LA SURPRESSION AÉRIENNE : UN IMPACT A MAITRISER
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LA SURPRESSION AÉRIENNE : UN IMPACT A MAITRISER
Téléphone : 33 (0)1.49.96.70.32 Télécopie : 33 (0)1.48.04.67.91 L’ingénierie du minage Formation - Conception - Audit - Mesures - Matériel & Logiciel LA SURPRESSION AÉRIENNE : UN IMPACT A MAITRISER Alain BLANCHIER & Anne Charline SAUVAGE Lors des tirs de mine, seule une partie de l’énergie des explosifs est utilisée à la réalisation des objectifs de production initiaux. Le reste de cette énergie est consommé sous forme : • d'échange thermique avec le milieu environnant, • d’énergie cinétique excessive d’éléments rocheux (ce qu’on appelle communément les projections), • et d’énergie vibratoire dans le milieu connexe. Cette énergie vibratoire se propage dans les milieux solides : il s’agit du phénomène de vibrations bien connu accompagnant les tirs de mine. Mais elle se propage également dans l’atmosphère et il s’agit alors de surpression aérienne. Signalons qu’elle peut également se propager dans les milieux liquides. Des capteurs spécifiques doivent être utilisés pour chaque milieu de propagation, géophone, microphone et hydrophone. SURPRESSION (onde de compression) atmosphère récepteur Source ONDES DE SURFACE (ondes de Love et Rayleigh) massif rocheux VIBRATIONS SOLIDIENNES ONDES DE VOLUME (ondes P et S) Graphe 1 : Différents modes de transmission et de dissipation de l’énergie dans le cas d’un tir de mine. DÉFINITION DE LA SURPRESSION La surpression est une variation de la pression de l’air autour de la pression atmosphérique moyenne. Elle s’exprime en Pa (1 Pascal vaut 1 N/m²). NOBEL EXPLOSIFS France – Département EXPLO-TECH– Siège social : 12 quai Henri IV 75004 PARIS – S.A. capital de 5.299.470€ - 552 096 125 RCS PARIS La surpression aérienne : un impact à maîtriser GBEE 03/02/06 Comme l’étendue de la variation de la surpression est très importante, on utilise généralement une échelle logarithmique pour la représenter, le décibel linéaire (dBL), où Lp est le niveau de pression exprimé en dBL, P la surpression exprimée en Pa et P0 la pression de référence 20 µPa : P Lp = 20 ⋅ Log10 P0 La surpression liée aux tirs de mines est un phénomène à caractère impulsionnel. Comme dans le cas des vibrations dans le sol, la détermination de l’amplitude maximale de la surpression ne suffit pas à déterminer complètement le signal. Une analyse des fréquences en utilisant les transformées de Fourier s’avère souvent nécessaire. Dans le cas des tirs de mine, on constate généralement que la plus grande part de l’énergie de la surpression est située dans la gamme des infrasons (fréquence inférieure à 20 Hz) qui sont inaudibles. Voir graphe 2. 1-10 Hz Graphe 2 : Gamme de fréquence dominante des tirs de mine. La surpression doit donc être distinguée du bruit, partie audible de la surpression aérienne, et les mesures en dBL doivent être différenciées nettement de celles réalisées en dBA. Rappelons que les mesures en décibel acoustique tiennent compte de la correction de la surpression réalisée par l’oreille humaine, représentée ci-dessous sur le graphe 3. Graphe 3 : Sensibilité de l’oreille humaine en dBA. N05-077/ET – 6 pages 2 La surpression aérienne : un impact à maîtriser GBEE 03/02/06 ORIGINE DE LA SURPRESSION Une des origines de la surpression aérienne est constituée par le mouvement du front de taille qui se comporte, au cours du tir, comme la surface d’une immense enceinte acoustique. Cette source de la surpression, qui représente généralement la plus grande part de l’énergie du signal, conduit à un signal de très basse fréquence comprise en général entre 1 Hz et 10 Hz, inaudible. Une deuxième origine de surpression est constituée par une détente brutale des gaz dans l’atmosphère, que ce soit le fait de charges explosives non confinées, comme par exemple du cordeau détonant en surface, ou du dégazage à travers des discontinuités du massif rocheux. Cette deuxième source, généralement moins énergétique voire dans certains cas négligeable, conduit à des signaux de fréquences plus élevées comprises généralement entre 50 Hz et 200 Hz, c'est-à-dire dans le domaine audible. Cette cause de surpression est dominante dans le cas de démolition utilisant des cordeaux de découpage en surface comme dans le cas d’opérations sur des structures métalliques. Une dernière origine enfin est constituée par la chute des matériaux, blocs rocheux en carrière et travaux publics ou panneaux en démolition. Cette dernière cause est généralement la moins énergétique. Elle conduit à des signaux dans le domaine audible. PROPAGATION La propagation de la surpression aérienne est entravée par tous les obstacles massiques (collines, montagnes). La composante en très basse fréquence de la surpression n’est par contre que faiblement modifiée par les obstacles « minces » comme des murs ou des rideaux de végétation. L’onde de surpression se propage dans l’atmosphère : elle est donc fortement influencée par les conditions météorologiques : • les surpressions sont plus élevées sous le vent ; • la pluie, la neige voire même le brouillard atténuent les niveaux de surpression ; • les inversions thermiques avec l’altitude (par exemple par temps d’orage) constituent des réflecteurs pour les ondes de surpression et modifient donc leur propagation. On peut assister dans des cas exceptionnels à des « mirages de surpression » équivalents aux fameux « mirages optiques ». On estime généralement que la variation de la surpression due aux conditions climatiques peut atteindre 15 à 20 dBL. Malgré tous ces facteurs d’environnement, il est possible de définir des lois de propagation pour prévoir le niveau de surpression, à l’instar des vibrations dans le sol. L’équation générique des lois de propagation de la surpression est donnée ci dessous, avec P la surpression exprimée en Pa, D la distance du tir au récepteur en m et Q la charge unitaire du tir en kg : N05-077/ET – 6 pages 3 La surpression aérienne : un impact à maîtriser GBEE 03/02/06 D P = K ⋅ 3 Q −n Le coefficient n est généralement pris par défaut égal à -1,2. Le graphe 4 montre les lois de propagation (moyenne et majorante) définies pour des tirs de mine réalisés entre 1981 et 2005, sur différentes carrières en France. Loi de propagation générale de la surpression 10 000.00 Kmax =8387 1 000.00 Kmoy =2457 Pa max 100.00 10.00 1.00 0.10 0.01 1.00 10.00 100.00 1 000.00 D red Graphe 4 : Exemple de lois de propagation en carrière. Ces 765 valeurs ont été obtenues à l’aide du capteur de surpression de différents modèles de sismographes : elles correspondent à des tirs réalisés sur 105 sites, en un amorçage fond de trou, mais initié avec tous les types d’amorçage (détonateurs électriques, non électriques, électroniques, avec ou sans cordeau détonant). Ces données, utilisées pour des contrôles ou des études, correspondent à des pics de surpression hérités de tirs de mines, mesurés hors des structures. IMPACT DE LA SURPRESSION La surpression influe sur l’environnement de différentes manières : • la partie audible de la surpression est perçue directement par les personnes et les animaux ; • la partie inaudible, en impactant les murs extérieurs d’une construction, génère des vibrations dans cette dernière. Elle met en mouvement des objets ou éléments mobiles (portes, fenêtres, lustres, tableaux, bibelots, etc.) et est éventuellement à l’origine de dégâts (bris de vitre, chute de tuiles, chute de bibelots ou de cadres, fissuration). N05-077/ET – 6 pages 4 La surpression aérienne : un impact à maîtriser GBEE 03/02/06 La surpression est donc très souvent confondue, par les riverains, avec des vibrations transmises par le sol. La reconnaissance de la cause réelle de la gêne des riverains ou des dégâts est essentielle : les techniques d’atténuation des surpressions sont souvent très différentes de celles utilisables pour les vibrations. Une limite de 139 dBL a été fixée par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) pour éviter les risques d’endommagements irréversibles de l’appareil auditif des personnes soumises. Le niveau de surpression aérienne mesuré à l’occasion de tirs de mine en carrière n’est soumis, actuellement en France, à aucune limite réglementaire. Toutefois, un niveau maximum de 125 dBL est recommandé pour la surpression aérienne par la Circulaire d’application du 02/07/96. Cette recommandation est identique à celle proposée par la Fédération des fabricants d’explosifs (FEEM). Ces recommandations ne doivent pas être négligées car un fort pourcentage de plaintes provient actuellement de niveaux de surpression trop importants, associés à de faibles niveaux de vibrations. Dans la pratique, il apparaît que la probabilité de plainte liée à la surpression devient très faible en dessous de 115 dBL, quelquefois appelé seuil de confort. Le respect d’une recommandation (ou de tout autre seuil) nécessite le branchement des microphones qui équipent les sismographes modernes : cela est encore trop rarement fait ! TRAITEMENT DE LA GÊNE Compte tenu des différences de durée de propagation entre la source et le point de réception, les phénomènes liés à la surpression sont généralement décalés par rapport à ceux dus aux vibrations transmises par le sol, ce qui conduit à une augmentation de la durée de sollicitation. L’inconfort des riverains et la probabilité de plainte sont donc liés à la combinaison des vibrations transmises dans l’air et dans le sol. M. BOXHO a proposé en 1977 des courbes limites de niveau de perception de la part des riverains et donc de probabilité de plainte. (Voir graphe 5). Statistiquement les plaintes apparaissent souvent pour des niveaux de vibrations inférieurs à ceux susceptibles de provoquer des dommages aux habitations : • imperceptible : aucune plainte • perceptible : plainte improbable • supportable : plainte probable • désagréable : niveau élevé de plaintes • insupportable : niveau sévère de plaintes Ces mêmes limites ont été placées sur le graphe 6 présentant l’association de chaque valeur du pic de surpression du graphe 4 et de la valeur de la vitesse particulaire brute maximale mesurée simultanément avec le capteur sismique. N05-077/ET – 6 pages 5 La surpression aérienne : un impact à maîtriser GBEE 03/02/06 28 26 24 INSUPPORTABLE 22 Vitesse particulaire (mm/s) 20 DESAGREABLE 18 16 14 12 SUPPORTABLE 10 8 6 4 PERCEPTIBLE 2 0 100 IMPERCEPTIBLE 102 104 106 108 110 112 114 116 118 120 122 124 126 Surpression aérienne (dBL) Graphe 5 : Effets cumulés des vibrations sismiques et de la surpression sur les personnes (d’après Boxho) Graphe de type BOXHO 25.00 INSUPPORTABLE DESAGREABLE V max (mm/s) 20.00 15.00 SUPPORTABLE 10.00 5.00 PERCEPTIBLE 0.00 90 100 IMPERCEPTIBLE 110 120 130 140 150 160 Surpression (dB) Graphe 6 : Représentation de mesures en carrière entre 1981 et 2005 dans un graphe de type Boxho L’essentiel des niveaux de vitesse particulaire se situe en dessous de 5 mm/s. En revanches, la gamme de variation de la surpression est beaucoup plus vaste, entre 100 et 120 dBL (c'est-àdire entre 2 à 20 Pa). Cette constatation laisse espérer la possibilité d’améliorer encore, suivants les sites, l’impact des extractions par minage. Toutefois attention aux modifications des paramètres de tir (surface de front, confinement des charges, orientation du tir,…) qui peuvent ramener les vibrations dans les domaines de plaintes. Il est également utile d’associer à ces démarches d’autres paramètres importants, comme la durée totale de sollicitation, les fréquences solidiennes et aériennes, ainsi qu’une estimation du niveau de ressenti. N05-077/ET – 6 pages 6