Fusion-acquisition : quel dirigeant prend le pouvoir
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Fusion-acquisition : quel dirigeant prend le pouvoir
Fusion-acquisition : quel dirigeant prend le pouvoir ? VALERIE LANDRIEU Le 20/01 à 12:18 « Réaliser une fusion en étant le CEO de l’entreprise acquise est délicat ; ce dernier a tendance à la mener à bien avant de quitter la nouvelle entité, où il est généralement rétrogradé », ont constaté les consultants du cabinet Eric Salmon & Partners. - AFP Qui prend la tête du nouvel ensemble après une fusion ? Le cabinet de chasse de têtes, Eric Salmon & Partners, a tiré des conclusions de dix opérations majeures réalisées au cours des cinq dernières années. Au sein du futur ensemble Essilor - Luxottica, les contours de la nouvelle direction ont déjà été dessinés : Leonardo Del Vecchio deviendra PDG de la nouvelle entité et Hubert Sagnières prendra les fonctions de vice-président-directeur général délégué _ mais avec les mêmes pouvoirs, a-t-il été précisé. Et, trois ans après la constitution de l’entreprise élargie, le comité de nomination, dont Essilor aura la présidence au sein du conseil d’administration, proposera un nouveau président et un nouveau vice-président... Ce schéma, assez inhabituel, est probablement dû au fait que le président de l’entreprise rachetée sera l’actionnaire de référence du nouveau champion. Neuf fois sur dix, si l’on se réfère à un document interne du cabinet de chasse de têtes Eric Salmon & Partners, qui a travaillé sur dix fusions-acquisitions majeures réalisées dans l’industrie entre 2011 et 2016 (*), l’entreprise acquéreuse prend la tête de la nouvelle entité. C’est d’ailleurs ce qui est en train de se profiler avec l’acquisition de Zodiac par Safran. Lors de l’annonce de l’offre, ce 19 janvier, le directeur général de Safran Philippe Petitcolin a salué « la qualité du management de Safran ainsi que le calendrier dans lequel cette acquisition interviendrait ». Deux éléments, commente-t-il dans un communiqué, qui « permettront d’assurer le succès de l’intégration de Zodiac Aerospace dans les activités d’équipements du groupe ». Une modification de l’âge limite _ de 65 ans à 68 ans _ doit être proposée à la prochaine assemblée générale de Safran et Philippe Petitcolin devrait conserver ses fonctions. Olivier Zarrouati (X-SupAero), président du directoire de Zodiac depuis 2007, devrait être nommé au poste de directeur général délégué. « Réaliser une fusion en étant le CEO de l’entreprise acquise est délicat ; ce dernier a tendance à la mener à bien avant de quitter la nouvelle entité où il sera généralement rétrogradé », ont constaté les consultants d’Eric Salmon. Hervé Montjotin, PDG de Norbert Dentressangle fait exception dans l’échantillon : il avait été nommé aux commandes de XPO Logistics Europe... pour finalement être remplacé, quatre mois plus tard, par Troy Cooper, le numéro deux du groupe américain. Dans 70% des cas, l’entreprise acquéreuse est majoritairement représentée au comité exécutif ; dans 20% des cas, ce sont les membres de l’entreprise cible qui y font nombre, quand 10 % font jouer l’égalité. Selon le portrait robot établi par le cabinet, les CEO des entreprises acquéreuses sont en poste, au moment de l’opération, depuis près de 7 ans en moyenne ; ils affichent une ancienneté d’au moins trois ans dans l’entreprise et de 19 ans en moyenne. Le numéro un de l’entreprise cible est, quant à lui, en fonction depuis 4,5 ans en moyenne, avec une ancienneté d’au moins deux ans dans l’entreprise, et de 11 ans en moyenne. (*) de GDF Suez - International Power (février 2011) à Schlumberger - Cameron (avril 2016), en passant par Alcatel Lucent - Nokia (janvier 2016), GE - Alstom (novembre 2015), Lafarge - Holcim (juillet 2015), XPO Logistics - Norbert Dentressangle (avril 2015), Arkema - Bostik (février 2015), Schneider Electric Invensys (janvier 2014), Numericable - SFR (novembre 2014) et Solvay- Rhodia (septembre 2011). @ValLandrieu