Discours de François Asselin, président de la CGPME à l`occasion

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Discours de François Asselin, président de la CGPME à l`occasion
Discours de François Asselin, président
de la CGPME à l'occasion des vœux 2015
Monsieur le Ministre,
Madame le Rapporteur Général du Budget,
Messieurs les Parlementaires,
Messieurs les Présidents de l’UPA, de CCI France et de Croissance Plus
Messieurs les Présidents Honoraires de la CGPME (Lucien Rebuffel ; Jean-François
Roubaud)
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Chers Amis,
C’est avec une grande fierté que j’interviens ce soir devant vous en ma nouvelle qualité de
Président de la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises. Je tiens donc
tout d’abord à renouveler mes remerciements à tous ceux qui m’ont honoré cet après-midi de
leur confiance.
Mes premiers mots iront ensuite à mon prédécesseur Jean Francois Roubaud. Il a placé la
barre haute en faisant en sorte que la CGPME soit ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Il a su
ne jamais renier les valeurs qui sont les nôtres, ne jamais renoncer à ses convictions et les
résultats ont été à la hauteur de son engagement. Nous lui avons concocté une petite surprise
avec la complicité de certains d’entre vous.
Mais avant cela je voudrais en quelques mots et avant de vous présenter mes vœux revenir
brièvement sur les dramatiques évènements récents. La CGPME s’est associée au formidable
mouvement de ceux qui se sont rassemblés pour exprimer leur indignation contre la barbarie
et l’obscurantisme qui ont frappé lâchement la semaine dernière.
Nous nous sommes auparavant interrogés pour savoir s’il appartient à une organisation
patronale de s’exprimer sur un sujet tel que celui-ci. Notre réponse a été positive car défendre
et préserver les valeurs qui font l’unité nationale relève de notre responsabilité collective. De
surcroit, que l’on partage ou non la ligne éditoriale de Charlie Hebdo, ceux qui ne renoncent
pas à leur conviction même sous la menace, méritent notre respect. A l’inverse ceux qui
n’hésitent pas à aller au bout de leur logique destructrice en sacrifiant des vies innocentes
devraient méditer cette phrase d’Henry de Montherlant qui rappelait fort justement que "mourir
pour une cause ne suffit pas à la rendre juste".
Cette responsabilité collective qui est la nôtre amène également notre organisation autour de
la table des négociations interprofessionnelles. Celle qui peine à s’achever sur "la
modernisation du dialogue social" nous a laissé un goût amer.
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La CGPME a toujours été attentive à ne pas se laisser aller à la facilité d’opposer
artificiellement grandes et petites entreprises. La France a besoin de grandes entreprises
comme elle a besoin de ses PME, TPE et artisans. Mais déjà Honoré de Balzac le disait "les
Lois sont des toiles d’araignées à travers lesquelles passent les grosses mouches et où restent
les petites". A nous donc, de faire en sorte de veiller au respect d’une concurrence équilibrée.
Nous n’accepterons pas un quelconque marché de dupes échangeant un allègement des
contraintes pesant sur les plus grandes entreprises contre de nouvelles sujétions pour les plus
petites entreprises ! Et puis j’aimerais bien que l’on m’explique en quoi s’immiscer dans la
relation directe entre le chef d’une entreprise et ses 3 salariés va améliorer le dialogue social
et contribuer à créer de l’emploi !
Oui nous sommes fondamentalement attachés au dialogue social mais mon intention est de
redéfinir une doctrine patronale claire sur les objectifs à atteindre. Les accords
interprofessionnels doivent avoir un sens et l’on doit être capable avant d’apposer ou non sa
signature de répondre à une question simple : ce texte va-t-il directement ou indirectement
créer ou détruire de l’emploi ?
Si les nouveaux accords doivent se traduire pour les entreprises, quelles qu’elles soient, par
de nouvelles contraintes ou obligations alors il faudra nous interroger.
Le rôle des partenaires sociaux- en tout cas ce n’est pas ma conception des choses- n’est pas
simplement de protéger les salariés en place mais avant tout de créer les conditions
permettant à ceux qui sont exclus du marché du travail d’y revenir demain. Et cela, qu’on le
veuille ou non, passe par nos entreprises.
Ces derniers mois, lors de ma campagne, j’ai été amené à rencontrer de très nombreux chefs
d’entreprises partout en France. Certains m’ont fait part de leurs difficultés liées au coût du
travail ou au poids de la fiscalité, d’autres se plaignent de la complexité des règles sociales,
d’autres encore se heurtent à des règles administratives ubuesques. Mais tous ont en commun
une même aversion pour les changements incessants et imprévisibles des règles qui leurs
sont applicables. Cela limite l’embauche et freine l’investissement. Lors de ma première
rencontre avec le Premier Ministre je lui demanderai donc de me confier une mission pour lui
faire des propositions précises dans ce domaine.
Les simplifications administratives, les allègements de charges dans le cadre du Pacte de
Responsabilité, le CICE, oui ces mesures sont courageuses et utiles à nos entreprises. Mais
pourquoi brouiller le message en instaurant en même temps un compte pénibilité
inapplicable ? Là encore des solutions existent pour sortir de cette situation. A condition que
l’on nous écoute.
La France est un pays formidable qui possède de nombreux atouts. J’ai rencontré des
centaines de jeunes qui fourmillent d’idées, de projets, d’envie d’entreprendre. A nous de les
accompagner, de les aider, de guider leur premier pas et surtout de les convaincre de la
nécessité d’entreprendre en France plutôt qu’en Angleterre en Australie ou au Canada. Quant
à ceux qui sont installés en Chine par exemple pourquoi ne pas utiliser leur connaissance du
marché local pour épauler les PME françaises qui hésitent à se lancer à l’export ? Est-il normal
que le Président de la République dans ses voyages présidentiels soit essentiellement entouré
de patrons du CAC 40 ? Lorsque l’on parle de la balance commerciale on ne parle que
d’Airbus, où sont les PME ?
On tient pourtant là une des clefs de la reprise si on sait s’en saisir.
2015, Chers Amis, pourrait être l'année de la reprise.
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La baisse de l'euro, la faiblesse des taux d'intérêt et la chute du prix du pétrole peuvent être
un renfort inespéré. Mais cela ne doit en aucun cas nous dispenser de faire des vraies
réformes. Se contenter de diminuer la hausse des dépenses ne saurait être à la hauteur des
enjeux alors que le déficit cumulé de la France dépasse aujourd'hui les 2 000 Milliards €. Qu'en
est-il de la fameuse "règle d'or" consistant à interdire de présenter un budget en déficit ? Je
propose que l'on remette cette idée sur la table.
De même, dans les collectivités il conviendrait d'instaurer une règle faisant en sorte que la
baisse des dépenses ne porte pas simplement sur les budgets d'investissement.
Quant à nos entreprises, dois-je rappeler ici notre suggestion de mettre en place un contrat de
croissance pour lever les réticences des chefs d'entreprises en capacité d'embaucher ou notre
proposition d'instaurer un taux réduit d'IS pour les résultats réintégrés au capital des PME ?
Vous le voyez la CGPME ne manquera pas d'idées en 2015.
Mais, demain comme hier, nous éviterons la surenchère, les provocations et les propositions
irréalistes. Une idée ne doit pas être simplement utile, elle doit être réalisable et socialement
acceptable. À défaut quel que soit son intérêt elle fera l'unanimité contre elle.
Quant à moi si mon ambition n'est pas d'être un "syndicaliste de combat" ne comptez pas sur
moi pour être un Président langue de bois. Je dirai et ferai ce qu'il faut pour que nos entreprises
reprennent la place qui est la leur et nous nous donnerons les moyens de peser à la hauteur
de nos ambitions lors de la mesure de l'audience qui déterminera la représentativité patronale.
Notre rôle est de faire progresser nos idées pour que l'environnement économique et social
permette aux entreprises de se développer, de créer de la croissance et de l'emploi, et ce dans
l'intérêt de la Nation tout entière. Les Français sont 83% à avoir compris qu'ils pouvaient faire
confiance aux PME.
Reste maintenant à convaincre les représentants de la Nation qu'ils doivent faire confiance
aux représentants des PME !
Je souhaite donc placer cette année 2015 sous le signe de l'action et de l'optimisme en prenant
exemple sur les Chinois qui expriment le mot de crise avec 2 caractères : l'un représente le
danger, l'autre l'opportunité.
C'est ce sens-là que je veux retenir pour 2015 et vous souhaite ainsi qu'à tous ceux qui vous
sont chers une excellente année.
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