. Cela signifie aussi faire profiter nos entreprises d'un commerce international préservant les intérêts
européens : nous continuerons de suivre de près les discussions sur le partenariat commercial transatlantique, et c'est
Matthias Fekl qui suit tout cela. Nous aurons enfin à mettre en oeuvre l'indispensable transition énergétique au niveau
européen, dans le prolongement de l'accord de Paris, et à accélérer les travaux engagés dans le domaine du
numérique.
Lors du semestre qui s'ouvre sous présidence néerlandaise, les relations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne
susciteront des débats sur l'avenir de l'Europe. Soyons là aussi très clairs, la sortie du Royaume-Uni serait
extrêmement négative à la fois pour lui et pour l'Europe. Pourtant, le risque, un risque très sérieux existe. Nous
aborderons cela avec un mot d'ordre clair en ce qui concerne le gouvernement français : oui aux améliorations de
l'Union européenne, non à son démantèlement. D'une façon plus générale, malgré certains progrès européens
enregistrés, souvent à l'initiative de la France, ne nous dissimulons pas les difficultés : les forces de dispersion sont
puissantes, la construction européenne elle-même, selon mon point de vue, est menacée pour de multiples raisons,
notamment pour une raison sur laquelle insistait, à juste titre, Harlem Désir ce matin et qui peut être résumée ainsi :
les questions de sécurité extérieure et intérieure sont devenues tout à fait centrales en Europe et, pour nos
concitoyens, alors même que l'Europe n'a pas été construite dans cet esprit, ni avec cet objectif central. Sur tout cela,
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nous devrons en particulier nous concerter étroitement avec nos amis allemands et ne pas être seulement en position
défensive mais avoir une certaine perspective européenne à proposer. En 2016 en tout cas, il est clair que l'Europe
sera au coeur de notre action. Face à la diversité des défis européens qui s'annoncent, je compte sur chacune et
chacun d'entre vous.
J'en viens à notre quatrième priorité de politique étrangère : la poursuite de notre mobilisation au service du
rayonnement de la France. Celui-ci passe en particulier par la culture. J'ai confié il y a quelques mois à l'Institut
français - je pense comme chacun d'entre vous à notre ami Denis -, l'opérateur de notre diplomatie culturelle, la
mission d'organiser une grande «Nuit des idées» : double défi pour cette Maison qui devra donc avoir des idées et se
réunir la nuit. Elle aura lieu ici au Quai d'Orsay le 27 janvier. Il s'agira d'un moment exceptionnel d'échanges entre
intellectuels, artistes, chercheurs du monde entier, réunis à Paris avec le public pour toute une nuit afin de réfléchir
au monde de demain. Il y sera question notamment de justice - Robert Badinter m'a fait le plaisir d'accepter de
discuter de la justice du futur avec un de ses homologues juge à la Cour suprême des États-Unis -, de climat, de santé,
d'art, de science, de nouvelles technologies. Cet événement international et pluridisciplinaire constituera un hommage
au travail de nos Instituts qui font vivre chaque jour ce dialogue des cultures, et la première étape d'une série de
nuits de débats que je souhaite organiser dans le monde entier. J'espère un fort retentissement pour l'événement du
27 janvier. Vous y êtes tous les très bienvenus. La priorité accordée à la diplomatie économique a pu, à tort, faire
passer au deuxième plan - en tout cas dans la perception de notre Maison - les autres facettes de la diplomatie. Ce
serait une très grave erreur. Dans mon esprit, notre diplomatie doit être globale et la nuit des idées, avec beaucoup
d'autres manifestations y contribuera.
En 2016, nous nous mobiliserons également, dans cette perspective globale, dans un tout autre domaine, pour faire
de l'Euro de football un atout au service de notre attractivité. Nous amplifierons nos efforts en faveur de notre
candidature pour l'accueil des Jeux Olympiques de 2024 et de l'Exposition universelle de 2025. Nous poursuivrons le
déploiement de la campagne «Créative France» dans le monde. Nous renouvellerons le 21 mars l'opération «Goût de
France», dont la première édition en 2015 avait été un succès au service de la promotion de notre gastronomie et de
notre tourisme. Nous redoublerons d'efforts pour promouvoir notre tourisme, dans un contexte délicat. Sur tous ces
sujets importants pour le rayonnement de la France, comme sur la Francophonie, notre diplomatie globale devra
continuer à être novatrice et dynamique.
Voilà, Chers Amis, à grands traits, les principaux aspects de notre, de votre «agenda 2016». Les défis sont
extrêmement nombreux. D'où la nécessité de disposer d'un ministère des affaires étrangères en plein ordre de marche,
en phase avec les grandes évolutions du monde, tourné vers l'avenir, et dans lequel les conditions de travail
permettent à chaque agent de donner le meilleur de lui-même.
C'est l'objet - M. Masset l'a rappelé -, du projet - qui n'est plus un projet, c'est maintenant une série de décisions «MAEDI 21 - une diplomatie globale pour le 21<sup>ème</sup> siècle». J'en avais exposé l'esprit l'an dernier, pour la
première fois, à l'occasion de ce même discours de voeux. Il y a eu une large consultation interne et externe. J'avais
annoncé fin août, en clôturant la Semaine des Ambassadeurs, les principales décisions retenues. Et je m'étais engagé
à dresser un point d'étape de la mise en oeuvre de ces réformes début 2016, ce que j'ai pu faire, même brièvement, à
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l'occasion de mon message électronique de voeux aux agents le 1<sup>er </sup>janvier. Quelques mots, avant de
conclure, sur ce sujet, en abordant quelques-unes des réformes engagées dans et pour notre ministère des affaires
étrangères, devenu désormais aussi ministère du développement international, et, à la vérité, ministère de l'action
extérieure de l'État. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : en quelques années, nous sommes devenus - c'était mon
objectif - le ministère de l'action extérieure de l'État.
Dans le projet MAEDI21, la sécurité et la réponse aux crises occupent, comme il est normal, une place importante. La
cellule interministérielle d'assistance aux victimes (CIAV) sera dorénavant rattachée au centre de crise et de soutien.
La nouvelle équipe de soutien montera en puissance en 2016 pour atteindre en 2017 un total de 100 agents
déployables en 48 heures. Le travail s'accélère également pour renforcer la sécurité des Français de l'étranger en
général et celle de nos implantations diplomatiques, consulaires, en particulier culturelles et scolaires : 10 audits de
sûreté ont déjà été menés sur les 40 prévus dans les pays prioritaires, la revue complète sera achevée mi-2016.
Davantage de personnes et davantage de matériel seront dédiés à la sécurité, à l'étranger comme en administration
centrale. Dix postes d'appui régional seront opérationnels dès le début de cette année afin de porter assistance à des
postes à effectifs limités en cas de crise. Et désormais - vous l'avez dit, Monsieur Masset -, chaque nouveau projet
immobilier devra comporter parmi ses objectifs le regroupement des services et ces aspects-là.
Une autre priorité de MAEDI21 concerne l'adaptation de notre ministère aux enjeux de la diplomatie globale et la
simplification. Depuis ce 1<sup>er </sup>janvier, la nouvelle organisation du ministère est en vigueur avec la mise en
place, au sein de la direction générale de la mondialisation, de la direction de la culture, de l'enseignement, de la
recherche et du réseau (DCE2R), et la création de la mission de la promotion du tourisme au sein de la direction des
entreprises. Le redéploiement de nos effectifs avance, afin de renforcer notre présence dans les pays émergents du
G20 : la Chine deviendra ainsi notre première ambassade en 2017. Des expériences innovantes seront lancées en 2016
avec l'ouverture de «bureaux de France» dans de grandes métropoles où nous devons être présents, en Chine, en Inde,
en Indonésie et au Mexique. Des conseillers diplomatiques seront placés dès cette année auprès de chaque préfet des
nouvelles régions, afin d'améliorer le lien entre notre réseau et les territoires, après une expérimentation concluante à
Paris et à Lyon. Sont également en cours le renforcement et le pilotage des opérateurs, qui ont été regroupés
(Business France, Expertise France, Campus France, Institut français, Atout France, France Médias Monde, AFD, IRD...)
: je présiderai prochainement le premier comité des opérateurs. Quant à la rénovation physique du site du Quai d'Orsay
pour permettre le regroupement de nos sites, elle commencera dès cet été 2016 avec la construction d'un nouveau
bâtiment le long de l'aile des archives, qui sera terminé en 2018 et reflétera la manière de travailler au
21<sup>ème</sup> siècle.
Autre chantier majeur du MAEDI21 : le renforcement des outils de cette Maison au service du développement
international de notre pays. Notre action dans le domaine de la diplomatie économique - qui n'est absolument pas
contradictoire avec la défense des droits de l'Homme - et notre volonté de promotion du tourisme continueront de se
renforcer, avec notamment la multiplication des rencontres ambassadeurs/entrepreneurs - le fameux «speed dating»,
la réédition du «mois de l'investissement en France», la montée en gamme de France.fr, portail unique pour le
tourisme en France. Notre action en matière de visas continuera en 2016 de servir notre politique d'attractivité, avec
l'extension du dispositif «visas en 48 heures» à de nouveaux pays - Indonésie et Turquie depuis le 1<sup>er</sup>
janvier ; Vietnam, Arménie et Géorgie au cours du premier semestre -, cependant que ce délai passera à 24 heures en
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Chine - un record ! - pour les groupes de touristes. Le «Passeport Talents» sera mis en place en 2016, à la fois visa et
titre de séjour pluriannuel destiné à faciliter la venue en France de publics particulièrement importants pour notre
économie et notre rayonnement. Les missions consulaires seront simplifiées. Les travaux avancent pour la mise en
place des plateformes numériques qui seront ouvertes en 2017, qu'il s'agisse du portail commun offrant l'accès à la
culture et à la création française ou du développement de l'école numérique française. Je souligne enfin cette réforme
très importante que j'ai proposée et qui sera annoncée par le président de la République dans quelques jours : le
rapprochement de l'AFD et de la caisse des dépôts et consignations sera effectif dès cette année. Il permettra
d'amplifier notre action en faveur du développement durable.
Enfin, MAEDI21 accorde à juste titre une place centrale à la modernisation de la gestion des ressources humaines.
Notre objectif est, vous le savez, de mieux prendre en compte les aspirations des agents, les vôtres, pour l'évolution
de leurs parcours professionnels et de mieux concilier vie professionnelle et vie privée. La délégation aux familles sera
pleinement opérationnelle d'ici l'été, elle pourra apporter une aide dans la préparation de l'expatriation ou dans celle
des retours de poste. L'évaluation FANEV permettra de mieux valoriser les compétences professionnelles acquises au
long de la carrière et de mieux répondre aux besoins de formation. Les «conseillers parcours», en fonction dès le
début 2016, apporteront leur expertise pour conseiller chacune et chacun dans ses choix d'affectations et de
formation, ainsi que dans la construction de son parcours professionnel. Les efforts pour faciliter l'emploi des
conjoints à l'étranger seront amplifiés. J'avais annoncé en août ma décision de nommer médiateur du MAEDI
l'Ambassadeur de France Pierre Vimont : celui-ci a pris ses fonctions le 1<sup>er</sup> janvier et, à l'issue même de
notre rencontre, tous les agents peuvent désormais s'adresser à lui.
La mise en oeuvre de MAEDI21 est donc en marche. Elle est conforme au calendrier fixé. Elle s'accompagne de la
mobilisation des moyens budgétaires nécessaires. Elle fait l'objet d'un dialogue avec les organisations syndicales. Les
premiers résultats sont encourageants. Je veux en féliciter et en remercier en particulier le Secrétaire général, M.
Masset, qui suit cela de très près. Et remercier tous ceux qui prennent part à sa mise en oeuvre, c'est-à-dire
finalement vous toutes et vous tous.
Bien sûr, je mesure l'ampleur des efforts qui restent à accomplir. Mais je suis convaincu que, de ce point de vue-là,
nous sommes sur de bons rails. Si j'ai engagé ce chantier d'envergure, c'est parce que j'avais la conviction profonde,
acquise au fil des années, que la tâche d'un ministre n'est pas seulement, comme certains le croient parfois, de définir
et de défendre une politique, mais aussi de diriger et d'animer une administration, une collectivité humaine, en
l'occurrence celle du Quai d'Orsay. Or ces réformes me semblent indispensables à la fois pour faire progresser notre
collectivité humaine et pour préparer notre outil diplomatique, plus largement notre pays, aux évolutions du monde
dans les vingt ou trente prochaines années. Avec MAEDI21, nous faisons donc oeuvre durable : l'effort de réforme que
nous accomplissons servira durablement à la fois la diplomatie française et tous ceux, nombreux, auxquels notre
action bénéficie.
Monsieur le Secrétaire général,
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Chers Amis Ministres,
Monsieur le Président Schweitzer,
Chers Amis,
L'année qui s'en va a été douloureuse pour notre pays, mais, comme cela a été fort bien souligné - elle nous a donné
aussi de puissants motifs de fierté. La fierté de voir le monde nous témoigner sa solidarité. La fierté de voir notre
peuple, ici comme à l'étranger, se rassembler dans l'adversité. La fierté de voir notre pays servir de grandes causes et
contribuer à d'importantes avancées.
Cette fierté française, qui ne doit jamais être confondue avec une arrogance déplacée, notre ministère peut en prendre
sa pleine part. Nous continuerons à promouvoir au plan international les atouts dont notre pays dispose. Nous
continuerons à porter dans le monde, en toute indépendance, un message universel et solidaire, qui nous vaut le
privilège - je le constate chaque jour - d'être un pays écouté et estimé.
Dans cette tâche, comme dans toutes celles que j'ai évoquées au cours de mon propos, je sais, quelle que soit votre
fonction, que le gouvernement de la République peut totalement s'appuyer sur chacune et sur chacun de vous. Vous
êtes dignes de la confiance que nos compatriotes et beaucoup de pays dans le monde placent dans la diplomatie
française. Quant à moi, je dirai simplement ceci : je dirige notre diplomatie avec fierté et je la sers avec bonheur. À
toutes et à tous, très heureuse année 2016 et, au nom de notre pays, du fond du coeur, merci./.
(fin de l'article)
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6 - Politique étrangère - Voeux du secrétaire général, au nom des agents, au ministre des affaires
étrangères et du développement international et aux secrétaires d'État
Monsieur le Ministre,
Messieurs les Secrétaires d'État,
Monsieur le Président du Conseil des affaires étrangères,
Chers Collègues et Amis,
Je mesure toujours l'honneur qui m'est fait de vous exprimer les voeux de cette Maison, Monsieur le Ministre, au nom
de chacun de ses agents, à Paris, à Nantes et dans le monde.
Des voeux pour vous-même, vos proches, et l'action que vous menez. Ils s'adressent également au nom de tous à Mme
Girardin, à M. Désir, et à M. Fekl pour la réussite de leur mission auprès de vous.
Cet honneur est d'autant plus grand qu'en cette occasion, chacune et chacun d'entre nous éprouve le caractère si
singulier des mois qui ont précédé, comme des défis qui nous attendent dans cette année qui commence.
2015 aura connu les heures les plus sombres, aura vu les menaces s'aggraver, mais dans le même temps, 2015 aura
débouché sur des avancées sans précédents sur des questions essentielles pour notre avenir et dont le dénouement
paraissait jusque-là presqu'impossible.
Voici un an presque jour pour jour, se produisait l'attaque terroriste dans les locaux de Charlie Hebdo. Dix mois plus
tard, ce sera l'horreur des attentats à Saint-Denis et à Paris.
Nous l'avons ressentie comme tous les Français, mais le Ministère a été aussi sous votre conduite en première ligne.
Le centre de crise et de soutien a joué tout son rôle interministériel dans l'assistance aux victimes, et les volontaires
de la maison n'ont à aucun moment manqué.
Le ministère a été aux avant-postes pour faire comprendre au monde ce que la France avait vécu et renforcer la
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coopération dans la lutte globale contre le terrorisme.
Vous avez veillé personnellement, Monsieur le Ministre, au renforcement de la sécurité des Français à l'étranger que ce
soit au travers du rehaussement des plans de sécurité, de la réaction aux situations de crise, des conseils aux
voyageurs ou de la sécurisation de nos implantations notamment culturelles et scolaires. Et vous avez obtenu les
moyens supplémentaires nécessaires et décidé le regroupement des services pour un nouveau projet immobilier.
La brutalité des attentats a révélé à tous ce que nous savions déjà : qu'il n'existe plus de frontière entre sécurité
intérieure et extérieure.
Au-delà de l'action immédiate dans la crise, vous avez constamment cherché, Monsieur le Ministre, à fixer le cadre
politique pour une solution durable aux différends et aux conflits. Ainsi, l'accord du 14 juillet sur l'Iran, sa robustesse,
gage de sa durabilité, portent la marque de votre «fermeté constructive » et a été salué par tous.
En Afrique, l'action combinée de notre diplomatie et de nos forces armées a permis, avec les Africains, de retrouver le
chemin de la stabilité et de la résolution démocratique des conflits, au Mali et en Centrafrique.
Au Moyen-Orient, vous avez voulu que ce soit avec constance et lucidité que soit recherchée une solution politique à
la crise syrienne, qui doit accompagner l'intensification de l'intervention militaire contre Daech. Elle commence enfin
à trouver son chemin, avec la participation de tous les acteurs régionaux, même si les événements de ces derniers
jours en montrent toute la fragilité. En Libye aussi, l'accord de Skhirat et la résolution du Conseil de sécurité tracent
la perspective - certes encore très ténue - d'une sortie de crise évitant que le terrorisme ne prospère sur la guerre
civile. La définition d'un cadre politique, vous l'avez aussi proposée pour le Proche-Orient. Je sais que vous ne
renoncez pas. Y-a-t-il une alternative acceptable ?
Plus près de nous, en Ukraine, un cadre aussi a été posé à travers le format Normandie, celui de Minsk 2 dont la mise
en oeuvre est laborieuse mais qui a permis la désescalade et épargné de très nombreuses vies.
Dans tous ces cas, vous avez toujours voulu, Monsieur le Ministre, développer une approche globale plaçant les
Nations unies au coeur, associant l'ensemble des pays et des acteurs de chaque région dans le souci de la sécurité de
chacun, avec toujours en tête la fidélité à nos valeurs et à nos engagements, et en adaptant à chaque fois notre
action à la situation sur le terrain.
Notre diplomatie est globale. Tout le registre est utilisé dans chaque cas : sécurité, développement, politique,
humanitaire.
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Avec le président de la République et le Premier ministre, vous avez placé la France en position de repère. Pour assoir
durablement cette position, la France doit être forte et vous n'avez cessé, Monsieur le Ministre, de nous engager tous
à travailler davantage encore pour son rayonnement et pour le renforcement de son économie.
Avec le concours de M. Fekl, la diplomatie économique s'est enracinée et enrichie tout au long de cette année : le
parcours des entreprises à l'export, l'opération goût de France, le soutien aux PME avec, entre autres, le «speed
dating» avec les ambassadeurs, le mois de l'investissement, la campagne «Creative France», le plan d'action sur le
tourisme, l'extension du visa en 48 heures, nos progrès dans les classements internationaux, en sont autant
d'exemples. Toutes ces actions, plébiscitées par les entreprises et les professionnels, ont changé la donne.
Vous avez aussi voulu mettre l'accent sur la diplomatie culturelle. Cela se manifeste dans la nouvelle organisation du
ministère qui est entrée en vigueur le 1er janvier. Elle s'exprimera dans les grandes manifestations que vous avez
prévues cette année et, en particulier, la Nuit des idées, à la fin de ce mois, projet sur lequel Denis Pietton, à qui
nous pensons tous avec émotion en cet instant, aura travaillé aussi longtemps que ses forces le lui permettaient. Les
grandes plateformes numériques qui donneront au plus grand nombre l'accès à notre culture et à notre enseignement
se mettent en place.
Après l'extension des compétences du ministère en 2014, la marche pour l'unité de notre action extérieure se poursuit.
La famille des opérateurs, tous renforcés et rénovés, est en place et vous les réunirez très prochainement.
Monsieur le Ministre, dans ce temps serré de la crise, vous nous avez sans cesse conduits à prendre de la hauteur, à
regarder plus loin, en un mot à préparer l'avenir.
L'année 2015 aura été une année cruciale pour l'organisation et la protection de la planète, et vous y avez pris une
part déterminante.
Après l'adoption de l'agenda 2030 sur les objectifs de développement durable, après la conférence sur le financement
du développement d'Addis Abeba, qu'a particulièrement suivis Mme Girardin, le succès mondial de la COP21 a
constitué un point de bascule. Par son universalité, par son ambition qui s'inscrit dans le long terme, par le jeu
combiné de tous les acteurs - États, collectivités, entreprises, institutions financières, scientifiques, ONG -, par la
conjugaison d'un texte juridiquement contraignant et d'engagements volontaires, l'accord de Paris constitue un
tournant décisif pour la gouvernance mondiale.
Et le monde ne s'y est pas trompé : le petit maillet vert est déjà entré dans la légende. La portée de cet accord est
immense pour la transformation des économies sur le chemin de la sobriété en carbone ; elle l'est aussi au plan
politique.
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L'accord de Paris porte votre signature. C'est notre fierté collective que de vous avoir assisté dans sa réalisation et
gageons qu'il sera enseigné dans les écoles de la diplomatie à l'avenir. Ce succès ne nous procure pas seulement de la
fierté, il nous donne aussi confiance.
Confiance dans notre capacité à mobiliser, à rassembler, à prendre en compte la diversité du monde, confiance dans
notre aptitude à organiser les événements les plus complexes ; à utiliser toutes les facettes de l'action extérieure, à
marier les différentes disciplines et à composer avec tous les acteurs ; confiance enfin dans notre faculté à emmener
l'équipe France.
La tâche n'est pas achevée ; vous allez - je crois - nous en parler. Et aussi pour démultiplier notre action nationale,
notamment dans ce domaine, le projet d'adossement de l'AFD à la caisse des dépôts et consignations sur lequel
travaille Rémy Rioux, doit être mené à son terme.
La COP21 a montré ce qu'était une diplomatie globale au XXIème siècle. Elle a été la préfiguration dans l'action du
projet MAEDI21. Vous en avez donné un premier bilan d'étape dans votre message de voeux aux agents, je n'y
reviendrai donc pas. Ce projet est maintenant une réalité. Le ministère est à l'initiative, il est en mouvement, la
démarche est transparente et collective, soucieuse du dialogue social comme vous l'avez toujours été vous-même.
Ce ministère, ce sont 14.000 femmes et hommes pleinement mobilisés et qui vivent au quotidien, dans bien des pays,
les contraintes et les risques de la guerre et des crises. Et je veux témoigner auprès de vous, Monsieur le Ministre, de
leur engagement et de leur courage, de la fierté qu'ils ont de servir la France dans des postes difficiles. Je veux
témoigner aussi de ce que vous-même, Monsieur le Ministre, y êtes très attentif et veillez à leur sécurité ainsi qu'à
leurs conditions de travail et de vie.
L'année 2015 aura montré que nous pouvions collectivement affronter les situations les plus difficiles et en même
temps être constamment en innovation.
Vous avez reçu en décembre le prix de la performance publique décerné par la revue Acteurs publics en reconnaissance
de votre action de réforme. Celle-ci doit s'accompagner de la mobilisation des moyens nécessaires, ce à quoi vous avez
veillé une nouvelle fois pour le budget 2016. Nous commencerons bientôt la préparation du triennum 2017-2019 qui
constituera un enjeu crucial pour la réalisation de nos ambitions et nous devons gagner cette bataille si nous voulons
gagner les autres.
Je voudrais conclure, Monsieur le Ministre, sur les enjeux européens.
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Notre diplomatie a besoin d'une Europe forte en capacité d'agir, c'est ce que nos concitoyens lui demandent.
Chacune et chacun d'entre vous a bien conscience que l'année qui vient est décisive pour l'avenir de la construction
européenne et ce ministère, avec votre action et celle de M. Désir, jouera pleinement son rôle pour faire face aux défis
que connaît l'Europe actuellement.
L'année 2015 aura été surplombée par la crise migratoire qui met en péril les principes mêmes sur lesquels nous avons
fondé le projet européen comme la libre circulation. La maîtrise de nos frontières extérieures est essentielle pour
reprendre la main et éviter la fragmentation de notre espace commun. Nous avons mis en place ces derniers mois, à
l'échelle européenne, notamment grâce au travail avec l'Allemagne, un ensemble d'actions qui s'inscrivent dans
l'approche globale qui s'est manifestée à La Valette et au dernier Conseil européen. Il faut les mettre en oeuvre
efficacement. Avec l'Allemagne, et bien sûr avec nos autres partenaires, nous devrons aussi répondre aux attentes qui
s'expriment sur l'avenir du projet européen. Le référendum britannique s'inscrit dans ce contexte et nous travaillerons
sous votre direction dans ce but.
Monsieur le Ministre, vous nous avez démontré par votre action que rien n'est insurmontable et que, dès lors qu'un cap
est fixé et que nous mettons toutes nos forces en mouvement, nous pouvons réussir et être fidèles à l'image que nous
concevons de la France et à sa vocation. Au nom de tous, Monsieur le Ministre, merci !./.
(fin de l'article)
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7 - Développement - Francophonie - Voeux de Mme Annick Girardin, secrétaire d'État chargée du
développement et de la Francophonie, à la direction générale de la mondialisation, de la culture, de
l'enseignement et du développement international
Monsieur le Secrétaire général,
Madame la Directrice générale,
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec un grand plaisir que je vous retrouve, en ce début d'année 2016.
J'ai souhaité associer Monsieur le Secrétaire général et les directeurs des autres directions de notre ministère, lors de
ce moment traditionnellement réservé aux agents de la DGM, car toutes les directions concourent d'une façon ou d'une
autre à la politique de développement de la France et au rayonnement de la Francophonie. Vos relations de travail,
quotidiennes, participent de la richesse de notre maison. N'ayant pu participer aux voeux hier soir avec Laurent
Fabius, Matthias Fekl et Harlem Désir, c'est un réel plaisir de tous vous retrouver en cette nouvelle année.
L'année 2015 a été, pour notre pays, terriblement douloureuse. Il y a un an, jour pour jour, Charlie Hebdo était
attaquée. La France était frappée. Dans ses valeurs.
La commémoration, cette semaine, des attentats de janvier 2015, et la mémoire encore présente de ceux du 13
novembre sonnent comme un appel à la solidarité - et nous avons connu en janvier dernier un formidable élan
national et international.
Un appel à se réunir autour de valeurs fortes et d'un projet commun, pour notre République mais aussi dans nos
relations avec nos partenaires étrangers.
***
Pour les professionnels du développement durable et de la solidarité internationale, l'année aura été riche en avancées
et cet horizon commun, que j'évoquais, c'est l'agenda post-2015, que nous avons dessiné tout au long de l'année.
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À Addis-Abeba, nous avons posé les bases d'un nouveau modèle pour le financement du développement.
Ce rendez-vous a marqué un tournant. S'il a permis de rappeler le rôle central de l'aide publique au développement, il
a aussi mis en avant la nécessité de changer d'échelle dans la mobilisation du secteur privé, des collectivités
territoriales et des associations.
À New York, nous avons montré avec force que l'humanité était consciente qu'on ne sortirait pas de la pauvreté sans
prendre en compte les limites de notre planète.
Les 17 Objectifs de développement durable écrivent pour la première fois une histoire universelle pour éradiquer
l'extrême pauvreté, combattre les inégalités et protéger notre planète.
Cette histoire, c'est celle d'un 21<sup>ème</sup> siècle où les valeurs de solidarité, de responsabilité et de justice
viennent réparer et prévenir la masse de conflits, de guerre et de tension que nous connaissons. Cela peut paraître
présomptueux, mais l'enjeu qui sous-tend notre action est de ce niveau et nous devons en être conscients.
En 2015, nous avons franchi une étape dans la lutte contre la maladie à virus Ebola, après plus de 18 mois de lutte
acharnée. Cette crise aura démontré toute la pertinence de notre plaidoyer pour l'intégration de la couverture
sanitaire universelle dans l'agenda du développement durable.
Enfin, à Paris, lors de la COP21, nous avons pris un virage dans la lutte contre le dérèglement climatique. Vous avez
été au sein de l'équipe de France les premiers artisans de ce succès. Je tiens à vous en remercier une fois encore,
comme Laurent Fabius l'a fait hier.
***
Mais comme moi vous savez que nos combats pour un monde plus juste, plus solidaire et plus durable ne s'arrêtent pas
là.
Si les grandes réunions internationales sont fondamentales, parce qu'il faut faire des bilans et se projeter dans le
monde de demain, elles ne constituent pas une fin en soi.
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Commence désormais le chantier de la mise en oeuvre, qui nous appelle à amplifier nos efforts vers les pays et les
populations les plus pauvres et les plus vulnérables, pour construire, à leurs côtés, le monde, notre monde de 2030.
***
Quelles sont nos priorités et comment agir ?
·
Être plus actifs dans les régions les plus vulnérables. Je pense notamment au Sahel, qui reste aujourd'hui,
malgré les efforts des États concernés et de la Communauté internationale, un carrefour de crises. La fin de l'année
2015 a été marquée par des annonces fortes pour cette région du monde, à la fois lors du sommet de La Valette et lors
de la COP21.
·
Être précis et concrets. Les annonces, qu'il s'agisse des enjeux liés à la jeunesse pour le fonds Sahel, ou encore
de l'accès à l'énergie ou de la préservation du Lac Tchad, doivent se transformer rapidement en projets concrets.
·
Être rapides. Les premiers projets doivent être tangibles pour les populations dès cette année 2016, il en va de
notre crédibilité. En ce qui me concerne, je puis vous assurer que je ne ménage pas ma peine pour que les choses
avancent, notamment à Bruxelles.
Et bien évidemment se concentrer en 2016 sur les ODD et le climat.
Je suis particulièrement fière que la COP21 ait inscrit l'adaptation au dérèglement climatique, mais aussi de manière
plus générale le soutien aux pays vulnérables, au coeur de l'accord de Paris. Nous avons, là aussi, pris de nombreux
engagements envers ces pays.
Nous porterons à 1 milliard nos financements pour l'adaptation en 2020. C'est le triple de la somme actuelle ! Nous
devons donc, là encore, nous mettre à l'ouvrage.
Je n'oublie pas les systèmes d'alertes, CREWS, que nous avons portés ensemble tout au long de cette année, grâce à
vos efforts, et qui ont été inscrits au coeur même de l'accord de Paris.
Nous nous sommes aussi engagés à ouvrir un grand débat sur la question de la vulnérabilité face au dérèglement
climatique, à la demande de nos partenaires africains. L'AFD et nos instituts de recherche, l'IRD et le CIRAD en tête,
nous aideront à alimenter la réflexion sur ce thème.
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Mais nous ne devons pas oublier non plus que la France a elle aussi du chemin à faire dans la mise en oeuvre des ODD.
Je m'y attelle avec le MEDDE pour qu'un travail soit engagé avec tous les ministères et instances concernés.
***
Pour être en cohérence avec nos ambitions, nous ne devrons pas laisser de côté les enjeux d'éducation, de
sensibilisation et de mobilisation, et notamment des plus jeunes. C'est pourquoi je souhaite que nous nous
mobilisions en 2016 sur ce volet sur deux axes :
·
Celui de l'éducation tout d'abord, et je souhaite que notre ministère développe de concert avec le ministère de
l'éducation nationale une grande campagne d'information et de sensibilisation sur les ODD.
·
Au-delà, je crois profondément, vous le savez, dans les vertus des échanges entre les jeunes du Sud et du Nord.
Dans la période que nous traversons, l'ouverture de la jeunesse sur le monde est plus que jamais essentielle.
C'est pourquoi j'ai engagé une réforme de l'engagement citoyen des jeunes à l'international. Je souhaite le rendre plus
accessible à des profils diversifiés, mieux valorisé et reconnu dans les parcours universitaires et professionnels et
renforcer la réciprocité des échanges avec les volontaires des pays du Sud. C'est un chantier sur lesquels nous aurons
des premiers résultats dès ce début d'année.
***
Un autre cadre va nous permettre de traduire en actes les ODD. Je veux parler du «post-Cotonou». La redéfinition du
partenariat ACP-UE doit nous permettre de faire évoluer la politique européenne de développement et de solidarité.
Je n'en fais pas mystère, je ne suis pas complètement convaincue par l'efficacité de la politique européenne de
développement. Nous aurons là une vraie occasion de moderniser nos outils et nos priorités.
Je pense en particulier à la question du climat, mais aussi à la priorité que j'accorde à la jeunesse, qui doit se
retrouver dans ce nouveau cadre qui régit les relations économiques et de solidarité avec les pays ACP.
***
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Pour tout cela, nous avons de nouveaux moyens.
Un budget du développement en hausse, pour la première fois depuis 5 ans, c'est essentiel. C'est plus de bonifications
et plus de subventions. Les moyens seront à la hauteur de l'ambition.
Une trajectoire définie, en hausse elle aussi : + 4 milliards d'euros pour le développement d'ici à 2020, dont deux sur
le climat. +370 millions de dons.
Et des outils renouvelés. Comme vous le savez, le Président de la République a annoncé fin août une réforme
importante : le rapprochement de l'AFD et de la Caisse des dépôts et consignations afin de renforcer les moyens pour
le financement international du développement et du climat.
Cette nouvelle étape stratégique, ce renforcement attendu de notre capacité d'action, offre des opportunités nouvelles
à notre politique de développement.
Cette réforme permet de refléter le nouveau partenariat pour le développement que nous avons signé à Addis Abeba.
Elle ouvre des perspectives de collaboration entre tous les acteurs ; les États, les collectivités territoriales, les
entreprises et les associations. Elle dégage ainsi des synergies nouvelles.
Ce nouvel outil est au service de la vision universelle du développement adoptée à New York, tant au plan
international que national.
Mais cette réforme suppose un pilotage politique fort de la politique de développement, et je veux en être la garante.
Le président de la République détaillera prochainement le schéma institutionnel, juridique et financier retenu, et en
définira la mission et les objectifs.
***
2016 sera également l'année où vont se concrétiser des réformes importantes pour la DGM. Je n'en évoquerai que
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quelques-unes :
·
Le transfert de la mise en oeuvre des projets bilatéraux dans le domaine de la gouvernance va venir parachever
un mouvement entamé depuis dix ans. Je n'ignore pas ce que de telles mutations impliquent pour les personnels
concernés au sein de la DGM et je salue leur engagement.
Cette réforme doit être vécue comme une chance de moderniser et de renforcer notre action dans ce domaine, y
compris sur le plan financier. Les ressources que l'AFD y consacrera seront, de fait, plus élevées que celles que le
ministère pouvait y engager. Je sais que vous partagez cette conviction et il faut maintenant veiller à une transition
harmonieuse vers le nouveau dispositif.
·
Il en va de même en ce qui concerne le transfert de la gestion de nos experts techniques internationaux à
Expertise France. Là aussi, l'association étroite de nos postes diplomatiques et le caractère progressif de la transition
seront essentiels au succès de la réforme. Au bout du compte, nous disposerons d'un dispositif d'expertise plus unifié,
cohérent et adapté aux besoins.
·
Ces réformes auront naturellement une incidence sur le fonctionnement de notre réseau. Il nous faudra y
réfléchir en 2016. Mais soyez sûrs que je veillerai à ce que ce réseau continue à marcher sur ses deux jambes, la
culture et le développement.
***
Je voudrais évoquer aussi la nouvelle organisation de la DGM, mise en place au 1<sup>er </sup>janvier.
Je me félicite que l'avènement de la direction du développement durable affiche aussi clairement sa mission, qui est
de piloter la mise en oeuvre internationale des nouveaux ODD.
La création de la DCE2R va aider à dynamiser l'animation du réseau en renforçant l'articulation des actions de
développement avec nos politiques culturelles et d'influence.
Mais je n'oublie pas les autres services, la DEEIT bien sûr, dont l'action recoupe souvent nos objectifs en matière
climatique, de développement durable et de francophonie économique.
Enfin, je souhaite signaler l'importance des trois délégations de la DGM :
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·
La nouvelle délégation des programmes et des opérateurs, véritable cheville ouvrière de la mise en oeuvre de
nos programmes et de l'exercice de la tutelle.
·
La délégation à l'action extérieure des collectivités territoriales de plus en plus importante dans le cadre des
grandes régions.
·
Enfin la délégation aux relations avec la société civile, dont la COP21 a encore montré la place cruciale.
***
Last but not least, comment je l'entends si souvent, parce que le français est d'abord fragilisé par les Français
eux-mêmes...
Je souhaite que la promotion de la francophonie reste une priorité pour notre ministère et plus largement dans
l'ensemble des politiques publiques. Nous devons être conscients de ce que notre pays peut et doit apporter dans ce
domaine, tant en faveur de ses propres citoyens - et je pense en particulier à ceux des Outre-Mer - qu'en direction du
reste du monde.
Mes déplacements à l'étranger sont pour moi l'occasion de constater sur le terrain la qualité de l'action de nos
opérateurs et de saluer leur inventivité. Je pense par exemple au dispositif d'accès au livre électronique lancé par
l'Alliance française de Bangui ou à l'effervescence d'activités proposée par l'Institut français de Phnom Penh
récemment rénové.
Je n'ai cessé de marteler, depuis que je suis en poste, que la Francophonie ne continuera à progresser que si elle est
ressentie comme une chance par les francophones. 2016 doit être une année d'action pour avancer dans ce sens,
notamment dans le cadre de la semaine de la Francophonie et du sommet de Tananarive.
La francophonie doit être utile !
La maîtrise du français est notamment un atout dans la mondialisation. Nous devons donc avancer afin de rendre plus
attractive et efficace l'offre éducative française à l'étranger, afin de faire de notre langue un outil de valorisation
professionnelle.
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Le français est la troisième langue des affaires. Nous devrons encore renforcer la francophonie économique, après le
Forum d'octobre 2015. Mobilisons les milieux économiques francophones, construisons avec eux un écosystème en vue
d'un développement durable en faveur de l'entreprenariat, de l'emploi, pour les jeunes.
La francophonie, c'est aussi un espace de culture. Je remercie Olivier Poivre d'Arvor qui nous emmènera dès le 14
janvier dans son ‘Grand Tour' visant à promouvoir et valoriser l'attractivité culturelle française, en lien étroit avec
l'ensemble des opérateurs.
La Francophonie, c'est aussi une communauté d'intérêt. C'est une voix plus forte dans les enceintes internationales
pour défendre nos valeurs. Nous l'avons vu à Paris en décembre, au Sommet de La Valette ou à Dakar.
Nous nous devons de changer de regard sur la francophonie. Soyons actifs, portons cette ambition.
***
2015 a permis de placer la barre très haut sur des ambitions communes pour la prochaine décennie. À nous, ensemble,
de concrétiser cet élan dès cette année.
Année que je souhaite heureuse et réussie à chacun d'entre vous et à tous vos proches.
Vous voyez que j'ai fait plus court que l'année dernière. Personne ne s'est évanoui ! C'était ma première bonne
résolution./.
(fin de l'article)
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8 - Corée du Nord - Essai nucléaire - Déclaration du porte-parole du ministère des affaires étrangères
et du développement international
Le ministre des affaires étrangères et du développement international, M. Laurent Fabius, s'est entretenu aujourd'hui
avec son homologue sud-coréen M. Yun Byung-se au sujet de l'essai nucléaire nord-coréen du 6 janvier. Il doit
également s'entretenir avec ses homologues japonais et chinois.
La France condamne dans les termes les plus fermes l'essai nucléaire auquel la Corée du Nord vient de procéder.
La Corée du Nord choisit à nouveau la voie de la confrontation, au lieu d'accepter la main tendue par la communauté
internationale. Cet acte illégal, accompli en violation des résolutions 1718, 1874, 2087 et 2094 du Conseil de
sécurité, représente une menace à la paix et la sécurité internationales.
Il s'agit également d'une violation de la norme universellement acceptée contre les essais nucléaires que constitue le
Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires (TICE).
La France en tirera les conséquences avec ses partenaires et dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations unies.
Elle exhorte la Corée du Nord à se conformer sans délai à ses obligations internationales et à procéder au
démantèlement complet, vérifiable et irréversible de ses programmes nucléaire et balistique.
Dans l'immédiat, la Corée du Nord doit s'abstenir, sans conditions, de tout geste risquant d'accroître davantage la
tension dans la péninsule coréenne et de porter atteinte à la paix et à la sécurité internationales./.
(fin de l'article)
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9 - Nomination - Norvège
Le Journal officiel du 7 janvier 2016 publie la nomination de M. Jean-François Dobelle, en qualité d'ambassadeur
extraordinaire et plénipotentiaire de la République française auprès du Royaume de Norvège, en remplacement de M.
Jean-Marc Rives./.
(fin de l'article)
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