Chapitre 4 : ENCROUTEMENT ET COMPACTAGE DU SOL

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Chapitre 4 : ENCROUTEMENT ET COMPACTAGE DU SOL
Chapitre 4 : ENCROUTEMENT ET
COMPACTAGE DU SOL
La compaction du sol ne se limite pas à la couche de travail du sol, mais excède souvent
celle-ci. Cette forme de dégradation du sol affecte aussi bien les sols agricoles que forestiers.
En voici ci-dessous une illustration de ce phénomène dans les photos ci-dessous.
Un sol agricole
Une station forestière
Le tassement du sol peut survenir naturellement ou peut être provoqué par des actions
anthropiques.
I. TYPES DE COMPACTION
Il y a deux types de compaction du sol, la compaction naturelle et la compaction induite.
I.1. Compaction induite par l’impact des eaux de pluie et de ruissellement d’une certaine
intensité:
Tous les sols n’ont pas la même sensibilité au compaction. Les plus sensibles sont les sols
limoneux qui ont des difficultés à former des agrégats stables. Ils sont notamment très
sensibles à la compaction de surface par la formation de croûte de battance sous l’action des
pluies. Les sols hydromorphes, qui ont cette capacité à présenter des excès d’eau, sont aussi
plus sensibles à la compaction.
Les sols naturellement compactés sont plus difficiles à cultiver mais lorsqu’ils sont bien
gérés, ils peuvent produire d’excellentes récoltes. Ces sols sont bien adoptés pour la
production de céréales et de plantes fourragères préférablement sous semis direct. Le
maintien d’un taux élevé de matière organique améliore l’infiltration de l’eau dans ces types
de sols.
I.2. La compaction induite par la machinerie:
Elle peut être le résultat de différents travaux aux champs. Il est plus facile de prévenir la
compaction causée par la machinerie que l’atténuer.
La plupart de la machinerie moderne est très lourde. Cela accentue le problème de
compaction puisqu’elle exerce plus de pression sur la surface du sol lors du passage des
engins dans les stations forestières. Ce problème peut être résolu en utilisant des pneus à
basse pression, des pneus larges ou des roues jumelées.
En générale, on distingue trois formes de compaction de sols causées par la machinerie: la
compaction de surface (située à moins de 20 cm), la compaction de profondeur (à partir de
30 cm et peut aller jusqu'à 60 cm). Entre ces deux types, on trouve souvent une compaction
que l’on réfère très souvent à la " semelle de labour ". La semelle de labour est cette couche
de sol très dense qui se trouve immédiatement sous les passages fréquents du soc de la
charrue (voir dessin ci-dessous).
Illustration des différentes formes de la compaction.
a/ La compaction de surface
La compaction de surface est moins dommageable que celle de profondeur et est causée par
les pneus improprement gonflés, le travail excessif du sol et surtout le trafic de la
machinerie. En outre, il est à signaler que la compaction du sol imputable au piétinement par
le bétail constitue une source de préoccupation pour les aménagistes forestiers.
Compaction d'un sol organique
Compaction d'un sol minéral
Compaction causée par le piétinement du bétail
b/ La semelle de labour
La semelle de labour est généralement présente dans les sols argileux ou loam-argileux, et
est causée par le passage fréquent de la charrue à la même profondeur ou d’un mauvais
entretien de la charrue en particulier l’aiguisage des socs. C'est une couche compacte du sol
qui se situe à la base du labour(sous le passage du soc qui limite fortement le passage de l'air
et le drainage de l'eau créant ainsi des conditions temporairement anoxiques. Elle mesure
quelques centimètres d'épaisseur.
c/ La compaction de profondeur
La compaction de profondeur, est celle qui occasionne le plus de dommage et dont l’effet
est durable sur la croissance et la productivité. En effet, ces dommages peuvent durer une
dizaine d’année en l’absence d’un décompactage ou sous-solage. La couche compactée se
retrouve à 30 cm de profondeur et peut aller jusqu'à 60 cm. Cette dernière est causée
prioritairement par un poids à l’essieu dépassant les 5-7 tonnes/essieu sur un sol humide.
Cependant, le poids à l’essieu et le niveau d’humidité du sol restent les facteurs primordiaux
à considérer dans le cas du problème de compaction de profondeur.
Chapitre 4 : ENCROUTEMENT ET
COMPACTAGE DU SOL
II. DIAGNOSTIC DE LA COMPACTION
En principe, on ne peut pas estimer la compaction à l'aide des mesures directes. la seule
méthode d'évaluation de cette forme de dégradation physique du sol repose sur des
différences entre des mesures physiques sur un sol témoin non sujet à la compaction et sur
sol compacté.
Les principales approches pour estimer la compaction sont:
II.1. Approches qualitatives
1. Diagnostic visuel: cette méthode est peu sûre et nous donne juste un signal de procéder à
un test de compaction. Ces signaux peuvent être:
a. Plantes chétives et naines malgré une fertilisation adéquate (comme les
plants à l’entrée du champ)
b. Une baisse au niveau du taux de germination malgré l'utilisation des
semences sélectionnées
c. Une infiltration plus lente de l’eau de surface (séchage du sol retardé au
printemps)
d. Absence de vers de terre (signe d’un manque d’air, de dureté du sol)
e. Changement au niveau de la morphologie et de la ramification des racines:
Déterrer à l’aide d’une pelle les plants (ne pas arracher) dans la zone
soupçonnée et observer le "pattern" de développement des racines. Une
racine pivotante déformée et des racines secondaires qui poussent
horizontalement comme sur une table devraient attirer votre attention
f. Présence d'ornières générées par le passage de la machinerie
g. Une difficulté de la pénétration des équipements de travail du sol.
2. Faire un profil cultural: C’est le moyen indéniable d’identifier le début et la fin de la
couche compactée et de poser un diagnostic de compaction. C'est un examen basé sur le
sens de l'observation. Il s'acquiert avec l'expérience et requiert un minimum d'équipement.
En utilisant un pénétromètre à main ou un couteau, on peut mesurer la résistance à la
pénétration horizontale. Cette technique devient très vite laborieuse puisqu’il faut faire
plusieurs profils de sol pour établir un diagnostic.
- On examine quoi?: on observe un ensemble d'éléments comme le développement des
racines de culture dans la partie supérieure du sol (quantité, longueur, distribution,
diamètre...), l'état structural du sol (agrégats/structure, modes d'assemblage des mottes
avec la terre fine et état interne des mottes), pores, galeries de vers de terre, couleur des
couches du sol, localisation et évolution des matières organiques,....etc;
- Où?: sites à problèmes versus sites témoins sur lesquels on observe un développement
végétatif normal;
- Comment?: en creusant une tranchée de 1 à 1,5m de longueur et un minimum de 3040cm de profondeur perpendiculaire au sens des opérations de travail du sol.
Normalement la longueur de la tranchée diminue avec l'expérience de l'observateur;
- Quand?: En générale, on effectue la tranchée après que les opérations culturales on été
réalisées sur le terrain et les systèmes racinaires se sont développés;
- Combien de sites?: Selon l'ampleur du problème de la compaction, les experts jugent
qu'un nombre de 8 tranchées par 20 hectares est suffisant pour le diagnostic;
- Pourquoi?: Ceci vient et pourra confirmer une série d'autres observations prises plus
tôt ou plus tard en saison à savoir la levée inégale, persistance des flaques d'eau à la
surface du sol longtemps après la pluie, symptômes de carences tôt en saison, maturité
et rendements inégaux, effort de traction accru (difficulté à labourer).
II.2. Approches quantitatives
1. Mesures de la densité apparente du sol
La densité apparente du sol correspond à sa masse par unité de volume du sol sec en
place. Elle varie de 1,0 à 1,6 g/cm3 pour les sols minéraux et de 0,16 à 0,45 g/cm3 pour les
sols organiques. La méthode de mesure consiste à utiliser des cylindres métalliques de
volume donné. Ces cylindres sont enfoncés à diverses profondeurs du sol puis sont
récupérés de telle façon de minimiser le remaniement des sols. Ensuite les échantillons des
sols sont séchés dans une étuve pendant 24 heures à 105°C pour déterminer la masse sèche.
Connaissant le volume de sol recueilli (cm3) et sa masse sèche (g), il est donc possible de
calculer la densité apparente du sol échantillonné (g/cm 3). Puisque la densité apparente
prend en considération la porosité du sol et que la compaction du sol en augmente la
densité en compressant les pores, la mesure de la densité apparente du sol permet de
confirmer un diagnostic de compaction.
La méthode de mesure de la densité apparente par cylindre métallique est la plus utilisée.
Cependant, il faut mentionner qu'il y a d'autres techniques de mesure à savoir la méthode
carottage,
la
méthode
indirecte
par
atténuation
de
rayons
gamma,....etc.
2. Résistance mécanique du sol
Pour évaluer cette résistance, on peut procéder à sa mesure à l'aide de la méthode de
pénétrometrie. En effet, cette technique est basée sur le principe de déterminer la
résistance à l'enfoncement d'une tige dans le sol. Il y a plusieurs types de pénétromètres à
savoir des pénétromètres statiques et des pénétromètres dynamiques. Le pénétromètre est
généralement composé d'une tige métallique à tête conique munie d'une jauge à pression
(manomètre). Les valeurs de pression affichées sur le manomètre augmentent avec la
densité du sol. L'unité de la pression est en PSI ("pound per square inch" ou N/cm 2). Il est
également à noter que les valeurs obtenues par mesure pénétromètrique dépendent
fortement de la teneur en eau du sol au moment de la mesure, de la densité et de la texture
du sol.
Figure 4.1. Une sonde pénétromètre.
3. Conductivité hydraulique
La mesure de la conductivité hydraulique du sol peut être un excellent indice de la
modification de la structure du sol et de la compaction. Elle peut être mesurée au
laboratoire sur des cylindres de sols non dérangés, mais également directement au champ,
notamment à l’aide d’un infiltromètre à charge constante, infiltromètre à charge variable,
perméamètre de guelph,...etc. Ce sont des appareils qui permettent de mesurer au champ
le débit d’eau qui s’infiltre à travers une section du sol. Cette mesure de la conductivité
hydraulique peut être utilisée en complément aux observations sur le terrain et à la
réalisation de profils cultraux de sol, de façon à bénéficier d’informations additionnelles sur
le potentiel de compaction du sol, puisque la compaction réduit la vitesse d'inflitration de
l'eau à travers le sol.
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Chapitre 4 : ENCROUTEMENT ET
COMPACTAGE DU SOL
III. FACTEURS DE LA COMPACTION
La susceptibilité des sols à la compaction induite dépend de leur taux d’humidité au cours
des opérations (piétinement et passage des machineries) et au début des précipitations, leur
texture, leur occupation, leur taux de matière organique et les pratiques culturales.
L'humidité du sol est également un élément important à considérer dans le problème
de la compaction. L'influence de la teneur en eau sur le résultat d'un compactage a été
étudié dès 1933 par l'ingénieur américain Proctor, qui a mis au point l'essai de compactage
qui porte son nom.
En générale, tous les sols sont susceptibles à la compaction lorsqu'ils sont humides. Le
tableau suivant montre quelques résultats illustrant les teneurs en eau pondérale
correspondantes à une compaction maximale.
Tableau 4.1. Valeurs typiques de la teneur en eau pondérale pour une compaction maximale
selon la texture du sol par la méthode proctor (CPVQ, 2000).
Texture du sol
Teneur en eau pondérale pour une compaction maximale (%)
Sable
15.3
Sable loameux
20.0
Loam sableux
22.0
Argile
31.5
Chaque texture de sol comporte des risques particuliers. Les sols à texture fine comme
l’argile sont, à l’état naturel, plus compacts que les sols à texture grossière comme le sable.
Ainis, les sols sableux sont les plus résistants à la compaction.
Pour les sols argileux (>35%) notamment les vertisols (photo suivante), la structure
superficielle peut se dégrader et donner suite à une formation d’une croûte. L'encroûtement
limite l'infiltration et accroît le ruissellement. Un sol argileux mouillé a tendance à se
compacter, ce qui favorise également le ruissellement, lequel peut contenir des polluants et
affecter la qualité des eaux de surface ou souterraines. Les sédiments de la finesse de l'argile
prennent beaucoup de temps à se déposer dans les étangs-réservoirs, les ruisseaux et les
lacs, ce qui peut hausser de beaucoup le coût du traitement de l'eau.
Vertisols compactés
Quant aux sols limoneux, particulièrement les plus pauvres en argile et en matière
organique, ils sont les plus sensibles à la battance. Les gouttes d’une pluie de forte intensité
qui ne sont pas interceptées par le couvert végétal entraînent le rejaillissement de particules
fines (effet splash) et l'éclatement des mottes par réhumectation. Les mottes « fondent » et
la surface se colmate (photographies 4.2a, 4.2b, 4.2c). La croûte de battance ainsi formée
s'épaissit dans les petites dépressions où l'eau stagne, permettant la sédimentation des
éléments fins. Cette croûte de battance formée donc sous l'impact des pluies sur sols
limonuex peut également être assimilée à une forme de compaction du sol.La perméabilité
de la surface peut descendre en dessous de 2 mm/h en période humide. Le micro relief
s'estompe et le sol perd toute capacité de rétention d'eau superficielle. Lorsque la croûte de
battance est formée, les pluies ultérieures, même si elles sont de faible intensité,
engendreront du ruissellement.
4.2a : stade 1 (agrégats visibles)
4.2b : stade 2 : agrégats dégradés
4.2c : stade 3 : croûte de battance formée
Figure 4.2. Evolution des états de surface d’un sol limoneux : Formation d’une croûte de
battance
(Y. Le Bissonnais).
Le splash a un rôle déterminant dans la formation de ces croûtes : la couche superficielle est
compactée et sa rugosité diminue sous l'action des pluies. La capacité de rétention de
l'eau est ainsi réduite et l'excès d'eau va se transformer plus souvent et plus rapidement en
ruissellement.
En d’autres termes, la dégradation des sols limoneux suite à une forte pluie peut être
décomposée en deux phases successives bien distinctes (Figure 4.3). Dans une première
phase, dont la durée peut être très variable, la surface du sol, initialement motteuse et "
ouverte " est progressivement occupée par une croûte structurale de quelques millimètres
d'épaisseur et à compacité élevée. La vitesse à laquelle l'eau peut s'infiltrer dans cette
croûte structurale diminue et atteint des vitesses de 2 à 6 mm/h.
………………………………………croûte.structurale.(certainsfragments..restent..bien.distinct…………..……..croûte..sédimentaire
Etat initial fragmentaire, poreux et meuble…………….Fermeture de la surface par effet splash……………Sédimentation dans les flaques
Infiltration possible: 30-60 mm/heure …………………………… 2-6 mm/heure………………………………………………….1 mm/heure
Figure 4.3. Les stades de dégradation de la surface du sol sous l'action des pluies
(Boiffin, 1984).
Lorsque l'intensité des pluies dépasse l'infiltrabilité ainsi réduite pendant une durée
suffisante pour que l'excès d'eau atteigne quelques millimètres, des flaques d'eau peuvent
se former. C'est le début d'une deuxième phase lors de laquelle les particules détachées par
le splash et mises en suspension vont se déposer à des vitesses différentes selon leur taille
formant une croûte sédimentaire dont l'infiltrabilité sera encore plus réduite (1 mm/h).
Illustration de la croûte structurale
La croûte de sédimentation
Ces deux phases mettent en jeu des processus de nature spécifique, l'excès d'eau ayant un rôle
majeur dans la seconde. Elles se traduisent par des faciès différents. Lors de la première phase, l'état
fragmentaire initial est altéré, mais certains fragments restent bien distincts alors que les autres ont
disparus. Au cours de la seconde phase, la surface est lissée et il n'y a pratiquement plus aucun
fragment distinct. Ainsi peuvent se former de véritables croûtes de battance (Figure 4.3) qui peuvent
être épaisses de quelques centimètres alors que les sols prennent un aspect lisse et glacé. Certaines
de ces croûtes peuvent être formées de lits de particules, relativement classées, chacun étant riche
dans une classe granulométrique déterminée. Ces croûtes de battance rendent le sol beaucoup
moins perméable, ce qui accroît le ruissellement et l'érosion. Ainsi, dans certains cas, de larges zones
de terre peuvent-elles rester sèches alors qu'un ruissellement se produit au-dessus d'elles sur les
croûtes de battance (Figure 4.4).
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Figure 4.4. Diminution de l'infiltrabilité du sol en fonction de l'extension
d'une croûte de battance (Eimberck, 1990).
En terme d’épaisseur de ces pellicules structurales de battance et des croûtes de
sédimentation formées, elles sont fines mais leur dégâts sont importantes (Tableau 4.2).
Tableau 4.2. Comparaison entre les caractéristiques de surface d’un sol structuré et celui
dégradé (Valentin, 1981).
Sol bien structuré
Croûte de battance structurale
Croûte de
sédimentation
Infiltration finale > 100 mm/h
5 à 15 mm/h
1-5 mm/heure
Epaisseur de qqs centimètres
1 à 2 mm
5-30 mm
Il est bien admis que la matière organique du sol est importante dans l’amélioration
des propriétés physiques du sol notamment sa structure. La détérioration à long terme de la
structure peut entraîner la compaction du sol sous la mécanisation, le piétinement, les pluies
ou une mauvaise gestion de l’irrigation.
Certaines pratiques culturales tels que:
+ Le travail excessif du sol augmente également la compaction puisqu’il accélère la
décomposition de la matière organique et endommage la structure du sol. Le travail de
conservation du sol et des rotations plus longues peuvent être de mise pour atténuer la
compaction. Dans certains cas, il peut être nécessaire d’utiliser une sous-soleuse pour
ensemencer une culture à racine profonde afin de remédier à la couche de compaction qui
se forme juste en dessous de la couche du travail du sol. Le travail excessif du sol augmente
également la compaction puisqu’il accélère la décomposition de la matière organique et
endommage la structure du sol. Le travail de conservation du sol et des rotations plus
longues peuvent être de mise pour atténuer la compaction. Dans certains cas, il peut être
nécessaire d’utiliser une sous-soleuse pour ensemencer une culture à racine profonde afin
de remédier à la couche de compaction qui se forme juste en dessous de la couche du travail
du sol.
+ L'augmentation de la pression exercée au sol par la machinerie et ce, à cause de:
-
des charges par essieu élevées;
-
des machineries à pneux multiples et/ou à diamètre plus grand: Une telle situation
induit une augmentation de la surface de contact entre la machine et le sol.
+ Le nombre élevé de passage des engins au champ : Il est important de préciser que le
tassement n’est pas un phénomène proportionnel mais plutôt cumulatif. Lors du premier passage,
l’engin provoque déjà environ 60% des dégâts totaux, 80% au bout du troisième passage et 95% au
huitième passage (Figure 4.5). Ainsi la règle d’or serait de mieux passer cent fois au même endroit
qu’une seule fois par cent chemins différents.
Figure 4.5. La densité apparente du sol en fonction du nombre de passages d’engins
à trois profondeurs différentes du sol (McNabb et al. 2001).
+ La pratique de la monoculture.
Chapitre 4 : ENCROUTEMENT ET
COMPACTAGE DU SOL
IV. CONSEQUENCES DE LA COMPACTION
1. Dégradation de la structure du sol comme illustrée sur les planches suivantes:
La couche
superficielle
(0-5 cm) d'un
sol
non
compacté et
un sol
compacté
(Marcello
pagliali).
2. Augmentation de la masse volumique apparente; réduction de la porosité totale
(surtout la macroporosité): Quand un sol est sujet au problème de tassement, sa
structure microscopique et macroscopique sont modifiées. Ainsi, on peut assister à
une diminution de la porosité (mesurée par l’indice des vides structuraux) et une
augmentation de la densité apparente du sol illustrées par la figure suivante.
Illustration des conséquences de la compaction sur la porosité du sol
3. Diminution de l’infiltration du sol qui peut donner naissance à l'apparition des
flaques d'eau en surface:
Ralentissement des échanges gazeux entre le sol et l’extérieur (la plante et l’atmosphère) bien
visualisé sur la photo suivante:
5. Réduction de la mésofaune du sol et de l'activité biologique: La compaction affecte
fortement et de façon négative le milieu de vie des populations microbiennes du sol,
mais aussi leur mortalité directe lors des passages des engins;
6. Réduction au niveau du taux de germination qu'on pourrait voir sur les photos
suivantes:
Champ avec un taux de germination élevé
Champ compacté avec un faible
taux de germination
7. Diminution la croissance racinaire: Un sol compacté provoque un accroissement de la
pression sur les parois cellulaires, ce qui réduit la vitesse d'élongation racinaire et
accroît leur diamètre. La plante peut répondre en réduisant le potentiel osmotique
dans les racines. De cette manière, l'élongation est maintenue à condition que la
compaction ne soit pas trop forte. Outre la compaction, certains chercheurs pensent
que la réduction de l'élongation pourrait également être provoquée par un messager
chimique synthétisé dans les racines. La diminution de la croissance des racines rend
la plante plus sensible à la sécheresse : l'impact d'un déficit hydrique, même
superficiel,
est
à
la
fois
plus
rapide
et
plus
fort.
La compaction modifie également le système respiratoire des racines. Ainsi, il est à
signaler que la compaction, en réduisant la porosité du sol, affecte négativement
l’absorption directe de l’air contenu dans la porosité du sol et par la suite la
croissance racinaire. En effet, avec un taux inférieur de 15 % d’oxygène dans la
porosité, l’absorption minérale décroît. En plus, quand ce baisse en dessous de 12 %,
il n’y a plus de formation de nouvelles racines. En outre, quand on est en présence
des valeurs de teneurs en oxygène en dessous de 5 %, il n’y a plus de croissance
racinaire. Finalemnt, avec un taux en dessous de 1 % d'oxygène dans le sol, les
racines perdent du poids et meurent.
8. Changement au niveau de la morphologie des racines par déformation des
ramifications: L’augmentation de la densité apparente des sols dans les zones
compactées entraînent une augmentation de la résistance mécanique des sols à la
pénétration des racines. Ces conditions induisent un développement restreint ou
anormal du système racinaire;
Photo de racines déformées suite au problème de compaction (photo Alain Brèthes).
 Perturbation au niveau de la nutrition minérale et à l'approvisionnement en eau. Les
symptômes de carence apparaissent sur plants en début de saison (carence en N plants
jaunâtre; coloration violacée suite à une carence en P). En fait, la compaction entrave la
circulation des gaz dans le sol au moment où les racines ont des besoins accrus en oxygène
pour répondre à l'augmentation de la respiration (voir plus haut). Cette situation peut conduire
à des cas d'hypoxie. L'accès à l'eau peut être rendu difficile dans la mesure où le sol à
proximité des racines tend à sécher plus rapidement. Le transfert de l'eau vers les racines
rencontre une plus grande résistance. Mais le prélèvement de l'eau est surtout limité par la
distribution hétérogène des racines dans le sol. Cela a bien sûr des conséquences directes sur
l'absorbtion des nutriments qui sont solubles dans l'eau comme le nitrate;
 Baisses de rendement: Des études ont montré que l’on peut enregistrer une baisse de
rendement allant de 10 à 30% dans un sol compacté. Ce pourcentage augmentera avec le
temps, si les mêmes pratiques culturales ayant causées la compaction sont maintenues.
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Chapitre 4 : ENCROUTEMENT ET
COMPACTAGE DU SOL
V. SOLUTIONS CONTRE LA COMPACTION
Si le problème de la compaction est rapide à se manifester, sa restauration reste très lente.
Pour une compaction de la couche superficelle du sol, on peut remédier aux effets
négatifs de cette forme de dégradation des sols par un certain nombre de mesures à savoir:
- Les apports de matière organique est un élément dont il faut tenir compte puisqu'une
baisse sensible de sa teneur dans les sols minéraux diminue la stabilité des agrégats et
augmente la susceptibilité du sol au compactage;
- Le travail de conservation du sol et des rotations plus longues peuvent être de mise
pour atténuer la compaction;
- Eviter de travailler le sol si son humidité est près de la saturation;
- Minimiser le nombre de passages des engins;
- Installer des systèmes de drainage;
- Ajouter des chenilles sur les essieux pour réduire la pression au sol
Dans certains cas où la compaction atteint les couches profondes sols, il peut être nécessaire
d’utiliser une sous-soleuse pour décompacter le sol. L'objectif premier du sous-solge est de briser les
horizons denses situés en profondeur pour permettre l'aération du sol, l'infiltration de l'eau et la
création des conditions favorables à l'activité microbienne.
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Composantes et caractéristiques de sous-soleuse (adapté de barthelemy et al. 1987).
Pour que l'opération de sous-solage soit efficace, elle devrait être effectuée à la fin de l'été
ou le début de l'automne. Les dents de la sous-soleuses doivent passer à environ 10 cm sous
la zone de sol à décompacter. Quant à la vitesse de la sous-soleuse au moment de
l'opération de décompactage, elle devrait être de l'ordre 5 à 6 km/h car à une vitesse
inférieure, l'effet recherché d'éclatement risque de ne pas être atteint.
Le sous-solage peut être une solution temporaire ou définitive pour remédier au problème de la
compaction des sols en profondeur. Cependant, si les façons et pratiques culturales ne sont pas
modifiées à la suite des travaux au sol ou des passages d'engins, la probabilité que les mêmes
problèmes réapparaissent est élevée.
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