Offres gratuites : Mieux protéger le consommateur

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Offres gratuites : Mieux protéger le consommateur
Communiqué de presse plateforme Journée Sans Crédit
Offres gratuites : Mieux protéger le consommateur
« Trop beau pour être vrai », c’est le thème de la Journée sans crédit 1 2015. Celle-ci aura
lieu le 28 novembre prochain. Cette année, dans le viseur : les offres mirobolantes et
autres cadeaux soi-disant gratuits qui représentent de puissants déclencheurs de la fièvre
acheteuse… Le public-cible de cette campagne de sensibilisation ? Les 18-25 ans,
vulnérables sur le plan socio-économique et proies faciles pour les publicitaires.
Les promotions (les soldes, les réductions de prix) et plus encore les offres dites « gratuites »
ont un impact important sur les décisions d’achats du consommateur.
Nos émotions guident nos décisions d’achat. Tous les grands spécialistes du marketing le
savent : les messages publicitaires les plus efficaces sont ceux qui parviennent à nous
toucher avant de nous faire réfléchir, en jouant sur la peur, l’amour, le désir, la culpabilité, la
fierté ou encore le sentiment d’exclusivité.
Diverses études démontrent que le pouvoir émotionnel des promotions (soldes, réductions
de prix), et plus encore de la gratuité, est particulièrement puissant. L’impact émotionnel est
tel que le consommateur ne réfléchit pas ou peu face à une réduction de prix.
Les jeunes plus vulnérables
Pourquoi cibler plus particulièrement les jeunes adultes ? Avoir 18 ans, c’est acquérir la
majorité. Une étape essentielle, juridiquement, car elle ouvre la porte à de nouveaux droits
mais aussi à de nouvelles obligations ! Mais, au quotidien, quels sont les changements ? Une
fois la majorité atteinte, il est possible de passer tous les contrats courants : signer un bail
pour se loger, acheter une voiture, prendre un crédit… Du côté de la banque, le majeur
devient totalement responsable de ses comptes
Le jeune majeur devient donc seul responsable de la gestion de son argent ! Mais il doit en
assumer les conséquences… et notamment payer ses dettes. S’il ne le fait pas, ses parents ne
pourront plus, en principe, être tenus pour responsables. En principe …car bien souvent, les
créanciers exigent des parents qu’ils se portent caution pour leur enfant majeur lorsque
celui-ci n’a pas suffisamment de revenus stables. Une fois qu’ils atteignent leur majorité, les
jeunes sont de plus en plus tentés par le crédit, que ce soit pour acheter un ordinateur, une
voiture, louer et meubler un appartement ou encore financer leurs études. Dès l’âge de 18
ans, les jeunes ont accès au crédit. Même s’ils sont en situation financière précaire et n’ont
pas de situation professionnelle stable, ils peuvent déjà rapidement se trouver dans une
situation de surendettement liée au crédit à la consommation. Les chiffres de la banque
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La plateforme JSC se compose de 30 organisations : Equipes Populaires (coordination) / Centre d’appui des médiateurs de
dettes (Région Bruxelles-Capitale) / Groupe Action Surendettement (GAS) / Groupement d'initiative pour la lutte contre le surendettement
de Liège (GILS) / Centre de référence en médiation de dettes de Namur (Médénam) / Centre de référence du Hainaut (Créno) / Actions
sociales du Brabant wallon / Réseau Financité / Jeunes organisés et combatifs (JOC) / Réseau wallon de lutte contre la pauvreté / Forum
bruxellois de lutte contre la pauvreté / Réseau belge de lutte contre la pauvreté / Fédération bruxelloise des services sociaux / CSC-ACV./
FGTB- ABVV / Vlaams Centrum Schuldenlast (VCS) / Vlaams Netwerk Tegen Armoede / Femma / BIZ Noord-West-Vlaanderen / BIZ
Centraal-West-Vlaanderen / BIZ Zuid-West-Vlaanderen / BIZ Oost Vlaanderen / BIZ Halle-Vilvoorde / BIZ Brussel / BIZ Oost-Brabant / BIZ
Boom-Mechelen-Lier / BIZ Antwerpen / BIZ Kempen / BIZ Limburg / Cebud (Centrum voor Budgetadvies en onderzoek)
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nationale de Belgique montrent que l’endettement des jeunes adultes augmente et le risque
de surendettement également. Les jeunes ont en effet plus de défauts de paiement en
matière de crédit.
Les jeunes évaluent précisément le coût des choses qu’ils connaissent ou utilisent. Par
contre, peu d’entre eux savent à combien s’élève le budget familial, la somme consacrée aux
courses alimentaires ou encore le montant destiné aux charges de la maison (eau, gaz,
électricité).
Une estimation correcte des prix semble le problème le plus important. Et c’est le même
constat pour le premier salaire : 23,8% des jeunes adultes « pensaient que leur premier
revenu serait plus élevé »
De nombreux chercheurs en Belgique et à l’étranger ont démontré la fragilité des jeunes
face aux pratiques commerciales. Selon Arnaud Pêtre, chercheur en neuromarketing à l’UCL :
« Lors de l’enfance et de l’adolescence (jusqu’à environ 20 ans pour les filles, et 24 ans pour
les garçons), le cortex préfrontal, siège de l’inhibition, est immature. Or, lorsque celui-ci est
dépassé, c’est le cerveau « émotionnel » qui prend l’ascendant. L’enfant et le jeune, dont les
lobes frontaux et préfrontaux sont encore immatures, montrent donc des difficultés accrues
à traiter scrupuleusement un message, à comprendre l’intention persuasive, à distinguer une
publicité d’un jeu, d’une information, et à contre-argumenter ».
Les réseaux sociaux, mais aussi les nouveaux supports tels que les forums, les tchats, les
blogs, les buzz sur internet ont permis d’étendre encore le rôle et l’influence des pairs et
sont utilisés par les publicitaires. Ainsi le marketing viral, très lié à l’usage des réseaux
sociaux, du SMS, des sites web et des jeux sur Internet, mise sur le bouche-à-oreille. On
encourage les jeunes à envoyer à d’autres le message ou le slogan de la marque. Les jeunes
reconnaissent que leurs pairs et la publicité ont un impact important sur la manière dont ils
gèrent leur argent.
Achats… vraiment gratuits ?
L’achat en ligne est en pleine expansion en particulier chez les jeunes, et chaque plateforme
d’achat essaye d’attirer le client une première fois pour le fidéliser. Parmi les moyens
utilisés, les plateformes d’achat proposent parfois la livraison gratuite et/ou le retour gratuit
des marchandises achetées. Mais la gratuité a souvent ses limites !
La vigilance s’impose également lorsqu’il s’agit d’offres conjointes (ex : GSM et abonnement)
mais aussi pour les téléchargements d’applications sur smartphones, les jeux en ligne, les
numéros surfacturés… Les factures de GSM réservent souvent des mauvaises surprises !
Un crédit peut en cacher un autre
De nombreux magasins (électroménager, hifi notamment) utilisent l’attrait du crédit 0%
pour faire craquer un client un peu hésitant. Si le crédit indique un TAEG de 0%, cela signifie
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le cré- dit en soi est gratuit. Il ne faudra en effet payer que la somme empruntée (sans frais,
ni intérêts). Mais la plupart du temps, le client ne pourra bénéficier du financement à 0%
que s’il signe une ouverture de crédit. C’est l’objectif recherché par les grandes chaînes de
magasins.
Cette pratique courante des grandes chaînes de magasins présente de nombreux dangers
que les vendeurs passent souvent sous silence. Les futurs achats que le client effectuera
avec la carte du magasin lui coûteront beaucoup plus cher car le TAEG passera alors à 12,
14% voire plus !
Consommer pour exister
Le surendettement des jeunes c’est aussi le reflet de notre société où il faut consommer
pour « exister ». Il ne fait pas de doute que le manque de maturité et les connaissances
limitées des jeunes notamment en matière de crédit (taux d’intérêt, échéances, concept du
paiement minimum, etc.) en font des proies faciles.
Mais le manque de connaissances n’explique pas tout. Notre société encourage, en effet, les
individus à acheter toujours plus. Julie Posca, sociologue québecoise, affirme que «
S’attaquer au problème de l’endettement comme s’il était la conséquence d’un manque
d’éducation équivaut, tout compte fait, à un refus de remettre en question le modèle
culturel dont dépend notre système économique. Car distinguer le surendettement de
l’endettement raisonnable, c’est aussi cautionner le besoin de consommer, peu importe la
finalité de cette consommation et les conditions qui la rendent possible. D’autre part, en
blâmant les jeunes pour leur insouciance, on déresponsabilise l’industrie financière, celle-là
même qui a pourtant tout intérêt à ce que ses clients s’endettent. Ce qui apparaît cette foisci comme une manière de consentir à ce qu’on pourrait qualifier de nouvelle norme de
l’endettement ». On l’aura compris, les raisons de la fragilité des jeunes sont multiples.
Outre l’absence de revenus stables et d’épargne, le risque accru de perte d’emploi et le
manque de connaissances en matière de crédit et de gestion du budget qui ne permet pas
de mesurer correctement les risques, il ne faut certes pas négliger l’attrait du crédit « facile »
et des publicités alléchantes voire mensongères.
Les recommandations 2015 de la Journée sans crédit :
- La lutte contre les offres « gratuites » mensongères et trompeuses doit être une priorité dans
la protection des consommateurs.
- Publicités mentionnant le mot « gratuit » : uniquement si la gratuité est sans conditions et
sans aucuns frais.
- Sanctionner les publicités trompeuses pour les crédits à 0 %
- Interdire d'offrir de l'argent gratuit dans des publicités pour produits/services financiers
- Une meilleure information du consommateur lors de la signature d’un contrat
- Améliorer les possibilités de recours auprès des ombudsmen ou en justice.
Contact : Monique Van Dieren, coordinatrice JSC : 081/73.40.86 - 0478/59.94.20
Anne Defossez : 0473/69.06.51
Plus d’informations sur les activités 2015 sur www.journeesanscredit.be

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