S1 IBN KHALDOUN 1332-1406
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S1 IBN KHALDOUN 1332-1406
S1 IBN KHALDOUN 1332-1406 Il est né à Tunis, issu d’une famille de notables d’Arabie installée en Andalousie qui en sera chassée lors de la Reconquista. Son autobiographie révèle surtout les différentes étapes et les évènements importants de sa carrière. Les musulmans considèrent la vie privée comme quelque chose de sacré et d’inviolable. Il a étudié les sciences coraniques, le droit musulman, la poésie arabe. En complément de son éducation d’origine au fil de sa carrière il va acquérir des connaissances philosophiques, historiques, géographiques, juridiques. Les grands évènements de l’histoire sont derrière lui. A sa naissance l’Islam est épuisé, c’est un moment de décadence. Il développera les causes de son déclin tant intérieur qu’extérieur. En 1352 Ibn Khaldoun va entrer en politique à Tunis. Une charge importante va lui être confiée, celle de « secrétariat du paraphe » il n’a que vingt ans. Il n’y attachera pas beaucoup d’importance. Sa vie politique ne prendra pas une grande place dans son existence. De Tunis il va à Grenade où le souverain lui réserve un accueil chaleureux. Son élégance et son éloquence sont hautement appréciées. Vizir des cours arabes c’est un homme d’action et un diplomate. Homme de plume il compose des poèmes dédiés au souverain qui lui confie des missions prestigieuses. Des intrigues de cour vont l’obliger à quitter l’Andalousie pour l’Ifriqiya (Bijâya) où il est nommé chambellan, il enseignera également à la mosquée de la Citadelle. Après plusieurs péripéties hasardeuses sa vie politique prend fin. Il étudie l’Islam, les musulmans et leur mode de vie. C’est un historien sans parti-pris, il est le premier à observer sans haine ni passion. Avec lui va naître une science nouvelle, celle de la civilisation : « l ‘homme est social par nature ». Il promeut « l’asabiyya » ou esprit de corps : l’un nourrit l’autre. Ce concept est forgé pour donner un sens aux évolutions historiques et politiques et informe sur les groupements humains. En ce qui concerne le développement des sciences Ibn Khaldoun parle des sciences « traditionnnelles » , c’est-àdire : les sciences religieuses et linguistiques, et les sciences rationnelles, soit les sciences de la sagesse et les sciences philosophiques. L’œuvre d’Ibn Khaldoun s’inscrit dans le domaine des sciences rationnelles dans lequel prend place la « science de la civilisation » se réclamant des seules facultés naturelles de l’homme. Cette science nouvelle est une étude globale de l’homme et de la société qui se rapproche de l’ethnologie et de l’anthropologie. L’Histoire c’est du savoir et non de la littérature, la véracité est l’essentiel. Il est philosophe de l’histoire et non de la métaphysique. Seule la science de l’histoire peut éclairer la société. 1/2 De 1375 à 1378 il va se consacrer à son œuvre scientifique. C’est pendant cette retraite en Algérie qu’il va rédiger La Muqaddima dans l’isolement et la solitude. C’est une étude méditative de l’histoire universelle interrogeant le collectif et l’affectif en mettant en évidence les lois qui gouvernent les sociétés et les civilisations humaines. Philosopher est un acte de liberté, c’est aussi créer le désordre. Il a la rationalité du penseur oriental et européen. Il sort des passions politiques et des identités. De retour à Tunis il est exposé à nouveau à des intrigues calomnieuses ; le 24 octobre 1382, sous prétexte d’aller accomplir un pèlerinage à La Mecque il part pour l’Orient et ne reviendra plus jamais au Maghreb. Il s’installe au Caire où le sultan mameluk le reçoit fort bien et dont il fut le conseiller à plusieurs reprises au cours des années. En août 1384, il reçoit la charge de grand juge, c’est-à-dire kadi. Dans l’exercice de cette fonction il fait preuve de très grande rigueur, sévit durement contre la corruption. Il appartient à l’école juridique malekite. Il occupera plusieurs postes d’enseignants, notamment à El Azhar. En 1401, il rencontre Tamerlan à Damas. Bien que déchu de sa fonction de kadi on lui demande de faire partie de la suite du Sultan qui doit aller en Syrie pour la défendre contre l’attaque mongole. Tamerlan avisé de la présence d’Ibn Khaldoun manifeste le désir de le rencontrer, car désireux de s’informer de la situation dans l’Occident musulman. Le Sultan menacé quitte la ville, Ibn Khaldoun se retrouve seul avec quelques notables. Pendant les semaines qu’il passe à Damas il déploie d’incontestables qualités d’éloquence, de subtilité et d’adresse lors de ses rencontres avec Tamerlan. Pour lui la religion fait fonction de civilisatrice, elle freine les élans de sauvegarde de l’homme. C’est un communiqué qui doit être transmis. Il n’y a pas de contrainte en religion. On doit remémorer sans avoir le droit d’imposer par une conversion qui n’existe pas en Islam. On y adhère. Il n’existe pas d’organisation missionnaire. Pendant les cinq années qui suivirent son retour de Damas il se rapprochera du pouvoir. Par quatre fois il sera grand juge malekite, fonction qui ne durera que quelque mois chaque fois. Peu de temps après sa dernière nomination il mourra le 17 mars 1406 et sera enterré dans le cimetière des soufis au Caire. Abdesselam Cheddadi dans son ouvrage consacré à Ibn Khaldoun nous dit dans son avant-propos « Ibn Khaldoun est un personnage qui tient une place à part dans la culture arabe et islamique, et, peut-être, dans toute la culture prémoderne non occidentale. Génie exceptionnel pour les uns, miracle pour les autres » En 1810, le philologue français, Sylvestre de Sacy, présente les premiers extraits de la Muqaddima qui fut éditée et traduite en France dans la deuxième moitié du XIX ème siècle. Un peu plus tard elle fut intégrée dans la « pensée universelle », son auteur fut reconnu comme « précurseur » des sciences sociales. Pour les anthropologues modernes La Muqaddima est l’œuvre majeure d’anthropologie culturelle. 2/2