L`« Étoile » et de la « Belle Poule » mettent le cap sur lesîles Canaries
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L`« Étoile » et de la « Belle Poule » mettent le cap sur lesîles Canaries
aventure L’« Étoile » et de la « Belle Poule » mettent le cap sur les îles Canaries 2 25 Deuxième extrait du journal de bord des jeunes marins embarqués à bord de l’« Étoile » et de la « Belle Poule », les vieux gréements de la Marine nationale pour la Tall Ships Atlantic Challenge (« le marin » du 30 avril et du 15 mai). Vincent Ogor (*), à bord de l’« Étoile », raconte la première manche de la régate entre Vigo et Tenerife. DÉPART EN TÊTE PAR MER CALME À bord, l’excitation monte à mesure que nous sentons le départ de notre première étape qui approche. La Tall Ships Atlantic Challenge est une régate mythique dans le monde de la voile (elle est également connue sous le nom de Cutty Sark). Pour moi, c’est non seulement une nouvelle expérience car j’ai toujours navigué sur des voiliers plus récents mais également un honneur de participer à une course aussi mythique. Et surtout sur un tel bateau ! Il faut rappeler que les goélettes Étoile et Belle Poule ont été construites en 1932, sur les plans des goélettes qui partaient pêcher la morue en Islande. Le départ de la première manche a lieu en fin d’après-midi alors que nous manœuvrons au largue, avec un vent de 20 à 25 nœuds, sur une mer calme. Nous prenons un excellent départ en tête de la flotte. Peu de temps après, le vent se met à fraîchir à plus de 30 nœuds. Cette bonne brise va nous accompagner durant plus de deux jours. CONFIGURATION DE « GROSSE PÉTOLE » Le Kruzenshtern, un grand voilier-école russe, et le Spirit of Bermuda (construit en 2006 aux Bermudes), nous remontent irrésistiblement alors que nous avançons pourtant régulièrement à 10 nœuds. La Belle Poule est derrière nous, mais nous essayons cependant de rester ensemble. Le 6 mai, notre position est de 36°04 N - 013°57 W à 14 h ; route au 170, vitesse de 7,5 nœuds avec un vent de NNE. La mer est belle, la température de l’eau avoisine les 17 °C. Et puis, nous devons passer en configuration de « grosse pétole ». Il n’y a presque pas de vent pour gonfler nos voiles. Marine nationale Après 4 jours d’escale à Vigo, nous avons pris la mer le dimanche 2 mai en direction de Tenerife, aux Canaries, afin de participer à la première étape de la Tall Ships Atlantic challenge 2009. Tout commence avec l’appareillage, à 10 h 30, pour nous préparer à la parade. Le défilé démarre en début d’après-midi dans la baie de Vigo. Pendant 2 heures, nous défilons derrière le navire bermudien Spirit of Bermuda et devant le néerlandais Tecla. Une flotte très importante de bateaux de plaisance tourne en permanence autour des navires participant à la parade. Un remorqueur de haute mer des garde-côtes nous salue de ses canons à eau. Après la parade, il est temps d’appareiller pour Tenerife. Nous mettons rapidement en place les deux tangons qui vont nous permettre de naviguer avec la voile de fortune. Cette voile, qui ressemble à un spinnaker, ne sert que dans les allures de portant. Ensuite, comme après chaque appareillage, nous procédons à un exercice d’évacuation du navire avant de passer en bordées. L’équipage est ainsi divisé en deux groupes qui se relaieront par quarts durant toute la traversée vers Tenerife. Vincent Ogor à la barre de l’« Étoile ». La goélette vient de participer à la première étape de la Tall Ships Atlantic challenge. La vie à bord s’organise, par bordées. Je suis avec mon responsable de bordée Gurwan, le Paimpolais et futur bosco du bord, Thomas le matelot, Jeff le timonier, Yoann le second mécano, Greg l’électricien et Nicolas le maître d’hôtel. Et puis il y a les équipiers supplémentaires : Antoine, Sophie qui est médecin, Sylvie et Pauline. Comme dit le commandant, « il n’y a que des marins à bord et pas de passagers ». Pauline est élève à l’école de la marine marchande de Saint-Malo. J’ai eu l’occasion de faire des régates avec elle en optimist il y a quelques années. Comme quoi, le monde maritime est petit ! Pendant les quarts, diverses activités nous maintiennent occupés : la barre, l’entretien du bateau et des voiles, les cours sur la météo, la navigation et tout ce qui touche au bateau en général ainsi que des exercices de matelotage. Marine nationale CINQ JOURS D’AVANCE À TENERIFE La « Belle Étoile » a été construite en 1932. Vendredi 29 mai 2009 Le 7 mai au soir nous sommes entièrement encalminés. Pas de vent du tout. Mais nous assistons à des couchers de soleil extraordinaires. Enfin le vent revient le lendemain et nous naviguons au travers, toutes voiles dehors, sous la pleine lune. Spectacle magique. Finalement, le 9 mai à 19 h 52 UTC (21 h 52, heure française), nous franchissons la ligne d’arrivée de la première étape de la TSAC 2009 en même temps que la Belle Poule (lat : 28°33 Nord Long : 16°03 Ouest). Notre moyenne de navigation depuis Tenerife s’établit à 7,3 nœuds sur une distance parcourue de 1 077 milles. Nous arrivons avec beaucoup d’avance par rapport à la date limite d’arrivée qui était fixée cinq jours plus tard. Nous venons de vivre des moments incroyables. Nous avons pu croiser des navires de toutes sortes. Arnaud, un marin de l’autre bordée qui est élève officier à l’école de la marine marchande de Saint-Malo en a profité pour nous faire une présentation des différents types navires marchands. À Tenerife, nous sommes bien accueillis. Les autorités locales, et le consul de France s’occupent de tout ce qu’il faut pour que nous soyons au mieux. Nous entamons un grand rangement à bord pour préparer le bateau qui doit accueillir les visiteurs. Les festivités ne tardent pas à commencer. Défilés, rencontres avec les autres marins au fur et à mesure de l’arrivée des bateaux… Nous assistons à l’arrivée du Mircea, magnifique trois mâts de la marine roumaine. Nous revêtons tous notre tenue de sortie pour les défilés. J’ai la chance de pouvoir visiter Tenerife car des sorties en cars sont organisées. L’occasion nous est donnée de faire du tourisme. EN ROUTE POUR LA TRANSAT ! Mais déjà il est temps de repartir. Nous préparons le bateau, ravitaillement, gas-oil et vivres. Nous voilà sur le pont pour la sortie du port qui est un moment fort. Parade et départ de la course pour Hamilton, Bermudes, nous commençons une nouvelle aventure, la traversée de l’Atlantique… Je tiens à remercier la Touline ainsi que le commandant L’Hour, l’équipage et la Marine nationale de m’avoir donné cette opportunité de vivre une telle aventure. C’est une expérience magnifique de traverser l’Atlantique sur un voilier qui date de 1932 avec du matériel de navigation d’aujourd’hui. (*) Vincent Ogor, 21 ans, fait partie des 80 jeunes marins qui se succéderont sur l’« Étoile » et la « Belle Poule », au fil des escales de la Tall Ship Atlantic Challenge. Titulaire d’un bac professionnel conduite et gestion des entreprises maritimes, le jeune Finistérien a alterné les embarquements à la pêche à la coquille et au commerce sur les bâtiments d’assistance et de soutien à la dépollution « Alcyon » et « Argonaute ».