L`école camerounaise et ses langues : le double défi

Transcription

L`école camerounaise et ses langues : le double défi
Education et Sociétés Plurilingues n°3-décembre 1997
L'école camerounaise et ses langues : le double défi
Jeannine GERBAULT
Il Camerun è un paese multilingue dell'Africa sub-sahariana, dove le due lingue ufficiali,
il francese e l'inglese, affiancano più di 200 lingue locali. E' un contesto sociolinguistico
complesso in cui la comunicazione nazionale risulta problematica e in cui la questione
delle lingue a livello scolastico è di importanza relevante.
Questo articolo presenta la situazione del Camerun, ricollocandola nel suo contesto
storico e sforzandosi di rendere conto degli usi linguistici degli abitanti del Camerun
d'oggi. Inoltre presenta gli elementi di risposta a ciò che l'autore analizza come una
doppia sfida per il sistema educativo del Camerun : permettere alla scuola di utilizzare le
lingue locali per l'educazione dei bambini e, allo stesso tempo, rendere più efficace e
pertinente l'insegnamento delle lingue ufficiali. L'articolo contiene un resoconto del
cammino percorso in questa direzione negli ultimi 30 anni e della sperimentazione
riguardante l'introduzione delle lingue locali del Camerun nelle scuole primarie et
secondarie. L'autore presenta inoltre gli ostacoli e le difficoltà che incontrano i progetti di
pianificazione linguistica nel sistema educativo del Camerun..
This paper is concerned with Cameroon, one of the highly multilingual countries in the
African continent. In this country, the two official languages, French and English, coexist
with more than 200 mother tongues. It is a complex sociolinguistic context, in which
national communication is a problem, and where the use of languages in schools is an
important issue. This article presents the historical background of the language situation
in Cameroon, while reporting on contemporary language use. It also presents the
responses to what the author views as a two-fold challenge for the Cameroonian school
system : to allow for the use of mother tongues in the schooling of children, and
simultaneously make the teaching of the official languages more efficient and relevant.
A factual report of what has been accomplished over the last thirty years is given, and the
experimental introduction of Cameroonian languages in the school system is presented.
Some constraints upon the reform projects in language education in Cameroon are also
put forward.
Dans les pays africains comme ailleurs dans le monde, les questions d'éducation
formelle sont devenues une préoccupation majeure ; on a partout pris conscience
du rôle crucial de l'école dans le développement économique d'un pays. Et
puisque le langage est l'instrument essentiel de toute éducation formelle, les pays
bilingues ou multilingues doivent faire des choix concernant la ou les langues
utilisées à l'école. De plus, la construction d'un État moderne, caractérisé par une
même langue (ou plus) parlée par l'ensemble de la population, a été et reste un
objectif fondamental des pays multilingues.
Intéressons-nous ici au cas du Cameroun, pays multilingue s'il en est. Je
commencerai par le situer rapidement sur les plans géographique et historique,
puis je le présenterai sur le plan linguistique. Je décrirai ensuite comment on
utilise les langues dans la société et dans la vie de tous les jours, et ce qui se
passe à l'école, en particulier en ce qui concerne l'utilisation des langues. Je
J. Gerbault, L'école camerounaise et ses langues : le double défi
montrerai que, pour le système éducatif camerounais, les décisions à prendre se
présentent sous la forme d'un double défi : introduire des langues camerounaises
à l'école, et améliorer l'efficacité de l'enseignement du français et de l'anglais.
Quels éléments de réponses à ce double défi a-t-on jusqu’ici considérés ou mis en
oeuvre ? C'est ce que je m'efforcerai de dire aussi.
Un peu de géographie et d'histoire
Le Cameroun se trouve sur la côte ouest de l'Afrique, un peu au nord de
l’Équateur (Carte 1). Les premiers contacts avec les Portugais remontent au
15ème siècle, et se sont limités aux régions côtières. Ce n'est qu'à la fin du 19ème
siècle que les Européens ont commencé à explorer l'intérieur des terres. La partie
la plus proche du littoral est d'abord devenue un protectorat allemand. Après la
Première Guerre Mondiale, Britanniques et Français se sont partagé le territoire
de l'actuel Cameroun. Après l'indépendance du pays en 1960, l’état britannique, à
l'ouest, et l’état français, à l'est, ont constitué une République Fédérale. Le
français et l'anglais ont été choisis comme langues officielles (Constitution de
1961) pour des raisons d'ordre pratique, dans un souci d'assurer continuité et
unité. Une république unie a remplacé la Fédération en 1972. Le pays a continué
à entretenir d'étroites relations avec la France et la Grande-Bretagne. Aujourd'hui
le Cameroun a gardé les mêmes langues officielles – l'anglais et le français –
dans lesquelles les affaires du pays sont conduites1.
Le pays et ses langues ...
Le Cameroun d’aujourd'hui compte environ 12 millions d'habitants pour une
superficie un peu inférieure à celle de la France. La composition linguistique de
sa population est très hétérogène : on a recensé 236 langues camerounaises, qui
appartiennent à trois des quatre grandes familles de langues africaines (ALCAM
1983), ce qui donne une moyenne d'environ 50 000 locuteurs par langue.
Le pays comprend dix provinces administratives. La partie officiellement
anglophone, à l'ouest, représente 1/5 de la population (3 provinces), et la partie
officiellement francophone les 4/5 restants (Carte 2). Mais la diversité des
langues camerounaises ne respecte pas, bien entendu, les frontières
administratives. De nombreuses langues cohabitent dans chaque province, et le
nombre de personnes parlant chacune d’elles est très variable. Mais comme les
recensements nationaux évitent d'interroger sur l'appartenance ethnique (nous
verrons pourquoi), on ne dispose pas de statistiques indiquant le nombre de
locuteurs de chaque langue2.
Une langue officielle est une langue qu'un citoyen peut utiliser dans ses rapports avec
le gouvernement et les institutions de l'Etat, et attendre qu'on lui réponde dans la même
langue.
1
En zone francophone, le français est première langue officielle (LO1) et l'anglais est
deuxième langue officielle (LO2). En zone anglophone, c'est l'inverse. Par exemple, à
2
J. Gerbault, L'école camerounaise et ses langues : le double défi
Certaines langues ont une large diffusion dans le pays et au-delà de ses
frontières. C'est le cas du fulfuldé (appelé aussi "peul" en français), parlé dans le
nord et les régions voisines des pays limitrophes, Tchad, Nigeria, Niger. Le
fulfuldé est d'ailleurs la langue dont on estime qu'elle a le plus grand nombre de
locuteurs natifs, peut-être 350 000 au Cameroun. D'autres langues, comme
l'ewondo et le duala, dans les provinces du Centre, où se trouve la capitale
administrative, Yaoundé, et du Littoral, où se trouve la capitale politique,
Douala, ne sont parlées qu'au seul Cameroun. D'autres encore, comme de
nombreuses langues du groupe bamiléké, à l'ouest, n'ont que quelques milliers de
locuteurs et un usage très limité géographiquement. On parle aussi certaines
langues camerounaises de l'autre côté des frontières avec le Nigeria, la Guinée
Équatoriale, le Gabon, le Congo, ou la Centrafrique.
Les régions de l'ouest, qui sont en majorité officiellement anglophones, sont les
plus dynamiques sur le plan économique. On y trouve un riche patrimoine
culturel et des traditions particulièrement vivantes. C'est justement là que s'est
développé depuis trois siècles ce qu'on appelle aujourd'hui le pidgin english du
Cameroun. C'était à l'origine un parler utilisé uniquement pour permettre la
communication entre les populations établies sur le littoral, du Golfe du Biafra au
Golfe de Guinée. L'utilisation du pidgin english déborde largement vers le
Nigeria. Cette langue un peu spéciale, au vocabulaire en partie d'origine anglaise,
a pris aujourd'hui une importance remarquable : on continue de l'utiliser dans sa
région d'origine, mais elle a aussi gagné pratiquement tous les grands centres
urbains du sud et du centre du pays. De récentes enquêtes ont montré que le
pidgin english est sans doute la langue qu'on parle le plus aujourd'hui au
Cameroun (environ deux millions de personnes la parleraient), mais il reste sans
reconnaissance officielle, et sans prestige.
Pas plus que le pidgin english, les langues camerounaises n'ont de statut légal. Ce
sont des langues "ethniques", dont on reconnaît ouvertement l'existence, sans
qu’elles aient aucune fonction officielle. Chacune est associée à une
appartenance ethnique ou à une région particulière. Il faut savoir que l'unité
politique du pays, menacée à plusieurs reprises depuis l'indépendance, reste un
souci prioritaire du gouvernement camerounais. D'un point de vue strictement
politique, si l'une ou certaines des langues camerounaises se trouvaient
privilégiées officiellement pour la communication nationale ou régionale, cela
risquerait d'être perçu comme une menace pour les groupes parlant d'autres
langues. C'est cette crainte de rivalité ouverte qui explique l'absence de toute
statistique officielle sur le nombre de locuteurs de chaque langue. C'est
certainement aussi l'une des raisons de l'expansion du pidgin english, qui, lui,
n'est associé à aucun des groupes ethniques, et n'est donc "menaçant" pour
personne.
Yaoundé, le français est LO1 et l'anglais LO2, tandis qu'à Bamenda, l'anglais est LO1 et
le français LO2.
J. Gerbault, L'école camerounaise et ses langues : le double défi
La télévision et les radios nationales émettent en français et en anglais. Chacune
des dix radios provinciales de Radio-Cameroun émet aussi quotidiennement dans
les langues camerounaises les plus parlées dans chaque province ; ceci concerne
une trentaine de langues en tout. Quant au pidgin english, on ne l'utilise à la radio
que lorsqu'il y a un message urgent à transmettre. (Ce qui signifie qu'on reconnaît
en haut lieu l'efficacité de la communication dans cette langue !)
... et ceux qui les parlent
Bien entendu, la situation de bilinguisme officiel au Cameroun ne signifie pas du
tout que tout le monde parle anglais et français. A quelques exceptions près, on le
verra dans un instant, le jeune enfant apprend d'abord une langue camerounaise,
celle de sa mère, de son père si elle est différente, ou les deux. C'est dans ces
langues que se font ses premières expériences et que se construisent ses premiers
rapports au monde. Car ce sont ces langues qu'il entend dans sa famille, son
village ou son quartier : les adultes communiquent dans leur langue maternelle
ou dans une autre langue camerounaise commune. On réserve le français et
l'anglais aux échanges extérieurs, ceux du monde moderne, l'administration, la
poste, la médecine occidentale, par exemple. Et encore, bien souvent, même dans
ce type d'échanges, s'il se trouve une langue maternelle ou une autre langue
camerounaise commune – le duala, l'ewondo, le fulfulde, par exemple – c'est elle
qu'on utilisera de préférence, ou avec l'une des langues officielles. Si l'enfant
habite le Cameroun anglophone, il apprend aussi très tôt le pidgin english.
D'ailleurs, des personnes qui ne savent pas l'anglais utilisent aussi le pidgin
english dans la zone francophone du Cameroun.
Pourtant, en zone francophone, dans certaines grandes villes du centre et du sud,
et à Yaoundé en particulier, on se rend compte que l'utilisation du français
domine chez les personnes francophones qu'il est convenu d'appeler "lettrées" –
celles qui sont allées à l'école au moins jusqu'à la classe de troisième. Elles se
sont approprié cette langue, et l'utilisent de manière régulière. Cet usage a créé
une sorte de français régional, avec ses propres intonations, ses propres
particularités de vocabulaire, comme dans d'autres pays d'Afrique.
A côté de ce français des lettrés, il existe aussi dans les grandes villes une variété
de français rudimentaire, dit "véhiculaire". Par exemple, dans les marchés de
Yaoundé, des personnes de langues maternelles différentes ayant reçu peu ou pas
d'instruction à l'école vont parler cette variété de français. Celle-ci joue alors un
peu le même rôle que le pidgin english à son origine. Mais il faut savoir que,
alors que français des lettrés et français véhiculaire sont inter-compréhensibles, il
n'y a pas d'inter-compréhension entre l'anglais et le pidgin english.
Comme tout le monde ne maîtrise pas les langues utiles en ville – en particulier
le français et l'anglais dans leurs zones respectives – on a souvent le sentiment
qu'il existe un sérieux problème de communication, un "écran linguistique", pour
une bonne partie des citoyens camerounais, même s’ils participent d'une certaine
manière, par le petit commerce par exemple, aux activités du pays. L'observation
J. Gerbault, L'école camerounaise et ses langues : le double défi
et les comptes-rendus des audiences des tribunaux de la justice "officielle"3, où
l’intervention d’interprètes est le plus souvent nécessaire, illustrent bien ce
problème de communication.
Il y a donc, face à la politique linguistique officielle – le bilinguisme françaisanglais – un état de fait, des comportements langagiers qui sont tout autres.
Résumons-nous : le français et l'anglais, langues importées officielles, ne sont
pas vraiment en concurrence avec les langues camerounaises pour la
communication interpersonnelle. Parmi le grand nombre de langues
camerounaises parlées, certaines, auxquelles il faut ajouter le pidgin english, ont
un rôle de langues véhiculaires reconnu de tous. Des variétés locales de français
jouent aussi ce rôle dans des contextes urbains bien précis. La Carte 2 montre la
répartition du pidgin english et des langues camerounaises les plus utilisées, ainsi
que les provinces officiellement francophones et anglophones.
Le multilinguisme de la société camerounaise semble relativement stable. Bien
sûr, à cause des changements sociaux de cette fin de 20ème siècle, en particulier
dans les domaines du transport, du commerce et de la communication, on a pu
constater que les domaines d'utilisation de certaines langues camerounaises
minoritaires ou peu prestigieuses se sont réduits au profit de langues moins
minoritaires ou plus prestigieuses.
Mais les identités linguistiques et culturelles régionales et locales restent très
marquées dans ce pays et la politique officielle a été de reconnaître leur
existence.
Et l’école ?
Dans ce contexte qui peut sembler bien complexe, comment fonctionne l'école ?
Faisons d'abord un bref retour en arrière. Pendant la période de la colonie, ce sont
les missionnaires chrétiens qui ont introduit l'éducation à l'école "à l'occidentale".
Les administrations française et britannique l'ont ensuite prise en charge. Les
missionnaires ont commencé par utiliser quelques-unes des langues locales ;
mais seule l'administration britannique a continué à les utiliser, tandis que
l'administration française menait l'enseignement entièrement en français. Peu à
peu, les missionnaires se sont vus forcés par l'administration d'abandonner
l'enseignement des langues camerounaises. Après 1972, date de l'unification du
pays, l'enseignement primaire, que chacune des deux parties avait géré
indépendamment, est devenu la responsabilité du gouvernement central.
Aujourd'hui le français, en zone francophone, et l'anglais, en zone anglophone,
continuent d'être les langues de l'école. Une éducation de type européen s'est
maintenue. La partie anglophone du pays a adopté un système éducatif calqué sur
le système britannique, et la partie francophone un système à la française.
Comme en Europe, à côté des écoles publiques gérées par le Ministère de
À côté de l’institution moderne, une justice "coutumière" continue d’exister dans les
villages.
3
J. Gerbault, L'école camerounaise et ses langues : le double défi
l’Éducation Nationale, il existe des écoles privées, confessionnelles ou non, qui y
sont rattachées par contrat. Dans chacune des deux zones linguistiques, on
enseigne l'autre langue officielle à l'école, au collège, ou au lycée, mais il y a très
peu d'établissements publics ayant un cursus bilingue. Ce n'est qu'au niveau
universitaire que l'enseignement est réellement bilingue en anglais et en français.
En principe la scolarisation dans le primaire est obligatoire et gratuite, mais il y a
beaucoup de familles qui ne peuvent assumer les frais incontournables liés à
l'inscription de leurs enfants dans une école (assurances, taxes forfaitaires,
manuels, etc.), surtout dans les grands centres urbains. Sauf dans les grands
centres urbains, où se concentre l'élite "moderne" du pays, un enfant entre à
l'école sans connaître aucune des deux langues officielles (LO1 et LO2). Le
français et l'anglais s'apprennent à l'école, et on ne les utilise ailleurs que dans
certaines circonstances, hors de la famille et du quartier de résidence. Dans le
Cameroun anglophone, les enfants qui entrent à l'école primaire parlent
généralement le pidgin english en plus de leur langue maternelle, mais ni
l'anglais, ni le français, bien entendu.
Les instituteurs font de leur mieux : dans la plupart des communautés
villageoises, les enfants ont la même langue maternelle, que l'instituteur parle
aussi. Il l'utilise pour permettre les premiers échanges. C'est pédagogiquement
efficace, mais légalement proscrit... On a ici effectivement, par la force des
choses, un enseignement bilingue d'un certain type – on l'appelle "de transition"
dans les études traitant de l'éducation bilingue. Mais c'est une solution de
dépannage, pas un ensemble de procédures organisées. Il n'est pas question dans
les instructions officielles d'utiliser les langues maternelles de manière
systématique et structurée, ni de les enseigner. La formation classique des
enseignants, d'ailleurs, n'inclut pas cette composante. Dans certaines régions,
c'est en pidgin english qu'on peut communiquer avec les enfants qui entrent à
l'école. C'est pourquoi certains intellectuels (qui sont loin d'être la majorité)
pensent que l'enseignement à l'école devrait tenir compte aussi de l’importance
du pidgin english dans la vie quotidienne.
L'école utilise donc la langue officielle de la région, et l'enseigne, non comme
une langue seconde, mais comme si c'était la langue maternelle. Dans ces
conditions, on ne peut pas être surpris que beaucoup de ces enfants, scolarisés
dans une langue qu'ils ne maîtrisent pas, aient des performances très modestes. Et
si les effectifs sont raisonnables dans les villages, les classes des grandes villes
sont le plus souvent surchargées, par manque de locaux, de maîtres, ou des deux
à la fois. Évidemment, cela ne facilite pas l'apprentissage de la langue de l'école.
La maîtrise approximative de la langue de scolarisation joue pour beaucoup dans
la déperdition scolaire, qui est importante.
Pourtant, pour la majorité des parents, l'école est inséparable de l'apprentissage
du français et/ou de l'anglais. Ils savent que la connaissance de ces langues
apporte en principe des avantages socio-économiques. Cette conviction est
solidement ancrée, même si aujourd'hui les problèmes économiques permanents
J. Gerbault, L'école camerounaise et ses langues : le double défi
de pays comme le Cameroun font que de jeunes adultes ayant réussi leur scolarité
en anglais ou en français ont en réalité peu de chances de trouver un emploi
fondé sur cette réussite.
En même temps, la plupart des gens, qu'ils soient lettrés ou non, continuent d'être
convaincus que les langues africaines sont inférieures. Le dynamisme des
langues et des cultures camerounaises ne s'accompagne pas de leur valorisation
dans le monde moderne, et dans l'école en particulier, où un mépris vis-à-vis des
langues locales, acquis par des années de colonisation, persiste chez beaucoup.
Parlons maintenant de l'enseignement de la deuxième langue officielle.
L'enseignement de la LO2 pose effectivement problème dans les deux zones
linguistiques. Un grand nombre de Camerounais ne parlent ni français ni anglais,
mais parmi ceux qui parlent l'un ou l'autre, peu sont réellement bilingues en
anglais et en français. Même pour la population "lettrée", il est possible de vivre
activement dans chacune des zones linguistiques du pays sans connaître l'autre
langue officielle. En réalité, puisque c'est le français qui domine numériquement,
ce sont les Camerounais officiellement anglophones qui subissent davantage la
pression d'apprendre l'autre langue officielle, et donc eux qui deviennent plus
souvent bilingues anglais/français que les Camerounais officiellement
francophones. Le système éducatif ne semble donc pas vraiment remplir sa
fonction, qui est, en principe, d'éduquer des personnes qui seront bilingues en
anglais et en français.
Mais la relative inefficacité de l'enseignement des deux langues officielles et
l'exclusion des langues maternelles ne sont pas les seuls problèmes qui se posent
ici pour l’école. Car la variété de français que les locuteurs instruits utilisent
s'écarte assez sensiblement de celle que proposent les manuels scolaires. Ceux-ci
enseignent le français de France, même si les situations dans lesquelles on
présente la langue sont généralement adaptées au contexte local. Ce sont pourtant
les adultes camerounais instruits qui servent de modèle quotidien aux jeunes qui
fréquentent les établissements d'enseignement. Il y a dans ce français des
particularités que l'on retrouve aussi bien dans la communication
institutionnalisée (médias, affiches, publicité...) que dans les échanges privés
oraux ou écrits4.
Les raisons de cette différence de normes ne manquent pas. Il y a dans l'usage
local du français au Cameroun, comme dans celui d'autres pays d'Afrique dite
francophone, des tendances communes. Elles sont le résultat de l'appropriation de
la langue française par des personnes qui se trouvent dans des contextes
linguistiques, sociaux, et culturels bien différents du contexte français de France.
Cette appropriation a pour effet de reconstruire des usages adaptés à ces
contextes. Comme le note Simard (1991 : 6), "ce qui est stigmatisé, ce sont les
Ce qui est dit ici à propos du français peut aussi s'appliquer dans une certaine mesure
aux variétés d'anglais langue seconde. Mais l'usage du pidgin english en limite les effets
pour l'anglais.
4
J. Gerbault, L'école camerounaise et ses langues : le double défi
locuteurs qui s'entêtent à vouloir copier l'accent et les expressions du français de
France... Si une personne veut bénéficier du prestige que lui confèrent ses études,
il faut qu'elle montre qu'elle est ... [camerounaise] avant tout".
Il s'agit bien d'un double problème, qui pose un double défi5 : pour donner à
l'école sa vraie place dans la société camerounaise, il faudrait lui permettre de
tenir compte d'une part des répertoires linguistiques des enfants qu'elle accueille,
et d'autre part des répertoires visés à la fin de la période de scolarisation. Voyons
maintenant dans quelles directions s’est réalisée la recherche de réponses aux
problèmes de l'enseignement scolaire au Cameroun.
Des éléments de réponses
Pour les langues camerounaises
Faisons d'abord encore une fois un bref retour sur le passé récent. Dans les 25 ans
qui ont suivi l'indépendance, les linguistes camerounais ont accompli un travail
important de description des langues locales. Plus de la moitié d'entre elles ont
aujourd'hui un système d'écriture harmonisé et pourraient être utilisées à l'école.
Plusieurs entreprises d'alphabétisation des adultes en langues camerounaises ont
été et continuent d'être menées avec la coopération du Ministère de la Jeunesse et
des Sports, responsable de l'alphabétisation des adultes au Cameroun. Dans le
système scolaire proprement dit, c'est dans un collège privé de Douala qu'on a
commencé à enseigner ces langues en 1967. L’objectif était d'éviter chez les
jeunes le déracinement complet que risque de provoquer la scolarisation
exclusivement dans une langue étrangère. Cinq langues ont donc fait leur entrée
dans une école privée il y a trente ans. Mais ceci ne modifiait en rien les
programmes officiels.
En 1973, des séminaires de réflexion et de développement de matériel
d'enseignement ont été organisés. Peu à peu, d'autres établissements privés
d'enseignement secondaire ont suivi l'exemple de Douala et l'enseignement s'est
structuré. On a décidé de consacrer une heure par semaine à l'enseignement d'une
langue camerounaise. On s'est aperçu bien vite que le manque d'enseignants
formés limitait sérieusement l'entreprise. Ce n'est évidemment pas la même chose
de savoir parler une langue et d'être capable de l'enseigner.
En 1978, le Projet de Recherche Opérationnelle pour l'Enseignement des
Langues au Cameroun (PROPELCA) a vu le jour. La conviction des initiateurs
de ce projet était que, dans un pays comme le Cameroun, la réussite scolaire est
avant tout une réussite linguistique. Pour donner aux enfants camerounais plus de
chances de réussir à l'école, il s'agissait d'introduire les langues maternelles à
l'école primaire, et de généraliser l'enseignement bilingue en anglais et en
français au niveau du secondaire, de façon à "donner à ce pays un type de
Je reprends ce terme de "défi" à la suite de Tadadjeu (1990), qui situe le projet
PROPELCA dans la perspective d’un défi semblable à celui que présente le mythe
multilingue de la Tour de Babel.
5
J. Gerbault, L'école camerounaise et ses langues : le double défi
système éducatif... tout à fait authentique" (Tadadjeu 1990 : 15). L'intention était
"d'utiliser les langues locales comme instrument d'éveil de l'esprit scientifique et
technologique à partir des jeux traditionnels, de l'environnement immédiat, ... des
techniques et des industries traditionnelles" (ibid.)
Les enseignants et universitaires engagés dans le projet PROPELCA ont défini
un programme pour l'école primaire qui employait deux langues dès le début de
la scolarité, la langue maternelle (L1) et la première langue officielle (LO1). La
langue maternelle était le moyen d'instruction et la première langue officielle
était enseignée comme matière. Au cours des trois premières années le statut des
deux langues changeait progressivement, c'est-à-dire que la LO1 devenait le
moyen d'instruction et on prévoyait que la L1 ait une place dans l'emploi du
temps des classes supérieures et qu'elle y soit enseignée au moins deux heures
par semaine.
L’introduction des langues à l'école se faisait selon le schéma suivant :
Tableau 1
Pourcentages d'utilisation des langues au primaire.
L1
75
60
40
15
SIL (maternelle)
CP
CE1
CE2-CM1
LO1
25
40
60
85
L1 = langue maternelle
LO1 = première langue officielle de la région
SIL = Section d'Initiation au Langage
CP = cours préparatoire (6 ans)
CE1 = cours élémentaire 1ère année (7 ans)
CE2-CM1 = cours élémentaire 2ème année et cours moyen 1ère année, classe à
"double niveau" (8-9 ans)
Le Tableau 2 montre le contenu de l'enseignement des trois premières années du
primaire :
Tableau 2
Programme PROPELCA pour les 3 premières années de l’enseignement primaire.
SIL
Langue maternelle
(L1)
Langue officielle
(LO1)
CP
CE
-lecture courante
-alphabet de la langue maternelle
-orthographe correcte
-initiation à la lecture & à -perfectionnement en
-notions grammaticales
l'écriture
lecture & écriture
-rédaction de petits textes
contes, chants, récits, narrati ons
-vocabulaire
-transition à la lecture & à -atteindre programme officiel
-structure de LO1 tirée de l'écriture de LO1
(élargir vocabulaire, s'habituer
la vie quotidienne, par
-particularités de
aux termes grammaticaux &
l'oral
l'orthographe de LO1
structures plus compliquées
J. Gerbault, L'école camerounaise et ses langues : le double défi
Calcul
-nombres 1-20 (concepts
& chiffres), addition &
soustraction en L1
-nombres 1-100, les 4
-1-1000, les 4 op. avec retenue,
opérations en L1 (et LO1) notions géométriques, argent,
mesures & poids en L1 & LO1
(Source : Manuel de Formation.., Tadadjeu et al. 1988)
La formation des maîtres
Un certain nombre de maîtres ont été formés ou recyclés dès le début du projet
pour pouvoir enseigner efficacement dans ce nouveau programme. Leur
formation, dont l'essentiel figure dans le Manuel de Formation.. (Tadadjeu et al.
1988), comprenait d’abord des explications sur les raisons de l'exclusion des
langues camerounaises du système éducatif.
La formation incluait quelques éléments de l'histoire politique du pays avant et
depuis l'indépendance, et on y abordait la question du mépris collectif par les
Camerounais de leurs propres valeurs, dont les langues font partie. Puis on
expliquait les raisons pédagogiques importantes qui fondent l'enseignement des
langues camerounaises dans les écoles : en commençant l'éducation par la langue
que l'enfant connaît déjà, on augmente la capacité de cet enfant à acquérir des
connaissances et à apprendre une autre langue.
La formation présentait ensuite le programme d'introduction des langues au
primaire (Tableaux 1 & 2), et le matériel disponible. Celui-ci se composait pour
chaque langue maternelle de manuels de préparation à la lecture (pré-syllabaire)
et de lecture aux différents niveaux (syllabaire et post-syllabaire), ainsi que de
livres de calcul.
Pour les langues officielles (anglais ou français), il y avait des fiches pour le
maître et des manuels pour faire la transition de la L1 à la LO1 en lecture et en
écriture.
Une particularité intéressante de ces matériels est que l’on enseignait à l’enfant
l’écriture scripte pour la L1, et l’écriture cursive pour la LO1. Ce choix a été fait
pour des raisons de commodité dans l’écriture de certains sons des langues
camerounaises et aussi pour que l’enfant ne les confonde pas.
Tableau 3
Matériel didactique
SIL
L1
LO1
CP
-Présyllabaire (utilisable
-Syllabaire 2 (complétant
pour n'importe quelle
l'alphabet de L1)
langue)
-Syllabaire 1
spécifiques pour chaque
-Dialogues & fiches pour
-Livres de transition
le maître
CE1
-Postsyllabaire avec
exercices d'orthographe et
de grammaire
langue
-Matériel du programme
officiel (p.ex., livre
unique..)
Calcul
Livre 1
édition anglaise & française
Livre 2
Livre 3
J. Gerbault, L'école camerounaise et ses langues : le double défi
un modèle traduit en chaque langue
(Source : Manuel de Formation.., Tadadjeu et al. 1988)
Ces différents matériels ont été publiés avec le soutien financier de l’ACDI
(Agence Canadienne de Développement International). Des exemples de leurs
contenus sont présentés à la fin de cet article.
Le troisième volet de la formation apportait des directives méthodologiques pour
l'enseignement de la L1 et de la LO1, de la lecture, du calcul, en insistant sur la
place de la L1 et de la LO1 dans l'éducation primaire, l’enseignement du calcul
dans l’éducation bilingue et sur les problèmes spécifiques de l’enseignement de
la LO1 comme langue seconde. Enfin, les maîtres recevaient une formation
pratique en langue maternelle, destinée à les familiariser avec quelques notions
particulières de grammaire des langues africaines (par exemple les tons et les
temps). Tout ceci forme un ensemble cohérent et assez complet. Le tableau 4
présente un exemple du contenu des stages de formation pédagogique
PROPELCA tel qu’il se présente dans le Manuel de formation. A titre indicatif,
entre 1981 et 1988, 318 maîtres ont été formés pour l’enseignement de 13
langues différentes.
Exemple du contenu des stages de formation pédagogique PROPELCA :
•
•
•
•
•
•
Introduction aux buts et objectifs de PROPELCA, état actuel du projet
Présentation du matériel pédagogique
Méthodologie : Lecture (principes généraux, SIL, CP, CE1, pratique en
groupes). Calcul (principes généraux, SIL, CP, CE1, pratique en groupes).
Langue officielle enseignée comme L2 (oral, lecture/orthographe, pratique en
groupes)
Évaluations des élèves du programme PROPELCA
Implications administratives
Pratique journalière de l’écrit en langue maternelle
(Source : Ibid. : 126)
La phase préparatoire du programme s’est déroulée de 1978 à 1981. A partir de
1980, on a créé dans des établissements privés des classes expérimentales
fonctionnant sur le modèle PROPELCA. En 1980, puis de nouveau en 1984, le
groupe PROPELCA a sollicité officiellement la collaboration et l’appui du
Ministère de l’Éducation Nationale. En dépit de réunions de concertation et de
plusieurs échanges officiels de correspondance, il n’a pas été possible d’étendre
l'expérimentation de PROPELCA à des établissements publics. Malgré cet échec,
les universitaires camerounais ne se sont pas découragés. Ils ont continué à
travailler, et en particulier à élaborer du matériel didactique et à former des
maîtres6. Mais tant que ce programme n’obtient pas l’autorisation de s'étendre à
des établissements publics, il reste "expérimental", ce qui signifie, en clair, qu’il
reste à l’état de projet.
L'Université de Yaoundé propose aussi depuis 1987 une formation de haut niveau pour
l'enseignement et la création de matériel d'enseignement en langues camerounaises et en
langues officielles (Maîtrise de Linguistique Appliquée, dite "professionnelle").
6
J. Gerbault, L'école camerounaise et ses langues : le double défi
Les travaux des membres du groupe PROPELCA ont aussi comporté un plan
d'enseignement des langues camerounaises dans le secondaire. Cet enseignement
devait "permettre à l'élève d'accéder à la connaissance d'une langue nationale qui
lui est maternelle ou quasi maternelle, afin qu'il puisse approfondir la littérature
et l'héritage culturel associés à cette langue, ...[et lui] donner ...une large
ouverture à une langue nationale autre que la sienne afin qu'il puisse apprécier la
culture associée à cette langue tout en s'insérant dans un cadre de communication
plus large" (Tadadjeu 1990 : 178).
Pour les langues officielles. Le programme PROPELCA comprenait aussi un
projet de structure d'enseignement bilingue (LO1 et LO2) dans le premier cycle
du secondaire. Là encore, ce sont des collèges privés qui ont commencé
l'expérimentation de cette structure en 1982. Mais, comme pour le primaire, il
n’y a pas eu de décision officielle pour modifier l’organisation et les contenus de
l’enseignement. Aujourd'hui, un petit nombre d'établissements secondaires
publics se disent bilingues, mais on y trouve généralement juxtaposées une
section anglophone et une section francophone. Peu de Camerounais apprennent
les deux langues officielles au collège ou au lycée de manière équilibrée.
C'est la constatation de ce déséquilibre qui a donné naissance, il y a une dizaine
d'années, au programme gouvernemental de développement du bilinguisme
officiel, "Opération Bilinguisme". Dans ce cadre, les actions les plus visibles ont
été l’introduction systématique de l'apprentissage de la LO2, le français, dans les
trois dernières années du cycle primaire dans les provinces anglophones, et la
formation dans l'autre langue officielle d’un certain nombre de fonctionnaires de
l’état.
En ce qui concerne le problème posé par les variétés locales de français pour son
utilisation et son enseignement à l’école, la réflexion est beaucoup plus récente.
Sa formulation remonte seulement au début des années 90. Le constat de départ
était donc le suivant : dans certains pays d’Afrique Noire francophone, dont le
Cameroun, les modèles offerts par les personnes instruites s’exprimant en
français dans un certain nombre de leurs activités quotidiennes interfèrent avec le
modèle que propose l’école. Il s’agissait de résoudre ce qu’on a pu appeler un
conflit de normes.
Des équipes de recherche franco-camerounaises ont travaillé pour mettre en
évidence des normes de français local ("endogène"). Mais la réflexion n’a pas
pour l’instant dépassé le cadre des chercheurs. Il n’y a pas eu de création de
matériel pédagogique. Seules des recommandations ont été faites, qui pour le
moment restent confidentielles. Elles portent essentiellement sur le
comportement de l’enseignant face à l’erreur. On lui recommande de ne pas
évaluer la compétence en français seulement par référence à une norme
extérieure (celle du français de France) tenue pour intangible ; de mettre en
évidence, à côté de la norme du français de France, l’existence et la légitimité de
normes locales, pour la langue écrite et pour la langue orale. Les besoins réels de
communication des élèves camerounais doivent être pris en compte, et un
J. Gerbault, L'école camerounaise et ses langues : le double défi
enseignement approprié du français devra donner accès à la diversité des usages,
qui sont complémentaires.
En conclusion
Les étapes franchies jusqu’ici au Cameroun l’ont été en grande partie grâce à la
lucidité, aux capacités, et à l’énergie d’universitaires et d’enseignants
camerounais. Mais l’autorité politique n’a pas encore fait de recommandations
pour que soit choisie et financée une approche radicalement nouvelle dans le
domaine de l’éducation. Au Cameroun, le souci de stabilité politique et d’unité
nationale est toujours au premier plan. Au plus haut niveau, on se montre
extrêmement prudent, et c’est le statu quo qui prévaut. Pour des raisons
complexes et qui ne sont pas sans fondement, on se montre réticent vis-à-vis de
réformes d’une certaine ampleur dans le système éducatif. Cette position
"d’attente" joue un rôle particulièrement important dans un pays où le système
éducatif est centralisé et où les programmes scolaires sont établis nationalement,
suivant en cela le système français.
Pourtant, la complémentarité reconnue entre les langues importées et les langues
locales laisse à penser que le système d’éducation va tendre à accueillir plus
ouvertement les différents types de répertoires (langues maternelles-langues
officielles, d’une part, variétés locales-variétés importées des langues officielles,
d’autre part). C’est le double défi que les décideurs et les éducateurs auront à
relever dans les années à venir. Il faudra pour cela persuader le public, les
parents, les enseignants eux-mêmes, du bien-fondé des changements souhaités.
Le Cameroun, avec sa politique officielle bilingue et son multilinguisme
national, présente à lui seul un large éventail des problèmes rencontrés dans les
environnements sociolinguistiques complexes. L’expérience de ce pays permet
d’éclairer utilement les situations d’autres pays possédant certaines
caractéristiques semblables. Mais nous savons bien qu’il n’y a pas de solution
toute faite. Chaque contexte est unique et exige que l’on y cherche des solutions
qui lui sont propres.
Références
Abomo Samba, A., Ndoh Nomo E., Akonga, A. (1982, 1986) Syllabaire 2 ewondo, Collection
PROPELCA N° 8, Université de Yaoundé.
ALCAM, Atlas Linguistique du Cameroun (1983) Paris : ACCT.
Gerbault, J. (1994) "Norme endogène au Cameroun". In Manessy (éd.), A propos du français en
Afrique. Questions de normes. Nice, Centre d’Etude des Plurilinguismes, IDERIC, N°
spécial, pp. 39-52.
Manessy, G., éd. (1991) Norme endogène et normes pédagogiques en Afrique Noire
francophone. Rapport scientifique. Nice, Centre d’Etude des Plurilinguismes, IDERIC.
J. Gerbault, L'école camerounaise et ses langues : le double défi
Nomo, J., Mbandji Bawe, E., Gfeller, E. (1985) Syllabaire 1 ewondo, Collection PROPELCA
N° 27 (Univ. de Yaoundé).
Shell, O. (1985) Observer, réfléchir, agir : présyllabaire, Collection PROPELCA N° 5 (Univ.
de Yaoundé).
Shell, O., Vensu, A. (1983, 1985) From Mother Tongue to English, Collection PROPELCA N°
16 (Univ. de Yaoundé).
Simard, Y. (1991) "Compte-rendu de mission en Côte d’Ivoire", Bulletin du Centre d’Etude des
plurilinguismes, IDERIC, N° 12 : 5-15.
Tadadjeu, M., dir. (1990) Le défi de Babel au Cameroun, Collection PROPELCA N° 53 (Univ.
de Yaoundé).
Tadadjeu, M., Gfeller, E., Mba, G. (1988) Manuel de Formation pour l'enseignement des
langues nationales dans les écoles primaires, Collection PROPELCA N° 32 (Univ. de
Yaoundé).