PHYTOSANITAIREMENT VÔTRE !
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PHYTOSANITAIREMENT VÔTRE !
PHYTOSANI0TAIREMENT V ÔT R E ! ! N°8, septembre 2001 Journal d’information du Service de la protection des végétaux de la DAF de Guyane EDITO L es lecteurs trouveront dans ce numéro un article traitant des conséquences néfastes sur l’environnement de l’emploi incontrôlé de produits antiparasitaires en agriculture. On ignore ou on oublie trop souvent qu’au-delà des effets recherchés dans la protection des cultures, les traitements phytosanitaires entraînent fréquemment des pollutions diffuses des milieux aquatiques, du sol et des écosystèmes, tout en portant parfois préjudice à la santé des personnes qui les appliquent et du consommateur final des denrées agricoles. Conscient de ces risques potentiels, le SPV a confié au C.F.P.P.A. l’organisation, avant la fin de cette année, de trois sessions de formation des agriculteurs sur l’utilisation raisonnée des pesticides. Des informations sur ce sujet sont données en page 4. Sommaire P1 P1 P3 P4 P4 P4 Editorial Phyto-surveillance : Les risques environnementaux liés à l’usage de produits phytosanitaires J.ROUE, J.DARTIAILH, A.VIGNAUD Phyto-veille : Maladie du Little Leaf. G.TIEGO Phyto-formation : Stage de formation / sensibilisation. R.TRUONG Phyto-erratum : Les cercosporioses du bananier. G.TIEGO Bulletin d’inscription Phyto-surveillance Les risques environnementaux liés à l’usage de produits phytosanitaires D ans l’édition précédente nous vous présentions les dangers des produits phytosanitaires sur la santé des utilisateurs et de leurs proches. vulnérable face aux insecticides, herbicides et fongicides et indirectement c’est la santé des populations qui est en danger. Les caractéristiques des risques environnementaux sont présentées, ainsi que les principaux effets des pesticides sur l’eau, le sol et les êtres vivants, effets qui peuvent être limités par un ensemble de bonnes pratiques agricoles à connaître. Danger – transfert – cible L’évaluation des risques environnementaux s’effectue par la pondération de trois composantes : ü le danger ü le transfert ü la cible Le danger correspond aux effets et aux pouvoirs écotoxicologiques des pesticides envisagés. On distingue la toxicité aiguë, qui considère une exposition brève et mesure la capacité d'une substance active à engendrer la mort d'organismes exposés, de la toxicité chronique qui considère une exposition longue, voire continue, à des concentrations bien inférieures aux seuils de toxicité et mesure la capacité d'une substance à altérer les performances des organismes exposés sans pour autant provoquer leur mort. On mesure le potentiel toxique d'une molécule grâce à des indicateurs biologiques (Dose Létale 50, Concentration Létale 50, comptage d’organismes …). Le transfert traduit l'exposition possible de certains milieux (eaux, sols) ou de certains organismes à ce danger. On détermine alors le potentiel de transport et de mobilisation des molécules à travers leurs caractéristiques physico-chimiques propres (solubilité, temps de dégradation) et les pratiques d’utilisation des produits phytosanitaires par les agriculteurs. Les conditions météorologiques lors du traitement et les caractéristiques agronomiques des parcelles agricoles ont également un rôle majeur. L’environnement est également confronté à ces problèmes. En effet le milieu naturel est très souvent 18/09/01 Phytosanitairement vôtre no7 Publication du Service de la Protection des Végétaux Direction de l’Agriculture et de la Forêt BP 5002, 97305 Cayenne cedex Tel : 05-94-30-01-63, Fax :05-94-30-33-60, E Mail : [email protected] 1 Antenne de Saint Laurent du Maroni BP 139, 97 320 Saint-Laurent du Maroni Tel : 05-94-34-10-57, Fax : 05-94-34-27-66, La cible, que ce soit l’homme ou le milieu naturel, est l'élément exposé au danger. Le risque va être fonction de sa vulnérabilité par rapport à ce danger. Les caractéristiques propres (port ou non des équipements de protection, pente des parcelles cultivées, état structural des sols…) à cette cible vont déterminer sa capacité à résister à l'effet possible des matières actives. La pression phytosanitaire sur les milieux aquatiques Il convient de distinguer les pollutions des eaux superficielles de celles des eaux souterraines par les pesticides. Les eaux superficielles sont particulièrement vulnérables car plus exposées. En effet, la pulvérisation des produits s’effectue sur la couverture végétale, juste à la surface du sol, et peuvent facilement se retrouver dans les layons (marécages, pripri, puits …) par ruissellement ou infiltration si les conditions météorologiques sont défavorables. Les facteurs influençants la circulation de l’eau sont nombreux (le régime des pluies, la capacité de drainage des sols, l’hydromorphie et la topographie du terrain …). Les nappes souterraines sont moins vulnérables, mais leur pollution est plus grave car l’oxygène n’y parvenant pas, il n’y a pas d’autoépuration. La contamination s’y fait par infiltration. La contamination des eaux présente un danger pour les espèces animales. Leur répartition peut être modifiée, pouvant même aller jusque leur disparition. La santé humaine ne peut être négligée, surtout depuis que les effets tératogènes (malformations congénitales) et carcinogènes de certains pesticides, tels les organochlorés, ont été mis en évidence. La pollution des sols Les sols cultivés sont contaminés de façon directe au moment des applications de pesticides. Cependant, la dispersion des pesticides s’accompagne de leur passage dans l’atmosphère. Ils peuvent ainsi contaminer (traitement par voie aérienne notamment), par le jeu des courants atmosphériques, des sols situés à plusieurs kilomètres. De plus, la dégradation des produits dans le sol est encore peu connue et peu étudiée : Lorsqu'une matière active est pulvérisée, elle va être dégradée par les microorganismes du sol et donner des produits de dégradation ou métabolites. Il s'avère que ces produits, dans certains cas, peuvent être aussi toxiques que la molécule mère. Or ces métabolites ne sont pas connus ni dosés alors que leur potentiel d'effet existe. 18/09/01 Phytosanitairement vôtre no7 Publication du Service de la Protection des Végétaux Direction de l’Agriculture et de la Forêt BP 5002, 97305 Cayenne cedex Tel : 05-94-30-01-63, Fax :05-94-30-33-60, E Mail : [email protected] La pollution des écosystèmes La grande résistance à la dégradation de certaines substances actives, leur manque de sélectivité, ainsi que leur capacité à s’accumuler le long des chaînes alimentaires ont entraîné dans certaines zones la disparition d’espèces utiles, un déséquilibre des écosystèmes et l’apparition de souches de ravageurs résistant à ces produits. On peut même constater l’apparition explosive et soudaine d’autres espèces nuisibles (l’aleurode noire des agrumes à Javouhey et Cacao en Juillet 1995). Ces constats sont également accompagnés du phénomène de prolifération d’adventices de plus en plus résistantes aux herbicides dans les cultures où ces substances sont utilisées depuis longtemps. Les insecticides sont la cause d’une importante mortalité directe ou indirecte (absorption de proies contaminées) dans les populations animales. Les composés organochlorés peuvent provoquer des hécatombes d’oiseaux forestiers, comme cela s’est observé en Amérique du Nord. Des effets toxiques indirects sont liés à la pénétration et la persistance de certains pesticides dans les plantes et à leur concentration dans les chaînes alimentaires. Ainsi, en provoquant la stérilité des adultes reproducteurs qui se trouvent en fin de chaîne, les insecticides organochlorés ont été la cause d’une dramatique réduction des populations de diverses espèces de rapaces. Situé au sommet de la pyramide écologique, l’homme est bien entendu une fois de plus exposé à l’ingestion de résidus de pesticides (s’il n’a pas déjà été contaminé par simple contact lors des traitements ou de baignades dans des mares contaminées …) qui passent des sols dans les végétaux cultivés ainsi que dans les productions animales qu’il consomme. Il convient encore de rappeler ici l’intérêt de réaliser les traitements phytosanitaires dans des conditions et pratiques optimales (la bonne dose au bon moment). Les règles à respecter Protéger l’environnement contre les produits phytosanitaires c’est limiter les risques de pollution diffuse par des choix stratégiques et techniques adaptés et éviter les risques de pollutions ponctuelles lors de la mise en œuvre des traitements. 2 Antenne de Saint Laurent du Maroni BP 139, 97 320 Saint-Laurent du Maroni Tel : 05-94-34-10-57, Fax : 05-94-34-27-66, Ces choix stratégiques sont : ü Eviter les traitements systématiques ü Envisager la mise en place des zones tampons enherbées qui, en forçant les eaux de ruissellements à s’infiltrer, limitent le transfert direct vers les cours d’eau et favorisent la bio-épuration par le sol ü Ne pas traiter près d’un point d’eau. Un gramme de produit déversé dans un cours d’eau peut entraîner une pollution sur 10 Km ü Surveiller régulièrement les parcelles pour traiter au bon moment ü S’appuyer sur les conseils des techniciens agricoles du SPV, de la Chambre d’Agriculture et des organisations de luttes contre les ennemis des cultures (FDGPC) ü Pour le désherbage, connaître la flore adventice de la parcelle et adapter le choix des techniques aux mauvaises herbes, au type de sol et en fonction des épisodes pluvieux ü Utiliser les produits recommandés aux problèmes à traiter tout en épargnant les organismes vivants non concernés. ü Alterner le plus souvent possible les moyens de lutte (chimiques et non chimiques), ainsi que les familles de produits de traitement. Une utilisation raisonnée des produits permet de supprimer les traitements inutiles, mal positionnés dans le temps, ou non adaptés au risque phytosanitaire. Il faut donc intervenir quand cela est nécessaire, avec des produits appropriés, et dans des conditions qui permettent la meilleure efficacité des traitements. Enfin le choix des produits doit permettre d’éviter le phénomène de résistance des organismes nuisibles. Lors de la réalisation des traitements certains gestes sont à faire et d’autres à éviter. Il convient notamment de : ü Suivre les instructions figurant sur les étiquettes ü Contrôler le bon fonctionnement du pulvérisateur ü Préparer le volume de bouillie nécessaire à la parcelle à traiter ce qui implique d’en connaître la superficie ü Préparer la bouillie ou le produit loin des points d’eau de toute sorte ü Ne pas utiliser d’arrosoir trop consommateur de produit ü Ne pas faire déborder les cuves ü Rincer plusieurs fois les emballages à l’eau claire et vider les eaux de rinçage dans le pulvérisateur. ü Traiter par temps calme pour éviter que le vent n’entraîne le produit hors de la parcelle. ü Diluer les reliquats de bouillie, les pulvériser au champ puis rincer le pulvérisateur au champ. ü Eliminer correctement les emballages après rinçage. 18/09/01 Phytosanitairement vôtre no7 Publication du Service de la Protection des Végétaux Direction de l’Agriculture et de la Forêt BP 5002, 97305 Cayenne cedex Tel : 05-94-30-01-63, Fax :05-94-30-33-60, E Mail : [email protected] DURANT CES OPERATIONS N’OUBLIEZ PAS DE METTRE LES EQUIPEMENTS DE PROTECTION Phyto-veille Maladie du Little Leaf M aladie décrite depuis plusieurs années déjà en Amérique du Sud (Colombie) et centrale (Honduras et Costa Rica). Ce phénomène a été observé en Guyane en 1990 par Michel DOLLET (CIRAD CP), dans des parcelles de cocotiers du CIRAD à Saut Sabbat et aussi chez un particulier sur la RN1 près du pont de la rivière de Cayenne. Il semblerait qu'il y ait une progression rapide de cette maladie depuis 1994. Hôtes ∗ ∗ Palmiers à huile (Elaeis guineensis) Cocotiers (cocos nucifera) En Guyane, ces observations ont été faites essentiellement sur cocotiers. Cependant, des symptômes identiques ont été observés sur la RN entre Kourou et Sinnamary, sur des populations de palmiers bache (Mauritia flexuosa), ainsi qu'à SaintLaurent-du-Maroni sur le palmier royal nain (Veitchia merrillii). Symptômes 1°) Apparition de petites feuilles, les raccourcissements ne sont pas progressifs. Cette maladie se manifeste brutalement. 2°) Les palmes anciennes restent normales, seules les nouvelles feuilles présentent ces symptômes. 3°) Les palmes sont dressées et les folioles se rassemblent comme pour se coller les unes aux autres. 4°) Parfois, au début de l'attaque, il y a nécrose totale de la dernière feuille qui apparaît, même si celle-ci est une flèche. Il arrive très fréquemment qu'elle se casse. 5°) Les inflorescences continuent à se former, très souvent chétives, avec de petites noix réduites en nombre. 6°) Etranglement du stipe sous la couronne, consécutif certainement à la diminution de la taille et de volume de cette dernière. 7°) Certains arbres meurent; mais il apparaît que ce n'est pas une maladie systématiquement mortelle. 8°) Il y aurait des cas de récupération sur les cocotiers, qui se manifeste par un rallongement progressif 3 Antenne de Saint Laurent du Maroni BP 139, 97 320 Saint-Laurent du Maroni Tel : 05-94-34-10-57, Fax : 05-94-34-27-66, des palmes, sans qu'elles atteignent pour cela leur taille initiale, elles ne sont plus dressées et les folioles se détachent les unes des autres. Phyto-formation Stage de formation / sensibilisation des agriculteurs à une utilisation des produits phytosanitaires plus respectueuse de l’environnement de l’utilisateur et du consommateur Le raccourcissement des feuilles sur Palmier Royal nain et sur Cocotier Ce phénomène est encore trop récent pour savoir s'il y a des rechutes comme pour la pourriture du cœur du palmier à huile qui sévit en Amérique latine. Evolutions Initiateur du stage : DAF/SPV Encadrement : C.F.P.P.A. Nombre de sessions : 3 sessions de 3 demi-journées Lieux : Cacao, Javouhey et Régina Période : dans le courant du 4ième trimestre 2001 Participants : 10 agriculteurs à chaque session Les agriculteurs des communes concernées, intéressés par la formation, sont conviés à se faire connaître au SPV Contact : Roger TRUONG (tel : 05.94.30.01.63) ou au C.F.P.P.A. (tel :05.94.35.62.33) Phyto-erratum Les cercosporioses du bananier Cette maladie se présente dans la parcelle sous forme de tâches, de foyers à expansion radiale, ce qui laisse supposer une contamination de proche en proche, ou l'expansion progressive de l'agent causal… Il y a parfois des cas "satellites" isolés des foyers. ans l’article « Les cercosporioses du bananier », du numéro précédent, une erreur de mise en page a entraîné l’omission de la dernière partie concernant la lutte contre ces maladies. Agents causals Lutte L'origine de cette maladie est actuellement inconnue. Certains auteurs (Costa Rica), verraient en Rhadinaphelenchus cocophilus, nématode responsable de l'anneau rouge des palmiers, un agent causal potentiel. Ceci n'a jamais été démontré, d'autant plus que des coupes de cocotiers atteints ne montrent pas les symptômes de l'anneau rouge. Il est à noter, en outre, que les plantes atteintes ne présentent pas de nécroses au cœur. Dans les grandes plantations commerciales, il a été montré que les fongicides systémiques permettent de contrôler efficacement ces maladies, mais leurs effets sur l'environnement sont préoccupants. Les applications répétées de ces fongicides, favorisent, en outre, l'apparition et le développement de souches résistantes. La solution la plus appropriée à long terme, est la résistance génétique, surtout pour les petits exploitants qui, pour des raisons économiques, n'ont pas facilement accès à la lutte chimique. Cartographie de la maladie en Guyane D La maladie du Little Leaf a été observée à Cayenne, Macouria, Mana et Matoury. Bulletin d’inscription à Phytosanitairement vôtre (A retourner au Service de la Protection des Végétaux) NOM/ORGANISME ET ADRESSE 18/09/01 Phytosanitairement vôtre no7 Publication du Service de la Protection des Végétaux Direction de l’Agriculture et de la Forêt BP 5002, 97305 Cayenne cedex Tel : 05-94-30-01-63, Fax :05-94-30-33-60, E Mail : [email protected] Nous souhaitons recevoir cette feuille d’information en -- exemplaires 4 Antenne de Saint Laurent du Maroni BP 139, 97 320 Saint-Laurent du Maroni Tel : 05-94-34-10-57, Fax : 05-94-34-27-66,