Association Caroline Binder 125 ans d`engagement

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Association Caroline Binder 125 ans d`engagement
Colmar dossier
JEUDI 13 MAI 2010 28
Association Caroline Binder 125 ans d’engagement
Le lundi de Pentecôte,
l’association Caroline
Binder fêtera ses 125
ans. L’occasion de
découvrir une
institution généreuse
qui a su rester fidèle
aux valeurs spirituelles
de son origine.
« On fait référence aux valeurs protestantes, mais on œuvre dans le
respect et la laïcité. L’institution est
ouverte à tous sans discrimination », explique Jean-Christophe
Labbé, directeur général de l’association Caroline Binder qui fêtera ses 125 ans le 24 mai.
Installée au 10 chemin des Confins à Logelbach, elle est mieux
connue sous la dénomination de
« Pouponnière de Logelbach ».
En plus d’un siècle, elle est passée
d’une œuvre de charité à une
association moderne qui a su
s’adapter aux changements et aux
nouveaux besoins de la société.
Résolument tournée vers l’avenir,
elle n’a de cesse d’apporter aide et
réconfort aux plus fragiles.
De l’œuvre
de bienfaisance
à l’association
Caroline Binder a déjà plus de
cinquante ans lorsqu’elle fonde,
avec l’aide du maire de Colmar
Camille Schlumberger et de la
paroisse protestante, un foyer
pour filles mères. Elle s’était inspirée du travail de Berta Lungstras qui, dès 1873, avait créé à
Bonn un foyer pour « filles perdues ».
Avec ses collaborateurs, la Colmarienne avait à cœur de venir
en aide à de jeunes mères célibataires en grande difficulté sociale.
Le foyer était en mesure de garder les enfants et d’assurer aux
mères des emplois sur place ou
dans les entreprises. Cet asile de
maternité vit d’abord de la charité
publique. Un comité très actif
Au fil des années, l’association Caroline Binder s’est adaptée aux
besoins et aux demandes et s’est modernisée. Ici un ancien dortoir.
Photo d’archive Association Caroline Binder
L’association Caroline Binder sera en fête le lundi de Pentecôte. La journée sera l’occasion de découvrir les quatre établissements, le travail
des différentes équipes et les ateliers proposés aux enfants.
recueille les dons et recherche
des subventions. En 1893,
l’œuvre est reconnue d’utilité publique et la maison s’agrandit.
Après la première guerre mondiale, elle prend le nom de « Pouponnière ». De 1940 à 1945,
mères et enfants sont pris en
charge par les services sociaux
allemands. En 1950, la maison de
protection maternelle s’installe
sur le site actuel dans des locaux
mis à la disposition par le conseil
général.
diversifiée pour les enfants et les
mamans pris en charge sont venus s’ajouter à la structure d’origine.
Au fil des années, ses activités se
sont développées. Un établissement au service des enfants polyhandicapés et une offre
Aujourd’hui, elle accueille et accompagne les personnes en difficulté sociale, de handicap et de
risque d’exclusion, qu’il s’agisse
En 2003, pour tenir compte des
adaptations successives et en
hommage à sa fondatrice, l’association de gestion a modifié ses
statuts et a pris la dénomination
d’Association Caroline Binder.
24 heures sur 24,
7 jours sur 7
« J’ai retrouvé ma mère, quel beau
cadeau de la vie ! »
une entente immédiate. Elle m’a accueillie chez elle très simplement. Il y
a eu beaucoup de pudeur mais un
soulagement réciproque. » Au fil
des rencontres, des liens se sont
tissés. « Côté caractère, on a beaucoup de points communs. Mon fils a
trouvé une grand-mère. Le fait qu’elle s’intéresse à ce que je fais est très
important pour moi. »
Marie-Christine Madec
a vécu les premiers
mois de sa vie, à
l’association Caroline
Binder. Un demi-siècle
plus tard, elle savoure
la joie d’avoir retrouvé
sa mère.
À la maison Caroline Binder, on y
entre pour un temps, on en sort
et, parfois, on y revient pour chercher la pièce d’un puzzle qui
manque ou pour découvrir toute
la chaleur, l’amour et la patience
qui y règnent. C’est le cas de
Marie-Christine Madec.
Abandonnée à sa naissance, elle
trouve refuge à la Pouponnière
de Logelbach. Elle y passe les 14
premiers mois de son existence,
puis est adoptée par un couple de
l’Est de la France. « J’ai eu une
enfance normale, dans une famille
structurée. J’ai pu faire des études,
mais même une adoption bien vécue reste toujours une parenthèse.
Enfant, on est dans l’errance. Il y a
un vide ».
À 20 ans, elle entame des recherches pour retrouver sa vraie génitrice, mais en vain. « Je ne lui en ai
Aujourd’hui, les deux femmes se
voient régulièrement, mais toujours dans le secret. « C’est dur
pour moi, mais je respecte sa décision. Elle a sa vie, des enfants. Elle
redoute leur réaction. »
Après des années d’errance, Marie-Christine Madec a retrouvé sa
mère. Pour l’instant leurs moments partagés restent encore dans
l’ombre. Une situation parfois difficile, mais qu’elle respecte.
jamais voulu. J’ai toujours pensé
que si elle a fait ça, c’est qu’elle
n’avait pas d’autre choix. Abandonner son enfant est toujours une douleur. »
Mon fils a trouvé
une grand-mère
Il y a quelque temps, de passage
en Alsace pour découvrir la Route
des vins, elle fait un crochet par
Logelbach et s’arrête devant l’établissement qui l’a accueillie une
cinquantaine d’années plus tôt.
« Ce jour-là, je n’ai pu voir que le
jardin. Puis, de fil en aiguille, je suis
revenue. J’ai voulu savoir. J’ai repris
mes recherches. La loi avait changé.
J’ai pu consulter le dossier. J’y ai
trouvé des éléments identifiants. »
Forte de cette découverte, MarieChristine ne reculera plus. Elle
fait appel à l’aide sociale à l’enfance et à d’autres organismes.
Après un an et demi d’investigations et de démarches, elle peut
enfin rencontrer sa mère. « La vie
m’a fait un beau cadeau. Il y a eu
d’enfants, d’adolescents ou
d’adultes. Elle fonctionne 24 heures sur 24 et 365 jours par an. Elle
conduit ses différentes missions
par le biais de structures sociales
et médico-sociales.
éducatif. Ce dernier est resté partenaire d’État après les lois de
décentralisations des années
quatre-vingt.
« Nous travaillons avec des médecins, des juristes. Nous pouvons accueillir 135 personnes, enfants et
adultes, dans nos différents établissements », précise Jean-Christophe
Labbé.
La vie très riche de l’association
est retracée dans un livre édité à
l’occasion du 125e anniversaire.
Il sera en vente au prix de 12
euros au siège de l’association et
permettra de découvrir les raisons d’être de l’association, les
motivations de ses salariés et de
ses administrateurs.
De fait, l’institution se compose
de quatre établissements : La
Pouponnière, le centre maternel,
la maison d’accueil de jour petite
enfance et un institut médico-
L’association
en chiffres
H 3 ha : la superficie du site mis
à disposition par le conseil
général à l’association depuis
1950 à Logelbach.
H 135 : le nombre d’usagers
accueillis actuellement.
H 170 : le nombre de salariés
employés par l’association
H 54 : le nombre de tonnes de
linge lavé par an.
H 43 000 : le nombre de repas
servis annuellement par l’équipe
de restauration.
H 6,8 millions d’euros : le
budget annuel de l’association.
Le livre du 125e
La totalité de la somme récoltée
contribuera à l’amélioration du
quotidien des enfants.
Textes et photos :
Vanessa
Meyer- Wirckel
Elle a dit :
« Les enfants nous
donnent des leçons de
vie. Ils nous apportent
autant qu’on leur
apporte. »
Jasmine Soubeyroux, monitrice
éducatrice
Un chantier qui se termine
Insatiable, Marie-Christine aimerait rattraper le temps perdu,
mais elle sait que cette envie n’est
que chimère. « Il va falloir être
patiente. Il y aura des moments
d’optimisme, mais des larmes aussi. »
Pour l’instant, revigorée par ces
retrouvailles inespérées, MarieChristine revient de plus en plus
souvent dans la région pour « tisser ses liens du sol, du sang et du
cœur », mais aussi pour renouer
avec l’association qui lui a tendu
la main jadis et pour laquelle elle
a dessiné un nouveau logo : une
farandole.
COL04
La gloriette et le parc multiactivités seront inaugurés le 24 mai, lors
de la journée festive pour les 125 ans de l’œuvre de Caroline Binder.
Un lieu multiactivités avec potager, jardin thérapeutique, salle de
spectacle et circuit vélos sera
achevé pour le 24 mai. « Il pourra
être ouvert aux autres enfants. Notre objectif est de ne pas rester cantonné dans notre établissement,
mais de nous ouvrir dans le tissu
urbain », précise Jean-Christophe
Labbé. Le jour de fête sera également l’occasion de parrainer un
arbre qui agrémentera les lieux
mais aussi de découvrir un patchwork réalisé par les enfants,
parents et résidents des quatre
établissements.
Colmar dossier
Offrir un accueil de qualité à l’enfant est une mission que
poursuivent tous les professionnels de l’institution.
JEUDI 13 MAI 2010 29
Les enfants du Centre maternel sont accueillis cinq demi-journées
par semaine, comme dans une crèche classique.
La maison d’accueil de jour est un lieu de vie, un espace d’éveil, de
sociabilisation et de préparation à l’autonomie.
Les enfants de Caroline Binder Une belle
histoire d’amour au quotidien
Vanessa séjourne, avec son petit Auguste, au centre maternel
depuis un an. Elle rêve de retrouver ses trois autres enfants et son
compagnon, et de mener une vie normale.
Pour l’association Caroline Binder, chaque vie est une étoile ; chaque enfant, un être lumineux qui mérite d’être protégé.
Photos Vanessa Meyer Wirckel
Même si certains enfants ne savent ni marcher, ni parler, ils savent sourire et rire.
Chaque enfant de l’institut médico-éducatif a son planning : « 80 %
du temps, c’est du nursing. Nous leur proposons aussi des jeux
éducatifs et thérapeutiques pour travailler les cinq sens. »
Lorsque le tissu familial présente trop de carence, l’association
prend le relais. Un placement est souvent une vraie chance pour
l’enfant, même s’il y a aussi des échecs.
La maison d’accueil de jour accueille des enfants de 3 mois à 6 ans.
Le soir, ils rentrent chez eux en minibus. « C’est une grande crèche
où on travaille beaucoup la parentalité. »
COL05
Les enfants de l’IME ont besoin
d’aide dans tous les actes de la
vie quotidienne.
Chaque enfant de l’institut médico-éducatif a son projet personnel
et un objectif principal à travailler : marcher, manger, attraper un
objet…