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CATHEDRALE NOTRE DAME de STRASBOURG 12 octobre 2008 28e dimanche du temps ordinaire – année A Homélie du Professeur Michel DENEKEN Il n’y a pas si longtemps, il était inconcevable de venir à la messe sans s’être mis en vêtements justement appelés vêtements du dimanche. L’idée de revêtir un habit spécial relevait bien sûr de la convention sociale. On n’excluait pas non plus que pour certaines dames, mais des messieurs aussi, il y avait quelque vanité à montrer le dernier chapeau, la dernière robe ou le dernier costume à la mode. Pourtant à y regarder de près, « s’habiller en dimanche », comme on disait de manière populaire, n’était pas que pure convention. On marquait par là ce jour spécial, qui, pendant des siècles, n’était aussi que le seul jour de repos de la semaine. Le vêtement rappelait que c’était un jour sacré, dévolu à Dieu. Le jour de notre baptême nous avons été revêtus d’un habit blanc, le prêtre rappelant saint Paul : « Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ » (Gal 3,27). Voilà la signification profonde de l’habit du dimanche. L’habit de fête dans la Bible est le signe de la joie des hommes dans la rencontre avec leur Dieu. Dès lors, les auditeurs contemporains de Jésus pouvaient parfaitement comprendre ce qui met en colère le roi de la parabole. Les invités ne se mettent pas au diapason de leur hôte. Ils ne comprennent pas l’honneur qui leur est fait, et semblent ignorer la chance qu’ils ont. Rappelez-vous, dans la parabole du fils prodigue, le père accueille le fils retrouvé, et, immédiatement lui passe la robe de fête. Peut-être qu’aux lèvres du fils est alors monté le verset du psaume 29 : « Tu as changé mon chant funèbre en une danse, tu as enlevé mon habit de deuil pour m’habiller d’allégresse. » Mais c’est à un peuple tout entier que Dieu veut passer la robe de fête : « Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère et revêts pour toujours la gloire de Dieu » (Ba 5,1). C’est Dieu qui passe l’habit. Comme si, nous-mêmes, n’étions pas toujours au rendezvous. Celui que Dieu regarde et qui se sait regardé par lui se sent revêtu du plus beau des vêtements. Rappelez-vous la scène de la transfiguration : « Jésus fut transfiguré devant eux: son visage se mit à resplendir comme le soleil; ses vêtements prirent une blancheur éclatante, aussi éblouissante que la lumière. » (Matthieu 17:2). Et pourtant, aux jours de sa passion, Jésus sera déshabillé, puis revêtu d’un habit de carnaval, déguisé en roi de pacotille, présenté à la risée de la foule. Et sur la croix il sera exposé dans la nudité extrême que le Job déjà comprenait comme l’expression de la fragilité de l’homme : « Nu je suis sorti du ventre de mère ; et nu je retournerai là » (Jb 1,21). Mais, au matin de Pâques, changement de scène, changement de costume ! Jésus est revêtu de la gloire de Dieu qui éblouit au point que ses proches ne le reconnaissent pas. Alors ils comprennent, les disciples, que celui que Dieu aime et qui se sait aimé de lui est indestructible. Alors ils saisissent qu’il leur disait vrai, ce Jésus, quand il les invitait à la confiance : « Observez les lis des champs, comme ils croissent ; ils ne peinent ni ne filent, et je vous le dis, Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a jamais été vêtu comme l’un d’eux ! Si Dieu habille ainsi l’herbe des champs qui est là aujourd’hui et qui, demain, sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien plus pour vous (Mt 6,28-29) ? » document téléchargé sur www.cathedrale-strasbourg.fr page -1- On dit que l’habit ne fait le moine. Mais c’est de ce côté-ci du Rhin. De l’autre, on a le dicton inverse : l’habit fait l’homme. Qui a raison ? Cette vérité qui enjambe le Rhin est double. Parfois nous sommes endimanchés par convenance. Parfois nous n’avons pas le cœur à la fête, mais ne voulant blesser personne, alors nous faisons semblant d’être de la fête. L’habit, à ces moments là ne fait pas le moine. Parfois, au contraire, le cœur lourd et l’esprit préoccupé, le seul fait de nous mettre en habit de fête nous met doucement en fête. Il nous arrive de nous réjouir de bien nous habiller, de nous réconcilier avec nousmêmes et avec notre entourage. Dieu, ce grand couturier qui habille les lis des champs mieux que la reine de Saba et le roi Salomon nous invite à nous laisser habiller par on amour qui brille dans les yeux du Christ. Quel que soit l’état de notre corps, jeune ou vieux, dans la splendeur de son épanouissement, ou marqué par l’âge ou la maladie, quand Dieu nous regarde, nous sommes revêtus de lumière. Parions que Dieu ne sera pas, finalement, comme le roi de la parabole. Si j’ai oublié de passer la robe de fête, j’en suis sûr, il a, dans la garde-robe de sa miséricorde, un vêtement, taillé à ma mesure, qu’il me passera, afin que je sois digne des promesses du Christ. Références bibliques : Isaïe 25, 6-9 ; Ps 22 ; Philippiens 4, 12...20 ; Matthieu 22, 1-14 document téléchargé sur www.cathedrale-strasbourg.fr page -2-